La Taverne de Veis

Anashin s'était levée précipitamment. La taverne entière était devenue folle et tous les clients commençait à se taper proprement sur la gueule.
Pourtant, la Demoiselle de l'Ombre du pays de l'Eau n'avait aucune envie de se laisser marcher sur les pieds.
La journée, qui avait si bien commencée, s'était éternisée dans la mélancolie et l'ennui. Saarielle ne lui avait pas adressé la parole de l'après midi et encore moins souhaité sortir comme Ana le lui avait proposé.
Elle avait finit par aller s'enfermer dans sa chambre sans un mot, bloquant sa garde du corps dans ce bâtiment.
Ana avait pu alors assister à l'entrée de différentes personnalités. Et à une certaine animation c'était indéniable. Mais elle avait préférée rester bien à l'abri des regards et ainsi conserver le plus de chances possible de protéger le couple de Dédranes sans avoir à en venir aux mains. Elle n'avait de ce fait pratiquement pas bougée de toute l'après midi, même quand le Fédorien était entré ,même quand l'étrange sorcier Shalos était revenu et avait régler sa dette au tavernier, même quand les deux shalos était entrés puis lorsque son amie Adwel était redescendue. Même pas non plus lorsqu'une étrange femme était arrivée à la nuit tombée et avait rejoint le groupe hétéroclite formé par tout ce petit monde.

Mais désormais cela lui était devenu impossible. Et si elle ne faisait rien, des clients beaucoup trop saoul risquait de monter à l'étage et de mettre en danger ceux qu'elle s'était jurée de protéger.

*Nom d'un tourbillon déchainé ! Ce fichu Shalos ne pouvait-il pas se contenter de boire et de faire du bruit ? Mais non il a fallu qu'il cherche la bagarre, mais... *

Anashin s'était arrêtée aussi sec de réfléchir et de bougonner lorsqu'elle avait vu deux hommes se diriger vers les escaliers avec un sourire malsain. Ils n'allaient peut être pas importuner les Dédranes mais elle préférait qu'ils restent dans la taverne dans tous les cas.
Sitôt sa décision prise, sitôt la jeune Médiovienne fut au niveau des deux rustres enivrés, sortant de l'ombre qui la cachait jusque là des regards.

-Mais que... quoi ?! Eurent juste le temps de maugréer les deux piliers de bar avant de retourner valdinguer au milieu de la bataille.
L'un des deux s'écroula peu de temps après, malheureusement victime d'une chaise volante. L'autre s'occupa de décharger sa frustration sur ses voisins les plus proches, c'était beaucoup plus simple ue de chercher le responsable de ce retour rapide en pleine guérilla.

Tout en dévoilant un petit sourire satisfait, Anashin entreprit alors de remonter, afin de continuer à assurer la protection de l'étage tout en se mettant à l'abri de la rage qui montait en cette salle. Mais une lueur bleutée attira son regard.
C'était une masse de cheveux qui tombait vers le sol...

-Adwel ! S'écria la Demoiselle d'Arme lorsqu'elle comprit que son amie s'était fourrée dans un sacré pétrin.
Déjà elle dévalait les quelques marches qu'elle venait de monter pour se précipiter au secoure de la digne descendante du Brigand au Coeur d'Or. Dans sa précipitation, elle marcha sur plusieurs personnes, tombées inertes au milieu de ce capharnaüm. Elle arrivait enfin au niveau de sa comparse Médiovienne lorsqu'un lourdeau voulu la saisir.

CRACC !

La brute s'effondra à genoux, regardant d'un regard affolé de fanatique son poignet formant un angle plus qu'anormal avec le reste de son bras. L'homme relevait à peine le visage, un hurlement muet sur les lèvres qu'il se prit un magistral coup de pied dans la tête, le laissant KO pour le compte.
Une cape noire bruissait déjà en direction d'une Adwel évanouie. Ana plongea à ses côtés avant le la tirer rapidement dans le coin le plus éloigné des combats.
C'était un renfoncement dans un mur et, comme il ne s'agissait que d'une bagarre de taverne et non d'une véritable bataille, Anashin'K doutait que qui que ce soit ne vienne ici finir de passer à tabac son amie. Le principal risque, à savoir de se faire piétiner, était maintenant éloigné.
Anashin avait quelque chose à régler désormais...
Elle repérait aussitôt le grand brun qui avait déclenché tout ce raffut, il était occupé à éviter *...sans trop de mal* les coups de ses compagnons alcooliques.

*Il veut jouer, ce fichu con, il va me trouver moi !*

Profitant de l'inattention et de la trop grande confiance en lui du Shalos la Médiovienne énervée se glissa derrière un de ses assaillants, et bondit sur sa proie lorsqu'il eu, comme prévu, esquivé le balourd derrière lequel elle se dissimulait.
Elle lui asséna alors une gigantesque claque tout en lui lachant un regard mauvais.

Mais la Demoiselle armée recula bien vite de quelques enjambée. Comme elle l'avait craint, elle n'avait pu toucher son adversaire que grâce à sa petite ruse, et il n'avait pas été loin de l'esquiver. Désormais il était devant elle, et il avait l'air d'être un adversaire aussi dangereux qu'impressionant...

Syld suivit les faits et gestes de son compère avec un sourire en coin.
Cela faisait un moment que Soghann semblait chercher de quoi s'occuper à sa façon, aussi ne fut-il guère surpris lorsque soudain cartes et joueurs se mirent à voler en tous sens.

- Comme quoi, il suffisait d'un petit effort pour réveiller la taverne ! gloussa-t-il dans sa chope.

La bagarre commençait à s'étendre à presque toute la salle, sous son oeil vaguement blasé. Le brigand fit même mine d'étouffer un bâillement.
Sans doute une partie des belligérants était-elle trop avinée pour réellement jouer des poings... Les échauffourées dans les bouges de Shalanos étaient certes d'un autre ordre.

Une armoire à glace qui devait peser dans les trois-cent livres recula hors de la mêlée en trébuchant et en battant des bras pour ne pas s'affaler par terre... Sa trajectoire semblait indiquer que l'individu allait s'asseoir, ou plutôt s'écraser sur les genoux de sieur Shalos.
Voyant cela, Syld leva un sourcil, ainsi qu'un pied qui stoppa net la reculade du colosse.

- Tchh ! La bière ne me vaut rien, ce soir...

Il abandonna son verre à côté du tonnelet vide puis renvoya l'armoire à glace au coeur de l'action d'une vigoureuse poussée du pied dans le bas du dos, avant de se lever et d'épousseter son manteau.

- Bon, les filles, je vous laisse un instant : je vais aller me chercher une bouteille digne de ce nom. Non, non, Thénaïs ! Laisse-les donc faire. Tu vois bien qu'ils s'amusent !

Abandonnant là les demoiselles un rien ébahies, il entreprit de traverser la salle.

