Confins du désert - sanctuaire du Pas du Dragon

- Les hommes ne sont pas constamment gentils ou méchants. Plutôt l'un ou l'autre, mais cela dépend de la situation. De fait les femmes sont tout aussi versatiles.

Nuada haussa les épaules avec un demi sourire.

- En fait on a tendance à prétendre que les femmes sont plus compliquées. Alors que si un homme dit "non" à voix haute et claire, eh bien... en général cela veut vraiment dire "non". Il se sera sans doute montré expéditif dans ses paroles en espérant être sans ambiguïté sur ce point.

Elle se passa pensivement une main dans les cheveux.

- Je n'ai pas vraiment sommeil. Cependant si tu désires te retirer, j'enverrai la soigneuse dans tes quartiers dès qu'elle se présentera.

- Oh non Illah. Si je peux rester avec vous, c'est mieux. Je vais l'attendre ici.

Elle se frotta le bout du nez.

- A mon avis, si les hommes décrètent que les femmes sont compliquées c'est simplement pour s'éviter d'avoir à réfléchir et se donner la peine d'essayer de les comprendre. Enfin certains le font, j'imagine. J'aimerais en rencontrer un comme cela.

Masha passa sa main dans ses cheveux. Elle semblait mal à l'aise. Elle avait quelque chose à dire mais avait du mal à le laisser sortir.

- Illah ? euh ... vous ... vous êtes sûre que tout va bien pour lui ? C'est que ... il ... enfin il a été mordu par ... un énommé ... et nous avons cru qu'il ne reviendrait pas sain et sauf ici ... et il est sûrement encore faible alors ... si ce que je lui ai donné ... euh ...



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Il ne voulait pas se taire, il ne voulait pas. Il parlait tant et tant que Fanaa avait de plus en plus de mal à penser. Quant à ignorer sa présence, c'était bien trop difficile.

- Arrête ! Arrête ! Tais toi ! Je sais que tu n'es pas Earl, ce n'est pas la peine d'insister, je suis sure de moi. Ca ne sert à rien ce que tu fais ! A rien !
- Tu ne devrais pas crier si fort, tu vas déranger tout le monde. Bien bien. Tu sais qui je ne suis pas. Mais tu ignores que je suis. Nous allons donc passer beaucoup de temps ensemble, jeune fille.
- Non ! S'il te plaît il faut me laisser tranquille !
- Hmmmm ? Non. D'ailleurs à ce propos ...

Fanaa se boucha les oreilles et ferma les yeux très fort. Elle ne devait pas penser à lui. Elle ne devait pas y faire attention. Peut-être était-il là parce que c'était la nuit ? Demain matin il partirait. Il ne restait que quelques heures à tenir. C'était faisable.

La Danseuse se mit debout et fit demi-tour. Elle espérait que Thani ou Mellyna aurait plus de chance dans leurs recherches de Masha. Car elle n'en avait trouvé aucune trace. Il fallait dire que c'était grand ici.

- Tu dis maintenant que tu es sure de toi mais dans la grotte, tu étais encore pleine de doutes. Tu n'as pas su nous différencier. C'est pour cela que j'ai pu m'approcher autant, tu te souviens ?

Ne pas l'écouter. Ne pas lui répondre. Faire comme s'il n'était pas là.

Il posa sa main sur l'épaule de Fanaa et elle se dégagea aussitôt pour accélérer le pas.

Ne pas réagir. Avancer. Ne pas l'écouter.

- Mmh ?

Nuada releva le nez de la théière, le couvercle à la main.

- Oh, il a l'habitude de s'en prendre plein la figure. Je suppose que c'est en partie responsable de son mauvais caractère.

La langue coincée entre les dents, la jeune fille glissa un doigt à l'intérieur du récipient pour ôter les quelques feuilles agglomérées qui bouchaient le bec.

- Il était déjà très fatigué en arrivant aussi, mais ce sont moins les dommages physiques que les soucis qu'il a en tête qui le minent. L'ennui c'est qu'il a du mal à se reposer : l'inactivité ne le fait réfléchir que d'avantage. Ca le rend vraiment irascible.

Elle se suçota l'ongle tout en secouant la tête.

- S'il n'est pas mort sur le coup et qu'il est lucide, il devrait recommencer à râler assez rapidement.

Le couvercle se reposa sur la théière d'argent avec un tintement léger.

- Mmh... l'avantage, c'est que cet incident va probablement considérablement refroidir son penchant pour les drogues. Il commençait à y avoir recours un peu trop fréquemment. J'espère juste que cela ne va pas le mettre d'encore plus mauvaise humeur. Si j'en crois certains bavardages mes humeurs sont déjà assez insupportables, inutile d'en rajouter.

- Je ne veux pas d'un partenaire irascible et râleur. Ca n'aide pas à être de bonne humeur. Et ce n'est pas gentil.

