Au bord de l'eau

[HRP]Avant[/HRP]


Totalement nue et la bourse nouvellement acquise attachée autour du cou, Fanaa était assise sur un rocher et se savonnait les cheveux. Ce qu'elle utilisait avait la senteur fraiche des jeunes pousses de printemps. Le parfum de Fanaa.

Alors qu'elle démêlait ses long cheveux bruns, le craquement d'une brindille la fit se retourner d'un coup. Apercevant Syld, elle sauta dans l'eau et s'immergea jusqu'à la poitrine.

Un éclat mutin dans les yeux et le sourire aux lèvres, elle s'écria:

- Et alors Monsieur Syld? Cela ne se fait pas de regarder les femmes dans leur bain sans y être invité. Ne me dites pas qu'on ne vous l'a jamais appris!

Elle se pencha en arrière et s'immergea totalement pour rincer sa chevelure. Quand elle se redressa, le niveau de la rivière juste sous le nombril, deux mèches cachaient artistiquement ses seins, tandis qu'elle lui faisait face.

- Mais... c'est ma cape que tu piétines là! Tu n'as pas honte?!

Les mains sur les hanches, Fanaa faisait une moue à Syld. Une mèche lui tomba sur l'oeil.

Avec un sifflottement à peine audible, Syld croisa les bras et s'appuya à un arbre pour mieux profiter de la scène.

En réponse aux premiers "reproches" de Fanaa, il secoua un doigt.

- Tut tut tut !

Le doigt se pointa avec hardiesse vers la bourse qui oscillait plaisament entre les seins de la jeune personne.

- Il me semble que j'ai déjà payé le prix de ma place aux première loges, impertinente mais non moins tentante demoiselle !

Le Shalos se fendit d'un sourire point trop vindicatif.

- D'un autre côté il est vrai que j'ai surtout appris la politesse à la mode de Shalanos. On y fait meilleure école pour s'instruire du meurtre et de la cambriole que pour les arts de la délicatesse, c'est un fait.

Puis,avec une nonchalance affectée, il s'assit carrément sur le coin de la cape et fit mine de l'épousseter. Le vil filou bloquait sciemment tous les vêtements de la belle, bien décidé à ne pas bouger d'un millimètre avant d'avoir pu se rincer l'oeil tout à son aise.

Le menton dans les paumes, il adressa à Fanaa une moue gamine et effrontée.

- Et je crains que le mot "honte" ne fasse point partie de mon vocabulaire...

C'est qu'il semblait tout à fait satisfait de lui l'animal!
Assis sur sa cape à elle, comme si c'était la sienne propre. Mais quel sans-gêne? Le culot de Syld l'amusait.
Comprenant le sens de son regard, elle rougit et se baissa dans l'eau pour se cacher. Elle songea à se rhabiller mais réalisa que la position de Syld l'empêchait d'atteindre ses vêtements!
Elle se redressa d'un coup, un éclat de malice dans les yeux.

- Filou, va!

Riant, elle se mit à asperger le jeune homme.

Tout en lui jetant de l'eau.

- payé dis tu? Ce n'est pourtant pas à toi que je l'ai vol... euh qui me l'a donnée!

- Si fait, si fait !

Syld essaya vaille que vaille d'éviter les grandes gerbes d'eau soulevées par Fanaa mais, vu qu'il s'acharnait à camper sur les vêtements de la demoiselle, il finit par tout se prendre dans la figure.

Le jeune homme eut le temps d'apercevoir la queue de Tsuki qui disparaissait dans un buisson.

" Eh tiens ? Saarielle serait-elle dans les environs ? Mais quelle bonne fortune me sourit aujourd'hui..."

Une nouvelle trombe d'eau s'abattit à propos sur le coin de son nez chenapan, coupant tout net un nouveau fil de pensées aussi agréables qu'amorales.

- D'habitude... si je prends une chambre à l'étage... c'est pour... éviter ce genre de... mésaventure, parvint-il à articuler entre deux éclaboussures. Mais bon, j'étais... distrait, et j'ai dû oublier de clencher la fenêtre... Et au passage, je vous signale, impétueuse demoiselle...

Il ramassa une vague mieux ajustée qui le laissa aussi détrempé que s'il avait décidé de prendre son bain tout habillé.

