Maison de Soghann & Syld

Fanaa avait arrêté la torture de Soghann avant Syld, ses cris de détresse l'ayant presque fait mourir de rire. Au sens littéral du terme.

Après que Syld soit sorti, drapé dans sa dignité tel un seigneur levitis, elle resta encore quelques instants appuyée sur le bord du baquet à tenter de reprendre son souffle, tout en regardant Soghann du coin de l'oeil.
Enfin elle prit une grande inspiration et se redressa. Il n'y avait quasiment plus d'eau dans le baquet, mais encore de la mousse dans ses cheveux. Elle fit couler de l'eau et tourna en dessous pour se rincer.

Le jet arrêté, elle essora ses longs cheveux de façon à ne pas mettre plus d'eau au sol qu'il n'y en avait déjà et sortit du bain (enfin ce qu'il en restait).

- Y a plus de serviette.

Après cette remarque qui lui fit faire la moue, elle se tourna vers Sogh. et lança :

- Dépêche toi! Le dernier prêt nettoiera notre champ de bataille!

Et avec un éclat de rire, elle se rua hors de la salle de bain.

Sans faire attention aux paroles de Syld, elle poussa la porte de sa chambre sans frapper. Et avant qu'il ait pu faire une quelconque remarque, elle leva les bras au ciel et lâcha vivement en souriant :

- Oui je sais "ne te ballade pas comme ça". Mais j'ai besoin d'une chemise, l'autre est trempée et celles de Sogh sont beaucoup trop grandes.

Etait-ce une impression, ou se raidit il vraiment? Ses cheveux, même dans leur état de détrempage actuel, étaient bien plus beau depuis qu'elle les avait shampouinés. Elle était fière d'elle. Elle avait réussi l'exploit de le rendre encore mieux qu'à l'ordinaire!

- Wahou! Tu es encore plus beau qu'avant! Je ne pensais pas que c'était possible, hihi!

Syld tressaillit.
Heureusement qu'il présentait le dos à la porte... Il l'avait échappée belle.

- Mmh... bon courage pour trouver dans ce fatras quelque chose qui ne soit pas bon à laver, alors. C'est quand même une chance que j'aie du change : je n'avais pas prévu qu'une demoiselle viendrait me piquer la moitié de ma défroque.

Il s'était très légèrement tourné vers la gauche pour suivre ses allées et venues du coin de l'oeil.
Le jeune homme avait vraiment un profil d'une finesse remarquable, détail que le foulard occultait quelque peu en temps normal.

Il finit rapidement de se sécher les cheveux et, sans tourner la tête davantage, lança la serviette à Fanaa.

- Attrape ! Autant que tu n'ailles pas tremper complètement mes vêtements avant même de les avoir mis !

Puis il saisit le foulard neuf dans son tiroir. En quelques gestes précis, il le noua et, tout en terminant de l'arranger, demanda d'un ton plus détendu :
- Tant que nous causons chiffons, tu as déjà réfléchi aux tenues qui te feraient plaisir ?

- Beuh… Mais elle est trempée !

Pour appuyer ses dires, Fanaa tordit un coin de la serviette et un filet d’eau coula.

- Rien à faire. Je n’ai plus qu’à sécher toute seule. Ca manque un peu de soleil à Shalanos, mais au moins il n’y fait pas froid. Ca ira.

Oui, il avait tressailli. Pas de doute.

- « aux tenues » ? Il y en aura plusieurs ? oh !

Rose de plaisir, elle battit des mains. Elle n’était pas une fille pour rien.

- Alors ce sera la surprise.

Se retournant, elle alla farfouiller dans les tas de vêtements, trouva une chemise noire acceptable et l’enfila. Tournant la tête pour regarder Syld du coin de l’œil, elle lâcha distraitement :

- C’est drôle, sans ton foulard on dirait presque une fille.

S’attelant à la tâche de trier le linge sale du propre afin de plier et ranger celui-ci, elle continua, les joues empourprées :

- Seulement presque… je sais de source sure que tu es bel et bien un garçon. Au complet…

Elle secoua la tête pour quitter se gêne passagère.

