La Taverne de Veis

- Oui, je me sens beaucoup mieux. Et c'est grâce à toi. Ton eau citronnée m'a assaini. Le petit déjeuner me remet d'applomb tout va pour le mieux!

Cobalt caressait Saarielle des yeux. Elle s'éclatait avec sa nouvelle arme. Elle était toute joyeuse et lejeune homme était heureux de la voir ainsi.
Sa petite hermine...

- Tu es mignonne...

Il lui tapota gentiment la tête et lui adressa un sourire éblouissant.

- Et ce type d'arme te va parfaitement. Elle est très forte Salyha. Mais dis moi, tes mitaines... elle ne vont pas te servir pour chasser n'est-ce pas? Pourquoi alors?

Syld somnolait à moitié sur son coin de comptoir. Le bruit d'un verre en grès posé devant son nez lui fit rouvrir l'oeil... à moins que ce ne soit une quelconque vapeur.
Car le contenu du verre fumait.

- Aheuuu...

Le jeune homme coula un regard un peu inquiet vers le tavernier (enfin, pas trop trop inquiet : ça n'avait pas l'odeur du minandi).

- Allez-y ! C'est salutaire après les lendemains de noce, donc ça devrait marcher aussi pour vous... même si ça a été le concours le plus effarant que j'ai vu de ma vie.

L'aimable bonhomme secoua la tête pour en torchonnant ses chopes, encore sceptique face au témoignage de ses yeux.

Plus ou moins rassuré, Syld mit le museau dans le verre.
L'amertume du breuvage lui tira un hoquet un peu nauséeux. Pourtant il le lampa jusqu'à la dernière goutte et resta à demi couché sur le comptoir quelques minutes.
Ah tiens, le paysage s'éclaircissait...

Le Shalos se redressa graduellement. La tête d'abord, puis s'appuyer sur les coudes... c'était dur, quand même. Remettre le dos à peu près droit... Ouffff !

Le tavernier leva soudain un doigt.

- J'avais oublié de vous prévenir...

Syld quitta assez brusquement son siège, une main devant la bouche.

- ... il y a comme qui dirait un petit effet secondaire.

L'assassin était déjà plié en deux par-dessus l'appui de la fenêtre ouverte la plus proche.

D'interminables minutes plus tard, il se remit d'aplomb et s'essuya les lèvres d'un revers de manche.

- Il y a des coups de griffe qui se perdent, là...

Il avait besoin de se rafraîchir les idées, soudain...
Et le jeune homme connaissait justement l'endroit idéal pour ce faire, grâce à Fanaa.

- Bon, je vais faire un tour.

Il enjamba donc la fenêtre (en prenant garde de l'endroit où il mettait les pieds) avant d'avoir pu céder à une inexplicable envie de meurtre, puis prit le chemin de la rivière d'une démarche encore traînante, l'oeil plissé dans la lumière du soleil.

Saarielle s'éclatait comme une folle à sortir et rentrer les lames, à faire peur à certains clients de la taverne aussi.

Cobalt lui tapota gentillement la tête :

- Hé ! T'arrête vi !

La dédrane lui tira la langue :

Cobalt a écrit:

- Et ce type d'arme te va parfaitement. Elle est très forte Salyha. Mais dis moi, tes mitaines... elle ne vont pas te servir pour chasser n'est-ce pas? Pourquoi alors?

Elle redevint sérieuse :

- hum... bonne question ...

La chasseresse réfléchit quelques instants :

- c'est juste au cas où.

Un éclat malicieux passa dans son regard :

- Au cas où, un certain dédrane s'amuserait à venir me taquiner de trop prés, dit-elle en se rapprochant de Cobalt puis elle partit à rire.

Elle se leva brusquement, faisant grincer sa chaise sur le parquet, se pencha par dessus la table et déposa un baiser sur le front du clerc, qui se mit à avoir un joli plongeant sur le décolleté de la demoiselle.

- Un dédrane?