Hop ! Une petite révérence afin de laisser passer une chaise volante.
Hop là ! Un pas de côté, et c'est sur le plancher que s'abat un pochard complètement sonné, et non dans les bras d'un assassin qui n'a nulle envie de salir son manteau neuf.
Youp ! Un arrêt de justesse pour éviter une collision avec deux bagarreurs en plein échange de poings de vue.

Avec la grâce d'un danseur, le Shalos se glissa derrière le comptoir et commença à inspecter les bouteilles alignées dessous.

- Hey, fillette, viens te battre ! On va voir si t'as quelque chose entre les jambes !
- Mmh ?

Syld leva un oeil agacé vers le grand type qui semblait ainsi s'adresser à sa personne puis reprit ses recherches.

- Non merci. De toute façon vous n'êtes pas mon genre, alors...
- Mais il se fout de moi, en plus, l'avorton ! rugit le distingué individu en levant un poing énorme qui semblait propre à briser des rochers.

Peu désireux de savoir si son crâne était assez résistant pour encaisser un choc pareil, l'assassin se releva juste au moment où la brute fondait sur lui. Dans le même mouvement, Syld cueillit l'assaillait juste sous les côtes. Le type avait beau peser au moins deux fois le poids du Shalos, le coup de poing donné presque à la verticale le plia en deux et le décolla du sol.
Le jeune homme considéra la masse à présent étalée à ses pieds puis retourna à son exploration du comptoir.

- Non, pas celle-là, ni celle-là, sûrement pas celle-là... ah, ça, ça va !

Il attrapa une bouteille qui fleurait la piquette puis, d'un geste sans appel, l'abattit sur la tête du deuxième batailleur qui pensait pouvoir le surprendre pendant qu'il avait le dos tourné.

- Bon, à présent...

Syld repassa en revue les bouteilles en présence et préleva délicatement l'une d'elles.
Le jeune homme s'assit tranquillement sur les corps empilés de ses agresseurs pour se servir un verre de vin, les jambes croisées et l'air un peu rêveur (il avait quand même déjà une bonne dose d'alcool à son ardoise).

- Hééé ?

Au milieu de tous ces coups qui le rataient, Soghann venait de se ramasser... une gifle ? De la part d'une demoiselle ?
Soudain très intéressé, Syld s'accouda au comptoir.

- Pas mal, pas mal, sifflota-t-il, sans que l'on sache s'il s'agissait d'un éloge au nectar qu'il faisait osciller dans sa coupe, d'un commentaire sur la façon dont son compère venait de prendre une main dans la figure, ou d'une appréciation sur le physique de la propriétaire de la fameuse main...

Michael secoua rapidement sa tête pour chasser les quelques brumes d'inconscience qui stagnaient encore, conséquence au crochet qu'il c'était pris, surtout, et un peu de la contre attaque par un magistral coup de crâne qui avait envoyé valser l'inconscient. Tout à sa satisfaction personelle, il n'évita qu'au dernier moment une table qui se déplaçait de manière peu orthodoxe. Avec un grognement, il attrapa au collet l'homme qui se camouflait derrière et le rabattit violemment au sol, le laissant bien à l'abri et inconscient sous sa planche de bois. Michae eut un grand sourire.

-Je crois que je ne te remercierai jamais assez Soghann !

Le fédorien n'avait pas tout de suite compris l'attitude du shalos. Mais en voyant les joueurs qui se levaient à tour de rôle, un air carnassier s'installa sur son visage tandis qu'il rajustait ses gants et faisait craquer ses doigts. Ensuite...Et bien, si Soghann avait débuté, Michael c'était bien débrouillé pour étendre le chaos avec quelques corps projetés ça et la. Le tout avec le sourire bien entendu. Le mercenaire recula d'un pas, laissant une main filer dans le vent. Profitant de la position penché de l'homme, le guerrier releva d'un coup sec le genou, heurtant le torse de sa victime qui s'affaissa sur un léger gémissement. Michael lacha un soupir exasperé.

-Il n'y a personne intéressant ici ?

Un choc par derrière le fit culbuter en avant, réponse pour le moins efficace. Se relevant rapidement, le jeune homme dévisagea son prochain adverssaire. Une femme...Belle, féline, et semblant couverte d'épines. Ayant jaugé, il se mit en garde. Son ennemie eut un sourire suffisant.

-Vous n'oseriez pas.

Elle frappa aussitôt d'un coup de pied sur le coté, et, comme pour appuyer ses dires, le fédorien se contenta de bloque. Dans un premier temps du moins, sa main se redressa aussitôt, enfermant la douce jambe dans un étau. Michael dit avec amusement.

-Je crois en l'égalité des sexes.

Sans qu'elle n'ait le temps de se dégager, il la rapprocha pour expédier un poing dans son plexus. Sans plus de formalités, il la souleva et la balança dans la mélée. Au moins, dans ces situations là, il avait beaucoup moins d'ennuis avec le sexe opposé. Au loin, on pouvait entendre quelques voix dire :

-Attention au sauvage rouge.

-Qui est un sauvage ?!

Celui en question chargea de manière très délicate, bousculant pas mal de monde sur le passage. Passant à coté du bar, il salua Syld.

-Santé !

Un petit dérapage tout en vidant un verre d'une serveuse, puis le jeune homme repartit dans sa distribution. S'arretant net, il avisa une alcove. Avec une pointe d'amusement, le jeune homme commença à expédier tout ceux qui passait en face de lui dans ce renfoncement, ralant quand sa cible n'arrivait pas au but. Mais au bout de quelques projectiles, un gémissement plus faible que les autres le fit s'avancer. Une main sortait, légerement inerte, et il ne se rapellait pas avoir expedié celle la.

-...Saleté.

Sans perdre un instant, il se lança dans les débroussaillage des décombres humains jusqu'à mettre à jour une médovienne qu'il avait vu avant. Elle semblait avoir perdu connaissance en se tenant le flanc. Michael poussa un juron, cela semblait assez grave, et il devait avoir sa part de responsabilités.

-Bon, je m'occupe de toi, et je revient.

Soulevant le frèle corps, non sans noter un fort tintannabulement du à de très nombreuses pièces. Se débarassant des curieux, le jeune homme se fraya un chemin vers l'étage supérieur, l'allongea sur le sol du premier étage après avoir sécurisé le périmètre et commença à la soigner, sortant de son sac de grandes bandes de tissu. Il avait peu de pratique, mais il savait comment s'occuper de ce style de blessure.

Soghann s'amusait beaucoup. Ses réflexes étaient mis à rude épreuve, car il tachait d'esquiver l'avalanche de coups qui venaient de toute part, et ce en bougeant le moins possible. C'était sa manière à lui de s'entraîner... Et il savait mettre à profit l'extraordinaire capacité qu'il avait d'être conscient de la majorité des choses autour de lui. Un croche-pied par ci, un bourrade par là, sans donner de véritables coups, nombreux étaient les adversaires qu'il étalaient pour le compte, et qui se vengeaient ensuite sur leur voisin le plus proche... Sans une once de discernement, seulement guidés par l'envie d'en dérouiller.

