La Taverne de Veis

Juste après sa lecture, le fédoran prit le parchemin de la muette et fit la sienne... le guerrier semblait réfléchir quand d'étranges marchants entrèrent dans la taverne... Sans plus d'explication, il se leva, se dirigea vers eux puis au bout de quelques minutes, ils sortirent

- Les fédorans ont d'étranges manières...

Cette seule réflexion fit écrire un bon gros paragraphe a la mage de l'air. Puis, Hakuren parla, comme réfléchissant tout haut.

- Ce Krondac... c'est la pire des engeances... Il utilise la foi d'un illuminé pour atteindre ses objectifs... Une armée de fanatique a toujours l'immense avantage de ne pas craindre pour leur vie... généralement, ils sont promis a une mort en martyr et une après vie auprès de leur Dieu. Si on l'écarte de ce Calden puis on arrive neutraliser Calden ... on pourra en récupérer un certains nombres... En tout cas, je ne vois pas deux mages dont une muette et un guerrier faire face a cent hommes aveuglés...

C'est a ce moment précis que le Fédoren revint s'assoir... Visiblement, il venait de se battre... et exposait sa "réflexion". Après un silence quasi religieux, la femme aux cheveux blancs posa son nécessaire a écriture. D'un ton extrêmement froid teinté d'une pointe d'ironie mordante, Hakuren répondit:

- Effectivement... Primo, un groupe de fanatique et de pillards viennent ici pour "purifier" la bande de soudards avinés de la taverne... et la poignée de mercenaires feront face vaillamment a une centaine d'hommes fou...

Secundo: votre première partie de réponse annule le primo illogique. Et c'est donc certain que des fanatiques religieux vont chercher a voler des marchands... ou même a voler tout court...

Passons au Tertio: La taverne est un carrefour pour plusieurs villes... pourquoi se diriger par ici? parce qu'ils ne se dirigent pas spécialement a la taverne, mais dans un autre endroit... et Shalanos l'Invisible, la ville dont on ne connait pas l'entrée, c'est un choix é-vi-dent... D'autant plus que cette ville est réputée pour être une concentration d'assassins aguerris... Très pertinent..

et votre dernière remarque... Il est vrai que seules face a une centaine de fous ou seules avec un guerrier tel que vous, c'est très très différant...

Si vous avez a faire a Shalanos -dont vous semblez étrangement connaitre l'entrée apparemment - c'est votre choix, mais votre argumentaire ne tient pas debout.

Elle soutint le regard du jeune homme aux cheveux rouge

Ouch ouch ouch, il avait beau s'attendre à des réclamations, cette voix glaciale avait l'art de piquer. Michael dériva quelques instants en se demandant qu'est ce qui pouvait réchauffer cette femme, autre qu'une profonde inquiétude de préference. Clignant plusieurs fois des yeux, il revint au problème actuel et soutint le regard gelé. Du coin de l'oeil, il repéra un homme encapuchonné qui se dirigeait dans leur direction. Le fédorien tourna la tête pour mieux le surveiller, les duels de regard ne servaient pas à grand chose, mais il comptait y revenir bientôt. Juste le temps de s'assurer que l'inconnu ne venait pas avec de mauvaises attentions. Celui ci chucota quelque chose aux oreilles de l'ilymis qu'il ne parvint pas à entendre avant de repartir. Le jeune homme haussa les épaules, aucun risque. Il revin à la femme fatale et respira profondément, cherchant ses mots, et essayant de rester calme pour les remarques concenrcant sa "valeur".

-Je n'ai pas la prétention de penser que mes hypothèses soit les seules et uniques. Mais je tiens à signaler que tout guerrier que je soit, je préfere réflechir devant de gros ennuis, et prendre en compte toute les données que j'ai. Je pense que mes pensées tiennent la route.

Mais en fait, plus il réflechissait aux paroles d'Hakuren, plus il se rendait compte qu'elle ne lui avait pas vraiment opposé d'arguments. Enfin, le ton était ironique, mais comment réussir à déceler ou était l'ironie et ou ne l'était pas. Les subtilités du discours, il ne les maitrisait pas encore. Appuyant sa joue sur son poing, il ferma les yeux quelques secondes. Il y avait une chose qu'il fallait mettre au clair.

-Je présume que votre "une poignée de mercenaires contre une centaine d'hommes" était très ironique non ? Regardez la quantité de soudars et de loubards de tout poils dans cette salle. Ne trouvez vous pas étrange qu'il n'y ait aucune bagarre violente ? Et qu'aucune troupe de bandits n'ait réussi à s'emparer de cette simple taverne ? Vous avez tout de même du remarquer que celle ci ressemblait plus à un chateau fort de l'extérieur que à une auberge normale. Les mercenaires ici, sont...Une élite d'aventuriers je dirais. Un seul d'entre eux vaut bien une dizaine de fanatiques, au minimum. Et ils sont nombreux.
.
.
.
Vous n'etes pas convaincu...Je dois donner un peu de ma personne alors.

Tranquillement, Michael plongea une main dans son sac, fouillant un peu avant de sortir un complexe assemblage de bois et de métal. Une arbalète de poing, arme assez rare sur Adreis, moins efficace qu'une vraie, elle avait l'avantage d'être plus facilement transportable et d'être maniable en un éclair. Tournant la tête, le jeune homme aligna juste à coté de la tête du barman et tira. Etrangement, le carreau n'atteignit jamais sa cible. Au contraire, il bifurqua en même temps qu'un vent glacé se levait et fit demi tour à la même vitesse. Michael ne chercha pas à bouger alors que le projectile revenait en plein dans son visage. Comment aurait t'il pu ? Une lame s'appuyait déjà sur sa gorge, lui interdisant tout mouvement. Le carreau s'arreta à quelques centimètres de ses yeux, suffisamment bruquement pour qu'il ait le réflexe de reculer la tête. Une sensation douce et moelleuse se fit sentir à l'arrière de son crane. APrès une demi seconde de réflexion, le mercenaire préfera le contact de la lame et réavança la tête. Tout c'était déroulé en moins d'une seconde.

-Pfyu, cela faisait lontemps Thénais....

-Pas assez longtemps, tu as de la chance d'avoir aidé à la dernière bagarre sinon tu aurais déjà la gorge ouverte. Ne refais plus jamais ça.

-Promis, j'avais une sceptique à convaincre.

La lame se retira accompagné d'un grognement, laissant le fédorien libre de respirer. La mercenaire avait déjà disparu, laissant comme seule trace de sa visite un sillon sanglant. Portant une main à sa gorge avec un léger grognement, il constata avec satisfaction que ce n'était qu'une égratignure. Tranquillement, il récupéra le carreau, la magie d'un sorcier embusqué cessa aussitôt, et réarma son arbalète d'un geste d'expert avant de la ranger.

-Si ce groupe vient ici, il mourra rapidement par cette "poignée" de mercenaire. Et sinon, concernant leur direction future. Il est possible quil n'aille aps à Shalanos. Ajoutez l'adjectif invisible seulement si vous n'etes pas shalos. Elle se situe à moins d'une journée de marche, soit très proche. Du moins, c'est la durée du voyage pour lequel ce marchand retournant à sa ville m'a engagé. Je doute qu'il n'y aucun shalos dans leur rangs, surtout connaissant la réputation..."ombrageuse" de cette ethnie de Adreis. Je suppose donc qu'il connaisse l'emplacement de la ville et connaisse beaucoup de miséreux la bas qui se convertirait aux pillages avec joie. Enfin après, il est vrai que les assassins sont une épine désagréable, mais surement moins qu'une position fortifié ou une capitale magique.

Le jeune homme haussa les épaules.

-Et il est aussi vrai que c'est moi qui cherche à y aller, je n'ai pas à vous commander. SImplement que cela me parait la manière la plus probable de les rencontrer. Il y a de grandes chance que ce marchand soit attaqué et oui, je peus le défendre contre ce groupe. Je ne pourrai bien sur pas affronter une centaine de guerriers et m'en tirer vivants. Mais c'est le genre de bandes qui reposent sur le nombre et leurs chefs, pas leurs forces respectives. Les individus dangereux sont ce Krondac et ce Calden, sinon ce n'est qu'un ramassis de malhereux sachant agiter un bout de ferraille. Il n'est pas si dur que cela de les faire paniquer. Et c'est un répit suffisant pour, ou neutraliser * j'aurais dis décapité mais restons "soft" * leurs chefs, ou s'enfuir.
Que l'on soit d'accord, si j'y vais, ce n'est pas avec l'intention de mourir. Plutôt de les rencontrer et de protéger dans le même temps un gars qui n'a rien demandé à personne.