Elle ne pensait tout de même pas à lui? Lui qui la respectait et l'admirait plus que tout, qui ma voyait comme la plus belle femme au monde...
Jamais il ne se permettrait aucun geste de travers vis à vis d'elle. Jamais il ne se permettrait quoi que ce fut de déplacé sur aucune femme d'ailleurs, mais sur Saarielle encore moins que sur les autres.
Jamais il ne prendrait le risque de perdre la considération qu'il avait si durement gagnée.

Il voulut se défendre.

- Tu ne penses quand même pas à...

quand soudainement, il se retrouva dans l'autre monde. En gros plan, juste devant lui, les plus beaux appâts du monde. Sa température interne monta d'un coup, Cobalt suffoqua. Saarielle avait les plus beaux arguments qu'il ait jamais vus!
Mais les lui présenter ainsi... juste après sa mise en garde... c'était une torture. Ou peut être un test? Non? Saarielle ne pouvait être ainsi. Elle si magnifique et si pure...

Elle déposa un baiser sur son front. les lèvres de Saarielle.

Cobalt se sentit défaillir. Il ne tiendrait plus longtemps. Se levant brusquement, il planta son regard dans celui de sa compagne, se sentit rougir et se glissa promptement hors de la table.

- Je vais me rafraichir...

Il s'éloigna en titubant. Il ne sentait plus le sol sous ses pieds. Il était ivre sans avoir bu d'alcool... Wahou!

Lingwiloke ouvrit doucement les yeux. Il ignorait combien de temps il avait dormi, mais en tout cas, il se sentait régénéré. Bien que n'étant pas de constitution très robuste, il n'avait pas besoin de beaucoup de sommeil pour récupérer.
Se souvenant de la jeune femme que Cobalt avait soignée, il jeta un coup d'oeil sur le lit. Plus personne. Elle avait surement du se réveiller, reposée, et partir se restaurer.

Fidèle aux habitudes qu'on lui avait inculquée, le troubadour se leva et commença par faire sa gymnastique matinale. Quelques exercices d'assouplissement, un peu de jonglage. Tout le nécessaire pour préparer son corps et son esprit à affronter une nouvelle journée avec le sourire.

Il se dirigea ensuite vers la porte de la chambre, dans le but d'aller prendre un petit déjeuner. C'est alors que l'on frappa. il ouvrit sans hésiter, et tomba nez à nez avec une femme portant le costume du personnel de la taverne.

- Bonjour messire. Je suis désolée si je vous ai dérangé, je fais le tour des chambres afin de voir quels occupants sont présents ou absents, afin d'organiser le ménage du jour. Tant que je suis ici, avez-vous besoin de quelque chose?

- Et bien, je vous serais reconnaissant si vous m'indiquiez à quel endroit je pourrais prendre un bain après avoir mangé un morceau.

- Je peux vous faire monter un baquet si vous le désirez. Je peux également aller vous chercher votre petit déjeuner, si vous comptiez le prendre dans votre chambre, cela vous épargnera un aller-retour.

- Vous êtes fort aimable, mais il n'est pas nécessaire de vous donner cette peine vous savez.

- Ne vous inquiétez pas pour cela, il s'agit de mon travail. Dites-moi plutôt ce que vous voulez pour votre repas.

- Heu... Et bien un bol de lait chaud, du pain, quelques fruits, et un pot de miel, si c'est possible.

- Bien sûr. Et de quoi prendre un bain?

- Oui s'il vous plait. De l'eau froide de préférence.

- Froide? C'est inhabituel, mais c'est noté. Ne bougez pas, je reviens.

- Merci beaucoup.

- Vous me remercierez après, quand vous aurez tout ce qu'il vous faut.

La femme traversa le couloir et descendit les escaliers. Quelques minutes plus tard, elle remontait avec un plateau.

- Et voilà. Le nécessaire de bain va vous être apporté ensuite. Vous avez tout ce qu'il vous faut?

- Oui, c'est parfait merci.

- Sera-t-il possible de faire le ménage de votre chambre cet après-midi?

- Bien sûr.

