Le Mitz

Le matin était bien avancé lorsqu'on tapa a la porte de la chambre d'Adwel. Elle essaya d'émerger doucement mais un petit groupe de trois hommes au casque rouge entrèrent brusquement.

- Bien le bonjour, Mademoiselle.
- ... hum?
- J'espère que votre courte nuit a été tout de même reposante.

L'un des hommes, sur un signe du gradé, ouvrit le rideau.

- Disons que le réveil aurait pu être plus doux... Elle devina la raison de leur venue Ma nuit, elle, a été ponctuée d'image de sang.
- La couleur de vos cheveux... elle est naturelle? Demanda avec franchise l'officier
- Evidemment, répondit immédiatement Adwel, je suis Médiovienne... Pourquoi cette question?
- Vous êtes la seule femme qu'on ait vu dans les parages du crime d'hier.

La voleuse se releva brusquement, les yeux embués de larmes, une main sur le coeur

- Ne me dites pas que... que vous me soupçonnez! Je... Elle était... et puis, il y avait aussi la fille de joie! Elle avait une péruque... Vous l'avez interrogé elle?
- Du calme du calme... Je ne voulais pas vous blesser... Fit l'officier levant les mains d'un geste apaisant.. Vous pensez bien que c'est l'enquete qui m'oblige a cela!
- Je sais, mais il est étrange que vous veniez sans vous annoncer dans la chambre d'une femme qui n'a même pas eu le temps de se préparer a la visite d'un homme!

Le ton de la jeune femme desarsonna l'officier... Il se dit en effet que cette méthode marchait plus facilement sur les hommes que sur les femmes... Il venait d'en recevoir la raison en pleine figure.

Ses hommes fouillait dans la chambre.

Il s'éclairecit la gorge de gène.

-Hum... effectivement... heu... Pouvez vous nous en dire plus sur vous?
- Je suis Naeylia Disanwe, Mediovienne.
- Vous venez directement de Médiévir?
- Effectivement.
- Et que faite vous en Fedoran?
- J'étudie. Mon père m'a toujours dit qu'il fallait qu'un Mediovien voyage pour éviter d'attraper de sales pensées... Vous savez que les médioviens ont tendance a ne pas aimer les "étrangers". Donc mes parents m'ont dit de visiter le Monde. Fedoran est ma première visite... et je doix dire que j'aurais préféré un autre accueil...
- Certes... mais... que faisiez vous chez le seigneur Kirin?
- Ce que j'y fesais? le Seigneur Kirin est un client de mon père qui est négociant en pierres précieuses et étoffes riches. J'ai profité de mon voyage pour entretenir les relations professionnelles de Père... Pause dramatique... d'une voix tranblotante, elle continua Par la Harpe Sacrée! que va dire Père quand il apprendra que notre meillieur client ... Et elle se mit a sangloter
- Je pense que ça ira tout de même... Je suis sur que vous trouverez d'autres clients... dit il d'un ton de réconfort Il y a des concurants de Kirin qui adoreraient avoir des contacts avec votre famille!
- Vous... vous êtes sur?

L'un des hommes de l'officier interrompit la discusion et, en vainqueur, il fit

- Mon Lieutenant, j'ai trouvé ça dans son sac.

Il tenait le saphir et une broche d'argent. Son officier le toisa de haut:

- Evidemment! Mademoiselle Disanwe est la fille d'une négosiante en pierres précieuses! Bon, et bien je pense que je sais tout ce que je souhaitais. Nous continuerons a chercher cette tueuse rousse. Je vous prie de m'excuser pour la gène occasionnée et vous souhaite un bon séjour parmi nous.
- Merci Lieutenant...
- Sekchar.
- Merci Lieutenant Sekchar... Je voulais savoir... je souhaiterais informer le plus tot possible mon père de cette évènement... Quand les portes se ferment-elles?
- Demain. Si vous partez, ne tardez pas, vous seriez vite rattrapée par la tempète. Effectuez votre départ avant 16 heures.
- Merci du conseil.

Après les saluts de l'officier a la voleuse, les casques rouges sortirent. Adwel remarqua alors qu'un quatrième homme gardait la porte. Il fut relevé de ses fonctions de la nuit... Elle avait donc été surveillée.