Michael regarda calmement la jeune femme aux cheveux blancs. Ce n'était pas des fanfaronnades, juste l'expérience qui parlait malgrès son jeune age. Regardant du coin de l'oeil le marchand se lever, il dégaina sa lame et commença à faire l'inventaire de son équipement.

Hakuren allait rétorquer quelques choses lorsque la jeune muette leva un index... La mage ferma la bouche, interloquée puis lu son message... La femme aux cheveux blancs du se rendre a l'évidance qu'elle n'avait pas tort... Elle la regarda s'éloigner vers celui qui l'a invité, un être mistérieux qui avait laissé sa capuche... Son vêtement présentait un motif typiquement lévétis. Cette révélation lui fit froncer les sourcils...

Elle haussa les épaules et se retourna, son regard rencontrant le Fédorien... Elle leva les yeux au plafond et assembla ses affaire.

- Et bien, "noble" guerrier, je vous laisse a vos envies de sang. Je commence a éprouver de la fatigue. Bonne nuit.

Hakuren se dirigea donc vers l'étage, non sans en regard sur la muette et son mystérieux compatriote. Le fédorien étant la, elle était pratiquement sur qu'il ne lui arriverait rien.

C'est donc rapidement qu'elle rejoignit sa chambre et sombra dans un sommeil réparateur.

Le ton montait petit à petit, d'un coté comme de l'autre, bien que cela soit, au moins de la part du fédorien, plutôt involontaire. Hakuren semblait bien partie pour répliquer lorsqu'un index l'interrompit tranquillement. L'ilymis, sure d'avoir capté l'attention des deux antagonistes écrivit lentement, détachant chaque caractère. Attentif au message qui apparaissait au fur et à mesure, il ne relevait pas moins les yeux de temps à autres pour regarder l'autre femme aux cheveux blancs. Sa mère l'avait suffisamment briefé sur la diplomatie pour ne pas être dupe de ce petit manège, mais il fallait avouer que pour calmer les esprits la jeune dame avait du talent. Michael fixa d'un autre oeil la muette. Cette manière pacifique d'arranger les choses était... adaptée ; et remplie de sagesse. Le jeune homme croisa les bras silencieusement et salua d'un signe de tête la jeune femme alors qu'elle s'en allait. Calmer des fanatiques lui semblait toujours irréalisable, mais au niveau des personnes normales, elle avait un certain talent. Revenant à la glaciale jeune femme, Michael eut la surprise de la voir froncer des sourcils, mais pas dans sa direction. Haussant les épaules, elle se retourna vers le guerrier, croisa son regard et le leva aussitôt au ciel en rangeant ses affaires. Ce dernier haussa un sourcil, intrigué de ces attitudes. Gène normale, gène qu'il ait vu une nouvelle émotion, agacement ou avertissement ?

- Et bien, "noble" guerrier, je vous laisse à vos envies de sang. Je commence a éprouver de la fatigue. Bonne nuit.

Le "noble" en question poussa un léger soupir. Agacement de toute évidence. Il regarda silencieusement la jeune femme jeter un dernier coup d'oeil sur l'Ilymis et son interlocuteur, et très rapidement sur lui même avant qu'elle ne s'en aille. Récuperant une bière sur un plateau, Michael se pencha en arrière et salua l'escalier.

- Et bien, bonne nuit à notre "noble" et glaciale dame.

Portant la chope à ses lèvres, il s'enfila une longue lampée du breuvage ambrée. Avec un soupir, il croisa les bras en fermant les yeux.

-Envies de sang....Elles semblent bien persuadées que je ne suis rien qu'un tueur sans états d'âmes.

Levant les yeux au ciel, il se remémora un peu le passé. Cela ne lui arracha qu'une grimace.

-Tueur oui, j'ai déjà les mains poisseuses et une âme enchainée, tout ça par trahison. Mais sans émotions...

Penchant la tête, il récupéra son épée batârde, se regardant dans l'acier poli. Difficile d'imaginer dans une lame d'une telle pureté qu'elle avait déjà servi à de nombreuses reprises. Michael se demandait encore depuis combien de temps cette lame était en possession de sa famille. D'un geste vif, il la rengaina.

-Inutile de leur expliquer que je fais cela pour être le seul qui ait les mains sales, je doute qu'elles comprennent et qu'elles l'interprétent autrement que comme une envie d'en découdre. Tss, et dire que je ne suis même pas concerné par ce problème.

Il haussa les épaules et finit sa boisson. A la dernière gorgée, il expira brutalement et manqua s'étouffer. Son geste était exactement le même que celui de l'autre femme auparavant. Un haussement d'épaule signifiant "ce ne sont pas mes affaires". Etouffant un sourire, le fédorien songea qu'il n'était peut être pas si différent de la glaciale jeune femme qu'il voulait bien le croire. Le jeune homme se redressa en s'étirant et adressa un salut collectif. Le marchand partait demain, il verrait bien à ce moment là si quelque chose évoluait. Sinon, Shalanos allait l'accueillir, lui et son "envie de sang". Jetant un coup d'oeil au curieux couple, il hésita à prévenir l'inconnu des ennuis qui pouvait l'attendre. Il se décida avec un sourire.

-Vous, je vous conseille vivement de faire attention, le dernier homme qui a tenté de s'intéresser de trop près à cette ilymis doit encore courir en étant bien chamboulée. Sur ce, passez une agréable nuit et à demain.

Michael récupéra ses affaires, son plat, sa clé et s'en fût. Se disant juste qu'il n'avait pas vraiment eu l'occasion de se présenter et d'apprendre leurs noms par la même occasion. Quelques minutes plus tard, le fédorien sombrait, repu, dans un sommeil, plutôt agité par le passé.

Inizi fut dans un premier temps troublé par les gestes de la jeune femme, puis il éloigna son visage du sien. Il ne savait comment réagir, tout cela était bien trop étrange pour ses jeunes yeux encore emplis de tous ses rêves d'enfant.

Il quitta le livre des yeux, et malgré le fait qu'il en connaisse déjà la moindre ligne, certains effets lui restaient inconnus. Cependant il ne souhaitait en aucun cas les expérimenter de peur de blesser celui ou celle qui en serait la cible. Le recueil de l'ancienne magie cléricale Lévitis était plus là pour le rassurer dans ses gestes et ses choix qu'autre chose.

Le jeune clerc posa le plat de sa main sur les lèvres de la muette. Alors, lentement et en venant de nulle part de fins éclats d'élixia passèrent de ses doigts aux lèvres de la jeune femme. Toute la solution du problème se situait dans cette première étape, elle devait être faite avec amour et tendresse pour que l'élixia puisse trouver le mal qui rongeait le patient. Une magie qui apporte la vie et la guérison ne peut être réalisée qu'avec ce sentiment. Le jeune clerc le savait. il prit donc son temps, effleurant dans une douceur digne de la plus belle des romances les lèvres délicate de l'illimys.

Soudain un éclat plus puissant jaillit du corps même de la jeune femme.

-Ma chère, pardonnez ma tendresse. Je suppose qu'elle a dû vous sembler déplacée. hélas! c'est le seul moyen de rendre l'élixia assez douce pour soigner.

Inizi marqua une légère pause, le temps de trouver les mots justes.

-Je ne peux vous soigner par mon savoir, car vous n'avez pas besoin d'être soignée. Je ne sais ce qui vous est arrivé, cependant vos cordes vocales se sont contractées. Ce qui a eu pour effet de les empêcher de vibrer et donc de vous priver de la parole.

Inizi prit sa besace,. Il chercha quelques instants, puis sortit un petit flacon de verre contenant un produit entre le gaz et le liquide. La couleur était rosée, mais très pâle. Le clerc ouvrit le flacon, bascula lentement la tête de la muette.

-N'ayez crainte! C'est un mélange à base edel'livas et de larme de flyctox. Le tout fixé et amplifié par l'élixia. Je vais en verser deux gouttes dans votre bouche. Avalez tout! Cela aura pour effet de relâcher la tension de vos cordes vocables.

Une fois les explications données, Inizi s'exécuta. Puis fixa la jeune femme du regard attendant que sa mixture fasse l'effet escompté.

