La Taverne de Veis

Totalement focalisé sur Syld dont il suivait le moindre des mouvement, Soghann resta immobile, le temps que Syld trouve -laborieusement- la sortie, puis les escaliers. Il répondit à l'invitation de son compère par un :

J'arrive, mon p'tit !

puis fit volte face pour exécuter une révérence en direction des autres occupants de la chambre. Révérence qui était très loin d'en être une, et qui s'apparentait davantage à une suite de mouvements compliqués et sans lien apparent entre eux. Ayant achevé son pantomime, Soghann se redressa et lacha :

Si vous voulez bien m'excuser...

Il imprima ensuite un mouvement de rotation à son corps en balançant une de ses jambes, de manière à se retrouver face à la porte après un tour et demi sur lui-même. Sa démarche s'en trouva encore plus chaloupée lorsqu'il franchit la porte -se guidant en s'accrochant fermement le chambranle, puis en longeant le mur d'en face, et enfin en s'agrippant à la rambarde de l'escalier. Le tout en grommelant dans sa barbe.

Gnan mais tu va voir toi... Petit chenapan.... Trop vieux, moi, non mais ho... 'peu de respect,bordel... Va s'allonger avant moi, t'va voir...

Cobalt observait avec incrédulité le spectacle des 3 ivrognes. Ils étaient déjà dans un état pas possible, comment pouvaient ils imaginer recommencer tout de suite?
Et cette fille qui voulait y entrainer Ling... oh non!

C'est là que Ling, non seulement accepta mais lui tendit une main amicale en lui demandant de l'accompagner.
Comment Cobalt pouvait il résister à ses yeux candides et ce sourire plein de bonté? Il ne pouvait pas. Avec un imperceptible soupir et un petit sourire, il saisit la main tendue.

- D'accord, je viens. D'autant plus que vu leut rythme de boisson, ils risquent d'avoir besoin de mes services... Allons y!

[hrp]avant [/hrp]Aprés 3 h de courses sous la pluie, Saarielle arriva enfin aux portes de la taverne, qu'elle poussa rapidement, entra et referma vite la porte pour empecher que le plancher ne soit innonder. Mais vu son état, une gigantesque flaque d'eau se formait déjà autour d'elle.

* zut *

La dédrane regarda la salle pour voir si les personnes qu'elle avait quitté il y a quelques heures étaient encore là. Elle vit Tsuki et le chaton dormant devant le feu

* bonne idée *

Elle s'y dirigea pour sécher un peu. Que la douce chaleur du brasier était bon ! La dédrane soupira d'aise. Tsuki, reveillée par quelques goutes lui étant tomber dessus, vint la renifler. Saarielle se baissa pour la caresser :

- Bonjour Tsuki, heureuse de te revoir ! Je remarque qu'il n'y a pas grand monde pr le moment...

Saarielle posa les deux sacs de voyage à coté d'elle, tandis qu'elle s'asseyait devant l'atre pour finir de se secher...

Syld finit par redégringoler jusqu'en bas (c'était apparemment sa technique habituelle pour descendre un escalier).
Le parcours entre la dernière marche et le comptoir lui parut extrêmement long, mais cette impression était sans doute due aux nombreux tours et détours bien involontaires qu'il fit en chemin.

Le jeune homme parvint donc devant la porte des cuisines... juste au moment où damoiselle Thénaïs en ressortait.

- Toujours en colère ? se renseigna Syld d'un air innocent.

La serveuse leva une main, mais par quelque réflexe repêché au fin fond d'une synapse encore fonctionnelle, le jeune assassin plongea dans une espèce de révérence qui lui évita de prendre sa énième baffe du jour.

- Ah bah oui, apparemment...

Il attrapa le poignet de la belle et, zouip ! la poussa sans façon par la porte qu'elle venait de franchir.
Tranquillement, Syld bloqua le battant à l'aide d'un grand tonneau vide qui se trouvait là bien à propos puis, avec un grand soupir pétri de satisfaction, alla à nouveau se percher au sommet de son tabouret et taper du plat de la main sur le comptoir.

- Tavernieeer ! Ohoo... On remet ça !