- ... que vous êtes en train d'asperger vos vêtements en sus de ma personne...

Il se renversa en arrière comme si de rien n'était, les coudes appuyés dans l'herbe humide et l'air bien peu décidé à quitter sa position de force sur lesdits vêtements, Valnor lui-même dut-il revenir promener son épée maléfique dans le coin.

- Si vous tenez malgré tout à les réccupérer, délicieuse créature à la peau d'albâtre, il vous faudra... gloub... réussir à les prendre.

- Comment ?

Elle s’arrêta tout net.

- C’était toi ?

Elle écarquilla les yeux. Que faire, se sauver ? Mais pas sans ses vêtements. Et lui qui l’empêchait délibérément de les récupérer !
Cela commençait à faire un bout de temps qu’elle était dans l’eau et le froid commençait à se faire sentir. Elle serra ses bras autour de son corps pour s’empêcher de grelotter et fit quelques pas vers lui tout en restant hors de portée, elle n’avait pas l’intention de perdre son dû !

- En fait j’aurais dû m’en douter… Mais ce qui t’est arrivé est dû à ta seule inattention. J’ai donc bien mérité ma prise.

Le soleil brillait mais n’était pas assez chaud pour qu’elle puisse sécher en s’étendant sur la rive. Et puis elle n’était pas seule.

- Hum… Syld ? Ferme les yeux et retourne toi s’il te plait. Il faut que je me rhabille… j’ai froid.

De fait, l'eau lui semblait de plus en plus fraîche. Brrr!

[hrp] avant là[/hrp]

PLOOUUUUUF ... de l'eau éclaboussa tout le monde présent avec un torrent de juron en prime

Marmaduck sortis la tête de l'eau .... il croyait rêver ... Fanaa était là ... et elle était nue ... c'était l'une des plus belle chose qu'il avait vu de sa vie ....
Il bafouilla quelques mots

Euh salut ... tombé du ciel ... désolé

Il se releva entièrement .... sa robe de sorcier dégoulinait ... il n'avait pas fiére allure ... déjà qu'en temps normal ce n'était pas un apollon ...
Arrivé sur la rive il se secoua ...

Salut Syld ... j'ai raté ma teleportation .... je devais arriver dans le désert ... je crois que je ne suis pas au point ....

Il sourit et eut du mal à retenir un rire joyeux

Fanaa pâlit. Ses vêtements étaient vraiment trempés maintenant et en plus il y avait 2 visiteurs!

- Mais c'est pas vrai...

Elle se prit la tête dans les mains et souffla. Rien ne se passait comme prévu. Et elle était nerveuse. Elle ne voulait plus s'amuser, elle avait un peu peur.

Elle lança un regard méfiant vers Marma et un autre un peu triste à Syld avant de battre en retraite.

- Adieu petit chenapan!

S'immergeant dans l'eau, elle se mit à nager en se laissant porter par le courant.

*C'est malin, j'ai des sous mais rien d'autre. Quelle poisse franchement. Mais qu'est-ce que je pouvais faire d'autre?*

Elle s'arrêta quelques mètres en aval et sortit de l'eau. Ramenant ses jambes contre elle, elle posa sa tête sur ses genoux et soupira. Ses cheveux dégoulinant de l'eau glacée de la rivière lui rafraichissaient le dos, calmant la douleur qui revenait parfois.

Elle avait agi par impulsion pour voler la bourse, puis à l'instant pour se sauver sans ses affaires. Et elle commençait à le regretter. Ses yeux la picottaient.

- qu'est-ce que j'ai fait?

Une brise légère se leva, s'amplifiant jusqu'à se changer en bourrasques, le ciel se couvrit rapidement, annonçant la pluie.

Lors de sa chute, le parchemin que tenait Marmaduk sombra dans les profondeurs du lac, dont on ne distinguait pas dix petits centimètres avec la pénombre soudaine. Impossible de voir ou il pourrait être...

Un garde sorti du buisson et demanda à Syld, comme si cela était naturel :


- Ben elle est ou la petite dame qui était dans le lac ? Sa vue m'était fort agréable tout à l'heure, j'ai eu à peine le temps de regarder ailleurs qu'elle était déjà plus là...

Spoiler:

Syld avait fait grincer ses griffes à travers le cuir épais de son gant en regardant Marmaduck, la mine rêveuse et l'air de se demander "boyaux dedans ou boyaux dehors ?"