Spoiler:

Le jeune Levitis eut quelques instants l'air perturbé par la magicienne. Mais il se reprit rapidement, se drapant peut-être dans une attitude professionnelle pour masquer son trouble. Lorsqu'il posa sa main sur ses lèvres et commença à manipuler les forces avec la délicatesse d'un tendre amant, l'Ilymis tressaillit, mais s'interdit de broncher. Le garçon avait l'air de savoir ce qu'il faisait, se dérober devant ce qui pouvait être sa seule chance de récupérer sa voix eut sans doute été une erreur.

Elle écouta ses explications, acquiesça lorsqu'il lui proposa le remède qu'elle le laissa administrer, puis exécuta ses instructions.
L'élixir avait un goût agréable, frais et très léger. Nëalys le sentit passer dans sa gorge, puis se diffuser dans tout son organisme. Elle attendit quelques instants, rendant au jeune homme son regard, sans oser s'essayer à parler... Puis décida de se jeter à l'eau.

- Bonjour...

Elle faillit sursauter lorsqu'elle entendit le son de sa propre voix sortir normalement de sa bouche. Une vague de soulagement, de joie et de reconnaissance l'envahit. Bondissant de sa chaise, l'Ilymis sauta au cou de son sauveur, manquant de les faire choir tous les deux.

- Oh merci, merci, merci. Vous êtes merveilleux, et je suis désormais votre débitrice. Demandez ce que vous voulez jeune homme, cela vous est accordé d'avance!

Anashin était à l'entrée de la taverne. Quelques jours à peine s'étaient écoulés depuis qu'elle s'en était légèrement éloignée.
A vrai dire, les évènements s'étaient enchaînés si vite qu'elle avait l'impression que cela ne faisait que quelques heures qu'elle était partie s'entraîner seule dans les environs de la taverne. Et pourtant ils avaient été si marquants et éprouvants qu'elle pourrait croire que son départ remontait à des semaines déjà.

Au début, tout s'était déroulé à merveille. La Médiovienne avait suivi le conseil de Cobalt, du moins à moitié, qui lui disait que ses deux protégés ne risquaient rien dans la taverne. Elle avait donc décidé de s'éloigner légèrement de la taverne et de s'entrainer intensivement tout en gardant un œil vigilant à l'intégrité du couple Dédrane.
La dame d'arme s'était remise à fond à tous les exercices de ses maîtres d'antan, travaillant avec ardeur afin de perfectionner sa furtivité, sa souplesse et sa puissance notamment.
Elle avait repris des activités négligées ces dernières années telle que ses premiers travaux pratique du métier. Elle s'était glissée et reglissée dans toute la taverne, là où elle n'aurait pas dû se trouver, dans les chambres des clients, dans la salle des mercenaires...
Oh cela n'avait pas été évident, loin de là et elle sentirait encore longtemps les douleurs qui lui rappellerait les fois où ces derniers l'avaient attrapé. Heureusement qu'ils étaient si puissants d'ailleurs, avec un moindre écart entre ses propres capacités et les leurs, les mercenaires n'auraient surement pas pris ces exercices avec autant de clémence...

Bref, elle avait remis du piquant dans sa vie qui prenait, depuis la convalescence de Ling, une tournure bien morne et sédentaire.
Mais c'est ensuite que les choses avaient mal tournées.
Alors qu'elle retrouvait rapidement ses sensations et qu'elle se mettait de nouveau à de la course d'endurance un peu poussée, Ana était tombée sur ce groupe de fous et de sauvages !

-Les salauds !!! Ahhh les salauds! Je les aurais, je... Siffla Anashin des Kelimnir, la mine creusée par des jours d'insomnie, de disette et d'efforts soutenus et prolongés.



Trois jours plus tôt :
La transpiration coulait le long du dos musclé d'Anashin. Elle passait désormais outre la sensation de profonde fatigue qu'elle avait ressentie un peu plus tôt dans la matinée. Le soleil approchait du zénith mais la chaleur n'était pas terrible car un vent frai rafraichissait l'atmosphère. Ana se concentrait seulement sur le chemin qu'elle empruntait dans la forêt afin de ne pas chuter.
Le seul poignard qu'elle avait pris pour l'occasion battait régulièrement contre sa hanche, de même que la gourde qu'elle arborait en bandoulière.
Soudain, des sons jurant affreusement avec la tranquillité de clairière que la coureuse parcourait percutèrent à ses oreilles. Aussitôt à l'affut elle se concentra sur ses sons étrangers.
D'un peu plus loin... *Oui, c'est ça. Des cris, qui viennent d'un peu plus loin après la clairière. Je vais repartir dans la direction opposée, aucune envie de rencontrer qui que ce...*

-RAAAAAHHHHHHHHHHHHHHHHH !!!

Un long hurlement déchirant venait d'interrompre les pensées de la Médiovienne qui s'arrêta net.
*Nom des divinités des eaux ! Quoi c'est ce bordel ?!! Qui peux avoir aussi mal pour crier ainsi ? Qu'est-ce que je fais ? Merde faut que tu te casses, jle sens pas du tout ce...*

-Hey ! Qui c'est ste salope ?! Attrapez là les gars !

Anashin, se retourna d'un coup, repérant directement la troupe de dix hommes armés qui s'élançaient déjà vers elle. Sans hésitation aucune la rôdeuse s'élança aussi vite qu'elle le pouvait là d'où elle venait.

*Le pont ! Le pti pont au dessus de la rivière ya quelques instants ! Quoi ?! Qu'est-ce que j'en ai à foutre de ce pont merde ?! T'es vraiment stupide ma pauvre ! Il est étroit mon pont, et à à peine deux kilomètres. Et alors ?! Et alors... Ralentis pas continues de foncer pauvre gourde !!! Si tu arrives à ce pont tu pourras les affronter un peu mieux que dans cette clairière. Au cas ou tu l'aurais pas vu ils sont armés, certainement plus frais que toi et surtout ils sont dix ! Alors pries qu'ils n'aient pas d'arcs et fais ce que je te dit ! Non ne te retournes pas ! Ils sont à même pas cinquante mètres meeeeerde ! Cours, cours ! Il doit rester moins d'un kilomètre maintenant.*

Au bord de l'asphyxie, prête à craquer et à se retourner pour affronter les gaillards qu'elle sentait désormais dans son dos, Anashin parvint enfin au fameux pont. Il avait été refait récemment, mais ne permettait effectivement pas de passer à plus qu'une personne à la fois. Il n'y avait que cinquante centimètres entre les deux solides balustrades qui délimitait le ponton. De plus la rivière que passait dessous était assez mouvementée et ne permettait pas qu'un homme traverse son lit en nageant.
Anashin avait ses chances, ses poursuivants seraient embarrassés par leurs longues rapières et ne pourraient pas l'affronter à plusieurs.
*Aller, laisse moi faire maintenant poulette ! C'est moi la combattante et on a nos chances !*

C'est sur cette pensée rassurante qu'Ana fit un pivot brusque et inattendu pour faire face au premier de ses adversaires. Elle était parvenue au milieu du pont et ce lourdeau lâchait déjà des vannes grasses à son attention, tendant la main pour l'attraper par la nuque.

PLOUF !

Anashin s'était rapidement pliée et avait rapidement projeté le balourd par dessus la balustrade, profitant de sa vitesse et du déséquilibre que lui avait provoqué un arrêt si violent.
La dame d'ombre avait déjà dégainée sa dague, la plongeant dans la gorge du second de ses assaillants. Elle bondit en arrière, échappant à la poigne du suivant, et lui jeta sa dague en pleine tête... Enfin, à la place qu'aurait dû occuper sa tête si ce dernier n'avait pas chuté en percutant le corps sans vie de son prédécesseur. La lame fila jusqu'à la gorge du quatrième poursuivant. Mais le troisième se relevait déjà et le combat pris fin aussi rapidement qu'il s'était déroulé. Les deux adversaires désarmés s'étaient regardés dans les yeux quelques millièmes de seconde, puis le puissant homme qui faisait face à Anashin lui avait lancé un poing rageur en plein dans le ventre. Ana ne pu que tenter de l'amortir, limitant tout au plus la puissance du coup. Mais pliée en deux elle ne pu que se prendre le suivant en pleine tête, l'assommant pour le compte.