- Mais dans l’ombre avec ton épaisse tignasse… Tu pourrais t’en servir pour vos missions peut être. Et Soghann aussi d’ailleurs. Ce pourrait être très amusant !

Elle imaginait déjà la tête du dindon de la farce au moment où il se rendrait compte que la ou les sublimes beautés à ses côtés avaient en fait des attributs plutôt virils…

Elle se releva et alla s’assoir sur le lit. Défaisant son bout d’étoffe écarlate qu’elle portait au poignet, elle le posa à plat sur le lit et le lissa doucement. Sans regarder son chenapan, elle prononça tout bas :

- Ce que tu dis, si tu y crois, pense que ce n’est pas à sens unique.

Elle leva les yeux vers lui et lui sourit :

- Même si je ne suis pas une shalos, je suis une invitée shalos. Ca compte ?

Syld secoua la tête en souriant.

- Ne t'ai-je pas aussi dit que les Shalos étaient doués pour garder leurs propres secrets ?

Il s'approcha du lit et, saisissant la demoiselle par la taille, la souleva comme une plume pour la reposer un peu plus loin sur l'édredon et ainsi pouvoir récupérer la chemise prélevée dans le désordre ambiant de la chambre.

Tout en finissant de s'habiller, il pouffa à l'idée d'un Soghann en jupe et corset.

- Pour les... déguisements, on y pensera peut-être un jour.

Très amusé, il déserra les lacets qui fermaient le col de sa chemise et tritura distraitement l'extrémité de ses manches.

- Tu n'es pas vraiment la première à me faire remarquer que je ressemble à une fille, ne t'inquiète pas. Le nombre de fois où je me suis entendu surnommer "fillette" par des piliers de taverne peu avertis... Ils chantent vite moins haut, précisa le jeune homme avec un sourire vindicatif avant de hausser les épaules avec bonne humeur. Mais les taverniers du coin m'appellent toujours comme ça : c'est une plaisanterie qui fait rire les habitués.

Il remit les bottes qu'il avait laissées dans le corridor et vérifia d'un coup d'oeil qu'il n'avait rien oublié.

- Bon, je suppose que Soghann est déjà prêt et qu'il tape du pied en nous attendant...

- tricheur!

Fanaa lui tira la langue.

*Bien sûr. Ca aurait été trop simple. Et dire que moi je me suis fait avoir... Mais je n'ai pas de regret. Non.*

- Sogh? Zut! Il a dû gagner le pari!

La jeune fille bondit sur ses pieds et fila en flèche au bas de l'escalier. Vite! Vite! Ses bottes! Ah voilà.
Elle les enfila mais bien sûr eut du mal avec les lacets. Zut ces noeuds!

- Sogh! Je suis presque prête!

Les deux autres le laissèrent enfin tranquile, après avoir manqué de le noyer à plusieurs reprises.
Exténué, il se reposa un moment, accoudé au bord du baquet... Jusqu'à ce que Fanaa sorte en sautillant du bain et lance :

Citation :

Le dernier prêt nettoiera notre champ de bataille!

Après avoir étouffé un juron, Soghann se rinça rapidement, sorti du bain et ouvrit un placard camouflé dans le mur, placard qui regorgeait de serviettes sèches -et chaudes, grâce à un petit enchantement de rien du tout-. Esquivant les flaque d'eau qui recouvrait le sol, il se réfugia dans sa chambre, tout en se séchant rapidement. Ceci fait, il ouvrit une seconde armoire, dont il sorti des vêtements propres : une pantalon de cuir noir, nue chemise de velours, cintrée et délicate, de la même couleur.

Il s'assit ensuite sur le lit pour enfiler ses bottes, puis remit sa veste. Une fois habillé, il rouvrit son "armurerie" et, sans hésitation, il se mit à piocher des lames bien précises, qu'il rangeait au fur et à mesure dans les plis de ses vêtements : veste, ceinturon, bottes... Soghann détestait sortir sans ses "outils" de travail. on ne savait jamais ce qui pouvait nous tomber dessus... Encore plus à Shalanos.