Masha secoua la tête.

- Illah vous n'avez pas à prêter foi à ce qui se raconte. Ceux qui parlent de vos humeurs n'ont pas le droit de ragoter pour une situation qu'ils n'ont pas vécue eux-même. Mais vous avez toujours autant de mal à dormir ?


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Le double s'était tu, Fanaa pouvait enfin respirer. Il semblait aussi être parti. Enfin ! Bon. Ne pas penser. Car si elle se laissait aller elle avait l'image d'Earl avec Masha, puis Earl dans la grotte ... sans compter le Earl de son rêve ... cela faisait beaucoup. Cela faisait même trop.

Revenant sur ses pas, elle jetait des coups d'oeil à droite et à gauche mais sans réellement penser trouver Masha. L'adolescente n'était visiblement pas dans le coin. Et quelque part c'était mieux, qu'est-ce que Fanaa lui aurait dit ? Elle n'en avait aucune idée.

A un détour de couloir elle retomba sur Sheitan et Sheyn.

- Oh Sheitan !

Fanaa s'accrocha à son cou et enfouit son visage dans les poils chauds. Cela c'était une présence rassurante.

- Un partenaire toujours "gentil" manque rapidement d'intérêt.

Les épaules de Nuada furent secouées d'un rire discret.
Elle se tapota les lèvres avec un sourire.

- Enfin, tu verras ça avec l'expérience. De plus rien ne t'oblige à rester auprès d'un partenaire en permanence. Nous pouvons fonder une famille comme nous le désirons, autant en profiter. Certains hommes supportent mal la routine, ils ont besoin de plus d'espace. Beaucoup de nos pisteurs sont ainsi, d'ailleurs. Oh...

L'assiette de gâteaux posée à côté de la théière était bien tentante, mais elle avait l'impression d'entendre Nuadi s'extasier moqueusement sur les dimensions de son postérieur.

- ... et je sais bien que j'ai des humeurs un peu... difficiles à gérer. J'en suis la première gênée. Mais sinon je dors aussi dans la journée. La nuit est plus fraîche, c'est à peu près le seul moment où je peux remuer sans être en nage. A vrai dire j'ai d'avantage l'impression de rouler que de marcher.

Une femme à la belle chevelure de cuivre sombre s'inclina profondément depuis le seuil de la pièce, les mains jointes sur le coeur.

- Ah, voici la soigneuse. Tu préfères rester seule avec elle, peut-être ?

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- Arg... agraou !

Surpris par l'étreinte, le fauve émit un rauquement étranglé presque comique qui tira un ricanement à Sheyn.

Masha sentit ses mains devenir moîte en voyant la soigneuse. Et si le seigneur Earl avait réellement abîmé quelque chose ? Et si ... ?
L'adolescente pâlit un peu.

- Je vous remercie Illah. Je vais en effet rester seule.

Toute raide, Masha s'allongea pour l'examen. Sa respiration était trop rapide, elle s'inquiétait.


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- Sheyn ?

La voix était un peu étouffée. Fanaa avait légèrement desserré son étreinte pour ne pas étrangler le fauve mais elle ne comptait pas s'en détacher.

- Tu n'aimes personne toi ?

- Allons, détends-toi.

La soigneuse tira le tabouret abandonné par Nuada jusqu'au pied de la banquette. Elle repoussa avec douceur les jupes de Masha, hocha la tête, puis se rinça les mains dans une cuvette avant de laisser ses doigts frais courir sur la peau de l'adolescente.

- Tu as quelques bleus. Les cuisses... une légère meurtrissure à la hanche. Des douleurs ailleurs ? Mmh, bon, rien qui ne disparaîtra d'ici quelques jours.

Elle rapprocha une des bougies posées sur la tablette avant de se pencher d'avantage.

- C'était ta première fois ? La déchirure elle-même s'est faite sans violence, semble-t-il. Le saignement s'est arrêté naturellement. Il y a bien quelques lésions mineures malgré tout. Rien de très sérieux cependant. J'ai déjà examiné des jeunes filles qui étaient beaucoup plus abîmées que cela, sans qu'il y ait eu la moindre brutalité... des partenaires à peine plus expérimentés, maladroits, trop pressés...

La soigneuse secoua la tête en songeant à ces jeunes gens aux joues écarlates qui venaient furtivement la consulter, chiffonnant jupes ou tunique longue judicieusement passée au-dessus du pantalon, la démarche en canard.

- Je ne relève aucun dommage sérieux à première vue. As-tu reçu des coups violents dans le ventre ? Est-ce que tu as heurté quelque chose ? Le bord d'une table, par exemple ? Ne bouge pas, je vais te passer une pommade qui atténuera les sensations de brûlure, et un onguent sur tes bleus. Il faudra éviter de te cogner aux même endroits... et attendre un peu si tu désires avoir des relations avec un garçon. Maintenir une bonne hygiène, aussi. Tu as pris quelque chose pour ne pas avoir d'enfant ? Très bien. Je vais te donner un deuxième flacon que tu boiras demain avant d'aller dormir, par mesure de précaution. Ce n'est pas une bonne période. Si jamais le saignement reprend ou que tu ressens une douleur persistante, reviens me voir aussitôt.