Des sons incompréhensibles, une douleur incroyable au crane. Ce furent les premières choses que perçu Anashin en reprenant ses esprits dans une vieille cave réaménagée en geôle pour l'occasion par les fanatiques qui la détenait.
Elle allait en effet l'apprendre durant les jours qui allaient suivre. Car Ana était entre les mains de Calden le fou et Krondak le sanguinaire

Spoiler:

Ces jours resteront un mystère pour le moment

Spoiler:

.

Retour à l'entrée d'Anashin'K, 3 jours après ces évènements :

Spoiler:

Il faisait nuit noire, et seules les lumières de la Taverne de Veis perçait cette obscurité.
Anashin avait profité d'une erreur de jugement de ses geôliers pour semer la panique dans le campement de la petite armada qui l'avait séquestrée. Elle avait fait fuir les autres prisonniers, enflammé quelques tentes puis s'était fondue dans la nuit, profitant du bordel innommable qu'elle avait provoqué pour fuir à toute jambe. Elle avait couru, couru et couru encore, s'arrêtant seulement pour se cacher lorsqu'elle pensait être suivie de trop près.
Enfin elle avait atteint son petit campement provisoire d'entrainement. Anashin avait récupéré en vitesse ses affaires, et s'était jetée comme une âme en peine vers les portes de l'imposante taverne.
Lorsqu'elle avait enfin pénétré en son enceinte protégée, il n'y avait plus guère de clients.
Il y avait bon nombres d'alcooliques assoupis, quelques uns qui auraient mieux fait de l'être vu leur état, son couple de protégés Dédranes, deux Levitis et...
Une Ilymis qui venait de bondir de sa chaise !

*AAAHHHHHHH !!! Nan ! Elle est des leurs Ana ! Non, non ! C'est une coïncidence ! NON ! Elle a la même tenue que LUI !!! Tues la, tues la, tues la avant qu'elle ne voit en toi la description qu'on certainement du lui faire ses complices !*

Anashin'K fondit vers l'Ilymis attablée quelques pas plus loin, tira de son dos l'une de ses deux épées courtes, récupérée avec ses affaires, et s'apprêta à abattre l'innocente et éberluée Nëalys. Mais c'est cet instant que choisis son organisme tiraillé pour la lâcher, et la dame de l'ombre s'écroula sans force aux pieds d'une Nëalys et d'un Inizi toujours plus surpris.

Prise d'une crise panique à l'idée même de ressentir ne serait-ce qu'une torture de plus, Ana fondit en larmes, larmes qu'elle avait jusque là gardées au plus profond d'elle même, ne souhaitant pas donner ce plaisir à ses bourreaux. Mais elle allait y repasser, et c'était au dessus de ses forces.

Anashin des Kelimnir sombra dans l'inconscience, suppliant d'une voix faible des mots incompréhensibles.

Spoiler:

Avant que le Levitis n'eut le temps de dire le moindre mot, une inconnue fondit armée sur Nëalys, avant de s'effondrer. L'Ilymis resta quelque instants stupéfaite, mais considérant l'état de santé manifestement critique de la jeune femme, elle se reprit rapidement.
Lâchant son jeune sauveur (qu'elle avait peut-être serré un peu fort sous l'effet de la frayeur), elle se leva et fit usage de sa voix nouvellement retrouvée.

- On a besoin d'un soigneur et d'un homme fort ici! Que quelqu'un vienne m'aider à porter cette personne mal en point dans une chambre! Tenez, vous là, le mercenaire, vous serez parfait. Allez, on lève! Ne vous inquiétez pas pour moi, je suis peut-être un petit bout de femme mais je n'ai pas eu la vie douce, je suis fort capable de mettre la main à la pâte. Tant que vous y êtes, gardez les vôtres là où elles ont à faire voulez-vous... Souvenez-vous de ce qui est arrivé à certain malhonnête homme il y a peu.
- à la cantonade - Et ce soigneur, c'est pour aujourd'hui ou pour demain? Quand l'idée aura fait son chemin dans la cervelle d'une personne se sentant concernée, qu'elle nous rejoigne là-haut. Et si je n'en vois pas, je me chargerai moi-même demain de châtier tout ceux qui auraient eu la possibilité d'aider mais ne l'ont pas fait.

Envolée la douce magicienne... dans l'urgence, c'est avec un ton et des manières de commandement que Nëalys s'activait, et activait les autres. Avec l'aide du mercenaire, elle installa la patiente dans un lit propre. Puis elle remercia l'homme avant de le renvoyer, le chargeant au passage de faire monter de l'eau et des linges.
Le temps qu'ils arrivent, elle avait en partie dévêtu Anashin, surprise par le nombre de blessures en cours de cicatrisation et la pléthore de contusions.
Sans être guérisseuse, l'Ilymis souvent seule sur les routes avait acquis de bonnes notions de premiers soins et possédait quelques herbes et remèdes. Elle se mit aussitôt au travail pour nettoyer ce qu'elle pouvait, apposer des cataplasmes sur certaines plaies infectées, faire des bandages... Mais l'aide d'un spécialiste serait la bienvenue...

Inizi était resté dans un grand état de choc après que l'ilimys lui ait sauté au cou. Il avait juste gardé une simple expression de stupeur sur le visage et aucune autre n'avait été capable de transparaitre. Sortant lentement de sa léthargie, il pris conscience que l'ilimys n'était plus dans la salle de vie de la taverne. Ce concentrant durant quelques minutes pour tenter de retrouver dans sa mémoire ce qui s'était passé, il resta assis par terre.

Puis dans un mouvement souple, il se redressa sur ses deux pieds. Prenant instinctivement la direction des chambres, il parcouru le couloir dans l'espoir que la porte de la chambre qu'il recherchait soit restée ouverte. Arrivant au bout du couloir, il aperçut dans l'entrebâillement d'une porte l'ilimys qui faisait son possible pour soigner l'inconnue. S'approchant rapidement du lit, il posa une main douce sur l'épaule de la magicienne.

-vous permettez que je jette un coup œil?

L'Ilymis se retourna d'un bloc. Il lui fallut quelques instants pour reconnaitre le jeune homme. Puis le jour se fit dans son esprit.

- Mais oui bien sûr! Suis-je bête, vous êtes guérisseur! Mais allez-y, allez-y! et si vous pouviez faire plus que simplement "jeter un oeil", ce serait encore mieux.

Elle se recula et invita du geste le Levitis à se mettre à la têche.

- Je ne sais si vous pouvez discuter en officiant, mais je réalise que je ne connais même pas votre nom...

-Parler en même temps! Cela me semble difficile. Il me faut toute mon attention pour contrôler et guider l'elixia. alors je répond à votre question, mon nom est Inizi. Enfin c'est suffisant pour le moment. Par contre cela ne me dérange pas que vous me parlez de vous.

Inizi s'approcha du lit, se mis à genoux au niveau de la table de chevet et apposa ses mains de chaque coté du visage de l'inconnue. l'elixia sorti alors du bout de ses doigts et guidé par la tendresse du cœur d'Inizi commença à parcourir le le corps de la jeune femme.

Le temps passa et dans le lointain lui parvenait les paroles de l'ilimys. Il ne les comprenait pas, trop concentrer sur ça tache. Cependant il les fixait en mémoire pour les écouter de nouveau et à sa guise plus tard. L'elixia ce concentrait à certains endroits, s'arrêtant sur de nombreuses petites plaies dispersées sur le corps de la médiovienne. puis après plusieurs minutes elle se dispersa totalement. Se redressant pour regarder l'ilimys, Inizi lui murmura :

-Elle n'avait que des plaies légères. Rien de grave! Mais elle est épuisée et a besoin d'une bonne nuit de sommeil. je vais moi même rejoindre ma chambre. Dormir et prendre le temps de comprendre ce que vous m'avez dit et que j'ai fixé en mémoire. Je vous souhaite une douce nuit.

Inizi déposa un baisser sur le front de l'ilimys, sorti de la chambre et se dirigea à l'autre bout du couloir. Il poussa une porte, pénétra dans la pièce et sans se déshabiller se laissa tombé sur le lit. L'utilisation de l'elixia à deux reprises et en si peu de temps l'avait épuisé. Quelques secondes plus tard il fermait les yeux et se mis à rêver aux paroles de l'ilimys.

Nëalys ne sut tout d'abord que dire. Parler de soi est un exercice difficile. Mais ayant promis à Inizi de faire ce qu'il voudrait, elle s'exécuta.

