Rues de Faelanir

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- Alors on peut y aller.

Syld passa un bras autour de la taille de Fanaa puis, s'étant assuré que les fenêtres de la grande salle ne donnaient pas de ce côté, se laissa tomber en douceur dans la ruelle déserte en contrebas. Ils se reçurent en souplesse et en silence sur les pavés encore humides.

- Au programme ce matin : petite promenade en bord de mer et pique-nique improvisé sur une petite plage. La côté est un peu plus sauvage, vers le nord, et il y a tout plein de criques tranquilles... sans magicienne glacifère, clerc bibliothécaire au caractère à coucher dehors ou autres monstres effrayants.

Avec un rire étouffé, le jeune homme enveloppa Fanaa dans son manteau.

- Il faudra aussi penser à te trouver quelque chose d'autre à te mettre sur le dos. C'est toujours aussi joli, mais bien peu adapté pour des endroits ou la température n'est pas aussi constante qu'à Shalanos. Enfin, nous verrons ça plus tard. Un passage rapide dans le quartier commerçant pour nous acheter de quoi nous faire un petit-déjeuner et un déjeuner...

Il fit sauter en l'air quelques zoris qui luisirent joyeusement dans les rayons encore un peu frileux du soleil.

- ... et ce sera parfait.

Il tapota le bout du nez de la demoiselle d'un index taquin.

- Tu auras tout le temps de faire une sieste si tu as encore envie de dormir, pas de souci. Dépêchons.

Syld la prit par la main et l'entraîna vivement par un trou dans la palissade qui barrait la ruelle. Si sa mémoire était juste -et elle l'était, pour ce genre de choses-, il s'agissait d'un raccourci qui débouchait directement dans une des artères commerçantes de la ville.

- Non c'est bon j'ai assez dormi... mais je meurs de faim !

Comme pour confirmer ses dires, on entendit un petit "grouik" venant du ventre de Fanaa. Ils s'occupèrent donc des victuailles et ce fut très amusant. Bataillant pour la taille d'un saucisson, la fraicheurs du pain, tombant d'accord sur quelques douceurs, et finalement récoltant un sacré pique nique pour au moins 3 personnes ! Mais alors 3 personnes avec un appétit d'oiseau. Les rues commerçantes c'était drôle car c'était bruyant, animé, et ça sentait le poisson. Etrangement d'ailleurs, ils décidèrent de ne pas en prendre... jusqu'à ce qu'ils tombent sur l'homme qui les avait menés en carriole la veille. Ils échangèrent un éclat de rire, les deux "serviteurs en cavale" comme le bonhomme les appela avec un regard complice puis, malgré la grimace de Syld, Fanaa choisit un drôle de poisson plat.

Elle pensa aussi à faire l'emplette d'une cuillère et un couteau, ainsi grignoter serait plus aisé. En passant, Fanaa jeta des coups d'œil aux boutiques de tissus et de vêtements de façon à repérer une ou deux petites choses intéressantes.

Elle se tenait droite malgré sa vêture et ses marques. Syld la trouvait jolie alors aujourd'hui elle s'assumait. Toute son attitude s'en trouva modifiée, elle n'était ni gênée de ce qu'elle était ni craintive du regard des autres. Donc autant toutes les femmes se retournèrent sur le passage de l'irrésistible filou, autant elles purent voir pour une fois que la fille à ses côtés n'était pas la plus moche. Loin de là. Des regards masculins l'effleurèrent d'ailleurs à plusieurs reprises. Mais la demoiselle ne le remarqua nullement.

Entre les pitreries et le charme de Syld, la douceur des sourires et la grâce naturelle de Fanaa, tous deux héritèrent de quantité de nourriture pour des prix défiant toute concurrence.

- Tu as vu, c'es génial ! Je crois qu'on a assez maintenant. Direction la plage ?