- Alors je vous souhaite une bonne journée messire!

- Attendez quelques instants, que je... ah voilà.

Il sortit quelques Zoris et les donna à la serveuse. Elle le remercia d'un sourire, avant de partir pour une autre chambre.
Le médiovien s'installa dans son lit avec son plateau, et mangea de bon appétit. Le baquet d'eau fut monté pendant qu'il se restaurait, aussi put-il prendre son bain juste après. Le contact avec l'eau froide finit de le réveiller. Il fit ses ablutions, s'habilla, prit avec lui sa bourse et ses instruments, et s'apprêta à descendre dans la salle commune.

Alors qu'il saisissait le plateau pour le rapporter, il aperçut un petit morceau de parchemin qu'il n'avait pas remarqué. il s'en saisit.

Citation :

Il faut absolument que l'on se voie ce soir. Rendez-vous sur la route de Medievir, près de l'arbre que nous connaissons tous les deux.

Étrange... Qu'est-ce qui pouvait être suffisamment urgent pour justifier cette convocation subite? Bah, il le saurait le moment venu. Il rangea le mot dans ses affaires, et sortit de sa chambre.

Saarielle resta quelques instants interdite par la réaction de Cobalt...

** J'ai fait une bêtise ?? **

Tsuki grimpa sur la table, la dédrane se rassit, l'hermine vint frotter sa tête contre le menton de la chasseresse :

- Tu veux un peu de lait ?

Elle versa un fond de lait dans son bol, Tsuki vint boire le lait, l'hermine releva la tête, le menton plein de lait et regarda derriére la dédrane :

- Qu'il y a-t-il ? demanda-t-elle en se retournant

Elle vit Ling :

- Youhouh !! se mit-elle à crier en faisant de grands gestes pour attirer son attention.

Alors qu'il traversait le couloir pour atteindre l'escalier, Lingwiloke croisa une jeune femme tout juste sortie d'une autre chambre. Celle-ci se plaça sur son chemin et se planta devant lui, l'air mi-hagard, mi-furieux. Lorsqu'elle parla, sa voix semblait charrier de la glace.

- Dites-moi, vous ne connaitriez pas une paire d'assassins, par le plus grand des hasards?... surtout un en fait, un type avec un bandeau dans les cheveux, passant son temps à faire le pitre et le joli coeur, toujours flanqué d'un grand ténébreux?

- Heu... il me semble bien avoir brièvement rencontré ces hommes, ainsi que la jeune damoiselle qui les accompagne.

- La jeune d... humpf?! Et vous ne sauriez pas à quel endroit je peux les trouver à cette heure?

- Oulà, désolé, mais je me lève à peine. Si vous le désirez, je peux transmettre un message, si je les croise avant vous.

Elle lui décrocha une gifle magistrale.

- Transmettez-lui ça, et dites-lui que j'arriverai bien à lui remettre la main dessus!

Elle s'en fut ensuite, du pas décidé caractéristique du soldat menant la charge. Le ménestrel interloqué resta quelques instants comme paralysé, frottant sa joue sans comprendre. Finalement, il haussa les épaules et s'engagea dans l'escalier menant à la salle principale.
Arrivé en bas, il balaya la pièce des yeux... qui se posèrent sur Saarielle. Difficile de faire autrement, d'ailleurs, étant donné qu'elle faisait de grands signes, en plein milieu de la taverne. La dédrane avait-elle conscience que tous les regards (essentiellement masculins) étaient fixés sur elle (et principalement sur certains attributs qui suivaient le rythme des mouvements de bras)? Probablement pas.
Le médiovien leva la main en direction de Saarielle, afin de lui montrer qu'il l'avait vue (en espérant qu'elle cesse ainsi de se faire remarquer, même s'il était un peu trop tard pour cela), fit un crochet par le comptoir afin de rendre le plateau et de commander un verre d'eau, puis se rendit à la table de la Dédrane.