Il ne parvint cependant pas à voir venir la jeune femme qui lui assena une baffe magistrale, manquant de l'envoyer contre un mur. Heureusement, l'assassin était solide, et la puissance du coup avait été quelque peu diminué par le fait qu'elle avait du viser plus haut que la normale. Tandis qu'il reprenait ses esprits, l'assassin sentait sa joue parcourue d'un fourmillement caractéristique : il devait avoir une belle marque à cinq doigts sur sa peau blanche. Le regard mauvais qu'elle lui lançait provoqua un large sourire chez l'assassin, qui reconnaissait là une femme décidée, au caractère fort. Quelque chose de nettement attirant pour lui, d'autant plus que la femme -une médiovienne, à priori- était plutôt jolie !

La contemplation failli lui coûter un autre coup, qu'il n'esquiva que de justesse en se cambrant. Le poing qui passa devant lui fut suivit d'un bras musculeux, que le Shalos saisi et accompagna dans sa course avec suffisamment de force pour envoyer l'homme s'effondrer contre deux autres comparses, qu'il entraîna dans sa chute vers le sol.

Le chemin dégagé, le Shalos bondit avec agilité sur une table, ses larges vêtements volant autour de lui, estompant ses formes pour le transformer en un nuage noir aux contours indistincts. Sans cesser de sourire, le Shalos bondit de nouveau, écrasant le visage d'un adversaire au passage, et atterri souplement juste en face de la médiovienne. Il se redressa dignement, et entama la conversation sur un ton qui semblait complètement indifférent au fait qu'ils se trouvaient en plein milieu d'une rixe et non dans un salon mondain.

- Que voilà des présentations originales !

L'assassin esquissa une courbette rapide, esquivant du même coup un crochet provenant d'un adversaire sur sa droite. En se redressant, il prit appui sur sa jambe gauche, et lança avec force son pied droit dans la poitrine de son agresseur, ce qui eut pour effet de l'envoyer valdinguer à plusieurs mètres.

- Soghann, pour vous servir.

Fanaa avait suici des yeux Soghann, se demandant ce qu'il comptait faire et... découvrit qu'il cherchait de la distraction. Qu'il provoqua lui même d'ailleurs. Ensuite tout alla très vite. Les clients se mêlèrent en une masse de violence de colère, mais aussi de presque joie, comme si chacun au fond, n'attendait que l'occasion de se défouler. Et tout s'en donnaient à coeur joie. Syld, imperturbable cherchait toujours à se désaltérer, Soghann évitait ce qu'il avait provoqué mais gagna le soufflet d'une mignonne petite médiovienne au regard courroucé.

Fanaa eut juste le temps de retirer ses coudes de la table avant qu'un homme bien musclé n'attrappe ladite table pour la balancer un peu plus loin. La jeune fille ramassa son sac et le serra contre elle; mais resta immobile sur son banc. Une jolie jeune femme tomba à ses pieds, visiblement blessée aux côtes. Toutes deux échangèrent un regard et la mignonne donneuse de claque vint la récupérer. Elle était chouette cette petite, bourrée d'énergie! Les coups pleuvaient, ils semblait que la foule avait plaisir à en distribuer autant qu'à en recevoir.

Sauf Soghann, qui veillait à tout esquiver. Heureuement pour ses adversaires d'ailleuirs qui se seraient bien fait mal en se cognat sur son attirail caché sous sa djellabah.
Fanaa croisa ses jambes sur le banc et se recroquevilla au dessus de son sac et sa cape, espérant ainsi évter la bagarre générale. La trêve ne dura qu'un temps. Il fallait bien qu'on finisse par se rendre compte qu'elle avait réussi à éviter de se faire remarquer.

Elle fut prise à partie par 2 costauds. Ouvrant de grands yeux écarquillés, elle ne fit ni une ni deux, se releva en un éclair, escalada une colonne et s'installa sur une large poutre. Mais bien sûr, les cacheurs n'allaient pas en rester là.
- Et souris! Viens jouer avec nous!
Fanaa posa sa cape et son sac en sécurité là-haut, puis courut à l'autre bout de la poutre. Ses bottes la gênaient, elle perdit l'équilibre mais se rattrappa et finalement se décida à redescendre. Une fois en bas, elle se faufila dans la mêlée, tentant de se cacher aux yeux des autres, mais on lui tira les nattes et quelqu'un la retint par le bras. Elle se retourna face à une femme. Tiens, elles se battaient aussi? Ce fut un véritable crêpage de chignon dont Fanaa sortit roug, échevelée mais pas vraiment gagnante. Pas vraiement perdante non plus si l'on en croyait le visage égratingné de la femme. Il lui semblait qu'elle s'était battue contre un chaton sauvage.

De fait, Fanaa retrouva boentôt ses réflexes, les pas souples à faire pour ne pas être touchée. Sautillant, tournoyant, presque volant, elle évitait les deux brutes chacune leur tour (ils l'avaient retrouvée) dans une sorte de pas de 3 où elle seule se serait échauffée. Grisée par sa présente maîtrise de l'espace, elle ne vit pas une silhouette arriver tenant bien haut une chaise.

... et la silhouette en question ne vit pas arriver une chaussure qui, vigoureusement lancée à travers la salle, lui vola en pleine figure.
Un peu sonné par le choc (il s'agissait après tout d'un bon croquenot en cuir lourdement ferré), l'individu lâcha la chaise qu'il tenait à bout de bras, chaise qui lui retomba sur le chef et finit ainsi de l'assommer.

A l'autre bout de la pièce, Syld agita une main avec un enthousiasme débordant. L'autre tenait du bout des lacets la sœur jumelle de la grolle salvatrice.

Un des types qui lui servaient de siège commença vaguement à s'agiter, réveillé par le subit courant d'air qui lui chatouillait les orteils.
Le Shalos lui donna un petit coup de talon.

- Pas bouger !

L'homme décida aussitôt de refaire le mort et Syld put se replonger dans le spectacle pittoresque qui secouait la bâtisse des caves au faîte.

Le bonhomme à la face rubiconde qui tenait habituellement le comptoir rampa discrètement jusqu'à l'assassin et lui tirailla la manche d'un air piteux, s'attirant un haussement de sourcil interrogateur.

- Dites... vous avez l'intention de me la payer, cette bouteille ? C'était mon meilleur crû, quand même...
- Hum...

Syld fit osciller le godillot rescapé à l'extrémité de ses lacets, avec la mine de quelqu'un qui se demande à quoi ressemblerait un tavernier joufflu après avoir embrassé une semelle ferrée.
Le taulier reflua aussitôt en rampant à reculons.

- Oubliez ça ! Cadeau de la maison ! Vous êtes déjà un habitué, hein.

Le Shalos lui renvoya derechef un sourire lumineux.

- Merci bien ! Ah, par contre, faites attention : il y a une table qui...

*craaaac*

- ... trop tard. Bon, tant pis. Oh, et puis ça vous apprendra à servir des "remèdes" contre la gueule de bois à vos clients sans en préciser les effets secondaires. Un petit mal de crâne n'a jamais tué personne...

