Maison de Soghann & Syld

Dans la cuisine, plus personne. L'oiseau s'était envolé, laissant comme seules traces de son passage dans la pièce une poire à demi grignotée et deux pommes. Deux drôles de pomme sen vérités. Les fruits étaient sculptés (pas trop mal d'ailleurs) et représentait les caricatures des deux assassins. Il y avait un Soghann sévère et un Syld faisant la grimace.




En fait, quand Soghann l'avait informée de leur intention de sortir, Fanaa avait aquiescé, puis terminé son ouvrage avant de vraiment "reprendre conscience". Il n'y avait plus aucun bruit. Ils étaient partis. Un instant elle s'était demandsi ils n'avaient pas pris la route de Fedoran mais elle se rappela le passage du grand shalos. Ah oui, c'était normal, ils reviendraient.

Ne voulant rester inactive, la jeune femme avait rangé les restes du petit déjeuner et nettoyé la table basse. Après avoir remis un peu d'ordre dans la pièce principale, elle avait filé dehors vers les quartiers hauts. Elle avait retrouvé assez vite la planque des caméléons... mais ils ne s'y trouvaient pas. Elle en fut désappointée, elle aurait tant voulu savoir comment s'était terminé l'affrontement!

La tête basse, elle se dirigea alors vers la boutique de Seronn... qu'elle ne retrouva pas du premier coup. Mais une fois devant, elle hésita à entrer. Qu'allait elle lui dire? Merci? Elle le lui avait déjà dit. Au revoir? Qu'avait il à faire des adieux de ses clients? Elle n'était même pas une cliente d'ailleurs. Elle n'avait rien dépensé, elle. Fanaa se décida pourtant à entrer sur la pointe des pieds. Tout comme la première fois, la boutique était vide. La jeune femme sourit en se remémorant la meilleure façon de faire venir le vénérable. Mais non, elle ne toucherait pas les lames cette fois. Elle se contenta de les observer, de les admirer. Le travail du maître était décidément remarquable!

serment d'acier
reflet d'éternité
pouvoir de préserver
ou de subtiliser
la vie, toute vie
Maître Seronn, merci

Elle n'avait ni plume ni papier, c'est donc du bout du doigt sur la poussière d'une vitrine qu'elle laissa ces quelques mots... un peu idiots songea-t-elle. Enfin, tout aussi discrètement elle ressortit dans la rue pour songer que son idée n'était décidément pas bonne. Comment le maitre malvoyant allait il pouvoir les lire? Elle secoua la tête, dépitée. Elle était mauvaise aujourd'hui.

Dans ses pensées, elle reprit la route de la maison, sans faire attention à ce qui se passait autour d'elle et c'est alors qu'on la bouscula. Déséquilibrée elle tomba à terre et levant les yeux, elle reconnut Grenaille. Il avait toujours la même folie au fond des yeux. En un éclair elle porta sa main à son couteau sur sa cuisse mais les paroles de Syld? Soghann? lui revinrent en mémoire : savoir bien lancer ne suffit pas, à Shalanos tout le monde peut éviter un couteau.
Il lui suffit de cette hésitation pour laisser une ouverture au gamin furieux.

Et tout s'était enchainé très très vite. Shalanos devait quand même lui porter chance car les caméléons arrivèrent à ce moment.

**********************************

Plus tard, quand elle poussa la porte de la demeure des assassins, elle avait des nouvelles fraîches (bonnes et moins bonnes) et des coupures sur les bras. Mais elle était entière, même si on ne pouvait en dire autant de tout le monde. Grenaille avait pu fuir mais amoché. Durant la rixe du matin 2 caméléons avaient péri, mais 3 s'étaient fait remarquer par des recruteurs. Une peine, une joie. Ou pas.

C'est avec plaisir et soulagement qu'elle retrouva la chaleur et la tranquilité du foyer de Soghann, ainsi que la présence des deux shalos, qu'elle salua tendrement en rentrant.

Disparaître pour revenir avec de nouvelles "décorations", et aux bras, histoire de changer de la tempe...

Encore.

Syld ne put s'empêcher de garder un sourcil froncé en dépit des démonstrations de tendresse de Fanaa.

- Tu es encore sortie sans même nous prévenir...

Le jeune homme pinça légèrement les lèvres pour étouffer les reproches qui se bousculaient dans sa gorge. Il était peut-être un peu irresponsable à ses heures, mais la demoiselle n'était pas mal dans son genre !

