La Taverne de Veis

Bien que sa proposition l'eut fait sourire, la belle ne s'en sauva pas moins rapidement, reprenant adroitement le chemin des cuisines. Tandis que celle-ci virevoltait en de gracieuses courbes entre tables encombrées et clients éméchés, il la suivit des yeux et prit un siège.

Cette taverne regroupait vraiment des gens de chaque royaume dans une ambiance qui, si elle n'était pas totalement détendue, n'en restait pas moins assez cordiale. Rien de telle qu'une nourriture abondante et de belles femmes pour lier les hommes. Au delà des apparences, Veka décelait aussi une magie propre aux lieux de repos, cette sensation de bien être qui chassait la lassitude et les humeurs sombres.
Il choisit de laisser s'étendre ses perceptions, en ajustant la musique de ses pouvoirs au rythme fourmillant de la vie. Peu à peu il se fondait dans la chaleur ambiante, et son empathie le guidait vers les blessures du corps et de l'esprit des gens qui l'entouraient.

_ Un Shalos, murmura Veka en sentant l'esprit du triste sire qu'il avait repéré plus tôt. Impossible de s'approcher de lui, ses sensations étaient repoussées par une force inconnue, surement quelque talisman de malheur tel que ces amoureux du sang en portaient souvent.

Plutôt que de s'attarder à regarder les noirs profondeurs de cette âme il laissa pulser en ondes bienfaitrices les dernières réserves de sa magie, soignant autant que possible les gens qui l'entourait. Bien que superficielle et très coûteuse en énergie cette méthode permettait de toucher tout un groupe de personne et de leur faire bénéficier d'une caresse de douceur revitalisante. Non point que les joyeux lurons ici présent eut nécessité d'être encouragés, mais Veka allait profiter de son repas pour reconstituer ses réserves et il préférait restaurer intégralement son pouvoir.

Très lié au feu il se servait des fortes émotions qui l'entouraient ainsi que de la nourriture que la serveuse venait de lui apporter pour alimenter sa propre flamme. Plus vive étaient les sensations qui l'habitaient, plus forte en serait sa magie. C'est pourquoi il avait vidé jusqu'à ses ultimes forces.

_ Tu manques d'entrainement... se dit Veka tandis qu'il peinait à suivre l'esprit du Shalos, après que celui-ci l'eut sciemment défié du regard. Il était connu pour son tempérament de 'feu', et les Shalos restaient le peuple qu'il avait le plus de mal à supporter.

_ Mais que suis-je?, toujours cette question... Un clerc de combat... Un clerc raté, qui infligeait blessures et mort sans remords dès lors qu'il l'estimait nécessaire. Mais aussi l'un de ceux dont le talent de guérison était des précis. Là où il manquait de puissance, incapable de soigner de grosses blessures telles des membres amputés ou autre, bien peu de plaies, de poisons, et d'infections d'ordre magique pouvaient lui résister.

Cobalt a écrit:

- Mon amour? Comment te sens tu?

Saarielle mit quelques secondes à comprendre la phrase, elle était sur un autre plan, totalement ailleurs

- Bien... dit-elle d'une voix "stone"... Vraiment bien...

La dédrane se serra contre Cobalt, profitant encore un peu du contact de leur peau nu

- Dommage que l'eau doit etre froide maintenant... un bon bain chaud pour finir de revenir sur terre...

Elle déposa un baiser sur le coin des lévres du dédrane. Elle lui murmura aussi un "merci", posa sa tête sur son épaule et ferma les yeux:

- On devrait peut etre descendre, nan ? ...

Un rayon de soleil vint éclairer le visage endormi d'Anashin. Ce changement de luminosité mit fin à son sommeil déjà léger.
La Médiovienne se leva et alla ouvrir les volets par lesquels filtraient de nombreux flots lumineux tels que celui qui l'avait éveillée.
Il faisait beau dehors, c'était un ciel d'un bleu intense et sans nuage qu'Ana pouvait observer. Elle aurait plaisir à vagabonder de part les forêts et les champs en ce jour... Enfin, si les deux amoureux de la chambre d'à côté le souhaitaient.
De part son sommeil des plus légers, mode de repos obligatoire à toutes les personnes de sa profession, elle avait pu entendre que son protégé et sa belle avait prit du bon temps en ce début de matinée. Non que cela l'intéresse particulièrement mais pour percevoir tout son caractéristique d'un quelconque danger elle devait avoir l'ouïe fine, et le jeune couple n'avait pas été très discret.
Bref son repos n'avait été dérangé par aucune alerte désagréable et la rôdeuse se sentait ressourcée. Elle ne sentait plus ses blessures, tant les récentes que les anciennes, et avait de l'énergie à revendre.

Revenant vers le centre de la pièce, Ana se laissa tomber silencieusement sur le sol et entama toute une série d'exercices quotidiens qui lui permettait de se maintenir en forme, de conserver une musculature développée, un physique adapté au métier qu'elle exerçait finalement.
Elle prit une petite demi-heure pour cela et pour s'étirer. Ses techniques de combats demandaient une grande souplesse qu'il fallait travailler régulièrement. Les serpents, quelles fabuleuses créatures... Mais c'était dur pour une humaine d'imiter leur dangereuse fluidité. Elle s'exerçait donc jour après jour, sans réfléchir, sans problème : c'était son travail.

Elle prit encore un bon quart d'heure pour faire un brin de toilette après avoir quémandé un bassin d'eau aux taverniers, se revêtit d'une de ses tenues et s'équipa de tout son attirail.
Enfin parée, la garde quitta sa chambre et descendit dans la grande salle. Il devait être près de midi. Peut être un peu moins. Cela n'avait pas d'importance puisque le couple était toujours dans sa chambre.
Il fallait d'ailleurs préparer sa venue. Y avait-il du danger ? Anashin se mit à scruter discrètement les différents occupants de la pièce tout en se dirigeant vers le comptoir.

-Bonjour, pourrais-je avoir un en cas s'il vous plait ? Demanda-t-elle à une serveuse quand elle fut arrivée au près d'elle.
-Bien sur, que voulez vous ? Le plat du jour ? C'est du bon qui vous tiendra dans l'ventre !
-Va pour le plat du jour alors. Répondit la jeune femme à son hôtesse avant de se diriger vers une table depuis laquelle elle pouvait observer toute la taverne et être bien observée.
Ce n'était pas son habitude de se mettre à la vue de tous les regards mais en l'occurrence ça lui permettait de bien montrer qu'elle était armée et prête à se défendre ou à défendre quelqu'un. On éviterait donc de lui chercher des embrouilles à elle comme aux deux Dédranes.