La femme se redressa et se lava une nouvelle fois les mains.

- C'est fini. Tout semble aller aussi bien que possible au vu des circonstances.

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Sheyn s'assit en tailleur au milieu du couloir et pencha la tête sur le côté avec perplexité.

- Aimer ? Comment ça ?

- je vous remercie beaucoup.

Ainsi ça avait été sans violence ? Ce n'était vraiment pas ce que Masha avait ressenti, elle. Elle regrettait qu'il n'ai pas été plus prévenant, plus attentionné. Il aurait dû faire doucement, prendre bien garde à ce que tout se passe bien. Non. Lui il n'avait pensé qu'à lui.
Non, elle était un peu injuste étant donnée qu'elle l'avait un peu forcé.

Masha poussa un grand soupir et cacha sa tête dans ses mains.


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Fanaa se réinstalla de façon à ne plus tourner le dos à Sheyn mais à pourvoir garder ses bras autour du cou de Sheitan qu'elle se mit a grattouiller entre les oreilles.

- Tu ne sais pas ce que c'est ?

Rien que d'avoir quelqu'un qui lui répondait, quelqu'un de vivant et sans animosité, Fanaa se sentait se détendre. L'effet immédiat. En discutant elle pensait moins et laissait de côté les idées sombres et compliquées qui lui trottaient dans la tête.

- Aimer c'est ressentir quelque chose de spécial pour quelqu'un. Même moi je le sais ! Enfin je connais la théorie. Je ne sais pas si je l'ai déjà ressenti. Mais toi, tu es un esprit de la forêt qui s'est perdu parmi les gens. Des gens que tu ne sembles pas apprécier, même si tu en supportes certains. Ce serait drôle que ton coeur batte pour une fille de ce monde. L'esprit et la fille des hommes ... et votre enfant serait spécial, très spécial. Il aurait du mal à trouver sa place, lui qui serait entre deux mondes.

*Et ainsi je ne serais plus tout seule.*

- Toi aussi tu trouves que je parle trop, Sheyn ?

- Bah euh voui. Et tendance à avoir un peu trop d'imagination, aussi.

Sheyn se gratta la joue puis haussa les épaules.

- Personnellement je ne verrais aucun intérêt à m'encombrer d'une fille. Ca passerait son temps à geindre parce qu'on dort toujours dehors, qu'il n'y a rien à manger, que le lapin devrait être cuit, et que sais-je encore ! Beuark.

Il se passa la langue sur les dents à la mention du lapin.

- Et les entre-deux peuvent parfaitement s'adapter. C'est pas pire que d'être à moitié chewgal des plaines et à moitié chewgal des lacs. Chewgal et chewgal, ça donne toujours chewgal. Pas différent pour un humain. S'il n'a pas les pieds palmés du nageur ou les pattes puissantes du coureur, l'humain peut toujours utiliser sa tête pour s'adapter et palier à ce qui peut lui manquer. Il construit un bateau ou une charrette suivant où il veut aller. On prétend que c'est là la supériorité de l'être humain sur les bêtes, il me semble...

- Mais Sheyn, c'est important de parler, non ? Le silence quand on est tout seul c'est une chose, mais quand on est deux ou plus, c'est bien de communiquer. Ca veut dire qu'on s'intéresse à l'autre, qu'on échange, qu'on partage ... enfin c'est ce que je croyais. Mais au fond, peut-être que j'ai tort. Toi tu es un garçon. Tu peux m'expliquer comment pensent les garçons ? Tu pourrais me donner des conseils s'il te plait ? Je ne sais pas vraiment comment m'y prendre on dirait.

Elle grattouillait maintenant le fauve sous le menton.

- Est-ce que tu voudrais bien m'aider s'il te plait ? Me donner quelques conseils ? Ce serait vraiment gentil. S'il te plait Sheyn. Et tu sais, les filles ne font pas que geindre. Elle lui fit un petit sourire. Pas toutes. Ou alors pas sans raison.

- Parler, parler... n'importe qui peut parler avec n'importe qui, même sans avoir de lien avec l'autre. Cela ne signifie strictement rien, c'est superficiel. Les humains sont tellement mauvais pour se comprendre les uns les autres qu'ils se sentent obligés de babiller sans trêve... Et c'est tellement facile de mentir en parlant.

Sheyn secoua la tête, faisant tinter les breloques et les perles semées dans sa crinière.

- Le silence ne signifie pas forcément le vide.

