La Taverne de Veis

Syld se pencha vers Soghann, non sans s'agripper fermement au bar d'une main.
Il affichait un sourire large comme une porte cochère.

- J'avais bien dit que je t'aurais !

Histoire de fêter dignement cette éclatante victoire, le Shalos descendit un ultime verre cul-sec.
Ultime, oui, car, le jeune homme se mit à vaciller, vaciller...

- Oh... ohoo... il était temps...

... et la fin de sa phrase fut couverte par le bruit de sa tête sur le comptoir.

Cette fois-ci, l'assassin était vraiment au bout du bout de l'extrémité du rouleau.
Le nez enfoui dans le creux de ses bras, il roupillait avec la plus grande application, un sourire victorieux encore plaqué sur la figure.

Un son... un son apaisant, doux, gentil. Elle sentit vaguement un contacte sur sa main et bougea vaguement les doigts dans le but de la saisir mais n'y réussit pas.

Elle voulut ouvrir les yeux mais ses paupières étaient lourdes comme du plomb.

- S... Sogh... yld...

La main dans la sienne. La main de Syld. Il était là tout près mais n'avait pas la force de la saisir. Ou était-ce Soghann?
Elle abandonna la lutte. Elle ne réussissait pas à les voir. Son esprit plus qu'épuisé lui demandait grâce. Elle le lui accorda.
Elle voulait dormir...

Coucou tout le monde !

Marmaduck apparu dans la grande salle de la taverne
Il s'approcha du bar et demanda à une serveuse de lui faire une dizaine de tartine et de les mettre dans un baluchon

Vous mettrez ceci sur le compte du Sieur Olbir ... rajouter moi une gourde d'eau et une autre de vin rouge ....

Je pars dans le désert pour chercher une épine euuuh je sais plus le nom du truc que je dois aller chercher ... enfin bref ... Est ce que ça intéresse quelqu'un de m'accompagner ? Je ne sais pas du tout ce qui m'attend là bas

En attendant que la serveuse revienne avec son baluchon il se mit a tambouriner légèrement le comptoir ... un signe de nervosité ?

Saarielle inclina la tête pour saluer le dénommer Ling :

- Enchantée, je me nomme Saarielle, dédrane du village de Sylvihana. Enfin tu dois savoir que Cobalt fait parti de mon clan.

Elle lui sourit, puis reporta son regard sur le ménestrel :

- J'espère avoir cette chance.

Fanna bougea, marmonnant les noms de Syld et Soghann :

- Tsss... Elle est vraiment mal en point, la pauvre.

Tsuki vint s'installer aux pieds de Cobalt, regardant Fanaa de ses petits yeux dorée.

Touché par l'inquiétude de Saarielle pour cette fille pas vraiment très saine pour lui, il passa un bra autour des épaules de la chasseresse, l'attira à lui et lui déposa un baiser sur le front.
Puis il la lâcha et regarda vers la jeune femme endormie. La pauvre. Non, se secoua-t-il. Pas la pauvre. Elle l'avait cherché.
Il grommela.

- Elle s'en sortira. Mais c'est quand même elle qui l'a voulu, personne ne l'a forcée à s'empoisonner le sang. Grmbl.

Il lui sembla que la respiration de Fanaa était devenue plus calme, plus profonde. Elle devait s'être endormie. Lingwiloke espérait que le chant guidé par la magie de l'eau l'apaiserait, ne serait-ce qu'un peu. La fatigue accumulée pendant la nuit (ou plutôt l'absence de nuit) ne lui permettait pas de faire mieux.
Entre temps, il avait accepté la boisson offerte par la dédrane, à qui il adressa un sourire franc quoique qu'un peu las.

- Je suis enchanté de même damoiselle Saarielle, et c'est avec un véritable plaisir que je chanterai pour tous deux... dès que ma voix aura récupéré un peu, et si les compliments de Cobalt ne finissent pas par me mettre le feu aux joues, au sens propre. Sens que l'on pourrait presque qualifier de dé-figuré dans ce cas précis.

