Maison de Soghann & Syld

Soghann ne semblant pas gêné par les sons qu'elle produisait contre sa volonté, elle se laissa aller et remarqua que toutes les sensations se faisaient ressentir plus intensément.
L'assassin l'emmenait dans des lieux nouveaux, incroyables. La jeune fille ne pouvait plus penser, était incapable de réfléchir. Sa voix monta vers les aigus tandis que les halètements du shalos à son oreille se faisaient plus rapides et accompagnés de bruits de gorge.

Enfin, la monté vertigineuse de l'extase arriva à son sommet. Fanaa se cambra, la ligne de son dos formant une courbe parfaite, de pure volupté, capable de faire fondre de désir n'importe quel homme, et Soghann se tendit de la racine des cheveux à la pointe de ses orteils, se libérant avec un râle. Puis tous deux retombèrent en poussant le même soupir de soulagement.

Le coeur de Fanaa battait à tout rompre. Il y avait des étoiles devant ses yeux. Elle regretta juste qu'il ne l'ait pas embrassée de nouveau à la fin. la jeune fille, incrédule, fixait le plafond.

- Soghann? Qu'est-ce que... Qu'est-ce que tu m'as fait?

Soghann retomba, écrasant à demi Fanaa sous son poids.

*Mission accomplie*

Ne put-il s'empêcher de penser, avec un sourire endormi. Il tourna la tête pour embrasser rapidement Fanaa, puis fit l'effort de rouler sur le côté, se retrouvant allongé à côté d'elle. Il lacha un nouveau soupir, de satisfaction et de bien-être, cette fois. Il leva le bras, posant son avant-bras sur son front, et ferma les yeux. La voix émerveillée de la jeune femme lui arracha un autre sourire. Il répondit de la voix caractéristique de l'homme épuisé mais heureux :

- Je n'ai fais que te rendre la pareille... je t'ai donné un orgasme, et un beau, dirait-on ! Haha...

Le Shalos failli succomber à la fatigue, dans le silence qui suivit. Il trouva juste la force d'ajouter :

- Tu verra, on peut faire encore mieux...

Le silence était revenu depuis un moment lorsque Syld rouvrit l'oeil.

A nouveau en pleine forme, le jeune homme s'étira et sauta hors de son lit. Il ôta la chemise qui avait valdingué jusque sur l'unique miroir de la pièce pour s'observer d'un regard critique.
Bon, l'estafilade sur sa joue se remarquait à peine.
Le Shalos sourit à son reflet : les lignes tombantes de la longue tunique d'intérieur qu'il venait de passer lui donnaient un côté androgyne assez troublant... l'ambiguïté lui plaisait.

Il pointa ensuite son nez dans le couloir.
Le calme régnait réellement en maître sur la demeure. Pas un son, pas un bruit.

Marchant sur le bout des orteils, le jeune homme gagna la porte de Soghann et, avec une belle indiscrétion exempte de tout remord, passa la tête à l'intérieur.
Ah tiens ? Soghann dormait tout seul ?

Syld alla se pencher sur lui. Du bout des doigts, il effleura les lèvres sur lesquelles flottait encore un soupir de contentement.

"Il dort vraiment bien..."

La mine amusée, il se redressa avant de sortir aussi silencieusement que lorsqu'il était entré. Il ne mit pas longtemps à descendre dans le salon et à repérer Fanaa sur le sofa, et sous son manteau. Décidément, la demoiselle ne semblait plus pouvoir se passer de ce vêtement...

Le Shalos écarta les boucles sombres qui tombaient sur le nez de la jeune femme puis déposa un baiser sur ses lèvres voluptueusement gonflées par les embrassades successives.

- Ce n'est pas l'endroit le plus confortable pour dormir, petite fleur...

Encore un baiser? Décidément, les rêves de Fanaa se faisaient toujours plus doux. De lieu craint, son sommeil était devenu pour elle un refuge. Sans ouvrir les yeux, la jeune femme sourit. Puis elle entendit une voix mais sans comprendre le sens des mots. Elle souleva ses paupières. Difficilement.

- Oh tu es rentré!

