Lac Ryma

Elle flottait, flottait dans un lieu paisible, chaud, doux, bercée par une vibration rythmée...
Une légère secousse vint perturber la sérénité de l'endroit.

"Hummm...?"

Citation :

Mademoiselle ! Mademoiselle réveillez vous !

"Lyrev...?"

Non, la voix ne collait pas du tout. Elle s'extirpa à regrets du sommeil, ouvrit les yeux. Roulé en boule au creux de son cou dormait le chat, ronronnant. Tout n'avait-il été qu'un songe? Non, elle se souvenait de tout si clairement, elle n'avait pas pu simplement rêver. Elle tourna doucement la tête de droite, de gauche. Pas de jeune homme. Alors il était redevenu félin...? Se redressant, elle se posa la main sur le ventre. Entra en contact direct avec la peau. Elle était nue...
Hey, mais dans ce cas qui appelait...?
Son esprit se désembruma soudain. Elle croisa les bras sur sa poitrine, se recroquevilla.

"Qui est là!? Répondez que je sache où vous vous trouvez! Pourquoi m'avez-vous réveillée? - Le volume de sa voix augmentait à chaque phrase. - Où suis-je? Que voulez-vous? Vous n'avez pas honte de venir vous rincer l'oeil comme ça?"

Danger. Elle sentait l'elixia se concentrer dans ses mains...


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Un inconnu s'était approché de sa Maman et de son Copain Poilu redevenu poilu. Ne sachant trop que faire il s'était rapproché, avait attendu.
Et voilà que sa Maman criait!
L'inconnu devait être méchant!
Le petit Phéazarix se précipita pour se mettre entre sa maman et le grand deux-pattes. Il étendit les plus possible ses petites ailes et siffla d'un air menaçant en direction de l'homme. La température monta d'un cran. Ses plumes ressemblaient vraiment à des flammes...

Elle avait l'air désorientée, complétement perdu, il hésita entre la rassurer en la tenant par les deux épaules et s'éloigner pour respecter sa pudeur qu'elle cachez mal. Il pris l'un des vêtements sur le sol.

Tenez, enfilez cela, vous serez ... Mais qu'est ce que ... Allez va t'en de là !

Un monstre de feu avait fait son apparition, et s'était établi entre lui et la demoiselle. Véritable boule de feu, il semblait prendre une position menaçante. Devant la volonté de l'animal de rester, Dide sortit sa rapière, et la pointa en direction de la petite bête. Prêt à l'embrocher a la moindre attaque envers lui ou la femme.

Je suis soldat de Médievir. Savez vous ce qu'est cet animal, et ce qu'il fait sur les bord de Ryma ? Il a plutôt l'air d'être originaire du sud ?

*De la terres de ces fils de chewgal de fédoriens* pensa t il. Il regarda mieux l'animal, et baissa quelques peu son arme. Une idée lui avait traverser l'esprit

Il est a vous ?

*Enfiler quoi?*
Elle tendit un bras devant elle, brassa l'air, jusqu'à entrer en contact avec du tissu. Elle saisit et tira d'un coup sec. Posa sur elle, tâta. C'était sa robe.
Avant qu'elle ait le temps d'essayer de l'enfiler, un sifflement furieux, un crissement d'acier dégagé du fourreau.

Dide a écrit:

Je suis soldat de Médievir. Savez vous ce qu'est cet animal, et ce qu'il fait sur les bord de Ryma ? Il a plutôt l'air d'être originaire du sud ?
Il est a vous ?

Non seulement ce type venait se mêler de ce qui ne le regardait pas, mais il menaçait Eyrol en plus! Sa colère enfla.

"Soldat de Medievir hein? Ils ne testent pas votre intellect avant de vous recruter je suppose, ou vous auriez été recalé, sans aucun doute. Pareil pour les manières!
Cet animal est un Phéazarix, il s'appelle Eyrol et oui, il est à moi. Au son, je dirais qu'il cherche à me défendre contre ce qu'il a perçu comme une agression, et que vous, n'écoutant que votre grand courage, avez tiré votre lame face à une si menaçante créature, pas plus longue qu'un avant-bras et qui ne doit pas vous arriver au genou... Quel dangereux monstre!
Dites-moi, ça fait partie de vos attributions de garde de venir poser la main sur les jeunes femmes aveugles qui font un somme tranquille au bord du lac? Vous vous êtes dit que vous pourriez me sauver des affreux risques que l'on court lorsqu'on fait un rêve agréable? Ou vous avez juste envie de me casser les pieds?"