La folie commençait à s'essouffler, les os cassés et les gémissements de douleurs étaient foison et même les plus sauvages et les plus avinés des clients de l'auberge commençaient à craindre pour leur intégrité physique.
Pourtant, dans la tête d'Ana, le vacarme et la colère résonnaient toujours. Effectivement, elle n'avait pu qu'apercevoir une brute aux cheveux roux lancer des hommes exactement à l'endroit où elle avait déposée son amie quelque temps plus tôt. Le grand Shalos brun s'était ensuite interposé entre elle même et la scène, la privant donc du réconfort qu'aurait pu lui accorder la vision de ce même Fédorien accompagnant Adwel à l'étage.

La Demoiselle de l'Ombre arborait donc un visage des plus sombres lorsque son adversaire cru bon de se présenter. *Soghann pour me servir... Bordel tu vas me servir a passer mes nerfs oui !!! MAIS MERDE ! Ma pauvre Adwel, il a fallu que tu te blesses au milieux de cette bande de brutes assoiffées et ivres de combats... Et que ton amie sois une fichue gourde pour te penser en sécurité dans cette fichue alcôve...*

Alors qu'elle cessait enfin de réfléchir et se décidait à aller en direction de son amie, supposée enterrée sous une montagne de corps, un des derniers belligérants de la taverne tenta de s'interposer entre elle et sa destination. D'humeur plus que massacrante elle dégaina ses deux épées courtes prête à s'en servir.
Le balourd, stupide mais pas suicidaire préféra entamer un repli la queux entre les jambes que de ne risquer de se la faire amputer. Anashin reporta ensuite un regard noir sur le dénommé Soghann, puis releva un bras afin de placer une de ses lames à hauteur de sa gorge.

-Anashin, pour te servir j'en doute, pour te trancher ton petit cou si tu ne dégages pas de ma route illico. La deuxième solution est nettement plus probable vu qu'à cause de tes conneries mon amie s'est pris de la viande soul sur la tronche et que c'est vers elle que je compte aller.
Maintenant à toi de voir, tu me laisses passer ou tu veux finir de t'amuser ?

La Médiovienne laissa flotter sa dernière réplique avec un fort air de défi. Elle préférait aller secourir son amie, mais il n'était pas question de laisser ce crétin sans nom de Shalanos sans une leçon qu'il méritait mille fois.
Il était armé, elle le savait, et si il souhaitait en venir jusque là...

Soghann ne tressailli même pas lorsque la pointe d'une lame vint se poser sur sa gorge, dégainée par la jeune Médiovienne. Son sourire alla en s'élargissant, appréciateur mais pas encore moqueur. L'un de ses index gantés vint se poser le long de la lame afin d'en tester le fil, qui s'avéra affuté... Mais pas autant que ses propres armes, bien sûr.

- Ma foi, je m'amuse déjà, chère amie. Anashin, la rage vous sied à ravir.

Il fit rouler le nom sur sa langue comme un met délicat qu'il goutait pour la première fois, et accompagna la tirade d'un sourire enjôleur. S'il savait que cela n'aurait pas le but désirait, il comptait bien s'en servir pour faire encore bisquer la jeune femme. Il continua sur un ton toujours caressant.

- Mais, je serais vous, je rengainerais promptement ces lames... Sans mettre en cause vos capacités, je doute que vous soyez de taille à tenir tête à la douzaine de mercenaires qui s'apprêtent à débarquer pour assommer les derniers debout et chercher des coupables. Or, une jolie demoiselle pourvue d'aussi affutés ustensiles ferait une coupable parfaite... Je suis certain qu'un certain nombre de soudards son prêts à jurer leurs grands dieux que vous êtes à l'origine de tout cela, histoire de prendre une petite revanche...

Sans paraître prêter attention à la lame qui pointait sur sa gorge, l'assassin devisait, sans faire mine de vouloir dégager le passage.

La situation dans la salle commençait à être beaucoup plus intéressante.
A n'en pas doutern c'était la soirée des lames sous la gorge...

Syld, un peu moqueur et à peu près certain que Soghann percevrait le message en dépit de sa nouvelle "occupation", passa un doigt sur son cou en articulant un commentaire silencieux mais facile à décoder : "J'exige des droits d'auteur, copieur !"

Puis, ô divine Providence ! Fanaa s'installa tout naturellement sur ses genoux.
Le grollesque projectile que le brigand avait gardé en réserve en dégringola sur la tête de son propriétaire légitime. Le malheureux en question n'eut plus à faire grand effort pour rester un siège bien tranquille : son soulier (il s'agissait après tout d'un bon croquenot en cuir lourdement ferré, rappelons-le) se chargea de l'expédier au pays des rêves pour une durée indéterminée.

Le deuxième gars qui faisait office de trône guerrier à l'assassin rouvrit discrètement un oeil et tenta de se rincer ledit oeil sous les jupes de Fanaa... avant de prendre un bon coup de botte dans le nez.

- On reste sage, en bas ! ordonna Syld en détachant -brièvement- ses lèvres de celles de la demoiselle.

Son souffle s'accélérait.
*Déjà ?*

Le jeune homme chercha le soutien du mur dans son dos, les mains posées sur la taille de Fanaa.
Il avait soudain un peu le tournis. Et la qualité du vin qui était venu tenir compagnie à toute la bière ingurgitée précédemment n'était pas entièrement responsable... en grande partie, mais pas entièrement.

Dans un des angles de la pièce, les mercenaires achevaient tranquillement les verres qu'ils avaient rapportés de la salle voisine. Le jeu commençait à se calmer et ils pourraient bientôt procéder au ménage de Printemps de rigueur après cette joyeuse petite rixe....

[edit] parce que j'avais rien compris... ^^[/edit]


Un bruit sourd de bagarre général... des éclats de voix, de verres, de bois, de chair... Tout semblait diffus... sauf une chose... non, deux finalement... La douleur qui la lançait a chaque respiration dans ses côtes et des mains qui s'affairaient a la soigner...

Adwel se redressa, une grimace déforma quelques seconde ses traits. Elle posa sa main sur son coté droit essayant de se relever dans un gémissement...

Elle ouvrit les yeux... Un jeune homme aux cheveux roux tirant sur le rouge... un Fédoran... Contrairement a beaucoup de personne de sa race, elle n'avait pas (trop) d'apriori sur les fédoran. Celui ci ce révéla d'aillieur plutot charmant.

Un sourir tendu s'afficha sur ses lèvres

Merci... pour les soins...

finalement, la bourse bien pleine qu'elle avait aprésent démontra que ce fut une bonne "répartition" en somme... douloureuse mais bonne...