Elle se redressa avec effort, frissonna quand son buste ne fut plus protégé par l'étoffe et tira vite le manteau pour s'en recouvrir de nouveau. La demoiselle se frotta les yeux et marmonna:

- 'jà matin?

Elle bailla, sa main devant sa bouche.

- Les nuits sont courtes à shalanos...

Son regard embrumé se posa sur le chenapan. Elle ne dit rien pendant quelques instants, et après une intense réflexion, elle eut une illumination.

- Oh mais tu dois avoir faim!

Elle bondit du canapé, se mit sur la pointe des pieds et s'étira pour s'éveiller. Peine perdue. Bon. Où avait elle laissé les courses?

- Va savoir pourquoi, mais ça ne m'étonne guère que cette nuit t'ait semblé courte...

Syld passa un bras autour de la taille de Fanaa pour l'empêcher de partir à la recherche du petit-déjeuner et secoua la tête en souriant.

- Ne te dérange donc pas pour ça : je n'ai pas encore faim. Du moins, pas faim de victuailles.

Il l'attira en douceur tout contre lui puis enfouit son visage dans le creux de son cou.
La jeune femme avait toujours son odeur de fleur fraîche... mais sensiblement différente. C'était une fragrance plus chaude, moins incertaine.

"Comme pour une fleur tout juste épanouie..."

La nuance était subtile, mais Syld avait l'odorat fin et ne pouvait s'y tromper.
Il posa ses lèvres sur une blanche épaule dénudée bien à point puis remonta avec application le long du cou, s'attarda à mordiller délicatement le lobe d'une oreille, avant de glisser du côté de la bouche.

Le jeune homme prit le visage de Fanaa entre ses mains et se détacha lentement d'elle. L'oeil mis-clos, il expira profondément.
Puis, avec un sourire ravi :
- J'ai l'impression que tu as peu dormi, mais bien dormi.

Fanaa s'arrêta net quand le bras de Syld s'enroula autour d'elle. Elle se laissa attirer vers lui et caressa ses cheveux quand il vint se cacher dans son cou. Puis il l'embrassa sur l'épaule et remonta doucement. Le cœur de Fanaa s'arrêta net de battre, elle ne pouvait plus faire un mouvement, ne respirait plus. Ce n'était pas la première fois que cela lui arrivait et elle ne s'en souciait point, tous ses sens tournés vers le chenapan. Il créait en elle un trouble terrible. Quand il posa ses lèvres sur les siennes, cela n'alluma pas son brasier intérieur et ne fit pas tourner Adreis sur un axe différent, mais son cœur se remit à battre. Si ce n'était pas aussi intense que d'habitude, elle en était également touchée. Profondément.

Puis il lui sourit, et elle se força à chasser ces curieuses sensations en repensant à la nuit passée. Ses joues se colorèrent et elle répondit :

- Oui j'ai très bien dormi. Mais surtout avant...

Elle se mordit les lèvres et hésita. Mais Syld était le plus à même de comprendre ces choses là. Elle baissa la voix et lui chuchota à l'oreille :

- Soghann a fait de moi une femme!

En s'approchant ainsi du visage de Syld, elle ne put manquer de remarquer la longue estafilade et fronça le sourcil. Il s'était blessé et elle n'avait rien remarqué, ne pensant qu'à elle, quelle idiote!

- Que t'est-il arrivé? Tu souffres? Dis moi ce que je peux faire!

Syld acquiesça à l'explication de Fanaa, prenant bien soin de ne pas se laisser aller à rire ou autre chose. Après tout, bien qu'il soit déjà au courant sans même que la jeune femme ait eu besoin de lui dire quoi que ce soit, il s'agissait d'un sujet important pour elle.
Il se contenta donc de hôcher la tête avec un sourire tendrement approbateur.

Puis elle remarqua la nouvelle "blessure de guerre" qui ornait son visage.

- Oh, ça ?

Le jeune homme leva machinalement la main à sa joue.

- Bah, c'est un souvenir qui me rappellera peut-être à la prudence à l'avenir...

Il haussa les épaules d'un air dégagé et secoua la tête. Ses cheveux retombèrent en avant, masquant en partie la mince ligne encore disgracieuse.

- Ca n'est pas douloureux. Et le nécessaire a déjà été fait, alors ne t'inquiète pas.

