La Taverne de Veis

La pluie lui faisait un bien fou, la revigorant encore mieux que le peu de nourriture qu'elle venait d'ingurgiter. Peut être était elle une fleur au fond?

- Regarde moi Sendaë, je vais danser pour toi!

Fanaa s'agenouilla sur le sol détrempé, fit le dos rond, joignit les mains et ferma les yeux. Concentrée, elle ressentait les pulsations de la terre, les gouttes d'eau bien sûr, le chant du vent, et tous les sons alentours. La pluie lavait son esprit de toutes ses angoisses des dernières heures. Il lui semblait même qu'elle effaçait ses affreuses marques.
Elle resta quelques secondes totalement immobile, dans l'attente... dans l'obscurité, elle était quasiment invisible.

Un premier éclair illumina le décor et elle commença à se mouvoir. Ses bras se détendirent et esquissèrent comme de lents battements d'ailes, tandis qu'elle se relevait doucement. Elle débuta de manière lente et gracieuse, ainsi que sa chère mère avait coutume de danser, puis la chorégraphie s'accéléra, aux tours s'ajoutèrent des sauts de plus en plus hauts, avec ses grands jetés, elle semblait voler, oui, c'était cela. Son ballet racontait un oiseau balloté par l'orage, qui tentait malgré la violence des éléments, de garder le cap. Et qui y réussissait malgré sa petite taille.
Dans l'évolution de l'histoire, l'on pouvait reconnaitre qu'après avoir difficilement lutté, l'oiselle choisit de s'accorder aux éléments, de se laisser mener, de glisser sur ces rafales qui voulaient la jeter au sol. Glissant sur les courants, elle prit de la vitesse, sa rapidité aurait fait pâlir le plus agile des rapaces, mais c'était la cadet de ses soucis.
Fanaa était totalement l'oiselle qu'elle jouait, elle ne pensait plus à rien, ne percevait pas ce qui était en dehors de sa danse. Elle suivait le vent, elle utilisait la pluie comme un élément à part entière de sa démonstration, elle tentait de s'accordait aux roulements de tonnerre. La mélodie naturelle se faisait toute seule, la jeune femme la sentait chanter en elle, et il lui suffisait de la suivre. Cela pouvait sembler simple, mais avait en fait, demandé beaucoup d'entrainement. Entrainement qu'elle ne pratiquait plus aussi sérieusement qu'auparavant, il est vrai, mais la danse était de ces choses qui faisaient partie d'elle et qu'elle ne pourrait jamais perdre.

Enfin elle trouva un endroit à l'abri et put se poser, secouer ses plumes puis les ébouriffer pour ce repos qu'elle avait bien mérité après un tel vol. Mais le destin de l'oiselle semblait différent. Alors qu'elle se pensait sortie d'affaire, une rafale plus violente la projeta vers le sol et la pauvre rendit son dernier souffle en pépiant douloureusement. Ses ailes avaient été brisées dans la chute.

Fanaa se releva, trempée mais détendue et propre de corps et d'esprit. La jeune femme fit un autre signe de la main à Sendaë puis alla s'appuyer d'une main contre le mur de la taverne tandis que de l'autre elle s'étirait les muscles des jambes afin d'éviter les crampes qui pouvaient survenir car elle ne s'était pas vraiment préparée à de tesl efforts. Des efforts vraiment agréables!

Hakuren leva les yeux de son carnet et regarda le dédrane

- Les plantes qui poussent dans votre pays ont toujours faciné ma mère... Ce serait avec plaisir que nous pourrions discuter de cela.

L'Ilymis esquissa un mouvement, puis un autre... a priori, tout s'était bien passé. Hakuren allait inscrire les résultats de ses observations quand la clerc plaça devant elle un parchemin. La mage fronça les sourcils

- Ah? vraiment...? Elle grifonna quelques phrases C'est étonnant... peut-être une autre espèce... ou une espèce transformée... Cela devrait de toutes manière être temporaire... et puis cela repose les cordes vocales.

Elle lu la suite du message et eu un petit sourire

- Messieurs, cette jeune fille souhaiterait que vous réfreignez vos envies sanguinaires... Et vous montrer ses talents dans la diplomatie.

L'Ilymis s'approcha alors de son boureau et entrepris d'utiliser sa magie. La mage dit d'un ton de curiosité

- Ou en tout cas l'art de la magie...?

Une lueur d'interet venait de s'inviter dans ses yeux bleus.

Eh bien, devant un pareil accueil, Michael préfera se retirer. Autant il savait qu'il lui devait quelque chose, autant ce détachement l'agaçait. Il était peut être feint, mais il ne pouvait s'empecher de tiquer devant ce manque d'émotions. Les gens de glace ne le laissait pas vraiment de marbre. Enfin, tout en attendant patiemment, Michael eut la bonne surprise de voir l'ilimis paralysée retrouver sa liberté de mouvement. Avec un petit défaut, pas encore de voix pour un petit moment il semblerait vu le bout de papier qu'elle montrait. Curieux, le jeune homme attrapa le bout de papier, ne faisant que peu d'attention à Hakuren. Intrigué, il releva la tête pour regarder la jeune femme s'affairer sur le corps de l'homme étendue.

-Je veus bien voir la démonstration, mais je suis septique pour l'instant. L'elixia est puissante, mais au point de changer le coeur des hommes, j'en doute.

Les minutes suivantes ne furent pas plus riches d'informations. Une lumière dorée, et c'était tout. Michael se demanda quelque secondes si il devait réveiller le gars. Mais le risque de se faire purifier par une adepte de la lumière ne valait pas vraiment la satisfaction d'un coup de pied. Comme pour le dissuader, le patron l'appela, son repas entre les mains. Avec un sourire de satisfaction, le mercenaire s'avança vers les deux plateaux avant d'entrapercevoir une ombre au dehors. Une ombre qui semblait être tombé. Recréant mentalement l'architecture de l'auberge, il en conclut que la chambre qu'il avait quitté devait se situer approximativemment au dessus du point de chute. Cette révelation lui fit équarquiller les yeux et détaler à toute vitesse.