- C'est cela, salut...

Puis il avait regardé le garde, et n'avait eu l'air de rien du tout.
Les mercenaires de l'auberge étaient quand même de trop gros morceaux pour lui.

Le jeune homme lâcha finalement un soupir fataliste en faisant osciller ses mèches dégoulinantes :
- J'vous jure...

D'un geste preste, le Shalos rassembla les affaires de Fanaa, un oeil anxieux fixé sur le ciel qui s'assombrissait à une vitesse alarmante.
Il ne put s'empêcher de lâcher un conseil ironique à l'intention de Marmaduck en dépit de l'urgence de la situation :

- Fais juste attention de ne pas atterrir dans le cratère du Puydlaguell la prochaine fois. Le paysage serait beaucoup moins agréable.

D'un bon pas en dépit de ses bottes qui émettaient des clapotis assez suspects (il aurait décidément été à peine plus mouillé s'il avait plongé directement dans la rivière), le jeune homme suivit la berge, sautant de racine en racine. Il ne tarda pas à rattraper la fuyarde.

- Fanaa...

Se forçant à regarder exactement à l'opposée de la jeune femme, il tendit les habits détrempés à bout de bras.

- Les rhumes sont virulents, en ce moment... il vaudrait mieux que tu te couvres.

Les vertèbres de Syld craquaient presque tant il devait se faire violence pour ne pas se rincer davantage la mirette avec ce rafraîchissant spectacle.
Très occupé à fixer un passionnant galet, il fronça soudain un sourcil puis, après une brève réflexion, se livra à une gymnastique qui lui permit d'ôter son manteau d'une main.
Il avait eu la présence de l'attraper en même temps que sa chemise, loué soit la chance des galants assassins...

- Vu le temps qu'il fait, tes vêtements ne risquent pas de sécher de sitôt. Donc bon... ce truc est hideux, mais il a la bonne idée de rester sec à l'intérieur même sous un déluge. Ce sera toujours mieux que rien...

- Oh... Tu es gentil!

Fanaa se rhabilla (beuh, c'était tout humide brrr) tout en gardant Syld à l'oeil, celui-ci réussit l'exploit de rester stoïque. Elle n'en revenait pas. Il était mignon comme tout en fait le chenapan.

- Syld?

Elle baissa les yeux au cas où il tournerait la tête et enleva de nouveau ses vêtements (elle allait attraper la mort là-dedans!). Gardant seulement sa lingerie, elle accepta le manteau avec reconnaissance. Il faisait tout tiède dedans. (et c'était plein de drôles d'odeur!).

- Tu sais... en fait je suis désolée. Bon, peut être pas tant que ça mais...

Elle haussa les épaules. Comment savoir ce qu'il pensait réellement? Lui en voulait-il? N'y pensait il déjà plus? Elle ne savait qu'une chose, il n'était pas aussi simplet qu'il en avait l'air.

Elle s'approcha face à lui et l'étreignit, le manteau entrouvert. Elle plaça son visage à quelques millimètres du sien. Elle sentait son pouls s'accélérer, elle sentait son souffle (quelle haleine originale!).

- Merci mon lumineux sacripan!

Elle accompagna son mumure d'un radieux sourire et d'une main passée sous la chemise du Shalos. La sensation d'abord douce de la main de la jeune femme sur le torse du shalos devient froide et métallique.

Fanaa retira sa main et s'éloigna d'un pas. Elle avait laissé quelques pièces dans la chemise de Syld.

Avec un clin d'oeil:

- C'est pour le manteau!

Syld hocha la tête avec une moue un peu boudeuse mais son oeil avait repris son éclat malicieux coutumier.

- C'était juste de la galanterie, je ne l'ai pas fait pour des zoris... surtout venant à l'origine de ma propre poche !

Vertueuse dénégation qui ne l'empêcha pas de transférer soigneusement chaque pièce dans la doublure de sa ceinture où il risquait moins de les perdre.

Il leva ensuite le nez vers les nuages amoncelés au-dessus de leur tête.

- Ce petit tête-à-tête (façon de parler) fut un plaisir, cependant je crois qu'il serait préférable de rentrer à la taverne...

Quelques grosses gouttes soulignèrent sa remarque en crépitant sur les feuilles des arbres qui grinçaient en se balançant dans les bourrasques.