Il adressa un clin d'oeil au jeune homme.

- Heu, tu sais Cobalt, je ne sais pas si c'est vrai, mais j'ai entendu dire que parfois les gens qui consommaient de l'alcool de cette façon cherchaient à noyer leur chagrin. Quelle drôle d'idée d'ailleurs, quand on pense que l'eau peut les consoler bien mieux que ne le fais leur boisson étrange, et sans les rendre malades.

- Oh je suis vraiment désolé Ling. je pense à moi en te demandant de chanter encore, sans songer un seul instant que tu es fatigué. Quel imbécile je fais. Tu as besoin de repos. Viens Saarielle, laissons le. Il faut qu'il dorme.

Cobalt se leva et dirigea Saarielle vers la porte mais sembla se rappeler de quelque chose. Il montra Fanaa du doigt et demanda à Ling:

- Tu veux peut-être que je la mette autre part? Elle ne prend pas trop de place mais tu ne la connais même pas.

*et ce ne doit pas être la meilleure des fréquentations pour lui.* songea-t-il.

- Ne t'inquiètes pas, je saurai me débrouiller. Ne va pas risquer de la réveiller, ni de t'épuiser de nouveau. Toi aussi tu dois être mort de fatigue! Damoiselle Saarielle s'il vous plait, voudriez-vous bien veiller à ce que messire Cobalt se repose? Je vous en serais vraiment reconnaissant.

Il se leva et accompagna les Dédranes jusqu'au couloir, afin que son ami pu constater de ses yeux qu'il n'était pas dans un état critique. Lorsqu'ils furent sortis, il s'installa dans le petit fauteuil situé à côté de la cheminée éteinte, et se couvrit avec une couverture qu'il avait prise dans le meuble étagère en passant devant.
Afin que Fanaa puisse sortir si elle s'éveillait avant lui, il n'avait pas fermé la porte à clef.
Ling regarda la jeune femme dormir, jusqu'à ce que ses propres yeux se ferment. Le sommeil ne tarda pas à lui ouvrir ses bras.

Soghann, toujours allongé sur le sol, ouvrit des yeux vitreux et lança d'une voix éraillée :

Le Désert, hein ? Sale coin, ça... pas beaucoup à boire, là bas. Plein de saleté pleines d'épines. Sale coin pour un sorcier, paraît.

Poussant des grognements d'efforts, il parvint à se relever et à remettre son tabouret sur ses pattes, s'y appuyant tout en tenant de rester stable.

OoooOoh...

Puis, avisant Syld qui dormait comme un bienheureux sur le comptoir, il se posa une main sur le bar et s'en servit pourse guider jusqu'à son compère assoupi, vaincu par la boisson.

Hey, t'pourrais trouver un autre endroit pour ripou... ripa... Dormir, non ?
Allez, debout, bordel.

Posant une main sur l'épaule de l'assassin (après plusieurs essais infructueux, l'épaule semblant douée d'une vie propre et consacrée à esquiver ses assaut, il se mit à secouer sans ménagement Syld.

T'va te lever, oui ?

- Mgnnnn... gnnn... gnaon...

Secoué comme un prunier, Syld s'obstinait à garder l'oeil fermé.
Mais ce traitement peu délicat finit par lui tirer un marmonnement plus ou moins intelligible :

- 'aisse-moi trankilalafin...

Et, d'une main, il tenta vaguement de repousser le gros moustique qui l'assaillait ainsi.
Malheureusement son compère n'en démordait pas : à force d'être secoué, le jeune assassin était en train de nettoyer le comptoir en long, en large et en travers avec ses manches.

- 'rrêteuh... ai le cerveau qui va débo-déborder... et 'rquoi ya des cloches, zici ? Chaletés de r'ligieux... Faudrait 'clarer la guerre aux Ilymiches, j'dis... gnnn...

Syld commençait à ouvrir un oeil somnolent.

