La Taverne de Veis

[HRP]Avant[/HRP]




Syld et Fanaa réintégrèrent donc la grande salle à l'ambiance chaude et alcoolisée.
Dégoulinant d'eux, l'eau s'amusa à s'étendre et s'étendre encore. Elle semblai apprécier la taverne.

Fanaa jeta un coup d'œil à Syld, lui pressa la main, hésita mais ses lèvres ne s'entrouvrirent que sur du silence. Elle lâcha sa main pour lui ôter sa chemise puis posa ses mains sur les omoplates du jeune homme. Malgré l'averse qu'ils avaient essuyée, sa peau était bien chaude, pourvu qu'il n'ait pas de fièvre. Elle le poussa gentiment pour le faire avancer.

- Dépêche toi, enlève moi tous ces vêtements et va rejoindre ta belle, elle saura te réchauffer. Sinon tu seras malade. Allez hop, ne te fais pas prier!

Cessant de siroter sa bière pour répondre à Cobalt :

Ces gens là existent par centaines dans les rues de Shalanos. J'en ai peut-être même été un. Il se rendra compte, plus tard... S'il ne se fait pas tuer avant.

Mon métier, dangereux ? Si, bien sûr. Mais c'est cela qui le rend exitant... Et puis, ça paye bien. Je n'aime pas particulièremet le meurtre en lui-même, mais j'ai des talents pour cela, donc bon... Quand on peut gagner sa vie en faisant quelque choe qui nous procure du plaisir, pourquoi se poser des questions ?


Puis, répondant aux questions de Lennart :

Vous devinez juste, Lennart. Il existe peu de trésors dans la région de Shalanos, si ce n'est dans la ville même...
Personne, depuis que les Shalos sont là, n'a pu s'installer dans le Dregnir, et de toute façon, la région est trop inhospitalière pour autre chose que des troglodytes. Cela dit, le réseaux de cavernes est gigantesques, et dix générations ne suffiraient pas à l'explorer...

Du coin de l'oeil, Soghann vit Fanaa et Syld entrer dans la taverne, tous deux complètement trempés. Ils commençaient d'ailleurs à se déshabiller en plein milieu du hall.

*Bandes d'insouciants...*

D'un même mouvement tout en souplesse, l'assassin ramena ses jambes sou lui, écarta sa chaise et se leva, non sans avoir fait disparaître la totalité des pièces d'or que Syld avait laissé sur la table et que les autres avaient manifestement oubliées.

Pardonnez moi quelques instants, il faut que je m'entretienne avec mon compagnon.

Il se dirigea donc à grandes enjambées (certes, les petites enjambées n'existaient pas pour lui) vers le couple, et jeta un profond regard à Fanaa avant de s'intéresser à Syld. D'une voix douce, qui était couverte par le brouhaha de la taverne en dehors de leur cercle, Soghann prit la parole :

Syld, que tu te fasse voler ton or, c'est ton problème. Mais Je serais vous, j'éviterais de rester dans cette tenue en plein milieu de l'entrée... Le temps va certainement provoquer un afflux de gens à la recherche d'un abri. Ne me regarde pas comme ça, Fanaa, je connais suffisamment le manteau de Syld pour savoir exactement quelle épaisseur il a, et donc deviner qu'il y a peu de chose entre le dit manteau et ta peau. Enfin, Syld, je pense que tu as déjà suffisamment froissé la demoiselle pour aujourd'hui.

Du pouce, il montrait par dessus son épaule la jeune femme nommée Thénaïs, qui s'affairait en salle, mais qui ne tarderait sans doute pas à les apercevoir, plantés qu'ils étaient devant la porte. Ils devaient former un beau couple, ruisselants, lui torse nu, elle portant son manteau sans rien dessous... Cela aurait donné des idées à n'importe qui. ça commençait d'ailleurs à en donner à Soghann, même s'il tentait pour l'instant de faire taire ses instincts.