-Gardez les moi ! Mais c'est pas vrai !!!

Michael déboula en trombe sur le pas de la taverne. Reprenant son souffle, il regarda autour de lui avec attention, cherchant une forme sombre étendue sur le sol. Pour ne rien arranger les choses, un orage semblait s'approcher, rendant la scène encore plus obscure, sans compter la pluie qui le frigorifiait. Forcément, lorsque l'on vit dans un pays chaud et que sa tenue se résumait à un simple sans manche avec un panalon de toile, cette eau était loin d'être providentielle. Poussant un juron étouffé par un grondement, il sortit sous les gouttes cherchant Fanaa.

-Rahhh !

Répondant à son grognement, un éclair frappa le sol, illuminant les environs pour une seconde, une seconde suffisante pour voir une forme noire plus loin. Mais avant qu'il n'ait le temps de s'avancer, Fanaa se redressa doucement avec des mouvements gracieux. Michael se stoppa aussitôt et s'assis. Il était loin d'être un expert dans la danse, mais il savait reconnaître les mouvements d'un artiste, quel qu'il soit. S'installant le plus confortablement possible sous la pluie battante, il laissa un sourire lui monter aux lèvres en passant qu'il allait bientôt être récompensé. La suite se passa dans une histoire porté par les éléments. Les mouvements de Fanaa racontant avec précision l'histoire d'un simple volatile, mais Michael avait l'impression que les phénomènes naturels réagissaient en concert avec l'histoire. Là une brise rafraichissante, ici, un rideau de pluie qui s'ouvrait, un nuage dévoilant ou cachant la danseuse par la lueur de la lune, ou encore un éclair qui tombait toujours au moment opportun. La fin apparut avant qu'il n'ait le temps de réaliser que la danse avait commençé. Pourtant, il était frigorifié du au temps passé dehors. Michael s'ébroua pour chasser les mèches de cheveux qui tombaient sur son visage. Reprenant peu à peu ses esprits, il leva ses deux mains et les tapa tranquillement l'une dans l'autre, le regard encore dans le vague.

-Magnifique, et bravo. Je suis parfaitement remboursée ma dame.

Le jeune homme se releva en s'ébrouant une nouvelle fois et s'inclina légerement, rendnat hommage au travail de l'artiste.

-Je rentre à l'intérieur. Tu n'est aps à l'aise avec le monde, moi c'est plutôt avec ce climat. A tout de suite.

Secouant sa tête, il rentra dans la chaleur de l'auberge, et s'adossa au mur le plus proche, la tête ecore dans les nuages. Il ne devait pas avoir fier allure. Ses cheveux trempés, sa chemise blanche devenant transparente et lui collant à la peau, grelottant légerement à la peau, mais son regard était à des lieux de là. En s'y plongeant, on pouvait distinguer une myriade d'images obscurcies par un seul trait. Une fin sur la mort du personnage principal, vaincu par la nature. Il n'avait jamais accroché au pessimisme, et c'était la seule zone qu'il pouvait dénigrer. Mais même avec cela, il était parti pour un bon bout de temps, se demandant de temps à autres ce que donnerait l'union de la musique de Kyara et de la danse de Fanaa. A cette idée, ces yeux pétillèrent en même temps que son sourire s'élargit, amusé malgrès lui.

à la remarque de Michaël, Nëalys lâcha un profond soupir. Personne n'avait parlé (enfin écrit) de changer le coeur des hommes... Avec eux, le changement devait se faire à un autre niveau pour que la punition soit efficace. Du pied elle retourna l'individu. Qui n'était plus un mais une. *Divinité, il n'était déjà pas bien beau, mais comme femme c'est encore pire. Enfin.*

Bien sûr, le sortilège ne durerait pas plus de quelques semaines. Mais il aurait l'effet indésirable après réversion d'ôter au sujet ses "capacités viriles", ce qui semblait à l'Ilymis une correction suffisante, bien plus humiliante qu'une bastonnade et bien plus ragoutante qu'un meurtre.

Elle se saisit d'un pichet d'eau sur une table proche et le renversa sur la tête de la nouvelle membre de la gent féminine.

-Qu'est-ce que... Mais ce n'est pas ma voix! Ni mon... - elle braqua son regard sur Nëalys debout devant elle - Qu'est-ce que tu m'as fait, sorcière?

L'Ilymis se contenta de sourire largement et de hausser les épaules.

- Ne te fiche pas de moi ou... heu...

Elle se rendit compte que nombre de clients la regardaient, et que beaucoup riaient franchement de sa mésaventure. Quelques mercenaires des deux sexes s'étaient également approchés, ce qui lui ôtait vraisemblablement le loisir de se venger par la violence. Si toutefois elle en avait été capable avec ce nouveau corps. Rouge de honte, elle décida de chercher son salut dans la fuite. Se relevant, elle courut vers la porte de sortie, trébuchant plusieurs fois sur le chemin, pour le plus grand plaisirs des moqueurs.
Certains convives, à la conscience peut-être un peu plus lourde que les autres, dévisageaient craintivement Nëalys, décidés à ne pas s'attirer les foudres de cette femme.
Reprenant plume, parchemin et encrier, elle griffonna simplement "Et voilà."

Les yeux emplis d'étonnement et de curiosité, Hakuren ne pu qu'émettre un

- Intéressant!

Elle se jeta su sa page qu'elle remplie de son écriture fine

- Je n'aurais jamais cru ça de la Lumière...

Un coup d'œil vers la porte, la mage vis le fénorien trempé et gelé... Elle haussa des épaules et reporta son intérêt sur l'Ilymis

- Vous... vous en avez d'autres comme cela?

L'Ilymis était intriguée par la question de la femme. Elle reprit son parchemin (qu'il lui faudrait bientôt changer)

"Et bien, même si le terme n'est pas flatteur, je suis effectivement une "sorcière". Les membres du temple d'Ilymir sont éduqués pour refuser la violence, à moins qu'elle ne soit absolument nécessaire. "La violence est le refuge de l'incompétence" [HRP] un bon point pour celui qui trouve l'origine de la citation [/hrp] Mais il ne faut tout de même pas croire que nous sommes dépourvus de moyens pour nous défendre, lorsque les circonstances le justifient. Les routes sont dangereuses, et nous savons très bien que tous les humains n'ont pas notre morale. Pour répondre plus directement à votre interrogation, oui, j'en ai quelques autres."