L'assassin haussa les épaules.
Son moral peinait à remonter la pente... s'il n'était pas tout simplement en train de la descendre encore plus.

Ils n'allaient quand même pas se disputer le dernier soir à Shalanos, si ?

Il s'étira avec un bâillement un peu trop ostentatoire en traînant ses savates jusqu'aux escaliers puis fit un vague signe par dessus son épaule.

- Bon, je vais me coucher.

Il avait vraiment besoin d'air. Trop pour s'attarder en bas sans laisser ses nerfs lui faire perdre le contrôle de sa langue.

- A demain...

Il referma la porte de sa chambre derrière lui et s'y adossa avec un profond soupir.
Tudieu ! Il aurait bien passé la nuit dans une taverne !
Tout en se promettant de rattraper ça à Fedoran, il tendit vaguement une main vers la délicate pipe d'ivoire posée sur son bureau.

Non, finalement non. Son humeur était soudain trop fluctuante pour qu'il aille s'embrumer l'esprit avec des herbes.

Le jeune homme prit juste le temps d'ôter bottes et chemise avant de s'affaler en travers du couvre-lit.
Demain, il reverrait le soleil... demain...

- Mais Syld, vous n'étiez déjà plus là!

Le chenapan ne sembla pas l'entendre. Il monta directement dans sa chambre, visiblement mécontent. Fanaa se tordit les mains et jeta un regard implorant à Soghann. Que faire?
Elle alla au grand shalos et se serra contre lui. Ce genre d'étreinte simple lui donnait des forces. Le lâchant, elle saisit sa main et la garda quelques instants dans les siennes. Sans oser croiser son regard, elle lui dit.

- Soghann tu sais, c'est bizarre mais ici je me suis sentie bien. Je me suis sentie chez moi.

Elle se dépêcha d'ajouter :

- Je sais que je ne devrais pas dire ça, c'est ta maison et je le respecte mais c'est la première fois que je ressens ça alors... enfin tu me diras comment je peux te rembourser tout ce que je te dois. C'est idiot je sais mais tu m'as offert le repos. Et je t'en suis à jamais reconnaissante. Et redevable.

Elle fut sure qu'elle parlait trop, qu'elle ne faisait que l'embarrasser. Elle n'avait pas à lui parler de ses ressentiments sans intérêt. Se haussant sur la pointe des pieds elle posa un baiser juste au coin de ses lèvres, puis s'éclipsa à l'étage pour faire sa toilette

Une fois dans la salle de bain, elle rinça ses coupures, se lava et se sécha. Les plaies cicatriseraient bien. L'ustensil de Grenaille était rouillé bien sûr (une manie chez ce gosse) mais elle avait déjà lavé les plaies à l'eau d'une fontaine. Aucune infection en vue. Silencieusement, elle remercia sa mère pour l'entrainement qu'elle lui avait fait suivre. Ainsi, même en s'entrainant moins qu'avant, elle avait gardé des réflexes et une souplesse de mouvements... qui se révélaient très utiles. Elle décida toutefois de refaire des exercices plus poussés et ce, tous les jours. On ne pouvait pas compter que sur sa chance, il fallait aussi des capacités.

Une fois fraîche, elle s'enveloppa dans une serviette et commença à descendre les escaliers quand elle remarqua que Soghann était encore en bas. Zut. Elle pensait aller se coucher sur le canapé mais s'il était déjà occupé... Son regard et ses pensées se portèrent de suite sur la porte de Syld. Elle était fermée. Pourtant elle n'hésita pas et s'y dirigea. Tout ce qui est fermé peut être ouvert.
Seulement, elle ne savait pas trop comment le prendre. Elle croyait voir quelque chose entre eux mais si ténu, si fragile... comme Syld. Elle ne voulait pas risquer de le blesser ou le vexer. *arrête de réfléchir*

Elle aurait pu dormir dans la chambre de Soghann peut être. Mais le grand shalos était impressionnant et elle n'osait vraiment pas y aller sans sa permission.

Fanaa ouvrit la porte et fit un pas à l'intérieur. Il était là et quelque chose bougea en elle en le voyant ainsi. Il sétait affalé et avait gardé son pantalon. Il ne s'était donc pas couché dans les meilleures conditions. Dans son dos elle repoussa la porte et s'approcha à pas de loup. Pouvait elle le réveiller ou devait elle se contenter d'un coin de lit? Dormait il vraiment? Posant un genou sur le lit, elle se pencha vers lui et posa ses lèvres sur son omoplate.