-Calmez vous !

Elle était devenue folle. Son flot de mot sans queue ni tête semblaient lui reprochait chaque action, ne serait ce que celle d'exister. Sa colère semblait communicative ca Dide s'empourpra a son tour.

-Et taisez vous donc malheureuse, et remerciez plutôt les eaux du lac que ce soit moi qui soit passer par içi. Votre cécité ne se limite pas a votre vue, mais a aussi atteins votre bon sens, d'après vous combien de temps se serai écouler avant qu'un autre ne passe ici, et s'aurai pu être n'importe qui ! Un voleur, un violeur, ou simplement une bonne âme avec moins de retenu face a cette créature. Ryma vous protège, vous en êtes bien peu reconnaissante.

Il se calma un peu, et ajouta même si son ton laissait présumer le contraire

Si vous croyez que votre beauté ou votre cécité vous donne une excuse pour que je pardonne vos humeurs, croyez bien que vous vous trompez.

Il rangea sa rapière, et recula de deux pas sans quitter la boule de feu des yeux.

Je me nomme Dide Labedeli. Je vais m'éloigner de quelques pas et vous laissez vous vêtir tranquillement. Ensuite si vous le désirer je serai heureux de vous aider, moi et ma monture pourrons vous conduire où vous le souhaitez.

Il s'exécuta, un sourire au coin des lèvres.

*Remercier les eaux du lac de sa présence? Mais il est malade lui!? Pour qui il se prend? Il me ferait presque regretter l'autre rustre de chasseur de Lun. Il était brutal et mal dégrossi, mais au moins il ne donnait pas l'impression de... dégouliner! Et me "laisser" me vêtir, comme si j'avais besoin de son autorisation... Il ne m'a même pas passé mes sous-vêtements ce crétin.*

L'aveuglement que provoque la colère, venant en sus de sa cécité, lui fit oublier toute pudeur. Elle se leva.

"Messire Labedeli, vous me donnez l'impression de quelqu'un qui se prend pour ce qu'il n'est pas: un noble et courageux gentleman qui aurait une quelconque autorité sur moi. Ce que vous êtes en réalité, c'est un pleutre fat, prétentieux, condescendant, sans pouvoir et machiste.
Si quelqu'un de dangereux s'était présenté..."

Il fallait qu'elle décharge cet elixia qui s'était concentré tout seul. Elle eut un geste de la main, vers sa droite. Cinq longs et profonds sillons parallèles creusèrent la terre.

"Il serait mort. Et vous n'auriez servi à rien. Ce serait plutôt à vous de remercier Eyrol, s'il ne vous avait pas fait reculer et si vous vous étiez avisé ne serait-ce que de m'effleurer une seconde fois, ce sort aurait été pour vous, et il aurait fallu chercher longtemps avant de retrouver l'ensemble de vos membres éparpillés. Vu?
Je ne vous demande aucune aide, et il y a plus de chance de voir Levitas choir que de me voir vous présenter des excuses. Avec tout le non-respect que je vous dois, je vous prie de croire que vous et votre monture pouvez bien aller vous jeter dans les bras de Valnor.
Allez, viens Eyrol, tu peux cesser d'effrayer le monsieur."

Ceci dit, Lynn s'accroupit et tâtonna autour d'elle jusqu'à mettre enfin la main sur le reste de sa tenue. Sans s'inquiéter de ce que pouvait bien faire le médiovien, elle s'habilla,puis se rassit à côté du chat, toujours roulé en boule, mais qui avait cessé de ronronner.
Le phéazarix vint prendre sa place habituelle sur son épaule tandis qu'elle prodiguait quelques caresses au félin.

Sa première tirade était aussi vide de sens que les précedente, quoi qu'elle fit mouche quand elle lui lança "sans pouvoir". Il avait attein son violon, et allait répliquer quand elle fit montre de ses pouvoirs. Surpris, Dide en resta d'abord bouche bée. Puis il se reprit, et alors qu'elle s'habillait, il profita de sa cécité pour ne pas perdre une miette de ce spectacle. Prenant ainsi une maigre et vile vengeance sur ses paroles. Puis il répondit.