Adwel soupira, remerciant ses maîtres de comédie, s'étira puis se leva. Elle se lava rapidement, rassembla ses affaires. Elle voulait quitter au plus vite cette ville et ne souhaitait même pas rendre visite a cette Mani.

Tranquillement, elle abandonna sa chambre et sorti de l'hostellerie après avoir prit un pain au miel dans la salle du petit déjeuner.

La ville de Fedoran était fidele a elle-même. De l'agitation, de la vie, des rires, des bagarres... beaucoup de casques rouges... evidemment, des controles d'identité. Adwel prit place dans la file. Elle était la prochaine a passer quand elle entendit des voix malheureusement familières.

- Hey les gars... vl'a la femelle de l'eau!
- Ouais... et ses copains shalos sont pas la...
- Eclatons la!

Adwel regarda interrogatrice le casque rouge
- Et... vous comptez faire quelques choses?
- Heu... c'est que ce n'est pas dans mes prérogatives Madame...
- Mademoiselle... Bon... et a part fuir...?
- Ben... je sais pas... je suis nouveau...
Elle leva les yeux au ciel
- Vous allez tout de même me laisser passer...?
- Oui.
- Et controler ces gars la...
- Euh... oui...
- Merci.

Adwel bouscula les personnes devant elle, ponctuant son slalom par des "pardon". Avec son agilité, elle se faufila et disparu.

En chemin, elle réussi a s'integrer a une caravane de vendeurs de peau de Moo... odeur peu agréable mais voyage tranquille en direction de la Taverne de Veis

Venant de la rue principale, Hakuren s'arrêta devant le Mitz. L'enseigne lui plaisait tout autant que la battisse qui semblaient toutes deux annoncer un établissement de qualité. Elle ne fut pas déçue lorsqu'un jeune palefrenier pris les rênes de sa monture.

- Souhaitez vous vous arrêter au Mitz Madame?
- Oui, je souhaiterais une chambre et un coin d'écurie pour ma monture.

Un homme du même âge que la mage arriva avec ses cheveux bien roux et un air typique des gens de la campagne. Alors que la lévétis descendait, il prit le sac de bagage et l'invita a la suivre. Une fois dans l'établissement, qui était finalement un peu plus modeste que ce qu'attendait Hakuren, le jeune homme glissa un mot à l'aubergiste qui lui donna des clés avant de repartir dans une comptabilité difficile.

- Suvez moi Madame. Vous avez la chambre 14.

Ils montèrent a l'étage et le jeune homme ouvrit une chambre. Il laissa entrer Hakuren qui jugea la pièce correcte avant de déposer le sac et sorti en fermant la porte.

La mage était enfin seule. Elle soupira et s'assit sur le lit.

Après la chaleur écrasante des rues, et malgré son appartenance au peuple Fédorien, Delhan ne fut pas fâché d'entrer dans une auberge plutôt fraîche.
Le Balafré tapota sur le comptoir de son air désabusé et sombre habituel et d'une voix qui ne souffrait aucune attente, demanda une bière bien chambrée.

Rien de tel qu'une bonne bière chez soi pour oublier un instant ses soucis.

Pendant qu'on s'activait à sa commande, il prit place dans la salle quelque peu déserte avec un un soupir satisfait.
Les autres allaient arriver dans peu de temps.

Delhan sortit de sa poche le bout de velin dérobé à l'Ilymis.

N.

Autour duquel s'enroulaient des ronces et des fleurs. Blanches à la corolle tachetée de rouge.

Qu'est-ce qu'était que ça ?

En entendant des bruits de pas alors que la salle était peu fréquentée, Delhan leva discrètement les yeux. Encore cette femme.
Puis, sans perdre une seconde, se replongea dans l'étude de son morceau de parchemin, avec, tout autour de lui sur la table de petits carnets étalés.

Cherchant dans l'un, tantôt griffonnant dans un autre, le mage semblait très concentré. Du bout de sa plume, il tâchait de recopier l'enluminure au détail près. Mieux valait prendre une longueur d'avance sur ces filous. ils allaient surement vouloir garder ce papier pour eux seuls.