- Et bien... Je me nomme Nëalys, et comme vous l'aurez peut-être constaté, je suis magicienne. Mon père décéda avant ma naissance, et ma mère mourut en couche. Comme le veut la tradition en Ilymir, je fus donc recueillie par le Temple, qui fut à la fois mon école et mon foyer. À la fin de mon instruction religieuse, on me soumit aux tests d'aptitudes qui révélèrent mes prédispositions au maniement de l'elixia lumineux. Le Temple sachant tirer profit des capacités de ses membres, on m'entraina afin de faire croître mon talent. Au fil du temps, je me vis confier plusieurs missions, chacune visant à développer mes qualités tout en venant en aide à ceux qui en ont besoin. C'est l'une d'entre elle qui m'amène ici aujourd'hui. Que vous dire de plus?

Tandis que le jeune homme soignait l'inconnue, l'Ilymis lui narra quelques unes de ses aventures (et mésaventures) de par les contrées adréniennes, faisant régulièrement usage d'auto-dérision. Son discours était émaillé de digressions sur les moeurs des peuples d'Adréis, ou les particularités intéressantes de différents lieux.
Elle arrivait à court de mots lorsque les soins se terminèrent. Le Levitis s'en alla alors, après l'avoir gratifiée d'un baiser au front qui la laissa songeuse.
Ne souhaitant pas laisser seule la médiovienne endormie, Nëalys s'installa dans un fauteuil, avec l'intention de réfléchir aux raisons qui auraient pu motiver une agression sur sa personne... et la fatigue eut raison d'elle en quelques minutes.
Peut-être le fait de rester en compagnie d'une personne qui avait apparemment voulu attenter à votre vie aurait-il semblé stupide à bon nombre d'adréniens... Mais ces adréniens, contrairement à la magicienne, ne plaçaient pas autour d'eux de sorts protecteurs avant de s'abandonner au sommeil...

Michael soupira longuement en regardant le plafond. Il se demanda quelques secondes depuis combien de temps il était immobile dans ce matelas, les yeux perdus dans le vague. En tendant l'oreille, il avait presque l'impression d'entendre l'escouade de fanatiques, et, bien plus loin, des ordres l'emprisonnant chez lui, à Fédoran. Gromellant quelque chose d'incompréhensible, le fédorien se leva et alla s'asperger d'eau fraiche. Inutile de rester immobile de cette manière. De plus, quelques rayons lumineux commençaient à pénetrer dans sa chambre. Avec un petit sourire, il alla à la fenètre pour regarder l'astre se lever doucement, comme lui.

-Au moins, quel que soit ma position dans ce monde, je verrais toujours ce spectacle...Allez...

Le jeune homme referma son poing et se mit en quête de ses habits. Il devrait y avoir pas mal de choses à faire aujourd'hui normalement, et autant être présentable pour une possible dernière journée dans le monde des vivants. Michael chassa ces pensées aussitôt, en mourant, il romprait tellement de promesses...Non, finalement, il lui était impossible de ne pas voir une nouvelle fois le soleil se lever. Rajustant le noeud de sa cravate et ses gants, il chargea son sac à dos et son arme. Jetant un coup d'oeil à la porte, il préfera la déverrouiller avant de sauter par la fenetre, se réceptionnant souplement au sol.

-On gagne quelques minutes de cette manière.

Inspirant à fond, il eut l'étrange sensation qu'en plus de l'air matinal chargé d'humidité, il y avait une odeur plus métallique. De sang. Le fédorien s'immobilisa quelques secondes avant de hausser les épaules et de rentrer. Il y avait de temps à autre sun gars blessé par des monstres qui devait se pointer. Rien qui ne le concerne particulièrement. Rentrant dans la grande salle, il promena son regard au hasard. Pas grand monde à cette heure matinale, et de toute manière, personne de connu. S'installant au bar, Michael bailla légèrement en regardant le menu.

-Vous désirez ?

Penchant la tête, il regarda la serveuse qui venait de lui adresser la parole. Penchant la tête pour voir sous ses boucles brunes, le jeune homme secoua légèrement la tête en marmonnant.

-Pourquoi est ce qu'il y à toujours des femmes alors que je ne les supporte pas...

-Excusez moi ?

-Non non, rien d'important. Hum. Du pain, des fruits et du beurre s'il vous plait.

-Ce sera tout ?

A part un peu moins de parfum dans l'atmosphère, une bagarre et une guérison, il ne voyait pas vraiment. A moins que ?

-Et du café si vous en avez.

-Bien entendu, je vous sers tout de suite.

Michael équarquilla les yeux. Le café était une denrée rare exporté du désert à Fédoran et peu de monde pouvait se payer le luxe d'en avoir. Mais vu la position de ses parents, il n'avait pas eu trop de souçis de ce coté là et avait pris goût au sursaut d'énergie que donnait cette boisson. Et en plus elle n'était pas mauvaise. Faisant un rapide calcul, le jeune homme estima à au moins trois mois la dernière fois qu'il avait pû en prendre. Pour une fois, il remercia chaleureusement tout les marchands qui pouvait acheminer ces produits de toute sorte. Quelques minutes plus tard, il savourait une tasse en grignotant quelques fruits sec sur une tranche de pain blanc. De temps à autre, il jetait un coup d'oeil aux différentes entrées, attendant l'arrivée d'un visage connu, se demandant si la nuit les aurait rendus plus réalistes.

Le jour pointait a l'horizon quand la Levetis s'éveilla. Elle resta un moment couché sur le dos a regarder le plafond en écoutant le calme de la taverne... Après s'être étirée en baillant, elle soupira et se leva. Une vasque était disposée dans un coin de la chambre avec une cruche d'eau froide... Cela ne gênait aucunement Hakuren qui procéda a ses abusions quotidiennes. Elle se vêtit rapidement ensuite puis rassembla ses affaires qui ne se résumé qu'a une chemise de nuit pliée dans une poche de sa besace assez grande tout de même pour contenir ses carnets, son nécessaire a écriture et ses herbes médicinales... Bref, une besace qui pèse une tonne...

- Gnnn... dès le matin, c'est fatigant...

Elle installa son sac en bandoulière sur l'épaule et sorti de la chambre après un dernier coups d'œil. Le cœur de la taverne était calme... les premiers buveurs et les derniers ivrognes se croisaient, quelques aventuriers prenaient leur petit déjeuner.

Pas d'ilymis en vu... En revanche, elle reconnu le Fédorien qui observait lui même les occupants de la salle. Leur regard se croisèrent. La dame blanche fit un signe de salut sans une once d'émotion dans les yeux. Elle arrêta une serveuse lui demandant de quoi subvenir a ses besoins et se dirigea vers l'homme aux cheveux plus que roux. D'une voix polie mais neutre, elle engagea la conversation en s'asseyant

- Bien dormi? Personnellement, je me porte comme le vent frais du matin.

Elle posa son sac qui tomba dans un bruit sourd, témoignant de son poids qui pourtant ne paraissait pas quand la jeune femme le portait. De manière machinale, elle sorti l'un de ses mystérieux carnets.

Et bien, il semblait que la levetis aux cheveux blancs soit la première. Celle ci le salua, mais de manière très formelle, comme à son habitude, et le fédorien lui rendit la pareille avec un peu plus d'émotion dans le regards. Une gène qui ressemblait plus à un malaise et un léger agacement. Comme il s'y attendait, la jeune femme vint prendre place à coté de lui. Pourquoi c'était t'il donc installé à un bar qui ne lui permettait même pas d'avoir la séparation de un mètre d'une table.

- Bien dormi? Personnellement, je me porte comme le vent frais du matin.

Michael la regarda quelques secondes avant de se frotter les yeux d'une main. Rien à faire, il ne s'habituait pas à ce manque d'expression. Le jeune homme répondit à mi-voix.

-Le vent "frais" ? Personnellement, je n'en doute pas une seule seconde. Enfin. La nuit aurait pu être plus douce, les discussions d'hier soir ont réveillé quelques souvenirs.