Il s'étira presque sans bouger avant de reprendre :

- Gentil ?

Ses lèvres se retroussèrent sur ses dents blanches.

- Et pourquoi je voudrais me montrer "gentil" ? Ai-je vraiment l'air d'être la personne la plus indiquée pour des conseils d'interactions sociales ?

Il considéra Sheitan avec un air vaguement écoeuré et souffla par le nez.

- Vendu...

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- Nereyn ?

Earl cilla et releva les yeux vers celle qui se tenait à l'entrée de la pièce.

- Nuada.

La jeune fille adressa un petit signe de tête à Thani avant de s'avancer vers le lit au bord duquel le Lévitis était assis.

- Est-ce que ça va ?
- Encore quelques saignements de nez, mais oui.

Elle le regarda bien en face et répéta en détachant nettement les syllabes :
- Est-ce que ça va ?

Earl détourna légèrement la tête, le regard fuyant. Il laissa passer un moment de silence avant de répondre :
- Je ne me souviens pas vraiment de ce que j'ai pu faire, alors j'ai du mal à... vraiment réaliser ce qui s'est passé. Est-ce...
- Oui nous l'avons retrouvée, et oui, pour autant que je sache, elle va bien. Un peu secouée. Visiblement elle ignorait presque tout des herbes qu'elle t'a donné.
- Et...
- Ne t'inquiète pas pour cela, elle a pris la potion indiquée. Quand est-ce que tu commenceras pas te préoccuper de toi-même ? Tu as la tête vraiment dure !

Lèvres pincées, Nuada abattit son petit poing serré sur le crâne du Lévitis.

- Tu devais te re-po-ser !
- Mais...

Earl tenta d'esquiver un deuxième coup.

- Ce n'est pas ma faute si...
- Aha !

La main à la peau cuivrée s'immobilisa dans les airs avant de venir de poser sur les hanche d'une Nuada satisfaite d'entendre enfin ces mots.

- Tu vois que tu peux l'admettre ! Ce n'est pas ta faute. Alors ne vas pas porter le monde sur tes épaules. Chacun a sa part, d'accord. Tu as la tienne, et elle est déjà assez compliquée à gérer comme ça.

Elle hésita. Il semblait ébranlé, brusquement vulnérable. Il avait été touché, ou plutôt blessé intimement et il n'avait même pas eu une chance de se défendre. Même son esprit n'avait pu protester. C'était fait, voilà tout.
Elle aurait voulu pouvoir l'aider mais elle ignorait comment un homme pouvait percevoir ce genre de chose.
Elle ajouta donc d'une voix douce :
- Je vais demander à ce qu'on t'apporte quelque chose pour dormir.

Puis la jeune fille se retira en silence pour reprendre le chemin de ses appartements.
La soigneuse devait avoir fini son examen.

Fanaa eut un petit rire.

- Non, en vérité tu n'es pas le plus indiqué, tu es bizarre et tu n'aimes pas les gens. Mais tu es aussi un garçon et j'ai besoin de conseil. Je ne sais pas m'y prendre. Ses pensées, son fonctionnement et ses certitudes sont tellement opposés aux miens ! Et ne gronde pas Sheitan. Sheitan est fantastique.

Les mains passèrent sur les côtes, descendirent et le fauve sacré roula sur le dos. Fanaa put alors plonger ses mains dans les poils plus doux et un peu plus clairs du ventre. Elle le grattouillait tant et si bien que l'une de ses pattes arrières pédalait dans le vide.

- Oui mon chéri tu es fantastique ! Et le plus beau ! Plus à droite ? ça va mieux là ? D'accord je continue ! Mais non je ne ralentis pas, rassure toi !

Lorsqu'elle regarda de nouveau Sheyn, elle découvrit, atterrée, que le double s'était assis derrière lui. Elle se tendit un peu et arrêta de sourire, mais elle continua de prendre soin de la bête.

- Mentir, je sais ce que c'est. Mais je ne comprends toujours pas à quoi ça sert. C'est vrai, la vérité devrait suffire. Ainsi on se poserait moins de questions. C'est triste de toujours devoir se demander si ce que l'autre dit est vrai. Le mensonge tue la confiance.
- C'est ce que tu crois. Mais ta franchise gêne. Tu as dit ce que tu pensais à ton Levitis. En échange de quoi tu n'as gagné qu'un silence agacé. Personne ne veut de ta vérité, de tes croyances simplettes et naïves. Ils veulent que tu te taises, que tu t'effaces. Que tu restes à la place qui est la tienne.

Fanaa tourna bien vite la tête pour ne regarder que la fourrure rouge de Sheitan. Elle ne voulait plus voir le double, ni l'apercevoir. Ni l'entendre. Elle se concentrait sur le plaisir du fauve sacré en gardant une oreille pour Sheyn.

