Confins du Désert Rouge - les grottes de Leviathan

- Tout dépend de la façon dont on définit un "endroit paradisiaque".

Un ou deux reniflements vexés du côté des autochtones présents étaient parvenus à lui faire monter un sourire un peu moins forcé aux lèvres.

- Certains trouvent Lévitas trop humide, trop venteuse... Ce climat déprimant me manque. Mais, la chaleur mise à part, le désert ne me semble pas si désagréable que ça.

Le sang lui battait aux tempes à grands coups.

- Mais peut-être est-ce parce que je suis né à Fédoran.

Earl avait l'impression que sa peau se tendait sur les os de son crâne, sèche et rêche comme un vieux cuir.
Tout en tâchant de respirer l'odeur de plantes au travers du parfum putride que ses sens confus persistaient à percevoir, il ajouta à mi-voix :
- Ma mère est née dans un des villages des plateaux. Je suis venu ici il y a un peu plus d'un an, pour me renseigner sur les effets particuliers de l'elixia dans cette zone du désert. Cet endroit est quasiment impossible à trouver sans guide du crû, ceux qui n'en sont pas originaires l'évitent ou ignorent son existence. J'ai simplement... estimé que pareil lieu serait une retraite sûre par rapport à mes petits problèmes de chasseurs de tête. L'endroit était certes moins agité dans mes souvenirs...

- Des sorciers ? Ici ? Dans le Désert ?
- Impossible !
- Ils se seraient fait attaquer.
- Oui les énommés s'en seraient forcément occupés !
- Non ce n'est pas possible.
- Pourtant si ... je vous assure que sur ce point il n'y a aucun doute. Il y avait plusieurs sorciers dans la caverne. J'ignore pourquoi les ... enfin les "autres" ne s'en sont pas pris à eux mais ...
- Ils auraient dû les sentir !
- Oui c'est évident !
- Alors pourquoi leur ont-ils échappé hein ? Dis nous.
- Je ne sais pas. Peut-être qu'ils étaient plus forts ? Ou bien ont-ils eu de la chance ?
- Les filles camez-vous, calmez-vous. Ce point n'est qu'un détail et ce n'est pas ce que nous voulons savoir. Laissez la continuer. Vas-y Fanaa.
- Oui ...

La Danseuse baissa le nez, elle n'avait pas très bonne mine. Masha se rapprocha et s'assit à ses côtés.

- Excuse nous de te presser comme ça. Mais les autres ne savent rien ou ne veulent rien nous dire. Ca nous rend folle de nous poser des questions et d'envisager mille choses. Aucune nous ne se rappelle, c'est très angoissant.
- Oui, je comprends.

Fanaa releva la tête mais elle n'arrivait pas à camoufler son inquiétude.

- Si il vous a fait enlever, toutes, c'était dans le but de faire de vous ses épouses.
- Quoi ?
- Ses épouses ?
- Mais comment cela ?
- Mais alors, est-ce que ces hommes ont ...
- Est-ce qu'ils nous ont touchées ?
- Non. Non pas vous. Il vous destinait à être les femelle de son clan parfait, celui qu'il aurait fait ville dans sa ville idéale, celle qu'il travaillait à créer. Il ne vous a pas touchées, je peux vous l'assurer. Il vous gardait pour plus tard. Il n'a eu le temps de rien.
- "Pas vous" cela signifie qu'il y en a eu d'autres ?
- Hélas oui, d'autres qui n'ont pas eu votre "chance" si l'on peut dire.
- Et où sont-elles ?

Masha et Nandini se regardèrent et la chasseuse prit la parole.

- Elles sont mortes. Mais elles n'étaient pas d'ici. Et elles n'ont pas survécu.

Il y eut quelques secondes de silence.

- Mais ces sorciers, on est sûr qu'il n'en reste plus ?
- Oui. Lorsque nous sommes partis il n'en restait pas un seul debout. Nous avons fait ce qu'il fallait.

Les filles de blottirent dans les bras les unes des autres, sauf Ouvea, Lahili, Masha et Nandini.

- Loués soient les Illahi, Loué soit le Désert et loués soyez vous qui êtes venus à notre secours.
- Il faudra le dire aux autres, mais de toutes façon, le simple fait de savoir qu'ils ont réussi est assez pour les rassurer. Ils auraient juste voulu pouvoir venir plus tôt. Ou avoir vent de l'affaire pour empêcher tout cela mais ...
- Merci.

Fanaa hocha la tête. Elle croisa le regard de Masha et se força à lui faire un sourire. Elle n'était toujours pas sure du cas de la petite jeune fille mais ne voulait en aucun cas l'affoler. Le fait d'avoir été enlevées et séquestrées, même en étant assurées de n'avoir rien subi de plus grave, même en ne gardant pas de souvenir, tout cela restait une expérience traumatisante.

