La Lanterne Rouge

Avant de partir la maquerelle avait dévoré du regard avec fierté les mouvements compliqué que Miki infligé à sa nouvelle favorite, elle devait bien sûr formaliser le poste, mais elle savait que dans peu de temps ce serai bientôt la Shalos qui remplacerait Ania dans la luxueuse chambre des délices. Ce serait bientôt elle qui représenterait la Lanterne rouge, elle pour qui les plus riches clients se battraient. Malgré le nombre important de tatouage qu’elle possédait entre les cuisses, la demoiselle était parfaite, et surtout elle était Shalos, c’était évident que dans les bordels les Shalos devait être tête d’affiches.

Parcourant les dédales de la Lanterne Rouge, elle se dirigeât tout droit au troisième étage, passât le dortoir des filles, le cagibis de Miki, ses propres quartier et allât frapper à la lourde porte du propriétaire.

Elle du attendre quelques secondes, et la porte s’ouvrit seule sur la salle obscure. De cet appartement la maquerelle ne connaissait que l’énorme salon, servant également de bureau de bibliothèque et de salle a manger au mettre des lieux. De cette pièce, les fenêtres donnaient coté rue, mais de lourd rideau bloquaient toute lumière, si bien que seules quelques bougies éclairaient le vaste salon. Etant shalos, les yeux de la dame s’habituèrent assez vite a ce manque de clarté, ne voyant aucun signe du maître des lieux, la Shalos resta sur le seuil de la porte. Guettant l’une des deux entrées elles aussi cachées sous des rideaux similaires cachaient ce qu’il se passait de l’autre coté. Après quelques instant de patience, un homme surgit de l’entrée derrière le bureau, comme a son habitude le propriétaire était cacher sous un masque blanc, le reste de ses vêtement étaient élégant, noir, simple, et ne laissait découverte aucune partie de sa peau. Même la couleur de ses cheveux restait un mystère pour la gérante du bordel. Si ce n’était au son de sa voix, elle n’aurait jamais su que son patron était un homme

Il l’invita à s’asseoir, et se dirigea lui aussi vers un siège autour de la cheminée. Bien qu’elle était éteinte il la fixa, et ce alors que la maquerelle commençait son rapport. Elle commença comme toujours par les chiffres de la veille, le nom des clients qu’elle connaissait, une description sommaire des autres, et les événements notables de la soirée La demoiselle possédait une mémoire titanesque, qui lui permettait de se prêtait a cet exercice sans l’aide d’un seul écrit. L’homme quand a lui avait sortit un crayon de bois et un cahier, et griffonnait dessus de temps a autres. Il avait l’air de ne donner aucune attention a ce qu’elle disait. Une fois qu’elle eut finit son rapport de la veille, elle commença celui de la journée.

-Comme vous aviez demander, j’ai emmené les musiciennes acheter de nouvelles partitions dans le quartier Mediovien.

Il tourna la tête vers elle, apparemment plus intéressé par cette information que par les chiffres précédents. Le masque blanc du propriétaire des lieux était un simple ovale, en forme de demi œuf inversé, dans lequel il y avait deux ouvertures pour les yeux. La maquerelle n’avait jamais réussi a distingué la couleur des yeux de son patron.

-Elles se mettront à répéter ces morceaux après la répétition de la danseuse, avec un peu de chance, elles les maîtriseront d’ici demain soir, et la Torche pourra les interpréter dans peu de temps. Elle est plutôt douée.

L’homme acquiesça.

-Avant que je ne quitte la salle, elle commençait quelques porté avec notre Miki … d’ailleurs j’ai surpris ...

Elle hésita un instant ne sachant pas si cet information valait le coup d’être partagé, puis elle se dit que mieux valait ne rien lui cacher

-Elle et Miki …
-Demain c’est la fin de la semaine.