- Toutes mes salutations damoiselle Saarielle. Et bien, vous avez encore de l'énergie à revendre! On ne peut pourtant pas dire que la nuit ait été de tout repos. Mais... je ne vois pas Cobalt à vos côtés. Rassurez-moi, il va bien?

Ling vint à sa table :

- Bonjour ! Bien dormi?... De l'énergie à revendre?... je ne sais pas... Quant à Cobalt il allait bien jusqu'à il y a quelques minutes... je crois que je lui ai fait peur... dit-elle en se mordant à demi la lèvre. Mais je pense qu'il ne devrait pas tardé à revenir... enfin j'espère...


Tsuki vint dire bonjour à Ling en venant lui renifler la joue qui avait été frappée.

Après s'être passé de l'eau sur le visage, Cobalt retourna dans la grande salle. Il se sentait en forme et d'excellente humeur. Il le fut encore plus en reconnaissant le jeune médiovien à côté de Saarielle.

- Ling!

Tout joyeux, il courut embrasser son ami.

- Comment vas tu ce matin? Tu as assez dormi? Tu bois juste un verre d'eau? mais il te faut un petit déjeuner digne de ce nom, comment tu vas tenir sinon?

Avisant la joue (très) rouge du sieur Lingwiloke, Cobalt ouvrit de grands yeux ébahis.

- Mais... mais que t'est il arrivé?

Soupçonneux.

- ne me dis pas que cette fille s'est mal conduit avec toi! Je savais que j'aurais dû la laisser se débrouiller seule! C'est ma faute excuse moi compagnon...

- Oui, oui, très bien dormi, merci beaucoup. Cobalt, peur d'une charmante damoiselle!? Je ne peux le croire! Sans doute une faiblesse passagère qui l'aura poussé à s'absenter!
Oh, bonjour toi. Ling gratta Tsuki derrière les oreilles.

Ce fut justement le moment que choisit le Dédrane pour revenir.

- Cobalt! Ma foi, je suis tout à fait reposé! Ne t'inquiètes pas pour le repas, on m'a apporté un petit déjeuner dans ma chambre. Le service ici est absolument parfait!
Et ne te blâme de rien mon ami, la jeune femme a dû très bien dormir, puisqu'elle n'était plus là à mon réveil. Non, en réalité ceci -Il désigna sa joue- est l'oeuvre d'une autre damoiselle. Il s'agit d'un message que je suis censé délivrer à l'assassin Shalos au bandeau. Mais je dois t'avouer que je serais bien incapable de transmettre ce genre de chose, jamais je ne pourrais le frapper!

- Hey, V...v...vous là! Wé, les d...d...deux gosses avec la donzelle!

Ling se tourna en direction de la voix désagréable. Quatre hommes entre deux âges (quoique vieillis prématurément par une consommation excessive de jus de fruits fermentés), assez grands, larges d'épaule et légèrement bedonnants, s'approchaient de la table. Leur démarche n'était pas particulièrement assurée. Leurs joues et leur nez rougeauds ainsi que leurs difficultés d'élocution suffisaient à prouver s'il en était besoin qu'ils étaient passablement ivres.

- Alors comme ça c'est vous qui ass... azu... qui v'z'occupez de la sécurité de mademoiselle. Ah, laissez-nous rire!

L'homme arrêta de parler, l'air d'attendre quelque chose. Les quatre, tout proches désormais, formaient un demi-cercle devant Saarielle, Cobalt et Lingwiloke.
Celui qui devait être le chef se tourna vers ses "camarades".

- B'sang, j'ai dit "Laissez-nous -hic- rire" le am... cop... gars. Alors v'devez vous marrer.

- oh

Les trois autres brutes émirent des borborygmes avinassés.

- Voilà. Donc j'disais... j'disais... ah wé. Nous autres, on pense que la dame, ben elle s'rait fichtrement mieux avec quatre beaux guerriers comme nous plutôt qu'vec deux crevettes, sauf vot' respect. On s'rait mieux placés pour satisfaire ses besoins, s'vous voyez c'que j'veux dire.

Nouveaux simili-rires graveleux. Le bavard porta la main à la poignée de l'épée qui pendait à son côté.