Fanaa exhala un soupir dubitatif.

- encore un secret de shalos, hein? Viens...

Elle le fit s'asseoir puis s'allonger sur le canapé, la tête sur son manteau. S'agenouillant au sol vers sa tête, elle le caressa du regard en effleurant la cicatrice et le bandeau puis lui dit sur le ton de la confidence:

- Je respecte tes secrets, bien sûr. Mais ce qu'il y a sous ton bandeau, les blessures que tu peux te faire, je t'interroge quand même dessus car je ne voudrais pas que tu prennes mon silence pour un manque d'intérêt. Je veux dire...

Elle déposa un baiser sur son front et lui caressa les cheveux.

- Tu comptes énormément pour moi. Tout entier, avec tes rires, tes friponneries, tes bêtises, tes peines, tes missions, tes passions, ce vide que je te souhaite de combler. Et tout le reste.

Elle secoue la tête, elle se sentait un peu bête de dire tout cela à Syld. Et puis elle risquait de gêner le shalos. Comment réagit on quand on reçoit ce genre de paroles? Elle craignit de le lasser, ou de l'effrayer, ou de le faire fuir.
Elle se redressa, passa une jambe au dessus de lui et, à califourchon maintenant, elle se pencha vers son visage et se mit à l'embrasser, un long baiser langoureux. La cascade de sa chevelure noire tomba, les isolant tous deux du reste du monde. Et elle l'embrassa encore, tandis que ses mains caressaient doucement son visage, ses épaules et la partie de son torse apparent. Elle l'embrassait en lui faisant passer des flots de tendresse, de passion. C'étaient des baisers qui se donnaient tout entier sans rien demander en retour.
Ce devait être pour cette raison que son volcan intérieur grondait mais sans entrer en éruption...

- "Ce vide" ?

Syld n'eut pas le loisir de s'étonner d'avantage au sujet des paroles de Fanaa : en effet, la belle venait de couper court à toute velléité de réflexion d'une façon plutôt agréable...

Un peu désarçonné par cette transition rapide, le Shalos se laissa faire quelques instants sans songer à réagir.

Par bonheur, il reprit rapidement ses esprits et posa une main au creux de la taille de la jeune femme, glissant l'autre dans ses cheveux pour l'attirer un peu plus contre lui. Il répondit alors à ses baisers avec la fougue d'un adolescent et l'aisance, la plénitude d'un garçon plus qu'expérimenté en la matière.
Il prit possession de ses lèvres, de sa langue, de sa bouche toute entière avec une ardeur presque sauvage, tout juste maîtrisée.

A ses heures, Syld faisait vraiment preuve d'un appétit insatiable. Que ce soit pour les assassinats, les beuveries ou le sexe, il ne pouvait jamais se contenter d'effleurer la surface : il fallait toujours qu'il se donne à fond, qu'il explore toutes les possibilités.
Pas question de faire les choses à moitié, donc...

Mais qu'est-ce qu'il fichait ?
Très exactement ce qu'il ne fallait pas faire, bien entendu...

Syld se fit violence pour écarter Fanaa d'une main douce mais ferme, puis se mordit un doigt afin de retrouver un semblant de calme : c'était à peu près comme essayer de stopper net la charge d'un troupeau de moos sauvages.
Il lui fallu de longues, d'interminables secondes avant même de seulement pouvoir déserrer les dents.

- Fanaa...

Sa voix était à peine plus qu'un murmure étranglé, mais c'était déjà pas mal.
Il reprit sa respiration.

- Je suis désolé... Je me suis laissé emporter. Je mériterais d'être pendu pour être aussi stupide. Essaye d'oublier ça.

Il leva une main pour caresser le visage de la jeune femme.
Il allait tout reprendre depuis le début.
Correctement.
Sans précipitation.