A la remarque de Soghann, toute la bonne humeur de Fanaa s'envola. Elle se rendit compte de sa tenue et... en eut honte à être jaugée ainsi par l'assassin. Le manteau cachait pourtant ses sous-vêtements mais l'oeil de Soghann semblait voir au travers.

Elle avait l'impression de se faire tancer pour une erreur qu'elle n'avait pas vraiment faite. Elle renifla et se mit à contempler le sol intensément. Le sol se brouilla légèrement et de toutes petites gouttes au goût salé tombèrent dans la flaque d'eau de pluie.

- Je... Je suis désolée...

Les discussions allaient bon train dans la salle.
Un courant d'air fit claquer la porte.
Quelques têtes se tournèrent, mais ne prêtèrent guère attention au bambin qui se dirigeait vers le bar.
Tous n'avaient d'yeux que pour un couple humide et sans pudeur.

L'hôtesse ne put voir que deux mains agrippées au comptoir, et une mèche de cheveux bleus qui dépassait.

Bonzour madame !
Un zus de Boring, siouplait.

La serveuse ne compris pas tout de suite.

UN ZUS DE BORING ! ... Siouplait !
Ze parle correctment, quand même, non?

Sans répondre, mais visiblement amusée par quelque chose, la serveuse s'éxécuta et parti préparer la boisson commandée. Lorsqu'elle revint le servir, le gamin l'arrêta:

Attends, attends! ze veux faire comme les grands.
Tu te mets à l'autre bout du comptoir et tu me fais glisser mon verre jusqu'à là, t'es cap'?

La serveuse laissa échapper un éclat de rire et acquiessa.
Le verre fut lancé, et glissa sur toute la longueur du comptoir, atterrissant dans les mains du jeune client.

Ouiii, merci ! ha ha ha, z'avais soif !
L'enfant bu une gorgée de sa boisson, bizarrement colorée.

Ils m'oblizent à beaucoup courir, dehors, ils veulent tous me frapper. M
ême des zens que z'connais pas.
Ze leur ai rien fait, ze leur balance zuste des gouttes d'eau, moi!
Mais eux, ils sortent leur épée passque ça leur plait pas.
Alors moi, ben... ze cours, hi hi hi !

Enfin une fois z'me suis fait attraper.
C'était "Cent tanches", le roi des Sahlops, je crois.
Il m'a donné une bonne fessée, c'est vrai.

Mais pardon madame, ze vous embête plus, ze vais m'asseoir dans le coin là bas.

Enki déposa quelques piéces sur le zinc et s'en alla s'installer sur un banc assez haut pour balancer ses pieds une fois assis, tout en sirotant.

***Inconsciente, et pleurnicharde, en plus... Mais d'où elle sort, cette fille ?***

Allez, montons prestement. Vous allez finir par inonder la taverne, sinon.

Faisant un effort pour ne pas laisser transparaître son agacement, Soghann passa derrière le couple et posa une main dans le creux du dos de chacun, les poussant pour les faire avancer vers les escaliers, prenant garde à passer dans les zones d'ombre, le long des murs, afin de ne pas se faire remarquer.

- Soghann... il paraît que tu es plus intelligent que moi, mais il y a vraiment des moments où tu te comportes comme le dernier des crétins...

D'un doigt léger, Syld essuya les larmes qui brillaient sur les joues de Fanaa avec un sourire d'excuse avant de céder à la poussée de son compère.

En fait, il céda d'autant plus vite que le souvenir désagréable d'un plateau s'écrasant sur son auguste chef se rappelait à lui.

Le serveuse tourna soudain la tête de leur côté et, d'un geste preste, le jeune homme tira Soghann en avant pour que sa grande carcasse dissimule le manteau bien reconnaissable sur les frêles épaules de Fanaa, tandis que lui même se statufiait temporairement derrière un pilier.