Le Shalos était déjà détrempé, mais pas au point de vouloir endurer un orage en manches de chemise. En plus, si jamais il venait encore à s'enrhumer...
Syld se sentit défaillir au souvenir d'une certaine bouteille.

Il réussit à se reprendre, en même temps qu'il prenait la main de la si effarouchable Fanaa avec une délicatesse toute particulière.

- Etant donné l'aspect peu amène des nuages, je dirais même qu'à moins de vouloir finir noyés pour de bon avec ou sans manteau, une petite course s'impose. Non ?

La poigne de messire Shalos était incroyablement douce... tout en restant ferme. Force et délicatesse. Il était sans aucun doute un excellent assassin! Oui, c'était bel et bien lui.

- Je ne te laisserais pas te noyer. J'userais pour toi de l'art de la réanimation sois en sûr!

Serrant d'une main celle de Syld et de l'autre ses vêtements, elle s'élança en riant. La pluie se mit à tomber. Ce temps avait un parfum de liberté!

N'étant pas sure du chemin menant à la taverne, elle se laissait mener par son compagnon. Sa main liée à la sienne. Cette main qui savait donner du plaisir aux serveuses, qui savait ôter la vie sans faillir et qui la réconfortait.

Mais trêve de pensées, la saucée se faisait sévère. Elle aperçut les flambeaux.
- dépêche toi, tu vas être tout mouillé!

Elle éclata de rire de nouveau, ivre de sensations nouvelles qu'elle ne savait pas vraiment expliquer, elle poussa la porte et ils furent dans la grande salle. Une flaque (que dis-je, une mare plutôt) se formait sous leurs pieds.

Fanaa jeta un coup d'oeil alentours. Personne. Ils seraient tranquilles. Elle assit Soghann sur la rive. Le shalos se laissait faire. Il luttait contre la fatigue. Elle ne comprenait pas pourquoi.

Elle déplia une nape et, à quatre pattes, commença à y disposer de quoi se restaurer. Une miche de pain frais, du lait, du miel. Trois bols. Non. Elle remit le troisième dans le panier.

Après avoir retiré ses bottes, elle se releva et s'épousseta les mains.

- Maintenant tu cours te rincer. Ensuite seulement tu auras droit à ton repas consistant.

Il n'était pas très réactif.

Secouant la tête, elle se mit debout, l'aida à faire de même et descendit au bord de l'eau. Lui montrant l'onde.

- Si tu ne te laves pas tout seul, c'est moi qui t'arrose.

Elle même se passa de l'eau sur le visage et se rinça la bouche. Puis s'assit et le regarda, la tête penchée sur le côté.

- Soghann?

Soghann s'était une fois de plus laissé guidé. La majeure partie de ce qu'il lui restait de capacités de réflexion était concentrée sur n'importe quoi, tant que cela n'avait pas de rapport avec le mal de crâne contre lequl son corps était en train de lutter et qui commençait à devenir tenace.

Oui, tu as raison...

Par gestes lents et précautionneux, il se mit à retirer sa veste, pensa un instant à en retirer la bourse, et puis haussa les épaules. Son gilet de corps suivit bientôt, révélant son torse presque glabre, à la peau de la même couleur blanche que son visage. Cela aurait pu donner une impression de torse adolescent, s'il n'y avait eu les muscles puissants qui roulaient sous la fine peau. L'assassin n'avait pas un gramme de graisse, et sa taille lui donnait presque une illusion de chétivité, qui disparaissait une fois les vêtements retirés. De son épaule droite à l'emplacement de l'estomac, une large cicatrice barrait son torse, de tout évidence ancienne mais causée par une blessure profonde.

Il fit une pause et s'étira, attrapant au passage la miche de pain dont il détacha un morceaux. Après avoir reposé délicatement le reste, il mordit avec enthousiasme dans le bout de pain et, tenant son butin entre les dents, il se mit en devoir de retirer ses bottes, chose qui nécessitait toute sa concentration.

Rgnnn...

Fanaa observait Sogann avec amusement. La grande gigue qu'il était avait du mal à se dépétrer entre ses bottes et son pain. Quelque part il était mignon...
Enfin il se retrouva torse et pieds nus, vêtu seulement d'un patalon de cuir qui dévoilait un postérieur engageant. Tiens donc!

