Auberge de la Lumière Bleue

"Ooooh, mais oui, si tu veux."

Lynn tira la chaise et s'assit. Comment aurait-elle pu résister à une petite fille aussi...
*Non, ce n'est pas une enfant! Regarde-là donc! Vous avez quoi? Un an de différence? Deux au maximum. Reprends-toi bon sang!*
La raison avait parlé...

"Dis-moi, qu'est-ce qui te ferais envie ce... oh, on va dire ce matin, et au diable l'heure qu'il peut être. Il doit y avoir des pâtisseries à la mode de Medievir ici! C'est si bon... La serveuse devrait bientôt venir apporter ma commande, réfléchis et on lui dira à ce moment là, d'accord?"

Et comme souvent avec Lynn, la raison avait complètement perdu la partie.

"Dis donc, tu es drôlement bien habillée. Quelle jolie robe! N'est-ce pas Sek?"

L'interpellé acquiesça par principe.

"Bon, ne fais pas attention à lui pour l'instant, il n'est pas encore assez bien réveillé pour s'extasier. C'est mon frère au fait. Et lui c'est Eyrol. - elle retira de son épaule le Phéazarix ravi que l'on s'intéresse à lui, et le posa sur la table devant Fanaa - C'est un petit animal merveilleux, qui sait faire plein de choses. Il adore qu'on lui gratouille le cou.
Tu peux le faire si tu veux. Comment as-tu prévu de passer ta journée?"

A la dernière question de Lynn, Fanaa pâlit -ceci dit, vu son teint, il ne fut pas aisé de voir la différence- et une expression de panique passa dans son regard. Ce qu'elle avait prévu de faire de sa journée ? C'est qu'elle-même avait prévu ? Et sur une durée aussi interminable qu'une journée entière ? Fanaa avait l'impression d'être juste au bord d'un immense gouffre qu'il lui était incapable de traverser. Elle suffoquait en se demandant comment passer. C'était ... impensable. Son pauvre esprit malmené se prenait un sacré nouveau coup. Fanaa était incapable de se projeter dans l'avenir ! La question semblait anodine, elle mettait pourtant la pauvre jeune fille à la torture.
Elle agrippa la main de Michael et la serra un peu. Elle avait besoin d'un appui, d'un soutien. Ou elle allait se perdre. Et elle ne voulait pas se perdre, pas déjà, pas si tôt.

- Ca va Fanaa ? demanda Michael.

- Mmmmh. Acquiesça-t-elle, hésitante.

C'était fou de se sentir aussi mal à cause de quelques mots. Mais comment faire comprendre à quel point le concept était ... difficile ? Il fallait trouver une réponse ou se focaliser sur autre chose. Dire quelque chose. Quelque chose. Lynn attendait. Fanaa était malpolie à garder le silence ainsi. Vite.

C'est d'une petite voix enfantine et douce qu'elle réussit à répondre après que les traits de son visage aient arrêté de refléter sa détresse :

- Ce n'est pas que ma journée, c'est la nôtre à tous. Alors après ... après ce qui s'est passé ... décidons de la suite ensemble ? D'accord ? Et ... et pour la commande je peux prendre comme toi s'il te plait ?

Fanaa prit son temps pour répondre. Pendant quelques instants, Lynn eut l'impression que la jeune fille... non, c'était idiot.
Mais peut-être Lynn avait-elle trop parlé. *Attention nom d'un moo, après ce qu'elle vient de vivre, ne la noie pas de paroles! *
La levitis fit un grand sourire à Fanaa.

"Tu as raison, nous aurons tout le temps d'établir un programme une fois tous réunis et restaurés!
Prendre comme moi? Et bien si tu veux, bien sûr!"

La serveuse arriva avec la commande des jumeaux, qu'elle déposa sur la table.