Ses sens se reportèrent sur le clerc qu'elle avait aperçu un peu plus tôt. Il paraissait venir de Fedoran et il pouvait certainement présenter du danger si il le souhaitait. Elle n'aimait pas trop les gens de magie, non qu'elle les pense habités par je on ne sait quel démon mais elle n'avait qu'une faible accroche sur les périls magiques. La magie représentait donc un danger d'un autre ordre d'importance que tout ce qui se raccroche à de l'acier.
Pourtant cet étrange personnage semblait actuellement attacher à apaiser les esprits des clients. Et elle n'y coupait pas bien qu'elle tente de rester à l'écart de ces sortilèges.
*Enfin bon... Cobalt est un clarc lui aussi, il saura voir si il y a danger dans ce domaine.*

Le Shalos louche de la nuit avait disparu, peut être était il parti, peut être était il allé dormir dans une chambre comme elle. Le personnage dont il fallait le plus se méfier était donc le Fédorien.
Ana finit donc de se restaurer et termina bien vite le fameux plat du jour que la serveuse lui avait apporté quelques minutes après qu'elle eut passé commande. Puis elle se leva et se dirigea vers la table du potentiel danger. Elixia ou non elle pouvait tout de même étudier ses réactions bien physiques elles.

-Bien le bonjour voyageur, lui fit-elle dans un premier temps. Puis-je m'assoir et discuter avec vous ? Et puis-je vous offrir quelque chose à boire ?

Cobalt avait été inquiété du silence de Saarielle, mais maintenant il était rassuré. Tout allait bien. Il remonta sa main pour lui caresser la joue et remarqua :

- A vrai dire on ne dirait pas que tu as vraiment envie de sortir d'ici.

Il poussa un soupir d'aise.

- Et je dois dire que moi non plus.

Il l'embrassa.

- Mais un clerc ne doit pas trainer au lit. Il doit toujours se tenir prêt au cas où on ait besoin de lui. Et si Maître Seven me voyait là, nul doute que j'aurais droit à un sermon et un coup de bâton.

A ce souvenir, le postérieur de Cobalt était encore douloureux. Maïtre Seven savait tout soigner, absolument tout. Et il partageait son savoir sans compter avec ceux qui le méritaient. Hélas, il n'admettait pas qu'on ne réussisse pas à le suivre, et encore moins que l'on se déconcentre durant ses leçons. Et comme ils s'entrainaient souvent sur les jeunes des autres classes, le regard de Cobalt avait, trop de fois, dérivé vers Saarielle. Elle n'avait rien remarqué bien sûr, mais Maître Seven lui, voyait tout!

Cobalt sourit et se leva. Il alla tester l'eau de la baignoire.

- Bien... elle n'est pas glaciale disons. Si tu veux je te lave au gant, ce sera plus facile pour toi. Tu ne m'en veux pas mais je commence pendant que tu finis de t'éveiller ma chérie.

L'eau froide. C'est bon pour la peau, et rien de tel pour avoir les idées claires dès le matin. Tout en se lavant, Cobalt observait la chasseresse en lui souriant tendrement.
Cette nuit avait été spéciale, ils s'étaient donnés l'un à l'autre. Ils avaient chacun trouvé leur demi-lune!

Alors qu'il entamait gaiement sa deuxième assiette de venaison, Veka pu assister à l'arrivée d'une femme remarquable. Fine et musclée, sertie dans une carapace d'acier aiguisé, elle lui fit forte impression. Une femme dangereuse assurément, mais le fruit défendu n'en a que plus de saveur. Telle une déesse, parangon de beauté, elle s'installa de manière à ce que chacun la remarque.

Pourtant nul commentaire salace ne fusa alors qu'elle laissait glisser un regard glacé sur les gens autour d'elle, les jaugeant en un clin d'œil. Bien que les armes qu'elle porte lui assuraient sa tranquillité, elle lui adressa un regard sibyllin tout en profitant comme lui des plaisirs de la bonne chair.
Son repas terminé Veka avait maintenant de nouveau la pleine maîtrise de ses pouvoirs et il laissait gronder en lui la puissante magie, récupérant de son pénible voyage.

La femme se leva et se dirigea vers lui, avec toujours ce même regard scrutateur et énigmatique. Parce qu'elle l'intéressait et que ses manières courtoises l'avaient charmé, Veka répondit à sa demande:
- Une bien bonne journée qui s'annonce en effet, le temps est au beau et la chance semble me sourire puisque me voila en charmante compagnie. Prenez place je vous en pris, mais puisque vous êtes venue jusqu'à moi laissez moi donc m'occuper de la commande.
Après qu'ils eurent fait signe à la serveuse Veka ajoutât:
- Que puis je faire pour vous? Auriez vous besoin des services d'un clerc? Il sourit en repensant à la proposition qu'il avait faite à la serveuse, au sujet de ces même services. Qu'est ce qui vous amène ici, Demoiselle d'armes...? s'enquit-il, curieux.

L'homme qui lui faisait face jouait les jolis cœurs... Il était plein de charme et paraissait frai et disponible bien qu'il porte les traces de la fatigue certainement du à un long voyage.
*Bien dommage, un homme fatigué est bien moins dangereux qu'un homme en bonne forme.*
Pourtant Ana ne put s'empêcher de sourire. L'homme paraissait avoir des appétits qu'un bon repas ne satisfaisait pas et il n'était rien de plus facile à maitriser qu'un homme sur les dents.

-Oh et bien puisque c'est si gentiment proposé je prendrais bien un jus de Boring. Et ce sera tout je ne voudrais pas abuser des services d'un noble clerc.
Remarquant alors le blason que portait l'homme en face d'elle, Anashin s'empressa d'ajouter,
-Et quand je dis noble, je ne pensais pas si bien dire... Ne serait-ce pas là le blason du clan Anra ?

Le jeune Fédorien devait avoir quelques années de moins qu'elle, il approchait les 25 cycles à vu de nez. Grand, il était très grand vu de près. Même avec des armes il pouvait se révéler un ennemi féroce...

*Pour le moment il n'a pas l'air disposer à agresser qui que ce soit, tu devrais cesser de voir le mal partout très chère, c'est le meilleur moyen de ne pas voir le réel danger.*
Elle réalisa alors qu'elle ne s'était même pas présentée. Souhaitant remédier à cette impolitesse au plus vite elle tendit une main amicale au jeune homme du Pays du Feu tout en lâchant un "Anashin pour vous servir" accompagné d'un petit sourire.
Jugeant préférable d'amener son interlocuteur à parler de lui plutôt que de parler d'elle même, la rôdeuse coupa court aux questions qu'il lui posait.

-J'étais ici pour une affaire, et une autre a ensuite pris le relai rallongeant ainsi mon séjour en cette taverne. Mais je ne voudrais pas vous ennuyer avec mes histoires lassantes. Contez moi plutôt les vôtres. Vous avez l'air fourbu, auriez vous fait long voyage ?
On pouvait lire sur le visage candide de la jeune femme un grand intérêt sans arrière pensée.