L’homme masqué lui avait coupé la parole. Déstabilisée, la demoiselle acquiesça sans ajouter un son. Le maître des lieux termina sa penser

-Demain, ce sera Thalia

La maquerelle, ne s’y attendait pas. Elle lui lança un air dépité.

-Monsieur, les clients commence déjà a se battre pour elle, j’espérais …
-Ce sera elle.

Elle se tut fasse au ton plus sévère qu’il avait employé.

-Et vous l’amènerez le jour suivant dans mon bureau, afin que je la fasse des nôtres.

Sachant combien il valait mieux ne pas le contrarier, elle resta silencieuse un moment. Il demandait alors.

- La Dédrane ?

Dame Tahni encore un peu refroidit par le sujet précédent répondit sans s’attardé

-Toujours aussi combative. Presque deux semaines. Dans deux jours exactement.

Le silence se fit.

-Un couturier viendra lui faire une robe en fin d’après midi, mais je veux qu’elle joue sa musique avec les autres au moins ce soir. Cette fois ne vous contentez pas de l’enfermer et de l’affamer. Battez là si elle ne coopère pas.

Il lui fit signe qu’il en avait fini. Elle se leva fit une révérence et se dirigea vers la porte, alors qu’elle s’ouvrait comme par enchantement pour la laisser passer, l’homme masqué déclara sans hausser le ton.

-Vous me l’amènerez après-demain en même temps que Thalia ... ce sera l’occasion de faire d’elle aussi l’une des nôtres, et de lui parler moi même... Je ne veux pas vous voir entre temps.

Après une heure de répétition, la chorégraphie était construite, travaillée, améliorée, et enfin maîtrisée. La musique s’arrêta sur les dernières notes, et le couple de danseur se sépara. Miki en était assez fier, il continua à fixer la danseuse un moment après la fin de la musique tout en reprenant lentement son souffle. Danser avec elle était autrement plus exaltant, passionnant, jouissif qu'avec Ania, mais aussi beaucoup plus. Puis une voix le fit revenir à la réalité

-Je crois que vous êtes prêt pour ce soir.

La maquerelle était revenue. Elle était accompagnée par un jeune homme, que Miki savait être un couturier très en vogue dans la ville. Si il était ici aujourd'hui c'est que l'une des filles allait être mise en valeur.

-Miki, va chercher Ania, tu dansera également avec elle, il faut que vous répétiez.

Elle se tourna vers les trois musicienne.

-Restez ici, aider les à répéter, et ensuite vous travaillerez les nouvelles mélodies.

Enfin elle intéressa à Souris. Son visage s'adoucit et son ton également. Il était rare de la voir si douce avec l'une de ses filles.

-Petite souris, je te félicite. Ce soir tu joueras ce morceau avec les autres. Je suis ravi que tu fasses des efforts. Veux tu me suivre ? Nous allons te préparer pour ce soir.

Dame Tahni en tête, la petite expédition suivit les couloirs jusqu’au grand dressing où chaque jour les filles se maquillaient, s'habillaient et se préparaient. Elles n'étaient que deux a cet instant de la journée dans cette salle, elle observaient un adolescent de 16ans, petit aux yeux noisette au visage innocent et aux cheveux brun, assis sur un énorme coffre, fixant le mur devant lui afin d'essayer d'ignorer les catin qui s'amuser à user de leur charme à distance sur lui. L'adolescent et le précieux coffres étaient tous deux intrus dans cette demeure, comme l'indiquait les enseignes mélangeant le ciseau et le fil dorée sur le coffre et la veste de l'apprentit. Quand la maquerelle ouvrit la porte, les deux filles cessèrent de regarder le garçon rougissant et se turent. Quand au garçon il se leva et attendit les ordres de l'homme qui suivait.

Dame Tahni s'arrêta sur le seuil et posa une main sur l'épaule de souris, tandis que le couturier allait retrouver son apprentis et déverrouillé le coffre

-Voici, les coulisses a proprement parler de la Lanterne Rouge.