- Rgnnh ! Mais fous-moi la paix, merde !

Le jeune homme termina cette phrase (grammaticalement correcte !) par un poing (presque grammaticalement correct aussi) diplomatiquement envoyé dans la mâchoire de Soghann.
Non, vraiment, vraiment... il n'était pas du matin.

Pour mieux allonger son argument dans la figure de son ami, Syld s'était levé à demi de son tabouret.
Ce n'était bien entendu pas la meilleure chose à faire dans son état : le Shalos oscilla, trébucha, avant de se retrouver logiquement assis par terre.

Il s'agrippa à son siège et enfouit son visage au creux de son coude avec un gémissement.

- Ma têêêêête...

Soghann avait parlé pendant que Marmaduck ajustait son baluchon

ah tu connais ?
tu aurais quelques tuyaux pour m'éviter de mourir dessécher ou mourir tout cours ?

Soghann s'acharnant à tenter de lustrer le comptoir (qui en avait passablement besoin) avec les vêtements et le visage de Syld, il finit par provoquer une réaction. Dont un coup de poing envoyé avec une molesse telle qu'il ne fit même pas l'effort de tenter d'esquiver (chose qu'il n'aurait probablement pas réussi, étant donné son propre état, et ce malgré la lenteur du coup). Il se prit donc le poing de Syld sur le menton, sans que cela ne lui occasionne plus de dommage que s'il s'était gratté le dit menton. Afin de protester pour la forme, il lança :

S'pas bien de frapper les copains... Perlipinpin... Tagada tsoin tsoin.

Se tenant toujours "fermement" au comptoir, il admira d'un oeil torve la chute tout aussi lente de son compagnon sur le sol, et fini par lui lancer un coup de pied digne d'un escargot (si si, les escargots ont des pieds... enfin, un), qui était plus destiné à chatouiller les côtes de Syld qu'à lui faire réellement mal ou à le réveiller, chose, hautement difficile.

Lorsque Marmaduck lui parla, il abandonna là son compère et se tourna avec lenteur vers son interlocuteur, changeant de main pour se tenir au comptoir. Il mit quelques secondes à répondre, secondes qu'il mit à profit pour assimiler la question et pour que ses yeux fassent la mise au point sur la silhouette du sorcier.

J'connais, j'connais, pour avoir un peu berlingo... bourlingué un peu par...toutou dans la rézion. Pas un coin très zipo... zopi... zospitalier pour les zozos comme nous. Trop chaud. Trop de soleil. Pis trop de sable. Foutu sable, plein les bottes, plein les vêtements, plein partout.

Semblant soudain pris d'une réminiscence de toute évidence peu agréable, il s'appuya un peu plus sur le comptoir et leva le genou, tenta d'enlever sa botte d'une main, se rendit vite compte qu'il n'y arriverait pas s'il ne s'aidait pas de l'autre main, et prit le parti de ne pas essayer.

Foutu sable.

Enfin, prenant conscience (chose exceptionnelle dans son état) qu'il n'avait pas répondu à la seconde question (à moins que ce soit le temps que son cerveau analyse la dite question...), il refit la mise au point sur Marmaduck, s'accouda au bar, et d'un air conspirateur se tapota le nez de l'index (enfin, tenta, et réussi au bout de plusieurs tentatives).

Un tuyau, un tuyau pour pas crever là-bas... Gnnn... Paye quelqu'un pour y aller à ta place, har har.

euh ...
Marmaduck constata d'un seul coup que pendant son absence les autres s'étaient livrés à une véritable beuverie

Je crois que personne n'a envi de m'accompagner ni n'est en état pour le faire alors je vous souhaite une bonne semaine de fête et de joyeuses autres orgies comme celle là

Il claqua ses mains et tapa trois grand coup sur le bar

Les amis ! à bientot !

Il se dirigea d'un pas conquérant vers la porte

Réflexion faite, ce coin de tabouret bancal était tout sauf confortable pour piquer un somme.