Voila qui promettait un divertissement opportun. Veka se détendit et sourit, écoutant son invitée jouer des mots, échappant habilement à ses questions. Le verbe, s'il est bien employé, est souvent arme plus mortelle que l'acier.
Habitué aux regards surpris, Veka ne pu cependant retenir un tressaillement à l'évocation de son clan, et il couvrit le blason à l'aide d'un pli de sa robe en un mouvement rageur. Ceci-i ne lui ressemblait pas, pourtant il était ennuyé que la femme eu ce renseignement sur lui, autant pour la distance que cela créait entre eux que par soucis de discrétion.

Il demanda à la serveuse de lui apporter la même chose, et répondit à la jeune guerrière:
- Je vois que même à Ryma cet emblème n'est pas méconnu. Je suis apparenté à ce clan en effet, lui dit-il. Jamais celle-ci ne saurait que c'était son père qui dirigeait cette puissante famille.

Il prit la main tendue, non sans remarquer la souplesse dont elle fit preuve en se penchant vers lui. Les contacts physiques facilitaient grandement le travail de la magie, mais Veka se retint de sonder la jeune femme plus profondément. Il eu pu savoir très facilement les souffrances qu'avait enduré ce corps pour forger une telle femme, ainsi que ressentir plus précisément les sentiments qui habitaient celle-ci. Mais l'éthique des clercs voulait qu'ils demandent avant d'employer les pouvoirs sur les gens, à moins d'utilisation superficielle comme celle de tout à l'heure.

Valkano Ek'Ankra, ni ce nom ni son diminutif n'était à donner à la légère. Pourtant il savait qu'il risquait moins à lui dire une partie de la vérité qu'à lui mentir, car elle semblait capable de le deviner. Aussi répondit-il:
- Je me nomme Veka, et je suis venu ici attiré par les récits que l'on m'a fait. Ce lieu possède une histoire peu commune, et la tolérance qui y règne est un exemple pour nos peuples. J'arrive de la sainte cité d'Ilymir, j'y effectuais quelques recherches...

* En l'occurrence, bien peu fructueuses, leur divinité reste assez mystérieuse et les prêtres sont avares de confidences * se dit-il, grimaçant au souvenir des heures perdues à écouter les même rengaines.

S'apercevant qu'il était distrait il reprit, sur un ton d'excuse:
- Enfin... Où comptez vous donc aller prochainement? Je ne sais combien de temps encore je vais séjourner ici, ni quels sont les lieux intéressants alentours, quelle destination choisiriez vous?

*Veka... Un diminutif certainement. Cependant le diminutif de quel nom...*
Dés qu'elle avait vu combien cela gênait le Fédorien qu'elle eu reconnu son blason, et surtout dés qu'elle avait remarqué sa réaction, la dame du Peuple des Eaux avait senti un regain d'intérêt pour l'identité de la personne qui lui faisait face.
Pourquoi ne lui donnait-il pas son nom ? Pourquoi restai-il si vague quand au rôle qu'il occupait au sein du puissant clan de Fédoran ?
C'était les voleurs et autres assassins de son espèce à elle même qui préféraient garder leurs identités secrètes, pas de respectables clercs...
De nombreuses questions traversait l'esprit d'Anashin. Elle connaissait bien sûr le clan Anra comme la plupart de la populace d'Adréis, mais elle avait en plus eu quelques occasions de les fréquenter de plus près. Au cours d'un de ses périples en la capitale fédorienne elle s'était vu attribuer un contrat contre un membre relativement haut placé de cette organisation. Et l'ayant trouvé particulièrement ignoble elle s'était ensuite mis en devoir de faire les poches à son entourage et à tous ceux qui profitaient de ses méfais.
Cela n'avait évidemment pas plu au reste du clan qui s'était mit à la rechercher plus ou moins activement, la forçant de ce fait à se retrancher prestement en Médievir le temps que l'affaire se tasse.
Ana n'avait donc pas gardé de très bons souvenirs du clan Anra et c'était très certainement réciproque.

Cependant, le clerc n'avait pas cherché à abuser de ses pouvoirs lors du contact qu'elle avait eu avec lui. Et si elle s'était peut être avancée un peu trop imprudemment, la demoiselle d'arme savait désormais que Veka respectait le code d'honneur des clercs.

*Bien, si ce jeune homme n'est pas un ennemi, autant nous en faire un allié ! Donc autant répondre à ses questions.*

-Ainsi vous... Après quelques secondes de réflexion continua sur un ton enjoué :
-Oh, je pense que nous pouvons cessez cette déferlante de politesse seulement bonne aux vieux sages et autres aristocrates. Vous pouvez me tutoyer et j'espère bien que vous m'accorderez la réciproque.
Ilymir... Ma fois je ne connais cette ville perchée dans les airs que d'après ce que l'on a pu me raconter, mes pas ne m'ont pas encore menés jusque là bas. Il faudra que j'y aille un jour.
Puis se souvenant de la moue qu'avait eu le Fédorien en y repensant elle ajouta :
- Mais votre propre expérience n'a pas l'air très passionnante...

Quant aux lieux intéressants aux alentours, il y aurait bien Shalanos qui n'est pas très lointaine d'après ce que j'ai pu entendre mais je doute que leur hospitalité vous convienne. Médiévir n'est pas trop éloignée non plus mais je ne pense pas que ce soit une bonne période pour un étranger d'aller y faire quelques emplettes. Les derniers événements ont attisé les Médioviens les plus extrémistes et rendu extrémistes ceux qui l'étaient moins. La plupart des populations sont idiotes et prêtes à oublier qui est le véritable ennemi trop rapidement malheureusement...

Puis revenant aux questions que lui posait le charmant Veka, la rôdeuse finit par lui expliquer qu'elle même était chargée de la protection de deux jeunes Dédranes et qu'elle les suivrait donc là où ils le souhaitaient, en espérant que cela les mènent rapidement au grand air car rester trop longtemps au même endroit la lassait vite.

Bien qu'il fut infime, les talents inhérent à ceux de sa condition lui permirent de sentir le relâchement de la jeune femme. Après l'avoir écouté elle semblait adopter une attitude moins soupçonneuse, et si sa curiosité perdurait il devinait que c'était plus par intérêt que par méfiance.

Ses hésitations prouvaient qu'elle n'était pas prompt à accorder sa confiance, ainsi malgré ces premiers pas le dialogue allait être une nouvelle épreuve. Car il devait s'avouer qu'il était intéressé par cette intrigante guerrière. Il était aisé de comprendre que son talent était de ceux qui s'exercent dans l'ombre, et pourtant elle lui avouait être en mission de protection. Qu'est ce qui pouvait amener une personne de son genre à faire ce travail...?
Peut être l'appât du gain, bien qu'elle n'ait pas l'air cupide? Il serait certainement intéressant de voir qui étaient ces Dédranes pour pouvoir s'offrir un tel garde du corps.