- Pourquoi nous ? Qu'avions nous fait pour attirer son attention ?
- Rien. Aucune de vous n'a rien fait. Je vous le dis, ce n'est pas votre faute. Il faut me croire.

Masha prit la main de Fanaa et celle de Nandini. Dans un drpole de réflexe, les autres filles les imitèrent et elles se retrouvèrent toutes e formant une sorte de cercle, mains dans les mains, leurs regard toujours braqués sur la Danseuse qui répéta encore et avec plus de conviction.

- Ce n'est pas de votre faute. Rien ne l'est.

Fanaa savait comment on se sentait quand on était une victime. On culpabilisait forcément. Pour les deux agressions des grottes, pour le mutisme d'Earl qui avait trouvé cela normal, elle savait que c'était injuste, mais puisque le levitis pensait que ça n'avait aucune importance, c'est qu'il estimait qu'elle avait mérité ces brutalités. Aussi une petite partie de son esprit à elle ... se disait qu'il avait peut-être raison. Il l'avait punie et fait punir parce qu'il estimait qu'elle le méritait.
Mais elle refusait que ces filles se laissent aller à penser de même. Cela faisait trop de mal, cela abîmait en profondeur. Elles n'avait fait aucune faute, n'étaient responsables de rien. Ce n'était pas leur faute tout ce qui était arrivé. Elle serra plus fort les mains de Masha et de Lahili.

- Vous n'y êtes pour rien. Je vous le promets.

Earl se tut. Sa gorge le brûlait, le tiraillait. Il était vraiment difficile de faire la différence entre une véritable gêne physique et les réminiscences des énommés.

Le silence n'était plus troublé que par le frémissement discret de l'eau et le tintement des verres.

Il voulait dormir, il en avait besoin.

Il cillait de plus en plus fréquemment et ses paupières restaient closes à chaque fois un peu plus longtemps. Sa tête retombait d'elle-même, roulant sur le côté dans le creux de la paillasse. Le Lévitis se reprenait en sursaut, tâchait de fixer ses pensées. Mais l'épuisement s'ingéniait à les rendre vagues, confuses.
A ce rythme, son corps allait le trahir avant sa volonté. On pourrait bien lui briser les phalanges une par une, il le sentirait à peine.

Earl entreprit de s'asseoir par tractions graduelles, le dos en appui contre le mur à côté du lit de fortune. De sa main valide, il tira les couvertures à lui, d'avantage pour les utiliser comme cales que parce qu'il avait froid : l'effort avait suffi à le mettre en nage. Une pichenette aurait suffi à le faire glisser sur le côté et s'effondrer comme un tas de chiffons.
Sa tête semblait si lourde...
Dans cette position, au moins, il n'avait pas l'impression de se faire engloutir par son matelas.

Le Lévitis appuya la joue contre l'enduit rugueux qui isolait l'intérieur des murs de pierre et ferma les yeux. Une seconde... rien qu'une seconde.
Sans les rouvrir, il s'adressa à Mellyna dans un murmure :
- Vous aussi vous devriez dormir un peu. Vous avez les yeux cernés. Même moi je m'en rends compte...

-C'est une décision sage, en effet.

Mellyna se retourna, ses tasses de tisanes fièrement dressées sur un petit plateau.

-Oula seigneur Earl, vous allez boire un peu d'abord.
Je vous laisserai dormir après, mais si vous recommencez à délirer, je vous réveille immédiatement.

Elle posa le plateau à terre, secoua le lévitis avec douceur, tout en vérifiant qu'elle ne le déséquilibrait pas et posa un verre dans ses mains. Il pourrait boire seul comme cela. Elle servit également Tarik et s'installa à côté du lit du blessé sur un petit tabourret.

-Je n'ai pas tellement sommeil pour le moment. Je me connais, il y a des cauchemars qui m'attendent si je m'endors et je n'ai nulle envie de les affronter pour le moment.
Vraiment pas envie...

La dédrane continua la conversation tout en sirotant son thé, comme si cette situation était naturelle.

-Pour ce qui est du climat, bizarrement, la chaleur ne me gène plus depuis que j'ai rencontré le petit dragon. Voir le soleil toute la journée est agréable aussi, il n'y a que mes arbres qui me manquent. Rencontrer des gens est agréable aussi, cela faisait longtemps que je n'avais pas autant parlé !

Un petit rire mi-gêné, mi-joyeux lui échappa avant qu'elle ne baisse les yeux, concentrée sur les reflets du liquide chaud.

Earl acquiesça mollement.
Le verre lui chauffait les paumes.
Il se sentait moite. Les fines vapeurs qui s'élevaient de la tisane ne semblaient guère engageantes dans de pareilles conditions, mais le Lévitis se força à prendre une gorgée.
Assailli par les miasmes imaginaires autant que par le parfum des plantes, il avait un peu l'impression de laisser couler dans sa gorge les suintements putrides de chairs en pleine déliquescence. Il dut faire un effort honorable pour avaler sans rien laisser paraître.

