Taverne des Trois Haches

Mellyna esquissa un mouvement vers son "collier". Il respirait régulièrement et ne bougea pas, il était bien partit pour une sacrée sieste. Finalement, elle obéit et n'esquissa pas un mouvement pour payer.

-Merci, c'est très gentil à vous.

*J'étais là pour chercher Fanaa et comme je veille sur vous, je n'ai rien d'autre à faire.*
Le nom Fanaa étant interdit jusqu'à nouvel ordre, elle garda cette pensée pour elle. A la place, elle dit :

-Je n'ai rien de particulier à faire. Allons-y !

En fait, même s'ils avaient passé un moment agréable, elle était contente de partir. La dédrane se sentait observée et cela la rendait nerveuse.
Plongée dans ses pensées, elle ne pensa même pas à saluer la petite blonde si polie.
Elle remit les livres sur son épaule et suivit le lévitis en dehors de la taverne.

Yamana s'était détournée de Mellyna pour revenir à la conversation. Taymir avait l'air perplexe et limite torturée.

- Vous vouliez une anecdote tout à l'heure. En y repensant, j'en ai bien une. J'étais dans une taverne, un peu comme celle-ci, mais peut-être avec encore plus de joie et de chansons. C'était la première fois que je découvrais un tel lieu. Je m'étais faite conduire par un jeune garçon et son grand frère. Le petit n'avais pas huit ans il me semble. Il s'appelait Lumière comme son esprit vif et ses cheveux blonds et fins.

Alors que nous venions de nous installer, le grand frère parti négocier mon repas avec le patron (Il travaillait la), me laissant seule avec le petit Lumière qui me posa une question quelque peu incongrue. Son frère m'avait demandé d'où je venais et j'avais éludé.

Yamana revoyait les images du jeune garçon, les yeux emplis d'espoir

Il fit d'un ton innocent "Vous connaissez ma maman ? Elle aussi elle est dans un pays très loin ! "

Craignant qu'elle ait disparu... je lui ai demandé de me la décrire. Et j'ai eu le portrait de sa mère:

"Ma maman tu la reconnaitras facilement" qu'il me dit. " déjà, elle s'appelle maman. Et puis elle est forte, elle brille, elle est impressionnante. Elle doit être grande sûrement! Et elle a des cheveux courts pour pas la gêner et c'est la plus forte. Elle n'a peur de rien ! Elle a vécu des tas d'aventures pour sauver le monde. Et elle est maligne maman ! Comme elle fait une brioche qui sent très bon, elle a déjà piégé des méchants comme ça. Et personne ne l'a jamais attrapée !"

Je lui ai promis de faire attention lors de mes voyages et si je croisais "maman", de lui dire que tout va bien pour lui mais qu'elle lui manque.

C'est triste. Mais pourtant gai !

Taymir eut un rire extrêmement doux en entendant parler Yama, les cils baissés, elle regardait tournoyer lentement sa boisson aromatisée de cannelle au fond de son gobelet. En parlant de mère, c'était le souvenir de Vallon qui venait tranquillement s'imposer à elle cette fois-ci. Longue chevelure blonde, sourire si agréable, son parfum de fleurs et sa robe éternellement rouge brodée de blanc. Allons, ne pense pas à ces choses-là ! Le pichet était aux trois quarts vides. Oh après tout il n'était pas bien rempli non plus, la serveuse avait dû être radine de ce côté-là.

Vous pensez que le petit garçon a fini par retrouver sa maman ?

Ils n'étaient pas rentrés encore, Taymir jouait avec une mèche de cheveux tout en regardant son interlocutrice. Dès qu'elle reverrait Fanaa... Elle retournerait au comptoir de son employeuse, et ferait ce qu'elle devait faire. Prendre l'argent et s'en aller. Après tout, Taymir, tu ne dois plus obéir à cette femme.

- C'est injuste pour un petit de ne plus avoir de mère, surtout si elle fait de si merveilleuses brioches que les méchants se pâment de délice !

- Oui c'est injuste. Mais l'injustice est monnaie courante dans la vie de la plupart des personnes. déclara durement Kenya.