Il eut un sourire franc lorsqu'elle lui proposa de la tutoyer, ainsi sa prétendue noblesse était déjà oubliée! L'allusion à son séjour dans la cité volante confirma qu'il était toujours bien trop transparent, il allait devoir faire attention à ses émotions. Elle avait surement déjà compris son attirance pour elle, bien que lui même ne puisse s'expliquer si c'était l'aura de danger et de mystère qui l'entourait ou son apparente confiance en elle qui captait ainsi son attention.
Il était bien trop réceptif, son sang bouillonnant sous le feu de la magie, et il fit un effort pour ramener à lui ses perceptions et se concentrer sur l'instant présent. Malheureusement elle abordait maintenant des sujets peu réjouissants... Ces affrontements entre peuples étaient une plaie, et l'une des situations qu'il abhorait le plus.

Une fois qu'elle eut finit il répondit, cette fois sans sourire:
- j'admets que les paysages son beau, bien que le vent ait tôt fait de devenir lassant. dit-il distraitement avant de reprendre sur le sujet qui l'intéressait. Vous qui venez de Médiévir pouvez vous m'en dire plus sur ces événements? Mon séjour en Ilmyr se résume à plusieurs jours d'enfermement improductifs, donc j'ai besoin de m'entendre compter plus précisément les nouvelles de l'extérieur, avant de peut être aller voir par moi même.

Devant sa réticence apparente, surement à cause des extrémistes dont elle lui avait parlé, il prit son arme posée sur le rebords de la table et montra le lourd bâton en disant:
- Ne vous inquiétez pas pour ma santé, j'ai besoin de savoir. Et il ponctua ses dires en pointant discrètement son bâton vers le feu tout proche, le ravivant discrètement d'un mot de pouvoir. Les sorciers disposent de pouvoirs étonnants, leur magie manipule l'Elixia pour créer ou détruire. Mais pour un clerc, comprendre intimement les choses est primordial. Et le feu était l'un des éléments les plus facile à créer car il se nourrissait lui même, au dépends des autres éléments, mais c'était aussi et surtout l'un des plus durs à maîtriser.
Il avait toujours été crâneur et ce genre d'éclat ne lui apportait en général que des ennuis, mais il fallait qu'elle sache que sous ses apparences de rêveur il n'en restait pas moins attaché à son but...
* Et mince j'ai oublié de la tutoyer, quel imbécile je fais*

*Ainsi les bonnes manières de ce sieur ont la vie longue et il lui est difficile de simplement la tutoyer... Se pourrait-ce que...*

Ce simple détail lui avait fait se reposer des questions sur l'identité de Veka. Etait-il vraiment noble ? Il faisait peut être même partie de la famille dirigeante du clan Anra. Il faisait au moins certainement parti de la caste des érudits et devait avoir accès à de nombreuses informations importantes de son pays ainsi qu'une certaine influence sur son clan.
Et il venait d'Ilymis... Ce n'était pas la porte à côté. Venait-il pour elle ? Son clan ne lui avait peut être pas pardonné l'assassinat d'un de ses dirigeants si corrompu et ignoble qu'il fut. Il s'agissait peut être d'un des membres de sa famille proche qui recherchait encore la vengeance...
C'est toute une série d'interrogation qu'Ana s'était posé alors que le Fédorien la questionnait sur les événements qu'elle avait évoqués un peu plus tôt dans la conversation. Puis il avait pris son bâton et... Il avait joué avec le feu !

Une silhouette dans les flammes, des cris d'horreur, des yeux, la panique qu'on peut y lire. L'incapacité à y faire quoi que ce soit. Des bruits de pas, un mot gravé dans sa tête, une seule action à effectuer. Une fuite, encore et encore, des cris de recherche derrière elle... Des souvenirs qui la hantait régulièrement, une douleur au niveau de la clavicule.

Quand Anashin reprit un peu ses esprits, elle avait la main serrée sur la garde de sa longue rapière dentée. Ses yeux restèrent vides un moment avant de se remplir de fureur, d'envie de meurtre et de vengeance.
Puis les sons reparurent à ses oreilles. Des sons joyeux, de sons d'amusement et de franche camaraderie. Des sons tout simplement et non le silence assourdi d'une grotte.
-Je,que... Bafouilla l'assassin avant de se taire et de fermer les yeux. Elle laissa évacuer l'air qu'elle avait inconsciemment retenu dans ses poumons puis rouvrit ses paupières sur des yeux calmés d'un vert profond.
La Médioviène écarta la main de son arme, la ressortit de sous la table et la porta à sa clavicule gauche. Elle n'avait pas mal évidemment, cette douleur intense était psychologique elle en était parfaitement consciente et pourtant...
Ses phalanges étaient blanchies, elle s'était agrippée si fort à sa lame.

Relevant les yeux elle pu voir que le clerc la fixait intensément, avait-il vu que quelque chose clochait ? Le contraire aurait été étonnant même si tout cela s'était enchainé en un petite dizaine de secondes. Qu'allait-elle lui dire désormais ?
Lui répondre peut être tout simplement.
Une réponse brève, sans analyse, il n'était de toutes façons pas apte à connaître ce qu'elle pensait elle même des évènements. Moins de guerre entre peuple certes, mais Medievir d'abord !
C'est donc d'une voie maitrisée, sans chaleur ni froideur aucune qu'elle adressa au jeune homme qui lui faisait face:

-Le Harpe d'Harmonie Marine a disparu. On ne connait pas le coupable.
Mais je doute que votre bâton ne vous serve à grand chose contre la haine de tout un peuple en ses propres terres cependant. Je me dois donc de réitérer mon conseil de ne pas vous aventurer en Médiévir pour le moment. Il est parfois bon de ne pas attiser les haines entre peuple car je doute que le clan Anra n'apprécie qu'un de ses clercs ne se fasse lapider.

Anashin bu quelques gorgées de son jus de boring qui venait d'arriver et en profita pour remercier Veka avec un petit sourire.
Elle était de nouveau dans son état normal et décida en finissant son verre de rendre la pareille à son partenaire de table.

Son petit tour n'avait pas eu l'effet escompté. La pauvre avait semblé paniquer, puis sur le point de massacrer les gens qui l'entouraient, sans aucun discernement! Totalement dépassé, Veka ne trouva pas même le temps de redresser ses barrières mentales après l'usage de sa magie. Il fut assaillit d'images de morts et de panique, une toile de sang s'abattit et un dernier reflet vermillon trouble sa vision avant qu'il ne s'abrite en catastrophe derrière ses protections.

