Manoir d'Earl

- Gnnn ?

L'assassin fronça les sourcils et fit de se main un écran, se protégeant les yeux de la vive lumière à laquelle il était exposé. Avec un grognement, il se redressa, et se passa une main sur le visage, tentant de se rappeler où il était et ce qu'il faisait à terre.

Puis tout lui revint, et c'est avec angoisse qu'il porta de nouveau le regard sur ses paumes. Vierges de toutes traces, de nouveau. Sa cicatrice avait retrouvé, elle aussi, sa pâleur habituelle. Avec une moue dubitative, il reboutonna sa veste puis enfila ses gants.

Une petite voix lui disait que ce n'était peut-être pas définitif. Même s'il ne savait pas exactement à quel point, il était parfaitement conscient d'avoir joué avec le feu pour sauver Syld. Qu'il en porte les marques ne serait que normal, ou du moins les séquelles du transit qui avait eu lieu.

Il s'en soucierait plus tard. Achevant de retrouver ses esprits, il posa le regard sur Syld. Qui aillait parfaitement bien, pour ce dont il pouvait juger. A part cet oeil rouge, toujours rouge. L'assassin tressailli. Les deux étaient rouges, à présent. Rouge sombre, bordeaux, pas aussi visibles qu'avant. mais rouges tout de même.

Il essaya d'articuler quelque chose, mais ne réussi à émettre qu'un croassement rauque. Après s'être éclairci la gorge, il parvint enfin à dire :

- Je crois que je me suis évanoui aussi.

Puis, il jeta un coup d'oeil aux fenêtres, avant de trouver du regard une Lucy en larmes, ce qui lui fit hausser un sourcil :

- ... mais combien de temps ?

Syld se tourna vers Lucy.

- Euh...
- Snirf.
- Sans doute depuis un petit moment, finit par déduire Syld après un rapide coup d'oeil vers les fenêtres.

Il ramena ses jambes sous lui et, s'agrippant à la lisse, parvint à se redresser. Il se retourna sans lâcher la rambarde et observa son reflet dans l'immense miroir à cadre doré.
Il tourna la tête d'un côté puis de l'autre avec une moue.

- Ca va être plus difficile à cacher, maintenant.

Il baissa le nez vers la main qui ne tenait pas le rebord de marbre puis ouvrit et ferma le poing.

- Surtout si...

Le jeune homme força son elixia à travers ses doigts comme s'il avait encore eu ses gants-griffes. Un frisson le secoua et il se retrouva plié en deux par dessus la rambarde, le souffle coupé, les doigts crispés sur son épaule.

- Ah...

Il consulta le miroir qui lui renvoya l'image d'une paire d'yeux d'un rouge flamboyant.

- Bonjour la discrétion. Enfin...

Il se décida à détacher les doigts de la marque. Elle le brûlait comme une entaille à vif, mais c'était tout.

- Mais toi, tu es sûr que ça va ? Ce que tu as fait, c'était prendre un risque absolument... absolument...
- Snirf... inconsidéré.
- Oui c'est ça. Euh... oui.

Syld considéra Lucy qui ne cessait de renifler.

- Enfin je... Qu'est-ce qu'on fait maintenant ?

Il se sentait tout prêt à repiquer du nez sur le carrelage, mais la vision du sang qui avait éclaboussé les premières marches l'aida à rester debout.
Earl... il avait vraiment voulu le tuer. Vraiment.
Syld ressentit un début de nausée à cette idée. Peut-être qu'il était réellement un monstre qui avait besoin d'être enfermé, tout compte fait...

Soghann fit la moue avant de se relever souplement. Du moins, c'était son intention, mais un vertige le fit presque retomber aussitôt. Il avait dépensé beaucoup de sa force vitale dans le processus... S'appuyant d'une main contre le mur, il toisait Syld qui venait de découvrir ses propres séquelles. Vraiment pas une bonne chose, se dit-il en grimaçant.

- Inconsidéré peut-être, mais ça a marché. Inutile de se poser plus de questions.

Lui même n'osait pas tenter d'utiliser son elixia, de peur de découvrir ce qu'il pourrait arriver à ses mains ou à sa cicatrice. Il essayerait en temps voulu, peut-être quand il aurait recouvré ses forces. Son regard erra sur la tache de sang qui maculait le carrelage.

- Quant à ce qu'on fait... Bonne question. Vu l'état général des troupes, je pense que quelques heures de repos ne seront pas de trop. Ni toi ni moi ne sommes en état de courir après qui que ce soit, donc autant attendre Earl ici et en profiter pour retrouver des forces.

Coulant un regard vers Lucy, il ajouta :

- Je ne sais pas pour toi, mais tout ça m'a sérieusement creusé.

Syld opina un peu mollement. Il se sentait à nouveau couler, ses jambes lui semblaient faites de coton.
Soghann aurait pu dire n'importe quoi qu'il aurait probablement acquiescé de la même manière. Cependant il ne put s'empêcher de tiquer sur le fait d'attendre Earl.