- Michael?

Le fédorien l'avait donc vue? Et il semblait avoir grandement apprécié la démonstration. Cela aurait pu drôlement flatter Fanaa si...

- Merci mais tu sais c'était juste un entrainement. je n'étais pas chauffée, je prévoyais quelque chose d'autre pour toi, qui vaille vraiment la peine.

Elle le suivit et s'essora les cheveux à l'entrée. C'était à croire qu'elle passerait chaque fois la porte trempée comme une soupe. Syld avait raison de la traiter de grenouille bouh!
Michael était plutôt sexy avec sa chemise collée à la peau. Si l'on en croyait les regards de quelques personnes féminines de l'assemblée, l'eau avait eu raison de dévoiler quelque peu le torse de celui qui craignait tant les femmes.

Jetant un coup d'oeil craintif et surpris vers la fenêtre, elle continua pensive.

- Je crois qu'il y a des gens dehors. Pourquoi ne rentrent ils pas à l'abri à ton avis?

Sans attendre une quelconque réponse, la jeune femme s'en repartit vers la fenêtre et plissa les yeux. La pluie tombait toujours aussi drue mais les roulements de tonnerre se faisaient plus espacés. Il y avait des silhouettes qui se mouvaient comme des ombres. En fait elles seraient passées tout à fait inaperçues sans l'éclair soudain qui les dévoila durant une demi-seconde. Fanaa put en dénombrer trois, encapuchonnées qui disparurent aussitôt, enveloppées dans la noirceur opaque de la nuit. Il y eut un second éclair qui ne dévoila plus rien cette fois. La jeune femme cligna des yeux, aurait elle rêvé?
Elle réalisa que Syld était à quelques pas, et habillé de son manteau.

- Tu pars?

*Oh non! Pas déjà! Va t il seulement revenir cette fois encore?*

- Tu devrais peut être attendre demain non? Si tu pars en pleine nuit ça peut être dangereux. Oh je sais que tu ne crains rien! se hâta-t-elle d'ajouter. Seulement...

Son regard se perdit dans le vague.

- Comment te défendrais tu face à un homme sans visa... Mais Syld! Ton bandeau est beaucoup trop serré!

De fait, en le remettant, il l'avait déplacé d'un millimètre, juste assez pour qu'une personne observatrice remarque la marque laissée par la précédente position. Déjà, les doigts fins de la danseuse effleuraient le tissu noir et s'affairaient à desserrer le noeud sans pour autant le défaire complètement.

Le ménestrel avait pris du bon temps en discutant avec des inconnus au comptoir, mais il commençait à se sentir las. *Un peu d'air frais me ferait sans doute du bien.*
S'excusant auprès du petit groupe de clients, il sortit de l'auberge, passant à l'entrée près d'un jeune homme et d'une femme qu'il crût reconnaitre, sans toutefois chercher à vérifier s'il avait raison. Pour certains, il faisait un temps à ne pas laisser un moo dehors, mais le Mediovien, comme il se devait, aimait l'eau, et sa fraicheur sur son visage le revigorait. Cherchant la solitude, il s'éloigna de l'auberge avant de s'arrêter à une distance le garantissant d'éventuels clients qui comme lui, pourraient vouloir sortir pour des raisons n'appartenant qu'à eux. Là, il étendit les bras, ferma les yeux, et se laissa aller aux sensations que lui procurait la pluie glissant sur sa peau. Ce fut sans doute ce qui le perdit. Car soudain, une vive douleur lui vrilla le crâne et il sombra dans l'inconscience.

- On a bien fait de surveiller les auberges! C'est un grand Shalos vêtu de noir qui avait prononcé ces mots. Un second homme visiblement issu du même peuple lui répondit, après avoir rangé la matraque qui venait d'assommer le ménestrel.

- Oui, c'était un job presque trop facile. Franchement, non seulement notre proie rejoint une des tavernes les plus fréquentées sur la route, mais en plus il se donne en spectacle puis sort à découvert. M'est avis que c'est un idiot.

- On s'en moque, c'est de l'argent d'autant plus facilement gagné - Intervint une troisième voix - Trève de bavardages inutiles. - Au plus grand de ses acolytes - La Perche, tu restes à faire le guet pendant qu'on porte le colis à la carriole. Ce serait stupide de se faire pincer maintenant. S'il y a un problème que tu penses pouvoir régler seul, fais-le. S'il y a un souci trop gros pour toi, signale-le et file. Notre mission c'est de ramener ce lascar vivant à Shalanos pour encaisser la monnaie, point barre. On sifflera dès qu'on sera prêts.

- Ouais, ouais, je sais tout ça, tu me prends pour un bleu ou quoi? C'est toi qui bavasse là. Allez, faites ce que vous avez à faire.

Les Shalos se turent. Deux d'entre eux saisirent le ménestrel avant de disparaître dans les fourrés en direction de la route, tandis que celui qu'ils surnommaient La Perche surveillait la direction de l'auberge...

Syld se figea tout net lorsque les doigts de Fanaa touchèrent son bandeau.
Il avait depuis longtemps appris à se maîtriser quand quelqu'un s'intéressait d'un peu trop près à ce détail, mais c'était tout juste...

Tout doucement, il prit les poignets de la jeune femme pour l'obliger à retirer ses doigts. Ses gestes étaient lents, précautionneux à l'extrême, comme s'il manipulait un cristal si fragile qu'un souffle suffirait à le briser. En vérité cette délicatesse exagérée cachait l'immense effort que l'assassin devait faire pour se contenir.
Et sa voix fut encore plus douce au moment où il s'adressa à Fanaa :
- C'est très bien comme ça, je t'assure.

Il laissa filer quelques secondes avant de reprendre comme si de rien n'était :
- Il faut que j'aille prendre quelques affaires à la maison.