Le temps qu'il se mette à couvert, elle semblait avoir repris ses esprits. Encore choquée, elle lui démontra une nouvelle fois sa grande force en se contrôlant de manière à lui répondre posément. Malgré tout cette fille allait devoir apprendre à écouter ce qu'il lui disait, car même si le ton restait maîtrisé elle lui parlait avec bien trop d'assurance.
Tandis qu'elle parlait, Veka défit les liens qui maintenaient fermée l'une des sacoches qu'il transportait toujours avec lui. Il en sortit un livre d'une grande finesse et à la texture unique. Il s'agissait là d'un ouvrage qu'il affectionnait particulièrement, puisqu'il en était l'auteur. Le matériau dont il était fait lui était méconnu, son père le lui avait offert lors de son 11ème anniversaire, et depuis lors il ne l'avait plus quitté.
Qu'il provienne d'un butin de guerre, qu'il soit une création magique ou une obscure relique, toujours est-il que quelque soit l'encre employée le papier la gardait à l'abri du temps et de l'eau. En effet il était parfaitement étanche, et c'est ce qui le rendait d'autant plus précieux. Son journal. Son carnet de voyage, d'études, le livre de sa vie...

Il se souvenait d'avoir noté quelque chose au sujet de cette précieuse Harpe. Il prit le temps de consulter l'ouvrage, autant pour offrir à Anashin l'occasion de reprendre contenance que pour se donner le temps de la réflexion. Il ne devait pas laisser son tempérament colérique prendre le dessus, mais ça le démangeait de montrer à cette fille de l'eau à quel point des talents comme les siens partaient en fumé face aux flammes de sa volonté.
Après qu'il eut trouver l'information qu'il cherchait il reposa le livre sur la table et prit parole:
- Je comprends que la disparition de cette relique vous affecte autant. En effet ce sont là des circonstances dramatiques pour votre peuple. Malgré tout je ne vois là rien qui puisse conduire à un massacre irréfléchi de tout les étrangers, et je compte bien aller y voir par moi même.

Avant de lui laisser le temps d'émettre plus de doute il reprit:
- Ecoutes, d'une part mon métier me permet en général de me déplacer en marge des conflits, puisque j'aide indifféremment les uns ou les autres, soignant les gens quand c'est nécessaire. D'autre part je ne m'appuies pas seulement sur ma seule science, et comme tu as du le deviner j'ai accès aux ressources de mon clan.
Maintenant puisqu'il faut que je précise, mon oncle est mort il y a de cela quelques temps sous la lame d'une jeune femme qu'on disait créature de Valnor lui même. En effet, de ce que je me souviens du témoignage d'un de nos jeunes serviteurs, alors qu'il s'apprêtait à entrer dans les appartements via un passage dérobé il vit une jeune femme qui était, nous a-t-il dit, "de traits médieviens de toute beauté, aux mouvements furtifs et gracieux, et elle semblait se couler d'ombres en ombres en silence". De plus celle-ci "tenait deux courtes épées ciselées à la garde ouvragée".

S'arrêtant là dans sa description il prit le temps de jeter un coup d'œil évident aux gardes des épées qui dépassaient du dos de la guerrière.

Il reprit plus doucement:
- Cet homme bafouait nos lois et coutumes, et trempait dans plus d'affaires louches que je n'ai eu d'histoires de cœur. Il est possible que nous ayons un serviteur un peu trop poète qui a l'imagination débordante de la jeunesse. Mais voyez vous j'ai des tas de bonnes raisons pour penser que vous pouvez m'informer au mieux de votre destination ainsi que celle de vos amis, des circonstances du vol de la Harpe, et des éventuels danger du chemin si j'allais en Médiévir par moi même.

Indirectement, en mentionnant son oncle, il lui avait avoué qui il était. Ses emotions lui faisait employer tour à tour le vouvoiement et le tutoiement...

Saarielle à son bras, Cobalt arriva à la salle commune. Il repéra immédiatement sa petite garde du corps et voulut lui faire signe mais ce qu'il perçut du personnage en sa compagnie arrêta son geste. Un clerc. Mais de niveau bien plus élevé que le sien. Il ne cachait pas vraiment sa puissance et sa maîtrise de pouvoirs.
Tous deux étaient en pleine conversation et le couple de Dédrane les rejoignit. Du pouce de sa main libre, il effleura légèrement de front de la Médiovienne en y dessinant un arc de cercle. Le lever de soleil. La protection.

- Bonjour Anashink, j'espère que tu t'es reposée.

Il tendit une main au clerc.

- Bien le bonjour Maître Clerc. Je te remercie d'avoir tenu compagnie à notre petite garde du corps. Nous avons mis un peu de temps à rejoindre le monde et j'en suis désolé.

*enfin pas tant que ça au fond*

- Pouvons nous nous joindre à vous ou risquons nous de vous déranger?

La dame polyvalente de l'ombre réfléchissait à ce qu'elle allait répondre à Veka lorsqu'elle vit arriver les deux amants qu'elle protégeait.
Cette arrivée, loin d'être dérangeante comme semblait le penser Cobalt, lui était des plus profitable. Son cerveau habitué à trouver des solutions à quelque problème qui se pose était vraiment mit en difficulté par les dernières déclarations du Fédorien. Par... Le neveu de l'homme qu'elle était allée assassiner quatre ans plus tôt...

Cette déclaration lui avait fait l'effet d'une douche froide pour deux raisons principales. D'abord elle s'était laissée surprendre par un serviteur qui avait pu témoigner et divulguer sa description ! C'était un coup direct porté à son orgueil et cela représentait un grave danger qui pesait désormais sur sa personne.
Et ensuite... Elle avait en face d'elle actuellement un membre du clan Anra, clan qui avait toutes les bonnes raisons de se mettre à sa poursuite et qui avait sa description... Le danger était déjà présent à ce moment même !!! Et il venait de quelqu'un extrêmement proche du chef de la famille principale de la puissante confrérie Fédorane... Ce devait être son neveu direct, voir son propre fils ! N'avait-elle donc pas entendu une histoire à propos d'un clerc dans la famille dirigeante lors de son séjour justement. Il s'agissait donc...

*Tues le immédiatement ! ... Nan ne bouge pas ! ... Réfléchis, réfléchis idiote ! Si il avait voulu t'attaquer il l'aurait déjà fait depuis longtemps, et il ne t'aurait pas prévenue. Il n'a pas l'air stupide voyons, ni du genre à se rajouter des difficultés volontairement. Or sur tes gardes tu es tout de même plus dangereuse qu'il y a cinq minutes... Que faire, quoi faire, comment le faire ? Par toutes les saintes tempêtes de l'hiver... Mais dans quel bourbier me suis-je donc fourrée ?! Idiote ! Il n'est pas temps de te laisser avoir, fais bonne figure, tu n'as pas peur ! Tu sais parfaitement quoi faire et il ne t'as même pas effrayée ! ... Bon sang c'est son fils prends le en otage tu le tiendras par les couilles ! ... Calmes toi Ana calmes toi !*

Elle adressa un petit sourire aux deux nouveaux arrivants tout en réussissant à enfin reprendre contenance. Le tour était joué, elle avait réussi à faire passer toutes ses émotions inaperçues grâce à la descente providentielle des deux Dédranes et certainement au fait que le clerc qui lui opposait cette discussion n'avait pas encore abaissée ses protections mentales.
La voleuse décida alors de faire les présentations. Elle répondrait à Veka ensuite seulement. Ce serait bref de toutes façons.