- Je n'ai pas non plus pour habitude de m'étendre en longs discours... si ce n'est pour "donner des leçons".

Earl sursauta lorsque quelques gouttes de tisane coulèrent sur ses doigts, débordant du verre qu'il avait laissé s'incliner dangereusement. La sensation de brûlure avait mis de longues secondes à l'arracher à un accès insidieux de somnolence.

Le sang qui avait imprégné ses cheveux les avait agglomérés en mèches aussi sèches et tortueuses que des brindilles. Sa peau le tiraillait comme si elle avait été couverte de sel après une baignade dans une des anses tranquilles de la côte de Lévitas. Earl n'avait nul besoin de miroir pour se représenter : pâle, vaguement fiévreux, les traits tirés et deux grandes ombres sous les yeux. Il avait selon toute vraisemblance une mine épouvantable. En tout cas il ne devait pas avoir l'allure de quelqu'un à qui on aurait donné du "seigneur" autrement que par pure politesse.

Le jeune homme se décida à vider son verre, avant que le contenu ne finisse d'abreuver les couvertures.

- Tant que les cauchemars restent assujettis au sommeil, ils restent supportables. Désagréables, mais supportables.

-Oui, ils m'inquiètent quand ils sont trop proches de la réalité... Je n'aimerai pas être à votre place.

Mellyna hésitait, elle ne savait pas combien de temps le lévitis devait rester éveillé. Le plus dur de la crise paraissait être passé et, au vu de ses blessures, il avait indéniablement besoin de repos. Cependant, les mises en garde du soldat tournaient dans son esprit.
Non, il paraissait vraiment éreinté, il lui fallait du repos. Au moins n'avait-il plus l'esprit embrumé par les médicaments.
Elle se leva, reprit les verres maintenant vides, les nettoya et les reposa là où elle les avait empruntés quelques minutes plus tôt.
Elle se demandait si Tarik avait apprécié le breuvage, vu l'expression du seigneur Earl quand il avait bu sa part, ce n'était pas son cas.

-Reposez-vous, si vous vous mettez à délirer ou à dire des choses bizarres, je vous réveillerai. Je crois que je vais m'assoupir également, ne vous inquiétez pas, j'ai le sommeil léger... Enfin, si j'en crois Thani, quand je ne m’évanouis pas...
Si vous le souhaitez, vous pouvez aller vous reposer Tarik, je reste pour veiller sur nos deux malades.

Tout en parlant, elle installa des coussins confortables au pied du lit d'Earl .

- Tu sembles en effet avoir la situation en main. D'accord, je vais y aller. Merci pour la tisane Mellyna.

Le jeune chasseur se leva et sortit sur le pas de la porte. C'était la fin de l'après midi, il avait donc passé plusieurs heures au chevet de Levitis et n'avait pas dormi depuis le combat et l'assoupissement dans le petit salon du palais. Il se frotta la nuque et rejoignit la maison qu'on lui avait prêtée où il alla s'allonger.




- Merci Fanaa. Tu sais, c'est mieux que nous sachions. Les filles du Désert font face.
- Bon, tu es libérée maintenant. sourit Lahili. Un sourire un peu forcé.
- Euh ... merci. Et désolée.
- Arrête, tu n'as rien à voir avec tout ça.
- Oui c'est vrai ... c'est un réflexe ... euh ...

Non décidément elle n'était pas à l'aise. Elle n'arrivait pas à se détendre. Fanaa se leva et fit un salut un peu raide. Pour sa défense, l'endroit de son dos qui avait cogné la cuve restait un point douloureux.

Bien. Maintenant elle allait pouvoir rejoindre la maison où se trouvait Earl. Seulement elle ne pouvait pas y entrer, c'était top risqué. Elle s'assit dos au mur extérieur, le plus loin possible de la porte afin de pouvoir réagir rapidement si l'ennemi sortit. Mais aussi pour pouvoir ne pas se trouver trop loin d'Earl. Au moins, Mellyna se trouvait auprès de lui. Elle avait confiance en la Dedrane pour faire tout ce qu'il fallait pour le sauver.

Et dire qu'elle ne voulait pas qu'il vienne à la base. Elle aurait dû rester sur sa première idée et n'aller parler ni à Earl, ni à Ridelgald. Car alors rien de tout ça ne lui serait jamais arrivé.

*Syld il faut que tu fasses quelque chose. S'il te plaît mon ange, ne le laisse pas disparaître ainsi. Il est ton ami, sauve le s'il te plait. Ael, Altarielle, Fealisèn, Syld, je vous en prie.*

Ne rien pouvoir faire. Ne rien pouvoir faire était insupportable. Et rester là à attendre ... la Danseuse aurait été bien plus rassurée si ils avaient pu retourner au Sanctuaire sans attendre. Là bas au moins il aurait pu être pris en charge par des personnes compétentes, qui savaient ce qu'il vivait.
Un miracle. Elle ne pouvait compter que sur un miracle. Mais les miracles, ce n'était pas la spécialité du l'ex-clerc.