Ce disant, il réprima de son mieux un baillement avant de se replonger dans son alimentation. Avec l'odeur ambiante, le jeune homme croyait presque être chez lui, mais le courant d'air glacé à sa droite le ramenait très rapidement sur terre avec un léger soupir. Ce n'est pas vraiment que l'aventure le dérangeait, mais il préferait largement ne pas avoir de responsabilités durant ces voyages. Se débarassant de son sac, il jeta un rapide coup d'oeil à celui de la jeune femme. Une simple besace de cuir, mais semblant bourré à craquer de carnets en tout genre, d'ailleurs, elle en sortit un, semblable aux yeux du fédorien à tous les autres. Les regardant, curieux, il se rendit compte aussi que, bien que glaciale, la jeune femme avait engagé une discussion, on ne pouvait pas vraiment en dire autant de lui même. Soupirant légèrement, il releva la tête, fixant...fixant qui d'ailleurs, une femme aux cheveux blancs sans émotions qui avait sauvé Fanaa ? Le fédorien soupira de nouveau, mais contre lui même cette fois.

-Je crois que l'on ne c'est pas encore presenté convenablement. Alastor Michael, fédorien, enchanté.

Le jeune homme hésita à tendre la main, puis décida d'incliner simplement la tête.

-Et je suis curieux de savoir pour quelle raison vous écrivez toujours dans ces cahiers. Penchant légèrement la tête, Michael ajouta à voix basse, de manière à ce que cela ne puisse pas vraiment être compris. -Et ce qu'il faudrait faire pour vous arracher une émotion...

Hakuren leva un sourcil ce chuchotement ressemblait a un bougonement... la nature fédorien sans doute

- Enchantée. Je suis Hakuren. Mon nom de famille importe peu ici bas. Je suis mage du vent et j'ai la dure tache d'observer ce qui ce passe en bas afin d'analyser le comportement des non-lévétis... Une activité particulièrement barbante a laquelle je ne voulais surement pas me consacrer. Donc j'observe... et j'écris.

Elle griffonna quelques mots supplémentaires. D'une voix toujours neutre, elle poursuivit

- Si vous avez réellement des difficultés pour dormir ou que vous êtes assaillis de souvenirs, j'ai quelques herbes qui peuvent vous offrir, non pas une nuit sans rêve mais une nuit tranquille.

Elle se tourna doucement vers son interlocuteur

- Il me semble vous avoir préciser que j'étais fille d'apothicaires... Ma mère a trouver un mélange excellant qui a en plus d'un bon gout, l'avantage de ne pas vous assommer et ainsi vous permettre de vous réveiller en cas de danger sans effets secondaire.

La mage semblait être animée d'une touche de passion en parlant d'herboristerie... ce qui détonait avec sa voix neutre habituelle qui revint pourtant rapidement

- Mais je vais vous ennuyer avec tout cela.

La serveuse apporta les plats des deux jeunes gens et les déposa avec une petite erreur. Un bol d'une boisson noire et chaude se retrouva devant la Levetis

- Quelle odeur étrange... Qu'est-ce que c'est que cette boisson?

Une pointe de curiosité était perceptible

Commençant à apprécier la discussion, Michael écouta attentivement la levetis, se faisant de temps à autres un petit commentaire qu'il gardait pour un peu plus tard. Hochant doucement la tête à l'évocation d'un remède pour ses nuits, il haussa un sourcil tout de même devant une bizarrerie. La manière dont elle parlait des herbes était, bon, très légèrement mais quand même plus passionée. Elle revint bientôt à son expression habituelle mais Michael avait présent un léger sourire qui se profilait. Un petit bruit le fit se retourner et constater la présence d'un bol en face de lui. Sa commande. Penchant la tête pour sentir, il émit un bruit interrogateur. Baissant les yeux, il eut la surprise de trouver un liquide blanc comme la neige. Le jeune homme se gratta la joue pensivement.

- Pfff. Le café à bien changé depuis que je suis parti...

- Quelle odeur étrange... Qu'est-ce que c'est que cette boisson?

Intrigué, il tourna la tête. Il semblait que Hakuren soit légèrement étonné par son bol, une chose qu'elle ne connaissait pas. Michael eut un petit rire.

- Ma commande pour commencer. En plaisantant moins, cette boisson est du café.

Baissant légèrement les yeux sur le carnet de la lévetis, il les remonta pensivement. Vu le genre de la jeune femme, il pouvait dévellopper un peu l'explication.

- C'est un produit assez rare que l'on trouve à Fedoran. Je crois qu'il est exporté du désert. A la base, ce sont des fruit qui poussent sur un arbre particulier qui a besoin de chaleur. Ensuite, il y a tout un processus pour enlever la peau et laisser juste la fève que l'on mout avant de la mettre dans de l'eau chaude. Pas mal de marchands en font un commerce qui est lucratif.

Il montra rapidement le bol.

-J'aime bien le goût et la particularité de cette boisson. Je ne sais pas pourquoi, mais elle est très énergisante. Vous pouvez tester si vous voulez. Je peus prendre une autre tasse si il le faut.

Le fédorien avala quelques morceaux de pain avant de se rappeler des commentaires qu'il avait à faire.

-Pour les herbes, si cela ne vous gène pas, j'accepte avec plaisir. Une bonne nuit de sommeil ne me ferait pas de mal. Et vous ne m'ennuieraient pas avec vos remèdes d'apothiquaires. J'ai tendace à être assez curieux, et vu l'efficacité de simple plantes, j'aimerais beaucoup en savoir plus. Ah, et une dernière chose. Vous parlez d'observer le comportement des "non-lévétis". Vous pensez vraiment que les autres peuples sont si différents de vous ?

C'était une réflexion qu'il commençait à avoir à force de cotoyer les autres "ethnies". Bien sur, les coutumes ou les pratiques étaient différentes, mais au niveau humain, il ne voyait rien qui les différenciaient. Ainsi, des êtres comme Fanaa, shalos, était foncièrement gentille et d'autres comme de Calden, ilimis, était des fanatiques. A première vue, ce n'est pas comme cela qu'il les aurait classés à cause de ses satanées préjugés.

Hakuren resta un moment a humer l'odeur de la boisson noire. Elle observa le contenu du bol puis le porta au bord des lèvres. Le gout était différant de tout ce qu'elle avait déja gouté. Bien qu'amere, cela n'était pas desagréable.

- C'est... interessant...

Elle pris le temps de noter quelques détails donnés par le Fédorien avant de porsuivre sur ses demandes

- Pour les herbes, je vous les fournirais ce soir... ou en tout cas, avant que vous alliez vous reposer. Je pourrais aussi vous expliquer quelles plantes il faut utiliser et en quel dosage... Comme tout est dans le dosage, il faudra faire attention. Je pourrais vous fournir des notes si vous le souhaitez vraiment. Avec le melange, on peut facilement passé d'une tisane sans effet a un somnifère puissant.

Encore une fois, la jeune femme parraissait moins froide lorsqu'elle parlait de plante. Pourtant, la question du fédorien la ramena a une attitude plus "conventionnelle"

- Je pense sincèrement que chaque peuple a ses caractéristiques. Même si physiquement et comportemantalement nous ne sommes guere différents, je parle évidemment des comportements basiques tel que les sentiments ou la relation a la douleur ou a l'amour, il existe de grandes disparités dues essentiellement a la culture de chaque peuple. Et c'est cela que je doix étudier, observer... pour savoir si les autres cultures sont "dangereuses" pour le peuple du vent. Maintenant, je n'ai jamais eu pour vocation cette étude la.. Mais étant donnée que je suis "trop" brillante pour rester sur une étude élémentaire, je suis obligée de descendre ici bas pour remplir de stupides carnets de note...

Plus Hakuren parlait, plus la lueur glaciale dans ses yeux se matérialisait. Il pouvait même sembler aux aventiriers y faisant attention que l'air qui l'entourait avait baissé de quelques degrés.

Intéressant ? Ce devait être la manière levetis de dire "c'est assez bon" de toute évidence. Michael eut un petit sourire en commandant un deuxième bol pour lui même. Il écouta avec attention les quelques conseils pour les herbes qu'elle comptait lui donner. Une question de dosage...Vu sa délicatesse, quelques notes ne seraient pas de refus. Mais les informations sur les plantes en elles mêmes seraient, de toute manière, d'un interet certain. Concernant son point de vue sur les autres peuples, le fédorien y adhérait en grande partie. Il y avait des différences au niveau culturel mais au fond, tous les hommes étaient semblables. Par contre, il fronça les sourcils en entendant cette notion de "dangereuse". Avec Valnor aux affuts, il doutait qu'aucune tribu ne déclare une guerre ouverte avec les autres. Les dirigeants n'étaient pas stupides et l'armée noire était bien plus menaçante que n'importe quel ennemi. Autant, il pouvait trouver des milliers de raisons valables pour observer les autres, autant celle ci, actuellement, lui semblait stupide. Le jeune homme réprima de son mieux un frisson, l'air s'étant brusquement rafraichi. Tournant la tête, il eut la surprise de voir une lueur glaciale dans les yeux de Hakuren. Ayant une mère à aura dans ce genre, il n'eut pas à réflechir longtemps pour identifier ce qui l'hérissait.