D'une voix à peine audible :

- pardon...

Elle embrassa l'autre omoplate. Pas de jalouse. Et la peau sombre était si tiède et douce!

Il somnolait seulement et ne fut donc pas trop surpris par cette intrusion.
La tête toujours posée au creux de ses bras, il marmonna d'une voix un peu étouffée par le sommeil :
- Qu'est-ce que tu fais là ?

Puis Syld se rappela que, depuis leur arrivée à Shalanos, Fanaa n'avait jamais eu sa chambre à elle.

S'il avait été d'humeur normale et s'il s'était agi d'une autre fille, il aurait tout bonnement ouvert les draps pour l'accueillir, toute envie de dormir soudain évanouie.
Mais là il était un peu ronchon, et il s'agissait de Fanaa.
"Ne pas risquer de s'attacher". La discussion orageuse avec Soghann était encore toute fraîche dans son esprit. L'avertissement était bien passé.

Les cheveux dans l'oeil, le jeune homme se redressa péniblement sur un coude et fit mine de se lever pour gagner le fauteuil près de la fenêtre.

- Je vais te laisser le lit...

- Non non non!

Sursaut de panique. De ses deux bras, elle l'empêcha de finir son mouvement (la serviette tomba). Elle n'allait pas le faire fuir quand même.

- Je ne te prendrai pas ton lit, je ne te prendrai rien!

Non, elle ne voulait pas le dépouiller, elle n'était pas venue pour ça! Son visage. Son regard. Son bandeau. Le coeur de Fanaa s'affolait. Il lui avait déjà tant offert... Et même si il était parti cette nuit-là, elle l'avait retrouvé maintenant, il était là... là! Son corps était ardent, elle débordait de reconnaissance de passion, de tendresse... Il était si proche aujourd'hui, alors qu'il avait été si loin!

- Syld...

Se retenir serait bien plus douloureux que se laisser aller, pourquoi refuser cette sensation bizarre d'énergie lumineuse qui se déverse en lui chaque fois qu'ils entrent en contact? Même si elle avait voulu se retenir, son corps n'aurait pas accepté d'être entravée. Au fond elle voulait s'offrir, elle désirait encore ne faire qu'un avec lui.

Alors, elle lia sa bouche à la sienne, ses lèvres, sa langue, dans un présent d'elle-même, un partage ardent et tendre à la fois. Une de ses mains tenait le bras sur lequel le chenapan s'était soulevé. *reste avec moi*

Syld levait une main pour la repousser sans rudesse quand Fanaa l'embrassa... et ses doigts se contentèrent de glisser mollement contre la joue de la jeune femme. Bien malgré lui, il répondait à son baiser.

- Fanaa, je ne...

Dans ces conditions, difficile de tenir un discours cohérent. Et c'était plus difficile encore lorsqu'on était toujours à demi endormi.

Il voulut la prendre par les épaules afin de ménager un espace de sécurité entre eux, mais au final son geste manqua complètement de fermeté, comme s'il ne pouvait se décider entre l'éloigner et la serrer plus encore contre lui.
Finalement le Shalos se laissa tomber en arrière.

Ses cheveux formaient comme une flaque d'eau noire sur les draps couleur vert sombre. Sous le coup de la fatigue, son regard prenait quasi la même teinte.

Ayant réussi à se détacher de Fanaa, il aurait sans doute pu prétendre qu'il préférait dormir, qu'il n'était pas d'humeur, ou n'importe quoi d'autre qui soit en mesure de refroidir les ardeurs de la demoiselle. Pourtant il ne dit rien de tout cela.

"Je n'aurais vraiment pas dû le faire..."

C'est une des rares pensées claires qui lui venaient.
En dépit de sa résolution, il avait tiré une ou deux bouffées de sa pipe qui s'éteignait lentement sur le coin de sa table de nuit.
Et voilà le résultat alors que les effets commençaient à se faire sentir : il était un peu à la dérive, ses initiatives presque complètement bridées, mais sa capacité à maîtriser des réponses potentiellement déraisonnables tout autant altérée.

Le jeune homme ferma les yeux.

- Je dors plus souvent dans ce fauteuil que dans mon lit quand je suis ici, tu sais...

Syld semblait fatigué, engourdi. Pour ne pas troubler le calme qui régnait dans sa chambre, Fanaa parlait sur le ton du murmure:

- Pourquoi? Ton fauteuil est plus confortable?