Fanaa considéra quelques instants le petit animal sans bouger. Elle lui avait déjà fait peur une fois après tout, pauvre petit.

- Tu as l'air terrorisé ... chuchota-t-elle.

Fanaa hésita à la toucher, mais le pauvre petit semblait si épuisé qu'elle ne voulait pas risquer de lui faire faire un arrêt cardiaque si elle lui faisait de nouveau peur.

- Tu as perdu ta maman ?

Elle soupira.

- Bon. Si tu veux tu peux rester là sans bouger. Je ne te ferai pas de mal.

La jeune femme croisa les bras sur ses genoux et posa sa tête sur son coude. Ses jambes repliées et ses bras formaient les murs et le toit d'une cabane autour du bébé kirika.
Nouveau soupir. Et des pensées, des pensées dans tous les sens. Les pensées ne s'arrêtaient que trop rarement. Et dès que le désœuvrement guettait, elle revenaient, plus nombreuses, plus pressantes, des souvenirs, des réminiscences, des "et si", des "peut-être", beaucoup de possibles, des rêves aussi, des idées des ... de tout. Dans tous les sens.

Le silence de la pièce était serein, les respirations régulières. Pourtant, Mellyna ne trouvait pas le sommeil, elle réfléchissait. Avait-elle bien fait de laisser le lévitis se reposer ? Il avait l'air si épuisé. Même le cerveau a besoin de repos. L'autre le laisserait-il en paix, épuisé lui aussi ?
Elle en doutait, le soldat lui en voudrait-il de l'avoir laisser dormir ? Ridelgald ne paraissait pas avoir la solution non plus...
Devait-elle allez chercher Fanaa et essayer d'entrer à nouveau pour l'aider ? Cette dernière solution la répugnait, elle n'aimait pas s'enfoncer à ce point dans l'intimité de quelqu'un, elle ne regrettait pas d'être resté à l'entrée à la dernière tentative. Était-ce là leur seul espoir ?
Elle se tournait et se retournait sur les coussins, le sommeil était si proche, il lui suffisait de lâcher prise, elle ne pouvait s'y résoudre.

*-Tu penses trop fort, tu m'empêches de dormir... Pourquoi te prends-tu autant la tête pour cet étranger ? Ses amis n'ont qu'à le secourir au lieu de dormir. Après tout ce que tu as vécu, c'est toi qui devrait te reposer.
-Eleïr'l ! Il m'a sauvé la vie ! Combien de fois vais-je devoir te le répéter !
-Ce n'est pas une raison pour devenir sa servante.
-Je veille juste sur lui en attendant que Fynarine aille mieux...
-Tu ne veilles sur rien, tu ne trouves pas de solution !
-Je fais de mon mieux.
-La danseuse est devant la maison, elle aura peut-être une solution, elle.*

-Ah, Fanaa est revenue ? Elle se mit une main devant la bouche. La dédrane avait parlé à voix haute sans le vouloir, elle devait être fatiguée, elle aussi.

Elle se dirigea en silence vers l'entrée pour trouver une Fanaa toute recroquevillée sur elle-même.

-Que fais-tu dans cette position ?
Le soldat n'est pas là et le seigneur Earl se repose.
Tu veux entrer le voir ? J'aurais besoin de ton avis sur la conduite à tenir...
Je suis un peu perdue avec ces histoires d'empathes et de non-vivants.

Cette dernière phrase s'était dit dans un murmure, avec le ton d'une petite fille qui avoue une faute.

- Et mais qu'est-ce que ... hi ... mais veux tu bien ... ah mais ... tu me chatouilles !

Fanaa se mit a gigoter drôlement sous le regard surpris de Mellyna. Elle plongea ses mains sous sa jupe et en ramena le petite boule duveteuse, qu'elle approcha de son visage.

- Et alors ? En voilà des manières ? On ne se promène pas sous les jupes des filles voyons ! Pas si on est un garçon bien élevé.

Elle souffla sur l'animal touffu pour faire voler un peu de poussière qui l'avait recouvert et lui donna un petit coup de nez avant de le poser sur ses genoux.

- Allez, tu es sage maintenant d'accord ? Tu as faim ? Mais je ne sais même pas ce que ça mange les bêtes comme toi.

Mais peut-être que Mellyna saurait ? Elle devait mieux connaître les animaux de la forêt que ceux du désert mais peut-être la bestiole avait elle de lointain cousins qui vivaient dans les arbres ? Et qu mangeaient le même genre de chose ?
Fanaa se tourna enfin vers Mellyna et son air contrit la fit se sentir coupable. Elle n'osa pas parler du petit animal. La Dedrane était bien trop inquiète. Fanaa tapota le sol à côté d'elle.

- Assieds toi un moment. Tu as l'air épuisé.

Elle souffla encore une fois doucement sur la tête de la boule de poils.

