Manoir d'Earl

- Epuisé ?

Earl ne put réprimer un petit rire ironique.

- On va dire ça comme ça.

Il se passa une main lasse sur les paupières.

- Soigner une blessée en danger de mort qui atterrit chez-moi par quelque facétie du destin, soit. Mais ça s'arrête là. Je n'ai pas l'impression d'envoyer une malheureuse servante ou un vieillard dans la neige et le froid pour "aller chercher quelque chose". Ou éventuellement...

Le Lévitis tourna la tête vers Ridelgald qui se tenait silencieusement à côté de la porte. Mais pour une fois, le soldat secoua négativement la tête.
Earl fronça un instant les sourcils, avant de réprimer un soupir et de reporter son attention sur la jeune femme. Après tout cela valait peut-être mieux. Parce que dans la catégorie "connaît le chemin mais se trompe quand même"...

- La route n'est pas très compliquée, il suffit...

Les yeux d'or se posèrent sur le phéazarix qui se trémoussait sur l'épaule de Lynn.

- Hum, en fait il suffit de vous fier à son flair à lui. Si vous venez de cette auberge, il serait capable de vous y mener tout droit même si elle se trouvait à plusieurs milles. Enfin, c'est essentiellement valable tant qu'il ne pleut pas. La neige ne les gène pas, mais la pluie, c'est une autre histoire. Par contre vous devriez d'avantage songer à emprunter un manteau... histoire qu'on n'ait pas à soigner un rhume ou des engelures en plus après tout ça.

Tout à coup, le clerc lui parut moins sympathique. Lynn lui était toujours reconnaissante pour ce qu'il avait fait, bien sûr, mais enfin, elle ne lui demandait pas de décrocher une des trois lunes tout de même. Et elle ne l'aurait pas dérangé pour une affaire sans importance, ça aurait dû lui paraître évident. Et ses conseils... tsss, comme si elle était incapable de prendre soin d'elle-même.

- Soit. Je vais me débrouiller, merci tout de même. Un manteau? Vous voulez que je fonde? Vous qui semblez si bien renseigné sur les Phéazarix, vous devriez savoir qu'Eyrol ne me laisse pas souffrir du froid.
Si votre seigneurie veut bien m'excuser...

Lui tournant le dos, elle repartit par où elle était venue, puis sortit du manoir sans mot dire.

- Justement, un mateau serait mieux pour éviter que vous ne fondiez... surtout qu'il est apparemment jeune et pas forcément capable de se contrôler si on le perturbe.

Bah, elle était déjà partie. Earl haussa légèrement les épaules.
Tant que sa bestiole ne venait pas mettre le feu au manoir, il n'en avait cure. Il allait déjà avoir assez de mal à expliquer au propriétaire l'état du salon du couloir est, là où on avait fini par installer l'oiseau-foudre qui lui avait servi de messager.

Il essuya du pouce la petite goutte de sang qui perlait à la commissure de sa bouche. La fille avait quitté la pièce juste à temps, sans quoi il n'aurait pu se retenir de tousser d'avantage.

- Mon capitaine, vous devriez...
- Non Ridelgald. Pas tant que nous ne sommes pas sûrs que tout s'est réellement bien passé et qu'il ne va pas y avoir de complication ou d'effet secondaire sérieux. Je n'ai pas envie de m'être donné autant de mal pour qu'elle claque sous mon toit dès que j'aurai le dos tourné.
- Vous ne...
- Ridelgald, même si je vais bien sagement m'allonger et attendre la fin de ce cycle lunaire, même si par miracle je m'en tire, il y a de très fortes chances que je ne sois plus jamais capable d'utiliser correctement mon elixia.

Earl fixa son second bien en face et conclut d'une voix presque trop calme :
- Alors laisse-moi me montrer utile tant que j'en suis encore capable.