Elle l'emmena jusqu’à la plus petite table adossé contre un mur. Une simple chaise, une table branlante et sur le mur, un simple petit miroir rectangulaire.

-Ceci est ta place, c'est ta coiffeuse. Bien sur elle n'est pas très luxueuse, mais fait un bon travail et tu sera récompensé.

La maquerelle s’arrêta un instant.

-Je veux dire, joue bien de ta flute pendant les soirée, et tu aura une meilleur table.

Elle s'était empresser de se corriger.

-Bien sur tu n'a pas encore beaucoup de produit de beauté, mais chaque soir, il va falloir que tu te maquilles et que tu t’habilles decement pour plaire à nos hommes. Pour ce soir, tu demandera a l'une des filles de te prêter ses produits.

Dame Tahni se retourna. Les deux filles qui étaient là quand ils étaient arrivé avaient déjà disparut. Elle se concentra de nouveau sur la gamine.

-Il faut que tu sois jolie. Tu y arriveras ?

Miki garda les yeux baissés le temps que la maquerelle sorte de la salle. Quand il les releva, la danseuse avait disparut.

Soudain avant qu'il ne puisse la chercher plus loin du regard la grande double porte, celle en face de la porte d'entrée, la double porte ouvragée de la chambre des délices, s’ouvrit. Ania en sortit, droite, fière et hautaine. Elle siffla

Elles sont parties ?

Et les musiciennes. C'était son tour d'avoir un éclat rouge dans le regard, mais celui ci était meurtrier.

-Garces ! Toutes les deux ! Dame Tahni ne l'a jamais cirer les chaussure comme elle le fait pour cette traînée de Torche. Je suis certaine qu'elle va bientôt me retirer ma chambre pour la lui donner. C'est injuste.

Elle descendit et allât s'asseoir parmi les musiciennes. Elle se fichait complètement de la présence de Miki, qui s'assit également, attendant que l'orage passe et que la demoiselle consente à se mettre à répéter.

Laissant là les répétitions de danse, Thalia avait préféré fuir en toute discrétion. Elle n'aimait pas beaucoup Ania. Les deux seules fois où elles s'étaient vues, ca s'était soldé par des regards antipathiques, et elle ne doutait pas que ce n'était que le début. D'ailleurs, ce devait être plutôt contagieux car dès qu'elle s'aventura dans le quartier des femmes, la danseuse eut l'impression non pas d'entrer dans une ruche, mais dans une cage. Les fauves étaient à leurs préparatifs et ne se gênaient pas pour lui administrer leur dédain et leur dépit en l'épiant du coin de l'oeil. Même si la jeune femme ne paraissait en faire que peu de cas, les épaules légèrement voûtées, elle rejoignit sa petite table. Heureusement que la maison de Shalanos lui avait permis d'emporter son paquetage. Jamais elle n'aurait eu le cran de demander un prêt aux autres catins de la Lanterne Rouge.
Assise bien droite sur son tabouret rembourré, Thalia s'observa dans le miroir ovale, légèrement craquelé sur les bords. Son menton légèrement volontaire vint se loger dans sa paume de main tatouée, et ses beaux yeux en amande détaillait son reflet, tandis que son autre main effleurait ses affaires. Des rubans rouge vif et blanc, de la dentelle noire. Des flacons de verre de toutes sortes et tailles, ses épingles d'écaille qu'un adolescent fou amoureux lui avait données une nuit, son peigne, encore fiché dans ses cheveux épais. Et sans pudeur, elle se mit à défaire son col haut. Poitrine à moitié nue, elle se baissa afin de chercher dans la petite armoire jouxtant sa coiffeuse. De nouveaux vêtements pour ce soir. Elle eut un soupir inaudible en sortant une de ses vieilles robes à lacets. Celle-si avait bien vécu, se dit-elle en se levant, sous les regards aigus des autres. Sans y prêter plus attention, Thalia défit ce qui lui restait de vêtements et enfila le vêtement rouge flamboyant. S'examinant sous toutes les coutures, elle se trouva correcte. Le dos n'était plus aussi nu, barré par de longs lacets dorés.