Vous vous bercez d'illusion si vous pensez que nul ne peux vous surpasser en puissance et manquez cruellement de jugement pour insulter une main qui vous prête assistance. Je vous ai demandé ni respect, ni excuse au contraire. C'est peut être moi qui devrait m'excuser d'avoir risquer la mort afin de m'assurer que vous ne couriez aucun risque. Et ne me dites pas que vous étiez assuré de courir aucun risque. On ne prend pas des mesures si radicale si l'on n'est pas conscient d'un danger potentiel.

Il s'était assit dans l'herbe et avait sortit son instrument de son étuis, il commença a jouer la musique bien connu et enjoué de "Le Sexe du Mal"

Vous n'avez besoin ni d'aide, ni de protection, comme vous me l'avez montrer, même si ce n'était pas évident. Ainsi laissez moi finir un ... ce que j'ai a faire, et je repartirai vers Médievir. Accompagnez moi si vous désirez connaitre la direction. Sinon, bon vent ! Comme dit votre peuple il me semble !

Ainsi cet importun était toujours là. Super, il était du genre collant...

Dide a écrit:

Je vous ai demandé ni respect, ni excuse au contraire.

Ben voyons. De mauvaise foi en plus. Dire ça juste après avoir prétendu qu'elle aurait dû être reconnaissante d'avoir été mise en son auguste présence et suggéré... comment avait-il formulé ça? "que votre beauté gnégnégné soit une excuse pour que je vous pardonne vos humeurs"? Alambiqué, grandiloquent, lamentable. Peut-être croyait-il faire un compliment? Stupide.

Dide a écrit:

d'avoir risquer la mort afin de m'assurer que vous ne couriez aucun risque

Mais oui, évidemment. Comme si ça ne s'était pas vu qu'elle était bien tranquille. Non content de se rincer l'oeil, il fallait qu'il touche oui. Vicelard. Et cette façon de parler, comme le héros tragique d'un mauvais mélodrame... À vomir. Et ce ton moralisateur...

Un spécimen de mâle humain basse catégorie typique.

Heureusement, il existait des anges... Elle gratouilla la tête du chat.

Urrrgl! Et maintenant, non content de ne pas avoir décampé, il lui cassait les oreilles. Ce n'était pas, mais alors pas du tout la musique appropriée. Impossible de se laisser aller à une douce rêverie avec ça!

"D'accord, d'accord, d'accord! Faites votre les-vents-savent-quoi en silence, et si vous avez vraiment besoin que je vous escorte en ville au cas où un vilain Phéazarix sortirait de derrière un buisson pour vous roussir sauvagement le bas du pantalon, je viendrais avec vous jusqu'à ce que vous vous sentiez en sécurité. Et vous pourrez même échanger des clins d'oeil en route avec les gardes que vous croiserez en les laissant croire que je suis la conquête que vous n'aurez jamais, de toute façon je ne vous verrai pas faire. Mais de grâce, taisez-vous!"

Dide arrêta de jouer cette mélodie satirique, et en commença une plus profonde. Des longues notes grave se succédaient, douces, chaudes, lourdes, donnant un son détendu, puis les sons s'assombrirent, un voile de mystère s'insinua sur la musique, cachant l'harmonie sans la briser. Jusqu'au silence, alors des notes plus aigüe se firent entendre d'abord espacé puis se rapprochant rapidement jusqu'à se succéder à une vitesse folle, elle formait une symphonie légère et bienfaisante. Dans un accord final, le barde mis fin à sa sérénade. Et garda le silence un moment

La musique terminé, il savait que cela avait échoué. Encore. Il leva les yeux au ciel pour voir le soleil le narguer de ses rayons. Rien ne lui rendrait ses dons.

Alors, il rangea son instrument, se leva.

Merci d'avoir eu la patience. Je suis prêt.

Il amena sa monture prés de la demoiselle.

Voulez vous que je vous aide ?

Cette fois, la musique du médiovien était agréable, à l'oreille comme à l'âme. Menée à son terme avec brio, sans fausse note, elle apaisa l'humeur de Lynn.
Quelqu'un qui jouait comme ça pouvait avoir tout les défauts, mais sans doute pas un mauvais fond. Elle décida de suspendre son jugement et de lui laisser une autre chance.
Lorsque l'homme se déclara prêt, la levitis se leva, et prit dans ses bras le chat endormi.
Le musicien fit approcher sa monture.