Lentement, l'oeil clos, il fit glisser ses doigts de chaque côté du visage de Fanaa, soulignant chaque courbe, suivant la ligne délicate des pommettes, s'attardant sur la ligne adorable du nez, flattant les joues et les lèvres comme un sculpteur qui s'assure de la perfection d'une oeuvre au toucher. Le baiser qui suivit avait la même volupté lente, terriblement sensuelle.
Les mains habiles de l'assassin poursuivaient leur exploration du corps de Fanaa, s'attardant de-ci de-là au moindre frémissement, cherchant toutes les zones qui pouvaient lui causer du plaisir.
Ainsi, il descendit le long du cou, glissa sur les épaules, caressa longuement les seins qui se soulevaient au rythme d'une respiration de plus en plus haletante. Puis ses paumes se coulèrent sur le ventre, les hanches, avant de s'égarer, qui sur l'arrondi exquis d'une fesse, qui entre les belles cuisses blanches.

Syld avait les doigts longs, déliés, parfaits pour donner du plaisir de cette manière. Et il ne s'en privait pas.

Il détacha ses lèvres de celles de Fanaa et lui chuchota tout en descendant un peu pour lui embrasser le cou :

- Si quelque chose te fait ou te ferait plaisir... tu peux le dire, tu sais ? Tu peux me demander tout ce que tu veux...

Alors que Syld était dans la dernière ligne droite, il arrêta brusquement le mouvement et la repoussa. Fanaa cherchait vainement dans sa tête l'erreur qu'elle avait bien pu commettre, son inquiétude redoubla quand elle le vit s'infliger une blessure. Elle était prête à ramper, à lui présenter ses excuses et à faire tout ce qu'il voulait, tout ce qu'il fallait pour se racheter. Il prononça son nom d'une voix étranglée (de fureur?) Fanaa baissa vivement la tête et ferma bien fort les yeux. Mais en lieu et place du sermon redouté... Syld s'excusa! La jeune femme releva la tête, le regarda et ouvrit la bouche pour lui dire qu'il n'avait rien à se faire pardonner, elle était l'unique fautive (même si elle ne savait pas ce qu'elle avait fait de travers). Fanaa était complètement paniquée.

C'est alors que Syld ferma les yeux et passa ses mains sur son visage, tout doucement, et ensuite... il l'embrassa, longuement, sensuellement, tandis que ses mains partaient à la découverte de son corps. Après l'avoir possédée fougueusement, comme si elle n'était rien ni personne, il recommençait tout à zéro, apprenant à la connaitre, l'apprivoisant peut être. Elle avait cette fois la sensation d'exister, d'être quelqu'un pour lui. C'était probablement là son secret: faire croire à chacune des femmes, qu'elle était spéciale entre toutes. Même si au fond elles étaient toutes les mêmes. Qui le saurait jamais?

Sa technique était différente de celle de Soghann mais lui apportait des sensations toutes aussi agréables. Il lui demanda ce qu'elle souhaitait. Comme elle ne pouvait se permettre d'être sincère, enfin pas tout à fait, elle répondit en un compromis de son souhait et de ce qu'il voulait peut être entendre :

- Je ne sais pas... je veux juste être avec toi. Que tu m'emmènes où tu veux.

Elle-même le parcourait. Ses bras et ses jambes musclés, son torse parfait, son petit derrière rond et ferme, son oeil malicieux, ses lèvres si désirables, ses cheveux rebelles et épais! Cette fois, quand ils se fondraient l'un dans l'autre, aucun ne serait en reste, elle le savait, ils seraient liés, proches au delà de tout, au moins durant ce petit moment. Elle ne pensait plus, elle se laissa aller, et alors que ses barrières finissaient de tomber, elle sentit le flot de chaleur et de lumière prendre de l'ampleur et la traverser pour rejoindre Syld cette fois encore. Oui, tout était pour lui!

Décidément, il faudrait encore du temps avant qu'elle abandonne ses anciennes habitudes pour réellement demander son plaisir, guider son partenaire.
Elle n'avait pas encore compris que donner du bonheur à l'autre pouvait être aussi agréable que de s'occuper de sa propre jouissance.... voire même plus agréable.
Mais à quoi s'attendait-il ? Bien sûr qu'on ne pouvait pas effacer des années d'esclavage en quelques heures...

Sans cesser de la caresser, Syld assit Fanaa dans le coin du sofa : le dossier formait un angle, comme un cocon moelleux où on pouvait s'enfoncer, se pelotonner. Puis il lui fit délicatement passer une jambe par-dessus l'accoudoir capitonné.
Le canapé n'était pas aussi large qu'un lit. Cela forçait à un peu d'originalité.