Syld jeta un bref coup d'oeil vers le voile de ténèbres qui obscurcissait les fenêtres puis haussa les épaules avec un sourire insouciant.

- Et je suis un Shalos... j'aime la nuit. L'obscurité est notre élément de prédilection, après tout.

A nouveau détendu, il balaya la salle du regard, non sans noter dans un coin de sa tête "Se méfier des mages Ilymis... voire même des mages tout court" au passage. Imaginer que le sortilège que Nëalys venait d'utiliser vienne à se répandre suffisait à lui donner des sueurs froides.
Non qu'il craigne un acte vengeur de ce genre de la part d'une de ses conquêtes... C'étaient plutôt les pères, frères, cousins, maris et autre amants jaloux de ces dernières qui se seraient sans doute fait une joie d'expérimenter pareille infamie sur sa personne.
Une telle mésaventure serait diablement ennuyeuse, quand même...

Subitement pressé (conscience chargée ? Non, si peu ...), le jeune homme releva la vaste capuche de son manteau puis gagna la porte sans attendre. Une rafale de vent chargée de pluie l'accueillit sur le perron, le forçant à se détourner à demi.
La route devant la taverne s'était changée en une rivière de boue qui clapota désagréablement sous la semelle de ses bottes.

- Eh bien, heureusement que j'aime aussi le mauvais temps....

- Mais tu vas te faire mal…

Si Fanaa eut très froid, ce ne fut pas à cause de toute cette eau sur elle, mais plutôt de la réaction du chenapan. Ses gestes furent doux, tout comme ça voix. Il ne cria pas cette fois et ne lui fit pas mal. Seulement… il ne lui faisait toujours pas confiance. Pourquoi ? Peut être à cause de Fedoran. Ou encore de ce qui était arrivé bien avant. Ou alors… non. Elle n’allait pas encore se mettre à ressasser des horreurs. C’était malsain et inutile. Elle l’avait vu mais lui semblait ne pas s’en rappeler. Ou ne pas vouloir se le remémorer. Peut être était il aussi gêné qu’elle dans sa particularité ? Fanaa aurait bien voulu lui parler à cœur ouvert à cet instant mais il y avait trop de monde. Elle le lui dirait plus tard ou peut être pas.
La jeune femme faillit réagir quand il ajouta que les shalos aimaient l’obscurité.

- Mais tu n’es… elle se mordit la lèvre pour s’empêcher de continuer, redoutant sa réaction. Lui ne l’avait pas entendue et sortait déjà sur le perron.

Si elle hésita, ce ne fut que pour décider si elle montait chercher ses bottes et sa cape, mais sa décision était prise, elle partirait aussi. Quelques minutes plus tard elle était hors de l’auberge ses vêtements trempés cachés sous le tissu de sa mante mais la tête découverte.

- Le dernier arrivé au croisement… euh… sera un moo à 3 pattes !

Lança-t-elle avant de détaler. Courant et pataugeant, elle fit un léger détour par le petit bosquet et de ce fait, ne passa pas tout à fait par le chemin gardé par La Perche. Au carrefour qui se trouvait être le point d’arrivée se trouvait une carriole. Il était dur de distinguer sa couleur dans cette obscurité mais une certitude : elle ne roulait pas. Fanaa se demanda si elle devait leur indiquer la route de la taverne (peut être étaient ils perdus) quand quelqu’un siffla.
D’ordinaire, les krobeaux sifflaient avant de passer à l’attaque. Par réflexe, Fanaa s’accroupit. Finalement, il valait mieux passer inaperçue.

L'assassin émit un léger ricanement.

- Nos envies sanguinaires ? Allons, je proposais juste un service ! Ne pas tuer cet abruti ne m'empêchera pas de dormir.

Tout en écoutant Syld, le Shalos observait la réaction du bourreau devenu victime, et éclata de rire.

- Magnifique ! J'avais pensé à quelque chose d'approchant, quoiqu'ayant un caractère plus... définitif.
Voyant du coin de l'œil son compagnon finir par sortir, l'assassin s'excusa auprès des convives.

- Bien, ceci étant réglé...

Dans un tourbillon de tissu noir qui laissa une partie des spectateurs songeurs quand à la nature du mouvement qu'il venait d'exécuter, le Shalos se leva et s'inclina profondément, une main sur le cœur, devant les autres.

- Bien que cette soirée en si plaisante compagnie s'avère intéressante, je me vois obligé de me retirer. Veuillez m'excuser, et je vous souhaite une excellente soirée... En attendant le plaisir de vous retrouver.

Phrase qu'il ponctua d'un clin d'oeil et d'un léger sourire, avant de sortir aussi discrètement qu'une Ombre. Après quelques secondes passées à s'habituer à l'humidité et au froid ambiant, il tomba sur Syld et Fanaa, cette dernière partant presque aussitôt en courant. S'approchant de Syld, il lâcha :

- Tu aurais quand même pu attendre le matin... Mais je comprends que tu ai envie de... bouger.

Remontant sa capuche sur sa tête pour se protéger quelque peu de la pluie qui tombait presque à l'horizontale tellement le vent était fort, il continua :

- On ferai mieux d'y aller avant de finir aussi trempés que des Grobuls... Il devrait pleuvoir moins dans le Dregnir...

Au coup de sifflet, La Perche rejoignit ses compagnons.

- Bon, on est parés?

- Ouais, colis empaqueté. On lui a administré une dose de soporifique histoire qu'il ne pose pas de souci pendant le voyage.

- Bon, alors allons-y, plus vite on l'aura livré, plus vite on pourra passer à autre chose. C'était un job facile, mais j'le sens pas. Y a comme quelque chose qui me dérange. Qu'est-ce t'en penses l'Serpent?

- J'en pense que c'est le problème de la Guilde et du commanditaire, pas le nôtre. Tu grimpes ou tu préfères faire le trajet à pied?

La Perche grimpa dans la carriole tandis que le troisième homme, apparemment indifférent aux bavardages des deux autres, s'installait sur le siège du cocher. Peu de temps après, le véhicule s'ébranla, puis accéléra une fois que les coureurs qui le tiraient eurent pris suffisamment d'élan. Ils filaient en direction de Shalanos...