"Tiens, tu as besoin de reprendre des forces, prends ma part, je vais prendre celle de Sek, qui est trop galant pour faire attendre une Dame - l'intéressé était surtout trop endormi pour protester efficacement - si tu veux quelque chose d'autre, demande à la demoiselle.
Alors, tu as du jus de fruits, une infusion, et ces pâtisseries qui, tu vas le voir, sont un véritable régal!
Et ça... ah, c'est le bol d'Eyrol! - le bol en question était plein de morceaux de viande crue. Lynn en saisit un et le tendit au Phéazarix, qui le saisit entre ses pattes avant avec une satisfaction manifeste - Lui aussi avait sacrément faim, pauvre petit!
Bon allez, bon appétit à tous!"

Lynn s'attaqua avec voracité à son propre petit déjeuner, tandis que son frère attendait encore en grommelant à voix basse...

La shalos salua les nouvels arrivants, il est vrai qu’avec ce qu’il s’était passé cette nuit, personne n’avait eu le temps de faire les présentations. Tandis que la jeune fille donnait des morceaux de viande à Eyrol, la violoniste observait l’animal. Le mémorisant dans le moindre détail. Lui restait-elle de quoi le sculpter ?

La violoniste toucha sa pochette sur le coté, qui contenait son petit nécessaire de sculpture. Il lui restait de quoi sculpter l’animal.
Elle interpella une serveuse et lui redemanda un chocolat chaud. Puis sortant son morceau de bois et son couteau, elle se mit à l’œuvre.

Quelques minutes plus tard, était né un Eyrol fait de bois.

- Et voilà !

Kyara posa la sculpture au milieu de la table, fière d’elle.

- Si quelqu’un l’a veut, elle est à lui !

En disant cela, elle regardait la « propriétaire » d’Eyrol et Fanaa.

- Et pour les présentations, moi c’est Kyara !

Kyara ... d'accord, alors elle s'appelait Kyara.

En y réfléchissant, Lynn s'était présentée, ainsi que ceux qui l'accompagnaient, Kyara avait donné son nom ... mais Fanaa non. En même temps, ils avaient tous l'air de le connaitre son nom ! Mais quand même. Il fallait quand même être polie.

- Et moi je m'appelle Fanaa.

Elle rougit et baissa les yeux. Pourquoi se sentait elle timide, gênée? C'était comme avoir le trac. Pourtant elle ne montait pas sur scène, elle ne jouait pas un rôle elle ... elle quoi au juste ? Bonne question...

Michael lui ébouriffa les cheveux et renchérit :

- Puisqu'on en est aux présentations, moi je suis Michael, mercenaire fédorien.

Il sentit la petite pression de la main de Fanaa sur la sienne.

*Et accessoirement papa-tigre...* Il sourit à cette pensée. C'est une situation qu'il n'aurait jamais au grand jamais imaginé vivre. Pas avec une "enfant" qui n'était pas la sienne, du moins.

Fanaa mangeait et reprenait des couleurs. Elle jetait des coups d'œil à l'escalier pour guetter l'arrivée de sa maman-oiseau-bleu. Il fallait que tout le monde soit là. Il le fallait. Mais la voleuse ne se décidait pas à se lever.

Fanaa gratouilla le cou d'Eyrol et observa la statuette du pheazarix. Elle lui rappelait quelque chose. Il y avait eu une autre statuette non ? Voyons ... elle représentait aussi un animal rouge et ... Rayah ! Mais la statuette de Rayah était bien loin d'ici. Hélas.

- Je le veux bien s'il te plait, si tu es d'accord Lynn.

Eyrol n'était pas Rayah. Loin de là. Mais en attendant de pouvoir récupérer la bonne statuette, la jeune fille voulait bien se contenter de celle-ci. Parce qu'elle était quand même drôlement bien faite. Et qu'Eyrol était plutôt chouette dans son genre. Même s'il manquait de poils, de griffes, de dents, de taille respectable et de rugissement.

Un sommeil sans rêve... Réparateur. Pas une vague dans le lac intérieur qui abritait l'âme de la voleuse. Pas un clapotis. Tout était calme, comme une mer d'huile... Soudain, ce fut comme une pierre qu'on jeta au centre de l'étendue d'eau. Une immense pierre qui créa des vagues, puis des ondulations... Cétait surprenant... Mais agréable.. Mais...