- Donc maintenant, v'nous esscuserez, mais j'crois qu'vous devriez nous laisser en tête à tête. Ce s'rait dommage d'vous abîmer, d'autant qu'on en connaît qui f'raient bien leur affaire à deux jeunes puceaux comme vous. Ils marchent d'l'aut' côté d'la route s'vous m'comprenez, et chuis sûr qu'ils vous trouveraient à croquer.

Une alerte sonna dans la tête de Cobalt. *Saarielle est en danger!*

- Dis donc vous! On ne vous a pas sonnés! Saarielle n'est pas une donzelle! Je vous interdis de lui manquer de respect! Et vaut mieux être des "crevettes" que des gros lourdaux à mauvaise haleine et moches en plus!

Cobalt se tenait droit et fier, les poings relevés, prêt à tout pour défendre ses amis, sans peur quand...

- Moche moi?

L'homme dont le torse velu apparaissait en haut de sa chemise crasseuse déboutonnée cracha par terre.
*berk* se dit Cobalt en faisant une grimace.
L'homme fit craquer ses phalanges et commença à avancer vers le dédrane.
*oups* se dit ce dernier. il recula d'un pas... pour se cogner dans le bide d'un autre.
Le premier balança son gros poing de toutes ses forces vers la figure de Cobalt, qui l'évita en se baissant au dernier moment. le deuxième colosse se prit un coup qui lui vida l'air des poumons.
Rasséréné par cette semi victoire, Cobalt gissa sur le côté, se releva et leur fit face en sautillant, les poings toujours levés.

- Alors? vaut pas mieux être une crevette?

- C'est la serveuse que Syld a emmené dans sa chambre.

Puis quatre poivrots entourèrent la table.

**Hum**

Saarielle se releva lentement de sa chaise, son regard s'était durcit, une petite lueur guerrière vint apparaitre dans ses yeux violets. Cobalt voulu intervenir, il y réussit à moitié et plus par chance que par autre chose

** Il va se faire tuer l'idiot**

Mais elle était tout de même impressionnée et fière du dédrane. A son tour la chasseresse fit craquer ses phalanges :

- Bon à qui le tour?

Avant de leur laisser le temps de répondre, en prenant appui sur la table, le plus proche d'elle se prit un coup de pied magistral dans la figure, faisant voler sa jupette, s'écroula à terre sonné. Un de moins, ça faisait deux avec celui de Cobalt, passons à celui qui avait failli frapper le clerc, d'une pirouette elle se retrouva en face de l'ivrogne qui sentit quelque chose de froid posé sur son entre-jambe, le "jeune" homme baissa son regard embrumé pour voir ce que cela pouvait bien être, et il vit rapidement que Saarielle avait sortie les lames de ses mitaines. Un faux mouvement et... couic.. plus d'enfant, enfin voir même plus rien

- Donc vous disiez ?

Un sourire sadique vint s'afficher sur ses lèvres.

Cobalt avait vivement réagit à l'affront, puis sans crier gare Saarielle s'était changée en un véritable chat sauvage. L'un des piliers de comptoir, nettement plus massif que le ménestrel, s'était sauvagement précipité sur Lingwiloke dès le début de l'escarmouche. Sans doute un de ces lâches dont on lui avait parlé, qui aimaient s'en prendre aux êtres d'apparence frêle.
D'un bond léger, le médiovien sauta sur une table située derrière

- Tu fuis comme une anguille, mais j'vais te chopper moi!

- Que vous dites, que vous dites monseigneur! Et bien attrapez moi donc si vous le pouvez!

Tout en parlant, le troubadour avait sorti ses balles de sa poche et s'était mis à jongler. La brute le poursuivait maladroitement, heurtant chaise et clients, tandis qu'il bondissait de table en table, parfois dans des positions incongrues, mais sans jamais renverser un seul verre ni perdre une balle.
Enfin, sa course le mena sur une table d'angle.

- Cette fois, t'es fait comme un rat mon pt'it bonhomme. T'vas voir qu'on se moque pas de moi comme ça!