- Bah quoi ? chuchota Syld en réponse au regard profondément ironique que lui décochait son compère. Thénaïs est aussi aide-cuisinière... faut la voir quand elle te découpe un gigot de moo : tchak ! tchak ! Pas envie de savoir ce que ça pourrait donner sur moi, merci...

Il se frottait le cou à l'avance, imaginant les effets d'un hachoir à viande manié par une demoiselle en furie.

- Je sais que ce n'est pas toujours évident, mais je tiens à ma peau !

Il posa le pied sur la première marche de l'escalier salvateur destiné à les conduire loin des regards de la redoutable (mais néanmoins charmante) serveuse.
Ce fut à ce moment là que ses oreilles de Shalos furent frappées par une voix enfantine ... et par surtout un certain "nom" encore bien reconnaissable.

- "Cent... Cent tanches" ?!

Le jeune homme se mordit une phalange à travers son gant pour contenir l'éclat de rire qui lui faisait déjà monter les larmes aux yeux.

- Heu, plus vite, Fanaa... Montons avant que je ne ruine tout tentative de sortie discrète...

Norio observait la taverne du balcon, il était encore un peu fatigué de la nuit qu’il avait passé et ne voulait pas descendre, mais de toute façon il n’avait pas exactement le choix, de sa poche, Lumo avait vu bouger quelque chose. Il descendis de la poche de Norio, courut dans les escaliers, descendit à moitié en roulant, à moitié en tombant, slaloma entre les pieds des personnes, avant de sauter sur les jambes de Cobalt et, avertit par l’expérience du jour précédent, leva une patte doucement devant Tsuki, lui demandant de jouer avec lui dans un regard suppliants.
Norio, inquiet pour son chat, commença a descendre l’escalier, mais c’était sans me compter. Je commençait à entonner une musique qui fit tourner la tête à tous le monde. Devant sauvegarder les apparence, Norio appela un ménestrel :
_Passez en do mineur s’il vous plait.
J’adorais particulièrement cette chanson, parce qu’elle était habituellement chanté par une femme. Norio descendit lentement l'escalier, au rhytme lent de la chanson.



Norio sauta alors sur une table pour continuer la chanson, qui s'enchaînait alors sur un rhytme beaucoup plus rapide.

Spoiler:

Spoiler:

Sanglotant, Fanaa se laissa pousser vers Soghann, passant près des murs et se dirigeant droit vers l'escalier. Un doigt bienveillant épousseta une larme mais bien vite des dizaines d'autres vinrent prendre sa place.
L'escalier. La punition. Fanaa avait peur. Elle leur avait fait confiance parce que c'étaient des shalos mais au fond elle ne les connaissait pas. Syld semblait gentil. Soghann n'avait pas l'air mauvais mais peut être qu'au fond...

*je ne veux pas que ça recommence.*

Ils arrivèrent devant la porte de la chambre du fond. En y entrant Fanaa repéra le bain et reconnut l'endroit de son crime. Soghann n'avait sûrement pas du tout apprécié qu'elle détrousse un autre shalos. Surtout son compagnon.
La peur se faisait plus forte. Sa poitrine était dans un étau, lui donnant du mal à respirer. Les bras tremblant, elle ôta la bourse de Syld de son cou, s'agenouilla, et, fixant le sol la tendit au grand shalos.

- Ne me frappe pas...

Tout penaud Marmaduck se presenta devant ses camarades de beuverie

Euuh est ce que je peux vous demander un service ...

Il se trouve que j'ai perdu un parchemin dans le lac quand j'y suis tombé tout à l'heure et le propriétaire n'est pas très content ...
Est ce que quelqu'un peut m'aider à le chercher s'il vous plait ?