Dide a écrit:

Voulez vous que je vous aide ?

Elle avait suffisamment d'expérience pour enfourcher un cheval, même dans sa condition. Mais elle allait avoir besoin de ses mains. Et elle répugnait à confier Lyrev à un étranger...
Après un long moment d'hésitation, elle s'y résigna toutefois.

"Tendez vos bras. - elle tendit la main pour "voir" ce qu'il faisait. - Mais non pas comme ça! Approchez un peu. Là. Et positionnez-vous comme si deviez porter un bébé. Hu, on dirait que ça ne vous est pas souvent arrivé. Ah, voilà. Maintenant... - elle posa doucement le félin - Ne bougez plus! "

Elle s'installa sur le cheval du médiovien.

"Vous pouvez me le rendre maintenant, puis en route. Et faites attention surtout!"

Qu'est ce que ?

Il avait eu du mal a voir ce qu'elle souhaitait qu'il fasse, pensant d'abord qu'elle voulait être soulevée. Quand elle lui tendit l'animal, il s'exécuta. Seulement celui ci ne comptait pas se laisser faire, et s'échappa des bras du médiovien maladroit.

Mais ! Raaah...

Il courut après mais le matou se faufila négligemment.

Reviens ici !

Il disparut dans les fourrés.

Dide siffla et son cheval trotta vers lui. Il monta agilement derrière la demoiselle et attrapa les rênes d'une main et serra la taille de la demoiselle de l'autre. Le Phéazarix, cette créature étrange ne le gênait plus, il regardait par dessus l'épaule opposé, l'excitation de la chasse occupait son esprit.

Avec votre permission, on va essayer de rattraper votre chat. Prenez appuie sur mes pieds. Ca vous va ?

Impatient de partir au galop, Dide n'attendait plus que l'accord de la dame.

Lynn regarda partir le chat. Elle sentit passer une vague de tristesse comme elle le voyait s'éloigner à toute vitesse. Au bonheur, à la colère, au radoucissement, succédaient maintenant l'abattement, la mélancolie.
Toute à ses pensées, elle ne protesta pas quand une main se posa sur sa taille.

Dide a écrit:

Avec votre permission, on va essayer de rattraper votre chat. Prenez appuie sur mes pieds. Ca vous va ?

Et si... et si elle devait ne jamais le revoir? Douleur. Elle fut tentée d'accepter la proposition du médiovien, et même de le prier de se dépêcher. Et puis...
C'était un félin. Il était venu à elle librement. Il était normal qu'il s'en reparte de même. elle n'avait aucun droit sur lui.

"Non, laissez. Il ne m'appartient pas, il est entièrement libre de ses mouvements.
De plus, vous pensez sérieusement que ça va le rassurer de se faire poursuivre par un cheval au galop? Et vous croyez vraiment pouvoir attraper un chat de cette façon? On va se rompre le cou oui!
Si vous voulez vous rendre utile, vous pouvez me déposer devant l'auberge du Centre, merci. Et pas besoin de presser votre monture..."

Elle décida de ne laisser transparaître aucune des émotions qui l'habitait.

"Oh, et si cette main que je sens tente le moindre déplacement dans une direction qui soit contraire à la bienséance, jamais plus vous ne pourrez jouer d'un instrument de musique."

Dide regarda une dernière fois dans la direction par où été parti le chat. La demoiselle le privait d'un plaisir. Dommage. Quand elle se plain de la manière dont Dide la tenait celui ci retira sa main

Excusez moi ! Allons y ! A la maison !

Et le cheval se mit en route. Dide fit un nœud avec les rênes pour ne pas qu'elle ne traine, puis il les lâcha.

Désolé pour votre chat. J'aurai du le maintenir plus solidement, mais je n'ai pas l'habitude avec ces animaux. Ni avec votre drôle de lézard.

Il s'éloigna un peu sur la selle peu convaincue que les plumes de l'animal ne le brulerai pas.

A propos, vous ne m'avez toujours pas révélé comment vous vous nommez et ce que vous faites dans la région.

direction les rues

Les filles débarquèrent à toutes jambes vers l'étendue aigue-marine de Ryma. Crinière de flammes et boucles de nuits colaient au vent, accompagnées des rires de Fanaa. Elle ne s'arrêta qu'un instant, le temps d'envoyer valser ses chaussures puis fila pieds nus dans l'herbe douce.