- Alors il ne va pas mieux ?

L'expression du visage de la Dedrane en disait long. Un frisson glacé parcourut la Danseuse qui secoua la tête. Elle parla doucement.

- Je suis désolée Mellyna mais je n'en sais pas plus que toi. Je n'avais jamais entendu parler d'empathes avant lui, encore moins de non-vivants. Et quoi que j'essaie de faire pour lui, c'est toujours un échec. Je suis malheureusement très mal placée pour te donner un conseil. Mes avis ne valent rien, tu sais.

C'était la douloureuse vérité. Qu'il était triste de se savoir complètement inutile...

- Je te remercie Mellyna. Je te remercie de tout coeur d'être restée avec lui. Tu sais, ça me rassure. J'aimerais avoir une solution. J'aimerais vraiment ne pas tout laisser peser sur tes épaules. Malheureusement, je n'ai rien.

Il y avait comme une lourde pierre qui pesait dans sa poitrine.

- Je suis sure que t'avoir auprès de lui est bon pour lui. Il sent ta force, la force tranquille de la forêt. Tu lui apportes beaucoup, c'est sûr. Tu es quelqu'un de spécial.

Fanaa lui prit la main.

- Quelqu'un d'important. Et je te fais toutes mes excuses d'être aussi inutile. J'aimerais pouvoir te seconder mais je n'ai aucune idée de quoi faire. Cette situation me semble si désespérée ... Je suis sincèrement désolée Mellyna. J'aurais voulu que nous soyons de retour au Sanctuaire et que des gens du Désert le prennent en charge, des gens qui sauraient, pas des inconnues comme nous. Nous pouvons y mettre tout notre coeur, sans le savoir qui va avec, nous n'arriverons à aucun résultat. Nous pourrions causer des dommages irréparables en mettant la meilleure volonté du monde à vouloir le sauver. Et cela me fait très peur.


Quant à aller le voir, elle ne se faisait plus d'illusion dessus. Il ne le voulait sûrement pas. Comme Syld préférait Soghann, Earl se trouvait plus complet avec Ridelgald. Et comme Syld avait embrassé Sendaë, le Levitis serait mieux accompagné par Mellyna ou Fynarine. L'histoire se répétait. Les Dedrane avaient probablement dans leur nature des compétences pour soigner, cela devait aller de pair avec leur respect de la vie.
Ce peuple devait être vraiment spécial. Béni probablement, avec la mission de protéger, de secourir. Parmi eux, il n'y avait probablement aucune personne mauvaise. L'imagination de Fanaa se remettait à courir, elle les imaginait tous habités d'une lumière, peut-être divine, un peuple de protecteurs... qui avait envoyé Mellyna pour sauver Earl ! Oui c'était cela ! Ils avaient senti que l'on aurait besoin d'eux pour un miracle ! Et ils avaient choisi le Levitis, Mellyna allait réussir à lui montrer une lueur, à le guider hors des ténèbres. C'était sûr !

Les yeux que Fanaa laissait posés sur sa voisine passèrent d'un violet mat et bien trop sombre à une couleur plus intense, un nouvel espoir les ravivait. Mellyna allait être l'auteur du miracle, c'était sûr ! Les Dedranes l'avaient envoyée ici dans ce but !

- Mais raconte moi ce qui s'est passé depuis que je suis partie s'il te plait. Pourquoi Ridel est-il parti ? Je ne comprends pas. Et est-ce que quelqu'un t'a éclairé sur le vrai problème ? Sur ce qu'il a ? Qui le fait souffrir ? Ils ne t'ont pas donné de solution mais t'ont-ils fourni des explications ? Tu as parlé d'empathie ... est-ce qu'on t'a dit quelque chose ? Ou t'ont-ils laissée dans un flou total ?

Mellyna regarda pensivement le petit animal, elle ne le voyait pas vraiment, pensait toujours à l'endormi de la pièce à côté.

-Je ne suis pas sûre d'être plus utile que toi. Le soldat est parti parce qu'il... s'inquiétait trop et ne savait pas quoi faire. Un peu comme toi en fait.
Quand aux révélations, elles n'aidaient pas notre histoire. J'ai juste essayé de faire parler le seigneur Earl pour le maintenir éveillé. C'était vraiment lui derrière ces mots, je pense. Il m'a raconté pourquoi il était ici. Mais il avait l'air si fatigué que je n'ai pas osé continuer.

Pas question d'inquiéter Fanaa d'avantage en lui parlant de la fin du cadet de Ridelgald. La danseuse la regardait emplit de confiance, cela lui fit un peu peur. Peur de la décevoir et de perdre la seule amie qu'elle se soit fait depuis longtemps. Mais rester sans rien faire, pas question.
En cela elle différait de Fanaa, elle préférait faire des erreurs que de ne rien faire, même si on culpabilisait après. Néanmoins, elle comprenait l'attitude de la jeune fille, si ça avait été Lor, elle serait probablement restée paralysée par le doute.