Ling, donc, sortit à la suite des deux shalos, en tirant par la main Cobalt et Fanaa. La même Fanaa qui avait les sensations au ralenti et manquait de trébucher à chaque pas tant il lui semblait que Ling marchait vite. (ce qui était faux en réalité).

Les premiers rayons de soleil baignaient la grande salle dans une ambiance grise et orangée. Mais à entendre le bruit dehors, la bizarre pluie n'avait pas cessé.

La jeune femme se sentait moins en forme. La tête lui tournait un peu trop, le côté euphorique de la boisson s'en allait, laissant place au reste. Les sons autour d'elle étaeint difficilement compréhensibles et les mouvement drôlement rapides.

*je dois tenir la deuxième manche moi aussi.*

Elle eut l'impression de mettre des heures à atteindre le bar. Saisissant un verre, elle but une gorgée. Mais ne se sentit pas vraiment mieux. Elle termina le liquide avec une grimace. A ce train-là, mieux valait déclarer forfait. Hélas.

Bong. Bong.
*c'est quoi ce bruit? on tape à la porte? tonneau? eau? m'asperger d'eau, oui, voila*

- zavévunaporte? tangdajreuzment kanmeme nan? eh oh? personnmécoute. kanmeme, ondiréundragonenfermé... lepov... vail'aidémoi...
porte, ramene ta fraise! keskejédila? ouilouillematete...

Laborieusement elle atteignit le tonneau qui tremblait en recevant l'onde de choc de la porte.


- atta atta, chuila. dragon sors de la!

Et elle poussa, glissa, tomba, perdit l'aquilibre mais se força à continuer. C'était lours et elle n'avait plus de force mais quand elle l'eur déplacé un peu, une furie réussit à s'extirper de là et se jeta sur elle en beuglant des mots incompréhensibles. Le dragon furieux la fit tomber à terre. Fanaa se recroquevilla et se protégea de ses bras mais le dragon la délaissa bientôt après qu'elle se soit cogner le crâne sur le gros tonneau. Il avait une autre cible en vue.

Et Fanaa perdit connaissance.

Souriant malgré ce qui lui était arrivé cette nuit, tentant à l'aide de Cobalt de guider au mieux Fanaa, le ménestrel se rendit donc à la salle principale de la taverne.
Les deux Shalos étaient déjà au comptoir. Dame Fanaa les y rejoignit tant bien que mal.
Ling les observa silencieusement pendant quelques instants, cherchant à comprendre ce que cette activité pouvait avoir d'attractif. Finalement, il haussa les épaules et décida de se trouver une autre occupation. Il pourrait sans doute questionner les buveurs lorsqu'ils seraient à jeun.. si toutefois cela leur arrivait de temps à autres.
Pour l'heure, un peu d'air frais lui ferait du bien. Pourquoi ne pas profiter du lever de soleil à l'extérieur? La pluie n'étais aucunement un problème pour lui.
Il allait faire part de ses intentions au Dédrane, lorsqu'il se rendit compte que ce dernier s'était figé, les yeux dirigés vers la cheminée. Regardant dans la même direction, le Médiovien aperçut une jeune femme... oh.

- Mon ami, hum, figure-toi que je ressens un besoin pressant... Je te rejoindrai tout à l'heure.

Il sortit de la taverne, et s'éloigna de quelques pas. La pluie tombait à grosses gouttes. Il étendit les bras afin de s'offrir tout entier à l'eau venue du ciel. Il ignorait tout des tenants et aboutissants des évènements nocturnes, mais il était vivant. Et il avait rencontré des gens intéressants. Par la suite, tout irait sans doute pour le mieux.

La deuxième manche était bien en train.
Le personnel de la taverne et les quelques clients insomniaques ou lève-tôt n'en finissaient pas de rouler des yeux incrédules face à cette incroyable paire d'ivrognes.

Tout en s'enfilant joyeusement deux verres sans respirer, Syld tourna un oeil pas net du tout du côté des cuisines.
Le temps de faire le point, et il pâlit, partiellement dégrisé.

- Je suis foutu...

Thénaïs fondait sur lui avec... eh oui, avec un hachoir à la main.

Le parti le plus sage aurait été la fuite.
Malheureusement, fuir impliquait de décoller son postérieur du tabouret, et décoller son postérieur du tabouret impliquait une troisième défaite selon les règles du fameux "sacro-saint duel murgique".
Donc Syld resta sur place.