Alors qu'il fermait la porte de sa chambre après en être sorti, il vit Fanaa dévaler les escaliers, et sourit de son impétuosité. Il la suivit dans l'escalier, et lorsqu'elle cria :

Citation :

Sogh! Je suis presque prête!

Il se trouvait juste derrière elle, ce qui mit à mal ses tympans. Alors qu'elle se démenait toujours avec les lacets de ses bottes, il se glissa juste dans son dos et lacha :

Bouh !

Elle sursauta et son cœur manqua un battement. Une image atroce passa si rapidement dans son esprit qu’à peine entrevue, elle disparut. Raide et pâle, elle tourna lentement la tête pour découvrir qui était derrière elle.

Reconnaissant le grand shalos, ses couleurs lui revinrent au visage et elle se serra contre lui.

- Tu m’as fait peur ! le gronda-t-elle avec une moue renfrognée.

Puis, le regardant de haut en bas elle réalisa que…

- Oh non ! Tu as gagné ! Je suis sûre que tu as triché.

Se redressant, elle lui donna une tape sur le bras avant de revenir à ses lacets, qui – tiens donc – se laissaient faire maintenant. Ouf !

Elle se saisit du manteau de Syld et l’enfila mais en sortit la bourse du matin qu’elle alla rendre au chenapan. Puis elle bondit vers la porte et l’ouvrit en grand, trépignant d’impatience et un grand sourire aux lèvres elle les interpela :

- Allez, venez ! Si non ce sera fermé…

Et elle sortit descendre la rue en courant. Ouiiiiiiiii !!

- Sauf qu'ici il n'y a pas vraiment d'heures de fermet...

Syld laissa tomber le reste de sa remarque avec un haussement d'épaule fataliste : Fanaa était déjà loin.

- Allons bon, cette linotte ne va même pas nous attendre ! J'aurais pourtant cru qu'elle retiendrait la leçon de ce matin...

Le jeune homme n'alla pas plus loin dans ses commentaires, de peur que Soghann n'aille deviner son manque de vigilance.
Il supportait assez mal les réprimandes, à plus forte raison quand c'était son compère qui les lui faisait : Soghann avait une manière d'exprimer sa réprobation en silence, juste avec le regard... une manière qui était quasiment la seule technique efficace pour faire culpabiliser Syld et le rendre malheureux comme les pierres.

L'assassin trop folâtre à ses heures rempocha ses zoris, soupira, puis sortit sans vraiment se presser. Tandis que Soghann fermait la porte derrière eux, il se tapota la lèvre inférieure d'un air pensif.

- Il faudrait commencer par la lingerie, marmonna-t-il comme pour lui-même, très absorbé dans ses complexes réflexions. Hum... encore de la dentelle ? Ou bien... de la soie, peut-être ? Ou alors...


HRP : vers les boutiques

HRP : venant du lac

Soghann a écrit:

Quelques minutes plus tard, ils arrivèrent à la demeure des assassins, dont Soghann ouvrit la porte d'un geste expert. Il pénétra dans le salon, laissa tomber tout ce qu'il transportait dans un coin, et alla s'affaler dans le canapé, les jambes allongées sous la table.

- Haaaa...

Il tourna la tête, regardant le globe magique. Dehors, le début de la soirée : le soleil se couchait, teintant les nuages de rouge, et diffusant une lumière chaude dans la pièce. Soghann se retourna vers Fanaa, et lança, l'air enjoué :

- Tu nous montre ce que tu as acheté ?

*De linotte je suis devenue princesse une apres midi, puis Shamarra est apparue auréolée de lumière telle une apparition divine... et me voilà transformée en grenouille! Shamarra 100, Fanaa 0. Normal. Allez, la vie continue! Et puis on rentre maintenant.*

Au sortir de ses pensées, la jeune fille se fendit d'une petite grimace au chenapan, sans commentaire (mais sans amertume), attrappa ses paquets et enfin ils arrivèrent à la maison. Soghann s'affala (façon Sogh c'est à dire se laissa tomber et étala ses quilles où il y avait de la place) et réclama une démonstration, un défilé.

Rosissante, Fanaa battit des mains.

- Oh oui! Ne bouge pas je reviens!