Le temps que Soghann parvienne à répondre à l'autre Ilymis-mais-pas-trop, Syld avait donc réussi à se traîner sans trop de bobo jusqu'au banc le plus proche. L'exploit n'était pas anodin si on considérait qu'il n'avait même pas pris la peine d'ouvrir l'oeil pour ce faire...

Plus somnolent qu'endormi, il se trémoussa de rire lorsque le dernier conseil de son collègue lui parvint aux oreilles.

- Si c'est pour d-do... filer toute sa paye à un sup-supléant, autant rester zici... Ooooh, mon crâne va ex-expo-explopo... faire boum !

Allongé tant bien que mal sur le banc, le jeune homme porta une main à son front avec une grimace sans plus se préoccuper de la folle équipée de sieur Marmaduck-grand-sorcier-maléfique.

- Argh... saffussi... suffissa... ça suffit ! Arrêtez de taper ! J'avoue tout, et même le reste si vous voulez !

Il resta là, un bras sur les yeux et l'autre pendant mollement dans le vide. Il avait le teint un peu pâlot sous son foulard écarlate.

- Pis éteignez-moi... ce fichu... soleizZZ...

La dernière syllabe dérapa un peu.
Soleil ou pas, Syld avait semble-t-il réussi à se rendormir...
... et le réveil promettait de valoir le coup d'oeil.

Saarielle fut surprise par Cobalt, elle rosit légérement, mais aucun des deux hommes n'y fit attention. Ouf. Elle reprit sa couleur naturel rapidement. Puis Cobalt et elle sortirent de la chambre, laissant le menestrel et Fanaa seuls :

- J'espére qu'ils vont bien se reposer...

Elle entendit quelques brides venant de la grande salle :

- J'en connais qui vont se mordre les doigts... Voir qui se les morde déjà.

La dédrane partit d'un petit rire :

- Hum... pardon, c'est pas drôle.

Elle s'étira, c'est à se moment là que son estomac en profita pour crier famine :

- Mais chut toi ! T'as eu à manger avant que je parte du village !

La dédrane réalisa qu'elle portait toujours le sac de Cobalt :

- Oups ! J'ai oublié, je t'ai pris des affaires... Ne t'inquiéte pas j'ai été voir tes parents... Je ne me serais pas permis. On va déjeuner ? ça te permettra de reprendre un peu de force.

- Bah tu peux rire, après tout ils sont bien cherché ce qui leur arrive.

Cobalt suivit Saarielle dans la grande salle où ils s'intallèrent. En passant devant les épaves de Soghann et Syld, Cobalt se raidit en craignant que son amie ne lui demande de les soigner eux aussi. Mais non. Ouf.

Tous deux s'installèrent et commandèrent un copieux déjeuner.

Cobalt ouvrit son balluchon. Il y avait des vêtements propres et une amulette gravée par son père du signe de Gaïa. Le cordon était tressé de cheveux de sa mère. Il embrassa l'amulette avant de la passer à son cou.

- Alors tu as vu mes parents? Comment vont ils? Et les tiens?

Fanaa avait le sommeil agité. Il n'y avait plus ni voix ni musique. Rien pour la rassurer. Elle avait peur. Elle s'éveilla en sursaut.

Où était elle? Une chambre. Un inconnu endormi. Il n'y avait ni Soghann ni Syld dans les parages. Que s'était il passé? Serait il arrivé quelque chose? Elle rejeta la couverture et sortit de la pièce sans demander son reste. Dans le couloir elle reconnut avec soulagement qu'elle était toujours dans la taverne de Veis.

Elle se dirigea vers la chambre de Syld mais n'y trouva personne. Elle se mit à la recherche de sa bourse mais elle n'était ni sur le lit, ni dessous. Soghann... Quel filou celui là!

Il fallait qu'elle mette la main sur son argent. Elle avait besoin de vêtements décents. Ce qu'elle portait était de piètre qualité, ça ne tiendrait plus très longtemps. Ce n'était après tout que de la récupération. Elle soupira.