Elle regarda plus attentivement Yamana.

- Votre histoire est charmante, et tout comme Taymir j'espère que vous allez nous raconter que le petit a fini par retrouver sa maman. Le coup des brioches, c'est très malin !

Elle rit et, sans qu'elle regarda vers la shalon, sa main alla se poser doucement au bas de la colonne vertébrale de la musicienne, juste sous l'étui à violon.

- Il y a beaucoup d'enfants qui se débrouillent très bien sans leurs parents, dit la shalos après tout elle avait vécu très longtemps dans la rue sans adulte, jusqu'à ce qu'elle croisa son Maitre.

Elle sourit en entendant Kenya rire, puis elle sentit la main de la fédorienne se poser au dessous de son violon, elle ne s'y attendait pas et eu un très léger sursaut, personne ne le vit, peut être que Kenya le sentit, mais Kyara n'en était pas sûre. La shalos ne bougea pas :

- Au faite, Adwel saurais-tu où habite Michael ? Peut être qu'on pourrait passer le voir ?

ça se mit à la gratter dans le dos, forcément en dessous de l'étui, elle finit d'un geste expert par le retirer et le poser devant elle. Ensuite en se contorsionnant un peu elle réussit à se gratter.

- 'scusez moi j'en pouvais plu ! rit elle

Sauf que forcément à se contorsionner ça tire sur les muscles et forcement cela réveille les douleurs, elle se mordit la lèvre inférieur pour réprimer un cri.

*outch ! Mon épaule était bien abimé pour qu'elle me fasse encore autant mal !*

La violoniste soupira

Fanaa entra, s'épousseta, jeta un regard affamé dans la salle en recherchant Taymir ... et ses yeux s'ouvrir tout ronds. Si elle avait envie de pleurer cette dois, ce n'était en aucun cas de tristesse. Elle avait envie de sauter, de danser, de crier sa joie. Etait-ce seulement vrai ce qu'elle voyait là ?

Sa main serra plus fort celle de Mellyna et elle s'écria :

- Mais je rêve ? Taymir !! Adweeeeeeel !!

Entraînant la Dedrane à sa suite, la danseuse traversa la salle en courant, se précipita vers la table et entoura de son bras libre le jeune Illymis -qui était la plus proche, tandis que son autre bras, qui avait lâché Mellyna se tendait vers Adwel à l'autre bout de la table. Que n'avait elle bas au moins quatre bras pour pouvoir étreindre tout le monde en même temps !

- Adwel! Adwel ! Je suis là ! Taymir ! Oh Taymir ! Mellyna ! Et Kenya tu as là aussi ? Et ... Kyara c'est cela ? Ooooooh ! Oooooooooooh ! Vous êtes là ! Vous êtes toutes là !

La Shalos interrogeait la Médiovienne, et quelque part ça se sentait qu'elles étaient très familières, même pour de simples voyageuses et aventurières. Elles avaient dû barouder pas mal de temps ensemble ! Les chanceuses...
Tandis que Taymir examinait d'un œil critique le fond du pichet de vin de fruits, le son de la porte qui s'ouvrait et se refermait lui parvint aux oreilles, lui faisant immédiatement lever le nez. Et ce qu'elle vit eut le don d'animer sa figure colorée d'une belle dose de joie. Sa bouche se fendit d'un grand sourire et lâchant verre et pichet, sans toutefois les faire tomber comme une gamine qui délaisserait ses jouets trop vite, elle s'apprêta à se lever de table.
Jusqu'à ce qu'une tornade brune vienne en criant (probablement de joie) et vienne... L'étreindre ??? L'Ilymis mit quelques secondes avant de saisir vraiment ce qui se passait.

F... FANAA ?