Les yeux bleus de la jeune femme s'ouvrir d'un seul coup. Un étrange réflex elixien dont elle n'avait aucune idée envoya de l'eau salée dans la bouche du "prince charmant", le noyant presque... mais permettant aussi à la voleuse de se dégager en toussant... Elle se sentait comme quelqu'un qui avait bu la tasse.

- Par les Eaux du Lac fit-elle en toussant Qu'est ce qu... mais... Qui êtes vous? et que faites-vous dans ma chambre... et.. Pourquoi m'avait vous embrassé?!?

Adwel avait presque l'air... outrée? voire même en colère... Elle réfléchirait au phénomène plus tard.

Hakuren s'était écroulée telle quelle dans son lit. Elle avait du dormir d'une traite et sans bouger puisqu'elle était de travers et sur le ventre. La mage tenta de se retourner mais elle s'arrêta net. Un torticolis... Douloureux... Elle soupira puis bascula tout de même sur le dos avec une grimace. Elle s'étira doucement et essaya de détendre son cou endolori avant de se lever. Elle sentait mauvais... Elle avait encore ses vêtements de la veille et l'odeur de cette horrible cave aussi.

La mage retira ses habits puis utilisa la vasque d'eau pour se décrasser. C'était moins bien qu'un bain mais ce serait plus rapide. Et puis la dernière fois qu'elle s'était endormi dans son bain, on avait du la libérer au marteau et au burin... Puisqu'elle était prisonnière d'un bloc de glace.

Après s'être lavée, elle alla chercher ses vêtements de rechanges dans son sac et les mis. Une fois prête, elle embarqua son sac contenant ses précieux carnet et descendit dans la salle commune. Avisant la table de ses compagnons, elle commanda son petit déjeuné et se dirigea vers l'assemblée.

- Bien le bonjour. Remis de la nuit? Personnellement, j'ai bien dormi mais un torticolis me dérange... Et je rêve d'un bon massage...

Ce disant, elle pris place à la table.

Talisham se recula soudainement, suffoquant, toussant pour se débarrasser du liquide salé avant qu'il ne s'insinue dans ses poumons. Le temps de se reprendre tout à fait, il tendit une main devant lui en signe de paix.

- Ola, ola, du calme mademoiselle.

Il s'étouffa de nouveau, de rire cette fois.

- Magnifique... c'était... tout simplement... magnifique. C'est bien la première fois qu'on me fait un coup pareil!

Se laissant tomber sur le tabouret, il laissa passer une nouvelle vague de fou rire, avant de se recomposer une expression mi-sérieuse, mi-amusée.

- Alors, pour répondre à vos questions dans l'ordre, je suis Talisham, le... - après tout, raconter des salades était dans sa nature, que pouvait-il y faire? - commanditaire de vos commanditaires. D'habitude, je reste dans l'ombre, mais votre beauté ne m'a pas laissé indifférent, et comme le papillon attiré par la lumière, je me suis élancé pour venir en personne prendre soin de vous.
Je me trouve dans votre chambre car j'ai veillé sur votre sommeil, farouche gardien de votre vertu, défendant la place contre une horde de jeunes hommes fous de désirs inavouables... que votre porte, fracturée, n'aurait pas su repousser efficacement.
Et je vous ai embrassée car, bien que cela m'arrache le coeur, il me fallait vous sortir de votre doux sommeil afin de vous délivrer un message de la plus haute importance. J'ai donc donné de ma personne pour vous éveiller plus agréablement qu'avec un broc d'eau glacée.

Talisham plongea son regard reptilien dans le bleu des yeux de la médiovienne.

- Désirez-vous entendre tout de suite ce que je dois vous dire, ou préférez-vous prendre d'abord le temps de me remercier pour mon incroyaaaaable dévouement?

Un grand sourire sur le visage, il ouvrit grand les bras et lança à la voleuse un clin d'oeil coquin.