Marmaduck se tordait les doigts d'angoisse et une inquiétude sincére se lisait dans ses yeux

Soghann verrouilla la porte derrière eux, puis poussa un grand soupir. Lorsqu'il vit la Dédrane s'agenouiller et lui tendre la bourde de Syld, il leva un sourcil d'étonnement et jeta un regard à son compagnon. Délicatement, il prit la bourse et la jeta sur le lit, où elle atterri en émettant un ravisant bruit d'or.
Ensuite, il s'accroupit, se mettant à son niveau, pris le menton de la dédrane entre deux doigts, la força à lever la tête pour le regarder dans les yeux. Elle les avait bleus, comme lui, quoique d'une teinte moins lumineuse, plus discrète. Des larmes coulaient le long de ses jolies joues, et ses yeux étaient gonflés de ces mêmes larmes. Le regard sévère du Shalos s'adoucit, et il entreprit de la rassurer d'une voix douce :

Je n'ai pas l'intention de te frapper... Nous aurions voulu te punir de ce vol que tu serais déjà morte... Mais tu as de la chance, bien plus que les dizaines qui ont déjà essayé de nous voler. Syld t'as laissé la vie et je ferais de même, puisqu'il s'agit de son or...

D'une voix encore plus douce, il poursuivit, tout en laissant glisser sa main sur le visage de la jeune femme, essuyant les larmes et écartant les mèches de cheveux collées par la pluie :

Et puis, nous t'aimons bien...

Syld approuva avec force hochements de tête tout en s'asseyant sur le lit.
Il se dépêcha d'ôter ses bottes et de vider par la fenêtre la quatité d'eau phénoménale qui s'y était réfugiée.

- Mais qu'est-ce que ça fout là, ça ?

Il se gratta la tête en considérant le nénuphard qu'il venait de repêcher puis, avec un haussement d'épaule, l'envoya aussi dehors.
La pluie crépitait sur l'appui de la croisée, et le jeune homme referma la fenêtre avant que la chambre ait pu se retrouver aussi inondée que sa personne.

- Fanaa, relève-toi ! Sinon nous allons finir par croire que nous ressemblons à deux ogres croqueurs de demoiselles...

Il plongea le nez dans un placard et parvint à arracher une pile de serviettes à une féroce étagère (comme expliqué plus tôt, sieur Syld avait quelques difficultés avec la notion de rangement et tous les placards, armoires et cagibis que cela peut impliquer).
Le jeune homme ramena triomphalement son butin.

- Voilà de quoi sécher et couvrir une demoiselle en détresse ! Ne manque plus qu'un bon feu dans la cheminée que voilà, et ce sera parfait !

Avec un petit sifflottement, Syld alla s'asseoir sur ses talons devant le foyer éteint. Foyer qu'il alluma de la même façon qu'il allumait sa pipe,c'est-à-dire d'un joyeux claquement de griffe.

Le jeune Shalos sourit par dessus son épaule.

- Soghann fait parfois mauvaise impression -ne dis pas non, toi !-, mais pas au point de molester une demoiselle que j'ai ramenée par la main de sous l'orage.

Tout d'abord soufflée par la réaction du shalos, Fanaa ne put dire un mot. Les yeux écarquillés, elle fixait Soghann, puis son regard alla à Syld, vint à Soghann puis à Syld, etc...

- C'est vrai?

Quelque chose clochait non? Il n'aurait pas dû réagir ainsi. Enfin... d'après ce qu'elle croyait savoir en tout cas. Elle essuya un dernier sanglot, tendit la main vers Soghnann pour l'étreindre mais ne termina pas son geste. Il gardait quand même quelque chose d'impressionnant dans sa façon d'être. Alors elle se contenta de rapprocher son visage et de poser délicatement ses lèvres sur les siennes, tel un papillon bleu sur le rebord d'une fleur. Le contact ne dura que quelques instants.
Syld lui jeta une serviette à la tête, qu'elle saisit. Ses cheveux étaient trempés, elle en aurait bien besoin mais... il restait un point à éclaircir.
Elle se mordit la lèvre puis, montrant la bourse du doigt, elle pencha la tête sur le côté et dit d'une jolie voix flutée dans laquelle on devinait encore un reste du chagrin si proche :

- Mais ce n'est plus son or, c'est le mien à présent. C'est moi qui l'ai volé!