Spoiler:

- De toute façon ça risque d'être difficile d'arriver autrement que trempés, remarqua Syld en rabattant les pans de son manteau qui claquaient au vent comme les ailes d'un oiseau prêt à prendre son envol.

Initialement prévu pour prémunir de la chaleur, le vêtement protégeait aussi peu du froid que de la pluie, cependant cela ne semblait guère déranger celui qui se trouvait à l'intérieur.

Les nuits sans lunes étaient rares, et donc les nuits vraiment noires l'étaient tout autant. L'obscurité totale ne régnait que dans les souterrains les plus profonds, mais il s'agissait-là d'une obscurité "immobile", étouffante. Il manquait la vie qui anime les nuits de tempête.
Bon, d'accord, il pleuvait... mais après l'atmosphère surchauffée de la taverne, rien de tel qu'un bon décrassage.

Bref, Syld commençait déjà à sentir ses vêtements humides se coller à sa peau et semblait malgré tout de bonne humeur.

Seule part de son être qui ne paraisse pas s'être fondue dans la noirceur environnante, son oeil balaya les ténèbres mouvantes qui avaient remplacé le paysage d'un regard vert et presque phosphorescent comme celui d'un fauve.

- Fanaa, je pense que tu peux te lever, là...

Enjambant les profondes ornières que les roues avaient creusées dans la boue et choisissant l'air de rien les endroits où il posait ses pieds, le jeune homme lança par-dessus son épaule :
- On ne t'attendra pas si tu traînes en route.

Hakuren vit alors le résultat du sort de lumière...

- Cela est ma foi fort prodigieux! La lumière a des propriétés très interessantes! Il va falloir qu'on parle ensemble aussi... Elle se rendit compte de sa maladresse Enfin... "parler" ou "écrire"...

La femme aux cheveux blancs écrivait de nouvelles lignes dans son carnet alors que la victime du sort Ilymis prenait les jambes a son cou... Visiblement, il/elle n'était pas heureux/se de son sort... Hakuren compta ensuite les pages restantes de son carnet

-Bientot terminé... la taverne permet d'être très productif! très très bien!

La mage se mis alors a observer de nouveau les personnes présentes.

- Le beau Shalos et le Médiovien sont partis? domage, j'avais quelques questions a leur poser...

Sendaë avait regarder la demonstration de danse de son amie du haut de la fenêtre avec le plus grand interet et dans le plus complet des silences. Tant de grâce et tant de beauté réunies dans une même et unique personne, un ange tombé du ciel en ces terres qu'un noir seigneur convoite... quelle tristesse.

*J'espère qu'il y a plus de gens comme toi en ce monde Fanaa; il en aura bien besoin après le passage de Valnor.*

Elle regarda Fanaa terminer sa corégraphie, puis les apparitions successive de Michael et Syld. Que faisait ce damné brigand dehors alors qu'il devait se reposer et rester confortablement au chaud.

*Pas vraiment dans ta nature bougre d'idiot...*

En regardant avec un peu plus d'attention, elle compris qu'il était sur le départ... et Fanaa avait l'air de vouloir le suivre.
Puisque son amie partait elle l'accompagnerait aussi. N'avait elle pas fait un serment?
La Dedrane rangea son fouilli alchimique étalé sur le sol et le rangea dans son sac...
Elle posa un regard professionel sur les ingrédient qui lui restaient afin de faire un inventaire.

*Plus de Dolciane, presque plus de Fleur de Givre et il me reste que quelques potions. Il va falloir que je fasse le plein lors de notre voyage.*

LA chasseresse saisit son manteau de voyage et l'enfila precipitement. Elle sorti de sa bourse de quoi payer son séjour et déscendit l'escalier grinçant à cause de l'humidité.
Elle fila rapidement vers le comptoir et jeta son argent à la responsable.

"Voila de quoi payer la chambre et un petit surplus pour le dérangement. Je reviendrai vous voir pour vous assurer ma clientèle."

Puis sans attendre de réponse, la Dedrane rabati sa capuche sur son visage et quitta la taverne de Veis en courant sur les traces de Fanaa et Syld qu'elle rattrapa bientot. Une grande silhouette longiligne familière marchait avec eux. Soghann.
Avançant discrètement en évitant les flaques de bout qui la ferait repérer, elle arriva au niveau de Fanaa et posa la main sur son épaule et murmura à l'oreille de la jeune femme.

"Tu comptais partir sans m'avertir? Une promesse est une promesse et je ne te laisserai pas seule. Plus jamais."

Snedaë tendit la main à sa compagne et l'aida à se relever.

"Dépêche toi, je ne pense pas qu'ils fassent de l'humour lorsqu'ils disent qu'ils ne t'attendront pas."

Un parchemin dansant devant elle, hakuren leva les yeux. L'Ilymis muette venait de s'installer. La lévitis posa son crayon et ferma son carnet.

- Mais bien sur, je vous en pris. Je suis Hakuren, Mage du vent spécialisée dans le controle de la température et du gel. Je suis ici pour étudier les gens d'en bas alors que je voulais rester dans les airs... mais bref... elle soupira ceux d'en bas recellent pour certains quelques particularités interessantes.

Elle fit une petite pause et observa les trait de son invitée

Mais d'aillieur, qu'est ce qui vous aimène ici vous?

La mage du vent attendit le parchemin de l'Ilymis. Une fois reçu, elle le parcouru des yeux.

- Et bien oui, c'est une question indiscrète pour quelqu'un qui ne connait pas la vie d'en-haut. Mais pour faire court, je suis encore une apprentie, je fais donc ce devoir de thèse qu'on m'impose. J'aurais 1000 fois préférer m'occuper de l'étude de la nature du vent mais comme je suis "trop" brillante dans ce domaine et dans bien d'autre, me voila en bas pour étudier ce qu'on donnerait a faire a des observateurs... c'est désolant...

La femme aux cheveux long soupira puis repris

-Mais vous avez raison, et votre peuple est étrangement interressant... Si vous le souhaiter, je voudrais vous observer... puisque c'est mon travail...