Adwel, assise dans son lit, restait coite dans une expression plus que comique. Elle regardait le "commanditaire" d'un regard fixe, écarquillé, clignant parfois rapidement, la bouche légèrement ouverte, les épaules affaissée. Elle resta un moment comme cela, comme pétrifiée, puis se secoua, comme de nouveau réveillée

- Non mais... Vous n'êtes pas sérieux... Enfin... non, vous ne pouvez pas être sérieux! Mais c'est totalement...

Puis son visage arbora un sourir de plus en plus prononcé avant qu'elle n'éclate d'un rire clair et joyeux, cela faisait longtemps qu'elle n'avait plus rit autant d'une situation si incongrue! De toute façon, elle était à la Lumière Bleue... Donc il n'y avait pas de souci, elle était en sécurité!

Adwel s'éssuya les yeux pleins de larmes de joie et dit d'une voix cassée par le rire

- Ahah... Mais dites moi tout... je... je vous écoute... Si si, je vous assure que je vous écoute...

Lynn sourit à la "petite"

" Fanaa? Quel beau prénom! "

Michael a écrit:

- Puisqu'on en est aux présentations, moi je suis Michael, mercenaire fédorien.

Lynn se leva le temps d'une révérence.

" Enchantée messire Michael. Le moins que l'on puisse dire, c'est que vous gagnez à être connu. Merci pour tout. "

Fanaa a écrit:

- Je le veux bien s'il te plait, si tu es d'accord Lynn.

"Bien sûr que tu peux le prendre! Et n'oublie pas de remercier Dame Kyara pour son joli cadeau. "

Hakuren choisit cet instant pour rejoindre le groupe. Lorsqu'elle parla de massage, Sek, qui avait enfin été servi à son tour, s'étouffa sur sa gorgée d'infusion. Il venait de se souvenir de quelque chose... Sa soeur lui jeta un regard en coin.

" Bien que chacun ait eu l'occasion, je pense, d'entendre nos noms, il faut faire les choses dans les règles. Je suis Lynn, voyageuse en provenance de Levitas, et voici mon frère et compagnon d'errance, Sek, qui se présenterait sans doute de lui-même s'il n'était occupé à éviter d'être tué par cette redoutaaable infusion d'herbes de Medievir. "

Talisham poussa un soupir théâtral.

- Dommage... Vous savez que la joie vous sublime? Ah... je m'en veux de devoir aborder des sujets si peu réjouissants maintenant.

Il posa les mains à plat sur ses genoux et prit un air grave.

- Tout d'abord, il me faut vous féliciter pour ce que vous avez déjà accompli. Nous sommes satisfaits au-delà de toute espérance.
Et c'est pourquoi... c'est pourquoi nous vous proposons de cesser ici notre association. Nous estimons que vous avez pris suffisamment de risques pour justifier votre salaire.
C'est à vous de choisir: dites-nous juste où se trouve la Harpe, redonnez-nous la pierre originelle, et nous nous chargerons de la remettre en place. Vous serez rétribuée comme si vous aviez effectué la mission dans son ensemble, et vous n'entendrez plus parler de nous.
Mais si vous souhaitez continuer... nous ne vous en empêcherons pas.

Talisham se tût.

Ceux qui avaient connu Fanaa avant pouvaient remarquer que son timbre avait changé. Elle parlait maintenant tout doucement, presque timidement. Elle semblait prendre grand soin à préparer ses phrases et organiser ses pensées avant de les partager. Une séquelle de la période où elle était presque muette, sans doute.

- Peut-être que Sek se propose gentiment pour masser la dame ? Sauf qu'il a oublié qu'on ne peut pas boire et parler en même temps au risque de s'étouffer.

La voleuse n'effaça son sourire lors du discours de l'étranger. Elle attendit la fin de son explication avant de reprendre d'une voix très douce

- Je suis dans le regret de vous dire que je refuse votre proposition. Je ne peux faire demi-tour, tout comme je ne peux vous révéler une telle information alors que je ne connais presque rien sur vous et votre groupe. De plus, vous comprendrez que cette histoire touchant la Harpe, il est dans mon devoir de Médiovienne de rétablir son intégrité. Peut-être pourriez vous d'ailleurs me préciser qu'elle est la valeur réelle de la pierre qui se trouve sur la Harpe? Et aussi d'où vous venez et qui vous êtes exactement?

