"-Ainsi tu souhaite quitter mon enseignement ?"
Le vieil homme paraissait désolé, mais gardait sur son visage l’indulgence qu’on accorde à un élève méritant.
"-Oui, maître. Ma décision est prise. Je partirais dans dix jours."
Le maître s'assit sur le rebord d’un puis qui se trouvait là.
"-Tu sais pourtant que ton enseignement n’est pas complet. Il te reste beaucoup à apprendre.
-Maître, le simple fait de naître à Ilymir accorde beaucoup de connaissance. J’ai déjà beaucoup appris en votre présence. Vous savez comme moi les problèmes que rencontre notre monde, le mal corrompt toute chose.
-Soit gentil, puise-moi un peut d’eau, ma gorge commence à se dessécher."
Graoull-hi s'exécuta.
"-Pense-tu que la vieillesse est une maladie ?"
L’apprenti prit l’air étonné tout en ramenant le saut d’eau sur le rebord du puis
"-Voilà bien une étrange question. Puis-je vous demander ce qui la motive avant de vous donner une réponse ?
-C’est que je le croyait moi-même étant jeune ; et les années passantes, je me suis pris à croire que la jeunesse était une maladie. Étrange paradoxe, n’est-ce pas ?"
Le garçon avait sorti des son sac un bol pour offrir de l’eau au vieil homme. À ces dernières paroles, il ne put retenir un sourire.
"-Il est vrais que je me vois assez mal devenir vieux. Mais où voulez vous en venir ?
-Et bien, je ne pense pas que notre époque soit si terrible. Tout les jeunes gens s’imaginent vivre la fin du monde, mais de tout temps, le mal a corrompu les plus faibles pour asseoir son pouvoir.
Et c’est pour ça que je souhaite te garder auprès de moi encore quelque temps. Tu n’est pas assez fort, Graoull-hi. Je veux être sûr que l’obscurité de Valnor n’aura jamais raison de toi."
À ces mots, ou au simple nom de Valnor, le visage de l’apprenti devint grave.
"-Maître, dans notre Cité de Lumière, rien n’est à craindre. Nous savons tous ce qu’est la justice et de grands érudits tel que vous peuvent juger et estimer au plus près la vérité. Mais en dehors ? Le mensonge et l’injustice blessent les âmes comme les épées et les flèches meurtrissent les corps. Combien d’hommes perdent jusqu’à leur dignité en tombant sous les assauts de Valnor ? Nous seul, interprètes de la lumière, pouvons leur prêter assistance. Je me sent si coupable de rester ici. Je dois partir à la rencontre de ces gens d’autres peuples et les aider à luter contre l’obscurité."
Le maître était accablé. Il bue une gorgée d’eau, comme pour trouver la force de parler.
"-Ainsi tu as fait ton choix. Tu partira donc pour offrir ton savoir. Tes ambitions sont grandes et ta quête est louable. Puisse la lumière te suivre dans les plus profondes cavernes que tu empruntera."
L’élève retrouva le sourire d’entendre son maître l’encourager ainsi.
"-Ne vous inquiétez pas, mon bon maître. Mon âme saura refléter la lumière que vous m’avez montrer.
-Je n’en doute pas, répondit-il avec satisfaction. Mais accompagne-moi tout de même, je tiens à te donner de dernières recommandations."
Le Soleil commençait déjà à baisser au-dessus de la ville d’Ilymir. Le garçon se pressa d’offrir son bras au vieillard pour le raccompagner chez lui.