L'obscurité s'en était allée avec le bandeau. Et c'était étrange en fait. Fanaa s'était presque habituée à ne rien voir. A la place elle avait entendu, ressenti, et ça avait été une expérience enrichissante. Le tissu libéra sa vue et Fanaa découvrit deux yeux verts qui ne lui rappelaient rien. Le visage aux yeux verts embrassa le front de Fanaa et s'en alla, la laissant avec sa maman qui lui chantait une berceuse.

La jeune fille ne se sentait pas très en forme, mais tout de même un peu mieux qu'auparavant. Et puis elle était consciente.

- Tu dois être fatiguée maman, tu devrais t'allonger.

Elle voulut se pousser, et pour ce faire se redressa un tout petit peu. Ca tirait au niveau de son ventre et surtout elle vit le rouge. Le rouge sur sa peau, sur la fourrure, sur le lit. Elle resta quelques secondes bloquée sur cette vision puis secoua la tête, les yeux écarquillés. De sa petite voix douce, elle reprit :

- En fait il ne vaut mieux pas, c'est plein de sang. Il ne faudrait pas te salir.

Elle laissa retomber sa tête en arrière et tourna son visage vers la fenêtre. Ils étaient au rez de chaussée mais comme aucune maison d'Illymir n'avait plus de deux étages et qu'en plus il n'y avait pas de vis à vis de ce côté du bâtiment, elle ne pouvait pas rater l'œil rouge dans le ciel. Il brillait un peu moins qu'au plus fort de la nuit mais restait là. Immanquable.

- La nuit est vraiment longue... Trop longue.

Adwel ne lâcha pas la main de Fanaa et caressa ses cheveux avec l'autre main, s'arrêtant de chanter

- Ne t'inquiète pas, on va retirer tout cela. C'est vrai que tu baignes dans le sang. Je te rachèterai un beau vêtement d'hivers demain. Si tu vas mieux, nous pourrons même y aller ensemble! Oh oui! une belle robe avec de la fourrure qui s'accorderait avec le manteau. Tu serais d'accord?

Malgré les cernes et les mains tremblantes témoignant du combat et de l'inquiétude, la voleuse avait l'air dynamique! Mais un simple coups de vent pouvait l'endormir!

Hakuren observa un moment la voleuse et l'amnésique avant de passer dans la pièce où se trouvait Earl. Il avait l'air quelque peu... exténué. Elle entra lors de la discussion avec le militaire

- Vous m'impressionnerez toujours, vous les clercs... tant de précision et de doigté! Mon Elixia était trop, comment dire, violent, je l'aurais congelé sur place.

Elle s'approcha du soigneur et pris place sur l'un des sièges de la pièce.

- Ah, commença-t-elle agacée, c'est désespérant de ne pas avoir de quoi noter parfois. Bref, hier, dans l'auberge, j'ai croisé un de nos amis communs...

Elle vérifia qu'il n'y eu pas d'oreilles indiscrètes et revint sur Earl, attendant sa réaction.

Fanaa s'absorba dans la contemplation de l'astre andrinople, comme fascinée.

- Ce n'est pas le rouge de Ciel, cela. C'est le rouge de l'ombre rouge. Qui est le plus fort des deux ? La lune ou l'ombre ? Son influence... il faudrait se protéger du poids de son regard.

Elle ferma les yeux quelques instants. Le sang, ce sang, son sang à elle, ça c'était la bonne couleur. C'était la bonne couleur mais ce n'était peut être pas une bonne chose.

- Maman ? S'il te plait laisse moi aller me laver... je ne veux pas rester au milieu de tout ce rouge. Je ne me sens pas très bien ...

Fanaa se concentra pour essayer de rester détendue, de ne pas s'affoler, mais il était dur de contrôler ses crises. Trop dur.

Du rouge. Il fallait du rouge. Il en fallait plus. Il fallait le rouge du sang. Du rouge pour Ciel. Du rouge.