La méidovienne semblait on ne peut plus sérieuse malgré son ton léger et son sourire.

Lynn en resta muette de stupeur... avant de se tordre littéralement de rire. L'idée de Sek essayant de... non... c'était trop...

Sek, quand à lui, s'étrangla de plus belle, son visage gagné par une teinte cramoisie du plus bel effet. Ce qui fit redoubler l'hilarité de sa soeur...

Aussi loin que remontât la mémoire de Lynn, jamais elle n'avait passé meilleur moment.

Les jumeaux peinèrent à retrouver leur respiration.

"Aaaah. Fanaa... - Lynn haletait en essuyant les larmes au coin de ses yeux - Merci, merci beaucoup. "

Sek voulut dire quelque chose, mais des idées conflictuelle se bousculaient dans son crâne. Démentir? Sauf que... en même temps, pourquoi pas... Oui mais...

"Heu... je ne... enfin, ce n'est pas que je refuse de... mais ce n'est pas ce... "

Il finit par se réfugier dans son petit déjeuner.

Fanaa cligna des yeux en observant Lynn éclater de rire. Se moquait elle ? Pourtant il semblait bien à Fanaa qu'elle disait quelque chose de sensé. La jeune fille avait pensé que trouver ses mots lui faciliterait la vie, qu'elle pourrait enfin se faire comprendre des autres mais elle découvrait un nouvel obstacle : l'interprétation que chacun pouvait se faire des mots ! Olala ...
Mais Lynn la remerciait. Donc elle ne se moquait pas vraiment.

- Euh ... de rien ? Mais euh ...

Elle regarda Sek et lui dit d'un air désolé :

- Mais tu continues ... je t'assure que tu ne peux pas faire les deux en même temps, ça ne marche pas. Regarde tu es tout rouge maintenant ... on dirait un gros Eyrol sans plumes ... Il faut que tu penses à respirer, c'est important! Tu imagines si tu fais pareil pendant le massage ? Et qu'au final c'est la dame qui doit te ranimer alors que tu devais t'occuper d'elle ?

Talisham sourit. Il avait affaire à une petite futée. Courageuse de surcroît. Mais soit, si elle préférait qu'il en soit ainsi...

- Votre sens du devoir vous honore. - il se leva et s'inclina - La pierre qui se trouve sur la Harpe est inestimable, car sa valeur dépend beaucoup de la personne qui la tient en main. Pour la majorité des gens, elle ne vaut pas plus qu'une "simple" pierre précieuse. C'est le cas pour vous. Pour nous, c'est légèrement différent, pour des raisons qui nous regardent... - il prit un air de conspirateur - et qui ont à voir avec l'équilibre du monde connu tout entier, rien que ça.
Il s'approcha de la voleuse et chuchota - Nous sommes... des envoyés des Dieux sur Adréis, nous sommes la main qui rétablit la balance quand elle penche trop. Mais nous n'avons pas le droit d'agir par nous même, il y a des règles à suivre. Voilà pourquoi nous faisons appel à vous. Nous ne pouvons étaler notre essence divine au grand jour vous savez. Notre éclat vous éblouirait. Et cela violerait les lois cosmiques, avec des effets désastreux sur l'univers.
Servez-nous bien jeune fille, le monde dépend de vous!

Tandis qu'il parlait, il avait mis la main dans sa sacoche et avait saisi un petit objet... qu'il passa devant les yeux de la voleuse en terminant sa dernière phrase. Adwel fut éblouie.
*Oulà, j'en ai peut-être fait un peu beaucoup. Bon, j'ai cinq minutes avant qu'elle y voie de nouveau normalement.*
Il prit ses jambes à son cou. Croisant Aryllë et Vor dans le couloir, il leur lança:

- J'ai transmis le message à notre employée... qui a décidé de rester notre employée. Heu... je lui ai servi quelques bobards aussi, l'occasion était trop belle. Mieux vaut qu'on file maintenant. Je vous attends là où vous savez!