Elle leva le bras appelant une serveuse.

-Vous me resservez de ce breuvage... hum... se tournant vers son invitée vous voulez quelque chose?

Michael resta un long moment dans le vague, suivant discrètement des yeux l'homme changé en femme qui s'enfuyait à toute vitesse dans la nuit. Le jeune homme se décala pour l'observer fuir quelques instants, il allait devoir faire quelques remarques plus tard surement. Autour de lui, tous partait, l'un après l'autre. Syld, Soghann, Sendae, Fanaa... Le mercenaire hésita. Devait t'il la suivre vu son état ? Il haussa les épaules et se réinstalla confortablement contre son mur. Elle devait être en de bonnes mains, et il n'avait pas été engagé comme nounou non plus. Pourtant lorsque un sifflement sonore se fit entendre, il ne pût s'empecher de jeter un coup d'oeil par la fenetre. Peine perdue, avec la pluie et la nuit, impossible de voir à plus de quelques pas. Il ne pourrait même pas suivre les traces d'un ours par ce temps, alors d'un inconnu...

-N'empeche, je n'aime pas cela. Enfin bon.

Etouffant un grognement, il se dégagea et regarda rapidement qui il pouvait rester ici. le grand guerrier semblait absorbé, le reste...Bon dieu, 3 individus plongé dans leurs notes...

-La taverne c'est changé en réunion littéraire ?

Ce disant, le jeune homme regarda rapidement par dessus l'épaule de l'ilymis histoire de comprendre ce qu'elle "disait". Cela lui arracha un léger sourire.

-Intéressant, chez les ilymis, pour mater une division utilisant la violence, on envoie quelqu'un de fondamentalement pacifique. J'avoue que je suis curieux.

Le mercenaire se recula d'un pas, n'ayant que peu d'envie de trop aprocher les jeunes femmes. Mais, il était intrigué. La soif de connaissances, il la connaissait, malgrès son statut, et il avait l'impression que ces deux jeunes femmes pouvaient lui apprendre bien des choses. Tirant une chaise, il s'installa un peu à l'écart pour ne pas s'imposer, mais à portée de voix et de regard.

Sans relever les yeux vers le Fédoran qui lui avait demandé de l'aide pour la Shalos, Hakuren répondit

- Je suis aussi intéressée par cette histoire... autant que vous le fédoran... Mais si vous voulez vraiment vous joindre a nous, venez plus pres, il vous sera d'autant plus facile pour participer a notre conversation.

Puis elle leva les yeux vers l'Ilymis

- Vous auriez plus amples informations sur ces renégats? Vous savez où ils se trouvent?

Kyara ouvrit brusquement les yeux. Depuis combien de temps était-elle dans cette semi-inconscience ? La musique avait cessé, depuis un moment déjà au vu du « calme » qui régnait dans l’auberge. La shalos regarda autour et se rendit compte que les personnes qu’elle connaissait étaient parties. Elle remarqua tout de même Michael attablé avec deux demoiselles. Elle leva légèrement un sourcil puis haussa les épaules. Qu’importait de toute façon? Elle fit, du regard, à nouveau le tour de la salle. Le ménestrel avait disparu ainsi que les deux compères et surtout Fanaa. Kyara réfléchit deux secondes et se rappela qu’elle l’avait vue sortir de l'auberge. Les autres auraient-ils fait de même ?

La shalos se leva de la table où elle était assise. Aucun souvenir de s'être installée à cet endroit. Serait-ce à cause de la musique ? Tandis qu’elle se posait des questions sur le pourquoi du comment, elle se rendit à l'extérieur, sous une fine pluie. La demoiselle ferma les yeux et tendit son visage à cette eau tombée du ciel. Puis elle baissa la tête, rouvrit les yeux et regarda autour d’elle pour voir si elle apercevait une connaissance... mais rien. Juste la nuit et la pluie, et des traces dans la boue. Elle soupira. Ils l’avaient encore laissée en arrière.

- D’accord, j’ai compris, grommela-t-elle, retour à Shalanos !!

Sur cette réflexion, Kyara prit la direction de Shalanos au pas de course.

Alors qu'il commençait seulement à s'installer confortablement sur sa chaise, une voix neutre l'invita à se rapprocher. Michael équarquilla légèrement les yeux en regardant la glaciale femme qui lui accordait une place. Un peu auparavant, il avait plutôt l'impression de géner, maintenant... Inutile de chercher à comprendre. Tirant une chaise à la tablée, il inclina la tête.

-Merci pour l'invitation.

Posant ses coudes sur la table, il se pencha un peu, essayant de lire les "paroles" de l'ilymis, toujours trop pressé pour attendre. Réussissant à déchiffrer un "monsieur le fédorien", il hocha de nouveau la tête de remerciement. Par contre, il fallait qu'il se présente car une appelation de ce style lui taperait rapidement sur les nerds. Il avait assez de "monsieur" au palais à Fédoran pour ne pas en rajouter dans ses voyages. Après quelques minutes de griffonage, le fédorien se réadossa à sa chaise, vu le sujet, inutile de mal interpréter en ne lisant qu'un mot sur deux. Impatients, mais pas crétin, il souscrivit à l'attente. Mais le peu qu'il avait déjà lu suffisait à lui faire fronçer les sourcils, des fanatiques, et elle ne disait rien au sujet de son plan. Comment une pacifique de nature pouvait elle faire fléchir un fou dans le genre de ce Calden ?

*Cela faisait longtemps que je n'avais pas eu un mauvais pressentiment...Ah non Fanaa. Bon dieu, les femmes ne me réussissent pas. Hum ?*

L'ilymis venait de terminer sa tirade et la retourna en direction des curieux qui penchèrent aussitôt la tête. Et plus le fédorien avançait dans sa lecture, moins il aimait la tournure que prenait cet évenement. Le jeune homme tourna la tête vers Hakuren. Celle ci semblait en avoir terminé avec la lecture. Michael en profita pour récuperer le feuillet, basculant légerement sa chaise pour mieux le lire. Les yeux plissés, l'expression sérieuse, il levait de temps à autre les yeux au ciel, semblant chercher quelque chose. D'entre ses lèvres, les jeunes femmes ne pouvait distinguer que quelques mots intelligibles entre les grognements de réflexion.