Elle avait repéré le fauve, énorme tigre rouge un peu plus loin.

- Sheitaaaaaaaaaaaan !

Fanaa lâcha la main de Nuada resserra sa prise autour de sa peluche - euh ... non du chat - et accéléra encore. Sa joie la portait, elle dévala les quelques mètres qui la séparaient encore du fauve sacré, posa vite fait le félin au sol et sauta littéralement au cou de son cher tigre de feu.

- Oh Sheitan! Sheitan !

Elle enfouit son visage dans les poils doux et chauds de la grosse bête, puis émit une drôle de bruit entre le ronronnement et le pépiement.

Pendant ce temps le chat faisait sa toilette, remettait en place ses poils décoiffés par le voyage cahotique puis s'asseyait pour observer le chat rouge énorme tandis que sa queue battait la mesure.

Le fauve émit un grognement étouffé, puis recracha avec autant de distinction que possible les arrêtes qui étaient restées coincées dans sa gorge. A en juger par la taille des arrêtes en question, il avait réussi à pêcher des poissons gros comme de jeunes moos.

Il se dévissa la tête pour adresser un coup d'oeil à Nuada, et l'adolescente lui répondit par un sourire et un haussement d'épaule fataliste.

- Nee shela, Sheitan.
- Groumpf !

Ayant plus ou moins donné son opinion par une éructation qui fleurait bon la vieille sardine, il se laissa étreindre et papouiller avec un air de vague embarras.

Réprimant un rire qui aurait pu être vexant pour le fauve géant, Nuada ôta à son tour ses fragiles chaussons de cuir fin et retroussa ses pantalons flottants. L'eau fraîche clapotant entre ses orteils lui tira un soupir de contentement.
Ah, après cet interminable trajet dans la moiteur étouffante de la carriole, c'était un vrai délice...

- Je suis tellement contente de te revoir Sheitan !!!

Fanaa lui faisait des mamours et des caresses, le cou, la tête, les oreilles, le "jabot", les grands poils chauds et doux. Elle souriait, des étoiles dans les yeux, puis tourna la tête pour voir ce que faisait Nuada. Comme ce n'était pas très gentil de la laisser toute seule et de n'en avoir qu'après le tigre géant, Fanaa s'en détacha, alla poser son sac à poupées à côté du chat, le gratifia d'une caresse sur la tête puis rejoignit la jeune femme aux cheveux rouges.

Elle lui tendit les mains puis recula dans l'eau, l'invitant à la suivre.

- Viens, si tu veux nager il va falloir que tu aies de l'eau un peu au dessus des chevilles ! On va rester là où tu as pied hmmm... là où l'eau t'arrivera au nombril. Ensuite l'eau te portera et moi aussi. Ca va faire un peu comme quand tu étais dans le ventre de ta maman mais en plus froid. Ensuite on ira se sécher sur un arbre ! Tu vois on va pouvoir faire tout ce dont tu avais envie !

Nuada laissa fuser un rire perlé.

- Shiga, comme si je me rappelais de ce que ça faisait d'être dans le ventre de eka !

Elle haussa les épaules avec amusement et, dédaignant avec superbe la plage de galets léchée par les vaguelettes, alla se percher sur un rocher plat qui pointait d'une zone plus profonde. A quatre pattes sur la pierre, elle observa d'un oeil vif les poissons qui se faufilaient dans les eaux plus sombres, accrochant les rayons du soleil tels des flèches d'argent.

- Commencer là où les pieds touchent le fond, ce n'est pas amusant.

Elle leva un bras puis l'autre, étendit successivement les jambes sur le côté, tout en gardant un oeil sur les poissons.

- Mes bras et mes jambes sont mes nageoires... bon.

Sans la moindre gêne, l'adolescente dénoua les lacets qui fermaient son corsage plutôt minimaliste et le laissa tomber sur le rocher. La large ceinture à pendeloques suivit le même chemin, bientôt rejointe par le pantalon flottant.
Dans le plus simple appareil, tout juste vêtue de la royale parure de sa longue chevelure de flammes, Nuada s'étira avec un ronron de satisfaction sous les doux rayons du soleil.
Une, deux, et elle plongea dans l'eau. Un éclair cuivré, les flammes rouges qui se tordent un instant sur l'onde, puis elle disparut.