Il s'engouffra dans la chambre où Fanaa s'était reposée, ouvrit la fenêtre, bondit, et disparut.

Lynn rit de nouveau. Décidément... elle adorait cette "petite".
Sek fit un monstrueux effort pour reprendre contenance. Il fallait qu'il trouve quelque chose à répondre... et sa soeur avait l'air décidée à le laisser mariner dans son jus. Il releva la tête et inspira.

"Dame Fanaa... Vous avez raison. Vous savez, pour certaines personnes, dont je suis, le lever est une étape difficile de la journée. On s'embrouille un peu."

Lynn gloussait encore.
*Les femmes... *
Le jeune homme se rendit compte qu'il était, Michael mis à part, le seul individu masculin de la tablée. Et que comparé au fédorien, il ne faisait pas vraiment viril...
Il espéra tout de même pouvoir récupérer un peu de sa dignité.

"Et malheureusement, je ne suis pas doué pour les massages. Je lui aurais rendu ce service avec plaisir, mais je risquerais de faire à Dame Hakuren plus de mal que de bien, j'en ai peur."

Talisham ressemblait à un diablotin hors de sa boîte. Il fila avant que Voronwë ou Aryllë ait le temps de réagir. L'homme-orage secoua la tête.

- Intenable. Qu'est-ce qu'il a bien pu raconter encore ? Enfin. Au moins Adweliwen continue. Elle tient ses responsabilités jusqu'au bout à ce que l'on dirait. Ce fut un bon choix. Aryllë ? Tu m'écoutes ?

La femme marmonnait des mots incompréhensibles, les yeux dans le vide elle releva la tête à l'apostrophe de son compagnon.

- Mais tout à fait Vor. Tu as raison, comme toujours.

Il fronça les sourcils.

- Et pour le mercenaire, on lui demande de rester avec notre voleuse ou on le libère de ses engagements ?

*marmonnements de la femme*

- Aryllë !

- Comment ? Oui oui bien sûr, c'est parfait.

- Qu'est-ce que tu as ? ça ne va pas ? lui demanda-t-il en lui saisissant le bras.

Elle se dégagea aussitôt et lui répondit avec humeur.

- Mais si ! Ecoute, décide comme tu veux et allons nous en. Je ne veux pas rester plus longtemps par ici. Je vais chercher nos affaires.

Voronwë se sentit piqué mais ne répliqua pas. Il se dirigea vers la porte de la chambre de la jeune voleuse et toqua à la porte.
Il n'entra pas, se contentant de parler au travers.

- Demoiselle Adweliwen, tout d'abord, merci pour hier. Et aussi d'accepter de continuer la mission. Michael le fedorien a été engagé par nos soins pour assurer votre sécurité durant votre ce travail. Je vous laisse le soin de décider si vous aurez besoin de ses services de retour à Medievir ou non. dans tous les cas, vous pourrez lui remettre cette enveloppe qui contient sa rétribution. Il s'agit d'un billet à ordre à changer à Medievir. Bonne journée.

L'homme-orage fit glisser une enveloppe sous la porte et rejoignit Aryllë. Celle-ci était dans la chambre, immobile contre le mur.

- Aryllë tu vas bien ?

Il se mit face à sa compagne et croisa son regard éteint. Ses lèvres bougeaient et il ne comprenait pas ce qu'elle disait. Il tendit l'oreille et ne put reconnaitre qu'un seul mot. Un mot qu'elle répétait de nombreuses fois parmi ses marmonnements : rouge.

- Aryllë, reviens à toi ... maintenant ! Il claqua des doigts juste entre les yeux de sa compagne et celle-ci sursauta.

- Vor ? Que s'est il passé, que ?

- Je crois que tu es allée un peu trop loin tout à l'heure.

- Avec ... ? Oh ! Euh ... j'ai dit quelque chose ? demanda-t-elle en joignant les mains, inquiète.