- L'attendre...

Et s'il ne revenait pas ?
Ou pire, s'il revenait ?

Pire ?

Il se mordit la langue pour se punir de cette pensée. Non, il fallait qu'il revienne, il le fallait absolument !
Mais l'attendre ?
Devoir le regarder dans les yeux après ça...

- Je ne...

Il sauta avec un enthousiasme presque excessif sur l'idée d'un repas.

- Oui, je meurs de faim !

C'était faux, bien sûr. Il avait l'impression que s'il avalait quelque chose, tout le contenu de son estomac ressortirait aussitôt.
Cela ne l'empêcha pas de se tourner vers Lucy... Lucy qui ne le laissait même pas ouvrir la bouche :
- Hé quoi, vous voulez peut-être que je vous serve le déjeuner ? Et puis quoi encore ? Vous devriez vous estimer heureux que personne n'ait été alerter les autorités après tout ça ! Sa seigneurie... après qu'il se soit donné tant de mal pour soigner ces gens, se faire frapper comme ça, c'est... c'est... Vous êtes vraiment un...

Cette fois-ci, ce fut Syld qui compléta d'une voix basse, un peu altérée :
- un monstre.

Le bruit de la porte d'entrée empêcha Lucy d'approuver.
Ridelgald entra. Il avait les traits creusés, mais son regard gris luisit de colère en découvrant les deux assassins toujours en haut de l'escalier.

Syld eut l'impression qu'une pierre lui descendait dans l'estomac à la place du déjeuner.
Seul.
Il revenait seul.
Le jeune homme se laissa glisser assis sur la dernière marche. Il voulait poser la question, mais les mots refusaient de sortir.
Ce fut Lucy qui se précipita au devant du soldat.

- Comment va-t-il ?
- Mal.

Le Lévitis laissa peser un regard particulièrement lourd sur Syld. Un regard qui disait clairement que si Earl n'avait pas cherché à aider le "Shalos" jusqu'au dernier moment, le soldat l'aurait épinglé au miroir sans sommation.
Il reporta son attention sur la bouille anxieuse de Lucy et lâcha un soupir.

- Il est plongé dans un coma profond. Les chocs à la tête ont été particulièrement violents, et apparemment son crâne était déjà fragilisé par des traumatismes anciens... remontant sans doute à l'enfance.

La petite servante leva les mains devant sa bouche, horrifiée, tandis que Ridelgald concluait sombrement :
- Ils ont peu d'espoir de le réveiller avant... avant...

Il secoua la tête, refusant d'envisager la suite.
Earl qui avait souhaité se montrer utile tant qu'il le pouvait.
Earl qui lui confiait au détour d'un entraînement qu'il n'avait qu'une peur : mourir dans un lit. Dire qu'il riait en disant cela...

Ridelgald posa une patte rassurante sur les frêles épaules de Lucy.

- Il a assez de volonté pour se réveiller tout seul, sans l'aide de ces vieux hiboux de prêtres préchi-précha qui le hérissent tant. Bon... je vais monter chercher quelques affaires.

Soghann suivait Ridelgald du regard, attentif à la moindre mimique qui aurait pu signifier un danger pour eux. Bon, c'était raté. Les actes irréfléchi de Syld (même si Earl l'avait cherché) les avaient rendus indésirables dans cette maison.

Ils n'avaient plus qu'à disparaître. Dans l'état de fatigue où ils étaient tous deux, fuir la ville était une option dangereuse, avec le froid qui régnait... On était en début de journée, en récupérant les chevaux, ils pourraient être suffisamment loin des montagnes enneigées avant la nuit. Avec un soupir, il se passa la main dans les cheveux. Difficile de reprendre ses esprits après une nuit pareille.

Le Shalos s'approcha de Syld et lui prit le bras, le forçant sans brutalité à se lever et à descendre les escaliers, direction les portes du manoir.

- Mieux vaut qu'on vide les lieux... chuchota-t-il, tout en vérifiant ce que faisaient les serviteurs.

Syld avait esquissé un geste pour arrêter Ridelgald alors qu'il passait à côté de lui pour se diriger vers la chambre principale. Mais -par chance-, son instinct lui fit suspendre son mouvement et arrêta les questions dans sa gorge.
Le Lévitis avait la tête de quelqu'un qui parvenait tout juste à se contenir.

Soghann l'obligea à le jeune homme à la suivre, intervenant juste au moment où son désir d'en savoir plus allait prendre le pas sur ce que l'instinct et la raison lui recommandaient.

- Vider les lieux ?

Syld eut l'air brusquement un peu égaré, comme s'il venait de se réveiller et avait du mal à se souvenir où il se trouvait. L'annonce de l'état critique d'Earl semblait l'avoir littéralement assommé.