Descendant à la grande salle, elle avisa les deux shalos et ne put retenir un sourire devant leur état. Soghann était affalé sur la bar, les yeux ouverts mais pas vraiment en face des trous, très occuper à envisager. Pas loin de lui, Syld, profondément endormi.

Fanaa se coula à côté de Syld, caressa tendrement son front de sa main fraîche et laissa papillonner ses lèvres sur la tempe puis sur la bouche de son chenapan adoré. Après tout Thenaïs n'était pas dans les parages, c'était le moment ou jamais.

Elle se dirigea ensuite vers Soghann. Arrivant derrière lui, elle l'enlaça au niveau de la taille. Laissant ses doigts agiles courir sous la veste de cuir à la recherche de la bourse, elle lui dit doucement:

- Bonjour toi, tu ne serais pas mieux au fond d'un lit?

- Ils vont bien, ta mère a eu une vision je crois, j'ai pas tout compris, dit-elle confuse, quant a mes parents ils vont bien aussi, ma mère m'a offert les mitaines que je porte.

Saarielle montra le dos de sa main droite et fit sortir les lames-griffes, elle sautillait sur sa chaise, toute contente :

- J'adore ce style d'arme !

Une lueur guerrière passa dans son regard :

- Enfin passons... ça va mieux toi ? T'a plus mal au cœur ou mal à la tête ? Sinan je peux te faire une infusion d'écorce de l'arbre-qui-soigne ([hrp]de l'écorce de saule, qui est à la base de l'aspirine[/hrp]) ? J'ai toujours de quoi soigner les petits bobos, dit-elle en tapotant la sacoche à sa taille.

Soghann sentit nettement les doigts de la jeune femme se glisser dans sa veste, effleurant son torse à la recherche de son butin. Le contact le fit tressaillir, et l'aida à retrouver un peu de netteté. Il reconnut la voix, en identifia immédiatement l'origine, et fit de son mieux pour paraître en pleine possession de ses moyens. Il se mit donc à parler délibérément lentement, tachant de ne pas trébucher sur chaque mot.


Si c'est dans le tien, pourquoi pas...

Faisant un effort pour déporter ses appuis sur le comptoir sur un seul bras, il se servit de l'autre pour saisir le poignet droit de la jeune femme, puis le tirer doucement de la veste en avertissant :

Fais attention, il y a des tas de trucs tranchants là-dedans...

Puis, il posa la paume de la main de la femme sur sa joue, soupira, observa une pause de quelques instants en regardant dans le vide, et demanda enfin :

Tu ne devais pas être bourrée... enfin, ivre morte, toi...

Sa longue main fine et pâle sur la sienne. En tirant sur son poignet, il l'avait forcée à se serrer plus contre son dos. Il n'avait pas l'air net mais il avait cette expression adorable dans la voix, la même que la veille. Fanaa en eut un frisson.
Elle ne savait plus comment réagir. Pourquoi voulait il qu'elle soit morte? Ce n'était pas gentil.

- Qu'est-ce que tu racontes? Tu vois bien que je suis en forme. Tu es jaloux car je tiens mieux l'alcool que vous deux réunis c'est tout.

Elle eut un petit sourire de triomphe.
Sourire qui s'effaça quand elle se rappela s'être réveillée dans la chambre d'un inconnu. Et qu'elle réalisa qu'elle ne se souvenait de rien d'autre. Tiens?
Bah. Elle y réfléchirait plus tard.

- Pourquoi dis tu ça? Tu aurais préféré que je ne m'en remette pas? Pour pouvoir garder mon, dû c'est ça?

Sa jour plaquée contre la veste de cuir noir, elle le regardait vers le sol avec une pointe de tristesse. *Ne me rejette pas* aurait elle voulu dire. Mais aucun autre mot ne voulut franchir ses lèvres.

Soghann se retourna légèrement pour lui adresser un coup d'oeil brumeux. Suffisamment pour y perdre une armée de sorcier Ilymis.