- Viens. C'est fini maintenant. Partons.

L'homme-orage choisit de ne pas repasser par la porte. Il ne voulait pas croiser Michael. D'après les dernières remarques du fedorien, il aurait pas mal de questions et de choses à mettre au clair. Ce n'était pas le moment.
Les deux étrangers prirent le même chemin que Talisham.

Hakuren se frota le coup

Ah, il est dommage que cela n'entre pas dans tes compétences... Tant-pis, je ferais avec.

Passant a autre chose, elle sortis un de ses carnets et son crayon... On ne change pas Hakuren facilement.

Elle se tourna vers Mickael

Au fait, c'est une sacrée coïncidence d'être arrivé a point nommé hier! En tout cas, merci de l'aide.

Oui, elle avait dit merci... pouvez-t-elle donc finalement changer?

Ah, et je serais vivement intéressée de savoir quel effet a eu le sort de la maîtresse sur vous... lors du sommeil...

Finalement... c'était un cas desespéré

Un rayon lumineux frappa Graouill-hi de plein fouet et le réveilla en sursaut. Il se redressa sur son lit, hébété et le coeur battant. Il avait dans la tête des images sombres. Des catacombes, une secte des ombres et des cadavres. La Nuit Maudite rouge avait souvent cet effet-là, pensa-t-il en s'habillant. Son sommeil avait été chargé de mauvais rêves. Il se souvenait même de sa pire journée de cours au Temple des Clercs.

Il était encore somnolant quand il descendit dans la salle de l'auberge, et plusieurs de ses membres le faisaient un peu souffrir. Ce n'est que quelques minutes après s'être assis qu'il remarqua que Fanaa menait une discution avec Sek et sa soeur.

Il ne fut cependant pas étonné outre mesure. Son amnésie était serte complète mais elle était en bonne santé. Un évènement particulier pouvait lui rendre ses souvenirs ou juste la parole d'un coup. Mais quel était donc cet évènement ? La nuit avait été tout ce qu'il y a de plus tranquille, hormis quelques cauchemars.

C'est alors qu'il constata quelques plaies sur son corps et quelques taches de sang sur ses manches. Il mettra quelques heures à l'admettre, mais il n'avais rien rêvé du tout.

[hrp] Juste un petit message sans imagination pour dire que je suis de retour [/hrp]

Kyara se cala contre le dossier de son siége, un sourire sur les lèvres qu’elle cachait derrière sa tasse de chocolat. Elle se retenait aussi de ne pas rire, cela aurait été vexant pour tout le monde si elle l’avait fait, même si ça la démangeait.

Hakuren finit par sortir carnet et stylo :

- J’aimerais bien savoir ce que tu notes dedans ?

La shalos regarda ses compagnons tout à tour :

- Quelqu’un aurait des nouvelles d’Adwenliwen au faite ?

Une autre personne vint s’installer à la table, où l’avait-elle déjà vu déjà ? ah oui !! Il était venu une fois au cottage pour Fanaa et là il était dans la grotte et avait essayé de soigner la poupée. C’était quoi déjà son nom ? La shalos n’arrivait pas à remettre le doigt dessus. Ça lui reviendra plus tard.

L'assassin hocha la tête.

- Pour le peu qu'on trimballe, oui. Il n'y a que ton manteau qui est resté dans la chambre, je crois. Il vaut mieux que je monte, et que tu reste à l'écurie.

Ils arrivaient devant l'écurie, où Soghann planta là Syld sur une dernière parole :

- Moins de personnes te voient, mieux c'est...

S'enveloppant dans son manteau, il fit le tour de l'auberge et se mit à la recherche de la porte de service, qu'il trouva bientôt. Elle donnait évidemment sur les cuisines, aussi s'en échappait-il une odeur qui fit se tordre son estomac. Sans convoquer les ombres -il ne s'en sentait pas la force-, il ouvrit la porte et se faufila à l'intérieur, pour se retrouver à un embranchement.Devant lui, le couloir partait vers la salle commune, comme l'attestaient les voix que l'on pouvait entendre. A sa droite, les cuisines, et à sa gauche... l'escalier de service, qu'il grimpa silencieusement. Il se retrouva au bout du couloir des chambres, qu'il remonta rapidement pour se retrouver devant leur porte.