Trop effondrée pour se préoccuper de ce que les deux assassins faisaient, Lucy pleurnichait dans son tablier déjà bien humide, recroquevillée dans un des sièges qui accueillaient habituellement les visiteurs inattendus dans le hall. Une ou deux têtes curieuses commençaient à pointer à la sortie du couloir qui devait mener à l'office et aux quartiers des domestiques.

Les yeux rouge sombre se tournèrent vers Soghann.
Syld avait vraiment le regard de quelqu'un qui vient de se faire sonner de coups.

- Pour aller où ?

Tenant toujours Syld par le bras, Soghann s'immobilisa devant les portes du manoir. Sans prêter d'attention aux domestiques, il fit face à son compagnon.

On va commencer par récupérer nos chevaux à la Lumière Bleue, si possible en y évitant toute personne qui pourrait nous reconnaître.

Son regard parcouru le front de son compagnon, tout ne tripotant dans sa poche le foulard qu'il avait récupéré dans la neige.

- Remarque, peu de gens devraient te reconnaître si tu ne porte pas ton habituel foulard. Avec deux yeux, si personne ne s'attarde trop sur leur couleur, tu te fondra davantage dans la masse.

Ses yeux descendirent pour arriver sur le manteau, son manteau.

- Et si tu pouvais me rendre mon manteau avant qu'on ne sorte, ça m'éviterait peut-être de mourir de nouveau de froid à cause de toi Ajouta-t-il avec un sourire en coin pour souligner l'ironie de ses paroles.
Concernant la suite des évènements... Plus loin de cette ville on sera, mieux je me sentirais. **Et aussi loin que possible de Fanaa, ce sera encore mieux** rajouta-t-il pour lui même. Merde pour la mission.

- Oh, bien sûr.

Syld fit glisser le manteau noir de ses épaules sans perdre son expression un peu absente, comme si une moitié de son esprit se trouvait ailleurs ou occupée à réfléchir à tout autre chose. On aurait dit qu'il "tournait à vide", comme si un petit ressort avait cassé quelque part.
Le mouvement qu'il fit pour tendre le vêtement à Soghann attira son regard sur ses mains. Il cilla. Il avait du sang sur les doigts. Celui recraché par Earl au moment où il l'étranglait.
Le jeune homme tourna sa main d'un côté et de l'autre comme s'il la découvrait pour la première fois, qu'elle appartenait à quelqu'un d'autre. Puis il porta ses doigts à ses lèvres et passa un coup de langue sur les éclaboussures déjà sèches, sans laisser paraître d'expression particulière.

- Partir, oui. Ca serait bien.

Il laissa retomber sa main avec un petit froncement de sourcil.

- Laisser tomber une mission confiée par Sentence... Tu penses vraiment que ça ira ? Je... J'aurais aimé...

Il parut chercher un instant ce qu'il désirait exactement avant de lâcher dans un murmure :
- ... rentrer à la maison.

Soghann récupéra son manteau et l'enfila souplement, se disant qu'il était décidément bien confortable... Et encore imprégné de la chaleur de Syld. Il sorti, et s'immobilisa sur le seuil, observant la ville qui s'éveillait en même temps que le jour naissant. L'air était froid, mais moins que cette nuit. L'atmosphère était totalement différente, maintenant que l'hégémonie de la lune rouge avait disparu.

- Rentrer... C'est ce que je veux, aussi. Qu'on se repose, au moins pour quelques semaines, et qu'on trouve le temps d'examiner ton problème d'elixia. Il continuait à examiner les rues et bâtiments avoisinnants, mais son regard se fit dur. Ailleurs que dans cette ville, quoiqu'il en soit.

Veillant à ce que Syld le suive malgré son air à moitié absent, il se dirigea vers l'Auberge de la Lumière Bleue, tout en prenant garde à observer tous ceux qui auraient pu les apercevoir. Si quelqu'un s'avisait de leur chercher noise à ce moment là, ils seraient bien en mal de se défendre.

Etait-ce seulement le contrecoup du sauvetage de Syld et de la nuit blanche, ou bien cette satanée ville drainait-elle ses forces ?

- Concernant Sentence... L'assassin fit une grimace. Si on veut rentrer à la maison, il n'y a pas 36 solutions. Soit on le contacte avant, ce que j'aurais plutôt tendance à faire, soit on tente de braver le mur d'ombre.

Soghann avait bon espoir que Sentence comprendrait suffisamment la situation pour les décharger de leur mission. Mais pour ça, il devrait lui parler sans que Syld n'entende tout ce qu'il avait à dire.

Syld réprima mal un frisson qui n'était pas totalement dû au froid matinal en entendant Soghann évoquer une prise de contact avec le souverain de Shalanos.

- Autant être fixés le plus tôt possible, oui...