La jeune fille fit glisser sa main hors de celle d'Adwel et commença a s'échiner sur le bandage de son poignet. Défaire le bandage, laisser la plaie se rouvrir, colorer de rouge, colorer encore. Elle avait du sang sur le corps mais pas assez, il y avait encore trop de peau blanche, elle devait être rouge, rouge !
Elle manquait de force et Michael avait bien serré le pansement, mais elle le déferait. Elle porta le bandage à sa bouche et l'attaqua avec ses dents.

Adwel mis une main douce sur le bandage de Fanaa

- Olah olah ma belle... laisse tout cela, tu as mis assez de rouge partout pour ce soir. Et ne t'inquiete pas, ici, c'est la lune la plus forte car quoi qu'il arrive, demain, elle sera de nouveau normale! Ca veut bien dire qu'elle est forte!

la voleuse se retourna vers... personne en particulier. Elle demanda alors

- Il y a possibilité d'avoir un baquet d'eau ou juste une vasque et une cruche pour la nettoyer? Et aussi des vêtements de rechanges et... des draps, s'il vous plait. revenant à Fanaa Lynn est partie chercher Ciel et Liwen. Elle va vite revenir avec Eyrol pour te les apporter. Tu pourras les rassurer!

Earl commença par hausser un sourcil interrogateur en réaction à la question d'Hakuren.

- Un "ami commun" ? Je ne vois vraiment pas…

Puis il surprit la franche grimace de Ridelgald du coin de l'oeil.

- Il y a un problème ?
- Eh bien… en fait il était à l'auberge. Enfin, avant que je ne le retrouve dehors, quoi.
- "Il" ? Tu veux dire lui ?
- J'en ai bien peur, oui.

Earl se passa une main désespérée sur la figure.

- Et nos deux moineaux ont malgré tout réussi à ne pas se croiser ? Merci la chance, franchement ! Je sais pas combien de fois je me suis entendu dire et répéter que c'était comme mettre une marmite fermée sur le feu et malgré cela…

Il laissa retomber sa main sur l'accoudoir du fauteuil et reprit une profonde inspiration.

- Ridelgald, ferme la porte.

Puis, reportant son regard à nouveau sévère sur Hakuren :
- Vous avez croisé un de nos amis communs. Bien, fort bien. Et ?

- Lynn ? C'est qui ? Et Eyrol ?

Elle secoua la tête. Qui étaient ces gens importaient peu, au moins ils lui rapporteraient ses poupées. Ce serait bien, Ciel et Liwen l'aideraient à se calmer. Peut être même à dormir.

- Je n'ai pas fait exprès maman. je ne voulais pas tout salir mais ...

*Mais c'est tellement mieux ainsi.*

Se détourner du rouge. Se détourner du sang. Le sang qui battait à ses tempes.

- Si la lune est plus forte alors tu dois faire attention.

Fanaa fit un effort pour se redresser. Ce n'était pas facile et ça tirait partout. Elle laissa sa main dans celle d'Adwel et lutta contre la furieuse envie de s'en prendre à l'autre bandage.

- Si la lune est la plus forte je ne sais pas si je peux te protéger. Surtout que je me sens un peu faible. Pardon.

Hakuren patienta le temps que la porte soit fermer pour se reporter sur son compatriote aux lunettes d'or

- Et bien je le trouve qu'il s'est doté d'une forme particulièrement éblouissante depuis la dernière fois où nous l'avons quitté. Il a l'air si... vif! Bref. J'ai bien l'impression que nos deux ex-tourtereaux sont touchés par une amnésie post-traumatique. Pour Fanaa, c'est le choc de la... hum... "mort" qui lui a fait oublié tout, jusqu'à l'usage de la parole. J'ai eu le temps de l'observer, c'est finalement grâce a l'influence calme de Médiévir et de sa "Maman" qui la font récupérer quelques facultés... Mais elle est soumise à des crises d'obsession sur Syld. Elle a une poupée avec un bandeau rouge, elle ne sait dessiner que le portrait plus que réaliste de son bien aimé sans le reconnaitre, elle est obsédée aussi par le rouge. Le rouge et toujours le rouge. Voila pour elle.