Anashin bouillonnait de rage. Le shalos qui lui faisait face, loin de faire profil bas rayonnait encore d'arrogance et la mettait au défi de mettre ses paroles à l'acte. Or il était bien peu de choses que la jeune Médiovienne ne faisait pas après l'avoir annoncé. Mais il était encore moins courant de la voir s'exécuter alors que la raison la plus élémentaire criait que ç'aurait été une bêtise.
C'est donc avec beaucoup de difficulté qu'elle rangea ses deux épées courtes dans leurs fourreaux.
Puis, son visage encore raidit par l'effort de contrôle sur soi qu'Ana avait du fournir, la Dame de l'Ombre entreprit de dépasser Soghann. Sans un regard. Sans une parole.
Monsieur ne faisant pas mine de libérer le passage elle dû faire un léger détour. Un nombre de pas supplémentaire dérisoire mais qui lui donnait un désir de meurtre dépassant l'entendement. Et bien que son visage ne reflétait désormais plus guère ses émotions, nul dans la salle ne doutait une seule seconde que le prochain qui lui chercherait des noises le payerai de sa vie.

-Mais ?! Lâcha la rôdeuse Médiovienne en s'arrêtant net.
Elle ne trouvait plus ni le tas sous lequel elle pensait trouver Adwel ni le barbare roux qui s'était amusé à expédier les participants forcés au fameux tas.
Après avoir parcouru la salle de fond en comble d'une paire d'yeux scrutateurs, et cela vainement, Anashin des Kelimnir était dans l'état d'une cocotte pression qui aurait accumulé beaucoup trop de pression.
Explosant de rage elle envoya d'un coup de pied aussi rapide que puissant la chaise la plus proche s'exploser contre un mur en hurlant de frustration.
Anashin se trouvait seule au milieu de la salle, un périmètre prudent s'étant formé autour d'elle. Même l'arrogant Shalos au cheveux bruns s'était reculé d'un pas prudent.
C'est seule qu'Ana se prit la tête entre les mains et s'accroupit, tant pour se calmer que pour tenter de trouver une solution.

Après quelques minutes de soin, la patiente du fédorien ouvrit doucement les yeux, laissant le docteur en titre pousser un petit soupir de soulagement. Elle essaya de se lever, mais Michael la repoussa doucement contre le mur, dans son état, autant éviter les mouvements. Cela ne l'empêcha de le remercier d'une voix faible. Michael secoua doucement la tête.

-Je dois surement être pour quelque chose dans tes blessures, donc, ce ne doit pas être la peine de me remercier vraiment.

Le jeune homme fouilla quelques instants dans son sac avant de sortir une sorte de petit pot qu'il posa à proximité de la médovienne.

-A vue de nez, tu as une cote dans un sale état, j'ai fait un bandage rapide pour éviter que cela ne bouge trop, il faudrait mettre une pommade aussi. Mais bon...

Michael fit un signe en direction du torse de la jeune femme, notamment vers sa poitrine. Le bandage se trouvait quelques centimètres en dessous et en diagonale. Pas le plus efficace.

-Disons que je ne pense pas que des soins plus poussés auraient été appréciés. Bon, et maintenant que vous êtes tirés d'affaire, je vais vérifier en bas que tout soit terminé. Evitez de bougez trop brusquement, le mieux serait surement d'attendre que je revienne, mais je ne vous oblige pas.

Le mercenaire se releva en faisant tourner ses bras, reprenant au passage son sac de voyage qu'il passa d'un geste fluide sur son dos. Il commença à marcher vers l'escalier avant de s'arrêter brusquement, un hurlement de rage venait de l'assaillir, venant sans aucun doute possible de la salle commune. Il pencha doucement la tête, amusé.

-Ce n'est pas encore terminé...hum, ah, une dernière chose. Cet étage devrait être sur, mais si j'étais vous, je ferais attention à cette énorme bourse. je ne suis pas voleur, mais tous ne sont pas honorables ici...

Avec un dernier salut de la main, Michael s'engouffra dans les escaliers en enjambant les piles de chairs, çà et là, témoins muets de sa vigilance au niveau de la sécurité. Dans l'ancienne bagarre générale, peu étaient encore en état de vraiment combattre ou dans l'état d'esprit pour. Un coup d'œil à terre lui suffit pour remarquer que les échanges avaient été plus violents et que, si tout ne s'arrêtait pas, l'escalade continuerait jusqu'aux morts. Le jeune homme approuva silencieusement la décision commune de cessez le feu, sans toutefois renoncer à chercher quelqu'un susceptible d'être affronté sans verser le sang. Mais les seuls qui restaient semblaient pour la plupart des connaissances, ou ceux triturant nerveusement quelque chose dans leur dos.

-Et bien, dès que je pars, c'est la fin des hostilités....Dites le moi, je resterai jouer plus longtemps la prochaine fois.

Le fédorien remarqua sans difficulté Syld et Fanaa enlacée et Soghann un peu plus loin, mais la silhouette accroupie à terre passa quand à elle un peu hors de ses préoccupations, à peine un regard à Syld qui sembla lui répondre "C'est pas moi !". Avec un sourire, Michael jeta un regard vers l'antre des mercenaires, et des serveuses, qui commençaient doucement à vouloir nettoyer les restes.

-Syld, Fanna, vous voulez une diversion pour éviter des nouveaux ennuis ou vous vous débrouillez à nouveau ? Sinon, je suis sur que quelques-uns de ces bagarreurs seraient ravis de se sacrifier pour que vous ayez une nuit tranquille.

Le craquement de doigts ne laissait pas vraiment de doutes sur les intentions du guerrier. Il ne frappait pas d'hommes à terre et battus, certes, mais dans le tas, il avait déjà remarqué des mouvements fugitifs pour tenter de faire les poches de son voisin. Si on les remettait debout, ces charognards faisaient une cible tout à fait potable.

Syld fit un effort notable pour saisir ce que Michael pouvait bien leur raconter. Difficile de se concentrer lorsqu'on est presque entièrement absorbé par une aussi agréable occupation que celle lui était proposée...

Le jeune homme se décolla légèrement de Fanaa et tourna la tête vers ce qui semblait motiver la proposition du Fédorien.
Thénaïs et sa charmante collègue s'avançaient avec prudence à la lisière du champ de bataille, visiblement à la recherche de quelqu'un.

- Mmh, pas besoin de diversion.

Avec un aplomb assez phénoménal, Syld adressa un signe de la main aux deux demoiselles qui restèrent un instant interdites de l'apercevoir en galante compagnie au milieu de ce chaos. Elles demeurèrent ainsi figées quelques instants, avant de reprendre leur progression prudente entre les débris divers étalés un peu partout, non sans un soupir mi-résigné mi-déçu.
A moins d'être tout à fait obtuse, il devenait évident que le trop séduisant brigand ne s'assagirait pas pour leurs jolis yeux... ni pour ceux d'aucun jupon, très probablement.

Déjà retourné vers Fanaa, le jeune homme fit un geste vague à l'intention de Michael :
- Si tu as envie de calmer un peu ceux qui remuent encore dans le tas, tu peux y aller si tu veux... Cependant à ta place je m'arrangerais pour faire savoir que la Médiovienne en haut est à peu près entière. Discrètement. C'est juste un conseil comme ça.

Tout sourire, Syld se pencha à nouveau sur Fanaa pour goûter à nouveau la douceur de sa bouche.
Nul ne pourrait prétendre que la soirée avait été inintéressante...