Ils couraient le risque d'être "fixés" de façon assez définitive si jamais leur décision de jeter l'éponge était mal acceptée, mais entre ça et se donner la peine de retourner jusqu'à Shalanos pour le même résultat, mieux valait encore attaquer de front. Ils ne passeraient jamais le rideau des fumées noires sans être repérés.

Syld se frotta machinalement l'épaule, là où la marque avait retrouvé son invisibilité habituelle. Le frottement des vêtements sur sa peau lui donnait l'impression d'avoir les chairs à vif. En cas de "mauvaise appréciation", est-ce que ce serait rapide, ou est-ce qu'il prendrait son temps ? La deuxième option, probablement...

Le jeune homme secoua la tête.

- J'aimerais autant te laisser... exposer les faits. Je ne suis pas sûr d'arriver à me contrôler assez pour ne pas déraper et lui jeter à la figure les griefs que j'ai contre lui et sa façon de faire.

La neige crissait mollement sous les semelles. Le soleil faisait scintiller les gouttes d'eau qui tremblotaient au bout des stalactites de glace sous les toits.

- Par contre n'essaye pas de diminuer la part de responsabilité que j'ai dans tout ça. Avec n'importe qui d'autre, voire même seul, tu aurais eu moins de mal à garder la cible en laisse. A la base c'est moi qui ai tout fait foirer, non pas une fois, mais deux.

Ils arrivaient en vue de la Lumière Bleue, qui finalement n'était pas si éloignée. Sous la lune rouge, le trajet avait paru durer des heures...

- Tu avais laissé le gros des bagages dans les fontes des chevaux ? Je n'ai même pas cherché à me préoccuper de ça hier soir...

Michael retrouva le manoir sans souci. Il n'avait peut être pas exactement le même aspect en plein jour que dans la nuit sanglante mais tout de même.

Il était à peine plus de midi et les rues étaient animées. Comment les gens pouvaient ils être aussi actifs dans ce froid ?

- ... vous rendez compte ...
- ... cadavres au milieu de la route ...
- ... une secte de valnoriens ? impossible ...
- ... la lumière nous protège ...
- ... les a t on identifiés ?
- ... parait que c'est en cours ...

Le fédorien regarda Fanaa du coin de l'oeil. Tout à l'heure, elle avait presque entamé le sujet des affaires de la nuit passée. Et cela avait mis le fédorien mal à l'aise. Il n'était pas sur que le fait qu'elle y fasse allusion soit bien. Et que se rappelait elle au juste ? Lui ... lui se rappelait le dégoût, la peur pour elle, la colère ...
Quelle mission pourrie bon sang ! Mais bien utile. Oui. Il avait fallu rayer ces salauds de la surface d'Adreis. Le jeu en valait la chandelle.

Ils furent bientôt devant la porte et Michael frappa.

- Excusez-moi nous venons voir ...

*je ne connais pas son nom! Si il l'a dit alors je devais être dans les vapes.*

- ... le maitre de maison.

*Mouais, rien ne m'assure qu'il le soit. Tant pis je ferai une description à celui qui m'ouvrira.*

Un long nez emballé dans un petit sac de gaze pointa avec méfiance dans l'entrebâillement de la porte.

- Les maîtres sont absents, que ce soit le vrai ou l'autre.

Le majordome allait refermer la porte sans plus de cérémonie quand une grande main calleuse vint retenir le battant.

- Constant, allez donc vous occuper d'emmener Lucy ailleurs. A force de pleurer comme une fontaine elle ne va pas tarder à nous inonder le hall. Et si quelqu'un pouvait aller éponger les marches de l'escalier, ça serait mieux.

Un sac sous le bras, Ridelgald finit de rouvrir la porte au grand. Ses yeux s'étrécirent lorsqu'il identifia les visiteurs.

- Je peux savoir ce que vous revenez foutre ici ?

Ah! Le vieux soldat ! Bien ! Sauf que ... il semblait de mauvaise humeur. Michael était ennuyé de venir au mauvais moment mais vu qu'il était là ...

- Bonjour. Nous venions vous remercier vous-même, la dame clerc et l'homme qui a opéré mon amie. Je crois que nous sommes partis un peu vite, je ne me souviens pas. Mais je voulais venir vous remercier de visu. Sans votre secours, nous serions à l'heure qu'il est quelques uns de moins.

Il avisa le sac et demanda :

- Oh, vous partez peut être. Sauriez vous ou je peux trouver les deux autres soigneurs ?

- Ou on peut aider à nettoyer ? La petite voix venait de Fanaa. On peut peut-être aider pour remercier ? En attendant. Ou à porter votre sac ?

Ne pas se cacher derrière papa Michael. Ce ne serait pas poli. Elle reprit :

- S'il vous plait monsieur, on peut faire quelque chose ? C'est à notre tour ...

- Remercier, hein.

Ridelgald secoua la tête, les dents serrées.

- J'ignore où se trouve demoiselle Fynarine en ce moment. Et elle peut bien être où elle veut maintenant.