"Pas mal." S'autorisa-t-elle à dire, avec une moue cynique.

Ses yeux pâles accrochèrent les anneaux qui dépassaient de son petit coffret à bijoux, et sans attendre Thalia se rassit, détachant ses cheveux. Ôtant ses grosses boucles cuivrées, elle fit passer les fins anneaux brillants. Redessinant d'un trait fin et noir les courbes de ses paupières baissées, la jeune femme finit par reposer le pinceau. Et se contempla.
Elle ne sut combien de temps elle resta immobile devant ce fichu miroir, à boire le bleu de ses iris.
Mais quand brusquement elle revint à elle, les bavardages allaient bon train dans la salle. Prenant garde à ne pas se frotter les yeux, elle referma ensuite le coffret, à double-tour, et remit la clef en pendentif autour de son cou d'oiseau. Il lui fallait aller voir comment ça se passait avec la Souris et Miki. Même si elle n'était pas autorisée à circuler comme bon lui semblait ici, elle ne se posa aucune question, tête haute et moue hautaine. Quoique... N'était ce pas la silhouette de sa Maîtresse au fond ? Alors Souris ne devait pas être très loin. En catimini, Thalia décida de s'approcher.

Alors que Dame Tahni observait la jeune fille, que les autres filles entrèrent dans les coulisses. L’adolescent ne bougea pas, pendant un moment il interrogea du regard son maître qui lui n’avait pas quitter des yeux la maquerelle. Les filles commencèrent à se déshabiller, et le jeune homme ne sut plus quoi faire, quoi penser, quoi regarder … il était perdu.

La maquerelle et la gamine approchèrent, et le garçon pu se concentrer sur elles. Elles semblaient toutes deux l’exact opposé, une jeune, innocente et timide, l’autre vieille, effrayante et incroyablement sure d’elle. Une fois qu’elles furent proche d’eux, dame Tahni s’adressa a la jeune fille.

- Petite Souris, je te présente Kemiss et son apprenti Hisky, ils vont te fabriquer une robe, juste pour toi. C’est un cadeau de ma part.

Sans quitter la maquerelle des yeux Kemiss fourra un mètre dans la main du garçon, puis s’adressa enfin a Tahni.

- Excusez-moi madame, mais il reste encore deux ou trois points du contrat qu’il faut que l’on définisse. Peut-on en parler en priver pendant que mon apprentis prends ses mesures ?

Et les deux adultes s’éloignèrent.

Hisky n’était pas préparer. Enfin, il savait exactement ce qu’il avait a faire, mais il n’avait jamais imaginé qu’il devrait le faire seul, sans chaperon dans une salle rempli de fille à moitié nu et face à la seule qui semblait intimidé. Il resta un moment étourdi, le mètre en main, incapable de bouger. Puis il se mit à imaginer que c’était comme le faire dans la boutique, comme il l’avait déjà fait un million de fois. Il commença a parler.

- Pouvez-vous vous mettre devant ce grand miroir, droite, les épaules en arrière, la tête haute, les bras tendu ?

Le jeune garçon commença alors son travail mesurant, sa taille, la longueur de ses bras, la largeur de ses hanches, son tour de tête, la circonférence de ses avant bras, et tout un tas d’autres mesures farfelues. Il avait le geste sûr, et notait tout sur un petit schéma. Mais la concentration n’était pas là, il jetait des regards en coin au reflet dans le miroir.

Cette jeune fille n’était vraiment pas la même que le reste des filles de ce bordel. Elle était belle ! Mais pas belle comme les autres qui faisait exprès, et se cachait derrière les artifice. Non, elle était belle. Simplement, purement, naturellement belle.