- Vous savez que vous manquez terriblement d'humour? Vous venez d'assister à ce qui est sans doute mon meilleur numéro depuis ma sortie de l'école, et vous n'applaudissez même pas! Pourtant ça nécessite énormément de travail avant de réussir à faire ça!
Oh... mais j'allais oublier le final! Attrapez!

Le troubadour lança une de ses balles très haut, au-dessus de la tête du forban.

- C'est toi qu'je vais attraper!

La balle retomba alors sur le crâne du vilain bonhomme... avec un *bong* retentissant. Ce dernier resta quelques instants figé, puis ses yeux se révulsèrent et il s'effondra.

- Oups. J'aurais peut-être du lui dire que ce sont des boules métalliques... Bah, maintenant il le saura.

En bon ménestrel, Ling fit plusieurs révérences afin de saluer le public involontaire que constituaient les clients médusés de la taverne, puis, après avoir récupéré sa balle, rejoignit prestement Saarielle et Cobalt.

Et en bon public, Cobalt applaudit bien fort son ami. Au retour de celui-ci, il le gratifia d'une bourrade dans le dos.

- Ben mon gars! Non seulement tu chantes comme un dieu mais en plus tu te défends très bien. t'as encore beaucoup de talents cachés? Je vais être jaloux moi.

Quant à toi Saarielle... ouf! ta mère t'a fait un cadeau... dangereux. Ca c'est sûr faut pas t'embêter. Non tu n'es pas une hermine mignonne et fragile... tu es une vraie tigresse!
Bon ça m'a donné soif tout ça. Je vais chercher à boire. ca vous dit?

En allant vers le bar, il passa devant un des malabars et lança crânement.

- Choisissez mieux vos cibles la prochaine fois!

Bon. c'est sûr la victoire ne lui revenait pas vraiment. Elle était partagée. Mais c'était sympa au fond. Il était moins choqué qu'il ne l'aurait pensé de 'avoir pas eu besoin de défendre Saarielle. Elle était dangereuse celle là. Vraiment géniale!

- Merci Cobalt, mais tu sais, je n'ai aucun mérite, on me forme aux arts du spectacle depuis plus de dix ans maintenant... Et je pense que tu n'as rien à m'envier, tes dons de guérison et ta gentillesse sont déjà exceptionnels, et je suis certain que tu sais faire d'autres choses encore!
Hum, à boire, pourquoi pas, cela donne soif de s'activer au réveil. Un grand verre d'eau ne serait pas de refus.

Entre temps, les mercenaires de la taverne avaient enfin décidé de réagir. Ayant suivi l'altercation, ils savaient parfaitement qui était responsable, et sans doute seraient-ils intervenus plus tôt si l'issue du combat avait été différente. Efficaces, ils embarquèrent rapidement les quatre lourdeaux. Lorsque deux soldats vinrent chercher celui que Saarielle tenait toujours en respect, ils adressèrent un clin d'oeil à la jeune femme, avant de repartir avec la brute... dont la démarche avait quelque chose d'étrange.
Lingwiloke l'observa attentivement, puis pouffa.

- Hé Saarielle, tu as vu? -dit-il discrètement - le gros méchant a mouillé ses chausses.

Le ménestrel fut alors pris d'un fou rire incontrôlable.

Saarielle se mit aussi à applaudir le ménestrel, puis Cobalt demanda s'ils voulaient à boire :

- C'est vrai que ça donne soif quand même...

Elle hésita un instant :

- Si tu pouvais ramener du jus de pomme fermenté (du cidre quoi), ça serait vraiment sympa, lui dit-elle en lui faisant les yeux doux

La dédrane arrivait souvent à ses fins en faisant ça, elle ne savait pas trop pourquoi, mais peu arrivait à résister à certains de ses regards.

Lingwiloke a écrit:

- Hé Saarielle, tu as vu? -dit-il discrètement - le gros méchant a mouillé ses chausses.