Syld souleva un coin de la serviette qu'il avait lui-même coiffée pour sécher sa tignasse.

- Mmmh ?

Il gloussa puis commença à se frictionner les cheveux avec énergie.

- Oh, tu peux le garder ! Je te l'ai dit : ce que j'ai pu admirer valait largement le prix...

Toujours enfoui sous sa serviette, il ajouta :
- Tu devrais te sécher les cheveux avant d'attraper fro... a...aa... atcha !

Le carré de tissu s'envola et retomba sur le lit.

- Oh non, pas encore...

Aux paroles de Syld, Fanaa se tourna vers lui et lui fit une grimace que Soghann ne put pas voir.

- Puisque c'est arrangé tout va bien.

Elle commença à se frictionner la tête lorsque Syld éternua.

- Si nous n'avions été que toi et moi, tu n'aurais pas regretté ce petit coup de froid. Mais je ne vais pas pouvoir te soigner cette fois, dommage...

Elle avait de nouveau envie de rire et se laissa tomber sur le dos, la tête sur la serviette, le manteau euh... ben ouvert... enfin un peu. hum. Dévoilant de la dentelle bleue soustrayant certaines parties stratégiques aux regards indiscrets.
Elle soupira.

- Soghann? comment je peux faire sécher mes vêtements? J'ai rien d'autre à me mettre à part le manteau en attendant.

Soghann se redressa pour éviter le jet de serviette, non sans avoir été agréablement surpris par le baiser imprévu. Il observa la Dédrane d'un regard critique, de haut... en bas... en haut.

Tu peux les poser sur le doxsier d'une chaise, devant l'âtre... Mais ce que tu as toujours sur toi ne sèchera jamais, à moins que tu ne décide de les enlever...

Puis, coulant un regard rigolard vers Syld :

Ne prends pas froid, je n'ai pas pris ma bouteille de minandi... Et je doute qu'ils en aient, ici.

- Je n'enlève rien du tout ou je vais vraiment être malade.

Une pause. Puis elle ne résista pas à l'envie de vérifier si ce qu'elle avait appris était fondé.

- je sais ce que c'est le minandil! c'est un champignon bizarre qui est à la base de la nourriture shalos. Y en a même qui en font de l'alcool frelatté qui est presque comme de l'acide et que l'on déconseille de boire. C'est plus que fort vous savez!

Elle soupira et secoua la tête, la torpeur la ganait. mais elle ne se laisserait pas envahir par le sommeil.

- Dites ça a quel goût?

- Ne-prononce-plus-jamais-ce-mot !

Et Syld de souligner chaque syllabe à grands coups de serviette humide sur la tête de Soghann.

- 'tcha ! Et... et bordel ! Pour le "ne pas attraper froid"... je crois que c'est un peu tard...

La question de Fanaa lui tira un frisson rétrospectif (à moins qu'il ne s'agisse d'un début de fièvre... ce qu'il avait sous le nez ne l'aidait certes pas à faire baisser la température).

- Fort ? Non non, du tout... Quant au goût...

Il échangea un coup d'oeil goguenard avec Soghann, persuadé qu'il pensait à la même chose que lui.

- Je te proposerais bien un nouvel échantillon, mais ce serait peut-être malvenu étant donné... atchoum ! Voilà, étant donné ça.

Soghann ne semblait pas décidé à étendre les affaires de Fanaa. Dommage, elle devrait le faire elle-même. Elle n'avait pas envie de bouger mais s'obligea à se mettre debout.
Syld avait ranimé le feu et celui ci, d'une belle couleur or, léchait les parois de la cheminée.
Fanaa étendit sa tunique sa cape ainsi que la chemise de Syld sur une chaise qu'elle rapprocha du feu.