Hisky chercha quelque chose à dire tout le temps qu’il lui fallut pour prendre les mesures, mais rien ne lui vint à l’esprit. Et quand il eut finit, il lança un regard vers son maître toujours en pleine conversation un peu plus loin avec dame Tahni.

-Bonjour, moi c’est Hisky ! C’est moi et mon maître qui allons faire une robe qui vous mettra en valeur. Non pas que vous en ayez besoin … vous êtes …

Il se mit a rougir et a perdre ses moyens. Un nouveau regard en direction de son maitre et il se repris. Il se mit à sourire.

- Comment vous vous appelez ?
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Dame Tahni quand a elle n’avait vraiment pas apprécier que le couturier ne vienne le déranger. Et pour une discussion qu’ils avaient déjà eu a de multiples occasions

-Je veux Ania !

La patronne du bordel eut un rictus

-Tu auras ton payement la nuit où la robe arrivera comme d’habitude

Le maître ne desserra pas ses dents

-Vous savez ce que je veux dire, je veux Ania ! Je sais qu’elle vous fait amasser une petite fortune à elle seule depuis des années, sa dette ne devrait pas être aussi élevé.

Quelques filles se retournèrent, Dame Tahni leur lanca un regard noir qui les encouragèrent a quitter la zone.

-Ne parlez pas si fort !

Dame Tahni détestait parler des dettes par lesquels elle tenait ses filles devant elles, mais si ils allaient dans leur bureau, alors la discussion allait encore traîner en longueur.

-Ania est une fille de qualité ! Une putain Ilymis, c’est plutôt rare.

Elle l’entraîna un peu plus loin dans la pièce vers un endroit isolé

- De plus elle danse bien, illumine la pièce de sa présence et sais rendre les hommes rapidement accros

Le couturier planta son regard dans celui de la maquerelle.

-Je sais tout cela, mais avec moi, elle est naturelle, elle m’aime vraiment, et je l’aime.

Tahni dévisagea son interlocuteur. Mon dieu qu’il était jeune, mais il était aussi beau et très talentueux. Si il ne dépensait pas tout son or a vouloir être avec l’une des seule fille de la ville qu’il ne pouvait pas avoir il serai également très riche. Le pigeon parfait.

Elle évalua la situation, elle ne pourrait indéfiniment refuser les offres de plus en plus généreuse de cet homme, il avait d’ailleurs déjà triplé depuis longtemps le prix de la dette restante de la traînée. [/]

- Je viens d’acquérir deux spécimens, aider moi a rendre belle celle-ci, et l’autre, une femme encore plus belle et plus talentueuse, remplacera Ania dans le bordel d’ici une semaine.

[i]Le couturier parut sous le choc. Il bégaya

- plus b-belle … plus talent-t..

La maquerelle se mit à rire

-Evidement ! On l’appelle la Torche, et n’illumine pas seulement la pièce, elle l’enflame, emportant le cœur des homme avec elle. Venez donc la voir demain quand vous reviendrez.
-Demain ?

Décidément cet homme était un peu lent

- Evidement demain ! La robe doit être prête pour après demain, il faut bien qu’elle l’essaie avant qu’on ne l’acquisse voyons. Et puis demain c’est la fin de la semaine, la première de la Torche, c'est particulier, le meilleur jour pour venir l’admirer. Je vous ferez entrer gratuitement.

Le garçon faisait son travail, lui jetant des coups d’œil. Après hésitation, il prit la parole. Ce qui surprit Souris.

Je... Je ne suis personne ici.

Son regard se voila. Elle n'avait pas prononcé un mot depuis qu'elle était arrivée dans le bordel. Sa voix était un peu enrouée mais s'éclaircit rapidement vers quelque chose de mélodieux, qui rappelait les Forêts Dédranes

Je ne suis rien. Mais on m'appelle Souris.

Elle avait l'air si résignée... désespérée. Seule. Fragile.