Mellyna avait erré au hasard des couloirs, interrogé les quelques servantes qui commençait à s'activer pour le petit-déjeuner à cette heure si matinale. Personne n'avait croisé Masha, où pouvait-elle se cacher ? La dédrane demanda pour la énième fois à une servante qui portait un plateau de thé et de gâteaux.

-Je pense que c'est la jeune fille qui est dans les appartements de Nuade'ilah. Pas d'inquiétude, elle va plutôt bien et on s'occupe d'elle.

Les épaules de Mellyna s'affaissèrent d'un coup, elle ne s'était pas rendue compte qu'elle s'inquiétait autant pour l'adolescente.

-Merci. Puis-je vous suivre pour l'attendre quand elle sortira ?

-Bien entendu, c'est par ici, venez.

La servante conduisit la dédrane dans une partie plus éloignée du temple, que la dédrane n'avait jamais exploré. Au vu des habitants des lieux s'était plutôt heureux qu'elle n'y ait pas été fourrer son nez jusque-là. Elles s'arrêtèrent devant une alcôve de pierre.

-C'est le début des appartements privés. Votre amie devra forcement passer par là pour ressortir.

-Je vous remercie. Si vous pouviez juste ne pas lui dire que je l'attends ici ? J'ai peur qu'elle ne veuille pas sortir sinon.. J'aimerais vraiment lui parler.

La servante réfléchit quelques instants, elle jaugeait la dédrane et se demandait finalement si elle était bien une amie de l'adolescente.

-Très bien, mais ne la brusquez pas, elle est perdue.

-Ce n'est pas mon intention.

Quand la femme fut partie, Mellyna s'assit en tailleur sur le sol froid et attendit silencieusement la sortie de Masha. Elle devait savoir ce qu'elle lui dirait et bien y réfléchir, finalement ce n'était pas plus mal qu'elle ne l'ait pas trouvée tout de suite.

- Ouais, en gros tu me demandes comment tu dois mener ta parade amoureuse pour un certain paon à crinière blanche.

Sheyn s'étira franchement et, par quelque coïncidence, son poing traversa la tête de l'illusion.

- A quoi ça sert de mentir ? A faire croire à celui qui écoute que ce qui n'est pas vrai l'est. Pour profiter de lui, pour le protéger, pour se protéger, juste comme ça.

Il pointa un de ses doigts vers les côtes de Fanaa.

- Tu l'as dit. Quand on est seul, on peut rester silencieux. Mais est-ce le silence pour autant ? Est-ce le silence dans ta tête ? Si les bruit dans ton crâne cessent à partir du moment où tu es avec quelqu'un et que tu jacasses, ce n'est peut-être pas le cas pour tous. Si quelqu'un d'autre te parlais pendant que moi-même je te parle, trouverais-tu cela agréable ?

Les yeux d'un brun un peu saumâtre eurent un éclat vert. Puis une des plumes de dressa telle une antenne. Sheyn grimaça. Le temple s'éveillait doucement, les occasions de subtiliser quelque chose dans les réserves sans que cela soit une corvée allaient se faire rares.

- Et parfois il y a des moments où on ne pense à rien, où on goûte simplement l'instant, le chant de la brise, le murmure des feuilles, la couleur du ciel. C'est moins agréable s'il y a une grosse oiseau-mouche qui vient vrombir à nos oreilles. Si l'oiseau reste juste posée sur une pierre, à apprécier la chaleur du soleil sans bruit, elle ne dérange personne. L'être silencieux peut même prendre le temps de regarder l'oiseau-mouche, de découvrir ses reflets, d'y voir autre chose qu'une gêne. Et s'il prend le temps d'observer au lieu de vrombir sans cesse, l'oiseau va lui découvrir que ce qu'il prenait pour une fleur colorée n'est que le motif d'un tissu. As-tu seulement pris le temps de le regarder sans te poser de questions parasites, ton "garçon" ? Je parie que tu continues à pépier toute seule dans ta caboche.

Sheyn renifla bruyamment.

- J'ai pas dû échanger plus de deux phrases avec, mais il y a des choses évidentes. Il réfléchit beaucoup, il dort peu. D'une certaine façon, les périodes pendant lesquelles il parvient à ne plus se poser de questions lui servent de repos supplémentaire. Et il sait regarder.

Sheitan époussetait frénétiquement se sol en se tortillant sur le dos. Au moins, lui ne se posait pas la question de savoir s'il avait l'air ridicule.

- Personne, garçon, fille ou animal, n'aime qu'on lui saute en permanence à la figure en japant. C'est pas bien compliqué à saisir, pourtant. Tu n'as qu'à considérer que tu dois apprivoiser un animal particulièrement rétif et méfiant. Et arrête de te poser des questions inutiles ! Même moi j'ai l'impression d'avoir un essaim qui me bourdonne dans les oreilles quand tu me tournes autour, parfois ! Il peut parfaitement te jeter un coup d'oeil et simplement noter ta présence, sans forcément y adjoindre un jugement, une critique, que sais-je ! Et ce n'est pas parce qu'il ne formule pas une opinion qu'il est indifférent.