- Syld, je te hais !
- Ouep mon ange, je m'en rends compte...

Comment le jeune homme esquiva le premier coup, impossible à dire pour un observateur lambda. Seul un regard familier aurait pu voir que l'avisé assassin avait jeté le torchon qui traînait sur le comptoir sous les pieds de la furieuse (mais non moins charmante) serveuse, la faisant glisser à point nommé.

Syld vida posément un nouveau verre avant de se coucher en arrière. Le hachoir siffla à deux centimètres de son nez.
Du bout des doigts, l'incorrigible coureur de jupons envoya un baiser à la demoiselle échevelée.

- Je t'adore, tu le sais ?

Thénaïs moulinait avec une fureur croissante, mais face à la chance éhontée de messire assassin c'était peine perdue : complètement déséquilibré, il oscillait de fantasque façon sur son siège qui tournait parfois sur un seul pied, s'inclinait, se redressait par miracle.
Si Syld avait été sobre, il se serait à coup sûr pris le hachoir vengeur en une quelconque partie de sa personne.

- Thénaïs, écoute... Elle m'écoute pas, hein ?

Le damné jeune homme cueillit un autre verre au hasard d'une improbable rotation du tabouret.

- Si quelqu'un pouvait a-avertir les mercenaires, ça serait hibou ! Pardon, ça s'rait chouette ! Nan, parce qu'on jurerait que cette adorable petite veut tuer quelqu'un, là...

Saarielle... c'était Saarielle, elle était de retour! Après être resté quelques minutes à se délecter du spectacle de sa belle auprès du feu, Cobalt se tourna rayonnant vers Ling dans le but de la lui présenter... mais le médiovien n'était plus là.

Et d'un seul coup il reprit pied sur terre et un vacarme explosa à ses oreilles. Ainsi que le spectacle incroyable de la jolie serveuse folle de rage, les joues rouges et la mèche folle en train d'agresser Syld. Elle semblait vouloir lui arracher ses vêtements... mais ses entrailles aussi!
La jeune femme était dans une telle colère qu'elle ne fit pas attention quand un de ses seins ronds sauta de son corsage.

Le dédrane était gêné pour elle plus qu'il n'était inquiet pour le shalos. Il hésita une instant entre aller voir sa chère Saarielle et porter de l'aide au couple (enfin couple... façon de parler). La menace de mort pesant plus sur Syld, Cobalt se décida à lui porter tout de même secours.

Il se plaça entre la serveuse et Syld.

- Mademoiselle je vous en prie, ne vous mettez pas dans un état pareil, vous allez vous faire du mal.

Mais de fait, Thénaïs avait peut être lancé son hachoir mais elle ne restait pas sans arme et c'est ainsi qu'un coup d'ongles destiné à Syld lui griffa le torse, abîmant sa chemise au passage.
Cobalt regarda la serveuse avec des yeux incrédules, tourna la tête vers syld et lui dit, interloqué:

- Ma parole, tu aimes vivre dangereusement toi!

La vue du sang sur la peau sombre du dedrane excita la serveuse et elle se mit à l'invectiver. L'air malheureux, Cobalt lui saisit (mais elle va arrêter de gigoter oO) -oups oula presque... ah voilà- lui attrappa les poignets, donc.
Doucement. Cobalt respectait les femmes. Même les femmes fortes.

- Mademoiselle je vous en prie calmez vous... Il ne mérite pas tout cette attention (oh lala) que vous lui portez. Il n'a pas su (oups) voir en vous que vous êtes une (aie) femme exceptionnelle. Ou alors (mais elle ne s'arrête jamais!) il a oublié. parce que l'alcool lui fait tourner la tête. Demain il s'en souviendra. (quelle énergie!) vous verrez.

- Tous les mêmes! Des paroles mais rien derrière! Pas un pour rattraper l'autre! Elle ne criait plus maintenant. Elle sanglottait... sur l'épaule de Cobalt qui devint rouge pivoine car le mamelon fugueur de la douce dame lui chatouillait le torse à l'endroit ou cette même femme avait mis sa peau à nu.

