Aterlo et Graouill-hi se retrouvèrent sur le pas même de la porte. Le premier revenait de visiter ses patients, le second revenait du lac.
-La journée fut-elle bonne ?
-Ma foi oui. Personne n’est mort de maladies. Seulement de vieillesse, mais ça, on n’y peut pas grand chose. Et toi, d’où viens tu ?
-Je suis allé cueillir des chardons au bords du lac. Je souhaite repartir voir mon vieux maître pour lui conter mon voyage. Et j’ai bon espoir de réussir à tirer le meilleur de ce chardon grâce à son aide.
-L’entêtement peut être une qualité, répondit Aterlo avec un sourire ironique.
Les deux clercs s’assirent pour manger un repas frugal.
-Quand compte-tu partir ?
-Demain je pense. Y a-t-il des voyageurs auxquels je pourrais me joindre ?
-Je ne sais pas. Mais la route n’est pas très dangereuse. Prends juste garde à ne pas camper trop près des chemins et ne laisse pas de feu allumé à des heures trop avancé de la nuit.
Graouill-hi pensait à l’épée que lui avait confié son maître. En quittant Ilymir, il l’avait scellé de quelques gouttes de cire sur lesquelles il avait gravé la date de son départ. Il comptait bien montrer à son maître Miscoat ce sceau intact. Il mettait un point d’honneur à ne jamais avoir recours à une quelconque arme.
-Au fait, ce matin, avez vous rendu visite à la shalso amnésique ?
-Non, je crois qu’elle est parti.
-Savez-vous dans quelle direction ?
-Je ne me suis pas renseigné. Sa vie n’étant pas en danger...
-Les shalos sont si sombre d’âme qu’ils ont une prédisposition aux maladies mentales.
Aterlo ri intérieurement. Il avait finit par prendre avec légèreté le manque d'indulgence de son confrère. C’était là maladie de jeunesse.
Leur repas terminé, l’Ilymis commença à rassembler ses effets. ‘J’ai profité de mon excursion ce matin pour vous rapporté quelques plantes médicinales’ dit-il en vidant son sac de différentes herbes. Le clerc remercia et rangea les plantes.
-Tu auras besoin d’une monture.
-Maître, vous m’obligez...
-Ca ne me coûte rien. Tu fera office de courrier. Tu remettra le cheval et le courrier au relais d’Ilymir. Ainsi, tout le monde y trouve son compte.
Graouill-hi fut bien surpris de voir un clerc si proche de l’administration, mais ne s’en préoccupa pas.
Le lendemain, une heure avant le levé du jour, Aterlo et Graouill-hi se dirent au revoir. Devant l’écurie de poste, un écuyer les attendait avec un cheval déjà chargé de deux sacoches pleines à craquer. Il régla les formalités du voyage avec le Méldivien puis confia le cheval à l’Ilymis.
-Tu sera toujours bienvenu dans mon hospice, Graouill-hi.
-Merci, je ne l'oublierais pas.
-Et si cette plante maléfique s’avérait d’une quelconque utilité, fais-le moi savoir.
-Je n’y manquerais pas.
Sur un dernier adieu, Graouill-hi parti en direction de la ville lumière.