Maison de Soghann & Syld

Soghann tendit le bras et piocha à son tour un fruit dans la corbeille. Il la croqua, tandis que Fanaa s'asseyait en face d'eux. Syld se leva ensuite, allant finir de boucler son sac, laissant l'assassin seul avec les deux jeunes femmes. A l'aise, il étendit ses jambes sous la table, et s'étira sans cesser de croquer à intervalles réguliers dans le fruit juteux. Il sourit lorsque Fanaa leva la main, telle une apprentie.

- Hé bien, tant mieux ! Tu as choisi ce que tu allais faire, alors, pendant notre petit voyage ?

Le Shalos omit volontairement de poser la question à Kyara, ce qui pouvait passer pour plusieurs choses : soit il le savait, soit... il s'en moquait, et c'était plutôt la seconde solution.

- Si tu veux rester un peu à Shalanos, je suis certain que Kyara trouvera un certain nombre de choses intéressantes à te montrer... Cela dit, il faut bien que te rappelle d'une chose : cette ville n'est pas comme l'extérieur. Elle peut donner une impression de sécurité... mais elle est encore plus dangereuse, et davantage encore pour qui n'y a pas grandit. Ne l'oublie pas.

- Mais Soghann je ne comprends pas! Vous m'avez décrit les dangers de la ville déjà et m'avez dit que vous préfériez que je vous suive jusqu'à la Taverne de Veis. Alors j'ai préparé mes affaires comme il le fallait. Et maintenant tu dis qu'il faut que je reste?

Fanaa commençait à s'affoler intérieurement. Avait elle compris de travers? Ou s'amusait il à ses dépends? Non Soghann ne ferait pas ça. Ou alors... il avait parlé de Kyara et lui avait demandé de s'occuper d'elle. Elle commençait à comprendre.

- En fait tu ne sais pas quoi faire de moi alors tu m'as vendue à Kyara. Et ainsi je te rembourse mes dettes, c'est ça?

Une boule s'était formée dans la gorge de Fanaa. Ainsi c'était fini. Dès le moment ou il avait fait d'elle une femme, elle avait perdu tout intérêt. C'était évident. C'était un homme. Elle avait assez profité de la liberté. Peut être était elle née pour servir après tout. Il fallait s'y faire. Un instant ses prunelles brillèrent et elle songea à se révolter mais se rappela la force du shalos. Elle ne voulait pas qu'il la frappe à nouveau. Elle baissa la tête, résignée à son sort. Et se leva.

- Que dois je faire des affaires que tu avais achetées? Tu veux les revendre? Ou les donner à Kyara?

Devant la réaction de Fanaa, Soghann se figea au milieu d'une bouchée, le fruit à mi-chemin de sa bouche. Après quelques instants, il parti en arrière et laissa échapper un éclat de rire.

- Fanaa, tu ne m'appartiens pas ! Ni à Syld, d'ailleurs ! Tu es une jeune femme libre, et il va falloir que tu t'y habitue.... Si nous t'avons décrit les dangers de la ville, c'était parce que tu avais envie d'y rester. Mais comme tu fais ce que tu veux, je t'ai dis ça au cas où tu voudrais quand même rester...

Il croqua dans le fruit, machonna le temps nécessaire à ce que Fanaa absorbe ce qu'il avait dit, puis avala et continua :

- Et puis, tu ne me dois rien. Si tu tiens absolument à voir ça comme une dette, considère que la fois où tu as tué le leuhi, tu nous a sauvé, d'accord ? Comme ça, on est quitte ! Toutes tes affaires sont à toi. Mais si tu trouve ça trop encombrant, tu peux en laisser une partie ici. Je te garanti que personne ne te les volera !

L'assassin examina d'un œil critique ce qui restait du fruit, haussa les épaules et laissa le trognon sur la table, avant de se lever, et de s'étirer de nouveau.

- Bon, je vais monter préparer mes affaires, moi aussi. Manquerait plus que Syld m'accuse de nous mettre en retard.

Il contourna la table, pinca les fesses de Fanaa, et monta l'escalier.

Syld se détourna au bruit de la porte, puis émit un petit sifflotement :

- Hééé ? Encore un peu et je ne te reconnaissais pas, mon vieux !

Il quitta son poste contre la lisse pour venir tourner autour de son compagnon d'un pas lent. Il scuta chaque ondulation, chaque pan de tissu d'un oeil expert.

- Combien de livres de ferraille est-ce que tu t'amuses à trimballer comme ça ?

Il inspecta les plis du vêtement d'une main vive et légère qui lui aurait sans doute ouvert tout grand les portes de la profession de voleur s'il n'avait déjà été réquisitionné par la guilde des assassins.

- Je m'en doutais... presque la moitié m'avait échappé, constata le jeune homme avec un sourire appréciateur.

Il retourna prendre son sac abandonné sur la dernière marche.