-Veka je vous présente Cobalt, clerc tout comme vous, et Saarielle sa... compagne. Tous deux sont des membres du peuple des forêts.
Cobalt, Saarielle voici Veka, clerc Fédoran du clan Anra.

L'assassine, hôtesse de présentation improvisée, joignit à la parole quelques mouvement désignant les personnes qu'elle nommait puis tira deux chaises de la table avoisinante pour les proposer aux nouveaux venus. Elle reprit ensuite la parole afin de répondre à toutes les questions qu'on lui avait adressées :

-Oui je me suis bien reposée merci bien Cobalt, et non vous ne dérangez pas. Je ne puis de toutes manières pas te répondre Veka et j'en suis désolé. Je ne sais rien des circonstance du vol ni d'où en est l'enquète. Je ne suis pas du tout en relation avec les personnes qui pourrait m'apporter des réponses. Mais nous reparlerons de cela plus tard si vous le voulez bien.

Anashin ne disait en fait pas entièrement la vérité. Elle avait certains moyens de comprendre ce qu'il s'était passé mais ce n'était pas dans l'intérêt de la Harpe ni dans celui de Médiévir qu'elle dévoile ce qu'elle avait deviner par elle même. La Harpe n'avait certainement même pas bougée du lieu où elle était entreposée et toute cette monumentale histoire avait probablement été fomentée par une organisation très secrète de la capitale : Alkaïlé. Et cela, c'était bien mieux qu'elle le garde pour elle.
Estimant que la conversation qu'elle avait entamée avec le jeune clerc devait pourtant être close elle enchaina :

-Pour finir cependant, je ne sais pas si tu serais en danger ou non en allant en Médiévir. Je pense que oui, à toi de voir et de prendre tes décisions. Je serai ravie de t'aider à préparer un voyage ultérieurement si tu le souhaites vraiment.

Si danger il y avait du côté du clan Anra, il était préférable de conserver des alliés en sa faveur. Il n'avait pas l'air d'apprécier son oncle et c'était bien tant mieux.
Ana était passée finalement au tutoiement de son interlocuteur. Elle verrait bien comment il réagirait. Lui même n'avait-il pas commencé à mêler tutoiement et vouvoiement ?
Puis pour changer les idées de tout le monde, et surtout d'elle même, Anashin termina par une petite déclaration.

-Par ce magnifique temps, nos amoureux n'auraient-ils pas une envie de plein air après s'être restaurés ?

La porte s'ouvrit sur une étrange scène. Celle de deux Médiéviens dont l'un, visiblement bléssé était porté a bout de bras par une jeune et plutôt frêle jeune femme qui le transportait depuis la Route de Médiévir.

Le sort qu'elle avait lancé sur le troubadour s'estompait... Elle n'allait pas pouvoir tenir longtemps. A peine le seuil franchi, elle déposa le pauvre Ling a terre. Elle releva la tête et reconnu l'ami dédranne rencontré quelques temps avant.

- Cobalt! Ling est blessé... puis vers l'aubergiste Je vous prend une chambre.

La jeune voleuse était visiblement exténuée de sa nuit agitée mais aussi du chemin parcouru. Elle n'avait pas prété attention aux autres.

Un air chargé de souvenirs d'une plénitude partagée accompagnait ces deux là. Il n'était pas difficile de deviner que les nouveaux venus étaient amants, et le jeune clerc semblant resplendissant de vie, épanouit comme Veka ne l'avait été depuis des lustres.
Avec intérêt il suivit l'échange entre la médiovienne et le clerc, non sans remarquer la précaution de celui-ci. Oh, il n'allait pas user de ses pouvoirs sur elle, il avait respecté son intimité jusqu'alors, autant continuer.

Il se leva pour serrer la main du clerc et saluer la Dame à ses côtés:
- Enchanté, comme vous le dit si bien Anashink vous ne nous dérangez nullement.
C'était le plus courtois qu'il pouvait faire, alors qu'il espérait obtenir des renseignements de la guerrières la voila qui était sauvée. Le trouble de cette dernière lui échappa totalement, et il se rassit en compagnie de ses nouveaux hôtes, appelant la serveuse pour les boissons.

Dire que tout ceci était du fait de la jeune femme, lui qui aspirait seulement à un diné tranquille, le voila avec un tas de questions sans réponses.
Il soupira en écoutant les propose de cette dernière et se tourna vers la porte alors qu'il se sentait tiraillé par une impression désagréable, comme si une grande détresse émanait d'une source inconnue proche de la Taverne.

Il n'entendit pas la dernière remarque d'Anashink mais eu tout le loisir de voir entrer les deux jeune gens blessés et exténués. Il n'attendit pas la réaction des autres et se leva pour se précipiter vers eux et voir de quoi il en retournait. En entendant la demoiselle apostropher l'autre clerc il leva un regard interrogateur vers lui, dans l'attente.
C'était à lui qu'ils étaient venu demander de l'aide, aussi pensait-il s'effacer et le laisser exercer ses talents. Lui même n'avait plus qu'une envie, se retirer au calme.

Cobalt était content de voir Ana, il aimait bien sa petite garde du corps. Et son compagnon de table semblait sympathique. Cobalt appréciait son rayonnement. Il pressa Saarielle à l'épaule et l'embrassa sur la tempe, quand Adweliwen fit son entrée avec... Ling!

Toute joie quitta le visage du jeune clerc, remplacé par une profonde inquiétude. Lâchant sa fiancée, il se précipita vers les deux Médioviens. S'agenouillant auprès de son ami, il lui tâta le pouls, lui toucha le front et observa le bandage de fortune. Il regarda Adwel dans les yeux un instant, puis reconsidéra son ami. Il le saisit à bras le corps, se redressa fit demi-tour. Passant à côté de Saarielle :

- Mon amour, il faut que je m'occupe de lui. Je te laissa avec Anashink.

Aux autres :

- J'ai été ravi de faire votre connaissance mais votre ballade se fera sans moi, j'ai une urgence.

Il inclina la tête et monta dans la chambre de son ami. Là, il le déposa sur le lit et entreprit de le déshabiller. Tout en s'occupant, il murmurait une litanie apaisante. Il libéra la blessure et grimaça en voyant la taille de la plaie. Ce qui l'inquiéta ensuite fut l'inconscience trop longue de son ami. Il découvrit bien vite que c'était dû à une certaine substance - non toxique - et il décida de ne pas encore nettoyer son sang. Il valait mieux qu'il ne soit pas éveillé durant le soin.