Son regard revint à la bestiole que tenait la danseuse.

-Ces animaux doivent aimer les épluchures. Je vais nous faire un petit repas, la propriétaire m'a amené des provisions, on pourra lui donner les restes. Tu ne veux vraiment pas entrer ?

- Je ne suis pas partie pour ça ! s'exclama-t-elle.

Etre comparée au soldat ? Brrrr. Quelle idée affreuse. Ainsi elle ne valait pas mieux que cette brute ? Fanaa se sentit tout d'abord blessée de cette comparaison, car elle estimait que la fuite du grand homme n'était rien de plus qu'une lâcheté. Et puis venir pour repartir juste après, n'avait même pas été utile, à quoi est-ce que ça lui avait servi sinon à la faire fuir elle ? Encore un piège.
Mais en y réfléchissant, si elle laissait de côté ce qu'elle pensait de Ridelgald ... Mellyna avait raison. Fanaa s'était sauvée. Elle ne valait pas mieux que la grosse brute sur ce point. C'était triste à dire, mais c'était la vérité.

Elle reprit, plus doucement.

- Je ne suis pas partie pour cela, mais par peur. J'ai mal réagi. J'ai été égoïste et même lâche. J'aurais dû laisser de côté mes sentiments et mes ressentiments, celui qui est malade c'est Earl et le reste ne devrait pas compter. Je dois être courageuse et généreuse comme toi, sinon je deviendrai une mauvaise personne.
Je te remercie pour cette leçon.

Fanaa commença à se calmer. Il était bon d'apprendre des autres. Mellyna semblait un bon modèle à suivre.

- Je viens avec toi, bien sûr. Et on pourra sûrement trouver à manger pour la petite bête. Merci beaucoup !

Si Mellyna avait fait peur à Fanaa lorsque, avec les meilleurs sentiments du monde elle avait voulu l'enfermer dans une promesse, elle s'était bien plus rapprochée d'elle, là, par cette petite leçon de vie et ce qu'elle avait fait pour le Levitis. Sans compter bien entendu ce qui s'était passé dans les grottes. La Danseuse la voyait différemment, plus grande, plus belle plus ... plus tout. Une digne représentante du peuple Dédrane qui, décidément, ne devaient pas être comme les autres. Elle s'en faisait une image idéalisée et cela lui plaisait.

Fanaa se mit debout, tendit sa main à Mellyna pour l'aider à se relever et, le kirika toujours dans la main, elle entra de nouveau dans la maison. Elle posa le petit pompon vivant par terre.

- Mellyna repose toi un peu. C'est moi qui vais faire à manger.

Les filles furent bientôt servies et Fanaa, qui n'avait pas vraiment faim donna bien plus que de simples rester à la boule de fourrure !

Fanaa débarrassa et rangea. Pour revenir s'asseoir contre le mur elle longea le lit et s'arrêta quelques instants pour observer la boule de poils nichée dans les cheveux pâles.

- C'est bien d'être une petite bête qui ne se pose pas de question, on fait ce dont on a envie sans réfléchir à ce que les autres pensent ...

Elle secoua la tête et se pencha pour faire un petit bisou à la bestiole duveteuse ... et embrasser le Levitis sur le front. Soit il dormait, soit il était inconscient, elle ne prenait donc pas trop de risque.

Elle osa même prendre place sur le bord du lit.

- Mellyna, si tu veux fermer les yeux, tu peux. Tu as déjà beaucoup veillé, je vais te relayer si tu es d'accord. Je n'ai pas sommeil et je dois essayer de me rattraper.

-Merci pour le repas, c'était délicieux. Je ne m'étais pas rendue compte à quel point j'étais affamée.

Le soleil déclinait dehors, sans ses rayons brûlants, la température baissait vite. Le dragonnet revint chercher de la chaleur à l’intérieur de la maison. Il fit le tour de la pièce et vint se poser sur l'épaule de la dédrane affaissée dans le nid de coussins qu'elle s'était préparé un peu plus tôt.
Il regarda avec intérêt la petite boule de fourrure près de l'homme endormi, ses yeux tournoyèrent.
Mellyna le gronda en tapotant la petite tête du bout de l'index.

-C'est un copain de Fanaa, interdiction de le grignoter.

*-Peuh, ce n'est qu'un casse croute aucun intérêt.*

-Un "casse croute" ? Il est presque plus gros que toi ! Vantard.

En se tournant vers Fanaa, le regard turquoise avait un reste d'amour maternel qui confinait à l'adoration.

-J'accepte avec plaisir, je vais essayer de me reposer un peu. Mais que les choses soient bien claires : tu n'as rien à te faire pardonner. Du moins en ce qui me concerne.
Je me suis occupée du seigneur Earl avant tout parce que c'est dans ma nature, je n'y peux rien, et parce que je lui dois la vie. Je ne l'ai pas fait pour toi, donc il n'y a rien à pardonner et tu ne me dois rien.
Réveilles moi dans quelques heures que je prenne le relai ou si tu as besoin d'aide. Il faut que tu te reposes toi aussi. N'oublies pas de me réveiller.