- Heureusement qu'il n'y a pas trop d'étangs ou des rivières par là où on va. Parce que s'il t'arrivait de tomber à l'eau avec tout ce harnachement sur le dos...

La mine un peu moqueuse, Syld s'empressa de descendre.

Soghann étouffa un petit rire.

- C'est sur que ce n'est pas à Medievir que je vais aller, dans cette tenue... Ce doit être impossible de nager avec ça, sans même compter le métal que j'y ai caché.

Le Shalos alla verrouiller la trappe qui donnait sur le toit, puis descendit à la suite de Syld, pour trouver Kyara et Fanaa là où ils les avaient laissées. La table était propre, et ce devait être le seul changement qu'il y avait eu dans la pièce... L'assassin se frotta les mains, mains gantées de cuir noir comme à son habitude.

- Bien ! Mesdemoiselles, c'est l'heure de partir. Fanaa, tu monte chercher tes affaires ? Enfin, ce que tu veux emporter ? Kyara, tu as récupéré ce qui t'appartenait ?

Du visage de l'asasssin, n'étaient visible que ses yeux bleus clairs, pétillants d'excitation à l'idée de partir en mission.

Décidément, la non-shalos était vraiment… des plus étranges. Comme si la musicienne avait besoin de quelqu’un d’autre quelle même. En même temps, si elle était là ce n’était peut-être pas par hasard.
Kyara prit une pomme et croqua dedans, elle arrêta de mâcher en voyant Fanaa se mettre à pleurer.

** Mais qu’est qu’il lui prend ?? **

La violoniste finit rapidement sa pomme et Fanaa lui demanda si elle avait fini ; elle acquiesça et la regarda débarraser la table.

Après quelques minutes, les deux compères revinrent, habillés quelque peu différemment, ce qui ne laissait aucun doute sur leur destination.
Kyara étouffa quand même un rire en voyant Soghann vêtu ainsi :

- Un peu de maquillage sur les yeux, un peu plus de forme au niveau de la poitrine et ça serait parfait !

Une lueur rieuse s’alluma dans son regard.

Fanaa se releva d'un coup.

- Oui Soghann!

Et elle courut à l'étage et en arrivant dans la chambre de Syld, elle se mit d'abord à la recherche du son bout de tissus écarlate. Elle caressa l'étoffe du bout des doigts puis entreprit de se l'attacher au poignet. C'était la réalité de son appartenance à Syld. Quelque chose à quoi se raccrocher, pour se rappeler qu'il existe, qu'il n'est pas une illusion causée par les délires de la fièvre.

Fanaa mit sa cape, prit son sac et redescendit en courant dans la grande salle.

- Je suis prête! lança-t-elle joyeusement.

Puis elle ouvrit la porte et remonta la rue en courant. Vers la sortie. Sans se retourner. Quitter cet endroit où elle n'avait pas même la certitude de revenir lui serrait le coeur. Elle trébucha au sol et tomba. Relevant la tête, elle eut la surprise de voir Nalia et Skif apparaitre. Les caméléons étaient partout! Après avoir jeté un coup d'oeil a droite et à gauche, la petite devineresse s'accrocha au cou de Tombée du ciel et lui soufla quelques mots à l'oreille. Skif fut moins démonstratif, mais il tint à lui dire au revoir. Au revoir, pas adieu. Puis les gamins détalèrent, laissant Fanaa agenouillée au sol, les yeux dans le vague, légèrement mélancolique.

L'assassin sourit à la remarque de Kyara, même si personne ne pouvait le voir.

- Trop encombrant, la poitrine... Allez, on y va !

Il n'avait pas fini sa phrase que Fanaa était montée, redescendue, et partie en courant. L'assassin passa une main sous son capuchon pour se gratter le crâne d'un air songeur.

- A ce rythme là, elle sera sortie de la ville avant même qu'on ai verrouillé la porte... Bon, on est parti.

Soghann tendit la main à Kyara, la fit se lever et la conduisit vers la porte ouverte. Syld sorti lui aussi, et l'assassin ferma la porte derrière eux, avant de faire disparaitre la clef dans ses affaires. Enfin, il se tourna vers Kyara.

- Et maintenant ?

Soghann a écrit:

- Et maintenant ?

- Je crois bien que Fanaa a décidé de vous suivre à Fédoran. Et pour ma part je pense que je vais la suivre. J’ai dans l’idée que nous pourrions faire diversion… Enfin de toute façon quoi qu’il arrive, il faut que je repasse par chez moi. Enfin, si bien sur vous permettez que je vous accompagne ? En même temps, je vous vois mal, vous occuper de Fanaa et de votre cible en même temps… A vous de voir !

Kyara attendit donc de savoir si on voulait bien d’elle.

- Fanaa ne nous accompagne pas.

Syld remonta la bandoulière de son sac sur son épaule.

- Nous allons éventuellement faire un bout de chemin ensemble, rien de plus. Quant à toi...