Puis vint l'aubergiste avec son plateau. D'un mouvement impatient, sans mot dire, Le Balafré saisit la chope et la reposa sur la table.

Une serveuse apporta le plat de la mage qui leva la tête pour la première fois depuis que sa plume grattait le papier. Elle haucha la tête en guise de "remerciement" puis entreprit d'observer enfin ce qui l'entourait. Et elle remarqua que l'homme a la balafre était la. Lui même écrivait... Cela provoqua un levé de sourcil blanc. Il n'avait pourtant pas l'air d'un érudit.

Les deux étaient très proche. Une table les séparait. La mage décida d'entamer la discussion

- Hey, vous êtes la aussi?

Tout en ne manquant pas de grogner son impatience, il leva brièvement la tête en direction de la voix.
Il fit une grimace, ce qui dans son esprit correspondait à un sourire à peu près poli.

- Oui, je suis là.

Il haussa les épaules, l'air de dire "ca ne se voit pas non ?". Il posa sa plume et plia son papier.

-Comme ça, vous vous êtes établie ici, dans cette auberge ? Ca va être follement drôle. Vous n'avez pas l'air de quelqu'un avec l'humour en bandoulière.

Delhan reprit une gorgée de sa choppine tout en jetant un regard aux affaires de la mage.

- Z'êtes pas d'ici vous. Même si c'est évident au premier coup d'oeil, accorda-t-il avec un mouvement de menton.

Hakuren regrettait déjà avoir entamé la discussion

- Et vous, vous êtes toujours aussi observateur. rétorqua-t-elle froidement Et vous, vous semblez être en voyageur. Une hypothèse sur mon origine?

Cet étranger... enfin, il l'était pour elle... donc, cet étranger l'intriguait. Quelle histoire se cachait derrière cette cicatrice.

- Vous êtes sur de retour ou vous ne faites qu'une étape ici?

Léger plissement de nez.
Elle n'était pas très loquace, mais surement pas muette non plus. De quoi lui rapporter quelques zoris, si c'était une personne à risques. Continuer la conversation, c'était le mot d'ordre. C'est pourquoi il préleva une autre gorgée de sa bière puis répondut à la question d'Hakuren.

- Un amoureux d'Adréis. Mais comme l'amour est souvent très épineux. Il montra d'un geste sa cicatrice que la femme semblait regarder, avec un sourire tordu. Je me tiens à peu près tranquille.
Mais je pense ne faire qu'une étape. J'ai encore quelques affaires à régler ici et là.

Ses yeux de jais se posa sur les manuscrits à nouveau.

- Vous rédigez des textes sur Fédoran ?

Une expression plutôt étonnée, à ce que pouvait en juger la mage. Manifestement, Delhan ne s'attendait pas à voir une autre personne sachant lire et écrire dans cette salle... Du moins, pas tout de suite.

La mage avait noté qu'il ne s'était pas engagé sur le terrain de son origine. Elle écrivait quelques lignes.

- En quelque sorte oui. Et plus globalement sur tout ce que je vois lors de mes déplacement. Je ne suis ici que pour étape aussi. Je compte repartir demain. Je reviendrais étudier Fedoran quand j'y trouverais quelque chose de plus intéressant. Et vous? vos écris portent sur quoi? Vous n'avez pas vraiment l'air d'un érudit.

Le tact et la diplomatie lui ferait terminer la phrase par une formule consacrée telle que "sans vouloir vous offenser". Mais Hakuren était bien loin de ces considérations.

Nouveau plissement de nez chez Delhan. Elle lui paraissait maintenant interessée par ce qu'il écrivait.
Quelle curiosité, pensa-t-il. Parce qu'elle avait l'air d'une personne cultivée sans doute ? Avec ses pelisses et ses mines de Reine des Glaces Levitis, perchée dans sa tour d'ivoire. Il ne dit rien, seulement il haussa légèrement les sourcils.

- Des recherches... Botaniques, si vous voulez savoir.

Mais alors... Si elle avait tant voyagé...
Non, mieux valait-il ne rien en dire, et attendre sagement l'herboriste et le filou Fédorien.

- Si je comprends bien, vous êtes une chroniqueuse. Vous écrivez une sorte d'encyclopédie sur notre beau pays ?