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- Alors, ça c'est bien passé ?

L'attitude prostrée de Masha avait de quoi susciter quelque inquiétude.
Nuada vint s'assoir sur un bout de banquette et se pencha pour l'observer, sans trop oser la toucher.

La jeune fille soupira intérieurement.
La vie isolée dans le désert avait ses avantages... mais aussi ses inconvénients. Cet incident mettait en évidence l'ignorance des enfants du sable au sujet des façons de penser, des usages différents. Et peut-être se montraient-ils trop protecteurs envers les jeunes générations si précieuses ? Pour que Masha aille se livrer à de tels actes juste parce que quelqu'un lui disait "non"...

- Tu devrais aller t'allonger quelques heures, tu en as besoin.

Le double jeta un regard courroucé à Sheyn et se recula. Quel petit impertinent ! Et quelle frustration de ne pouvoir interagir avec lui.

Fanaa avait tout écouté, buvant les paroles de Sheyn et intégrant toutes les informations. Elle s'adressa à Sheitan.

- La prochaine fois que je te verrai je te brosserai. Ca te fera un beau poil et ça te grattouillera partout partout. Qu'en dis-tu mon chéri ? Tu vas adorer !

Ah que n'était une relation avec un homme aussi simple qu'avec un fauve ! Lui grattouiller le ventre pour le rendre heureux et voilà ! A dire vrai, c'était ce qu'elle avait fait jusque là : lui sauter dessus avant qu'il n'ait le temps de dire ouf. C'était le seul terrain sur lequel ils s'entendaient ! Et c'était un peu triste d'être une fille car cela ne lui suffisait pas. Combler Earl c'était bien et agréable, mais après ? Fanaa avait envie de plus. Et elle en culpabilisait. Parce que ce n'était pas "bien". Cela avait un côté égoïste. C'était mal. Et plus elle y pensait, plus elle y réfléchissait, plus elle se stressait.
Mais elle décida de faire plus d'efforts. De faire de son mieux. Un animal rétif ... oui elle l'avait déjà perçu ainsi. Elle devait donc essayer de l'apprivoiser. Ou plutôt, continuer d'essayer. Oui oui. Profiter du temps présent.
C'est qu'il pouvait lui arriver tellement de chose à celui-là ! Oula oui, en vérité il n'y avait pas de temps à perdre.

Fanaa planta un gros bisou sur le museau de Sheitan et bondit pour en coller un sur la joue de Sheyn avant de reculer de quelques pas.

- Merci ! Tu vois, tu m'as aidée très gentiment, moi qui bourdonne à tes oreilles. Tu es comme un petit animal rétif toi aussi, un mignon qui s'ignore ! C'est un tel soulagement d'avoir enfin pu parler ! Et qu'on me parle ! Oui je sais j'arrête de bourdonner, merci Sheyn ! Oh ! Il est vraiment impossible de trouver des fleurs par ici n'est-ce pas ?


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- Elle a dit que tout allait bien.

Masha soupira.

- Je vous remercie Illah. Je vous remercie pour tout mais je ne vais pas vous déranger plus longtemps. Vous avez été bien bonne pour moi, Sacrée.

L'adolescente prit les herbes que lui avait données la soigneuse, salua Nuada puis sortit des appartement sacrés. Une fois la porte refermée, elle fit quelques pas, soupira encore, ferma les yeux et leva son visage vers le plafond. Mellyna était tout près, mais Masha ne l'avait pas encore vue.

- Bleeeh !

Sheyn attrapa une des pattes velues de Sheitan pour s'essuyer la joue.
Mignon ?! Horreur !

La question des fleurs lui fit frémir les plumes, le rappelant à ses devoirs.
... des devoirs qu'il avait bien négligés.

- Rmpf. On en fait pousser certaines pour leurs effets profitables sur les quelques plantes comestibles qui parviennent à croitre dans certains villages. Mais la plupart on dû être cueillies pour la fête de l'abon-truc.

Mellyna bondit sur ses pieds, elle ne voulait pas que la jeune fille s'enfuit en la voyant, aussi s'approcha-t-elle le plus furtivement possible. Le temps que Masha rouvre les yeux, la dédrane était devant elle et lui tenait délicatement les mains.

-Masha ! Je me suis fait du soucis pour toi. Tu vas bien ?

Elle aurait voulu la gronder comme un enfant qui avait fait une bêtise, mais Masha n'était plus une enfant et Mellyna n'était pas sa mère. L'adolescente paraissait avoir surtout besoin de réconfort. Crier ne ferait que la faire fuir et la blesser d'avantage.

- Je m'attendais à ce genre de réponse ... tant pis ...