Il fit un geste évasif de la main, l'esprit déjà ailleurs, bien loin de Shalanos. Si loin que le ton de ses paroles s'en ressentait.

- ... tu fais ce que tu veux. Tant que ce n'est pas nous suivre jusqu'à notre destination finale.

D'un pas vif, le jeune homme prit la direction de la sortie. Il ne tarda pas à arriver près de Fanaa qui était restée à genoux sur les pavés et, avec un soupir de lassitude contenu, il lui tendit la main.

- Allez, relève-toi...

Fanaa releva la tête. *Syld!*

La jeune femme sourit de nouveau, prit sa main et se releva, puis elle l'entraina en gambadant vers la sortie.

- Viens vite! Toi qui veux revoir le soleil, qui veux sentir le vent sur ta peau, toi qui as besoin d'air et d'espace! Vite parce que si on attend les autres, il fera nuit quand on arrivera dehors!

*Et la nuit me fait peur*

Laissant ses frayeurs inutiles de côté, elle se fit un plaisir de galoper avec le chenapan. Ils arrivèrent devant une des sorties alors elle dut s'arrêter et fermer les yeux.

- Il faut passer les pièges et le secrets ... Tu me guides, s'il te plait? Vers ta liberté...

Soghann sourit devant l'air blasé de Syld. Son compagnon avait vraiment besoin de changer d'air... L'assassin se tourna vers Kyara, exécuta une révérence, puis lança :

- Eh bien, au plaisir, ma chère.

Sans attendre de réponse, il emprunta la rue, dans les pas de Syld, sans un regard en arrière. Cela aurait pu passer pour une invitation à le suivre, bien que les paroles de Syld aient été assez claires sur ce point. Mais les femmes...

Soghann haussa les épaules, tout en continuant à remonter la rue, à la suite des deux autres qui s'étaient mis à courir. Ils parvinrent à une sortie, et se retrouvèrent rapidement dehors, passant les pièges et autres formalités avec l'assurance procurée par une longue expérience. L'assassin grimpa sur un rocher, et, bien droit, prit une grande inspiration, face au soleil encore bas sur l'horizon.

Il tourna la tête, saluant du regard Shua, la lune rouge, qui se couchait, flamboyante dans l'air pur et encore frais du petit matin. Le ciel, vierge de tout nuage, présentait différentes couleurs, variant de l'orange du soleil levant au rouge sanglant des derniers éclats de Shua, en passant par le bleu profond de la nuit pas tout à fait disparue.

Abandonnant la contemplation du paysage dévasté du Dregnir, l'assassin sauta de son rocher pour se recevoir souplement un peu plus bas. Le groupe se remit en route, prêt à une marche de plusieurs heures, direction la Taverne de Veis.

Sendaë venait de s'éveiller depuis quelque temps mais avait garder les yeux fermés pour deux raisons. D'abord, cela lui permettrait de réfléchir tranquillement à la situation actuelle. Elle se savait seule, étendue sur une surface moelleuse, comme celle d'une banquette ou d'un canapé et ses lèvres avaient un goût prononcé, seconde raison pour ne pas vouloir ouvrir les yeux. En effet, la Dedrane connaissait parfaitement ce goût amer, celui de la feuille d'Etheris qui avait chez elle, à cause d'une réaction allergique, un effet secondaire provoquant d'importantes céphalées durant les heures suivant la prise. Le moindre rayon de lumière déclencherait une douleur peu accommodante, ce que ne souhaitait pas vivre la Dedrane.

"Maudit sois-tu chenapan, toi et tes idées tordues. Tu m'as eu avec mes propres méthodes et je te le ferais payer, ça et ce baiser volé."

Quelques secondes après sa remarque à voix haute, Sendaë sentit un courant d'air frais accompagner d'un claquement de porte ainsi que le souffle saccadé d'une personne qui avait couru. Un bruit de pas léger suivi du son feutré de quelqu'un qui venant de s'asseoir dans un fauteuil.
La chasseresse se concentra sur le son que l'intrus avait fait en marchant. Trop léger pour que cela soit Soghann qui portait toujours quelques objets en acier sur lui et Syld devait être avec son éternel comparse. Des pas légers comme... ceux d'une danseuse.
La Dedrane sourit de constater que toutes ses facultés d'analyse et de déduction fonctionnaient à merveille.

"Fanaa? Je me trompe ou tu viens de courir un sacré sprint?"

Avant que son amie ne réponde, la jeune femme se redressa en position assise, les yeux toujours fermés

"Tu me rendrais grand service en allant me chercher un chiffon imbibé d'eau froide et de me passer une feuille de Dolciane dans mon sac. Tu serais un ange et cela fera passer ce fichu mal de tête que je dois à Syld."