La température de la pièce avait évolué de quelques degrés. C'était agréable. Fanaa s'assit sur le rebord de l'âtre et étendit gracieusement ses jambes. (pas aussi longues que celles de Soghann je vous l'accorde, mais plutôt jolies et bien galbées, n'en déplaise au sieur sus-cité).

Ainsi elle allait mieux sécher. Et Syld ne serait pas malade. La respiration de la jeune femme si fit plus régulière.
Elle était en sécurité ici.

- il est mort. lâcha-t-elle tout bas.

Alors qu'elle luttait contre l'engourdissement, l'image du seigneur décapité se superposa à une autre nuit. Un autre seigneur. Un gros Illymis. Vêtu de rouge... comme la victime. Ainsi qu'un certain foulard...

- Waaah...

Avec un soupir de contentement, Syld se laissa tomber en travers du lit et roula sur le dos.
S'il perçut le murmure de Fanaa il n'en laissa rien paraître, se contentant de plisser les yeux pour suivre la danse des ombres que les flammes avaient réveillées au plafond.

L'averse pianotait contre la fenêtre.
Le bruit de la pluie... c'était une des choses qui lui manquaient parfois, à Shalanos.
Le cliquetis des gouttes contre les carreaux épais le berçait.

Histoire de lutter contre la somnolence, il tourna la tête de manière à pouvoir admirer tout à son aise les lueurs rousses du feu sur les jambes de Fanaa.
"Très très jolie..."
Son oeil impudent glissa le long de la peau satinée.
"Et tellement mieux avec juste ses longs cheveux comme parure..."

- Raah, suffit, là-dedans ! marmonna-t-il en se frappant le front comme pour en faire sortir un petit démon aux idées toujours très orientées.

Un grognement péremptoire s'éleva soudain, assez insistant pour dominer les craquements du foyer et le crépitement de la pluie.

Syld prit son temps pour réfléchir sur la signification profonde de ce grognement, avant de lever un doigt hautement philosophique depuis son couvre-lit en tire-bouchon.

- J'ai la dalle.

Soghann, appuyé contre un mur non loin de la cheminée, observait les deux autres occupants de la chambre s'assoupir. Malgré les craquements du bois dévoré par les flammes, il entendit distinctement le mumure de Fanaa, bientôt couvert par un tonitruant grognement provenant de l'estomac de Syld.

Pas étonant, tu n'as rien avalé depuis ce matin...

L'assassin se planta devant la fenêtre, observant silencieusement le ciel qui, couvert, était déjà presque aussi sombre qu'en pleine nuit. Puis, il se dirigea vers la porte, l'ouvrit, envoya un regard apuyé à Syld, et lacha :

Je vais chercher à manger. Soyez sages.

Sur quoi il sorti, en refermant doucement la porte derrière lui. Il descendit donc les escaliers et se dirigea vers le comptoir, tandis que Marmaduck, l'air penaud, quémandait de l'aide. Soghann lui lanca un regard exagérémment surpris :

Quoi, le grand Marmaduck, le tout-puissant sorcier qui demande de l'aide ?

Sans attendre de réponse, il alla s'accouder au comptoir. D'un geste nonchalent, il indiqua l'extérieur :

Je serais toi, j'attendrais bien au sec que cette petite averse se termine avant d'entreprendre quoi que ce soit. Et m'est avis que si tu as perdu un parchemin dans une rivière, il s'est incessament dissous, en moins de temps qu'il ne faut pour le dire.

Puis, adressant un charmant sourire -oui oui, Soghann pouvait être charmant- à la serveuse, il lui demanda :

Du boeuf pour trois, je vous prie. Ajoutez-y deux bouteilles de bière et... faisant un effort pour se rappeler ce que Fanaa avait prit la veille une cervoise. Vous me mettrez tout cela dans un panier, je vous pries. Merci beaucoup, mademoiselle. Le remerciement étant, lui aussi, assorti d'un sourire mielleux.