Elle se redressa légèrement

- Maintenant, j'ai cru comprendre par son compagnon que Syld avait lui même quelques problèmes de mémoire. Ce que j'ai effectivement remarqué aussi. Est-ce a cause de sa "résurrection"? d'ailleurs, par tous les vents, comment avez vous fait? J'ai bien lu des théories la dessus mais tout de même, vous êtes parvenu à tromper tout le monde! Du grand art tout de même! Enfin, a ce que je vois, cela ne vous a pas épargner... Mais tout de même, j'aimerais savoir!

[HRP] c'est dingue... ce perso parvient même a me perdre dans ses propres pensées... Oo c'est grave docteur?[/hrp]

Sek se sentait mal à l'aise depuis le départ de sa soeur. Il ne se sentait jamais très bien lorsqu'ils étaient séparés. Elle non plus d'ailleurs. Et pourtant elle était partie sans l'ombre d'une hésitation à la chasse aux poupées. Vraiment étrange. Les choses changeaient si vite... en bien ou en mal?
Désoeuvré à présent, il commençait à sentir la fatigue le rattraper. Cette nuit, il en avait fait beaucoup pour sa faible constitution. Le jeune homme se laissa tomber plus qu'il ne s'assit dans un fauteuil providentiel qui trainait dans un coin de la pièce. Il se passait quelque chose entre Dame Adwel et Dame Fanaa mais... pas moyen de se concentrer dessus. Il se sentait tourner de l'oeil, et pour la première fois depuis qu'ils avaient quitté Levitas, Lynn n'était pas là pour veiller le temps qu'il reprenne ses forces. Il sombra.


Sortie de la Lumière Bleue, Lynn n'avait cessé de courir. Il lui fallait arriver le plus vite possible, et elle espérait n'avoir personne aux trousses. Retrouver le chemin du manoir fut un jeu d'enfant. Ilymir était une ville organisée, comment pouvait-on s'y perdre? Elle entra dans la bâtiment sans frapper, et se dirigea directement vers la pièce où les soins avaient eu lieu.
Elle avisa Adwel et Fanaa, qui n'avaient apparemment pas bougé *heureusement* .
Lynn se rendit auprès de la petite avec ce qu'elle avait ramassé sur la table de nuit.

"Tiens, voici tes poupées. - elle les posa de part et d'autre de la jeune fille - J'espère que je ne t'ai pas trop fait attendre. Oh, et il y avait ceci avec elles, alors j'ai pensé que tu pourrais les vouloir aussi - elle lui tendit le portrait et la boucle d'oreille"

Fanaa accueillit ses poupées avec joie.

- Oh merci !

Elle les prit dans ses bras et les serra contre elle. Déjà elle se sentait mieux.

Puis Lynn lui donna les deux autres objets.

- Oh ...

Fanaa caressa le visage de papier, l'air absent.

- Il était si triste hier ...

Elle releva la tête vers la fille aux yeux verts.

- Tu sais lui, il n'existe pas. C'est un Syld. Mais il doit quand même vouloir être réel car il reste dans ma tête. Je suis la gardienne de sa mémoire. On m'a dit ... on m'a dit qu'il vivait en moi. Je voulais m'en débarrasser. J'ai essayé mais il revenait quand même. Hier il était si triste que ça m'a touchée. Alors j'ai décidé de ne plus vouloir le sortir de ma tête. J'ai accepté de lui garder une place. Mais maintenant je ne le sens plus. Tu crois que j'ai fait quelque chose de mal ?

Fanaa cligna des yeux.

- C'est toi Lynn ? Alors Eyrol c'est qui ?

Et elle se tourna vers Adwel, un air surpris sur son visage.

- Tu entends maman ? Je parle ! Je ne perds plus mes mots !