Sheitan émit un rauquement vaguement inquiet comme son absence se prolongeait. Mais au moment où il faisait mine de quitter sa place sur l'herbe, Nuada réapparut à quelque distance. Elle toussa, cracha, et éclata de rire.

- Héya, c'est froid ! Vraiment bizarre !

D'une main, elle repoussa les cheveux qui lui collaient devant les yeux.

- C'est comme si on ne pesait vraiment rien et en même temps c'est plus dur de bouger. Je trouve ça amusant.

Avec la vélocité et la souplesse d'une anguille, elle fila à nouveau sous l'eau pour n'émerger que beaucoup plus loin.

- Sheitan, viens !

Le fauve répliqua par un grognement dubitatif, déclenchant l'hilarité de la jeune fille.
- Ah, gros flemmard, tu as pêché tes poissons depuis les rochers sans mouiller plus qu'une patte ! Carra, c'est à lui qu'il faudrait apprendre à aller dans l'eau, je crois !

Apparemment peu enthousiasmé par cette perspective, l'intéressé coucha les oreilles en arrière et se coucha de tout son long dans l'herbe. Il avait l'air de dire "je suis trop bien ici, vraiment...". Histoire de donner davantage de poids à son argument, il se roula sur le dos et entreprit de se frotter l'échine avec les herbes et les fleurettes de la berge.
Eh quoi, pourquoi aller se mouiller le poil dans le grand miroir froid, alors qu'on pouvait très bien rester à se tiédir le ventre sur la terre ferme ? Les deux pattes avaient de ces idées...

Sheitan était dans une pause qui invitait au calin. Ah aller vers lui et poser la tête sur les poils tout chauds de son ventre ! Le caresser encore et encore, passer ses mains dans sa fourrure ... et puis lui faire des bisoux sur son museau. Et Puis l'écouter respirer, être apaisée auprès d'une telle source de chaleur et somnoler ...

Elle songea à envoyer de l'eau sur l'énorme fauve, après tout elle n'en était pas si loin, mais laissa cette idée de côté. Pauvre Sheitan, il avait sûrement peur de s'éteindre si il s'immergeait dans cet élément contraire au sien !

- Sheitan regarde, tu vois Nuada est toujours là et elle va bien. Les esprits de feu peuvent aller dans l'eau sans crainte !

La tête de Fanaa tournait pour regarder Sheitan puis Nuada, hésitant quant à la personne à rejoindre. L'esprit de feu avait visiblement peu de mémoire mais une très forte capacité d'adaptation. Première fois dans l'eau et aucun souci pour flotter et trouver les mouvements à faire. La main de Fanaa monta effleurer la boucle d'oreille que Nuada avait bénie et sourit.

- Ou alors il a peur du dragon...

La jeune fille releva brusquement la tête, surprise de ses propres mots. Elle regarda le fauve sacré, puis le chat un peu plus loin et braqua son regard sur lui. Ce-dernier cligna des yeux et s'allongea.

- Un dragon ? Il y a un dragon ici c'est vrai ?

Sa question n'était pas vraiment pour le chat. Elle n'était pour personne en fait, Fanaa se demandant d'où lui était sortie cette idée. Non c'était plus qu'une idée, c'était une certitude.

- Ooooooooooooooooooh! Nuada il y a un dragon au fond du lac, il faut qu'on aille le voir !

Elle plongea et descendit, descendit encore. L'eau la rafraichissait, la portait, l'enveloppait. Dans l'eau elle se sentait bien, sans raison elle s'était toujours réfugiée vers une surface aquatique lorsqu'elle avait voulu s'isoler ou se changer les idée. Sans raison particulière, juste parce qu'elle s'y sentait bien. Et elle apprenait que son cher lac Ryma était le nid d'une nouvelle grosse bête avec laquelle jouer ? Mais c'était fantastique !

Après quelques minutes (2 ou peut être 3) qui parurent assez longues au chat, Fanaa creva la surface de l'eau et de fait, arrosa le félin. Elle mit quelques secondes à reprendre son souffle mais avait la mine réjouie.

- Je ne l'ai pas trouvé !

*Tu m'étonnes.* se dit le chat en s'ébrouant et reculant du bord *il est bien trop profond!*

- Mais j'ai entendu une musique ... et puis si il est là il y a sûrement un moyen de le voir.