Soghann observait d'un œil amusé les déambulations de la médiovienne. Elle avait manifestement perdu quelque chose, et s'agenouilla en poussant un cri de rage. Sans s'adresser à personne en particulier, il lanca :

- Un peu trop mélodramatique, peut-être, non ?

Il se désintéressa quelques temps de la jeune femme, avisant les nombreux pugilistes qui jonchaient le sol dans des positions diverses, en plus ou moins bon état. Certain avaient encore des membres coincé dans des débris de tables ou de chaises fracassées.
Avisant un homme allongé sur le ventre, apparemment évanoui, l'assassin lui tâta les côtes du bout de sa botte. Pas de réaction.
Sans gène aucune, Soghann s'accroupit et préleva une bourse agréablement rebondie de la ceinture de l'homme. La bourse disparue dans les plis de ses vêtements, le Shalos se redressa, avisant Syld qui semblait en bien agréable position, Fanaa sur ses genoux.

Soghann secoua doucement la tête, avant d'hausser les épaules et de lever les yeux au ciel.

Michael, le fédorien, revint dans la grande salle, et lança un défi à la ronde. De toute évidence, il n'avait pas eu son compte de baffes, lui. Peut-être plus tard... Il n'était plus temps de jouer les duellistes : les mercenaires envahissaient petit à petit la salle, traînant dehors les combattant en trop mauvais état pour se relever. Où il les entassait, Soghann ne le savait pas (sans doute non loin de la porte), mais il imaginait sans peine l'endroit grouiller de voleurs dans les prochaines minutes... Il ne resterait sans doute plus grand chose, après que les mercenaires aient "prélevé" de quoi rembourser le mobilier.

Les quelques grognards qui arrivaient encore à se relever s'accrochaient avec peine aux épaves de meuble éparpillés dans toute la salle, ce qui laissait l'impression coriace qu'une tornade était passée dans le coin. Au sol, le contenu de nombreuses choppes et tonnelets s'était répandu, créant de larges flaques d'alcool.

*J'espère que personne n'aura l'idée de faire du feu... Tout le bâtiment flamberait comme une torche...*

Laissant là ses réflexions, Soghann s'attacha à paraître invisible au yeux des mercenaires. Inutile de se faire remarquer... Aussi se recula-t-il discrètement, se fondant dans l'ombre d'un large pilier de bois, s'y appuyant de façon presque nonchalante.

Syld arrêta de nouveau de l'embrasser. Mais pourquoi?! Fanaa se consumait, là, tout contre lui. Que cherchait il? Elle tourna machinalement la tête pour apercevoir Thénaïs et la serveuse décolletée d'un côté et Michael de l'autre. Elle tenta en vain de remuer son cerveau pour tenter de définir qui étaient ces personnes mais son esprit était engourdi.
Elle sourit à Syld - même s'il regardait ailleurs - et dit tout bas avec un petit rire :

- Je crois que j'adore les bagarres de taverne!

Alors il refixa son attention sur elle et ils mêlèrent de nouveau leurs bouches. La sensation était encore différente : redevenue douce et tendre mais suave à la fois. Plus de cascade de lumière, plus d'échange d'énergie. Juste le plaisir de se lier, d'être proche. Tandis qu'elle goûtait avidement ses baisers, une présence se fit sentir juste derrière elle. Fanaa ne se retourna pas, mais les rouages de son cerveau tournaient en silence malgré elle, réfléchissant de leur côté et elle se rappela qui était Thénaïs. Une amante de Syld. Bien. Elle attendrait son tour, après tout Fanaa n'avait pas de fleur à lui faire. Thénaïs n'était rien pour elle. Mais Syld si.
Fanaa hésita, ouvrit les yeux. Son chenapan était juste là, concentré sur les sensations que lui procuraient leur étreinte. Elle sourit, puis détacha doucement ses lèvres. Elle n'osait regarder du côté de la mercenaire. Fanaa aurait pu être inquiète, déçue ou triste, mais elle ne pouvait pas avoir de ternes sentiments. Après les baisers brûlants, elle n'aspirait qu'à rire et rire encore. Fanaa était ivre!

A l'oreille du gredin elle murmura :

- Je suis désolée, je crois bien que je n'ai pas su me retirer à temps cette fois...

Elle se cacha les yeux et enfouit son visage au creux de son épaule. Une voix étouffée parvint aux oreilles de Syld. Etouffée mais rieuse.

- Tu crois qu'elle m'a vue?

- Eh bien, à moins qu'elle ne soit complètement myope...

Syld réprima un rire.

Du bout des doigts, il souleva une mèche dans la chevelure de Fanaa et la porta délicatement à ses lèvres pour mieux en apprécier la caresse soyeuse. Il en huma le parfum puis renversa la tête en arrière, l'oeil clos.

- Bon...

Le Shalos laissa échapper un soupir.
La proximité de Fanaa était fort agréable... presque trop.

- La soirée est déjà bien avancée.

L'instant d'après, ce fut comme s'il s'était évaporé de sous la demoiselle pour soudain réapparaître debout à côté du siège improvisé sur lequel Fanaa se trouvait à présent à califourchon.

- Si je veux voir la couleur d'un oreiller d'ici notre départ, autant s'en soucier de suite...

Le jeune homme leva une main pour voiler un bâillement puis fit tourner à son doigt l'anneau d'une clef de chambre qu'il venait de subtiliser sur le panneau derrière le comptoir.

- Sur ce, bonne soirée...

L'ironie du propos était bien perceptible pour tous ceux qui geignaient sur le plancher.
Quelques grognements de douleur supplémentaires saluèrent sa traversée de la salle vers les escaliers : le coquin ne prit en effet même pas la peine d'enjamber les bagarreurs malchanceux étalés sur son chemin et leur marcha tout simplement dessus sans dévier d'un pouce. Le tout avec une insolente insouciance.

Le pied sur la première marche, il jeta un sourire charmeur par-dessus son épaule sans paraître viser personne en particulier.

- Oh, et ma porte restera ouverte... Si quelqu'un se trompe de chambre je ne lui en voudrai pas...

Avec un petit rire presque silencieux, le jeune homme se passa un bout de langue sur les lèvres puis tourna prestement les talons.

Adwel regardait en souriant son bandage... Le fédorien avait tout fait pour ne pas monter son vêtement plus haut que le bas de sa poitrine... ce qui rendait le soin complètement inutile...

La Médiovienne voulu se lever mais elle fut foudroyée par la douleur... Elle serrait les dents en se rasseyant, impuissante, au sol...

Et bien ma grande... Se disait-elleTu fais une bien piètre voleuse...

Elle regarda sa bourse rebondie... qu'elle rangea prestement dans sa besace. Quelqu'un avait posé le pied sur la première marche de l'escalier... Donc, en toute logique... quelqu'un montait...

La jeune voleuse essayait de prendre appuis sur le mur pour se lever, grimaçant sous l'effort.