Le jeune apprenti avait été choqué par la réponse de la fille. Comment pouvait elle n'être personne ? Surtout si son maître avait été mander pour lui faire une robe. Quoi que de plus en plus souvent ils devaient venir voir ces femmes que Hisky trouvait vulgaire. Mais celle ci n'avait rien de comparable aux autres. Quand elle reprit la parole sa voix avait pris plus de chaleur, et la douceur de cet accent lointain fit frémir le jeune homme.

- Souris ? C'est drôle comme surnom !

Elle avait encore changer de posture pour parraitre encore plus petite chétive qu'elle ne l'était.

- Ça vous va plutôt bien, et pas du tout a la fois. Une souris ca va tout faire pour fuir le danger, mais ça a la force pour survivre et s'adapter a tout les environnements envers et contre tout. Par contre une souris on la crains et on la chasse, alors que vous, on a plutôt envie de s'attacher, et de vous apprivoiser.

Il parut choqué par ces propres paroles.

- Non pas que l'on puisse vous apprivoiser ... non vous rester un être humain ... je veux dire .... oh

Kemiss et Tahni étaient revenus ! Tout deux avec un sourire au lèvre. Retournant a sa tache, le maitre saisit la feuille de mesure et la parcourra d'un œil distrait.

-Bien, ce ne sera pas trop dur d'en faire une belle femme ! Comment voulez vous sa robe ? Il me semble avoir un tissu avec des motif de la teinte exact de ces cheveux. Hisky !

Le jeune homme ne se fit pas prier, il ouvrit la malle et pour chercher l'étoffe en question, mais Tahni posa sa main sur le couvercle.

-Non, je sais exactement ce qu'il lui faut : Du blanc ...

Les deux couturiers regardèrent silencieusement la maquerelle, le blanc n'était guère courant pour une putain.

-Vous êtes sûre que ...
-Parfaitement !

Puis elle s'adressa à sa Souris du même ton mielleux qu'elle avait utiliser.

-On a finit de t’embêter ma jolie, prépare toi pour ce soir... Oh bien sur tu n'a pas encore de robe à toi ! Dans la grande penderie là bas tu trouvera les robes communes ! Ce sont celle que toutes les filles peuvent emprunter alors elles sont peut être un peu usé, mais il faudra en prendre soin, et les remettre sur le portant quand tu aura fini. On se retrouve tout à l'heure.

Elle se dirigea vers la sortie en lançant à Kemiss

-Faites donc descendre votre malle, et rejoignez moi dans mon bureau que je vous décrive exactement la robe qui lui faut

Souris leva un sourcil. Ce garçon... lui faisait-il des avances? il avait l'air assez maladroit et... Elle rougit discrètement.

- Mais je ne suis pas sure de vouloir vivre et m'adapter dans cette cage.

Son maton et le maître tailleur revinrent. La maquerelle lui donna des instructions de sa voix mielleuse. Souris baissa la tête puis la hocha. Elle s'était replongée dans son mutisme, les yeux éteints. Lorsque Thanis sorti enfin, Souris posa son regard sur le petit apprenti. On pu y voir de l'espoir. Elle attendit d'être certaine que le garçon ait fini ses mesures.

Négligemment adossée sur un paravent de bois tendu de lin, Thalia contemplait la scène avec distance. Oh bien entendu, il ne s'agissait que d'une expression. La jeune femme mettait toujours ce point d'honneur à paraître détachée, voire désinvolte dans ses gestes, c'était ce qui faisait son charme après tout, auprès des clients. Ses yeux pâles, froids pour la plupart, scrutait les gestes d'Hisky.
Les bras croisés sur une poitrine plutôt mince, les pommettes saillantes, elle paraissait une femme plutôt sévère, contrairement à tous les papillons parfumés et maquillés à l'excès. Et curieusement, Thalia semblait... Enfin à en voir son expression à présent plus effacée.. Qu'elle veillait sur Souris. Plutôt une réaction étrange. Mais après tout, les catins comme elle on en rencontrait peu.
Sur ses lèvres carminées se dessinait une ombre de sourire alors que les paupières tombaient, voilant quelque peu l'inquisiteur de ses pupilles. Un peu d'attendrissement surtout. Elle pencha la tête sur le coté comme elle le faisait si bien. La mégère qui leur servait de maquerelle était partie, nota-t-elle avec un dédain souverain. Et elle choisit de se détacher de son support de bois gravé, pour avancer vers eux, l'air aussi peu interessé que possible. Levant une main plutôt protectrice, Thalia effleura une mèche de cheveux brune de la petite Souris, et toisant le petit apprenti. Le détaillant d'un regard au début oeil amène, elle finit par se radoucir.