La demoiselle fit plusieurs passages et montra tout, absolument tout ce qui composait ses paquets. Vêtements et, bien sûr, sous vêtements!
Elle termina par la robe de mousseline noire plus courte devant que derrière et dont la coupe exquise dénudait les épaules. Elle arriva dans le salon et tendit un paquet à chacun des shalos.

- Tenez, j'ai pensé à vous!

C'est ainsi que Soghann et Syld reçurent chacun une nouvelle chemise. Celle de Syld était près du corps et du même tissu moiré que la tunique de danse de Fanaa; celle de Soghann était ouverte et faite d'une fine étoffe noire transparente. Le genre de chemise qui était en fait une illusion, un vêtement qui ne camoufle pas, mais au contraire révèle...

La demoiselle, plantée devant eux se mordilla un doigt.

- Ca vous plait? Parce que sinon je vais changer, hein, c'est facile. Et puis je vous laisse choisir. Et Sogh, j'ai acheté ça avec mes sous, ne t'inquiète pas. ce sont vraiment des présents. Mais bon, si jamais ce n'est pas à votre goût dites le. S'il vous plait.

Syld s'était perché sur un des accoudoirs du sofa le temps du défilé, ne se privant pas de marquer son enthousiasme à chaque apparition.

Puis Fanaa revint avec ses cadeaux.

Le jeune homme tendit la chemise moirée à bout de bras devant lui.

- Mmmh.

Enfin, il abandonna la moue pensive qu'il affichait rien que pour faire trépigner la jeune femme et lui adressa un sourire ravi.

Le Shalos se débarrassa prestement de la chemise qu'il avait sur le dos pour se glisser dans la nouvelle.
Sautant sur ses pieds, il écarta les bras et se tourna d'un côté et de l'autre.

- Alors ? Je suis comment ?

Syld semblait sceptique. Elle avait dû faire une faute de goût. Peut être aurait elle dû choisir rouge plutôt que noir? Peut être... Oh! Il souriait! Mais alors, la chemise lui plaisait?!

Elle répondit aussitôt:

- Tu es superbe comme d'habitude! Si, par un malencontreux hasard il restait encore une femme insensible à ton charme, en ce jour il n'y en a plus aucune. C'est sûr que même la plus sceptique te sautera dessus aussi sec!

Elle s'approcha et lui saisit les mains pour lui faire lever les bras et le regarder plus à son aise. C'était agréable d'être près de lui. Fanaa s'en trouvait apaisée. Il valait mieux être une grenouille ou un insecte et pouvoir rester tout près d'eux, que d'être la plus désirable des femmes et ne les croiser qu'occasionnellement.

Elle leva les yeux vers lui, aperçut l'œil bleu vert malicieux et baissa vivement la tête en souriant intérieurement.

Soghann avait admiré le défilé, marquant lui aussi son approbation par des sifflements et des exclamations enthousiastes. Lorsque Fanaa lui mit dans les mains un nouvelle chemise, il la considéra quelque instant, surpris.

* Un cadeau ? Crédieu !*

Rares étaient les choses offertes, à Shalanos. Tout se payait, un jour ou l'autre.
Syld considérait lui aussi sa nouvelle chemise, puis se décida à la mettre. Elle lui allait évidemment à ravir. A se demander s'il y avait quelque chose qui ne lui allait pas.

- Tout à fait séduisant, je dirais, comme d'habitude...

A son tour, il se leva, et se débarrassa de sa veste et de sa chemise, les laissant tomber sur le canapé. Prenant son temps, il enfila délicatement la chemise, savourant le contact aérien de l'étoffe sur sa peau. Il écarta ensuite les bras, regardant ce que cela donnait. Elle était parfaitement à sa taille... En quête d'un avis, il lança un regard interrogateur vers Fanaa et Syld.

Regardant Soghann, Fanaa ouvrit de grands yeux et laissa échapper un :

- Wahou! admiratif

De fait la chemise, ouverte et transparente montrait ce que Soghann cachait tout le temps à savoir un torse appétissant au possible barré de la longue cicatrice (qui loin de le défigurer apportait une plus), sous la peau de son dos, ses muscles roulaient et donnaient envie de toucher.