Ce soir c'était à elle de s'occuper de lui. Même les anges gardiens ont parfois besoin que l'on prenne soin d'eux. Et c'était tant mieux car ainsi elle allait pouvoir se rendre utile. Tandis qu'il était immobile les yeux fermés, Fanaa se plaça au-dessus de lui et le descendit à reculons, parcourant le torse de petits baisers. Elle défit le pantalon du shalos qui ne fit rien de très convaincant pour l'en empêcher.

- Peut être que c'est parce que d'habitude tu y dors seul?

Elle lui ôta complètement le vêtement et remonta en passant ses mains sur les jambes musclées. Fanaa savait le genre de caresse qu'affectionnaient les hommes et cette nuit là, c'est sans dégoût ou répugnance aucune qu'elle s'adonna totalement au plaisir du chenapan. Entre ses doigts, entre ses lèvres, elle s'appliqua à le mener sur les rivages de la volupté et de l'abandon total. Si elle réussissait, il ne pourrait plus avoir de pensée négative cette nuit. Et il irait mieux. Encouragée à cette idée, Fanaa se donnait sans compter, attentive aux réactions de Syld. La fine membrane était douce et l'homme réagissait fort bien. Prendre son temps. Sa langue savait où passer, sa main trouvait le rythme. Il était chaud, dur et doux, gonflé, tendu vers la jouissance. Bientôt il exploserait et viendrait le temps de l'apaisement. Et alors il pourrait se reposer le corps détendu et l'esprit léger. Mais il n'en était pas encore là. Elle s'appliquait dans ses gestes et gardait son attention sur le rythme de respiration de Syld, les sons qu'il pourrait émettre, c'était autant d'indications quant à la suite des opérations : accélération ou ralentissement du mouvement par exemple. Entre autres choses...

Il resta de longues minutes immobile, le coeur battant.
Tout doucement, tout se calmait.

Syld tourna un peu la tête. Sous la frange soyeuse de ses cils, son regard était à présent d'un bleu profond, liquide.
Il prit les mains de Fanaa et, après avoir déposé un baiser au creux de chaque paume, ramena la jeune femme à lui. Fatigue et herbes suspectes ou pas, il avait encore assez de vigueur pour enlever une demoiselle et l'entraîner sous les draps froissés.

- Ne t'éloigne pas autant...

Il chercha ses lèvres en douceur. Des lèvres qui lui avaient apporté beaucoup de plaisir, des lèvres où il retrouvait encore son propre goût.

Syld attira la tête de Fanaa sur son épaule puis posa les mains sur ses hanches. Le visage niché dans ses cheveux, il murmura d'une voix qui sombrait déjà dans le sommeil :
- Tu ne vas pas te sauver ? Quitte à partager ce lit, autant dormir ensemble... vraiment ensemble...

A travers sa musique, elle entendit quelqu’un arriver. Qui allait-elle découvrir ?
Elle se retourna lentement et tomba sur l’assassin aux longs cheveux noirs, elle croisa son regard, continua quelques instants de jouer, le temps pour elle de le dévisager un peu mieux. Son regard faisait tout de même froid dans le dos.
Elle baissa les bras, arrêtant ainsi de jouer :

- J’espère que je n’ai dérangé personne ? demanda-t-elle d’une voix mélodieuse avec une pointe d'audace.

La violoniste était vêtue d'un bustier violine, mettant sa poitrine en valeur, d'une jupe s'arretant à mi-cuisse, faite de soie noir par dessus du tulle de même couleur que le bustier, rappelant un tutu, et pour finir le tableau, de petits chaussons de danse, assortis au reste de la tenue. Un ruban de soie du coté droit s'enroulait tel un serpent de la cheville jusqu'en haut du mollet.

La visiteuse n'étant manifestement pas agressive, Soghann prit le temps de détailler la manière dont elle était vêtue. On pouvait en apprendre beaucoup sur le gens, en observant la manière dont ils s'habillaient au quotidien. Sa voix était enjôleuse, mélodieuse, piquante. Remplie d'une innocence toute feinte, elle contrastait avec celle de Fanaa, tout comme son air mutin.

Elle était bien une Shalos, volontairement aguicheuse et sûre d'elle. La manière dont elle lui avait adressé la parole, pas le moins du monde déstabilisée, montrait suffisamment l'aplomb qu'elle avait pour se sentir chez elle n'importe où à Shalanos.

L'assassin croisa le bras gauche sur sa poitrine, tandis que l'index de sa main droite venait distraitement tapoter sa joue pâle. Il répondit sur un ton tout aussi nonchalant que ne l'était sa mise, montrant bien que son jeu d'actrice ne le désarmais pas. Il en avait vu bien d'autres...