-...Pas normal...Fanatiques et voleur......Calden...Pas stupide...Rahhh...Convertir...pillage...

Se laissant retomber, il déposa la page avec un grognement exasperé, il y avait quelque chose qui ne tournait pas rond dans l'explication.

-Dans les environs, aucun village, juste la taverne. Merde, c'est pas normal cette attitude.

Le mercenaire se prit la tête entre les mains, il devait lui manquer une donnée si ces "chefs" n'étaient pas totalement stupides. Et même si ils l'étaient, le fait de les "reconvertir" était quasiment impossible. Un bruit sourd se fit entendre, l'arrachant à ses sombres pensées. Un bedonnant personnage venait de s'installer à grand fracas non loin d'eux, suivis par deux autres individus.

-Un peu de repos, et la dernière partie du voyage à faire. Ces marchandises vont bientôt me rapporter beaucoup à Shalanos.

Michael releva brusquement la tête en direction de l'homme. Celui ci le surprit par sa corpulence, pas obèse, mais bien en chair, associé à sa couleur de peau, noire comme la cendre. Premier shalos qu'il voyait qui n'était pas un premier prix de beauté tout de même. Habillé d'un riche tissu bleu fonçé rehaussé par de multiples bandes rouges, le pompon était tout de même cette sorte de volcan aplati qui lui tenait lieu de couvre chef. L'homme semblait être un marchand qui avait bien réussi sa vie. Derrière, les deux autres compères étaient bien plus discret. Portant des habits noirs amples, on ne parvenait pas bien à distinguer leurs mains, leurs trait ou simplement leur corpulence. Seules quelques mèches grises dépassaient qui semblait les déranger lorsqu'ils observaient la salle. Gardes du corps de tout évidence, et connaissant leurs affaires. Le mercenaire gromella quelque chose et se releva, adoptant une expression neutre, plus professionnelle. Après une inspiration, il s'avança entre les bancs et s'installa directement à la table du marchand.

-Vous avez besoin des services d'un bon mercenaire pour la dernière partie du voyage ?

Le shalos le regarda, irrité. Se détournant, il récupéra la bière apportée par la serveuse, en profitant pour reluquer copieusement son décolleté, avant de darder un regard, mi agacé, mi suspicieux.

-Non, je vous remercie. Nous sommes à la fin, seulement une demie-journée, et...Shalanos verrait d'un mauvais oeil que je ramène un étranger.

Inutile de suivre le regard du personnage. Michael se doutait qu'il était posé sur ses cheveux rouges, meilleure carte d'identité que tout ce qu'il pouvait montrer. Le fédorien le soupesa un instant du regard ( pas une mince affaire croyez le ).

-Elle verrait d'un plus mauvais oeil encore que vous vous fassiez dévaliser dans la dernière ligne droite. On a signalé une troupe de maraudeurs dans la zone. Krondak, cela doit vous dire quelque chose.

Le petit hoquet n'échappa pas au jeune homme, ni la mine tendue des deux autres ombres, prêtes à lui sauter dessus dans la seconde.

-Jamais entendu parler. Et pour les malandrins, j'ai déjà ces deux la, c'est ben suffisant.

-Ceux la ? En trente secondes.

-Comment ça trente secondes ?

-Il vaudrait mieux que nous sortions, je ne veus pas que vous ayez des ennuis par ma faute.

Aussitôt dit, aussitôt fait. Michael s'éclipsa sur le pas de la porte, hors de la zone d'action des mercenaires de la taverne. Le temps que les shalos arrivent, le jeune homme observa minutieusement le terrain et la pluie battante, faisant abstraction de l'agitation derrière lui, il écouta le doux chant des gouttes tombant du ciel. Se penchant légerement, il vérifia que son sac et son fourreau tenait bien en place, il allait en avoir besoin.

-Quoi trente secondes ?

Le fédorien s'avança sous la pluie avant de se retourner en désignant les deux gardes du corps, jetant dans le même temps son sac à ses cotés.

-En trente seconde je neutralise vos danseuses et je vous dévalise.

La réaction ne se fit pas attendre. Un sourire du marchand, et un des shalos disparut. Cessant de se découper à la lumière, il se fondit dans la nuit et la pluie. Michael inspira profondément. Ce n'est pas comme si il ne l'avait pas prévu, mais voir quelqu'un disparaitre d'un de ses sens était franchement déstabilisant. Le jeune homme expira longuement, gardant autant que possible la tête froide. Soudain, il porta la main à sa garde et se retourna, frappant verticalement l'espace derrière lui ou rien ne se trouvait. Qu'à cela ne tienne, glissant sur le sol mouillé et serrant sa lame à deux mains, il pivota et trancha horizontalement. Un éclair d'acier jaillit de nulle part et vint faire obstacle à la lame. Peine perdue, la force de la frappe scinda la protection en deux éclats. Un partant vers le haut, l'autre vers le bas.