*c'est drôle, je l'avais pourtant vu a moitié nu à la rivière mais là on dirait qu'il est bien plus beau!*

Pensive, elle ajouta:

- C'est dommage quand même que tu n'aimes pas les femmes. Elles perdent quelque chose!

Syld se mit à rire.

- Ecoutez-moi cette petite flatteuse !

Tout en se laissant complaisamment lever les bras et examiner sous toutes les coutures, il tourna la tête vers Soghann pour ne pas perdre une miette de son essayage.

- Eh bien...

Le jeune homme laissa fuser un petit sifflement appréciateur. Sifflement qui s'acheva sur un trémolo aigu lorsque la dernière remarque de Fanaa heurta les oreilles de l'assassin.

Syld resta un instant bouche bée, puis plaqua une main sur sa bouche dans le vain espoir d'étouffer une crise de fou-rire.

- So-soghann qui n'aimerait pas les fe-femmes ?

Le gredin en pleurait presque.

- Nan, heu... Fanaa, je t'assure que...

Il essuya les larmes qui lui montaient à l'oeil sous le coup de l'hilarité.

- Je t'assure que monsieur Soghann ici présent éprouve la même attirance pour la gent féminine que l'individu masculin standard.

Le jeune homme enroula une de ses mèches de cheveux sur un des ses doigts et se passa la langue sur les lèvres, le regard brillant.

- Je ne dis pas que ses appétits ne sont pas un peu plus vastes que pour la norme des mâles adréniens, mais enfin...

Il baissa la tête vers Fanaa, tout prêt de rire à nouveau.

- Vraiment, les femmes ne perdent rien du tout. J'aurais même plutôt tendance à dire qu'elles y trouvent leur compte. Il ne faut pas se fier à ses mines blasées...

Syld glissa un nouveau regard vers Soghann et se mordilla les lèvres d'un air voluptueux.

- J'avoue que tu es vraiment bien, comme ça... vraiment... tentant...

Soghann en resta bouche bée. Lui, ne pas aimer les femmes ? Heureusement, Syld corrigea la méprise...
Le temps qu'il se ressaisisse, son compagnon avait déjà glissé un compliment, envoyant aussitôt Soghann dans un univers d'idées loin d'être innocentes. Essayant de se redonner une contenance, il lissa la chemise -qui n'en avait nul besoin-, la plaquant du même coup légèrement sur son torse. Joueur, il lança un clin d'oeil vers Syld, avant d'arborer un sourire qui se voulait charmeur, et un regard doux qu'il fixa sur Fanaa.

- J'aimerais bien savoir ce qui t'as mis cette idée là dans la tête...
Mais si tu n'es pas convaincue, je serais ravi de te démontrer que je sais parfaitement m'y prendre avec les jolies dames...

- Oh pardon! Je ne voulais pas te froisser! C'est juste que Syld avait dit que tu préférais tes armes, alors j'ai cru tu étais d'acier froid, que la chaleur ne pouvait pas monter en toi, enfin je veux dire... mais tu ne réagis jamais avec moi! Mais bon je ne t'en veux pas, chacun ses goûts. Mais même quand on s'est embrassés, ça ne te faisait ni chaud ni froid. C'est pour cela d'ailleurs que je me permettais... oh mais ne pense pas que je voulais profiter de toi hein, c'est faux! C'est juste que... Soghann, ne me regarde pas comme ça, voyons! Je ne sais plus ce que je dois croire.
Parce que avec moi à chaque fois tu es... mais bon je ne suis peut être pas à ton goût tout simplement. mais rassure toi je n'essaie pas de l'être hein! Enfin je veux dire, si, je préfèrerais te plaire, enfin vous plaire mais... je ne sais plus ce que je dis. Ca ne va pas du tout, et je n'ai même pas bu.
Oh au fait je ne sais pas si vous avez remarqué mais quand je suis nerveuse j'ai tendance à dire tout ce qui me passe par la tête.
Bon d'accord Sogh, ton truc c'est les jolies dames. Mais moi de toutes façons, je suis pas une dame je suis une grenouille! Alors c'est normal que je n'éveille rien. Même si je ne cherche pas à... zut je l'ai déjà dit!