Elle se mordilla la lèvre puis regarda de nouveau Sheyn, l'illusion derrière lui et re-Sheyn.

- Ne fais pas la grimace, je m'en vais !

Elle fila dans les couloirs à la recherche de serviteurs à qui elle pourrait demander un peu de matériel puis elle rejoignit la chambre d'Earl. Elle souleva les voilages. Un coup d'oeil à droite et à gauches. Thani était assis dans son fauteuil tandis que du côté du lit, rien ne bougeait. Earl dormait-il ? Fanaa plaça son index sur sa bouche de façon à signifier à l'eyerash qu'il devait garder le silence, puis elle entra sur la pointe des pieds, les bras chargés.

Tout d'abord, poser les vêtements propres et frais sur le siège derrière le paravent et y ajouter une serviette toute douce. Ensuite replier les vêtements déjà portés pour les emmener à laver. Fanaa aurait voulu remplacer les draps mais tant qu'il restait dessus, ce n'était pas possible. Qu'à cela ne tienne.
La jeune fille s'installa en tailleurs par terre et s'occupa à créer des fleurs. Des étoffes joliment pliées figuraient les pétales, fixées par des rubans sur des baguettes qui servaient de tiges. Quelques gouttes d'huiles essentiels aux effets apaisants sur les tissus et le tour était joué !
Les fleurs de tissus furent disposés dans un vase qu'elle alla poser discrètement sur la table de nuit.
Elle tourna la tête de tous côtés pour trouver autre chose à faire, mais sans réveiller le Levitis, cela allait être dur. Elle posa alors des draps propres près du fauteuil, récupéra les vêtements de la veille et s'en fut comme elle était venue, à pas de velours ...


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Masha ouvrit les yeux et fixa la dédrane. Sa bouche se mit à trembler.

- Je sais que c'est ma faute mais ... mais j'ai eu peur tu sais ! Je ne pensais pas que ça se passerait comme ça !

L'adolescente cacha son visage dans ses mains et ses épaules furent secouées de sanglots.

Mellyna entoura ses frêles épaules de ses bras nus, elle entendit sans rien dire le temps que Masha réussisse à se contrôler.
Quand enfin elle finit par s'apaiser, la dédrane se recula d'un pas pour la regarder sans la lâcher pour autant.

-C'est fini, ne t'inquiète pas. Tant que tu ne te serviras plus de ces plantes ça ne devrait plus se reproduire. Ca ne se passe pas toujours comme ça, il était drogué, il ne faut pas lui en vouloir, ni avoir peur de lui. Tu veux que l'on continue cette conversation dans ta chambre ? On sera plus à l'aise et tu pourras te reposer.
Oh, je sais ! Je vais d'abord te montrer un endroit superbe.

En parlant, la gardienne entraina l'adolescente dans les couloirs sans lâcher sa main. Elles arrivèrent à une grande fenêtre, que la dédrane ouvrit sans difficultés. La brise était encore fraîche mais ne tarderait pas à devenir brûlante. Elle s'accroupit dos à Masha.

-Allez monte !

Masha se sentait lasse, mais en vérité elle était contente de Mellyna l'aborde. Après l'être sacré, c'était la Dedrane qui s'inquiétait d'elle. C'était agréable d'être au centre de l'attention. Elle grimpa derrière Mellyna et son regard embrassa le paysage. Le soleil se levait. Elle en avait vu des levers de soleil, et plus d'un ... mais cela restait un très beau spectacle, tout cet or et ce feu du ciel qui embrasait le paysage ... c'était cela le désert ...

Masha posa sa tête sur l'épaule de Mellyna.

- Merci ...

Ensuite la Dedrane reconduisit l'adolescente épuisée dans sa chambre et l'aida à se coucher. Avant de fermer les yeux, Masha lui agrippa la main.

- Tu restes là, hein ?



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Khamsin sétait installé sous le lit du levitis. Le valaê était en mission. Dès que le jeune homme quitterait la chambre, il devrait prévenir Kraa qui li même irait porter l'information à Fanaa.
Fanaa qui était dans la salle des vapeurs occupée à se décrasser en profondeur. Puis vint le moment du démêlage et le premier coup de peigne fut une très très mauvaise surprise. Choquée, Fanaa courut vers un miroir, en essuya la buée et observa son reflet. Pour être sure elle repassa le peigne dans ses cheveux puis le laissa tomber.

- Oh non ... non ...

Son coeur s'emballa et sa respiration se fit un peu trop rapide. Quelques tâches noires passèrent devant ses yeux et elle tomba à genoux. Elle devait se calmer. Se calmer. C'est ce qu'Earl dirait. Non. Enfin si. Il dirait que ce n'était pas important. Ou alors ... non. Ne pas essayer de songer à ce qu'il penserait. elle n'était pas lui, elle ne pouvait se mettre à sa place. En plus Sheyn lui avait conseillé d'arrêter de rester sur des à priori.