Le jeune homme posa les mains sur les flancs de la jeune femme et se laissa glisser au sol, agenouillé comme devant quelque divinité de l'amour. Souriant, il se goûta les doigts d'un coup de langue, avant de se nicher entre les cuisses frémissantes de la demoiselle.
Il prit son temps, jusqu'à ce que la tension soit à son comble, puis, dans un nouveau glissement, il remonta, picotant un baiser ici et là, et retrouva sa bouche qu'il embrassa avec une voluptueuse impétuosité.

Le Shalos souleva légèrement la belle. Souplement, il prit à nouveau possession d'elle...
Non, ce n'était pas le terme qui convenait : il voulait partager... s'unir avec la jeune femme.
Oui, c'était ça.
Cette fois-ci, il s'unit avec elle. Brûlant de désir, mais aussi exalté par l'envie de la voir éprouver un plaisir au moins aussi intense que le sien.

A présent elle se trouvait posée sur ses cuisses, assise face à lui et pesant aussi peu qu'une plume.
Syld trouva une de ses mains à tâtons, mêla ses doigts à ceux de Fanaa tout en la serrant contre lui.
Il haletait, et chaque mouvement ajoutait aux minces rigoles de sueurs qui luisaient entre ses omoplates.

- Je ne te laisserai pas en arrière... Viens, viens avec moi !

Elle se détendait sous les caresses. Syld arrivait à être à la fois doux et passionné, ce qui attisait le désir de Fanaa. Elle répondait à ses étreintes et à ses stimulations avec empressement. Puis il descendit au sol afin de transmettre une volupté incroyable au cœur de son volcan. Fana commença à s’agiter. Il ne devait pas s‘abaisser ainsi, s’occuper d’elle, c’était indigne de lui, il ne fallait pas !

- Non, ne… ne… aaah !

Incapable de se retenir, elle se plaqua vite une main sur la bouche.

- Mmmmh…

C’était si bon ! Si bon que son corps répondait aux attouchements du chenapan, et que son esprit n’arrivait pas à résister. Elle fondait, elle fondait totalement.

Quand elle fut totalement à sa merci, il l’installa sur lui et intima son mouvement, un va et vient voluptueux qui les unissait toujours plus profondément. La jeune femme lui embrassait les épaules, passait ses mains sur la peau du dos sous laquelle roulaient les muscles fins et nerveux, léchait la sueur salée qui coulait dans son cou, lui mordillait le lobe de l’oreille, fourrageait dans ses cheveux.

Il la plaqua contre lui et lui prit la main dans un geste ferme et tendre (comme à la rivière) en l’invitant à l’accompagner. Elle fixa son magnifique œil bleu-vert et acquiesça, confiante.
C’est alors que tout changea : d’éminemment agréable, l’instant se transforma en incroyable, magique !
Fanaa embrassait Syld tandis que leurs corps se mouvaient en accord parfait, que leurs cœurs battaient à l’unisson et que leurs souffles avaient exactement le même rythme.
C’était un duo des plus lancinant et sensuel, tous deux ne faisant plus qu’un de cœur et de corps, seules leurs âmes étaient encore distinctes en cet instant. C’était fascinant.

L’ange aux ailes écarlates tendit une main à Fanaa en souriant et celle-ci la prit, puis tous deux s’envolèrent haut, si haut, plus haut encore que le ciel, plus loin qu’aucun n’était jamais allé…

Ils atteignirent l’orgasme à la même seconde; Fanaa éclata d’un rire clair et joyeux comme un ruisseau de montagne. Elle était totalement détendue et ivre de bonheur. Tandis qu’elle gardait sa virilité au chaud et en sécurité en elle, Fanaa maintenait Syld serré tout contre son buste, caressant doucement son visage, ses cheveux, déposant quelques baisers partout où elle le pouvait.