Elle ponctuait son monologue de regards désolés, de bras gigotant, de mains tordues, de lèvre mordue, et de sautillements gênés. Oh lala jamais elle n'aurait dû parler. Il lui semblait qu'elle ne disait que des bêtises. Et impossible de tout recommencer!

L'avalanche d'excuses passa complètement à côté de Soghann. Remontant à contre-courant le flot de parole, il parvint à Fanaa, qu'il embrassa sans lui demander son avis. Un vrai baiser, d'ailleurs, pas seulement pour la faire taire, mais bien pour qu'elle comprenne qu'elle lui faisait de l'effet,e t qu'il savait si prendre. Non mais ho.

Il cessa enfin, la fixa, son visage à quelques centimètres du sien. Il la tenait par la taille, la soutenant tout en la plaquant contre lui.

- Tu est tout à fait à mon goût, petit grenouille...

Lentement, les mains de l'assassin glissèrent le long de la chute de reins de la jeune femme, pour venir se poser sur ses fesses.

Fanaa le fixait maintenant avec de grands yeux incrédules. Il l'avait embrassée avec toute la fougue et la passion que l'on pouvait être en devoir d'attendre d'un amant plein de désir. Et maintenant ses mains...

Elle ne pouvait pas bouger, plaquée contre lui. Elle n'osait pas bouger. Le contact de Soghann lui donnait des frissons, mais elle hésitait encore.

*Je n'ai pas de naÿs, qu'est ce qui va se passer?*

Son visage semblait un peu fâché, comme s'il lui en voulait encore un peu. Elle devait se rattrapper, se faire pardonner.

- Tu m'embrasses encore?

Syld regarda faire Soghann, tout sourire.
Il s'était accoudé au dossier du canapé pour mieux apprécier la scène et commençait à se dire qu'il y participerait bien... quand un grattement quasi inaudible du côté de la porte lui fit dresser l'oreille.

Le jeune homme se redressa et contourna discrètement le couple pour aller entrouvrir la porte. Ce qu'il vit dans la rue lui tira un froncement de sourcil : une bouille crasseuse de gamin était levée vers lui, émergeant d'un tas de haillons qui ne méritaient même plus ce nom.

- Fil de fer ?

Le gamin sourit de toutes ses dents manquantes à son surnom.

- Fild', m'sire, ça sonne mieux.

Syld fit semblant de ne pas remarquer que si le gosse insistait sur ce diminutif, c'était parce qu'il ressemblait beaucoup au nom d'une certaine personne qui lui servait d'idole...

Le jeune homme se glissa dehors et referma vivement la porte dans son dos avant de s'asseoir sur ses talons pour se mettre au niveau de son interlocuteur.

- Vas-y, parle...

Quelques minutes plus tard, Syld se releva et regarda la malheureux gamin filer en clopinant et en gardant la main sur sa poche. Le mioche veillait sur le zoris reçu en récompense, avec d'autant plus de vigilance qu'il était plus facile de perdre son argent que d'en gagner lorsqu'on était trop faible pour seulement s'imposer au milieu des autres mendiants à Shalanos. C'était un miracle que les autres gosses des rues ne l'aient pas déjà réduit en charpie, ou qu'il n'ait pas fini comme esclave...

L'assassin étouffa un soupir.

Puis il rentra d'un pas vif, passa à côté des deux tourtereaux sans paraître les voir et se précipita dans les escaliers.

Tiens donc, un petit malin avait eu le courage ou la sottise de coller un contrat sur sa tête... Vu la somme offerte, il n'y avait pas trop à s'en faire. Mais un jeunot avait trouvé le moyen d'accepter sans prendre la précaution de se renseigner sur sa cible. Oui, soit c'était un jeune, soit c'était un type assez désespéré pour s'engager pour n'importe quelle besogne.

Syld redescendit aussi vite qu'il était monté.