En entendant son amie, Fanaa sauta sur ses pieds et fila à l'étage quérir ce dont la dedrane avait besoin. Humidifiant un tissu, elle le passa doucement sur ses lèvres puis s'attaqua au reste de son visage, en profitant pour lui faire sa toilette. Puis elle fouilla dans la sacoche et brandit fièrement la petite feuille demandée.

- Tiens, voilà. Il ne faut pas trop lui en vouloir, ils protègent leur tanière tu sais.

Fanaa reprit d'une petite voix hésitante :

- En fait j'aurais dû rester ici pendant ton sommeil... Tu ne leur diras pas que je suis sortie, hein?

Elle posa un regard suppliant sur sa vis à vis. Elle ne tenait pas à se faire gronder par "ses" shalos mais rester enfermée... n'était pas toujours facile. Elle avait vécu une trop longue partie de sa vie en captivité pour ne pas avoir envie de savourer sa liberté, maintenant.

Pensant à un truc, son visage s'illumina d'un sourire et elle courut déballer le sac resté au pied du fauteuil.

- Je t'ai ramené une surprise, regarde, ça te plait?

La danseuse déplia une combinaison de cuir noir. Le textile, souple, collerait parfaitement à la peau de la dedrane et ne gênerait aucun de ses mouvements. Les seules parties du corps laissées à nu étaient les pieds - Sendae pourrait garder ses bottes - les mains et le décolleté - la beauté ne doit pas être cachée - en revanche le reste était couvert et protégé. Au niveau du torse, la cuir était doublé et plus solide.

- Comme ça si on doit sortir, disonq que on ne passera peut être pas inaperçues mais ce sera tout de même plus discret que les jolis habits que tu portes.

Réalisant qu'elle risquait d'entrainer son amie dans une bêtise, elle reprit à toute vitesse :

- Oh mais je ne dis pas que nous devons ou allons sortir, hein? Je voulais juste enfin je prévois. Et puis comme cela tu auras un souvenir.

Sendaë profita un cours instant des douces attentions de Fanaa, savourant le contact frais et revigorant de l'eau et commença à mâcher doucement la feuille de Dolciane ramenée par son amie. Lentement, le bras tendu devant son regard, elle ouvrit les yeux. La douleur provoquée par la chiche lumière éclairant la pièce lui rappela que les effets de la Dolciane n'étaient pas instantanés, mais rapidement elle put enlever son bras et voir le présent de Fanaa.
Une combinaison du plus bel effet, noire comme les ténèbres qui devaient régner à l'extérieur, dans cette cité connue et méconnue à la fois par tous les peuples adreniens.

"Je dois bien être une des premières Dedranes à venir ici, mais je ne pense pas qu'il me faudra le clamer haut et fort durant notre séjour."

Elle saisit le vêtement et sans se soucier d'une quelconque pudeur, elle se déshabilla devant sa compagne, jetant sa vêture Dedrane sur le canapé, puis enfila la combinaison. Le regard de peintre de Fanaa avait dû aider lors du choix de la taille car tout tombait parfaitement, sans la serrer, que ça soit au niveau des hanches ou la poitrine.
Pieds nus, la chasseresse se tourna vers un miroir et jeta un coup d'oeil au reflet, puis rajustant le vêtement à certain endroit, faisant quelques mouvements de flexion au niveau des bras, elle adressa la parole à son amie qui se tenait derrière elle en silence.

"Souple, résistant, confortable... je ne sais de quel tissu cela est fait, mais tu m'as offert un bien beau présent et je te suis dès lors redevable. Nos deux vils garnements de Shalos ne sauront donc rien de ton escapade, tu peux compter sur moi et même si nous ne sortons pas cela fera un bien ample souvenir."

Elle retourna s'asseoir sur le canapé et aperçu une surprise qui fit bondir son coeur de joie. Un dessin de la main Fanaa, déposé sur la table basse à l'intention d'une dormeuse, trônait fièrement sur le meuble, un morceau de papier posé dessus. Encore une fois le talent de la jeune femme s'était révélé largement à la hauteur des attentes qu'elle aurait pu avoir.

"Et merci pour ton petit chef d'oeuvre. Mais je crois qu'il faudra faire disparaitre ce petit billet que tu m'as laissé avant de partir, sinon Syld ou Soghann risqueraient de le découvrir et je ne tiens pas à les énerver plus que nécessaire."

Elle s'assit délicatement sur le sofa et sourit à son amie.

"Je mangerais bien quelque chose et après pourrais-tu me faire visiter cette maison? Elle me semble bien belle et riche, du peu que je connaisse de l'architecture des autres peuples et j'aimerais la découvrir, si cela ne risque évidemment pas d'incommoder nos hôtes."

- Tu es... saisissante! Vraiment magnifique! Quand les garçons vont rentrer ils ne vont pas en croire leurs yeux, wahou!

Fanaa gardait les yeux rivés sur son amie, appréciant l'ensemble femme dedrane/tenue shalos, tissu noir / cheveux émeraude... elle imaginait déjà les plumes et perles dont elle pourrait parsemer la longue chevelure pour un plus bel effet. Ce serait ... magnifique!