Fanaa se força à respirer plus lentement, à se vider la tête. Ensuite elle nettoya la pièce, se vêtit d'une robe longue et ample qui la couvrait jusq'aux pieds et presque jusqu'au bout des doigts, puis elle entortilla bien sera un tissu autour de sa tête. Ensuite elle rejoignit le dortoir. Dortoir qui était devenu vide car plus personne n'y dormait, chacun ayant eu droit à une chambre. La jeune fille se saisit de son sac, en sortit une feuille de papier et se prit à imaginer ce qu'elle pourrait y représenter si elle avait des couleurs. Peindre de tête, voilà qui était une activité calmante.

Et les heures passèrent ... et la chaleur monta autant que le soleil dans le ciel ...

- Mon capitaine ?
- Ah, tu m'adresses à nouveau la parole ?

Earl n'accorda qu'un bref coup d'oeil à son ancien subalterne, apparemment trop absorbé par les ombres des falaises qui dansaient au rythme du soleil.

- Eh bien...

Un peu désarçonné par ce ton froid, Ridelgald hésita.

- Certaines circonstances m'ont... perturbé. Mais...

Il plissa les yeux tout en scrutant le profil d'Earl.

- Vous êtes sûr que ça va ? Vous êtes vraiment très pâle.
- Très bien merci, rétorqua le jeune homme avec sécheresse, les mains crispées sur la rambarde. Je ne te retiens pas.

Ridelgald faillit insister, mais finit par céder et repartit vers l'autre extrémité du balcon.
Dès qu'il eut disparu, les doigts qui blanchissaient à force d'agripper le rebord de pierre tiédi par le soleil se relâchèrent. Earl soupira et baissa la tête, les yeux mi-clos et les dents serrées.

Il s'était levé sans éveiller Thani toujours assoupi dans le fauteuil, avait procédé à une toilette minutieuse, s'était rhabillé avec le plus grand soin. Le moindre plis tombait avec exactitude, jamais il n'avait eu l'air aussi Lévitis, aussi rigide, aussi mécanique.
Il avait espéré qu'en gardant ce maintien ce serait plus facile. Faire comme s'il ne s'était rien passé, comme s'il se contrôlait toujours à la perfection, sans tache, sans fissure...
Il l'avait cru, belle illusion.

Earl se retourna dos à la balustrade puis se laissa glisser assis par terre.
Non, impossible.
Le mieux à faire était de rester là. Il ne parviendrait pas à supporter le regard des autres, qu'il soit accusateur, ou pire, apitoyé.

Il n'était pas seul.

Earl regarda le valaë, le valaë regarda Earl.
Du silence, comme une simple attente, rien de plus.

Earl reporta son attention vers la mince craquelure d'une des dalles qu'il observait sans vraiment la voir par-dessus ses bras croisés.

Il ne se sentait pas fautif. A ce sujet-là, la vieille femme n'avait pas à s'en faire.
Non, il se sentait juste blessé. Et cette blessure là n'avait rien à voir avec une plaie ouverte, un os brisé, un muscle déchiré. Il ne s'agissait pas non plus d'une atteinte intérieure comme une instabilité elixienne ou le mal qui vérolait le cerveau des énommés.
C'était différent.
C'était une sorte de... blessure honteuse.

Faible, crasseux.

Pour quelqu'un d'aussi fier -et Ael savait qu'il l'était !-, il s'agissait de la pire atteinte possible.

Le Lévitis appuya le front contre ses bras puis ferma les yeux, occultant l'image de la fissure dans la dalle.

Une fois briquée, la chambre -qui était déjà coquette- était devenue rutilante. Il ne s'y trouvait plus un seul grain de poussière. A s'agiter ainsi, elle avait maintenant chaud. Sans compter que cette grande robe ample comme un sac ne laissait pas tant de liberté de mouvement. Elle regarda à droite puis à gauche et voyant qu'il n'y avait aucune présence dans les parages, elle ôta le vêtement pour se retrouver dans le style qu'elle affectionnait depuis le Ringèm, un simple bandeau pour cacher sa poitrine et une jupe assez courte, fendue qui lui ceignait les reins et dans lesquels elle pouvait bouger en grande liberté sans jamais être gênée.
Le foulard serré autour de sa tête qui faisait un peu comme un turban rappelait le style de Mellyna, c'était assez joli. Différent, mais assez joli.

Bon. Que restait-il à faire ?

- Voyons voir ...

Pensive, elle effleura une de ses courtes mèches de son index dans le but de l'entortiller autour de son doigt, quand elle se rappela que c'était un geste qu'il valait mieux éviter. Alors elle préféra se mordiller la lèvre inférieure.

- Mmmmh ... je crois que la chambre est prête maintenant. Mais qu'est-ce qui manque ?