Elle adoucit ce que ses propos pouvaient avoir de moralisateurs, en se levant et en déposant un baiser dans les cheveux de la danseuse assise au bord du lit.

-N'oublies pas de me réveiller. N'assume pas tout, toute seule.

La dédrane repartait s'allonger quand Thani revint de sa cueillette. A son air contrit, Mellyna comprit, avant qu'il ne le dise, qu'il n'avait pas trouvé la plante. Il regarda les deux jeunes femmes.

-Je suis désolé, je n'ai pas trouvé le Gigueali.
-Ce n'est pas grave, le seigneur Earl s'est calmé. Il se repose. Mais nous n'avons pas beaucoup avancé... Fanaa prend le premier tour de garde, moi le second...
-Je prendrais le troisième.

Sans plus de commentaires, il se saisit d'une couverture et partit s'allonger dans un autre coin de la pièce. Il se serait bien blotti contre sa dédrane mais elle veillait sur Fanaa et sur le blessé, en restant tout près.
De plus, le petit dragon le regardait d'un mauvais œil, il l'aurait juré. Son épaule le lança.
Il décida que la dédrane n'était pas en état d'entendre un sermon sur la question du dragon et ferma ses paupières avec un soupir exaspéré à l'intention de la bestiole.

Fanaa attendit un peu avant de bouger. Elle patienta jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de mouvement dans la pièce et que les seuls bruits soient les respirations lentes des personnes et animaux de la pièce. Peut-être ne dormaient-ils pas tous, mais au moins lui donnaient-ils l'impression de pouvoir se comporter comme si personne ne pouvait la voir. C'était ce qu'elle voulait. Fanaa ôta ses sandales et se leva pour se saisir d'un peigne manifestement laissé à l'attention des filles par la généreuse maîtresse de maison qui leur prêtait sa demeure. Sur la pointe des pieds elle rejoignit le lit en quelques enjambée, posa l'ustensile à gauche de la tête du malade et se pencha pour saisir un récipient d'eau et un tissu. Humidifiant le linge, elle en nettoya délicatement le visage fatigué ainsi que le cou, ayant laissé couler quelques gouttes sur le kirika par accident, elle saisit la petite bête avec douceur pour la placer à l'abri sous la chemise du Levitis. Ensuite elle s'attaqua aux cheveux raides de sang et de crasse avant de se figer dans son mouvement ... la situation rappelait par bien des côtés la toilette mortuaire de Syld ... non. Non. Ne pas penser ce genre de chose. Earl, lui, respirait. La situation n'était pas comparable. Et puis il ne valait sûrement mieux pas penser à la mort à côté d'une personne en aussi mauvaise posture, cela pouvait être de mauvais augure. La Danseuse secoua la tête pour faire fuir ses sombres réminiscences et reprit où elle s'était arrêtée. Ses cheveux redeviendraient blancs. Earl avait toujours semblé attacher une importance à sa mise, préférant paraître net, sans un pli. Mèche par mèche, méticuleusement, elle lava du mieux qu'elle put la masse capillaire, aussi bien qu'on pouvait le faire avec uniquement de l'eau, puis elle s'attaqua au démêlage, maintenant chaque mèche afin qu'il ne sente pas lorsque ça tirait. C'est qu'il en avait des noeuds ! Elle n'eut qu'une infime hésitation avant d'oser lui faire des petites tresses parsemées dans la chevelure. Et quoi, un peu de fantaisie ne pouvait pas faire de mal ! Et puis ainsi, il aurait une vraie raison de grogner, voilà.
C'était bien ce silence, c'était agréable aussi la pénombre. Elle, avec sa vision pouvait voir Earl mais lui non et les autres encore moins. C'était comme être seule avec lui, le privilège d'un rendez-vous secret ... auquel le principal intéressé n'était qu'à demi-là ... ah ... rien n'était parfait ...
A la réflexion c'était aussi bien. Lui endormi, elle avait moins à rester sur ses gardes et à craindre ses mots, ses réactions et ses non réactions.
Ses mains parcoururent le bras gauche du jeune homme, celui qui était de son côté et lorsqu'elle arriva au niveau de la main elle ne put s'empêcher de sentir tout d'abord puis de voir ensuite l'attelle qu'il avait à un doigt. Comment s'était-il fait cela ? Ses mains allaient bien quand elle l'avait laissé pourtant ! Comment faisait-il pour s'abîmer toujours plus ? A croire qu'il le faisait exprès. Tssss. Il fallait qu'il fasse attention quand même ! En voilà une faço d'entretenir l'inquiétude des autres !
Sa voix était un murmure ténu, elle ne voulait pas risquer de réveiller quiconque, mais avait envie de lui parler tout de même :

- Dans quel état est-ce que tu t'es mis ? Ce n'est pas sérieux ... Si c'était pour attirer l'attention c'est réussi. Mais tu n'avais pas besoin de faire tout ça, tu aurais pu te contenter de demander. Je ne sais pas moi, un bain, un câlin, du repos ... alala ... et toi petite bête excuse moi je te bouge une dernière fois. Voilà, de retour dans le creux du cou. Tu as bon goût, c'est une très bonne place, profite pour nous deux!