Il posa un regard gris fer assez dur sur la tête de Fanaa.

- Aider ? Ah, mais pourquoi pas.

Le Lévitis s'écarta pour qu'ils puissent voir l'escalier à l'extrémité du hall et indiqua d'un signe de tête les éclaboussures rouges qui tranchaient assez violemment sur la blancheur des marches.

- Ce qu'il y a à nettoyer, c'est ça. Quelqu'un a déjà montré toute l'étendue de sa reconnaissance envers le capitaine.

Fanaa gémit et se détourne, le visage dans les mains, haletante. Ce rouge... tout ce rouge ...

Michael passa son bras autour d'elle. Le sang n'était peut être pas le meilleur des spectacles après ce qu'elle venait de vivre. Mais il n'allait pas planter Ridelgald comme cela. Il nota dans un coin de sa tête le nom de la clerc.

- le capitaine ? le clerc aux lunettes d'or ? Que s'est il passé ? Qui a fait ça ? Et comment va t il ?

Fanaa reprit son souffle, s'écarta de Michael et marcha résolument vers l'escalier. Elle prit appui sur la rampe avant de monter quelques marches. Le rouge recouvrait le blanc. C'était beau, c'était bien. Mais les gens préféraient le blanc. Fanaa devait remercier, et pour remercier, elle montrerait le blanc puisqu'il le fallait. Le rouge avait déjà été versé de toute façon.

Sans un mot, elle prit un torchon qui trainait, un torchon pas encore souillé, s'agenouilla et commença à frotter. Puis s'arrêta. Elle trempa ses doigts dans le rouge. Mais il avait déjà séché. Voyons ... voilà, de l'eau. L'eau sur le rouge sec, le torchon qui frotte.
Le rouge mouillé... le rouge qui se répand. Le torchon en répand autant qu'il en nettoie. Cela pouvait être sans fin.

*C'est le début. Le monde ... à ton image.*

Elle trempa les doigts dans le sang et traça un "S" sur la rampe de marbre blanc. Puis un second. Presque fondu dans le premier.
Son bras d'appui trembla et elle reprit appui sur ses genoux. Sa respiration s'accélérait. Son autre bras trembla et elle les croisa l'un sur l'autre pour les empêcher de bouger. Puis elle ferma les yeux. Rouge. Le rouge était partout.

- Qui a fait ça ? Qui ?

Ridelgald suivit Fanaa des yeux et répondit sans tourner la tête :
- Il va aussi mal que possible. C'est un gamin résistant et doté d'une volonté hors normes, mais là ça ne suffira pas. Quant à la petite ordure de serpent que j'ai commis l'erreur de ramener, la prochaine fois je ne me laisserai pas tromper par son joli minois et je lui écraserai la tête avait qu'il ait pu mordre.

Le soldat se parlait à lui-même, plus qu'il ne s'adressait au Fédorien.

Dans le hall, Lucy reparut à la sortie du couloir menant à l'office, haletante. Elle remonta l'escalier quatre à quatre et s'empara du torchon abandonné par Fanaa et se mit à frotter avec fureur, s'acharnant sur les taches à s'en écorcher les doigts.

- Personne... personne ne s'est arrêté. Ils ont tous détourné le regard comme s'ils ne voyaient rien, n'entendaient rien ! Il s'est donné tant de mal... il s'est fait du mal à lui-même... et personne n'a...

Les autres servantes étaient sorties de l'office à leur tour et l'observaient avec anxiété sans oser s'approcher d'avantage.

- Je crois que ça lui a fichu un sacré coup de voir sa seigneurie dans cet état, chuchota l'une d'elles en se tapotant la tempe de l'index.
- Personne... personne...

Étouffant un juron, Ridelgald jeta son sac sur une chaise et monta arracher le chiffon rougi des doigts trop crispés de la jeune fille et la releva de force.

- Ca suffit Lucy ! Ce n'est pas ça qui va arranger la situation. Constant, triple abruti, je vous avais dit de vous occuper d'elle !

Il réprima une grimace lorsque Lucy mordit la main avec laquelle il l'immobilisait. La bougresse avait de bonnes dents et les serrait de toutes ses forces. Il la souleva du sol, la laissant battre des pieds contre ses tibias sans paraître d'avantage ébranlé.

- Si aucun de vous deux n'est clerc, vous feriez mieux de partir d'ici. Si le capitaine ne s'était pas épuisé pour vous, il ne se serait jamais laissé surprendre comme ça.

Quand il demanda des explications, on lui répondit que, alors qu'il était inconscient, ses compagnons des circonstance avaient rencontré deux clercs qui étaient à l'origine de la guérison de Fanaa. Ayant lui-même suivit l'évolution de son mal durant plusieurs semaines, testant différents remèdes, il insista pour accompagner Michael et rencontrer ces deux soigneurs.