Cobalt prit une grande inspiration et tenta de calmer ses battements de cœur affolés. Il avait une femme dans les bras pour la première fois. Il imagina Saarielle dans cette même position tout contre lui... et faillit arrêter de respirer!
Comment... mais comment faisait Syld bon sang?!

Thenaïs pleurait toujours et le spectacle de ce chagrin calme le dedrane dont le pouls reprit un rythme constant et normal.
Très doucement, il renversa la tête de Thénaïs légèrement en arrière dans le creux de son coude, puis lui murmura quelques mots à l'oreille tout en dessinant de son pouce le signe de Gaïa sur le front de la femme maintenant immobile. Enfin il lui passa la main au dessus du visage. Thénaïs ne pleurait plus, elle était endormie.

Un corps en sommeil impliquant une absence de travail des muscles, les jambes de la serveuse ployèrent rapidement, mais Cobalt eut le reflexe de passer une main sous ses genoux, une autre derrière ses épaules et la souleva du sol.
Elle était bien plus belle détendue par le sommeil que dans tous ses états.

Cobalt se tourna vers Syld (qui avait profité de l'abri que lui avait procuré le corps de Cobalt pour continuer sa descente au fond des verres - faut pas pousser non plus, un concours c'est un concours non mais!):

- Je ne soigne que les blessures physiques. Pour les peines de cœur c'est toi le spécialiste... Tu la prends?

- Si je n'avais pas aimé vivre dangereusement, j'aurais fait bibliothécaire, pas assassin !

Syld rétablit la pudeur du corsage de la belle endormie d'un doigt expert.

- Au fait, Cobalt... tu n'as jamais enlacé une fille autrement qu'habillée, ou quoi ? T'as encore l'air tout chose !

Le Shalos réprima un rire qui aurait pu être embarrassant pour son vis-à-vis et, histoire de s'occuper la glotte malgré tout, s'envoya un autre verre.

- Je peux pas bouger de là avant d'avoir vu Soghann le nez par terre. C'est une question d'honneur, là !

Il hocha la tête d'un air décidé, puis la secoua de gauche à droite pour dégager les longues mèches noires qui s'ingéniaient à lui tomber devant l'oeil.

- Enfin... allez...

Le jeune homme se tapota la cuisse d'une main et tendit le bras qui n'était pas occupé à faire la navette entre le comptoir et son gosier.

- Pose-la donc ici. J'irai la border dans son lit dès que j'aurai étalé mon estimé coéquipier sous le bar. Et tiens... vu que tu seras à nouveau les mains libres, tu n'auras qu'à faire un détour avant d'aller voir damoiselle Saarielle : j'ai l'impression qu'on a une autre demoiselle en détresse au pied du tonneau là-bas. Pauvre petite chose...

Cobalt ne fut nullement offusqué par la remarque de Syld sur ses habitudes. Ce qui l'énerva en revanche, ce fut sa desinvolture et l'intérêt limité qu'il portait à celle qui était sa jolie compagne quelques heures plus tôt. Et à la deuxième qui était au moins aussi jolie mais moins claire d'esprit.

Au lieu de donner la femme à Syld comme il le demandait, Cobalt rafermit sa prise sur elle et le fusilla du regard.

- Non. Tu lui as fait assez de mal comme ça. En plus tu n'arrives pas à te tenir toi-même, comment l'empêcherais tu de tomber? Je me débrouillerai sans ton aide. Et ce sont des femmes, pas des choses, bougre d'idiot!

Il se détourna du shalos pour se diriger, son fardeau dans les bras, vers la cheminée et Saarielle. Chemin faisant, il regretta l'absence de Ling. Déjà parce que son ami lui manquait et aussi car il aurait pu l'aider.
Il se présenta à sa chasseresse adorée avec la serveuse endormie dans les bras.

- Saarielle? Je suis bien aise que tu sois de retour. J'espère que tu as fait bonne route. Dis moi, cette jeune femme est mal en point et comme j'ignore où elle habite, je vais l'intaller dans ta chambre en attendant. Peux tu me rendre un service? Il y a là bas, près du tonneau de la cuisine une autre personne mal en point. Je voudrais que tu la surveilles pendant que je vais installer celle là.
Merci. Je reviens.