Sans attendre qu'elle lui apporte sa commande, l'assassin posa du bout des doigts une pile de pièces sur le comptoir. Il s'agissait, bien entendu, des pièces laissées aux buveurs par Syld avant qu'il ne monte avec l'accorte serveuse.

La réflexion de Syld lui rappela qu'elle-même n'avait rien mangé depuis la veille. Et qu'en plus elle avait couru, donc fait des efforts. Peut-être était-ce pour cela qu'elle somnolait si facilement.

Elle trouvait que Soghann les traitait comme un papa poule. "montez vite dans la chambre vous mettre à l'abri des regards " "soyez sages je vais chercher de quoi manger".
hihi. c'était amusant. Les destin était sympa ces temps ci.

L'estomac de Fanaa grogna. Un bruit malvenu chez une demoiselle mais tant pis. Elle éclata de rire.

- Tu as de la chance Syld d'avoir un compagnon qui prenne soin de toi comme il le fait, c'est génial!

Un bruit. Soghann entrait avec le panier. Un alléchante odeur de viande se répandit dans la pièce. Fanaa sauta sur ses pieds et bondit sur Soghann pour lui chiper son panier, juste après lui avoir planté un bisou sur la joue.
Elle s'assit au sol aux pieds de Syld (dont le manteau qu'elle ne quittait plus était assez long pour couvrir le bout de sol sur lequel ele était assise ouf!) et commença à partager avec lui le repas.

Avec une moue malicieuse elle lança au grand Shalos:

- Merci tu es mignon... surtout avec un petit panier au bras. On dirait que tu vas cueillir des minandil!

Dehors, le mauvais temps se dissipa, petit à petit, laissant place à la nuit. Depuis l'auberge, on pouvait apercevoir de la foudre tomber, sans doute a 2 ou 3 jours de marche...

Pourtant chose étrange, ces éclairs étaient colorés, et résonnaient à des lieues à la ronde. Que se passait-il ?...

Un homme descendit des escaliers dans la pièce principale, habillé d'une grande toge noire avec des symboles dorés inscrits dessus, les gardes baissèrent la tête et saluèrent Velgart.

Il est ce qu'il y a de plus classique pour un sorcier, frêle, lent et possédant une attitude très posée. Malgré tout cela il ne semble pas si fragile, l'Elixia émane de tout son corps. Nul doute qu'il regorge de sortilèges puissants et qu'il sait s'en servir...

A ses cotés, un homme en armure lourde, extrêmement musclé. Les gardes le saluèrent simplement en tant que "Patron". Son apparence est celle d'un commandant puissant et charismatique, mais il semble être simplement le directeur de l'endroit.

Néanmoins la vue de ce colosse et les légendes qui le concernent font de lui seul le plus puissant des combattant de ces terres... inutile de préciser que son épée et son grand pavois ne font pas que de la figuration.

Velgart s'avança sur l'estrade et prit la parole en faisant reluire son bâton :

- Chers invités, chers amis de la taverne ! Accordez moi votre attention quelques instants.

*Un silence, les regards se tournèrent*

- Les évènements météorologiques ne prévoient rien de bon, aucune goutte de pluie n'a été causée naturellement... Elles sont l'œuvre d'une puissance extérieure...

Dans la salle, des bruits, des murmures, certains osant prononcer le nom de Valnor. Il reprit :

- Non rassurez vous, ce n'est pas Valnor, il pourrait même en être la victime, bien que je doute qu'il puisse être victime de quelque chose... Une autre entité est présente, mais je n'arrive pas à distinguer qui, l'Elixia est trouble... Ne sortez donc pas inutilement de la taverne. Merci de votre attention et prenez soin de vous.

Le patron prit la parole :

- Bonsoir à toutes et tous, je suis Bermar, patron de cet établissement. Comme l'a dit mon ami il est dangereux de sortir, cependant nous avons besoin d'informations et nous ne pouvons y aller, afin de veiller sur votre sécurité ici. Toute personne pouvant aller jusqu'au lieu des éclairs et nous ramener des informations viables seront amplement récompensées par un couvert gratuit, et à vie, dans ma taverne. Cependant je ne sais pas les dangers que vous encourrez en allant la bas...