Naaan, comprends pas de travers... Déjà que j'ai du mal à réfléchir...
Bien sûr que j'espérais que tu t'en remettrais... J'le savais, même.
J'connais assez bien les capacités du corps humain à récupérer d'une bonne murge, et en plus y'avait un clerc pour s'occuper de toi au cas où t'essayerais réellement de nous suivre...
On dirait bien que j'avais raison, mais j'avoue que je pensais pas Cobalt si efficace.
Enfin, si c'est lui qui est à l'origine de ça...
Tant mieux pour toi, en tout cas. T'aura pas à vivre un réveil dans le genre de celui que subira l'autre tanche, là-bas...

Sans lâcher la main de Fanaa, il tendit le pouce vers l'arrière, vers où il croyait se rappeler qu'était allongé Syld.

Moi... J'préfère pas dormir avant d'avoir tout absorbé, ça rend les choses moins... difficiles...

- Cobalt? Je le connais celui là?
Soghann, sois gentil, viens par ici. Tu es fatigué. Allons viens.

Elle resserra son bras libre autour de la taille de Soghann et tenta de l'entrainer vers un siège un peu plus loin.

- Laisse toi faire voyons. Ne t'inquiète pas pour Syld il n'est pas loin. Et je vais t'asseoir là où tu l'auras toujours dans ton champs de vision. Tu es rassuré?

Tout doucement, sans à coup, elle le dirigea vers un banc. Ce même banc qu'elle avait placé la veille contre le mur à coté d'une fenêtre. Faire le chemin ne fut pas aisé avec une main dont elle ne pouvait pas se servir.

*je vais finir par devoir lui laisser ma main si je veux récupérer ma bourse*

Elle l'assit sur ledit banc et il faut avouer qu'il n'opposa pas trop de résistance. Elle se dirigea vers le bar mais sa main lui rappela qu'elle était prisonnière.
Avec un soupir et un petit sourire elle posa son autre main sur celle de soghann qui retenait une des siennes captive. [ça va? vous suivez?]

- Sogh? Rends moi ma main s'il te plait j'en ai besoin. Je reviens vite d'accord? Allez laisse moi... voilà...

Fanaa alla au bar demander un broc d'eau fraiche et un linge propre. Pourvue de ce qu'elle avait demandé elle revint vers le banc et y posa le broc. Prenant place à califourchon sur les grandes quilles du shalos, elle se saisit du linge maintenant humide et le passa doucement sur les tempes de l'homme brun.

- Ferme les yeux. Ca va aller. Voilà. Ca te fait du bien? tu as besoin de quelque chose? Non parce que tu as raison au moins sur un point : tu t'y connais dans ces situations. Moi, pas du tout!

Soghann se laissa donc traîner jusqu'à un banc placé juste sous une fenêtre, où Fanaa le laissa planté. Il en profita pour essayer de distinguer ce qu'il se passait dehors, mais à part le verre crasseux et un soleil trop douloureux pour ses yeux, il ne vit rien. L'assassin tenta donc de raccrocher son regard à la silhouette de la jeune femme, n'y parvenant que lorsqu'elle fut revenue juste devant lui, avant de s'assoir directement sur ses genoux à lui. Lorsqu'elle se pencha pour appliquer sur ses tempes un truc humide et froid, il se retrouva avec une vue plongeante dans le décolleté généreux de la demoiselle, que l'état de ses vêtements n'arrangeait pas. L'espace de quelques secondes, il fit l'expérience curieuse d'avoir le haut du visage glacé par le linge humide et le reste échauffé par la vision pour le moins agréable.

Il finit par se forcer à détacher son regard de l'hypnotique chose, pencha la tête en arrière et soupira en fermant les yeux. Elle semblait disposée à l'aider, et paraissait suffisamment remise pour le faire sans empirer les choses.

Rmgn... Merci pour le linge... ça rafraîchi.

Il se rendit compte qu'il venait dénoncer une évidence, et tenta d'enchaîner en réfléchissant à quelque chose d'autre qui pourrait l'aider.