Sans hésitation, il pénétra dans la chambre, que personne n'avait encore nettoyée. Il était trop tôt pour cela, les clients étaient censés dormir encore. Il récupéra le manteau de Syld et jeta un oeil dehors par les volets entrebâillés. Il était plus que temps de mettre les voiles. Il allait sortir lorsqu'il se ravisa, et se dirigea vers le lit. D'un geste précis, il saisi un oreiller et le sorti de sa taie, qu'il garda après avoir reposé son contenant sur le lit.

Tout aussi silencieusement, il reparti dans le sens inverse. Il était en train de remercier la chance de n'avoir croisé aucun employé lorsqu'il entendit des pas dans l'escalier qu'il allait emprunter. Trop tard pour reculer. Silencieusement, il se camoufla contre le mur où était percé l'arche qui donnait sur l'escalier, et se fit le plus petit possible. La serveuse, trop concentrée à tenir en équilibre les multiples récipients pleins sur son plateau, ne le remarqua même pas.

Relâchant sa respiration, il se faufila dans l'escalier et descendit. Arrivé en bas, il fit un crochet par les cuisines, où il faucha quelques provisions qu'il fourra dans la taie d'oreiller. Il sortait lorsqu'il se retrouva face au cuisinier, visiblement furieux. Alors que l'homme ouvrait la bouche, Soghann sorti plusieurs pièces d'or -bien plus que la valeur de ce qu'il avait pris- et les fourra dans la main du cuisinier avec un sourire d'excuse.

- Désolé pour le dérangement, je suis pressé.

Plantant là l'homme, il sorti avant de le laisser réagir et se retrouva bientôt à l'écurie.

Syld resta dans l'écurie, bien sagement, sans faire mine de protester. Pourquoi protester, d'ailleurs ? Qu'est-ce qu'il aurait été faire à l'intérieur ? Qu'est-ce qui aurait pu l'y attirer ? Tout ce qu'il voulait, c'était quitter cette ville, retrouver des murs familiers, et puis... et puis il ne savait trop quoi.

Il n'aurait désiré qu'une chose : pouvoir recevoir des nouvelles d'Earl. C'était ce qu'il avait failli demander à Ridelgald : le contacter, par n'importe quel moyen, et lui faire connaître l'évolution de l'état du jeune clerc.

- Si jamais il meurt...

Les clients qui désiraient quitter la ville étaient déjà partis, comme en attestaient plusieurs stalles vides. Évidemment, qui aurait voulu se retrouver coincé dans la montagne à la tombée du jour ?
Le palefrenier en avait profité pour changer les litières, remplir râteliers et abreuvoirs. Seuls les ébrouements sonores des bêtes et les coups de sabot impatients sur le sol troublaient le silence.

Syld alla s'appuyer au flanc tiède de sa monture qui lui adressa un regard perplexe, étonnée de ne pas se faire traiter de tous les noms comme elle en avait pris l'habitude à l'aller. Il posa le front contre l'encolure de la bête qui souffla par ses naseaux, encore plus surprise.

- Si jamais il meurt, je...

Le retour de Soghann l'empêcha d'aller au bout de sa pensée. Il s'écarta un peu de son cheval et cilla. Il ne se souvenait absolument pas avoir harnaché les bêtes, pourtant elles se trouvaient à présent sellées et mâchouillaient leur mors avec de petits renâclements.

- Oh, je crois qu'on peut y aller...

- Effectivement.

Sans plus de cérémonie, planqua la taie dans ses fontes, balança son manteau à Syld et enfourcha sa monture.

Quelques minutes plus tard, ils sortaient de la ville, et l'assassin s'autorisa enfin à respirer.

- Commençons par nous éloigner le plus possible. Le mieux serait de continuer jusqu'à la nuit.