Il ne l’avait pas abandonnée là, pas comme la toute première fois ! Elle était profondément touchée, chamboulée ; émue aux larmes. Elle pleurait d’ailleurs malgré son sourire, mais ne s’en rendait pas compte. Et l’eau de ses yeux coulait dans les cheveux de Syld, sur son bandeau, tandis qu’elle l’étreignait contre son cœur…

Elle devait se lever, elle le savait. Principe de base : un homme n'aime pas s'encombrer d'une femme qui a déjà servi. Mais Syld la maintenait contre lui et après avoir difficilement esquissé le mouvement de se redresser, elle abandonna. Au fond, rester dans ses bras était ce qu'elle souhaitait le plus au monde. Ce qu'elle désirait sans avoir osé le demander plus tôt n'était ni plus ni moins qu'un tendre calin comme celui-ci.
Elle chercha une main à laquelle mêler la sienne et lutta contre la torpeur qui l'envahissait. C'était difficile car le mouvement de la profonde et calme respiration du jeune shalos la berçait.


Alors qu'elle était au sol, frigorifée, perdue dans la nuit et que son corps tout entier lui faisait si mal qu'elle était incapable de bouger et encore moins de marcher, les Krobeaux croassèrent, annonçant son arrivée. Il était là : l'ange aux ailes écarlates. Il se posa auprès d'elle, se baissa et la prit dans ses bras en lui murmurant :
- Je ne t'ai pas oubliée...
La soulevant d'un seul bras comme si elle ne pesait rien, il reprit son envol. Des ombres se détacha une silhouette aux ailes obscures. L'ange aux ailes sombres la regarda intensément, comme pour l'évaluer, puis sourit, dévoilant de belles dents blanches. Les deux anges échangèrent un regard tendre. L'ange sombre tendit une main que l'ange écarlate saisit, tout en maintenant fermement Fanaa contre lui de son autre bras.
Et tous trois partirent vers... le paradis?


Fanaa s'éveilla en sursaut. *zut je me suis endormie. Et Syld qui déteste que je me serve de lui comme lit!*
Le bras du shalos l'empêchait toujours de se détacher de lui. Résignée, elle reposa sa tête sur son torse tout tiède.
*Si je reste là mais que je ne m'endors pas, il n'aura pas de raison de se fâcher, pas vrai?*
La jeune femme sourit.

Un bruit dans la cuisine. Fanaa se raidit. Elle ne voulait pas réveiller Syld qui dormait si bien mais il y avait danger. Elle tendit le cou vers une oreille du chenapan et lui chuchota à l'oreille:

- Il y a quelqu'un dans la maison!

- Mmmh ?

Syld rouvrit un oeil brumeux.

- Keskyaaaa ?

Fanaa répéta son avertissement et, après quelques instants de réflexion pour saisir la signification des différents mots ainsi accrochés les uns derrière les autres, le jeune homme fit un geste vague de la main, comme pour balayer les inquiétudes de la demoiselle.

- Bien sûr qu'il y a quelqu'un dans la maison...

Il réprima un large bâillement, encore plus qu'à-demi endormi.

- C'est Soghann qui a un petit creux, c'est tout.

Syld s'étira langoureusement et, roulant sur le flanc, vint déposer un baiser sur le nez de Fanaa sans détacher le bras qu'il avait passé autour d'elle. Il s'appuya sur un coude et posa le menton au creux de sa paume, l'oeil tendre.

- Tu as réussi à dormir un peu, j'espère ?

Les entendant tous deux discuter, Soghann se permit de sortir de la cuisine. Mâchonnant un bout de viande rôtie dont il tenait une tranche plantée au bout d'une petite pique, il s'appuya nonchalamment sur le chambranle de la porte.

- Et alors, on oublie à qui appartient la maison, ou bien ? Jusqu'à preuve du contraire, je suis chez moi...

Un demi-sourire adressé à Syld soulignait le double sens de la dernière phrase. D'où lui venait la possession de la dite maison n'avait jamais été vraiment révélé... Et, à vrai dire, tout le monde s'en moquait. C'était ainsi, à Shalanos. Plantant avec appétit ses dents dans la tranche embrochée, il dit pour lui-même :

- Il va falloir -miom- penser à refaire les courses, on va -mâche- arriver à court de viande...