Se maintenant à la surface par des mouvements de jambes, Fanaa posa son index sur sa lèvre inférieure et fronça joliment les sourcils, en pleine réflexion.

- Il faut sûrement aller plus au centre et beaucoup plus profond. Sauf que même si je suis bien dans l'eau, je n'y respire pas, moi...

La jeune fille se retourna vers l'être sacrée, tout aussi dans l'eau qu'elle.

- Il y a des dragons dans ton pays ? Tu en as déjà vu toi ? C'est gros comment ?

Prise d'une idée soudaine, Fanaa se tapa le front de la paume de la main.

- Oh mais je ne t'ai pas demandé : pourquoi c'est Sheitan qui t'accompagne et pas Rayah ? Elle est où Rayah dis, Nuada ?

Nuada haussa gracieusement les épaules sur lesquelles ruisselait ses longs cheveux à peine assombris par l'eau.

- Ah bah, comme s'il n'y avait qu'un seul type de dragon ! Et puis ça dépend de l'âge, aussi. Il faut bien qu'ils commencent par sortir d'un kaya... euh, d'un...

Elle réunit les mains en coquille avec un froncement de sourcil, cherchant le mot adéquat.

- D'une sorte de... d'oeuf, quoi.

L'adolescent renversa la tête vers le ciel d'azur avec un drôle de sourire.

- J'en ai déjà vu un, oui, même s'il dormait encore. Mais il vient tout juste de s'éveiller alors qu'il n'y avait plus personne pour l'appeler...

D'un battement de jambes, elle regagna la rive et sortit en souplesse de l'eau. Les bras levés pour essorer ses cheveux, elle se retourna à demi vers Fanaa pour répondre aux dernières questions.

- Dah, Rayah est restée avec Nuadi... enfin elle doit être en train de faire la tête dans un trou des falaises rouges, sans doute. Elle boude, elle est jalouse. Mais ça fait mal d'être séparé de son ren'ka, de son âme jumelle. Donc Sheitan est venu.

La jeune fille alla s'installer contre le flanc chaud du fauve qui avait enfin daigné rouler sur le ventre, et se mit à remuer des orteils dans les touffes de trèfle d'un vert tendre.

- En plus Sheitan, ce gros paresseux, la viande de moo lui manquait. La viande du désert court plus vite, et elle est moins fondante sous la dent, hé ?
- Grmm... graou...

L'énorme tigre rouge affalé battait doucement de la queue tandis qu'il pensait à ses proies. Et cette queue gigotante faisait bien plus envie au chat qu'une pelotte de laine. Elle disait "viens, viens m'attraper!"
Le chat hésitait car il savait bien qu'au bout de la queue il y avait un lointain compatriote qui ne ferait de lui qu'une bouchée mais l'appendice insistait "alors ? Cap ou pas cap ?"

*Cap!*

Le félin se coucha sans bouger, guettant sa proie, prêt à réagir et ... il bondit ! Il atterrit juste à l'arrière de l'immense fauve et donna un premier coup de patte à ce super jouet. Car c'était un jouet génial, qui bougeait, une proie amusante ! Le chat était fou, il oubliait tout le reste, il jouait ! Sautant sur la queue, donnant coup de patte, mordillant un peu, bondissant en arrière, revenant à l'attaque ! Yahoooo !!!

*A l'abordage !*

Les moustaches de Sheitan frémirent et il décocha un regard oblique vers son arrière-train, ou plutôt vers le matou qui avait l'audace de confondre sa queue avec un jouet. L'agitant avec un peu plus d'énergie, il tenta de la soustraire aux "attaques" du chat.
Peine perdue, cela ne faisait bien sûr que l'exciter davantage.

Le fauve lâcha un véritable soupir d'agacement.

En plus ce damné "chat" - à l'odeur tout à fait saugrenue, d'ailleurs - n'avait même pas l'excuse d'être un bébé.
Les petits, on les supporte un peu tant qu'ils ne sont pas assez grands pour prendre des taloches et assimiler le fait que cette drôle de chose qui bouge n'est pas là pour leur servir à se faire les dents.