Les doigts d'Earl se mirent à pianoter sur l'accoudoir de son siège tandis qu'il réfléchissait.
Eluder les questions ? A quoi bon, puisqu'elle avait déjà vu Syld ?
Il lâcha un petit grognement : soit il n'avait rien compris à la demoiselle, soit elle n'allait pas le lâcher avant qu'il réponde. Autant expédier la corvée tout de suite.

- La cause ? Sa "mort", le choc à la tête, des séquelles de l'arrêt de ses fonctions vitales, la souffrance qu'il a dû endurer tandis que je le ramenais de force parmi les vivants, ou autre chose… ou peut-être tout à la fois.

Il se massa la tempe en réprimant une petite grimace. Il n'allait pas tarder à s'effondrer s'il persistait à fuir le lit.

- Pour faire simple, le gosse qui l'a poignardé agissait selon mes directives, et l'arme qu'il a utilisée était enduite d'un poison modifié par mes soins. Le coup devait être bel et bien mortel pour être réellement convaincant, y compris aux yeux d'experts, et porté dans la région du coeur. Pour sa part, le poison devait réunir deux effets majeurs.

Le Lévitis leva un doigt.

- Premièrement : stopper presque immédiatement la circulation sanguine afin d'éviter ou du moins limiter grandement l'hémorragie fatale due à la nature même de la blessure.

Deuxième doigt.

- Et secundo : pouvoir se dissiper progressivement, éventuellement avec l'ajout d'un antidote prévu à cet effet. Le coeur s'est arrêté dès que le poison l'a atteint. Les fonctions respiratoires ont stoppé également. Pendant quelques minutes, Syld a bel et bien été physiquement mort. Mais ensuite le coeur a recommencé à battre, si lentement et si faiblement qu'il aurait fallu garder l'oreille collée sur son torse pendant un long moment avant d'entendre le moindre battement. Bien sûr, le sang a aussi commencé à s'écouler d'avantage par l'artère vitale qui n'avait été que partiellement sectionnée. Mais c'était lent, très lent. Il restait du temps. Il n'empêche que si on l'avait laissé comme ça pendant plus de quelques heures, il serait mort exsangue, sans retour possible.

Earl soupira.

- J'ai dû parier sur l'habileté du gosse, et sur la rapidité avec laquelle je pourrais récupérer le corps. La façon dont l'autre péronnelle se raccrochait au "cadavre" m'a donné des sueurs froides, vraiment. Le poison avait hélas pour effet de neutraliser toute l'elixia qu'on aurait pu vouloir utiliser pour refermer la blessure. Tant qu'il ne s'était pas suffisamment dissipé, impossible de procéder à des soins efficaces.

Il adressa un regard noir à la porte de communication avec la chambre voisine.

- Je n'avais prévenu personne : les réactions devaient être naturelles, et surtout… surtout je n'étais pas sûr d'être en mesure de le maintenir en vie assez longtemps pour que les soins puissent perdurer. Il avait été salement blessé peu de temps avant, et avec les séances de torture, tout son organisme était au bord de la rupture. Le risque était énorme. Je m'étais préparé à tout ça, j'avais fait tout ce que je pouvais pour assurer mes chances de réussite, mais cette fichue greluche a vraiment failli me le tuer avant même que j'ai pu faire quoi que ce soit ! A peine deux minutes de plus à discuter et pleurnicher avec les soldats, et il aurait été trop tard pour que l'antidote agisse assez vite. Voilà. D'autres questions ?

- Oh oui ma belle! tu parles bien et tu as retrouver tout tes mots! c'est peut-être le Syld dans ta tête qui te les cachait pour que tu le laisse dans ton cœur! Ca arrive des fois! Maintenant qu'il est en sécurité ici elle toucha sa poitrine et bien il te laisse tes mots! Il est gentil!