Sur le coup, Taymir n'en crut pas ses oreilles, un bras passé également autour de la taille de la danseuse. Mais force était de reconnaître que ce timbre de voix, cette personnalité chaleureuse et bonne et cette chevelure appartenaient bien à la jeune femme rencontrée plusieurs mois auparavant dans le Ringèm. Une compagne qu'elle avait désirée plus que tout au monde pouvoir revoir après son arrivée en Fédoran. Fanaa, celle qui la faisait rire. Et celle qui la faisait toujours se sentir importante.
Attends voir... Mais en fait -son regard embrassa rapidement toute la tablée-, Fanaa les connaissait toutes ?
Le Destin était parfois très joueur, pensa-t-elle en éclatant de rire à son tour devant tant d'euphorie.
« Mais qu'importe ce que tu pense, idiote ! Allez, serre-la fort ! »

- Fanaa... Créateur, finalement te revoilà !

Kyara en resta comme deux rond de flan ! Encore heureux qu'elle était assise sinon elle serait tombée par terre !

- Fanaa !!! Mais... Elle se leva, tes cheveuuuux !!??

Qu'importait pour le moment ! Fanaa que Kyara pensait ne jamais revoir était pourtant bien devant elle !
Elle sentit les larmes montées

* Non mais oh ! On ne pleure pas !! *

Pourtant... C'est de justesse qu'elle les retient, c'est ainsi qu'elle se précipita vers la danseuse pour la serrer dans ses bras, puis l'écarter légèrement pour la regarder un peu mieux, pour la serrer à nouveau dans ses bras

- Fanaa ! Je suis contente de te voir !! Ma petite danseuse ! lui murmura-t-elle

Forcément, son épaule émit une pointe de protestation qui crispa le visage de la shalos

- Hé bé... Tu en connais du monde à ce que je vois !

Elle lâcha Fanaa, pour faire quelques moulinets de son épaule, il allait vraiment falloir sans occupé sinon elle risquait de devoir encore être bloquée pour qu'elle puisse guérir correctement.

- Et bien et bien ... voilà qui ne pouvait pas tomber mieux ... se dit l'elven.

Elle saisit le bras de Talisham.

- Il y a Adweliwen ! J'ignorais qu'elle était ici. Caprice du destin ... Finalement je me suis trompée sur mon pressentiment.

Au lieu de s'avancer vers le petit groupe en pleine effusion de joie, elle se tourna vers son compagnon et le fixa de ses yeux d'or scrutateurs.

- Toi. "Juste un cauchemar" ? Talisham, cette phrase n'a aucun sens pour moi. Les cauchemars n'arrivent pas sans raison. Les cauchemars sont les échos de pensées que l'on a avant de se coucher, souvent. Ou alors ils peuvent aussi ... être des cadeaux empoisonnés de ... hem ... personnes indélicates qui ont le pouvoir de troubler le sommeil des braves ... mais bref. Tout ça pour dire qu'un cauchemar, de ce que je sais, a toujours une raison d'être.

Aryllë ne posait pas de question, elle se contentait de le fixer. Attendait-elle quelque chose ?

Talisham écoutait Aryllë, tâchant de se composer une expression neutre. Il savait parfaitement d'où provenait ses propres cauchemars. Mais ne pouvait pas en toucher le moindre mot. Le sceau incrusté dans son bras gauche l'en empêchait.

- Et il arrive que les raisons soient connues, mais que le sujet ne puisse pas être abordé, même en le voulant.

Il ne pouvait qu'espérer qu'elle comprenne de quoi il parlait.

- Hmmmm. D'accord. Tu ne peux pas en parler librement. Et si je te pose des questions, tu peux y répondre ? Des questions fermées je veux dire. Tu peux me dire oui ou non à chaque fois ? Que j'essaie de trouver une piste ? Car tu ne peux pas te confier, on t'a mis une entrave mentale, mais tu as envie que d'autres le sachent, n'est-ce pas ?

Elle ne le quittait pas des yeux. Peut-être espérait-elle que si elle le sondait assez intensément elle le comprendrait sans qu'il y ait besoin de parole ?

L'elven secoua la tête.