Cette réflexion faite, son regard vint glisser sur les peaux découvertes, aussi tendrement qu'une caresse. Sur un ton toujours nonchalant, il lança à Fanaa :

- L'effort te va à ravir... Dommage que je n'ai pu en profiter, hier soir ! Tu sais, ce n'est pas parce qu'on est à Shalanos que tu dois t'enfuir comme une voleuse...
Au contraire, dormir contre un corps chaud fait partie des petits plaisir de la vie... Profites-en donc !

Appuyant sa remarque d'un sourire et d'un clin d'oeil, il acheva la tranche d'un air appréciateur, faisant glisser la broche sur sa langue pour la nettoyer.

- Il n'a pas tort... pour changer.

Sous le manteau qui leur servait de draps, Syld laissa se promener une main douce et coquine. Avec délices, il descendait au creux de la taille, remontait sur la hanche et appréciait le galbe d'une cuisse fuselée.

En fait, dire que le jeune homme n'était pas du matin était une affirmation inexacte : lorsqu'il avait dormi en galante compagnie, le Shalos avait l'éveil beaucoup plus accommodant. Pas forcément plus aisé, mais accommodant... et parfois assez libertin.
Les mines que prenait justement Soghann sous prétexte de savourer son en-cas n'arrangeaient rien.

Les deux assassins s'échangeaient des sourires fauves, et Syld ronronnait presque en se lovant étroitement contre Fanaa. Le poids du regard de son compère l'électrisait.

Il enfouit son visage dans les boucles brunes de la jeune femme comme pour échapper à ces yeux obsédants. Sans qu'il y prenne garde, sa respiration s'emballait à nouveau.

Un rien, et ses pensées prenaient des chemins tout sauf innocents.

Mais le jeune homme ne pouvait réprimer un sourire tout en respirant le parfum comblé de la chevelure de Fanaa.
Il était vraiment quelqu'un de chanceux. Il y avait des jours comme celui-là où il s'en rendait compte avec plus d'acuité que de coutume....

Sous le regard de Syld, Fanaa se sentait toute chose.

- Dormi? oh mais je m'étais bien reposée cette nuit déjà alors juste un petit peu. Enfin juste assez pour laisser passer Sogh on dirait. Sogh, il ne faut pas manger que de la viande. Regarde dans la cuisine, y des fruits et de la brioche. Syld? Qu'est-ce que tu? ih! Tu me chatouilles!

Il s'était rapproché d'elle, il s'était même collé à elle, la caressant et la chatouillant de ses mains expertes. Fanaa referma ses bras autour de lui. Elle aimait le sentir ainsi, si proche. Ses joues se colorèrent, mais elle tenta de reprendre la conversation avec le grand shalos.

- Et avec toi c'est pas pareil. Tu dors dans ton coin je te signale! Ca ne compte pas. Et je ne me suis pas sauvée je t'ai juste...

elle hésita puis termina avec un clin d'oeil:

- ... laissé te remettre! hihi!

La jeune femme se laissa à aller à laisser courir ses doigts sur le corps sombre et chaud sous le manteau, elle n'avait pas encore exploré tous les centimètres carré de l'anatomie bien aimée... Oh mais que lui arrivait elle? Est-ce qu'elle se mettrait à apprécier ce genre de rapport? Elle sourit. Oh que oui! Dégageant une mèche folle du chenapan, elle l'embrassa sur la tempe et lui susurra :

- Je ne t'ai même pas dit bonjour...

Elle retrouva son visage, caché contre son cou, et lui offrit un long et doux baiser. Avec un sourire éclatant de joie sous ses boucles noires en désordre, elle lui murmura :

- Bonjour...

Soghann fit la moue. Se tapotant la joue avec la broche, il paraissait songeur. Lorsque la jeune femme se mit à embrasser son compagnon, suffisamment passionnément pour leur occuper les sens, il s'approcha sans bruit, laissant pendra la broche vers le bas. Passant le long du canapé d'un air nonchalant, il laissa la pointe de l'ustensile caresser la peau de Syld, faisant doucement glisser le manteau du chenapan... Jusqu'à ce que les deux amants se retrouvent nus. Dans le regard de l'assassin brillait l'étincelle du désir, qui ne demandait qu'à être allumée. Sa voix se fit doucereuse.

- Hmmm... Quels morceaux de choix, dites donc...