Sur le chemin, il perçu des brides de conversations. A son étonnement et à sa satisfaction, les autorités corrompues n'avaient pas été capables d'étouffer complètement l'affaire.

Arrivé au manoir, Michael frappa sans hésitation. C'était une grande propriété riche qui se fondait bien dans le paysage d'Ilymir. Il fut reçu avec l'amabilité d'un grobule sur le point d'exploser, et quand Fanaa proposa son aide, le Levit qui avait ouvert la porte eu la grossièreté de la laisser récurer l'escalier. Se sentant libérer de tout devoir de politesse, Graouill-hi lui lança un regard assassin et le bouscula pour entrer, sans se donner la peine de saluer. Il attrapa Fanaa par le bras pour l'inciter à se relever.

-Relève toi, voyons, ce n'est pas à toi de faire ça ! Fanaa avait gribouillé des signes avec du sang à moitié sec. Il cru à des dessins infantiles. Mais pas avec du sang, enfin ! Je crois que tu as eu ta dose de sang pour les prochains siècles.

- Gargouillis ? Oh ...

Le clerc la releva. Il avait raison mais ... mais le fille blonde était en détresse. Une détresse que Fanaa comprenait. La pauvre ... la pauvre ... Elle avait frotté le rouge avec tant de force, tant de ... détresse ... encore.

Michael se sentit piqué au vif par l'accusation du soldat.

- Hey! Je comprends que vous ayez les boules, mais de là à dire que c'est notre faute !

Fanaa se dégagea doucement de la poigne de Gargouillis.

- Il dit que c'est notre faute, alors il faut aider. C'est notre punition ...

Mais tout ce rouge ... ce rouge allait lui faire perdre pied. C'était trop ... Trop ... Elle ferma les yeux. La fille blonde en détresse ... la punition. Elle devait aider. Le monsieur l'avait dit. Il lui avait demandé de nettoyer, parce que la fille blonde n'était pas en état. Fanaa allait faire un effort ... un gros effort ... aider ... la pénitence ... Mais pas de rouge. Pitié, pas de rouge.
Elle effleura le sang et quand elle rouvrit les yeux, tout le rouge était devenu bleu. Soulagée, Fanaa récupéra le torchon laissé tombé par Lucy et se remit à frotter.

- S'il te plait Gargouillis, laisse moi faire, c'est notre faute ...

Elle récupéra le seau et continua de frotter, frotter et nettoyer. Enlever le bleu était plus facile, car le bleu était neutre. Tandis que le rouge ... elle n'arrivait pas à se décider si elle voulait l'enlever ou plutôt l'étaler. Le rouge ... Non, ne pas penser au rouge. Fanaa était concentrée sur sa tâche, elle ne laisserait personne l'empêcher de terminer. Frotter, rincer le torchon, l'essorer, recommencer. Changer de chiffon. La fille blonde n'aurait plus besoin de le faire.

- Si on ne peut pas dire merci, peut être qu'on peut demander pardon ?

"Demander pardon? Et puis quoi encore!? Fanaa, tu m'entends? Ce n'est pas parce qu'on te dit que tu as commis une faute que c'est la vérité voyons!"

Coincée derrière le Fédorien, Lynn avait eu le son, mais pas l'image. C'était déjà suffisant pour lui porter sur les nerfs.
Elle était parvenue à se contenir un temps, par respect pour ce que les habitants de ce manoir avaient fait pour le petit groupe... Mais elle n'avait jamais eu beaucoup de patience...


"Môssieur le geulard... - elle passa devant Michael dans le sillage de Graouill-Hi, entra comme une furie sans faire attention à ce qui se passait alentours, monta les escalier, et se planta face à Ridegald - Si votre capitaine a trouvé bon de nous venir en aide, ne lui manquez-vous pas de respect en remettant ses actes en question? Il vous dirait quoi s'il vous entendait?
Quelqu'un lui a fait quelque chose? Soit. Ce quelqu'un n'est pas nous! Et nous n'étions pas non plus ses chargés de protection. Alors ravalez votre bile, ou crachez-la sur qui de droit!
Pour notre part, nous sommes venus dire "merci"...
Et je ne sais pas pourquoi vous parlez de clerc, mais il y en a un en état de marche juste devant votre nez, bougre d'âne bâté! "

Elle se se retourna pour pointer Graouill-Hi du doigt... et la scène qui se déroulait devant ses yeux lui coupa le sifflet quelques secondes.

"Mais qu'est-ce que ce truc bleu que vous laissez Fanaa nettoyer? Un composé issu de l'alchimie? C'est dangereux? Toxique? "

La jeune femme s'adressa à Michael.

"Sire Michael, assumez votre rôle de père, montrez l'exemple, intervenez!"