" Oh.. On te fait une robe."

Alors que Kemiss observait la maquerelle partir, et tandis que Hisky fixait la jeune fille, l'une d'entre elle leur adressa la parole. Hisky sursauta alors que Kemiss, perdu dans ses pensées, continuait à regarder l'ouverture par laquelle avait disparut la patronne des lieux.

Après un instant a espérer que son maitre répondrait, Hisky pris l’initiative.

-Je crois qu'on a finit ... mais on va se revoir dans ...
-Dépêche toi, on y va.

Remis a la réalité par le baragouinage de son élève, Kemiss avait soulevé l'un des coté du coffre. Son apprenti n'avais pas prévu ce brusque sursaut d’énergie, mais il se remua rapidement, pris l'autre coté et en moins d'un instant Kemiss semblait tirer le coffre et le jeune homme vers la sortie

-Salut Souris !

Puis ils disparurent dans le couloir.

Les accompagnant d’un regard souverainement condescendant et impassible à la fois, Thalia reste immobile quelques instants. Puis, quand ils furent hors de vue, la grande jeune femme se tourna vers la petite demoiselle aux cheveux bruns. La danseuse était impressionnante de par son attitude distante. Qu’un sourire chaleureux vint briser. Recroisant les bras sur sa robe rouge, les reins cambrés sous les lacets de vieil or, elle avait eu un sourire, un vrai celui-ci, qui réchauffa les yeux en amande qui habituellement rendait son visage volontaire glacial et sévère.

« Ce sont des tailleurs ? »

Fait encore plus rare, elle lui parla aussi. Dieu seul savait qu’elle n’était pas bavarde. Thalia la contempla de la tête au pied. Elle aussi avait noté la bobine et les ciseaux qu’il y avait sur la malle de l’apprenti qu’elle avait dérangé dans sa tâche. Ils allaient donc lui faire une robe ? Pourtant Tahni ne lui avait pas semblé femme à faire des efforts aussi coûteux pour une rebelle. C'était étrange, songea-t-elle avec une vague ombre qui lui passa sur le front.

« Il va bientôt être l’heure. »

Un soupir discret suivit sa remarque indifférente. Et elle allongea la main, pour tapoter l’épaule de Souris.

« Tu veux que je te prépare ? »

Thalia avait elle aussi sursauté, croyant voir un diable qui sortirait de sa boîte. Deux yeux verts flamboyants, qui étaient bon à vous coller un frisson. Sans faire un geste pour le chasser, la jeune femme attendit crispée que le félin eut fini de parader et sorte de la pièce, pour reprendre son souffle.

« …Sale bête, finit-elle par lâcher entre ses dents serrées. Je lui ferais la peau un de ces jours. »

Puis se souvenant qu’elle n’était pas seule, Thalia reprit son calme et jeta un regard froid aux filles qui les observaient. Une fois bien reprise, elle tira un tabouret de dessous le coiffeuse, et laissant la Souris devant l’armoire quelques instants, elle revint avec un tabouret un peu abimé mais encore confortable.