-Elixia...

Michael s'interrogea quelques instants sur la jeune femme. Jusqu'à présent, il pensait qu'elle avait une certaine passion pour l'écriture ou du moins qu'elle y prenait un peu de plaisir. Il semblait qu'il se trompait lourdement. En plus, le fédorien était plutôt amusé par ses voyages, au contraire de Hakuren apparemment. Silencieux, il avala quelques fruits et bût un peu du café qui venait d'être apporté. Doucement, il tourna la tête vers la levetis, l'air songeur.

-Dans le cas...Dans le cas ou vous n'etes pas la de votre plein gré. Pourquoi ne repartez vous pas ? Je ne peus pas m'imaginer être envoyé quelque part si je ne suis pas d'accord, quelle que soit l'organisation. Et je crois que les levetis sont encore assez libres pour vous autorisez à vivre votre vie comme vous en avez envie.

Le mercenaire se passa une main dans les cheveux, mal à l'aise. Il disait qu'il pourrait tenir tête à n'importe quelle organisation, et ce n'était pas une façon de parler. Par contre, tenir tête à ses propre principes...

-Et si il n'y avait pas d'autres choix. Et bien, rendez vos carnets intéressants. Quitte à désobéir. Vous avez l'air d'être interessé par les plantes. Ici bas, vous pouvez trouver de nombreuses herbes dont vous n'avez jamais entendus parler. Essayez de faire en sorte que ce séjour, si il est obligatoire, soit au moins agréable.

Michael sentit instinctivement qu'il avait passé une sorte de palier. Il doutait que la conversation reste calme à présent et il le regrettait. La discussion a propos fanatiques aurait surement donné le même effet de toute manière.

-Vous pensez peut être que mes paroles sont stupides. Mais je ne conçois pas perdre mon temps ainsi.

La question du guerrier la fit sortir de ses pensées glaciale. Elle regarda le bol de café qu'elle tenait dans ses mains... Le liquide avait gelé. D'un ton plus neutre elle fit

- Je crois que je viens de gâcher cette boisson...

Elle posa le récipient et soupira avant de se tourner vers le fédorien

Les lévetis sont assez libres comme l'air qui les représente... sauf si comme moi, on choisit une vie d'étude. Dans ce cas, si vous êtes malheureusement trop efficace, généralement, un sujet vous est imposé afin de vous ouvrir l'esprit. Elle avait récité cette phrase comme si elle l'avait trop souvent entendue.

En revanche, votre remarque sur la manière de rendre intéressante mes recherches est encourageante. Je pense que c'est déjà ce que je faisais depuis un moment...

Elle désigna un carnet a la couleur verte

C'est dans celui ci que je répertorie les plantes et les remarques les concernant. C'est peut-être celui qui me tiens a coeur.

Cependant, je ne me fais pas une joie d'être ici, et je ne pense pas que cela s'arrangera. Je déteste qu'on m'impose des chose. Comme je vous l'ai dit, je préfère être libre comme l'air plutôt que d'être enfermée dans un ballon de baudruche. Et je suis certaine qu'un guerrier si avide de combat comme vous peut aisément le comprendre... Vous n'avez pas l'air d'être quelqu'un qui aime l'inactivité... et pourtant, vous êtes la a attendre on ne sait quoi.

l'air était toujours frais autour de la mage. Elle s'était rendue compte de son action mais avait toutes les peines a se calmer. La moindre contrariété pourrait presque créer un blizzard mordant autour d'elle.

L'Ilymis s'éveilla et s'étira voluptueusement. Rien n'était venu troubler son sommeil, et ce repos bien mérité l'avait remise en forme. Elle jeta un oeil à la forme couchée sur le lit. Apparemment, la médiovienne ne s'était pas éveillée et ne semblait pas en avoir l'intention. Il ne servait pas à grand chose de rester là à attendre, même si une présence dans la chambre lorsque la jeune femme reviendrait à elle aurait pu être une bonne chose... comme une mauvaise après tout. Nëalys n'oubliait pas que quelque chose avait poussé la demoiselle a tirer ses armes contre elle. Inutile de reproduire ce choc.
Elle fit donc une toilette rapide et silencieuse avant de descendre dans la salle commune. Après avoir pris des dispositions auprès du personnel pour que la patiente trouve de quoi se laver et se nourrir en sortant du pays des rêves, elle commanda un solide petit déjeuner (une rude journée l'attendait après tout). Puis elle remarqua le Fédorien et la Levitis en grande conversation, et s'approcha en souriant, réprimant un frisson. Était-ce son imagination où faisait-il plus froid dans cette partie de l'auberge?

- Bien le bonjour mademoiselle, messire. Alors, vous sentez-vous prêt à affronter ce que ce jour nous apportera? La fin de soirée fut rude, mais après une bonne nuit de sommeil, ça va mieux. J'espère qu'il en est de même pour vous. Hum... tiens, mon informateur ne semble pas encore arrivé, j'espère qu'il n'a pas eu d'ennuis.

On lui apporta son repas. Fruits, lait, pain, fromage. Elle entreprit de couper une tartine de bonne taille et d'y disposer une quantité appréciable de fromage.

- Voilà qui devrait finir de me préparer à ce qui m'attend. Ne vous gênez pas pour moi surtout, reprenez où vous en étiez.

Elle leur adressa un clin d'oeil, avant de mordre à belles dents dans son repas

Légèrement surpris, Michael laissa Hakuren parler. Il s'attendait à une réaction plutôt violente, et c'était une explication calme, quoique résignée qu'il entendait. Réprimant un frisson à nouveau, il se frictionna vigoureusement les bras pour se réchauffer. En voyant qu'un café chaud a la base, était gelé entre les mains de la jeune femme, on pouvait comprendre l'attitude du mercenaire. Son geste lui fit naître un léger sourire.

-Je ne crois pas être inactif actuellement. Enfin plus sérieusement, je peus effectivement comprendre cette envie de liberté. Et je la comprends surement bien plus que vous ne pouvez l'imaginer.

Cette fois, c'était à lui de soupirer, tristement, il repensa à Fedoran, à sa famille et à sa propre "baudruche". Il parla ensuite sans trop y penser, tournant son visage vers Hakuren.

-Bien bien plus que vous ne pouvez l'imaginer. Mais votre ballon à la taille d'un monde. Le mien...

Le jeune homme secoua la tête en se demandant ce qui le prenait. Il n'avait pas pour coutume de s'apitoyer sur son sort, encore moins de partager son histoire. Chacun son fardeau, et il se chargeait très bien du sien par lui même. Michael se cogna légèrement le crane d'une main, agacé, puis se redressa normalement.

-Dans un certain sens, je trouve que votre liberté c'est élargie. Enfin, j'ai cette sensation. Fedoran est une ville que j'aime, mais elle est limitée, quelle que soit sa taille. Je ne me sentirais jamais aussi libre que dans mes voyages. Pas de précepteurs, aucun surveillant. Seulement les ordres de temps à autres d'un patron que je peus choisir histoire de pouvoir manger et dormir.

Le fédorien tapota doucement le bois du comptoir. Il y avait tout de même une contrainte de taille ; sa famille.

-J'aurais aimé courir les routes sans but. J'en ai malheureusement un que j'ai choisi, personne ne m'a forcé, j'aurais préféré rester cloitré chez moi que de partir avec celui ci mais il faut faire avec. Enfin bon...

S'interrogeant rapidement, Michael fit une rapide grimace. Depuis le temps qu'il était parti, il n'avait pas beaucoup avancé dans ses recherches sur la maladie. Combien de crises avaient bien pu se produire depuis son absence ?

-Pour en revenir à votre question. Enfin d'abord, je ne suis pas avide de combat mince, je me bats pour m'améliorer, me défendre et quand il le faut en règle générale. Bref, ce que j'attends, c'est tout simplement vous. Vous et notre pacificatrice ilimis. Autrement dit, quelque chose qui ne me concerne pas vraiment.