- Oui, il y a certaines choses que je voudrais partager, mais je ne peux pas non plus répondre aux questions. Je ne peux rien faire qui aide activement qui que ce soit à accéder à ces informations. Je ne peux même pas rester passif si je me rends compte que quelqu'un tente quelque chose, je dois résister. Si j'étais torturé, ou si je m'apercevais qu'on fouille dans mon esprit, je devrais même en mourir plutôt que laisser filtrer quelque chose. Le sceau peut faire ça. Il est déjà extraordinaire que j'aie pu révéler qu'il y avait quelque chose à révéler, celui qui a posé l'entrave a été négligent. À sa place, je me serais forcé à simuler une perte de mémoire. Ou peut-être partageait-il partie de ce que je ressens à ce propos, je ne sais pas.

Il soupira.

- Je suis désolé. Si nous rejoignions les autres ?

Yamana allait parler quand Adwel mis sa main sur son genou et serra les doigts. Elle regardait une direction. Et une personne...

La Voleuse avait les yeux grands ouverts. Son coeur battait... Ce n'était pas possible... Ces fantômes... Et...

- Fanaa....

Alors que la danseuse tendait le bras vers elle, la voleuse restait pétrifiée. La seule chose en mouvement chez elle était son regard qui s'emplissait de larmes, lesquelles tombaient délicatement sur sa joue.

Fanaa... Elle la reconnaissait... mais pourtant ne la reconnaissait plus... Elle... était perdue dans des vagues de souvenirs déferlants en elle.

Fanaa riait, Fanaa avait les yeux qui brillaient, Taymir toujours aussi blonde et fraîche, Kyara qui avait remarqué que ses cheveux étaient plus court, Mellyna qui restait silencieusement à son côté et Adwel qui ... ne bougeait pas ? Le coeur de la Danseuse se serra devant les larmes de la voleuses aux cheveux bleus. Elle était si triste, elle était triste à cause d'elle !

Lorsque Kyara la lâcha, Fanaa avança vers Adweliwen et l'entoura de ses bras.

- Adwel, ma petite maman oiseau bleu, je ne t'ai jamais oubliée tu sais. Je me souviens de tout ou presque. Adwel, mon Adwel ... elle sourit, la tête sur l'épaule de la Mediovienne ... je suis désolée d'être partie sans un mot, mais je suis là maintenant. Je suis revenue. Et puis je suis venue avec Mellyna que je tiens à te présenter et Talisham, et puis il y a Taymir et Kyara et ... Adwel ... ma petite maman oiseau bleu chérie, tu m'as tellement manqué ...




Plus loin, Aryllë dévisageait douloureusement son compagnon.

- Mais je ne comprends pas, qui t'a fait ça ? Le conseil ? Et pourquoi ? Te forcer à te tuer si quelqu'un d'autre essaie de savoir ? Mais ... cette mesure est disproportionnée ! Intolérable ! A quoi pensaient ces vieux hiboux ? Qu'ont-ils dans leurs fichues vieilles têtes ? J'irai les voir Talisham ! J'irai les voir ! Je ne te laisserai pas ainsi, c'est hors de question ! Il vont m'entendre ! Mais à quoi pensaient-ils ? C'est ignoble ! Ignoble, stupide et injuste ! s'enflammait-elle.

Le visage de Talisham se tendit. Il était à présent mortellement sérieux.

- Cette mesure n'a rien de disproportionné Aryllë. Tu es jeune encore, et tu n'es pas pécheresse, alors peut-être n'es-tu pas au courant... La mort pour nous n'a rien en commun avec ce qu'elle est pour d'autres. Elle fait partie intégrante de notre expiation. L'expérience n'a rien d'agréable...

Un sacré euphémisme, il s'agissait sans doute de la pire chose qu'il lui ait été donné de "vivre"... mis à part peut-être ce dont il refusait de parler, dans un autre genre. Il ne souhaitait même pas y penser.

- ... ce serait plutôt tout le contraire, et on ne s'y habitue jamais. - il frissonna - Nous faisons d'ailleurs tout pour l'éviter. Mais elle ne possède pas l'aspect définitif qui la caractérise chez les autres adréniens.