Après la longue opération, Fynarine avait rejoint machinalement Earl dans son bureau, ne se sentant pas vraiment à sa place dans cette assemblée, et s'était laissée tombée dans un fauteuil qui occupait un coin de la pièce.
Si elle était restée entièrement concentrée tout au long des soins, elle avait néanmoins enregistré ce qui c'était passé et dit pour plus tard. Elle commença par réfléchir à ce qu'elle venait d'accomplir grâce à l'aide d'Earl, et malgré le fait que le travail principal avait été accompli par le maitre du manoir et son don d'empathie, elle avait beaucoup appris, et surtout ils avaient sauvé une vie. Elle ressentit une pointe de fierté en se remémorant le compliment qu'il lui avait fait après qu'ils eurent remit en ordre les flux d'Elixia de la jeune blessée.
L'esprit de la Dédrane se laissa ensuite dériver, et elle se rappela la proximité du clerc lors des manipulations, son corps collé au sien, son souffle dans son cou... La jeune femme essaya de revenir à des pensées plus saines, mais sombra dans l'inconscience du sommeil pendant cette bataille mentale.

Personne ne remarqua la clerc endormie et silencieuse dans son fauteuil, à l'exception d'Aryllë après avoir déposé sa bourse sur le bureau de la pièce. Celle-ci s'assura que Fynarine dormait bien en posant rapidement la main sur son front, puis repartit satisfaite l'instant suivant. La Dédrane émergea faiblement lors du contact, mais la femme-soleil était déjà sortie depuis longtemps, et la clerc retourna dans son sommeil aussitôt qu'elle n'eut rien remarqué de spécial dans la pièce qui requérait son attention.

Ce furent les paroles de Ridelgald et de Mickael qui sortirent définitivement l'herboriste de son repos bien mérité. Elle écouta quelques instant ces bruits qui filtraient jusqu'à elle, avant d'ouvrir les yeux en prenant conscience de où elle était, et ce qui se disait non loin. Elle se dirigea à grands pas vers le hall d'entrée, en replaçant ses mèches de cheveux qui avait pris une direction incongrue. En chemin, elle sentit le ton de la conversation monter, et une remarque acerbe à son encontre de la part de Ridelgald fuser. Le garde l'avait habituée durant ces dernières 24h à bien mieux que ca, et elle commença à redouter le pire à propos de la seule personne qu'elle soupçonnait de pouvoir le mettre dans cet état. Elle rejoignis le hall juste à temps pour voir et surtout entendre une nouvelle tirade de la fille-furie, ainsi que l'incroyable transformation du sang.

- C'est ... c'était du sang ... la fille va déjà ... et où sont tout ... et il est arrivé quelque ...

Fynarine avait le plus grand mal à organiser ses pensées, entre le sang bleu, Fanaa vraisemblablement déjà en pleine forme, le reste de la troupe absente, et les sous-entendu très alarmant à propos de Earl. Soudain, elle réalisa un autre chose qui occulta toute les autres: elle n'avait pas fini les potions, et vu la lumière du soleil, il était déjà très tard dans la matinée.

- Les potions!! Où sont le seigneur Earl et Syld? Ils ont besoin de leur potions très vite!!

Michael eut un peu pitié de Ridelgald lorsque Lynn s'occupa de son cas et décida qu'il n'avait pas besoin qu'on lui en rajoute une couche. Certes, que le soldat reporte sa frustration de n'avoir pas su protéger son colonel sur eux, ce n'était pas bon. Mais c'était compréhensible. Si Fanaa n'avait pas survécu à la nuit, peut être que Michael lui-même aurait accusé les lunes savaient qui. Et Adweliwen aussi probablement. Ou peut être pas, peut être qu'ils auraient assumé en fait ... mais la douleur faisait tellement perdre la tête ...

En secouant la tête, le mercenaire se dirigea vers "sa" fille en se demandant d'où lui venait cette capacité - et cette idée aussi d'ailleurs - de colorer le sang.

- Laisse ça Fanaa. Lynn et Graouill hi ont raison, ce n'est pas à toi de le faire. Ce n'est pas ta faute. Allez, lève toi.

Puis Fynarine apparut et ses mots firent s'immobiliser Michael.

- Syld ? Vous avez dit Syld ? Puis il se tut brusquement. Fanaa. Qu'allait-elle... ?

Elle le regardait, elle avait ses grands yeux violets fixés sur lui. Que devait il y lire ?

La jeune fille ne pipa mot et se remit à frotter les marches. Plus lentement. Pauvre fille blonde. Elle avait sûrement perdu quelqu'un. Peut être ce capitaine ?

- Il y a une différence entre "faute" et "responsabilité".

Ridelgald fit couler un regard bien peu amène sur Lynn.

- Et vous êtes la seule à élever de nouveau la voix, pour information. Sous ses mines désabusées, le capitaine est toujours resté un jeune crétin idéaliste trop occupé à essayer de bâtir un monde meilleur, sans même songer à s'y construire une place. Même lui le sait. Et quand à ce qu'il dirait, ce serait sans doute : "je sais, c'était stupide, mais il fallait bien que quelqu'un le fasse".