Relâchant sa concentration, elle se força à saisir ce que Sendaë demandait.

- La maison? Ah oui! Bonne idée.

La jeune femme prit la main de son amie et lui fit faire le tour du propriétaire. La salon, qui était la pièce principale, l'endroit où s'affaler, où manger, où elle dormait habituellement. Il y avait la cuisine, où elle farfouilla mais ne trouva rien d'autre que de l'alcool et du pain rassis. A l'étage se trouvait la chambre de Syld sur la gauche, un placard, l'échelle menant au toit, la salle de bain et la chambre de Soghann à droite. Enfin elles grimpèrent sur le toit, de là-haut, la vue était plutôt sympathique.

Fanaa expliqua à son ami le partage des classes : la ville-haute, se composant des habitations les plus proches des parois de la montagne était le lieu le plus pauvre, l'endroit où vivaient les orphelins dans des conditions misérables. Pas que des enfants d'ailleurs. il fallait descendre un peu pour trouver des habitations dignes de ce nom, encore un peu et l'on trouvait le quartier des tavernes et des bordels, puis le quartier marchand. Enfin, en s'approchant du lac se trouvaient les puissants. Ce qui avaient réussi. La maison de Soghann faisait partie de cette dernière partie, sans être pour autant immense et luxueuse. Au milieu du lac se trouvait le palais de Sentence.
La présence du souverain étant la raison de l'organisation géographique de la ville. Les forts voulant profiter de son influence et les moins que rien le craignant.

- Quant à manger... je dois dire que j'étais sortie pour te trouver quelque chose mais finalement j'ai oublié... désolée...

Fanaa baissa la tête. Elle était gênée, certes, mais au fond son étourderie lui faisait plaisir, cela faisait une bonne raison pour sortir!

La chasseresse avait suivit sa compagne dans la maison, découvrant la demeure des deux assassins. Jettant un regard autours d'elle dans chaque pièce qu'elle visitait, elle s'aperçut que rien n'avait été laissé au hasard et que pour celui qui residait ici et connaissait bien l'endroit, la fuite ou la défense étaient particulièrement aisées. Mais nul doute que la paire de Shalos devait être bien connu dans la ville et que personne, sauf quelques inconscients, ne viendraient troubler le calme qui regnait ici.
Le maigre butin qu'elles avaient decouvert dans la cuisine rappela à Sendaë qu'elle avait faim et pendant que Fanaa lui expliquait l'organisation de la cité, qui vue du toi était splendide, le ventre de la Dedrane se mis à gargouiller avec fureur.

Citation :

- Quant à manger... je dois dire que j'étais sortie pour te trouver quelque chose mais finalement j'ai oublié... désolée...

Sendaë sourit à la belle artiste de son sourire le plus franc.

"Comment blâmer telle amie? Tu as fais plus en quelques jours que tant d'autre dans ma vie et bien que cela ne fasse que peu de temps que nous nous connaissons, j'ai l'impression de te connaître depuis toujours et cela est surprenant et à la fois etrangement réconfortant... A croire qu'il existait un vide en forme de Fanaa dans ma vie!"

La Dedrane s'arrêta pour respirer une longue goulée d'air humide et frais, admirant le vaste lac et la demeure du roi des Shalos. Bien qu'il fasse frais, qu'elle ne soit que peu vêtue et pieds nus, elle n'avais pas froid et se sentait bien, plus vivante que lors d'aucune de ses chasses. Réfléchissant un court, fixant la penombre de ses yeux noisette, elle pris alors une décision.

"Fanaa, je souhaite accomplir un rituel que peu de Dedranes ont accepté de faire partager à d'autre Adrenien ne venant pas du Ternaël. C'est un gage de fidélité dans un couple et un gage d'amitié eternelle pour des amis qui lie deux personnes dans leurs destins. Attend moi juste un instant, je reviens."

La chasseresse se retournat et se laissa choir du toit au bas de l'echelle, puis elle parti récupérer son couteau de chasse et un ruban de soie verte qu'elle dénicha dans son sac. Cela fait, elle remonta rapidement rejoindre sa compagne.

"Donne moi ta main s'il te plait."

Voyant l'air surpris de son amie, ce qui n'avait rien d'etrange quand quelqu'un revenait armé d'un couteau d'un vingtaine de centimètre, elle lui fit un nouveau sourire reconfortant.

"N'ai crainte, je ne te ferai aucun mal. Il s'agit d'un rituel de la Terre, et il doit passer par le sang, car le sang viens de notre Mère, Ternä."

La chasseresse appuya la lame sur sa paume et se l'entailla rapidement, puis elle saisit doucement la main de son amie et piqua juste le bout de son pouce afin de faire perler juste une goutte de son fluide vital. Elle posa son couteau au sol puis mis sa main paume à paume avec celle de Fanaa, laissant le sang rubis de la jeune femme se mélanger au sien et de sa main desormais libre, elle noua le ruban emeraude autour de leurs deux poignets. Ainsi liée, elle recommença à parler.