Me faut à manger... Quelque chose de consistant... du pain. C'est ça, du pain.

L'assassin s'interrompit pour lever la main droite, se massant une tempe tout en continuant à (essayer de) réfléchir.

Rgn... Faut pas que je dorme. Pas tout de suite.
Faudrait que... j'prenne l'air. Fébo, en plus.

- Y a pas que l'air qu'il faut que tu prennes. Un bain aussi ce serait sympa. Tu n'es pas encore très frais.

Une lueur malicieuse s'alluma dans l'oeil de la jeune femme.

- Je sais! Ne bouge pas d'ici.

Elle se dirigea vers le bar et en revint avec un petit panier garni pour le petit déjeuner. Au passage elle sa'rrêta à côté de Syld. Le jeune femme l'aurait bien emmené mais il était trop profondément endormi.

Retournant vers Soghann, elle le fit se lever. C'était vrai qu'il faisait meilleir que la veille. La pluie avait cessé.

-Sogh, Viens là. Tiens toi à moi. Oui enfin pas de tout ton poids ou je vais tomber. Allez laisse moi faire je vais m'occuper de toi.

Sous un bras, le panier, sous l'autre le shalos. Sortant de la taverne, elle prit le chemin de la rivière. Un bon endroit pour commencer une bonne journée.


suite

- Gnnh... ma têêêête...

Cédant aux taquineries d'un malicieux rayon de soleil qui s'ingéniait à lui chauffer le nez, Syld ouvrit un oeil pas très vif.
Un ost de cloches carillonnait à toute volée sous son crâne.

- Wooh... la soirée a dû être épique.

Il finit par se redresser, lentement, très lentement et resta là, la tête entre les mains et les coudes aux genoux, le temps que la pièce veuille bien cesser de tanguer.
La mise au point fut des plus laborieuses.
Il avait la bouche pâteuse et la langue comme un vieux bout de parchemin.

A la troisième tentative, il parvint à décoller de son banc et, grognon, les cheveux dans l'oeil et la démarche traînante, réussit à gagner le comptoir sur lequel il s'avachit sans façon.

- Toujours vivant ? questionna le tavernier d'un air rigolard.
- J'me suis pas encore posé la question...

Le jeune homme se massa la tempe d'une main, tout en regardant une loque qui ronflait comme soufflet de forge au pied du bar. D'autres ronflements s'élevaient d'un peu partout.

- Il y a eu un accident, ou quoi ?
- Non, non... ce sont vos victimes. Ceux qui ont tenté de vous suivre vous et votre ami.
- A ce point ?
- Vous ne vous rappelez pas ?
- Heu...

Syld se frotta les tempes avec plus d'énergie, anxieux. Qu'est-ce qu'il avait bien pu faire comme conneries ? Obscurément, il était quasi certain d'avoir au moins une chose d'importance à se reprocher... mais quoi ?
Le mieux aurait été de poser la question à Soghann : en général, il perdait quand même moins vite pied que lui.

- Ah tiens ? Où est-ce qu'il est, justement ?

Le Shalos balaya la salle du regard, se pencha pour vérifier le dessous des tables... point de Soghann à l'horizon.

- Ouch... dites... vous auriez un truc pour... enfin pour...
- Pour vous décrasser ?
- C'est ça.
- Ca vient, ça vient.
- Et vous ne sauriez pas où se trouve mon collègue, par hasard ?
- Il est sorti en compagnie de la demoiselle qui était aussi avec vous en début de soirée.
- Non ?!

Piqué à l'idée qu'on ait pu l'oublier ainsi, il se releva de son tabouret... et se rassit aussitôt. Mieux valait attendre le remède spécial réveil de beuverie.
Le menton sur le comptoir, le jeune homme commença à ronger son frein.

- Enfoiré... profiter que je ne suis pas en état... Pas intérêt de tenter.. Aïe, mon crâne... quoi que ce soit...