Il se détourna d'elle sans penser à sourire. A vrai dire il était soucieux de l'état de ... ben de ses patientes. c'est un peu ce qu'elles étaient maintenant. L'une en avait gro sur le cœur, ce qui était plus noble que l'état de la seconde qu'il devinait provoqué par une grand ingurgitation d'alcool. Cobalt n'appréciait pas les femmes qui buvaient trop. Cette fille était bizarre. mais ce n'était pas une raison pour la laisser.
Où l'installerait il? Hmmm... dans la chambre de Ling. En espérant que son ami n'y verrait pas d'inconvénient.

Ah. la chambre de Saarielle. Il allongea la jolie Thénaïs sur le lit, la déchaussa et la recouvrit. Il ne fallait pas qu'elle attrappe froid. Il quita la chambre mais en se retournant sur le seuil, il eut une prémonition. Thénaïs retomberait dans les bras de celui qui la faisait souffrir. Ce mec, qui lui avait paru des plus sympathiques au premier contacte lui inspirait maintenant de la méfiance. Pauvre thénaïs.
Il ferma la porte et sortit dans le couloir.

Cobalt redescendit et trouva Saarielle auprès de Fanaa. Cette dernière était dans la même position qu'au moment de sa chute. Exactement la même position. Cela ne lui disait rien de bon.

Cobalt s'agenouilla auprès d'elle et prit son pouls. Il secoua la tête, grogna et se tourna vers saarielle.

- Je te préviens, je ne veux pas que tu boives comme cette inconsciente l'a fait! Un verre ou deux mais pas plus c'est compris?

Se rendant compte du ton dur qu'il avait employé, il radoucit sa voix et effleura du bout de doigts la joue de Saarielle.

- Excuse moi, je m'emporte. Mais ce genre de jeux peut avoir des conséquences dangereuses. Je dis ça pour toi tu sais... Merci d'avoir veillé sur elle.
Allez viens par là toi... tiens?

Quand Cobalt la souleva dans ses bras, il ne ressentit pas du tout les mêmes sensations qu'il avait eues avec thénaïs. Celle-ci était bien plus légère, presque trop, et molle comme une poupée de chiffon. Elle ne dégageait pas la chaleur de la belle serveuse et ses joues n'étaient pas teintes d'un joli rose. Son visage était pâle. Extrêmement pâle.

Sa répugnance vis à vis de ses manières de lever le coude fit place à une inquiétude sincère.

- Saarielle, suis moi. Ne reste pas là.

Prenant le chemin de l'escalier, il s'arrêta en voyant du coin de l'oeil, Ling. Il était de retour!

- Ling, me permets tu d'installer cette demoiselle dans ta chambre? je suis désolée de la mettre là mais je n'ai pas trop le choix. Elle a besoin de se reposer mais... si ça te gêne je trouverai une autre solution bien sûr.

Le ménestrel rangea rapidement ses balles dès que Cobalt s'adressa à lui.

- Ça ne me dérange pas du tout, bien au contraire! Ne l'ai-je pas moi-même proposé tout à l'heure?

Il fit un bref clin d'oeil. Puis son visage prit un air grave.

- Elle m'a l'air bien mal en point, la pauvre. Brrr, cet alcool est un véritable poison ma parole. Ce n'est pas trop grave au moins? Tu vas pouvoir la soigner? Hum, j'ai refermé ma porte à clé lorsque nous sommes sortis, après ce qui s'est passé... Je vous accompagne pour ouvrir, ne perdons pas de temps. Tu veux que je t'aide Cobalt?

Saarielle fut surprise du ton de Cobalt qui s'adoucit rapidement, son léger contact fit monter un frisson le long du dos de la demoiselle puis il lui demanda de le suivre.

- Ne t'inquiète pas, je n'irais pas aussi loin, dit-elle en lui souriant

Elle se leva d'un bond, Tsuki ouvrit la marche. Elle remarqua un nouvel arrivant, il avait l'air de connaitre Cobalt. Elle se demanda qui cela pouvait bien être, la dédrane poserait la question plus tard, pour le moment c'est Fanaa qui importait !

- C'est gentil Ling mais m'ouvrir la porte sera une aide suffisante.