Il avait d'ailleurs perdu le compte de ses morts. Ou plutôt, il avait préféré ne pas compter. Un agent opérationnel était beaucoup plus exposé au trépas que les autres, et pas seulement parce qu'il risquait de claquer sur le terrain. Il s'agissait en effet d'une manière "commode" pour retrouver rapidement un corps dans un état optimal. Les souffrances à endurer étaient d'une atrocité au-delà du dicible, et lui semblaient chaque fois pires. Mais le choix ne lui appartenait pas. Au moindre signe d'affaiblissement de ses capacités, il devait y passer. Parfois, il enviait les gardiens du savoir, eux au moins avaient le droit de pas mal vieillir.

- De fait, pour assurer la conservation d'un secret, c'est une bonne méthode. Alors certes, je dois l'admettre, je n'approuve pas leur choix de ne rien divulguer. Le conseil lui-même n'est pas unanime à ce sujet. En revanche, je comprends qu'ils aient pu prendre cette décision. Elle était difficile, et je ne sais pas ce que j'aurais fait à leur place.
Mais n'oublie pas que j'étais volontaire. Quoiqu'il m'en ait coûté, j'ai agi en connaissance de cause. J'ai ainsi gagné mon congé.

Il jeta un regard en direction de Fanaa.

- Je t'en conjure, ne va pas faire de grabuge. Si tu veux des explications, peut-être pourras-tu les demander à Thérenn, mon professeur. Il faisait partie de la minorité qui refusait de garder le silence. Néanmoins, je ne sais pas si tu pourras le convaincre de te parler, c'est un homme d'honneur, qui se plie aux décisions du conseil dont il fait partie.

Il soupira, puis se recomposa une expression plus avenante.

- Mais regarde, nous sommes manifestement en présence d'émouvantes retrouvailles. N'allons pas les gâcher avec de mauvaises pensées. Allons plutôt participer à la fête. Tu viens ?

Aryllë serrait les poings. Certes, elle était au courant du processus, elle savait ce qui était réservait à ses compagnons au moment de leur mort, mais cela ne s'imprimait pas en elle. C'était tellement ... contraire aux lois de la nature ! C'était une chose qu'il fallait vivre, ou plutôt subir pour en mesurer toute la portée.
Et elle, n'avait pas eu cette occasion, ne l'aurait probablement jamais. Pourtant elle n'enviait pas ses camarades, loin de là.

- Non, je ne viens pas. Je ne suis vraiment pas de l'humeur qu'il faudrait pour y participer. Il vaut mieux que je sorte m'aérer, j'ai juste envie de tout casser, là tout de suite. Excuse moi, Tal.

L'elven fit demi-tour et passa la porte de la taverne dans l'autre sens. Tout ça, ce n'était pas juste ! Que cachaient les vieux hiboux ? Elle se promit de chercher à le découvrir une fois rentrée. De tout faire pour s'y essayer, du moins.

Mellyna observait la scène sans rien dire, laissant Fanaa à sa joie. Cela lui faisait du bien d'être entourée d'amie, la tristesse avait quitté son visage. La joie la rajeunissait tellement !
La gardienne attendait patiemment que la danseuse la présente. Il ne faudrait pas qu'elle tarde trop. Son "jardinage" commençait à demander son prix et elle devrait vite trouver un endroit où dormir avant de s'effondrer sur le plancher. Elle s'appuya subrepticement contre le mur sans s'éloigner de la jeune fille.
Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas soigné, et avec le poussin, son corps était affaibli en permanence. La dédrane y avait été trop vite en y mettant trop de forces.

*Pitié, si tu veux me présenter fait le vite !*

Elle nota du coin de l'oeil qu'Aryllë était sortie. Comme elle l'enviait !

Décidément, le Destin rassemblait beaucoup de gens en ce jour. Etait-ce une bonne ou une mauvaise chose, que ce soit pour Fanaa ou pour elle-même, Taymir n'en avait pas la moindre idée. Resserrant son manteau autour d'elle, Taymir assista avec un sourire touché aux retrouvailles entre sa petite danseuse du Ringèm et la Médiovienne. Maman oiseau bleu. C'est mignon, ne put-elle s'empêcher de formuler à voix basse, penchant la tête sur le côté.
Elle voulut adresser un grand sourire aux elvens, ceux qui l'avait ramenée ici, mais elle put sentir que le moment n'était pas choisi pour une démonstration quelconque. Ils paraissaient... Soucieux, en colère même. Et quand Aryllë finit par tourner les talons, laissant Talisham seul dans la taverne, Taymir ne put s'empêcher de se séparer discrètement du groupe en pleines effusions.