Syld était un peu magicien sur les bords. En quelques secondes, *pouf* il n'était plus là. En tout cas plus tout contre elle. Tandis que le chenapan saluait à la ronde et partait se couché d'un pas incontesté (les gémissements des carpettes humaines étant loin de ressembler à de quelconques contestations. Elles manquaient de conviction pour cela). Et Fanaa se retrouva héritière du trône vivant. Les deux hommes grognèrent un peu, ils étaient sur le point de reprendre leurs esprits. La jeune femme se leva en prenant soin de ne pas trop les écraser et en s'excusant. Elle tapota sa robe, se retourna et se retrouva nez à nez avec Thénaïs.

La belle mercenaire avait les yeux emplis de colère et la mâchoire crispée. Elle fulmina :
- Deux fois! Ca fait deux fois que tu me le piques sous le nez!
Tout d'abord, Fanaa tenta de trouver une excuse. Elle préférait régler cela calmement.
- Mais non, la dernière fois il ne s'est rien passé et... là non plus. Enfin pas vraiment. Il te cherchait tu sais, seulement dans la confusion... il s'est trompé, c'est tout. Rien de grave.
Thénaïs empoigna sa rapière et cria de plus belle. Visiblement elle ne crut pas un mot des explications de Fanaa. Bon, peut être que cette dernière aurait pu trouver mieux mais dans l'urgence, on fait comme on peut alors... Et puis il y en a qui ont le talent pour mentir et d'autres moins. Voire même pas du tout. C'est ainsi.
Thénaïs saisit sa lame donc (mais sans la sortir du fourreau. Du moins pas encore.), elle était furieuse. Qu'une "collègue" serveuse fasse les yeux doux à l'homme qu'elle même se destinait était déjà suffisamment désagréable. Mais elle savait que la coquine ne faisait pas le poids contre elle. De jolies rondeurs mais un crâne de piaf. Mais l'inconnue face à elle... bon Thénaïs était bien plus belle et elle le savait. Elle avait des atouts, de nombreux atouts. Mais la punaise, même décoiffée, et avec ses airs de mijaurée dans sa robe de jeune fille bien élevée l'exaspérait au plus au point. Car il était difficile de l'évaluer. Peut être avait elle des surprises cachées. Et puis baste! Thénaïs n'aimait pas la concurrence. Du moins pas celle qui agissait.
Elle lui cracha :
- Il s'est trompé? Petite tanche, jamais Syld ne pourrait te confondre avec moi, c'est évident! Tu l'as induit en erreur. Tu t'es jouée de lui, et de moi avec! Tu n'es qu'une petite traînée et une profiteuse!

Fanaa pâlit. Elle jeta un coup d'oeil à Michael, n'avait il pas proposé son aide quelques instants plus tôt? Mais face à une femme il serait gêné. Et Fanaa n'avait pas à lui demander ça. Elle eut envie d'exploser elle aussi, de lui lancer quelques invectives au visage. Et de lui crier qu'elle n'était pas ce que la mercenaire disait.
Mais elle pensa à Syld et se força à se calmer. Elle inspira à fond et se composa un masque détendu et un faux sourire. S'inclinant bien bas :
- Je te présente mes excuses. Je... Bonne nuit.
Toujours courbée en deux, Fanaa recula, attendant avec nervosité une nouvelle insulte ou une autre réaction de Thénaïs, mais rien ne vint. Soulagement.
Qu'elle rejoigne Syld et elle aurait bientôt tout oublié.

Fanaa se redressa et balaya la salle du regard. Les employés remettaient la salle en ordre. Soghann s'était retiré dans un coin sombre et le fédorien aux crins roux se tenait non loin de là. Elle hésita à aller le voir mais, craignant de le déranger, elle préféra aller au fond de la salle et s'assit sur le rebord de la cheminée. Un feu y flambait. Tant mieux, Fanaa avait la chair de poule.

La salle commençait à se calmer doucement, les fracas de la bagarre se changeant partout en gémissements et soupirs. Syld déclina poliment la proposition du Fédorien, puis, fit une remarque étrange sur la femme qu'il avait monté à l'étage. Celui ci regarda autour de lui, faire remarquer qu'elle était en bon état en haut ? A qui, et pourquoi ? Il pouvait bien le crier dans la salle, mais pas mal de personnes malintentionnés pourrait entendre. N'ayant pas plus d'informations, il haussa les épaules, il éprouverait le conseil en temps voulu. Petit à petit, les mercenaires débarquèrent pour nettoyer les traces et ceux encore à peu près en bon état commencèrent à se redresser pour retourner dans leurs chambres. Soudain plus alerte, Michael se déplaça rapidement en direction de l'escalier qu'il venait de quitter, interceptant deux hommes patibulaires qui comptaient monter peu après le shalos dragueur.

-Tu cherche quoi gamin ?

Le gamin en question vérifia rapidement qu'aucun mercenaire ne le surveillait avant de poser sa main sur l'épaule d'un des hommes, à la jonction du cou, son pouce bien appuyé sur la jugulaire et ses autres doigts prenant appui sur un nerf. Il fit ensuite simplement pression et l'homme poussa un léger hoquet avant de mettre un genou à terre. Avant que son compagnon ne réagisse, Michael exposa simplement.

-Il y a en haut une jeune femme qui se repose dans le couloir. Si j'apprends que vous ne l'avez, ne serait ce touché, sans son accord ou avec de mauvaises intentions, vous pouvez vous considérer comme des morts en sursis car je vous trouverai.

Il effectua une nouvelle pression qui fit tomber le deuxième genou, illustrant son propos en appuyant doucement sur la veine à son pouce. Michael entendit peut après un faible acquiescement, mais très sincère. Satisfait, il relâcha la pression et lui donna un coup de main pour se remettre debout, l'époussetant même un peu.

-Ceci dit, passez une bonne soirée...Ah, et faites passez le mot.

Il leur adressa un dernier salut avant de se diriger vers le centre de la salle. Des éclats de voix l'arrêtèrent à nouveau. Curieux, il regarda la cause du remue ménage, et vit avec amertume Thénaïs chercher des noises à Fanaa. Cette dernière s'inclina après avoir murmuré e plates excuses avant de se réfugier à coté du feu. Michael surprit un regard dans sa direction avant de s'avancer d'un pas résolu vers la mercenaire.

-Excusez moi ?
-Qu'est ce que tu veus toi !?

Au moins de ce coté la, elle n'avait pas changé de sentiments, l'affection qu'elle avait pour lui devait se schématiser par une belle bulle. Il devait bien être possible de la baisser encore un peu.

-J'aimerais savoir, vous êtes une mercenaire. Donc, une guerrière.
-Oui.
-Et donc, en tant que tel, vous devez accordez un minimum d'importance à l'honneur...
-Bien sur ! C'est pour cela que l'humiliation que m'a fait subir Syld était la pire chose qui me soit arrivée !

Michael recula d'un pas, cachant avec peine un sourire amusé sur le volte face qu'elle avait fait il y a peu. Mais ce n'était pas à cela qu'il voulait arriver. Il jeta encore un coup d'œil à Fanaa avant de revenir sur Thénaïs, son équipement, son caractère et ses formes.