Tsuki passa devant, suivie de Ling, Cobalt avec Fanaa et enfin Saarielle. Ils entrèrent dans la chambre et le dédrane allongea la jeune fille sur le lit avant d' s'asseoir à son côté. Il prit de nouveau son pouls et contrôla sa respiration. Concentré sur les soins à apporter, il parlait en même temps à Ling et Saarielle. Sans les regarder. mais ce n'était pas de l'impolitesse.

- L'alcool n'est pas forcément un poison. mais il faut savoir s'arrêter. Au début boire provoque des sensations agréables, on se sent bien, à l'aise, on rit. les inhibitions s'en vont. Pour ceux qui en ont. (ce qui ne semble pas être le cas de ce Syld songea-t-il à part lui). Bref, c'est plutôt sympa. sauf pour ceux qui ont l'alcool triste - ils dépriment - ou l'alcool violent - insultes et bagarres arrivent vite.

Il toucha le front de la jeune femme immobile, il vérifia sa température corporelle.

- Mais là... regardez moi ce désastre! Elle a au moins autant d'alcool que de sang dans la corps! Bon j'exagère un peu mais c'est l'idée. A forte dose, on est malade. La tête tourne, tout ralentit, nausées... jusqu'à des pertes de connaissance de ce type.
J'imagine que cette inconsciente ne connait pas ses limites. Et là elle les a carrément dépassées! Il faut la purger. Heureusement que j'ai appris ça.

Il secoua la tête. Cette situation le rendait nerveux. Il n'avait jamais vu une personne aussi mal en point après avoir bu. Il savait que cela existait mais c'était la remière fois qu'il devait sougner ce genre de cas.

Il posa une main sur le front de la jeune femme, une autre sur son ventre au niveau de son foie et se concentra. Il fallait retirer tout le poison. Il y en avait beaucoup. Beaucoup. Cobalt fronça les sourcils. Ling et Saarielle étaient présents, il ne devait donc pas rater son soin.
Quelques minutes plus tard, il se redressa et repoussa une mèche de cheveux de son crâne. Quelques gouttes de sueur perlaient à ses tempes.

- Ca devrait aller. Maintenant il faudrait de l'eau pour lui rafraichir le front, et la couvrir qu'elle n'attrappe pas froid.

De l'immobilité la plus totale, Fanaa, même si elle n'avait pas repris connaissance, avait "repris vie". Son corps effectuait un réflex de survie élémentaire. Il tremblottait. Un réaction normale due au froid.

Cobalt se leva et tituba. Il se frotta les yeux.

- pardon je... je reviens...

La purge qu'il avait effectuée consistait à retirer le mal du corps du patient pour le prendre à son compte. la tête lui tournait et il avait mal au coeur. Maintenant il fallait expulser tout ça. Cobalt sortit en titubant de la chambre, se dirigea vers les latrines et vomit.

Fanaa ne ressentait plus rien. Elle ne pouvait plus ni bouger ni penser. Elle n'était ni corps ni esprit. Un son si lointain... mais l'effort pour se réveiller était considérable. elle abandonna.

D'une voix que seule une ouïe exercée pouvait comprendre tant elle était faible, quelques mots tombèrent.

- J'ai froid... j'ai peur... maman...

Une larme coula d'un de ses yeux, puis plus rien. Fanaa était bien au-delà de la fatigue.

Plusieurs inconsolables poivrots s'étaient joint à la compétition murgique entre les deux assassins, sans parvenir à tenir leur rythme hallucinant. Ils avaient bien couché la moitié de la taverne, lorsque l'un des clients les plus résistants fut soudain prit d'un haut-le-coeur et se retourna juste à temps pour se vider les entrailles ailleurs que sur le bar. Soghann observa la scène d'un oeil plus qu'embrumé, leva un doigt professoral et énonça un proverbe bien à lui :

Vomir, c'est repartir !

Lui-même étonné d'être parvenu à placer la phrase dans le bon contexte, et avec une élocution approximativement correcte, il haussa les épaules d'un geste fataliste et s'enquilla un autre verre. Les deux Shalos avaient largement recouvert la partie du bar qui leur était allouée de verres retournés, obligeant même une des serveuses à s'échiner pour les laver plus vite qu'il ne les vidaient, afin de ne pas tomber à court de récipients.
Soghann eut alors, lui aussi, un haut le coeur, mais il parvint à refouler le réflex d'éjection qui avait voulu lui faire perdre le duel. Il tenta de prendre un air digne pour masquer la grimace que cela lui avait arraché, puis jeta un coup d'oeil vers la droite. Non, l'autre droite, là où était Syld.