Penchant la tête, il regarda Hakuren, l'air songeur.

-Je suis curieux de savoir ce qu'elle compte faire avec ce fanatique, Calden, et son armée.

Levant les yeux au ciel, il songea quelques instants.

-Hum, ce n'est pas que de la curiosité. Elle m'a l'air d'être une jeune femme "bien" sous tous les aspects. Mais si elle garde les mêmes dispositions avec ces maraudeurs, j'ai la conviction qu'elle mourra après d'atroces souffrances. Mes parents me pardonneront, mais je ne pourrai plus me regarder dans une glace si je laissais cela arriver. Ce n'est pas mon genre. Et je pense à peu près la même chose à votre propos.

Le jeune homme leva aussitôt les bras au ciel.

-Ce n'est surement que mon intuition. Mais j'attends de voir avant de partir pour effectuer des recherches sur la magie des ombres à Shalanos.

C'est sur cette dernière remarque que Nealys s'avança dans la salle. Michael se décala pour lui laisser une place au centre, ce serait plus commode pour Hakuren et lui pour lire ce qu'elle aurait à leur dire. Mais, c'est une voix féminine qu'il entendit. La regardant, les yeux légèrement surpris.

-Apparemment, les soins ont été efficaces. Plus de discussions silencieuses...Cela avait tout de même de l'originalité pourtant.

Il eut un petit sourire amusé. L'autre levetis ne s'était pas mal débrouillé finalement.

-Par contre, si vous ne voulez pas gâter votre repas, il vaut mieux éviter de reprendre la ou nous en étions. Mais on peut déjà commencer par se présenter, cela sera plus simple pour discuter. Cette jeune femme se nomme Hakuren, et je m'appelle Alastor Michael. Enchanté.

L'Ilymis avala tout rond une grosse bouchée, avant de la faire passer avec un demi-verre de lait.

- Enchantée de même, pour ma part je me nomme Nëalys. Vous le saviez déjà, mais le voir écrit n'est pas la même chose que de le prononcer, et j'ai plaisir à enfin pouvoir me présenter de vive voix.
Oh, votre conversation était-elle si terrible qu'elle puisse parvenir à me couper l'appétit? J'en doute mais soit, c'est comme vous le désirez. En tout cas si j'en crois les frissons qui me parcourent encore l'échine, je dirais que l'un d'entre vous a jeté un froid...
Bref, de quoi voulez-vous parler alors?

À peine avait-elle prononcé ces mots qu'un homme entrait dans la pièce, l'air à la fois épuisé et un peu hébété. Ses vêtements déchirés attestaient d'un voyage loin d'être de tout repos. Lorsqu'il aperçut Nëalys, il se précipita vers elle et tomba à genoux.

- Dame Nëalys. Veuillez excuser mon retard. J'ai...

- Allons, allons. Nous ne sommes pas en Ilymir, laisse donc tomber le protocole Yalën. Il n'y a ici aucun haut ecclésiaste qui puisse t'en tenir rigueur. Lève-toi et prends donc quelque chose pour te remonter, tu m'as l'air d'en avoir besoin. Tu pourras parler en mangeant et en buvant, je le fais bien moi.
Olà, aubergiste! Apportez donc à mon ami ce qu'il vous commandera. C'est une urgence médicale!

Elle rit, et fit tinter sa bourse... Aussitôt, le tenancier apparut, déclenchant un nouvelle accès d'hilarité.

- Qu'y at-til pour votre service?

- Je sais qu'il est tôt, mais un solide plat de viande ne serait pas de refus. Ainsi qu'un pichet de bière et hem... heu...

- Tssss, ne sois pas stupide, je ne t'en voudrai pas pour cela non plus. Et je passerai aussi sur cette mauvaise habitude de fumer ta pipe malodorante, qui si je ne m'abuse doit déjà être prête à l'emploi et sur laquelle ta main droite est déjà posée tandis que tu cherches le courage de demander l'autorisation.

- Bien ma D.. hem, bien Nëalys, comme il vous... te plaira. Alors aubergiste, vous me mettrez également deux petits verres de ce fameux alcool Fédorien un peu corsé, si vous voyez ce que je veux dire.

- Tout de suite messire!

- Tu vois bêta, ce n'est pas si difficile.

Tandis que le tavernier s'activait, Yalën entreprit d'allumer sa pipe et tira une grande bouffée avec une expression d'intense soulagement. Lorsque les verres furent posés devant lui, il avala le premier d'un trait, le mit de côté, et commença à siroter le second.

- Si nous passions aux choses sérieuses maintenant, avant que la venaison n'accapare tout ton attention. Où en sont-ils, que prévoient-ils? Et par la divinité, quelle folie as-tu commise pour te retrouver dans cet état?

- Et bien... observer de loin, c'est bien joli, mais si l'on veut des renseignements de qualité, tu sais comme moi qu'il vaut mieux les obtenir de l'intérieur...

L'Ilymis leva les yeux au ciel, et soupira.

- J'aurais du m'en douter... Un de ces jours ça finira mal, et qu'est-ce que je ferai, moi, tu y penses parfois? Continue je te prie.

Yalën essaya de paraître contrit sous la réprimande, sans trop de succès, puis sourit. Manifestement ce petit jeu était une habitude entre deux personnes qui se connaissaient bien.

- Lors d'une attaque, je me suis donc fait passer pour un villageois et j'ai rejoint la troupe, en apparence convaincu par les arguments fallacieux de ce serpent de Calden.
Une fois "intégré", j'ai suivi en ouvrant grand mes yeux et mes oreilles. Il ne fut pas évident de faire semblant de participer à leur folie tout en sauvant un maximum de gens sans me faire attraper, mais j'ai fait mon possible.

- Et c'est à cause de ça que...

- Non, non, rien à voir. En désertant, sur le chemin menant ici, j'ai voulu couper par la forêt pour semer les gardiens si j'avais été vu, et je suis tombé sur quelques créatures assez peu recommandables.

Nëalys pouffa.

- Tu ne changeras jamais, tu te sors des pires guêpiers que l'on puisse imaginer, et tu te fais avoir par les trucs les plus élémentaires.

L'homme se renfrogna.

- Passons donc là-dessus pour l'instant. Voici en tout cas ce que je sais: cette bande de cinglés va attaquer cet endroit. Ils sont plus nombreux qu'on ne l'aurait cru, suffisamment pour que je ne puisse pas me prononcer sur le vainqueur de l'affrontement.

- Et qui tire vraiment les ficelles dans cette histoire?

- Calden et Krondac sont des idiots. Chacun d'eux s'imagine avoir la mainmise sur l'autre, et diriger les opérations. Dans la tête des gens, c'est Krondac qui profite du fanatisme pour se remplir les poches et se faire un nom. Mais Calden est plus futé que cela, et il a été formé en Ilymir... nul doute qu'il n'ait plus de contrôle sur les hommes que ce qu'il veut qu'on croie. Néanmoins, il y a un détail étrange. Régulièrement, chacun des deux hommes fait partir un message du camp et reçoit réponse, tout en faisant bien attention à ce que l'autre ne le voie pas. Ils prennent tant de précautions que leur manège se voit comme le nez au milieu de la figure, c'en est risible. Mais cela donne à penser qu'il y a un troisième joueur dans la partie dont nous ignorons tout, ce qui ne laisse pas de m'inquiéter.
Voilà, mon rapport est terminé. Et juste à temps!

Cette remarque fut causée par le tavernier qui venait de poser devant le nez de Yalën un plat des plus appétissants.

- Si ce n'est pas trop demander, je peux avoir ton estimation sur le temps qu'il nous reste avant que nous soyons assiégés, ou tu préfères d'abord te remplir la panse?

- Oh, pardon. Hum... je dirais une demi-journée s'ils donnent le maximum. Ce dont je doute. Compte plutôt sur une arrivée en milieu d'après-midi.

- Tactiquement, c'est stupide, il vaut mieux se donner un jour entier pour une attaque.

- Mais ils sont stupides justement, et un peu trop sûrs de leur force... Je peux?

- Vas-y, vas-y...

Laissant Yalën à son repas, la magicienne tourna alternativement la tête en direction de Michael et d'Hakuren.

- Je ne doute pas que vous ayez suivi la moindre bribe de cette conversation. Et vous avez bien fait, puisque mon intention était de ne rien vous cacher. Alors, avez-vous quelques commentaires éclairés?