« Vas-y pioche. »

Gentiment, elle l’invita à choisir. Poussant les robes communes et usées, elle retira quelques vêtements. C’était les siens, ceux qu’elle avait emmenés avec elle quand elle avait « emménagé » ici. Avec un vague sourire, elle passa la main sur le velours un peu défraîchi d’un corsage pourpre. Le dépliant, la prostituée le détailla. Il n’avait pas trop souffert. Bon bien sûr… Elle avait dû le repriser plusieurs fois, les clients impatients déchiraient régulièrement la ceinture. Un petit haussement d’épaules. La Souris était encore effrayée par la sortir impromptue de la bestiole.

« Tu préfères commencer par les robes ? »

Elle lui parlait doucement. Un peu comme à quelqu’un qu’on tentait d’apprivoiser. Pas mielleusement comme le ferait leur Maitresse, mais d’égale à égale. Elle lui tendit une main pour l’aider à faire son choix. Dans sa paume de main, un œil qui semblait l’observer. Ce n’était qu’un tatouage. Encore quelque chose d’inhabituel pour une catin. Mais comme Tahni le disait sans que Thalia ne puisse l’entendre, elle était un bon investissement. Et apparemment Souris aussi.

"Elle ressort bien avec tes yeux."

Sobre compliment. Thalia la contemplait de pied en cap, puis glissa sur le coté, pour observer leurs deux reflets. Ses prunelles s'attachèrent plus particulièrement sur le dessin delicat qu'élégant des feuilles de lierres qui couraient sur la soie. Une élégance étonnante pour une fille de rue. Enfin sans doute ne l'était-elle pas, se disait Thalia, silencieuse. Elle-non plus n'était pas une moins que rien, réduite à vendre ses charmes. Enfin, c'était il y a longtemps. Puis elle secoua légèrement la tête, faisant tinter ses anneaux.

"Allez, mets-la !"

Doucement, Thalia releva la chevelure de la dédrane. Examinant et soupesant les jolies mèches brunes, elle paraissait réfléchir. Et se rendit compte qu'elle ne la connaissait pas, et qu'après tout elle était bien jeune.

"Tu vas l'essayer... Derrière mon paravent."

Encore une chose que la catin avait emmenée de Shalanos. Un paravent de papier. Fragile et décoloré par endroit. Un cadeau d'un.. Admirateur. D'un geste gracieux de la main, elle fit une petite pirouette, étirant ses membres, pour lui présenter l'abri improvisé sous le meilleur jour possible.

Thalia qui pour la première fois, se mit à rire. A rire. Ce n'était en rien moqueur, ni humiliant. Paupières baissées et la main devant la bouche, elle laissa s'exprimer son hilarité d'un timbre clair pendant quelques instants, avant de pencher la tête, rouvrant les yeux, pour les glisser sur la Souris. Puis la femme s'approcha d'elle.

"Juste.. Quelques secondes."

Avec délicatesse et pudeur, Thalia remonta doucement la glissière sur le dos nu de sa cadette. Dégageant avec soin la nuque pour éviter de coincer quelques mèches imprudentes, la prostituée se recula légèrement, scrutant la robe d'un oeil acéré. C'est que ça lui allait à merveille en plus. Une tenue qui n'était pas provocante, et qui mettait bien ses formes juvéniles en valeur.

"Tourne toi pour que je puisse... Ah oui.. Vraiment bien."

"Et maintenant, c'est là que je vais m'amuser."

C'était un changement d'esprit assez foudroyant. Thalia était souriante et presque enthousiaste à l'idée de jouer à la poupée avec la jeune fille à coté d'elle. Comme une expression d'un sens maternel refoulé depuis longtemps. La catin lui prit la main tranquillement et l'amena à s'asseoir sur le tabouret le plus confortable, devant sa coiffeuse. Puis arrangeant leurs robes de façon à ce qu'il n'y ait aucun pli, Thalia rapprocha le sien.

"Alors, je vais te donner l'exemple pour ce soir. On va prendre mes produits en attendant que ta musique te paie bien. Tu es prête ?"