Les yeux gris vinrent se poser sur Graouill-hi.

- Un clerc qui passe à côté d'une malheureuse fille en pleine crise d'hystérie sans sourciller...

Les dents de Lucy commençaient à opérer leur jonction au travers de sa main et il réprima un grognement. S'il ne l'avait retenue, la jeune fille se serait précipitée sur Fanaa pour lui reprendre le chiffon. Elle semblait prête à pousser dans l'escalier tous ceux qui osaient toucher au sang... au sang bleu qui avait appartenu à Earl.
Le soldat tourna la tête en attendant Fynarine. Mais avant qu'il ait pu lui répondre, il grimaça franchement. Elle avait dit les noms. Et les deux, en plus. Et, pire encore, un de ces noms fit tiquer le Fédorien. Par les lunes, ils se connaissaient tous ?

- Un des deux est parti Ael sait où, et ça vaut aussi bien pour lui. L'autre est en train d'agoniser sous les yeux d'une tripotée de prêtres qui font sans doute de leur mieux, mais dont l'action la plus marquante est de se tordre les mains en se demandant quoi faire qui soit efficace. Le temple de la place principale, si ça vous intéresse.

venant d'ici

Hakuren passa le seuil de la porte quand Fynarine employa le prénom qu'il ne fallait pas prononcer... La mage grimaça... En revanche, elle avait une information sur le lieu ou n'était pas Earl... c'est à dire, dans le manoir... et celui où il était... le temple de la place principale... comme s'il n'y avait qu'un seul temple... Elle remarqua alors Fanaa qui essuyait le sol... du sang?

Apparaissant comme un coup de vent près de Rinegald, elle lui demanda

- Par tous les vents? mais que s'est-il passé hier? Et... c'est si grave que cela?

Ceux qui connaissait Hakuren purent remarquer une réelle lueur d'émotion voire d'inquiétude dans le regard que portait la Lévétis a son compatriote de l'armée.

Michael éclata :

- Mais bon sang qu'est-ce que c'est que ce merdier ? je croyais ...

Non. Se retenir. Mais quelle merde ! Syld vivant ? Non. Pas devant Fanaa. Evidemment ça ne pouvait pas être une coïncidence, un autre qui portait le même nom et se trouvait lui aussi à Illymir. Ben voyons. Mais qu'est-ce que foutait ce type ?

Et Fanaa qui continuait son mouvement de frottement. Elle avait juste changé de marche. Ses gestes étaient ils plus automatiques ou était-ce juste une idée ?

Et Hakuren arriva en coup de vent. Michael répondit à sa question :

- Si il est en train d'agoniser, je devine que son état est grave. Allons le voir avant qu'il ne soit trop tard.

*Même si le remercier ne le guérira pas. Et dans son état je pense notre visite ne lui fera ni chaud ni froid. m'enfin ...*

Fanaa avait bien travaillé. Concentrée sur son travail, elle avait ôté le bleu de pas mal de marches. Le double S sur la rampe était resté rouge, lui. Le mercenaire lui saisit doucement le bras et la fit lever.

- Tu en as assez fait. C'est bon. Tu n'étais même pas obligée, Lynn a raison, tu ne dois pas croire tout ce qu'on te dit, surtout si tu ne connais pas la personne.

- Oui. Je voulais juste aider ... dit elle tout bas.

- C'est bien. Ne t'en fais pas.

A Ridelgald :

- Vous sembliez prêt à partir, comptiez vous vous rendre auprès de votre capitaine ? Quoique vous préfériez peut être rester vous occuper de Lucy. Hé le prêtre, Graouill-Hi c'est ça ? Peut être que tu pourrais faire quelque chose pour elle avant de venir ? Ce serait un remerciement avec plus de signification. Lynn, Hakuren, direction Messire Earl ? Ou Fanaa va terminer l'escalier je le sens ...

Graouill-hi esquissa un sourire à l'intervention de Lynn. Décidément, cette fille manquait de retenue, mais à l'instant présent, c'était plutôt bien venu.

Graouill-hi n'avait pas prêté cas à la remarque de Ridelgald. L'hystérie d'une femme, y avait-il mal plus bénin ? Si un seul clerc devait se déranger pour ça, il faudrait construire un temple dans chaque maison. Quand Michael le lui demanda, il obtempéra. Il est vrais que le service rendu avait été grand, mais il avait une certaine amertume à s'être fait doublé par un autre clerc, et était gêné d'avoir été un poids inutile au moment où tout le monde avait besoin d'un clerc.

Tenez, Mademoiselle. Croquez ces graines. Elles sont sucrées. Je les ai cueilli à Médiévir. Elles renferment toute la sérénité de cette contrée.

Il sorti des les graines qui lui restait de son séjour près du lac.