- Pas que le votre. Sur tout les peuples que je croise. Mais j'ai aussi quelques paragraphes sur l'histoire, l'architecture, les cultures, la géographie, la botanique aussi.

Elle rebondit immédiatement sur ce thème.

- Vous faites quoi comme recherches? je pourrais vous aider, j'ai une grande connaissance dans ce domaine. Et c'est d'ailleurs l'une des choses qui m'intéressent le plus "en-bas". Mais c'est un peu a cause de mes parents... Bref, si je peux vous être utiles de quelques manières dans ce domaine...

La lévétis semblait vraiment sincère. Aucune once de cynisme. Ce qui était assez remarquable pour le souligner.

Tiens, tiens ! Non seulement, le sujet botanique la déridait et elle lui proposait son aide.
Ses méninges fonctionnaient à deux cents à l'heure. Ce pourrait-il qu'elle soit justement son contact levitis ? Il fronça légèrement les sourcils. Ou alors mieux ! Elle pourrait lui permettre carrément de doubler cette empoisonneuse Fédorienne et son acolyte si elle l'aidait, d'autant plus qu'elle n'avait pas l'air stupide.
Ca méritait reflexion.

L'homme âgé d'une trentaine d'années esquissa un sourire, du moins ce qu'il appellait un sourire, en direction de la Levitis.

- Je crois que votre aide serait peut-être utile, Madame..

Au fait, c'était quoi son nom ?

- Mademoiselle. Et Appelez moi simplement Kakuren.

Elle invita l'homme a sa table

- Et votre nom? Elle enchaina Sur quoi travaillez vous exactement?

Elle sorti alors un carnet vert déformé et fermé par une lanière de cuir. C'était visiblement une sorte d'herbier.

Le regard de Delhan avait brillé l'espace d'un instant en voyant le carnet vert et fatigué sortir des poches de la Demoiselle Hakuren. Tout en se rendant compte que c'était sûrement sa chance !
Pouvoir à la fois réaliser son désir tout en n'étant pas gêné par ces bons à rien !

Ce fut donc avec un entrain particulièrement étrange qu'il accepta la place qu'on lui proposait tout en se présentant.

- Delhan. Delhan "Le Balafré" mais je préfère "Le mangeur d'épées ".

Ne pas se laisser avoir non plus. Il devait garder une certaine distance. C'est pourquoi il ressortit le papier de sa poche. Le nom de cette fleur ne lui était pas inconnu. Il lui avait semblé un court instant l'avoir déjà croisé au détour d'une page d'herbier à Ilymir, mais impossible de remettre le doigt dessus. Peu importe.
Il lui fallait juste savoir où poussait cette fleur. Le Fédorien sortit aussi de ses affaires un petit livre, à contre-coeur, il devait l'avouer. Il l'avait chipé dans les Grandes Bibliothèques du Temple Ilymis, mais écoeuré de n'avoir pu tout lire, il l'avait gardé. Il avait beau savoir lire et écrire, ses connaissances n'égalaient pas celles des étudiants d'Eronn.
Tout en baissant subtilement la voix, il se pencha vers Hakuren en surveillant discrètement les entrées. Il se devait d'être rapide. Si ces andouilles arrivaient, son plan était foutu.

- Une amie... S'est mise en quête de trouver.. Ca. Et elle a disparu.

Il fit glisser le bout de papier devant l'assiette de la mage. Sur le papier craquelé et vieilli, était peint un N majestueux. Sur le jambage principal s'enroulaient des tiges noires et épineuses comme un mûrier sauvage. Et sur ces imposantes épines, des taches blanches semblaient éclore. Blanches, éclaboussées d'un rouge sanglant.

Hakuren jeta un regard curieux sur le petit livre. Il présentait les marques de son appartenance à un bibliothèque d'un temple d'Ilymir. Il était pourtant reconnu comme interdis de sortir la moindre page!

L'attention de ma mage fut portée sur le dessin d'une plante.

- Ceci est une Namial ensanglantée. répondit-elle dans un naturel presque dérangeant. Pourquoi votre amie cherchait-elle cette plante?