Puis il partit à rire, la dédrane se mit à pouffer aussi.

- Il l'a bien mérite ! Na ! après tout ils l'ont bien cherché !!!

Saarielle se rassit attendant que Cobalt ramène les boissons.

Soghann déboucha dans la taverne, et s'arrêta un instant sur le seuil pour vérifier l'état de la salle.

Ma parole, ils s'amusent sans nous, ici...

Traversant rapidement la salle, il alla poser son baluchon sur le comptoir et y laissa quelques pièces, puis monta les escaliers avec une souplesse et une vitesse telles que l'on aurait dit qu'il ne touchait même pas les marches. Pénétrant dans la chambre à la vitesse d'un courant d'air, il s'appropria les vêtements qu'ils y avaient laissés et ressorti aussitôt, s'assurant d'un coup d'oeil expert qu'il n'y avait rien oublié.

Il redescendit les marches avec la même souplesse, hésita à garder la clef de la chambre, puis la posa sur le comptoir à côté du baluchon qui n'avait pas encore bougé.
Un sourcil en accent circonflexe, il prit quelques instants pour observer la mine dépitée et furieuse de quelques loubards qu'ils avaient couchés la nuit dernière, ainsi que la mine goguenarde de Cobalt, le fou rire du ménestrel croisé hier soir... -était ce bien hier soir?- haussant les épaules, il se dirigea vers eux, exécuta un léger salut et se fendit d'un large sourire :

Vous me voyez désolé de ne pouvoir prendre le temps de partager vos hilarité, dont les raisons m'ont l'air bien plus valables que quelques verres ou nuages de fumée odorantes. Mon compagnon et moi-même avons à faire, mais soyez sûrs que nous nous retrouverons, peut-être sous d'autres cieux et dans d'autres circonstances... J'espère que nous aurons le temps, cette fois, de faire plus ample connaissance autour de quelques tonneaux. Sur ce...

Se fendant d'une petite révérence

Je vous souhaite un bien bon séjour.

tournant les talons sans s'attarder davantage, il ressorti de la taverne.

Cobalt rapporta les boissons et s'assit.
Ling était explosé de rire et Saarielle de même. Entre deux hoquets, celle ci réussit à lui désigner la cible de son hilarité et Cobalt se cacha dans sa chope pour sourire.

- Ling, j'ai pris la liberté de faire parfumer ton eau. Faut bien fêter cette victoire! C'est juste un sirop tu vas voir c'est bon. Et tiens mais c'est... un des assassins?

Le shalos aux grandes quilles s'avança vers eux, leur sortit un discours plein de phrases accompagné d'un genre de courbette de la tête et s'en repartit comme il était venu. Rapidement et discrètement.

- Intermède intéressant mais néanmoins surprenant. Où en étions nous. Ah oui. Ling? Tu as pris tes affaires, tu comptes filer où comme ça?

- Parfumer?

Le ménestrel porta le verre à ses lèvres, et les humecta. Puis il avala timidement une gorgée. Une expression de ravissement se peignit alors sur son visage.

- Mais c'est très bon! Qu'est-ce que c'est?

C'est à ce moment que le dénommé Soghann, venu d'on ne savait où, apparut, fit aux jeunes gens un discours rapide, et fila. Décidément, ces shalos étaient tout à fait incompréhensibles.

Cobalt a écrit:

- Ling? Tu as pris tes affaires, tu comptes filer où comme ça?

Le médiovien surpris reporta son attention sur Cobalt.

- Heu... et bien il se trouve que j'ai une affaire urgente à régler ce soir. Un rendez-vous. Je vais donc devoir m'absenter pour une durée encore indéterminée. Mais je reviendrais ici quand j'aurais terminé.
Il m'est impossible de te donner le moindre détail sur l'affaire qui m'éloigne, car je n'en possède aucun moi-même. J'en saurai plus cette nuit.

- Rien que ça? Un rendez vous mystérieux, que tu ne souhaites pas partager avec nous... et en plus tu ne comptes rentrer que tard dans la nuit voire même encore plus tard?