« Après tout, ce sont leurs affaires. »
« Mais ce sont mes amis. »
« Correction, tes compagnons. »
« Ferme-la, Taymir, juste tais-toi,et... »

Quoi faire ? Talisham lui avait bien signifié ce matin, quand il avait eu ce fameux cauchemar, qu'il se débrouillait seul. Mais Aryllë ? Avait-elle besoin de compagnie ? Ou juste... Un peu de réflexion si ils avaient eu un différend. L'Ilymis se mordit la lèvre en regardant la porte. S'il y avait bien une chose qu'elle détestait, c'était que quelqu'un parte sur un coup de tête, marmonnait-elle en soupirant pour faire quelques pas en direction de la sortie. Mais elle restait indécise, à quelques mètres de Talisham. Si ça se trouvait, il n'aurait pas apprécié qu'elle s'immisce dans leurs affaires et elle ne voulait surtout offenser personne en cette journée de fête. Taymir baissa le nez et admira le spectacle. Mais si elle y regardait bien, il y avait quelqu'un d'autre qui ne paraissait pas totalement « dans » l'esprit des retrouvailles. La Dame Dédrane. Elle semblait... Un peu bizarre.

- Dame, vous vous sentez d'attaque pour suivre Fanaa ? Elle a l'air d'une petite boule d'énergie à présent.Elle en eut même un sourire attendri alors qu'elle venait vers elle.

La dédrane sourit à la petite blonde, avant que son regard ne revienne à la danseuse :

-Taymir, c'est bien cela ? Ca va aller, je préfère de loin la voir comme cela.

Son regard se voila quelques instant, l'appui du mur était le bienvenu.

-C'est juste un peu de fatigue. J'ai trop "jardiné" cette après-midi... En fait, quand je l'ai croisée, je partais faire la sieste.

Elle laissa s'échapper un rire cristallin plein d’auto-dérision.

-Il faut croire que je me fais vieille, murmura-t-elle.

Vous ? Vieille ? Vous n'avez pas l'air d'avoir plus de... Vingt-cinq ans je dirais !

Ce fut au tour de Taymir d'émettre un rire. Puis très naturellement, elle vint prendre le bras de la Dame aux beaux cheveux blancs. C'est vrai qu'elle était belle. Tout en elle respirait une certaine grâce, une légèreté. Comme celle du sable du désert par jours de brise. Quelque part, Taymir aurait voulu lui emprunter un peu de cette assurance, de cette tranquillité apparente, de cette sérénité. Mellyna, c'était un peu le contraire d'elle-même. La peau mate, les cheveux bouclés et surtout une aura qui vous dépassait un peu. L'Ilymis ne put s'empêcher de la détailler un peu plus durant quelques instants avant d'arborer un sourire compatissant.

- Je vous offre un petit remontant. Vous permettez ? Fanaa ne va pas s'enfuir de sitôt et je pense qu'elle a tant à raconter. Je ne voudrais pas devoir vous ranimer après cette fameuse séance de jardinage. Comme disait ma mère, c'est très sain. Mais fatigant.

Fanaa... elle était la. Juste devant elle. Depuis combien de temps avait-elle rêver de ces retrouvailles? Combien de fois avait-elle vécu cette scène?

- Fanaa... Je suis... désolée. Je suis si désolée... Je n'ai pas tenu mon engagement envers toi. Je...

Sa gorge s'était étrécie. L'émotion fit dérailler sa voix si bien qu'elle ne pu terminer sa phrase.

La garde du corps se senti de trop. Elle s'effaça, laissant la voleuse et son amie de longue date. Son attention se porta sur sa compatriote. Alors que Taymir discutait avec, elle "apparu" devant elles en tendant un flacon qu'elle avait pris dans son sac

- Dame Mellyna, prenez ceci... Elle anticipa la question Un remède de chez nous. Vous pourrez tenir un peu plus longtemps.