-Et c'était donc votre plus grande humiliation ?
-Sans aucun doute !

Le fédorien abandonna aussitôt son sourire, devenant tout à fait sérieux.

-Vous avez battu votre record alors. Une personne avec un minimum d'honneur respecte la personne qui a pu la battre. Et ne la rabaisse surement pas...
-Qu' ?
-Vous avez été battue, et vous avez tenté de minimiser votre défaite en rabaissant votre adversaire. Au niveau humiliation, je vois difficilement comment vous pourriez faire pire.

La mercenaire recula d'un pas, comme agressé physiquement, la main sur la garde d'une de ses lames. Elle rétorqua.

-Ce n'est pas une bataille...
-Si. Une bataille comme une autre, où vous avez été battue à plates coutures. Je ne comprends même pas comment vous avez pu traiter de catin une femme que vous ne connaissez pas, et, du peu que j'ai vu, d'une telle qualité. Ici, vous n'avez aucun honneur...

Le jeune homme croisa les bras, prêt à esquiver si il fallait, mais Thénaïs, qui observait ses yeux, devait se sentir transpercée par des éclairs de fureur.

-Libre à vous de vous obstiner. Dans ce cas, montez en haut, et soyez humiliée, une nouvelle fois, et de la pire des manières...Du moins pour vous. Vous prouveriez ainsi de manière éclatante votre stupidité. C'est à vous de voir.

Le mercenaire se retourna fit quelques pas avant d'ajouter, légèrement calmé.

-Je ne dis pas tout cela pour vous faire du mal. Mais n'en faites pas alors...Et si vous voulez régler vos comptes avec moi, puisque je vous ai dit une vérité, je n'y vois pas d'inconvénients. Il nous suffira de sortir de cette taverne. Sur ce, bonne soirée, ou à plus tard.

Ceci fait, Michael se dirigea en direction de la jeune femme en noir, attirant son attention avec de grands gestes de mains. Arrivé à proximité, mais toujours à un mètre de distance, il lui adressa un signe de pouce vers le haut avec un léger sourire tourné en coin.

-Je ne sais pas comment vous les femmes pouvez être attiré par un shalos aussi libertin. Peut être que c'est pour cette "stupidité" que je ne vous aime pas spécialement ( vous = les femmes hein^^ ). Mais même avec ses vices, Syld m'a l'air bien sympathique, et je pense qu'il s'ennuie seul dans sa chambre. Et, vu qu'il te plait, je pense que tu devrais aller le rejoindre rapidement. Et si cette jeune femme t'ennuie à nouveau, dis lui ce que tu pense. Mais je pense qu'elle ne te gênera plus. Enfin. Quoi qu'il en soit, bonne soirée mademoiselle^^.

Il s'inclina légèrement pour la saluer, puis, la laissa. Il n'avait plus vraiment à parler normalement. Avec un petit grognement, Michael laissa errer son regard dans la pièce, à la recherche d'une distraction autre que la boisson, vu qu'il n'avait toujours pas d'argent. Plus de combat, plus de discussions, plus de boissons. Quelques possibilités plus tard, le fédorien se pencha, chargea quelques hommes étendus sur les carreaux avant de commencer à les débarrasser à la suite des mercenaires. Ceux ci haussèrent un sourcil, intrigué, mais aucun ne fit d'autre commentaire. Un peu d'aide était toujours bienvenue, surtout bénévole. Du coté du volontaire, cela l'occupait, lui permettait de dissiper son adrénaline dans quelque chose d'utile et d'effectuer un entrainement musculaire assez efficace. Au bout de quelques allers retours entre le bar et la pile qui s'amoncelait au dehors, il avisa la médovienne qui semblait toujours prostré au sol. S'approchant en ayant juste un paquet sur une épaule, il haussa un peu la voix pour qu'elle l'entende.

-Faites attention, si vous ne bougez pas, on va finir par vous prendre pour un de ces "cadavres".

Syld avait monté les escaliers si vite qu'il n'évita une collision avec la Médiovienne se trouvant en haut qu'en effectuant une pirouette.

Il était un peu gris, mais juste ce qu'il fallait pour être un peu plus euphorique qu'à l'ordinaire. A part ça il avait le pied aussi sûr que d'habitude.
Sa fantasque manoeuvre d'évitement fut donc impeccablement réussie, et aussi gracieuse qu'on pouvait l'espérer lorsqu'on accordait un minimum d'importance aux détails esthétiques.

D'un geste tout plein de la même assurance, le Shalos cueillit la main de la demoiselle qui n'était pas appuyée au mur et aida sa propriétaire à se remettre debout.

- Si c'est pour moi que vous faisiez l'effort de vous relever, ma dame, je puis vous assurer que je ne vaux guère la peine occasionnée...

Le drôle jouait les galants mais gardait tout naturellement sa main libre dans sa poche, histoire de garder au chaud les zoris prévus pour le voyage... Il n'était pas brigand pour rien.

- Mais puisque vous voici d'aplomb vous devriez retourner dans la salle : je crois que quelqu'un s'inquiète pour vous.

Après un sourire en guise de salut, il avait pris congé et possession de "sa" chambre.

Lorsque Soghann se glissa à son tour dans la pièce, le jeune homme avait juste pris la peine de jeter ses bottes dans un coin avant de s'installer sur le lit, les bras croisés derrière la nuque.

- Mais voici notre fauteur de trouble !

Syld fouilla dans sa poche et lui lança une clef.

- C'est celle de la chambre d'à côté. Ce n'est pas que je veuille te mettre à la porte, mais...

Il haussa les épaules d'un air rieur.

- Ce lit est un peu étroit... un peu court, aussi. Il faudrait te plier en quatre pour t'y faire rentrer.

Et le moqueur de ponctuer sa plaisanterie d'un sourire enjôleur.

Fanaa ouvrit brusquement les yeux (et du même coup réalisa qu'elle les avait fermés).

*ah non! J'ai dit que je ne dormais pas!*

Serait elle fatiguée? Ah non, elle n'allait pas se laisser aller. Elle se mit rapidement debout et épousseta sa petite robe bleue. Il lui fallait trouver de quoi s'occuper les mains et l'esprit. Les shalos dormaient, mais Michael se rendait utile, lui. Il avait déplacé les gens inertes et s'occupait maintenant d'une femme immobile à l'air désespéré.
Fanaa se mordit la lèvre. Elle avait envie d'aider le fédorien pour le remercier mais ne savait pas trop comment. Les corps à déplacer étaient trop lourds pour elle et en plus les mercenaires avaient quasiment fini. Elle s'approcha du fedorien et de la médovienne. Jetant un coup d'oeil à Michael, celui-ci invitait la femme à se relever mais sans l'aider physiquement (il ne pouvait pas, il avait quelqu'un sur l'épaule), elle s'agenouilla au sol et adressa la parole à la petite femme brune:

- Mademoiselle? Vous pensez que vous pouvez vous lever? Essayez... vous serez mieux sur une chaise qu'à même le sol...