Cobalt regarda son ami et son air tout candide en secouant la tête. Puis, éclatant de rire, il bondit vers lui, lui encercla le cou d'un bras et lui ébouriffa les cheveux de l'autre main.

- Petit cachottier. Avoue tout à tonton Cobalt, c'est une fille pas vrai?

Riant franchement, il leva son verre pour porter un toast.

- A toi mon Ling. Toi qui parait si mignon et pur mais qui au fond, est un grand tombeur. Un type plein de surprises! J'aimerais te ressembler!
Allez ma belle Saarielle, lève ton verre! Trinquons au rencard de ce soir!

Spoiler:

Norio réapparu un peu sonné de sous la table derriere laquelle il avait basculé. Un chat roux apparut quasiment immédiatement à ses coté et sauta dans sa poche. Norio regarda autour de lui et me trouva accroché à mon endroit habituel. Quand il me prit je sifflotait une légère chansonnette que Norio traduisit pour lui-même.

Tu raconte quoi ?

En fait il se trouvait que j'avais une affaire urgente à régler, et je ne pouvais quitter Norio s'il avait besoin de moi à cause d'un contrat magique. Je l'avais donc tout simplement effacé de la réalité pour régler mon affaire. Finalement je réussit à lui expliquer qu'en gros il avait disparu quelques heures, sans pour autant lui dire d'où venait cette disparition.
Un peu déboussolé par cette affirmation, Norio commanda un verre du meilleur alcool, payant sans réfléchir. Il regarda autour de lui et vit un visage qu'il reconnaissait et que donc normalement il n'avait pas détroussé. A coté du visage en question se trouvait un autre visage connu. J'entendis presque les rouages de son cerveau fonctionner pour lui donner l'identité des deux personnes. Finalement il vint s'assoir à leur table après avoir bu la moitié du verre. Norio tenait très mal l'alcool.

_Alors les amoureux, j'ai pas raté le mariage ?

Meteaur a écrit:

_Alors les amoureux, j'ai pas raté le mariage ?

- Mariage ? Quel Mariage ? On aurait raté nous aussi quelque chose ? demanda-t-elle étonnée

La dédrane se tourna vers les autres, le regard interogateur.

Cobalt caressa la main de Saarielle sur la table et, la caressant du regard, il lui dit doucement avec une discrète pointe de tristesse.

- Tu n'as rien raté... ne l'écoute pas.

Puis, offusqué il tourna des yeux flamboyant vers Norio et lui lança, claquant:

- Ce que tu as raté c'est une occasion de te taire zombie de mes deux!

** Hum... Alors de qui parle-t-il ??**

Puis cela fit "tilt" dans son esprit... Il parlait de Cobalt et elle ??? Saarielle se mit à rire, voir pire elle fut prise d'un fou rire.

- Tu parles de Cobalt et moi ? demanda-t-elle à travers les larmes.

La chasseresse s'arrêta quelques secondes puis repartit de plus belle, jusqu'à ce qu'elle ne puisse plus respirer :

- Pardon... Je... Désolée...

Elle essuya ses larmes du bout des doigts et les goutta :

- Salées...

L'image de l'hermine blanche vint à son esprit, disparaissant aussi vite qu'elle était apparue.

- Mais cette histoire de mariage est ... si absurde, dit-elle d'une voix froide.

La phrase de Saarielle et le ton qu'elle prit firent l'effet à Cobalt de tomber dans une mare gelée. Des milliers de lames glacées se plantèrent dans son corps... dans son coeur.

Il ne laissa pas paraître le vide et le froid qui le submergèrent à l'intérieur. Se renversant en arrière sur sa chaise, il enchaîna avec un sourire crispé:

- Je dirais même complètement stupide. Si on se marie, c'est parce qu'on sait que la personne va nous combler, qu'on peut lui faire confiance, qu'on ne lui ferait jamais aucun mal. La perle rare doit bien exister mais elle doit être vraiment dure à trouver. Pour peu qu'elle existe.
Pas vrai Saarielle?