**Tient encore assis, l'animal... **

Son mouvement ayant prit un peu plus d'amplitude que prévu, son tabouret exécuta un tour complet sur un pied, avant de retomber sur ses appuis.

HoooOOoo....
Commence à séker... souker... soukouer... tanguer sévèrement, ici...

Puis, avisant le sol d'un regard morne, s'appuyant des deux mains sur le bord du comptoir.

Tiens, mon touba... tébouré... tabouret a grandi... Foutrement loin, le sol, vu d'ichi...

Ce fut à peine un murmure, à peine un souffle, mais il ne pouvait se tromper sur le sens des paroles. Quelle infinie tristesse pouvait... Il se souvint de ce qu'on lui avait raconté. Parfois, les gens se noyaient dans l'alcool pour oublier quelque chose de pénible.
De sa main libre, il saisit l'une des mains de Fanaa.

- Tu n'es pas seule. - chuchota-t-il

Puis il changea de mélodie. Il lui passait de l'eau sur le visage, et lui-même était encore ruisselant de pluie. Cela suffirait. Il mêla la magie à son chant, répétant inlassablement les mêmes paroles.

Oublie ta peine, sèche tes pleurs,
Libère ton coeur de sa douleur,
Aucune raison d'avoir peur,
Car tu n'es pas seule petite soeur...

Syld se mit à rire.

- Tu d'vrais par... por... pourtant avoir la babit... la biba... l'habitude des hauteurs, avec tes grandes éch-échasses !

Et yaaaah, trois verres de plus !
Le jeune homme n'arrivait plus à s'arrêter de rigoler, d'autant plus qu'il voyait à présent deux ou trois Soghann là où il n'y aurait dû y en avoir qu'un.

- Hic... bjourrr messieuuuuh... écha... échan... enchanté... J'vous connais, nan ?

Il attrapa un verre dans chaque main.

- Au fait, Soghann numéro un... Oué, toi-là... 'rrête d'onduler cinq minutes, t'veux ? Valà. Donc c'que je voulais te dire... c'est qu'ap-ap-après qu'on s'soit perdus d'vue ap-ap-ap... Raaaah ! Ap-après not' sortie de la Guilde... J'ai... hihi... j'ai fait pa...pa...pa... Raaah ! partie d'une troupe de baladins. J'voulais voir du pays, ben ma poule, j'en ai vu !

Les deux verres vides furent bien vite remplacés par des camarades pleins, mais pas autant que celui qui les avait en main.

- Et donc... Keske j'voulais dire, moi, d'jà ? Ah oui ! Et dooonc... l'chef de troup' a eu une super idée de numéro pour moi. Plus zoriginal que lanceur de couteaux ou un truc du genre ! Le...

Syld sauta tout debout sur son tabouret et effectua une gracieuse pirouette.

- ... "funambule bourré" ! Ahaaaa ! J't'ai bien eu ! Wohoo... planète, cesse de tourner, je te l'ordonne !

Et le jeune homme de se draper dans une toge imaginaire, le sourcil froncé et le bras tendu devant lui comme un juge décrétant la sentence d'un accusé malheureux.

- J'crois bien kce damné chien attendait que j'm'éclate la tête par terre, en faaaait... C'est ptêt parce que je lui avais soulevé sa femme...

Le Shalos se mit à quatre pattes sur son tabouret pour se rasseoir sans louper la zone stable où il devait reposer son arrière-train.

- T'ça pour t'expliquer... que tu m'auras pas ce coup-ci, Soggy ! Je décollerai pas de ce tabouret, non non non ! Ah... au fait, j'déconnais l'autre jour... j'avais pas oublié... je faisais juste semblant...

Syld leva son verre et cria tant et si bien que personne de la cave aux toitures ne put manquer une seule de ses paroles :
- Soghann est un super coup entre deux draps !