Il avait le nom du commanditaire grâce à Fil de fer. Bien. Il convenait d'avoir une petite discussion avec ce fieffé imbécile... Ensuite il faudrait mettre la main sur l'exécuteur des hautes oeuvres.

- Tsssk ! Tout ça pour une histoire de fille... encore.

Syld changea à nouveau de chemise, soucieux de ne pas abîmer le cadeau de Fanaa. D'ailleurs, en parlant de Fanaa...

Le vil flambeur attrapa Soghann par l'épaule afin de le décoller un peu de la belle. Suffisamment pour que lui même puisse embrasser la jeune femme avec toute la fougue et l'intensité qu'il avait en réserve depuis son petit spectacle à la taverne.

Il adressa un clin d'oeil à son compère :
- Je vous laisse : j'ai une course à faire.

Le jeune homme avait remis ses gants. C'était un signe suffisant pour Soghann, pas besoin d'en dire d'avantage sur la nature de la "course".

Il prit juste le temps de jeter son manteau sur son épaule avant de sortir en silence.

- Sogh, fichu veinard, va !

Avec un haussement d'épaule mi-amusé mi-fataliste, le jeune homme s'arracha à la contemplation de la porte de la maison et s'éloigna le long des murs.
Lui qui se trouvait en manque d'action pour calmer ses nerfs tendus à bloc par le "mal des cavernes"... il était servi.

Syld était parti comme une ombre, visiblement pour régler une affaire personnelle. Il portait ses gants... S'il y allait seul, ce n'était pas un contrat, mais certainement une mésentente à régler. On devait avoir mis sa tête à prix, encore une fois. C'était le revers de la médaille, lorsqu'on faisait tomber la quasi-totalité des filles de la capitale : malgré les mœurs sexuelles très libres des Shalos, il y avait forcémment des jaloux.

Et bien, il était assez grand pour se débrouiller seul... Il n'avait même pas demandé d'aide.

Détachant son regard de la porte, Soghann recentra son attention sur Fanaa, qui était tombée à terre, assommée par le baiser d'adieu de Syld. Parfait... Il allait pouvoir lui montrer ce qu'il en était de ses goûts sexuels.

Lentement, il se pencha sur elle, l'embrassant de nouveau, tendrement.

Un doute survint.
Malgré ses efforts, ce n'était pas une Shalos, et elle n'avait pas été élevée comme telle. Elle ne connaissait leurs mœurs sexuelles que par ce qu'elle en avait vu, c'est à dire relativement beau, leurs relations s'étant pour l'instant limitées à barboter dans la baignoire. Elle semblait prête à aller plus loin... Mais comment faire pour en être sûr ? Il ne voulait pas la froisser, surtout, pas la forcer, pas la choquer par une évolution trop rapide de leur relation (bien que ce soit une vitesse tout à fait acceptable -voire lente- entre Shalos). Il fallait qu'elle soit consentante...

*Quel casse-tête !
Allez, qui ne tente rien n'a rien... Elle se veut Shalos, après tout...*

Glissant un bras sous le dos de la jeune femme, et l'autre sous ses jambes, il se leva, la portant sans difficulté.

- Où la Princesse veut-elle être déposée ?

Haletante, Fanaa n'avait pas encore tenté de se relever quand Soghann s'approcha tout doucement et.... ce ne fut pas un baiser fougueux ou plein de désir, non, celui ci débordait de tendresse, il était doux, incroyablement doux. A fondre. Il semblait à Fanaa que c'était là son premier baiser.

Il la souleva et avec un regard quasi hypnotique il lui demanda de choisir un destination. Cela prouvait une légère hésitation chez lui. Elle nota qu'elle avait retrouvé le statut de princesse. Une manière de l'apprivoiser. Comme si elle ne l'était pas déjà.

Elle approcha sa bouche de l'oreille du shalos et chuchota ce qu'elle espérait être la réponse attendue:

- Au lit...

Puis le regarda avec des yeux suppliants, elle se sentait comme dans un désert, le corps quasiment désséché et un irrépressible besoin de douceur. Elle y avait goûté et en voulait encore plus. Oh oui, encore!

- Laisse moi encore boire à la coupe de tes lèvres, je t'en prie...