Adwel entendit taper a la fenêtre. Elle fronça les sourcils

Tu reste bien la, je vais voir qui est la.

elle se leva, fit un bisou sur le front de la petite et se dirigea vers la fenêtre. En reconnaissant la commanditaire, la voleuse écarquilla les yeux... que faisait-elle la? elle décida d'aller a la porte dehors et fit signe a la femme

Reste sage avec Lynn, je reviens tout de suite. d'accord?

on pouvait deviner que Hakuren était légèrement nerveuse dans son attitude. Pourtant, elle parlait avec son habituel détachement des évènement

Vraiment prodigieux... Et tout a fait remarquablement mené. Bon, les autres n'ont pas vu Syld hier a l'auberge. Enfin, Fanaa n'était pas en état de se souvenir, Adwel n'était pas en état de faire attention a son entourage et les autres n'ont jamais été dans la même pièce. Je me demande en revanche comment réagirait Fanaa en se retrouvant belle est bien devant le portrait qu'elle dessine en long en large et en travers depuis des mois. Ce n'est évidemment pas le moment opportun mais ce serait véritablement intéressant de voir ça...

Elle ne tint plus

Vous... n'auriez pas un bout de papier et un crayon a me prêter?




[hrp] cette fille me fait peur[/hrp]

L'étrangère accueillit la voleuse avec une mine sérieuse à laquelle on ne s'attendait pas de la part d'une personne si lumineuse de nature. Elle s'éloigna de quelques pas de façon à se trouver contre l'un des murs du manoir. Il eut été bête de rester devant la porte ou une des fenêtres.

- Adweliwen par la dame Scintillante tu es en vie! Et tu n'as pas l'air blessée. Où est Michael, il avait pour mission de te protéger. Ecoute, j'ai besoin que tu me dises tout : ce qui s'est passé en bas, combien ils étaient, si tu as récupéré la dague et s'il y a eu des blessés parmi vous.

Elle frictionna les bras d'Adweliwen qui n'avait pas de manteau, puis détacha sa propre cape couleur sable blanc et en entoura les épaules de la voleuse.

- Faisons vite, il ne faudrait pas que tu attrapes froid.

La voleuse fut prise au dépourvue devant l'avalanche de questions... et du manteau mis sur ses épaules

Heu... et bien la dague est la elle la sortiet Mickael est arrivé a point nommé! il est juste épuisé par le combat qu'il a mené fasse au Maître. L'abattre ne fut pas chose facile. Quant aux bléssés... il n'y a eu que Fanaa... mais elle fut gravement blessé et c'est Messir Earl qui l'a soigné avec l'aide de Fynarine, une clerc Dédrane. Fanaa a été droit dans la gueule du loup et... ces... ces la voleuse se tendit ces monstres voulaient la sacrifier! Vous vous rendez compte? la sacrifier comme ces innocents qui... tous mort... et...

Ressasser tout cela eu un effet dévastateur sur Adwel qui laissa tomber la dague dans la neige et tomba elle-même a genou, les larmes lui montant aux yeux... Elle ne pu retenir plus longtemps la tension qu'elle gardait en elle...

- Ce serait également intéressant si Adreis nous explosait à la figure. Prenez une seule initiative dans le sens d'une "rencontre", laissez entendre sans la moindre précaution à Fanaa que Syld n'est pas mort à Faelanir, et si nous sommes toujours en vie après ça, je peux vous assurer que j'userai de toutes les ressources possibles et imaginables pour vous le faire regretter.

Earl souriait en parlant, mais son regard signifiait assez clairement qu'il ne plaisantait nullement.

- Au fait, si je vous ai raconté tout cela, c'est bien en comptant sur votre silence. Pas un mot, pas une note à ce sujet. Quand bien même vous ne citeriez aucun nom de personne ou de lieu, il y a des gens capables de rassembler les pièces du puzzle. La probabilité qu'on aille fouiller dans votre crâne est bien en deçà de la probabilité que quelqu'un lise vos notes et laisse filer l'information vers des oreilles peu amicales. Si cette histoire venait à s'ébruiter, cela porterait préjudice à de nombreuses personnes.