Cobalt alla fermer la porte à clé, se lava les mains et posa ses mains de part et d'autres de la blessure et se concentra. Ses bras et la peau de Ling s'entourèrent d'un halo vert tendre et Cobalt se mit à prononcer les paroles rituelles.

Adwel vis le Dédranne se précipiter. Il lui jeta un regard étrange auquel elle ne su comment réagir. Puis le clerc grimpa a l'étage avec son ami inconscient.

La médiévienne hésita a le suivre mais prise de fatigue, elle préféra se diriger vers la table que Cobalt venait de quitter.

En s'asseyant, elle salua Saarielle qu'elle avait croisée puis un fédorien visiblement de noble lignée. Le blason qu'il portait confirma sa pensée: le clan Anra. Elle accentua donc son salut avec plus de respect. Puis, elle croisa le regard d'une de ses compatriotes. Les armes qu'elle portait lui mis la puce a l'oreille.

- Anash...! Elle coupa court, craignant que l'assassin soit sous couverture. Elle enchaina sans hésitation quelle surprise de te voir ici! Elle avait pris le tutoiement pour déguiser le "Anash" en surnom Cela fait longtemps que tu a quitté Médiévir? Je suppose que tu a des nouvelles de la ville.

Adwel leva la main pour se commander une bière et une carafe d'eau.

Anashin avait vu comme tout le monde l'arrivée théâtrale de ses deux compatriote du Peuple de l'Eau. Elle connaissait relativement bien la porteuse mais absolument pas celui qu'elle amenait à bout de bras.

*Adweliwen, fille d'Onerral Edelnius le plus apprécié des bandits de tout poil. *

Fille de celui qui lui avait donné envie d'exercer cette profession. Fille qu'elle respectait autant que son père bien qu'elle fut sa rivale. Elle avait un grand cœur, elle respectait le peuple ainsi que ses victimes. Elle partageait finalement bon nombre de valeurs communes.
C'était rare dans ce milieu, donc remarquable. Preuve de sa délicatesse, elle essayait de rattraper ce qu'elle pensait être une erreur en faisant passer le nom qu'elle avait commencé à prononcer en surnom. C'eût put être une erreur effectivement mais elle donnait encore bien souvent son véritable prénom à défaut de son nom. Son nom en de mauvaises mains pouvait mettre en danger sa famille restée en Médiévir alors que son prénom n'engageait nulle autre qu'elle... et encore.

Ana répondit alors joyeusement à celle qu'elle considérait comme une amie bien que son arrivée mette à mal ses projets de grand air.

-Bien le bonjour Adwel. Tu ne m'as pas l'air resplendissante de santé ma fois, un peu de repos te ferais du bien je suppose.
Quand aux nouvelles de la ville, à vrai dire ce jeune Fédoriens qui est à côté de toi me posais la même question. A laquelle je ne peux répondre malheureusement, je ne suis repassée à Médiévir qu'en coups de vent et je n'ai donc pas vraiment de nouvelles depuis maintenant trois mois. 'fin juste cette histoire de Harpe volée quoi. M'enfin tu dois certainement en savoir plus sur cette affaire.

La dame de l'ombre se tut lorsque la serveuse vint apporter la commande d'Adweliwen.
-T'nez voici vot' commande ma ptite dame.
Et alors qu'elle repartait déjà vers une autre table la demoiselle se retourna semblant se rappeler soudainement d'un quelconque détail.
-Ah au fait mam'zelle, le patron m'dit d'vous dire que ya plus d'chambre au cas où que vous souhaiteriez passer la nuit ici. Désolé mais on est complet et on a donné à votre ami la der' des der' !

Un silence vint marquer le véritable départ de la serveuse. Puis Anashin reprit la parole :

-Tu as vraiment l'ai épuisée Adwel, montes donc dans ma chambre te reposer. Que dirait le brave brigand au cœur d'or si je te laissais en rade dans le besoin ?
Adressant ces mots avec un grand sourire, elle tendit à la jeune Médiovienne ses clés de chambrée. Il n'y avait de toutes façons là haut que son sac contenant quelques vivres et ses tenues.

Adwel cacha tant bien que mal un baillement de sa main gauche et tendit l'autre vers sa compatriote pour saisir sa clé.

- Je te remercie... il est vrai que j'ai eu une journée et surtout une nuit trèèèès agitée avec Ling... Il y a des choses pas recommandables dans la foret...

Elle pris de longues gorgées de bière et continua

- J'ai en effet appris pour la Harpe... en même temps, je pense que le monde entier sera plus ou moins au courrant de cette "disparission". Les Gardiennes sont déjà sur le qui-vive. Et comme on dit chez nous, "L'eau qui dort se réveille toujours".

Elle attrappa une miche de pain sur une table a coté et mangea entre deux gorgées de bière

Son homologue semblait savoir y faire, et Veka le regarda partir avec le blessé, soulagé de n'avoir pas à offrir son aide. Non pas qu'il s'y serait refusé, mais il était très intéressé par la nouvelle venue, qu'Anashink ne semblait pas vouloir qu'il connaisse puisqu'elle omettait de la lui présenter.

Il répondit au salut de cette dernière, non sans noter qu'elle aussi avait eu tôt fait de le reconnaître comme un Ek'Anra. Il appréciait la compagnie de trois femmes pour lui seul, la jeune dédrane en retrait, sa guerrière à peine apprivoisée qu'il n'avait pu finir de questionner, et la dernière arrivée.

Il regarda, amusé, les deux femmes se saluer et s'échanger des signes mutuels de reconnaissance et de respect, si ce n'était d'amitié. Modifiant légèrement son aura, surtout de façon à ne pas gêner les soins de son collègue plus haut, il focalisa son attention sur la jeune Adwel, et sur leur sujet de discussion. Il lui fut aisé de découvrir que c'était à mots couverts, et avec de profonds sous entendus, qu'elles se parleraient devant lui. Mais un clerc, emphatique par nature et curieux par vice, allait avoir l'avantage sur des jeunes guerrières écervelées. Du moins il l'espérait.

Puisqu'elle était fatiguée, elle ferait peut être une cible plus malléable, aussi questionna-t-il innocemment Adwel après qu'elle eut commencé à manger:
- Je vous félicite de vous être si bien occupé de votre compagnon blessé. Du peu que j'ai vu, il devrait se rétablir promptement. J'ai ouïe dire que la Harpe si fameuse dont vous nous parlez avait été volée récemment et j'aurais voulu en apprendre plus, car Dame Anashink m'a mis en garde contre un séjour en Médiévir du fait des évènements récents.