Il s'assit à une table vide, ou des gardes le rejoignirent, et conclut :

- Vous pouvez maintenant reprendre une activité normale ! Merci !

Enki avait passé l'après midi à siroter ses jus de Boring, regardant la pluie tomber derrière les carreaux. Ecouter la mélodie que faisaient les gouttes d'eau, dessiner sur la vitre embuée...

Lorsque Velgart et Bermar prirent la parole, la nuit tombait dehors.
Le petit garnement descendit aussitôt de son banc et se dirigea vers Bermar, d'un air décidé.

Bonsoir monsieur, voila, z'ai vu où sont tombé les éclairs, tout à l'heure.
Donc ze veux bien aller voir pour vous.
*En plus, d'une façon ou d'une autre, il va falloir que ze rentre, mes parents vont s'inquiéter*
Ze veux bien faire un petit détour pour aller voir ça, z'en ai vu, des orazes, mais zamais de tels.

Le dernier mot employé par Fanaa fit courir un frisson le long de l'échine de Syld.

- Ne pourrait-on parler d'autre chose ? Et pourquoi, pourquoi faut-il absolument employer le terme m... gnnn... "minandi" dès qu'il s'agit de champignons ? Je ne sais pas moi, "bolet", "cèpe", ça marche aussi ?

Il s'installa à plat-ventre sur la couverture, le menton dans le creux des bras.

- Hum... tiens, mais c'est vrai qu'il est mignon tout plein avec son panier, le Soghann !

Sans quitter le lit, le vil moqueur commença à picorer dans sa part des victuailles. Il s'était débarrassé de ses gants et de ses griffes depuis un petit moment, et se léchait les doigts tout son content.

- Oublier le déjeuner... vraiment, je ne devais pas être dans mon assiette.

Il pouffa tout seul de la plaisanterie et piqua un morceau de boeuf sur la pointe d'une longue et étroite lame qui semblait apparue là presque par magie. En fait, il avait tout naturellement retiré l'objet de la tige d'une de ses bottes abandonnées sur le plancher.

Syld avait un net penchant pour les armes à très courte distance, ce qui ne l'empêchait pas d'avoir une ou deux babioles supplémentaires dissimulées ça et là si l'approche d'une cible se révélait impossible.
Cette lame d'acier ne possédait ni garde ni manche, rien qu'un trou où glisser le doigt. Stricte sobriété qui ne nuisait nullement à ses qualités d'arme de poing, de lancer... ou de pique à brochette.

Le jeune homme n'eut qu'à tendre le bras pour parfaire la cuisson de son bout de viande.

- On se croirait au paradis...

En garçon qui sait comment plaire aux filles il appuya cette remarque d'un sourire adressé à Fanaa, si bien qu'on aurait juré que cette divine félicité n'était due en tout et pour tout qu'à la présence de la demoiselle dans la pièce.

- Sauf que le paradis n'existe pas.

Si Fanaa avait croisé le regard de Syld à ce moment, nul doute qu'elle aurait rougi de plaisir. Peut-être même se serait elle mis en devoir de remercier le charmant chenapan de façon câline. Ou pas. Mais on ne le saura jamais.

Elle termina son bout de viande, but de sa cervoise (elle était fraiche hmm) et lâcha un petit rot (oups). Elle était repue.

- Mais c'est vrai qu'on est bien.

Elle s'adossa plus confortablement au lit, pencha sa tête en arrière sur le matelas et crois ses bras sur son ventre.

- On est sages tu sais Soghann, pas la peine de nous surveiller, pourquoi tu ne t'assieds pas toi aussi? Tu pourrais trinquer avant que Syld n'ait tout bu.

et juste après:

Et dis, la prochaine fois on pourrait avoir du poulet? S'il te plait?