Sheitan s'étira assez brusquement et, comme par inadvertance, une de ses pattes arrière vint cueillir le chat au vol. Le fauve avait fait patte de velours, gardant les griffes rentrées, mais ses coussinets s'étaient glissés tout en douceur sous le ventre du matou et l'avaient soulevé sans aucun mal...
*plouf*

Satisfait par l'élégante parabole effectuée par son projectile -bah quoi, il avait le droit de jouer à la balle aussi, non ? -, il reposa sa grosse tête sur ses pattes avec un rictus qui ressemblait à s'y méprendre à un sourire hilare.
Nullement dérangée par le mouvement soigneusement contrôlé du fauve, Nuada ne se priva pas de rire.

- Teï ! Jolie trajectoire !

Le chat eut juste le temps de réaliser qu'il était dans les airs, de s'en, trouver surpris - car un chat, ça ne vole pas - avant de sentir l'eau partout autour de lui. En quelques coups de pattes il refit surface juste à temps pour entendre le compliment de Nuada.

*Merci, je trouve aussi!*

Il commença à nager vers le bord de l'eau quand il sentit Fanaa se saisir de lui. Il poussa un miaulement plaintif pour jouer au pauvre petit chat martyrisé.

- Pauvre petit minou ...

Il miaula encore. Fanaa le calinait et le tenait tout contre elle pour le sortir de l'eau. Et cette fois pas comme si elle portait un doudou, ce qui était bien plus confortable. Merci le tigre ! Maintenant elle allait gronder son monstre et Lyrev serait son seul chouchou ... cool !

- ... il ne faut pas embêter Sheitan tu sais !

*Mais c'est lui qui ... et tu le défends quand même ?*

Fanaa le posa à terre et s'essora les cheveux.

- Dommage que j'aie gardé ma robe pour nager, je n'ai rien pour te frictionner.

Le félin leva le nez, boudeur, et s'approcha de Sheitan afin de s'ébrouer tout son content, puis s'approcha de Nuada pour flairer son ventre et y poser délicatement une patte humide aux coussinets froids. Lyrev ronronna.

- Mais tu es tout mouillé, ne reste pas à côté de Nuada, elle va attraper froid ...

Le chat baissa une oreille. *Je suis un chat, pas un vent glacial, encore moins un microbe, je ne rends pas les gens malades voyons.*

Mais bon, puisqu'il était indésirable auprès de Nuada - qui elle-même n'était pas sèche donc c'était injuste qu'il se fasse gronder - il sauta sur le dos de Sheitan et posa ses pattes avant sur la tête du tigre.

- Non non, pas sur Sheitan ! Ciel, descends tout de suite !

Il tourna la tête et baissa les deux oreilles, il semblait faire la grimace. Fanaa se troubla.

- Oh. Tu n'aimes pas ce nom. Pourtant ça t'irait bien Ciel, non ? Tu as un œil de ciel et un œil de soleil ...

*Non. Ciel ce n'est pas moi. Tu connais le pouvoir des noms, tu ne devrais pas jouer avec.*

Pourtant Ciel était un beau nom. Un très beau nom. Le genre de nom que porte un ange. En face d'elle il n'y avait qu'un chat. Pas un ange. Il avait raison.

- D'accord.

*Je m'appelle Lyrev.* Reprit-il sans la regarder, tandis qu'une de ses pattes jouait avec l'oreille pointue du gros tigre. Il ne lui faisait pas mal, bien sûr, il n'y mettait pas les dents, comme avec la queue, mais qu'il la remue était drôlement rigolo !

Il ne précisa pas son autre nom. Il ne l'aimait pas trop. Et puis ça aurait donné raison à la jeune fille et fait tomber sa faible défense à lui, à l'eau. Lyrev sauta au sol avant de trop agacer Sheitan et alla se planter devant lui, à quelques centimètres à peine de ses pattes. Puis il commença sa toilette.

Le tissu gorgé d'eau de la robe de Fanaa lui collait au corps et ce n'était pas très agréable. Un peu lourd. Nuada avait de la chance de pouvoir rester vêtue de sa seule chevelure ...

Fanaa tordit sa robe pour en exprimer l'eau et s'assit en tailleur, démêlant ses cheveux aux doigts.

- On devrait peut être s'éloigner, on est trop repérables ici. Les gens avec toi vont te chercher. Il faut qu'on profite de ce qui reste de la journée et ce soir tu pourras retourner avec ceux qui t'accompagnent. Le lac est grand, on n'a qu'à en faire le tour, il y a d'autres arbres par là-bas !