"Aujourd'hui, je fais le serment devant Ternä de te t'aimer et te protéger comme une soeur. Nos destins sont comme et par le sang desormais mélés. Qu'il en soit ainsi par la Mère de toute chose."

Puis elle posa un baiser sur le front de Fanaa et dénoua le ruban de soie émeraude maintenant taché du rubis de leurs sangs.

"Nous voilà soeurs desormais, et quand les choses iront mal pour toi je pourrais le ressentir et venir à ton aide et cela est réciproque."

Un sourire fugace suivi d'un gargouillement naquirent dans la penombre. Elle ramassa son arme posée sur le sol et la rangaina avant de l'attacher à sa ceinture.

"Que dirais-tu de partir en quête de quelque nourriture? J'ai une faim qui n'a d'égal que celle des Valaës peuplant nos forêts et que seul un vrai repas saurait appaiser! Puis tu pourras me faire découvrir le quartier avant que nos deux comparses ne reviennent."

L'expression "vide en forme de Fanaa" fit rire la jeune femme. la suite... la perturba. Certes, elle appréciait énormément la chasseresse qui était sa toute première véritable amie, il lui faisait plaisir de compter pour elle, même si l'importance de cet attachement aux yeux de Sendaë était parfois un peu effrayant. Fanaa avait besoin d'un temps d'adaptation, ce que la dedrane ne lui laissait pas avec son amour-amitié intense et exclusif. Quand elle revint avec son couteau de chasse et son ruban, Fanaa eut un mouvement de recul. Non à cause de la lame mais bien à cause du rituel dont elle comprenait le sens. Se lier à quelqu'un à vie ne se faisait pas à la légère... Le rituel semblait tant tenir à coeur à Sendaë que la danseuse se laissa faire de bonne grâce, elle lui devait bien cela, ayant sauvé la vie du seul être avec qui Fanaa aurait souhaité se lier à vie.
Sauf qu'elle ne le ferait jamais, Syld ayant besoin de toute sa liberté. La jeune femme tenait à Syld comme il était, elle acceptait beaucoup de lui. Beaucoup mais pas tout.

Le rituel était terminé. La danseuse le réalisa en voyant la mine réjouie de son amie. Ne pouvant faire autrement, elle lui rendit son sourire et la remercia. C'était un magnifique présent, elle en avait conscience. Il était seulement... prématuré.

- Hélas nous ne pouvons pas sortir. J'avais oublié un détail : je n'ai pas la clé de la maison, et nous ne pouvons la quitter en la laissant ouverte. Certes, elle a quelques systèmes de défense. Et tu pourrais m'objecter que nous irions vite et pas loin. Mais quelques minutes suffisent pour un larcin ici. Il y a beaucoup trop d'habitués de ce genre d'activité...
Si ils rentraient et qu'ils retrouvaient leur maison pillée, je mériterais que Soghann me mette à mort... Et que Syld ne me regarde plus jamais...
Pourtant je ne peux pas te laisser mourir de faim... que faire?

(Quelques instants auparavant.)

Citation :

Hélas nous ne pouvons pas sortir. J'avais oublié un détail : je n'ai pas la clé de la maison, et nous ne pouvons la quitter en la laissant ouverte. Certes, elle a quelques systèmes de défense. Et tu pourrais m'objecter que nous irions vite et pas loin. Mais quelques minutes suffisent pour un larcin ici. Il y a beaucoup trop d'habitués de ce genre d'activité...
Si ils rentraient et qu'ils retrouvaient leur maison pillée, je mériterais que Soghann me mette à mort... Et que Syld ne me regarde plus jamais...
Pourtant je ne peux pas te laisser mourir de faim... que faire?

Sendaë avait souri à son amie afin de la rassurer. Sa faim pouvait attendre encore un peu le temps que les deux Shalos reviennent de leurs destinations, puis il fallait qu'elle s'occupe de soigner la blessure occasionnée par le rituel.
Elle noua le fin ruban de soie émeraude à son poignet et commença sa descente dans la maison tout en parlant à Fanaa.

"Nous n'avons qu'à attendre qu'ils rentrent, je pense qu'ils ne sauraient tarder et mon estomac peut patienter quelque temps encore."

Elle posa le pied sur le plancher, au bas de l'echelle et se retourna pour receptionner sa compagne. Se faisant elle se rappela que leurs mains étaient couvertes de sang.

"Je vais faire une petite surprise à se malappris de Syld quand il rentrera mais en attendant on va nettoyer tout se sang. Imagine leur réaction si ils nous voyaient comme ça. Enfin il devra payer le baiser qu'il m'a volé et le mal de crâne de tout à l'heure."