Elle cherchait des informations. Avant d'apprendre la suite, il lui faudrait répondre. a ses propres questions. Un homme qui se promène avec un livre qui n'aurait jamais du sortir de la où il se trouvait l'intriguait.

Un Namial. Le nom de la plante lui revint en tête avec la puissance d'un boulet de canon. Il revit avec une netteté crue ce mot, écrit de la main même de l'Ilymis qu'il poursuivait. Sa respiration s'était accéléré l'espace d'un instant et il murmura, comme pour lui-même.

Nympheae Dolorosa...

Bien sûr. C'était une légende obscure, qui courait dans les recoins humides des Bibliothèques. Comment se faisait-il ...

Il leva brusquement les yeux. La mage semblait fixer avec une attention croissante le petit livre, tout comme l'aubergiste qui ne cessait de les regarder. Aïe aïe..En se raclant la gorge, il fit disparaître le fruit de la curiosité d'Hakuren et en profita pour boire à nouveau une gorgée de bière.

- Nous devrions monter.Il y a des choses qui doivent resterprivées.

L'homme se leva en simulant de la fatigue, et en glissant le numéro de sa chambre à sa collaboratrice herboriste, prit l'escalier.

Trois coups. Brefs, secs, et très rapprochés. Le signal qu'attendait Delhan. Alors couché sur sa paillasse avec son livre, il se leva et ouvrit précautionneusement la porte.
Son regard sombre s'éclaira brièvement en voyant le visage d'Hakuren dans l'interstice. Le Balafré lui laissa le passage libre, puis, une fois entrée, il la referma sans bruit.

- Asseyez-vous.

Son ton était plus courtois qu'à l'accoutumée. Tout en la rejoignant, il plongea les mains dans ses poches, comme le ferait un gosse et prit sa mine boudeuse comme à son habitude.
Il choisit d'attaquer tout de suite.

- Dès que vous avez vu cette enluminure, vous en avez immédiatement conclus à un Namial. Je me félicite d'approuver votre avis.

Il se rassit sur le bord du lit, tout en jouant avec le petit carnet qu'il avait sorti de sa poche.

- Mais ce "Namial" comme vous dites, est connu sous un autre nom... Que vous n'avez probablement jamais entendu de votre existence, malgré votre savoir en la matière.

Delhan ouvrit le carnet, fit tourner quelques pages ornées de gravures, puis le referma subitement.

- Mon.. Amie est partie à la recherche de cette plante, et malheureusement... Elle a disparu. Seulement, je ne peux me permettre d'en parler ouvertement, par sécurité. Cette plante est recherchée pour ses propriétés étranges et... Inconnues.
Au fait, connaissez-vous le vrai nom du Namial Hakuren ?

Hakuren soupira. C'était bien la première fois qu'on se permettait de douter de son savoir... A l'université, personne de se permettrait de mettre en doute les connaissances du Blizzard.

- "Une" Namial.... "Une". Quant à son nom sacré... Vous me prenez vraiment pour une débutante n'est-ce pas? Car vous même vous le connaissez, bien entendu? Cela s'entend à votre voix. Venons au fait. Que désirez vous exactement?

Hakuren regardait son interlocuteur dans les yeux. Elle ne cillait pas. Et visiblement, lui non plus.

- C'est la Nympheae Dolorosa.

Et elle attendit.

Discrètement, il tapa dans ses mains, légèrement étonné de la culture de la jeune femme. Et il lui plaisait énormément d'égratigner quelque peu l'amour-propre des gens avec qui ils conversaient. Généralement, c'était une marque de bienveillance, si on pouvait qualifier son attitude comme ça. En d'autres termes, il ne vous parlerait en aucune façon si vous n'étiez pas interessant.

- Nymphea Dolorosa.

Il faisait rouler ce nom sur sa langue comme s'il s'agissait d'une petite chanson qui défilait dans sa tête. Son sourire tordu revint sur sa face abîmée.

- Autrement dit "La Douleur de la Nymphe". Je ne vous apprends rien non plus en vous disant celà. Mais derrière ce joli nom, se cache une petite histoire, qui, je pense vous plairait d'entendre ! Et cette histoire, ca m'étonnerait qu'à Levitas, vous en ayiez entendu parler. C'est assez simple, et méconnu. Elle traînait dans les recoins poussiéreux des étagères jusqu'à ce que mon amie s'en empare et l'étudie.