Après avoir ré installé la boule de mousse, Fanaa nettoya le torse autant qu'elle le pouvait sans retirer la dégoûtant echemise. Elle ne voulait pas prendre le risque de le réveiller, et puis la petite bestiole serait sûrement dérangée si elle la gênait encore. Se mordant la lèvre, elle dut réaliser que niveau toilette elle aurait du mal à faire plus pour lui et le recouvrit de la couverture ... avant de s'attaquer aux mains et aux bras. C'était bon de pouvoir le toucher, de pouvoir se tenir près de lui, de pouvoir le couvrir de regards tendres sans risquer de se faire rabrouer. Sans compter que s'occuper les mains, à fortiori prendre soin de quelqu'un (et de quelqu'un de spécial pour elle en plus) empêchait son esprit de ressasser des choses déprimantes, désagréables et effrayantes. Ce qui était une trêve bienvenue.

Les doigts de Fanaa s'en allaient effleurer les cheveux, le front, les sourcils, les pomettes, le menton, les joues, les épaules ... profitant de cet instant de réalité, de liberté ... son autre main s'était entremêlée à l'une des mains bronzées et toutes deux reposaient sur la couverture.

Bien. Elle avait accepté de se laisser relayer pour les tours de gardes, mais à quel moment décider que c'était le moment de passer la main ? Excellente question. Elle n'avait vraiment pas l'habitude du travail en équipe.

Fanaa s'arrêta de respirer et s'immobilisa. Il avait bougé. Il avait bougé, non ? Fallait-il réveiller les autres, appeler quelqu'un ? Mieux valait peut-être vérifier si tout allait bien avant de prendre une décision. Son regard semblait vide, mais peut-être était-ce seulement parce qu'il ne distinguait rien ? Elle se pencha au-dessus de lui de façon à ce qu'il puisse distinguer les deux petites lueurs violettes qui étaient les iris de Fanaa puis passa doucement sa main devant les yeux dorés pour voir si il réagissait, puis la posa sur son front.

- Comment te sens-tu ? chuchota-t-elle.

L'entendait-il seulement ?

Earl cilla et tressaillit faiblement au contact.

- Qui...

Sa gorge sèche parvenait à peine à laisser filtrer un murmure ténu aux inflexions rauques.
Il referma les yeux un instant.

- ... j'ai mal...

Le kirika redressa d'avantage les oreilles, avant de se réfugier dans une des niches ménagées dans le mur, là où on posait habituellement une lampe à huile le soir.

- ... mal à la tête.

L'animal s'était sauvé juste à temps car le Lévitis roula sur le côté avec un spasme nauséeux.
Pourtant rien ne vint. Earl n'avait rien avalé de solide depuis trop longtemps et son corps refusait de gaspiller le peu de liquide qu'il avait pu absorber.

Le Lévitis resta un moment la tête au bord du lit, une main crispée sur le matelas. Finalement il se laissa retomber contre l'oreiller, le souffle court et le front moite.

La température avait considérablement chuté. Sans doute faisait-il encore chaud, mais l'écart entre le jour et la nuit avait de quoi saisir. Les couvertures aux vives couleurs pouvaient soudain sembler à peine suffisantes... et la compagnie d'une lampe éteinte bien froide.
Avec un couinement étouffé, le kirika dégringola de son poste d'observation pour revenir se fourrer tout contre la peau frissonnante.

- Cht, calme toi, tout va bien. Tu n'es pas tout seul regarde tu as un nouvel ami tout poilu ! Mais tu trembles ! Tu as froid ?

Il avait le front très chaud, pourtant il tremblait. Ce devait être la fièvre. Dire qu'elle l'avait nettoyé pour le rafraîchir ! Et résultat il frissonnait maintenant. Ah bravo.

- Je suis désolée ... Attends, laisse moi une petite place, attention Boulmouss', voilà. Ca va mieux ?

Elle se glissa sous la couverture et s'allongea sur lui, puis se mit à lui souffler de l'air chaud dans le cou. Comment pouvait-il avoir froid ? Elle trouvait l'atmosphère tiède, peut-être même un peu trop. Bon elle était placée. Maintenant il fallait que sa température à elle monte assez pour l'affecter, lui. Mais selon son niveau de fièvre, le réchauffer ainsi allait peut-être prendre du temps, trop de temps.

- Ca va ? Tu sens quelque chose ? Ou tu préfères que je réveille Mellyna pour lui emprunter sa couverture ?