Le Palais de la Reine - Hall Lunaire

- Bien. Oh je vous rassure, je peux le faire. Sinon je n'aurais pas eu l'affront de vous le proposer. C'eut été stupide et inutile. Bon. Venez par là, et demander à votre compagnon de vous laisser un peu.

Elle parlait d'Eyrol.

- Je vais prendre vos mains. Voilà. Asseyez vous. Le sol est dur, je suis désolée. Il va falloir vous allonger. Oh, attendez. Monsieur ? Oui vous, monsieur son frère, me prêteriez vous votre cape pour faire un oreiller à la demoiselle ? Voilà. Merci. Maintenant allongez vous et gardez vos yeux fermés.

Aryllë s'assit en tailleur tout près de Lynn et posa une main sur les paupières de l'aveugle, l'autre sur son cœur pour en contrôler les battements.

- Essayez de vous détendre, pensez à quelque chose d'agréable. Pensez à l'eau par exemple. Il y a un très beau lac ici, vous l'avez vu ? Pensez au lac. Imaginez vous dans l'eau, flottant, légère, portée par l'onde. Vous ne sentez plus votre corps, vous êtes légère, très légère. Vous n'avez plus de corps, vous êtes esprit, pur esprit. Pensez à quelque chose qui vous rend heureuse, un joli souvenir. A quelque chose que vous voudriez revoir. Quelque chose ou quelqu'un. Le voir vous ferait tellement plaisir ...

Le discours n'était pas important. Le but était que Lynn pense à autre chose.

Aryllë rompit le contact, prit dans ses mains la pierre de soleil, or aux reflets chatoyants, et la pierre de guérison bleu clair, transparente comme de l'eau pure. Elle fit un signe de sa main et prononça un mot étrange. Alors Lynn se retrouva dans cet état entre sommeil et éveil, l'endroit où l'on ne reconnait pas le rêve de la réalité, où tous deux se mêlent.

L'elven aux cheveux de lumière posa la pierre bleue sur le front de Lynn entre ses sourcils et la pierre de soleil au dessus.

Ensuite elle toucha son propre front, sa bouche puis son cœur et inclina la tête dans un salut. Une lueur bleue entoura Lynn et Aryllë bougea ses mains de façon à jouer avec des rais dorés, comme si elle jonglait avec la lumière. Elle releva la tête et sourit, tandis qu'elle déclamait :


- Ouvre les yeux maintenant ... doucement, essaie ...

Sek prit Eyrol avec lui, passa sa cape comme on le lui demandait, et Lynn s'assit.

Aryllë a écrit:

- Essayez de vous détendre, pensez à quelque chose d'agréable. Pensez à l'eau par exemple. Il y a un très beau lac ici, vous l'avez vu ? Pensez au lac.

Ça c'était facile. Le lac était déjà associé dans son esprit à des évènements très agréables...

Aryllë a écrit:

- Pensez à quelque chose qui vous rend heureuse, un joli souvenir. A quelque chose que vous voudriez revoir. Quelque chose ou quelqu'un.

Facile encore.
*Lyrev...*
Là, pour être détendue, elle était détendue.
Flottant dans ses souvenirs, elle n'avait aucunement conscience de ce qui se passait à l'extérieur de cette bulle douillette et cotonneuse. Un picotement peut-être? Ou peut-être pas.
Le rêve s'acheva en douceur, juste à temps pour qu'elle entende Aryllë lui demander d'ouvrir les yeux. Elle s'exécuta prudemment et...
Devant elle, là où ne se trouvait auparavant qu'un vague brouillard bleuté, se tenait une femme magnifique, aux yeux d'or, qui lui paraissait nimbée de lumière. Elle voyait!
L'esprit encore un peu embrumé, elle commença par adresser à Aryllë un remerciement un peu bredouillant, à la limite de l'audible. Puis elle se réveilla tout à fait et se détendit comme un ressort.
Elle bondit sur l'elven et la serra dans ses bras.

- Merciiiii! Oh merci, je vois de nouveau, c'est merveilleux!

Elle finit par relâcher son étreinte, avant d'avoir étouffé sa guérisseuse. Lynn se releva et recula d'un pas, son visage devenu neutre. Elle considéra gravement Aryllë, puis lâcha:

- Vous êtes si belle. Je suis jalouse!

Et elle éclata de rire! Elle promena son regard enfin libéré dans le hall, et sur ses compagnons.

- Vous avez de ces têtes! Hey, réjouissez-vous, on a gagné et on est indemnes! Par contre, il va falloir qu'on change tous de vêtements dès que l'on sera rentré...

Aryllë éclata de rire à la réaction de Lynn.

- Belle ? Moi ? Oh tu es adorable ! Si jamais tu croises un jeune homme aux yeux de serpent et à la langue bien pendue tu voudras bien l'en informer ? Tu le reconnaîtras facilement il fait du charme à toutes les jolies filles et n'est pas en manque d'imagination. Bon ...

L'elven passa ses mains dans ses cheveux et regarda vers la Harpe. Que s'était il passé ? Sa main alla dans sa poche tâter la pierre de soleil. Oui ... que s'était il passé avec Adweliwen, la Harpe, la pierre ?

Elle se tourna vers la mediovienne, le regard interrogateur, mais sans oser poser la question qui lui brûlait les lèvres.

La voleuse se mit a rire de bonne joie. Elle sauta au cou de Lynn puis lui pris les mains en sautillant.

-C'est merveilleux! merveilleux!

Elle lâcha Lynn et pris les mains de l'Elven

-Merci! merci beaucoup! Oh! et c'était bien votre pierre? elle n'est pas cassée? j'espère que je ne l'ai pas brisé! Ma Reine! C'est grace a Elle que nous avons pu rendre son intégrité a la Harpe. Ma Reine!

Elle se retourna vers le dernier endroit ou été la Reine.

Après le passage de la vague de destruction, Leryanna était restée immobile, observant sans rien dire le comportement de ce groupe hétéroclite grâce auquel elle avait pu atteindre l'objectif pour lequel ses partisans avaient travaillé si longtemps.
Elle en savait beaucoup sur certains d'entre eux, beaucoup moins sur certains autres.
Tout à coup, le hall se remplit de gardes. Il en arrivait par toutes les portes.
*La cavalerie, en retard, bien entendu.*
Le plus haut gradé de l'escouade se précipita vers elle.

- Ma reine, vous n'avez rien?

- Non, mais ce n'est pas grâce à vous. Qu'est-ce qui vous a retenus?

- Et bien...

- Suffit. Je ne veux pas de vos explications bafouillantes maintenant. Vous me rendrez des comptes au moment opportun.

- Bien ma reine. Devons-nous arrêter ces gens?

- Non.

Leryanna, à pas comptés, se dirigea vers le petit groupe.

- Mesdemoiselles, messire, navrée d'interrompre vos émouvantes effusions et de retarder le repos que vous devez tous être impatients de prendre après ces épreuves, - le ton employé n'était assurément pas un ton d'excuse - mais nous avons à parler. En privé.
Si vous voulez bien me suivre, nous allons nous rendre dans mes appartements, tandis que ces messieurs vont remettre le grand hall en état.

À n'en pas douter, chacune de ses paroles était plus un ordre qu'une suggestion.
Sitôt le dernier mot prononcé, sûre d'être suivie, elle se retourna et emprunta le couloir principal...

vers les quartiers de la reine...