Les yeux dorés avaient perdu toute chaleur, et son visage creusé par la maladie n'en paraissait que plus dur.

- Vous avez bien assez de cervelle pour retenir ceci sans avoir à le noter. Libre à vous de l'écrire et de l'analyser plus tard. Pour le moment ce serait risquer de faire d'avantage de mal à ceux qui ont déjà souffert plus que nécessaire.

Le cœur d'Aryllë se serra devant le spectacle de la détresse d'Adweliwen. La femme s'agenouilla aussi, ramassa la dague et la rangea avant d'étreindre doucement la jeune femme. Elle entoura ses épaules de ses bras et posa le front de la voleuse sur sa propre épaule puis lui caressa les cheveux.

- là... là... nakanaïdé Adweliwen ...

La mediovienne avait besoin de pleurer, de relâcher la tension. Elle était jeune et encore innocente, gentille. La mission avait été bien lourde pour ses frêles épaules. Et puis il y avait aussi la fille qu'elle avait pris sous son aile. Fanaa. Une fille qui pouvait apporter autant de souffrance que de joie.
Surtout maintenant. Ils avaient voulu la sacrifier... Aryllë était horrifiée par cette idée, par les implications de cet état de fait. Elle était encore en vie. La peur sourdait en l'étrangère.

D'une voix très douce, maternelle, où ne filtrait rien de la tension qui l'habitait alors, elle reprit :

- Je réalise oui. Je suis désolée d'avoir dû vous envoyer là-bas. Je sais que ça a été plus qu'une rude épreuve. Si tu le souhaites, tu peux te dispenser de la rechercher de l'autre objet. Enfin ... nous en parlerons plus tard. Tout n'est pas encore fini, je suis désolée. Tu dis que Fanaa est encore vivante ... mais en quel état ? Son comportement a-t-il changé ? Adweliwen je dois aller la voir. Il faut que je la voie par moi-même.
Pourrais tu faire en sorte qu'il n'y ait personne d'autre que toi et moi autour d'elle ? Non. reprit elle pour elle-même. Nous perdrions de précieuses minutes. Je dois prendre le risque. Prions pour que les autres personnes de la chambre soient des gens de confiance. Mène moi à elle, vite !

- Certes.

Dans ce mot, passé de façon glaciale comme seule le Blizzard pouvait le faire résumait a lui seul sa désapprobation à la critique de ses méthodes personnels et surtout face a la menace qui émanait du capitaine. S'il y a une chose qui avait tendance a glacer ses "ardeurs" c'était les menaces a son encontre... Généralement, cela se passait assez mal pour la personne en face d'elle. Elle soupira avant de reprendre

- Bref. il ne me viendrait pas a l'idée de provoquer cette rencontre. Cette phrase était une pure spéculation scientifique. Reste le fait que nous avons deux personnes qui ne doivent, d'après vous, pas se rencontrer et qui se promènent dans la même ville... Imaginez, puisque vous le connaissez bien, qu'il déboule dans la pièce d'a coté parce qu'il vient vous voir et qu'il a entendu un bruit? Je ne sais pas ce que compte faire Adwel mais elle a souvent parler de retourner a Médiévir avec Fanaa...

Hakuren eu le regard vide, comme se rappelant d'un élément....

- Ne me dites pas qu'il vient lui aussi de Médiévir... J'y ai rencontré Soghann et il voulait l'adresse du Cottage... Si vous le croisez, il faudrait peut-être lui indiquer d'arrêter de suivre Fanaa...

- Lynn ? J'ai soif ...

Ce ne fut pas pour être impolie que Fanaa ne dit pas le s'il te plait de rigueur. Ce fut juste parce que la sensation l'assaillit d'un seul coup.

Elle regardait toujours le portrait et porta une main à son cœur, là où Adwel l'avait touchée auparavant. Peut être qu'elle avait raison.

Peut-être qu'il avait juste besoin de reconnaissance, de pensées pour lui, d'amour.