- Dérangé n'est certes pas le mot, si l'on se fie à la manière dont vous jouez : vous ne devez pas importuner grand monde.

Sa phrase, volontairement ambigüe, fut suivit d'une petite pause. Le temps qu'elle encaisse, il poursuivi :

- Ce qui est, en revanche, importun, c'est le lieu choisi : ma terrasse n'est pas censée être une estrade, quelque soit la teneur et la qualité de l'interprétation livrée. Cela dit, je doute que la scène choisie ne l'ai été par votre public, celui-ci n'ayant pas l'air de beaucoup se manifester.

Sa main droite exécuta un geste compliqué, indiquant toutes les directions à la fois d'une geste nonchalant : et, en effet, il n'y avait pas grand monde sur les toits du quartier, et pas une âme qui ne prête attention à ce qu'il se passait entre eux.

- J'en déduis donc que ce choix est de votre fait, mais avant que cela ne nous amène à cette ordre de questions, passons par les présentations, si vous le voulez bien.

L'assassin s'inclina dans un geste plein de grâce, et lacha :

- Je suis Soghann, assassin de profession, et vous êtes sur mon toit.

Sur ses lèvres, un sourire mutin apparut. Le shalos se présenta, qu’il était mignon!

Elle s’inclina à son tour en une charmante révérence :

- Je me nomme Kyara, violoniste de mon état, mais vous l’aviez remarqué, et je sais très bien où je me trouve.

La shalos regarda Soghann, le sourire toujours présent et l’œil coquin. Elle remit en place son violon et croisa les bras sur sa poitrine.

- J’attends les questions.

Soghann ne cacha pas son intérêt pour le beau décolleté de la jeune femme lorsqu'elle s'inclina : une légère étincelle s'alluma dans son regard, comme pour répondre au sourire mutin -décidément bien aguicheur- de la musicienne.

- Les questions ? Nous ne nous livrons pas à un interrogatoire, que je sache... Même si vous semblez vous plaire dans le rôle de la victime consentante, ce qui peut avoir un côté amusant.

Il sourit à son tour, d'un sourire séducteur.

- Donc, vous n'avez pas choisi ma terrasse par hasard. Les visiteurs passent plutôt par la porte, de manière générale, mais jouer sur les toits de Shalanos est, je dois le reconnaître, nettement plus original. Alors, me dévoilerez-vous les motivation de votre impromptue visite ?

Kyara posa son index sur son menton :

- Hum ! Dommage !

Son regard s’alluma à son tour, son imagination partit au grand galop. Elle se tapota le menton de son doigt :

- Hum ! Disons que je l’ai trouvé accueillante ? Cela vous suffira ?

La violoniste s’avança un peu plus prés de Soghann :

- Et puis je voulais vérifier quelque chose… J’adore me balader sur les toits. Une habitude que j’ai prise dés que j’ai été dans la rue. Certainement pour éviter de me mêler à la foule.

Le shalos était vraiment agréable à regarder et encore plus avec se petit sourire séducteur qu’il arborait à présent. Elle se mit à lui tourner autour, notant quelques petits détails bien alléchants. D’ailleurs elle ne put s’empêcher de venir lui mettre une main aux fesses.

- Enchantée au fait !

Si la jeune femme ne semblait pas prête à dévoiler ses motivations, elle semblait toute disposée à répondre à ses avances. Enfin, avances... Rien d'autre qu'un comportement très normal face à une ravissante Shalos telle que celle qui avait aterri sur son toit.

Aussi, si les réponses aux questions restaient évasives, la réponse physique à son sourire ne se fit pas attendre. La jeune femme tourna autour de l'assassin, comme étudiant sa proie, et plaqua une main volontaire sur les fesses musclées de Soghann. S'il ne tressailli pas, le sourire du Shalos s'élargit, et il commenta :

- C'est ce que j'appelle une entrée en matière intéressante !

Il se retourna, se retrouvant face à elle.

- Laissez moi vous rendre la politesse de ces présentations...

Sans attendre de réponse, le Shalos posa ses mains sur les épaules de Kyara, et descendit le long de ses bras, de ses hanches, pour venir empoigner les fesses de la jeune femme à travers ses jupes. Le sourire de Soghann était maintenant tout sauf innocent (s'il l'avait jamais été un jour).

- Hmm, appétissant ! Et, puisque votre langue ne veux pas me donner de réponses...