Delhan sortit une feuille de sa poche, qu'il défroissa avec force. Il s'agissait d'un dessin, sans doute l'avait-il trouvé dans la maison de l'Ilymis. Il s'agissait d'une femme.
Gracieuse, elle avait le regard tourné vers la terre qu'elle foulait et dans ses bras nus, elle serrait contre elle une gerbe de fleurs que l'on pouvait deviner immaculées.

- Il est dit par les Anciens, que plusieurs siècles auparavant, s'était livré une guerre sans merci. Les hommes contre les hommes. Les frères contre les frères, une guerre affreuse qui rongea aussi la Terre Adréis elle-même. Cette Nymphe -Il tapota l'image du doigt- serait d'après Taymir, la divinité du Ternaël, tellement attachée dit-on à la Nature.
Bref, cette Nymphe, tellement attristée par ce massacre, aurait pleuré des larmes de sang.

Le fédorien toucha avec délicatesse le visage de la Nymphe, puis les fleurs.

- Depuis lors, les fleurs ont perdu leur innocence, leur "chasteté" première, et leur robe se parent d'un manteau rougeâtre dès leur éclosion, selon la légende. Personne n'en aurait jamais vu de près.

- Cette histoire est très intéressante. Quelle en est l'origine?

Elle passa rapidement à la suite

- Et vous ne savez pas pourquoi votre amie veut a tous prix cette fleur? ni si c'est pour cela qu'elle a disparu?

La mage soupira.

- Vous savez, si vous voulez que je vous aide... il va falloir une bonne raison. Car pour le moment, tout ce que je souhaite, c'est rejoindre quelqu'un que j'ai perdue de vue depuis bien trop longtemps. Je n'aurais d'ailleurs pas du prendre le chemin que j'ai pris. L'autre aurait était autrement plus intéressant... Bref, prouvez moi que j'ai finalement bien fait de venir a Fédoran.

Les y voilà. Delhan s'attendait à voir cette question tombre, au vu du comportement détaché et organisé de la femme qu'il avait devant lui. Mais est-ce que Hakuren allait croire au mensonge qu'il avait préparé ? Ou allait-elle le laisser tomber ? Et dans ce cas-là, signer son arrêt de mort sans s'en douter. La vision de son glaive reposant sous son oreiller vint à lui comme une évidence. Ou alors.. Il allait lui dire la vérité.. Oh, pas toute, un quart de la chose allait suffire, du moins, l'espérait-il. La levitis lui semblait de bonne foi et de solides connaissances allaient lui être utiles.

- Vous avez perdu de vue un ami, comme j'ai perdu de vue Taymir, malgré tous mes efforts pour la retrouver.

Une ombre passa sur ses cicatrices rougeâtres.

- D'autant que si on ne la récupère pas bien vite dans sa quête, elle risque gros. Et moi aussi. Votre savoir me parait fiable. Votre intégrité aussi. Je vous propose de vous aider dans vos recherches, si vous m'aidez dans les miennes. Un mage Fédorien a certaines facultés que vous n'avez pas. Comme vous en avez certaines que je ne possède pas.

Si nous faisons équipe, moi pour la sécurité, et vous en guise de tête pensante, ce serait une entraide fructueuse, ne le pensez vous pas ?

D'un geste preste, il ramassa tous les papiers éparpillés sur le couvre-lit et les fit disparaitre dans les grandes poches de son manteau bleu foncé.

- Vous êtes un mage. Intéressant.

Ce fut les seuls mots qu'elle prononça. Un silence accompagna sa réflexion. Elle pourrait peut-être en savoir plus sur la magie fédorienne. Et quand on lui parlait de botanique... Mais Dehlan semblait avoir marqué un point en suggérant la complémentarité. Une théorie parlait d'association d'Elixia. Ainsi, le vent de Levitas pourrait augmenter le feu de Fédoran... comme l'éteindre... Mais son Elixia a elle... que donnerait il avec le feu fédorien?

- A priori, j'ai donc bien fait de passer par ici. Savez vous ce que vous souhaitez faire ensuite?