- Pardon, je n'avais pas compris.

Maintenant qu'elle acceptait de s'ouvrir à cette intrusion, elle ressentait quelque chose de bizarre. Un trou béant. Une plaie sanglante. Un manque. Les larmes se mirent à couler.

- Pardon ...

Le chagrin l'envahissait. le chagrin pour ce garçon qui n'existait pas qu'elle acceptait enfin d'installer dans son cœur.

- Lynn je veux partir d'ici. Je n'aime pas cet endroit... J'ai peur je sens un vide ... il y a un vide en moi qui veut m'engloutir, je ne veux pas disparaitre ... sinon personne ne se rappellera de lui... J'ai peur Lynn. C'est quand s'il me manquait. S'il me manquait terriblement. Je ne comprends pas, je veux m'en aller...

Les ruisseaux salés dévalaient les pentes de ses joues, et ses grands yeux tristes suppliaient la levitis.

Adwel se remis après un long pleur. Elle se releva et épousseta ses genoux...

La voir? Elle... heu... d'accord.

Adwel rendit le manteau a Arrylë et l'amena dans la chambre. Et la, elle vit Fanaa en pleur...

- Oh! Je n'aurais pas du te laisser... Je... Je suis désolée... Mais c'est tout, je suis la... Shhh...

Elle s'était précipité vers Fanaa pour la prendre dans ses bras et lui caresser les cheveux doucement... ses cheveux si soyeux...

- Ne pleure pas, tu vas abimer tes jolis yeux...

- Si par le plus grand des hasards vous avez échangé quelques mots avec lui à l'auberge, vous aurez pu vous rendre compte qu'il est un peu... agressif. Et c'est encore pire si jamais on s'avise de prononcer mon nom devant lui. Donc s'il venait ici, ce serait probablement dans l'intention de me tuer. Il reste un assassin professionnel, il n'irait pas "débouler dans la pièce d'à côté" à moins d'être certain que je m'y trouve, et de préférence seul.

Earl serra les dents.
N'avait-il pas été assez clair avec Soghann ? Qu'ils aillent "récupérer" la fille si ça leur chante, mais qu'ils prennent un minimum de précautions pour que Fanaa ne voie pas le visage de Syld ! C'était elle, le problème depuis le début ! Ce n'est pas comme s'ils n'avaient pas été au courant du pouvoir qui sommeillait dans cette péronelle, même s'ils en ignoraient l'étendue exacte...

Ah, il commençait déjà à regretter d'avoir apporté son concours aux soins.

- Médiévir. Oui, jolie ville. S'il y avait moyen de prendre cette Fanaa, de l'enfermer dans une boîte hermétique, et de la balancer au fond du lac, ce serait une magnifique solution.

Il se leva.

- Si j'étais vous, je ne resterais pas dans l'entourage immédiat de cette fille. Elle attire les ennuis... elle est elle-même le pire "ennui" qui pourrait arriver. Si vous êtes à côté d'elle, vous souffrirez immanquablement. Vous en avez eu un aperçu cette nuit, semble-t-il.

Il se détourna, encore plus tendu que pendant l'intervention avec Fynarine.
Même si dans son état Fanaa ne représentait plus un danger, elle demeurait un danger potentiel. C'était risqué, trop risqué. Pouvait-il réellement la laisser entre les mains d'une bandes de femmes qui avaient tout l'air d'être en manque de maternité et qui la cajolaient comme une poupée ?
Le Lévitis eut une moue de dégoût à cette dernière idée.
Les femmes...
D'après ce qu'il avait pu voir, elles se comportaient avec Fanaa comme s'il s'était agi d'un bébé... non, d'un jouet magique. S'extasier lorsqu'elle prononçait un mot, la couvrir de cadeaux, céder à ses caprices... C'en était écoeurant. Et surtout ça ne pouvait pas durer.
Il fallait qu'il réfléchisse, vite.