Il laissa à ses lèvres le soin d'achever sa phrase. Posées avec douceur sur celles de la jeune femme, elles étaient chaudes et douces, tandis que sa propre langue s'aventurait à la rencontre de celle de la musicienne...

Depuis quand n’avait-elle pas embrassé quelqu’un d’autre que son maître ? Enfin qu’importait pour le moment…

Kyara répondit hardiment à son baiser, elle mit une main sur sa nuque et l’autre joua quelques instants avec ses longs cheveux noirs, puis descendit le long de son dos et revint sur ses fesses, qu’elle pinça d’ailleurs.
Sentant la chaleur monter en elle et le désir monter en lui, elle ne se retint pas de remonter ses bras pour ôter sa veste.

- Voyons ce que ce joli cuir cache...

Lachant les levres de Soghann, elle descendit un peu et alla agacer un des tetons du grand shalos du bout de sa langue rose. Elle remarqua ainsi la cicatrice qui lui barrait le torse, qu'elle vint effleurer de ses lévres.

Le grand Shalos sourit de nouveau, et frissonna d'excitation. Rares étaient les endroits où les mœurs étaient aussi libres qu'à Shalanos, et il se dit que quitter définitivement la ville serait une très mauvaise idée : ce climat lui manquerait trop... Ses mains remontèrent, ses doigts s'attardant sur les courbes magnifiques formées par ses seins, grâce à son bustier. Sa main gauche passa sur la nuque de la jeune femme, se mêlant à ses cheveux, en admirant la douceur et en dégageant le parfum. La droite, elle, suivit la ligne du bustier et commença à en explorer le dos, à la recherche d'un moyen de l'ouvrir, sans doute pour libérer les seins emprisonnés.... Et qu'il tardait au Shalos de caresser plus avant.

Se faisant, il fut pris d'une légère hésitation. Les moeurs étaient libres, certes, mais un minimum d'intimité ne faisait pas de mal. Quoique, cela ne lui posait pas de problèmes, après tout. Cela mettait même un peu de piquant...

- La terrasse convient-elle à ma visiteuse, ou désire-t-elle découvrir le reste de la maisonnée ?

Kyara embrassa le buste du shalos, tout en remontant vers son cou. Il était tout de même grand, il avait une tête de plus qu’elle.
Les mains de Soghann se mirent en action. Un sourire rieur vint apparaître sur ses lèvres quand elle sentit qu’il cherchait à défaire son bustier… en cherchant dans son dos, hors il n’y avait que son violon à cette endroit.

- Si tu veux l’enlever, il faut chercher sur le coté . Quant à ici ou à l’intérieur, qu’importe, je suis ouverte à tout.

Il trouva enfin les attaches de son bustier, elle le rattrapa d’une main experte pour le poser en douceur à terre, il était hors de question d’abîmer son violon dans une partie de jambes en l’air.

Le shalos toucha les cordes sensibles, elle se mordit l’intérieur de la lèvre pour éviter qu’un gémissement ne se fasse entendre. Pas si tôt, elle inspira à fond et soupira de désir mais aussi pour se calmer un peu. Soghann allait devoir lui montrer de quoi il était capable. Les mains aptes à tuer seraient elles aussi doués pour offrir le plaisir? Pour l'instant cela commençait bien.

Sans gêne, Kyara glissa sa main dans le pantalon de l'assassin, et le sentit sous ses doigts. Voluptueusement, elle se mit à caresser le membre dressé. Approchant sa bouche de son oreille, elle lui mordilla le lobe et susurra :

- Mmmmh intéressant monsieur l'assassin... voyons voir si vous êtes capable de m'impressionner?

- A vous de me montrer si vous savez aussi bien jouer de l'archet que d'autre chose...

Les doigts longs et fins de l'assassin faisaient merveille sous la jupe de la jeune femme, sachant être rapides, lents, doux lorsqu'ils le fallait...
Pendant ce temps, son autre main jouait sur ses seins, dans son dos, sur ses fesses, papillonnant, caressant les points qu'il savaient sensibles, tandis que ses lèvres faisaient de même sur son visage, au creux de son cou, juste sous l'oreille... Il s'amusa même à en mordiller le lobe délicat, ainsi que ses lèvres pleines et offertes, souriant aux réactions de la jeune femme.

Quand à la main de Kyara, elle jouait dans son pantalon, contre son membre déjà gonflé de désir. Elle savait y faire, et cela promettait un moment exquis de plaisir partagé.