Il regarda la-dites "Dame" d'un air candide, mais avec une note d'avertissement dans les yeux. Qu'elle le laisse donc mener ses affaires, elle avait dit ce qu'elle souhaitait il ne voulait pas qu'elle intervienne dans cette conversation.

- Pourriez vous me parler de ces Gardiennes que vous citez? Dans quelle mesure défendent-elles la Harpe, et qui sont-elles? Je m'interesse beaucoup aux coutumes de votre peuple voyez vous. De plus j'ai besoin de ces quelques éclaircissements pour savoir si mes informations sont exactes, et peut être fournir une aide dans les faibles moyens que pourraient apporter mon Clan...

Un peu de fausse modestie ne pouvait jamais nuire, surtout quand on savait la quantité de soldat que représentait ce faible clan. Qui dit armée dit espions, et qui dit savoir dit pouvoir. Or les Anra avaient une armée conséquente, et nombre d'érudits dans leurs rangs. L'information est une denrée rare et coûteuse...

Ana vit dans le regard du jeune clerc un défi qu'il lui lançait. "Ouvre la bouche pour voir" semblait-il dire.
Comme si qui que ce soit lui avait déjà dit que faire ou non...

*Et bien soit, qu'il lui pose ses questions ! Connaissant la bougresse et si j'ai raison sur ce qu'il s'est réellement passé il n'aura guère de précision en plus ce curieux. Fais lui donc voir qui tu es Adwel ! Pfff, croit-il vraiment qu'elle ne connait ni la puissance ni la politique des Anras ? Comme si ce clan Fédoriens avaient quoi que ce soit à faire pour la Harpe... Je suis tolérante et respectueuse des autres peuples mais il y a des affaires ou chacun doit rester chez soi ! Et il se dit cultivé...*

Sur ses pensées, Anashin ne pipa mot mais ne put cependant s'empêcher de rire de plaisir en imaginant déjà la réponse de sa camarade. Cela promettait d'être cinglant surtout que dans cet état de fatigue elle n'aurait ni la force ni l'envie de se modérer...
Ana attendit donc sa réponse comme tous ceux autour de la table.

La jeune voleuse mangeait son pain en écoutant le Fedorien. Il avait l'air d'être avide de réponses... cependant, ces réponses concernaient un sujet trop délicat s'il prenait le contrôle de la conversation. Elle était fatiguée... elle n'avait pas forcément envie de se lancer dans une joute verbale... Mais il serait mal poli de ne pas y répondre... Mal poli?...

La jeune femme se figea, une bouchée de pain dans la bouche, avala bruyamment accompagné d'une gorgée de bière.

- Et bien! que je suis mal polie! Nous ne nous sommes même pas présenté! Je suis Adwel Edelnius de Médiévir.

Puis Adweliwen poursuivit sur "l'interrogatoire" du clerc. Elle devait le satisfaire sans pour autant lui fournir d'informations importantes... et comme a son habitude, elle se rappela des exercices prodigués par son père.

- Merci pour le compliment mais je ne suis pas vraiment formée au soin. Juste les bases... et je n'ai vraiment rien fait d'exceptionnel si ce n'est faire un point de compression sur la plaie et endormir la douleur... ce qui a eu pour effet de l'endormir tout court.

*Voila pour le compliment qui ne sert a rien... Aller, un sujet plus difficile*

- En effet, comme je ne vous l'ai pas caché - de toute manières, tout Adreis sera bientôt mis au courent- la Harpe Marine a disparu. Dire qu'elle ait été volée est un peu tôt mais c'est la théorie a la fois la plus juste mais la moins probable. Dans tout les cas, je rejoint Anashin concernant votre potentiel voyage dans nos contrées. Certains fondamentalistes fourrent dans la tête du peuple que ce sont les "étrangers" qui ont participé a cette disparition.

Elle fit une pause dans son discours pour avaler une nouvelle bouchée de pain. Elle poursuivi, cette fois la bouche a moitié pleine, donnant au sujet une moindre importance déguisée.

- Pour nos coutumes, les Gardiennes sont surtout des Gardiennes spirituelles. Elles gèrent le culte de la Harpe et c'est dans cette mesure qu'elles en sont responsables.

Disons que c'était la version officielle... peu de personnes connaissaient la vérité de toute manière. Après ce discours, Adwel bailla... mais elle aimait malgré elle cet exercice.

Veka avait besoin de temps et de concentration pour réfléchir à tout ça. Il pensait déjà à certains courriers qu'il allait devoir écrire. Cette Adwel Edelnius, il devait savoir qui elle était. Malgré ses manières vulgaires, il sentait qu'elle en savait bien plus.

Et il voyait bien que contre elles deux réunis, il ne servait à rien de continuer sur la voie de l'intimidation. De plus il ne souhaitait pas entraîner la jeune Dédrane silencieuse dans un conflit.

Il se leva et saluant les femmes dit:
- Je vous remercie. Je suis las et je pense que vous l'êtes aussi, prenons un temps de repos avant de reparler de tout cela.
J'espère que votre ami se remettra vite, je vais pour ma part me reposer un peu.

Se souvenant du commentaire au sujet des chambres toutes louées, il se dirigea vers la porte. Un somme à l'air libre lui conviendrait aussi bien.
Il hocha une dernière fois la tête pour saluer et sortit.

HRP/ Tadam, période révision qui commence, rp off pour moi ici vu que j'ai pas mal d'autres trucs a gérer, et que jveux bosser. Bonne continuation jusqu'à mon retour./HRP

La nuit avait été longue pour sorcier qui sortit de sa torpeur en milieu d'après-midi, assis sur le lit, le visage enfouit dans ses mains il réfléchissait.

"Aurais-je put faire du mal a des gens pendant mon sommeil"

puis d'un mouvement hasardeux, il entrepris de s'habiller pour descendre manger un morceau et vérifier que tout était en ordre au rez-de chaussé. La salle n'était pas bien éclairer, ou les yeux du shalos lui jouaient des tour, le réveille difficile, mais une personne attira tout de même son attention, une femme, armée. Descendant tant bien que mal les marches pour déjeuner Sun ne put s'empêcher de chercher qui elle était.

"Mais oui, elle était la quand je suis arrivé, seul a scruter les ombres, est ce elle qui aurai déposer le morceau de papier qui était dans ma chambre ? ..., non"

Ensuite le sorcier s'installa au comptoir, tournant le dos au deux femmes, commanda de quoi se restaurer et quand le repas fut avalé, au moment de payer, il se rendit compte qu'il n'avait plus une seul pièce d'or et qu'il ne possédait rien de valeur pour régler sa dette

Aubergiste: Il faut me payer ou j'appelle les gardes

Sun: Monsieur, j'avais de l'or en me couchant, et je n'en avait plus en me levant, et...

Aubergiste: je m'en fiche, payer ou aller au diable