*Deux couteaux.*

Ramenant sa lame, le mercenaire profita de l'inertie, fauchant la position supposé du garde du corps, projetant quelques mottes de terre au passage. Les deux éclairs tentèrent une nouvelle fois de s'opposer mais, à nouveau, la violence de la frappe les renvoya sur le coté. Décelant l'ouverture, Michael n'abbatit pas son épée, chargant à la place d'un solide coup d'épaule. Il ne voulait pas les tuer. Pivotant, il sonda les ténèbres. Le deuxième shalos n'était pas aux cotés du marchand, il devait se joindre à la fête. Le fédorien respira, rejetant le fracas des ivrognes ou des serveuses pour se concentrer sur la pluie et son bruit. Ploc d'au sur la terre, ploc d'eau sur la végetation, ploc d'eau sur le tissu bien trop proche de lui. Discernant l'éclat d'acier, Michael frappa. Une griffe de métal se logea et bloqua la lame, faisant entendre un grincement très désagréable. Pas eu le temps de mettre de la force dans l'attaque. La deuxième griffe se profila et fondit sur lui. Sans hésiter, l'attaqué lacha une des mains porteuses de la lame et bloqua un invisible poignet. Le shalos devait être assez surpris, une épée à deux mains qui se retrouvait maniée à une d'un coté, de l'autre une main de chair qui avait trouvé un endroit non tranchant, sacré coup de chance. Le duel de force ne dura que quelques secondes. Le jeune homme fit pression et fit ployer les bras des deux protagonistes au niveau du bassin. Dans cette position, les deux combattants se retrouvait approximativement torse à torse. Etouffant un sourire, le fédorien ramena sa tête en arrière et l'expédia violemment dans le visage de son agresseur. L'opération fit entendre un grondement avec un désagréable bruit de nez, sans oublier l'odeur de sang. L'opération se répeta une nouvelle fois, et à la troisième, le shalos lacha et s'étala. Avant qu'il n'ait le temps de souffler, Michael sentit un fil de lame se glisser devant sa gorge nu. Aussitôt, il empoignit ce bras armé et expédia de nouveau son crane, mais en arrière cette fois. la tension se relacha quelques secondes. Suffisant pour qu'il empoigne le tissu et qu'il projette le shalos sur son compatriote. Reprenant son souffle, Michael appuya son épée batarde sur le tas produisant un bruit différent. Trente cinq secondes s'était écoulé.

-Eliminés. Et vous, vous êtes volés.

Le marchand regarda le fédorien avec un tout autre oeil, angoissé, mais aussi interessé.

-Combien demandes tu ?

-hum...2000.

Trois grognements. Deux se turent quand la pointe de métal se fit un peu plus pressante.

-Tu veus ma mort !!

-Eh bien justement non figurez vous. Vos shalos sont de bons assassins, mais je doute qu'ils gèrent contre des guerriers en nombre

-1500

-1750 dernière offre.

-Marché conclu.

Soupir de soulagement pour le mercenaire. A vrai dire, il se fichait pas mal de ce salaire, mais si il faisait le travail gratis, il aurait eu le profil type d'un espion fédorien. Et il doutait que les espions soient bien traités a Shalanos, du moins les espions ne travaillant pas pour Shalanos. Rengainant sa lame, il croisa les bras sous la pluie.

-Vous pouvez vous relever mais ne ous avisez pas de m'attaquer en traître. Par contre, pour votre protection monseigneur marchand, vous devriez avoir des magiciens. Je suis impuissant face à la magie. Et, coup de chance, j'en connais deux de qualité.

-Comme il te plaira mais vous partagerez.

-C'est entendu.

Michael s'étira largement, alla récuperer son sac et rengaina sa lame. Le bruit sec de l'acier rentrant dans son fourreau lui semblait toujours être un soupir de satisfaction, travail terminé semblait t'il dire. Lui, il en avait encore un. S'ébrouant un peu, il reparti s'asseoir à la table des deux jeunes femmes. Fermant un peu les yeux, il se répéta les données, formant son lien logique, et se laissant sécher un peu par la même occasion par la douce chaleur d'un feu de cheminée. Puis, il posa son regard sur les magiciennes.

-J'ai trois hypothèses à proposer pour les actions de ce groupe de fanatiques :

- Primo : je me plante totalement. Autant commencer par là, la bande pointe son nez dans cette taverne, cherche à purifier ce lieu et à le piller et se fait littéralement massacrer par les mercenaires après que mademoiselle ici présente ait essayé de les ramener sur le droit chemin. Si leurs chefs sont de fieffés abrutis, c'est une hypothèse possible.

- Deuxio : possible mais étrange. Nous sommes dans une région tout de même isolée ne comportant quasiment que cette taverne lourdement gardée. Si ces maraudeurs veulent purifier et piller comme ce que j'ai lu, pourquoi viendrait t'ils ici. Il existe des zones bien plus riches. Peut être cherchent t'ils à attaquer les voyageurs *signe de tête vers le marchand*. Mais pour un fanatique comme Calden, je trouve que c'est légèrement..."faible" ? Oui ce doit être le mot. Un extrémiste cherche plus souvent les sommets.

Le jeune homme se pencha, baissant la voix.

-J'ai trouvé cela étrange que une grande bande dans ce genre se dirige dans cette zone. Pas de richesses, ou lourdement gardés, pas de gens à purifier, je ne compreais pas trop ce qui pouvait les ammener là. Sauf que l'on vient d'apprendre qu'une grande ville se situe non loin. Shalanos, dont l'entrée n'est connue que des shalos. Je doute fortement qu'aucun shalos ne soit dans cette "croisade" et donc, qu'ils ne connaissent pas l'entrée de cette ville.
Selon moi, ces égarés se dirigent là bas. Une ville riche, des habitants qui sont tout de mêmes coutumiers des maraudages, donc des recrues potentielles, et dans le cas contraire, un parfait peuple à "purifier" vu qu'il me semble que les Ilymis et les shalos ne soient pas en des accords très cordiaux.

Je peus me tromper. Mais de toute manière, je dois me rendre dans cette ville pour des recherches personnelles. Si vous voulez vous y rendre aussi, vous pouvez en m'aidant à escorter ce gros marchand.

Se tournant vers la prétresse, Michael parla, on ne peut plus sérieusement.

-Si je rencontre vos égarés, il y aura une sommation. Ensuite, cela risque fort d'être un bain de sang et ce ne sera que pour ma défense et ma survie. Vous ne pouvez pas vraiment raisonner des hommes armés et dévoués à une cause comme celle qu'ils ont embrasés. Et quand bien même dix ilymis vous écouteraient, voir tous, les bandits qui les accompagnent vous tomberont dessus comme une meute de loup. Eux n'ont rien à faire de votre religion et n'attendront qu'un prétexte pour faire couler le sang. Je tenais à ce que vous le sachiez. Cela vous ramènera peut être à un contexte plus réaliste. Sans armes ou seule, vous serez victime à une centaine d'abrutis comme celui que vous avez changés. Je me demande d'ailleurs si cet abruti ne les as pas déjà prévenu de votre présence...

Enfin, c'est à vous de décider, je peus encore attendre un peu.