La chasseresse gagna la cuisine afin de se laver les mains dans une bassine d'eau fraîche qui la piqua lorsqu'elle y enfonça sa blessure. Elle se sécha rapidement puis banda sa main blessée, faisant le noeud à l'aide de ses dents...

"Voila qui est fait et d'ici ce soir il n'y paraîtra plus. Je vais t'attendre dans le salon en espérant que ces deux brigands ne tardent pas trop, notre dernier repas remonte à quelques heures avant notre départ de la taverne de Veis."

Toujours debout, elle Fit appel à ses sens, les laissant se gorger de tout ce qui l'entourait, les yeux fermés afin que la vue ne les trompe pas. L'odeur de Fanaa présente sur ses vêtements, celles jumelées de Soghann et Syld flottant partout dans la pièce, le goût ferreux du sang sur sa langue, un souvenir du goût de l'Etheris sur ses lèvres... Puis soudain un bruit de pas devant la porte. Les pas s'arreterent suivi d'un soupir, puis la porte s'ouvrit laissant apparaître dans l'ecadrement la silhouette des deux Shalos.

Citation :

- Nous sommes rentrés !

Sendaë regarda Syld comme si elle allait le frapper, s'approcha de lui la main levé, prête à retomber. Elle se planta devant lui et le gifla, mais avant que sa main n'arrive au contact de la joue du Shalos, elle la retint et le coup ne fut qu'une caresse, un effleurement du bout des doigts sur la peau bronzée du jeune homme. La main passa dans les boucles sauvages de ses cheveux, glissa dans son cou afin d'attirer le chenapan tout contre elle, puis doucement, la Dedrane posa ses lèvres sur celles du Shalos surpris. La langue de la chasseresse effleura la lèvre supérieure du Syld puis elle se retira en souriant. Elle croisa les doigts espérant que Fanaa lui pardonnerai son geste.

"Bienvenue chez vous! On a un peu attendu, mais nous sommes toutes les deux affamées comme de Valaës. J'espère que ma tenue vous plaira, mais Fanaa a pensé que je passerai un peu plus inaperçue comme ça."

En voyant arriver Sendaë, Syld n'avait pas bronché, se contentant juste de rentrer avec prudence la langue derrière ses dents dans l'attente de la gifle. Stoïque, il regardait droit devant lui d'un air vaguement résigné... et battit des cils avec étonnement en ne sentant rien d'autre que le souffle léger des doigts sur sa joue.

Pas le temps de revenir de son ébahissement que, ô providence ! il se voyait attiré de force à l'intérieur.

Ce geste pour le moins inattendu de la part de la chasseresse le laissa tellement stupéfait qu'il resta planté au milieu du couloir et qu'il fallut une poussée de Soghann -qui commençait à trouver le temps long à la porte- pour l'aider à avancer.
Si le Shalos avait été un peu moins surpris, il en aurait profité pour trébucher et se rattraper (tout à fait par hasard) à la demoiselle. Ou alors il aurait au moins levé le doigt pour demander la suite de sa "punition".

Mais non, rien de tout ça.
La Dédrane l'avait bien eu.

- Pfiou...

Histoire de se redonner contenance, Syld rajusta son manteau qui n'en avait nul besoin. Ceci fait, il opta pour une expression "en-fait-je-m'y-attendais" débordante de mâle assurance qui aurait pu être extrêmement crédible si tout le monde n'avait eu largement le temps de le voir clairement pris de court l'instant d'avant.

- Oh, oui, bien sûr, vous avez faim...

Le jeune homme fit de son mieux pour émerger de son petit nuage personnel.

- On peut toujours ressortir pour aller vous chercher quelque chose ?

Syld regarda avec perplexité la porte se refermer derrière Fanaa. Il finit quand même par retrouver ses esprits et n'eut pas à réfléchir bien longtemps pour saisir ce qui avait pu faire fuir la jeune femme.
Car c'était bel et bien une fuite, elle n'avait trompé personne sur ce point.

Le Shalos esquissa à son tour un mouvement vers la porte, avant de se reprendre. La main qu'il avait levée vers la poignée retomba.

Eh quoi, d'accord, il aimait bien Fanaa. Peut-être trop "bien" pour un assassin digne de ce titre, d'ailleurs... Mais de toute évidence et que ce soit volontaire ou pas, la demoiselle en espérait un peu trop.

Il glissa un coup d'oeil vers Soghann et Sendaë.

- Je crois que si on compte sur elle pour aller "chercher à manger", ce sera bientôt famine dans cette maison...

Tsssk, quand même, la laisser à nouveau filer toute seule dans les rues de Shalanos...
Comme tous ceux de l'extérieur, tous ceux qui n'avaient pas vécu dans la cité pendant plusieurs mois, elle n'avait toujours pas conscience de la nature réelle de la capitale.