Après avoir éjecté ce qui était mauvais, Cobalt dr rinça la bouche à l'eau et s'essuya le front. Pfiou! C'était plus fatiguant qu'il ne l'aurait cru. Il avait voulu faire cette purge au mieux pour prouver ses capacités à Saarielle mais résultat, il s'était surtout montré faible.

Il ressortit sans le couloir et aperçut sa chasseuse. Il s'approcha, un air coupable dans les yeux.

- Pas trop déçue? Je suis désolé, je ne suis pas si bon que je ne l'aurais voulu en fait. Et moi qui voulait te protéger. Je suis pas credible, hein?

Tout penaud, il lança un pauvre sourire à Saarielle. Un sourire amer.

La faculté de Soghann à se détacher de son environnement immédiat lorsqu'il était à un certain degré d'ébriété se trouva mise à mal par le discours de l'assassin, qui était lui aussi gravement amoché. Mais la dernière phrase de son compère fut plus que destabilisante, au propre comme au figuré. Soghann reçu l'affirmation comme un coup, tellement il ne s'y attendait pas. Coup qui le déstabilisa donc, et acheva de détruire son équilibre déjà précaire. Il parti donc d'un grand éclat de rire et se renversa sur son tabouret, se retrouvant allongé sur le sol, riant et s'étouffant en même temps. Lorsqu'il parvint à retrouver son souffle, il leva une main vers ce qu'il lui semblait être le plafond et conclu :

ça va, je t'accorde cette manche, petit salaud!

Saarielle regarda Cobalt revenir, le visage pal. Le pauvre :

- Pourquoi devrais-je être déçu?? Tu as fait ce qu'il fallait.

Elle lui sourit.

** Hum...**

- Rentre dans la chambre, t'assoir un peu. Tu dois être un peu fatigué, je reviens tout de suite.

Sans lui laisser le temps de dire quoi que se soit, elle le poussa dans la chambre, puis redescendit dans la grande salle demanda une bassine d'eau fraiche, de l'eau chaude et 4 tasses. La dédrane attendit un peu puis avec son plateau elle re-monta dans la chambre. Et posa le tout sur la petite table de la chambre.

La chasseresse trempa une serviette dans l'eau fraiche, la laissant s'imprégner d'eau le temps que Saarielle prépare la boisson.
De la petite sacoche qu'elle portait à la taille, elle sortit un fruit ovale jaune à la peau rugueuse et à la chair un peu acide (un citron quoi !), elle sortit une de ses "griffes" et le coupa en rondelle, et en mit dans chaque tasse; elle versa l'eau chaude par dessus.

Saarielle attendit quelques minutes puis elle tendit une tasse au nouveau venu, dont elle ne connaissait toujours pas le nom, et une tasse à Cobalt, elle en gardait une pour elle et la dernière serait pour Fanaa:

- Cela fera du bien à ton estomac et ça estompera un peu l'effet de la beuverie. Quand à nous... bin ça nous réchauffera un peu.

Pendant que Cobalt goutait la boisson, elle prit la serviette, la torda pour en enlever l'excés d'eau et vint à coter du dédrane et lui passa la serviette sur le front pour enlever les dernières traces de sueur et le rafraichir un peu.

La réaction de la dédrane la rassura. Elle n'était ni fâchée de la façon dont il lui avait parlé, ni déçue de son incapacité à soigner sans effets secondaires.

Doucement, elle lui rafraichit le front et les temps, lui procurant une sensation bienfaisante. Il saisit le poignet de son amie et plongea son regard au coeur du sien. Il la regarda quelques instants.

- Saarielle...

Le regard se fit plus intense, il voulait lui dire quelque chose, il allait lui dire ... mais non. Il battit en retraite. Il n'était pas prêt.

- Merci beaucoup.

La lâchant, il la fit doucement pivoter vers Ling.

- Saarielle regarde! Je te présente Ling. Son nom enter c'est Lingwiloke "Dragon des eaux". Il est Médiovien et vient de terminer ses études de troubadour. Et il est génial! Si tu l'avais entendu hier soir! Il chante merveilleusement! Divinement même! Je t'assure, c'est un don de la Terre et du Ciel tout à la fois! Il te montrera tu verras.

Avec un regard suppliant à Ling.

- Tu voudras bien nous en faire écouter encore s'il te plait?