Shalanos était trompeuse : c'était facile de se croire dans une ville ordinaire, si on faisait abstraction de son caractère souterrain et des gamins qui hantaient les ruelles comme des ombres faméliques.
Il y avait au final à peu près autant de risques de se faire prendre à partie que dans n'importe quelle cité ouverte où se mêlait une faune cosmopolite de gens tout à fait respectables, de mercenaires un peu moins respectables et de gredins pas respectables du tout.

Le véritable danger était beaucoup plus subtil, plus sournois. Ce n'était pas quelque chose qu'on pouvait réellement voir ou sentir.
La ville attendait, guettait le moindre faux pas. Et quand l'erreur arrivait, n'importe quel main pouvait frapper. Shalanos était vivante...

Dans la capitale des voleurs, des assassins et des mages des ténèbres, le péril véritable demeurait presque invisible, comme une aura de folie ou un relent méphitique de cruauté qui flottait dans l'atmosphère et se déchaînait parfois sans raison apparente avec la soudaineté de l'orage. "Cela" pouvait frapper n'importe où, n'importe quand, avec ou sans motif, dans l'indifférence générale.
Bref, ce n'était pas un endroit où on était autorisé à se sentir totalement en sécurité.

Syld jeta un nouveau regard vers la porte close, l'oeil soudain assombri.

- Oh, et puis qu'elle se débrouille ! Pour ce qu'elle écoute lorsqu'on lui dit de faire attention, de toute façon...

Sans trop savoir pourquoi, il se sentait furieux. Un peu coupable peut-être...

Si l'attitude de la Dédrane avait fait ciller Soghann, l'assassin n'avait pas pour autant lâché de commentaire. Il se contenta d'observer à la dérobée Fanaa, qui, elle, sembla bien plus choquée. Tant et si bien qu'elle sorti presque aussitôt, arguant qu'elle allait chercher à manger... Soghann s'écarta de la porte pour qu'elle puisse sortir, puis passa la tête à l'extérieur pour la regarder partir. Droit vers le Lac, et en courant, encore.

Reportant son attention sur Syld et Sendaë, le Shalos passa la main droite sur son crâne, dans un geste qu'il voulait nonchalant mais qui trahissait, pour qui le connaissait, la perplexité. Syld, encore sous le coup de la surprise, n'avait pas encore tout à fait émergé... et Soghann choisi de ne rien lui dire de l'attitude de Fanaa.

Aussi son regard revint-il vers leur invitée, encore souriante de son effet, et vêtue à la mode Shalos. De toute évidence, Fanaa était déjà sortie pour lui trouver ça, puisque cela ne venait pas de chez eux. Un léger sourire flotta sur les lèvres de l'assassin.

- Eh bien eh bien... Qu'allons nous donc pouvoir faire de notre invitée, en attendant ?

Étant donné la direction prise par Fanaa, Soghann doutait qu'elle revienne de si tôt, et encore moins avec de la nourriture. Sauf si elle trouvait quelque chose dans le lac, ce dont l'assassin doutait fortement. Cette pensée l'amusa, mais tout humour s'évanouit lorsqu'il pensa :

**Pourvu qu'elle ne tombe pas sur la Phalange... Ou pire... Elle pourrait nous mettre dans un sacré pétrin... Heureusement, elle peut presque passer pour une Shalos, maintenant... Enfin, si l'on n'y regarde pas de trop près...**

La question de Soghann tira une petite grimace à Syld.

- Oh, il suffit de la laisser courir à l'aventure ! Apparemment c'est très en vogue, en ce moment !

Il s'interrompit brusquement et se passa la main sur les paupières, le temps de laisser passer un ange ou deux.
Il reprit d'un ton plus maîtrisé :
- Franchement rester enfermé entre quatre murs ne me dit rien à moi non plus...

Le jeune homme se dépêcha d'enchaîner avant que Sendaë ait pu avoir l'idée de lui rappeler combien sa guérison était encore récente. C'est vrai qu'il commençait à ressentir de la fatigue, mais c'était plus de la fatigue nerveuse que physique. Il ne se sentait de toute façon pas d'humeur à prendre du repos dans l'immédiat.

- D'un autre côté, si Fanaa revient pour trouver une porte fermée, elle... Raah, par les Ombres, elle n'aura qu'à s'asseoir sur le seuil pour réfléchir d'avantage, ça lui rafraîchira peut-être les idées !

Allons bon, finalement il n'avait pas encore laissé passer assez d'anges pour retrouver son calme de Shalos.

Syld croisa les bras et s'appuya contre le mur, un sourcil obstinément froncé.

- Si Sendaë a toujours faim après ça, soit celui qui est de corvée aujourd'hui va au ravitaillement, soit on sort pour aller je ne sais où -ça me fait penser qu'il me faudrait de nouvelles armes d'urgence- et elle pourra toujours trouver quelque chose à grignoter en chemin.

L'assassin se tourna vers l'intéressée qui n'avait encore pipé mot.

- Si tu as une préférence... ?