- hihi!

Un éclat de malice brilla dans les yeux de Fanaa. Elle sauta dans les bras du shalos qui, l'alcool aidant, la rattrappa mais perdit l'équilibre. Ils tombèrent tous deux. la jeune fille riait à gorge déployée.

- Ne... hihi, ne bouge pas.

A quatre pattes, elle attrappa la miche de pain et le pot de miel sur la nape, puis rejoignit le shalos. S'allongeant à ses côtés, le bras replié et la tête sur la main, elle coupa un bout de pain, le trempa dans le miel doré liquide et le mena vers la bouche du shalos. Elle lui donnait la becquée en souriant.

- Tiens prends, c'est bon. Et après tu bois ton lait. C'est un anti poison naturel ça va te faire du bien!

Désormais étalé de tout son long dans l'herbe, le Shalos se retrouva avec la jeune femme sur lui, une fois de plus.

**Décidément... **

La tunique de la jeune femme, qui ne tenait plus que par miracle, ne cachait plus grand chose de ce point de vue là. Elle bougea rapidement -heureusement-, fini par s'aalonger par terre à côté de lui, lui donnant à manger en s'appuyant sur un coude.

Il accepta le pain, mâchant avec application tout en appréciant le bien que faisait le miel à sa bouche pâteuse. Le traitement faisait effet rapidement et la capacité de récupération de l'assassin aidant, les troubles moteurs et visuels commençaient à sensiblement diminuer au profit d'un mal de crâne vigoureux mais pas insupportable.

Entre deux bouchées, il parvint à répondre :

*mâche* Tu fais une *miom* parfaite infirmière... Je fais finir par *miam* boire encore plus *gloup* si tu me soigne comme ça à chaque fois...

Elle se réjouit. Soghann lui faisait un compliment!

- Allons, il ne faut pas en faire une habitude. c'est peut être agréable mais si tu étais trop souvent dans cet état, comment pourrais tu travailler après?

Elle approcha le dernier bout de pain de la bouche de Soghann, hésita, puis finalement le mit dans la sienne. Il avait du miel au coin de la bouche. Elle le nettoya d'un coup de langue et alla remplir un bol de lait.

Elle le posa sur l'herbe, redressa doucement le shalos en position assise, s'installa de nouveau à califourchon sur lui.

- Chose promise...

Elle prit une voix toute douce:

- Laisse toi faire...

Le serrant contre elle pour le maintenir droit, elle passa un bras derrière sa nuque à lui, de l'autre elle chercha son bol et but une première gorgée.

Ensuite elle en prit une deuxième, qu'elle n'avala pas. Plaçant ses lèvres sur celles, entrouvertes de l'assassin, elle fit passer le liquide à peine tiédi dans sa bouche. Ainsi elle était sure qu'il boive l'anti'poison sans rechigner!

Le chemin semblait interminable.
Sans parler des hauts-le-coeur qui l'obligeaient à ralentir le pas de temps à autre...

- Mais c'est quoi ces remèdes de fous, franchement ?

Tout en maudissant les taverniers trop compatissants, le jeune homme parvint aux premiers arbres qui signalaient la présence de la rivière encore invisible entre les feuilles.
Puis l'assassin se figea, l'oreille dressée.
Il n'était semble-t-il pas le seul à avoir voulu profiter de la fraîcheur de la rivière.

- Est-ce que ça pourrait être... ?

Pris d'un affreux soupçon, il sauta sur une branche basse d'où il pourrait bénéficier d'une vue plongeante sur les abords herbus du cour d'eau.
Il n'eut même pas le temps de se rétablir correctement que son cerveau enregistrait une information des plus déstabilisantes.
Soghann et Fanaa... quasiment couchés l'un sur l'autre, les lèvres étroitement soudées ?!

- Alors ça c'est trop fort !

Il dégringola de sa branche et franchit les derniers buissons.
Suite à cela, il entama une savante manoeuvre afin de contourner les deux tourtereaux sans froisser une seul feuille. Ses déplacements le menèrent tout au bord de la rivière.
L'angle d'attaque était bon, la distance aussi...

Syld plongea les mains dans l'eau et souleva une grande gerbe qui s'abattit en pluie sur Soghann et Fanaa.

- Hey, vous n'oubliez pas quelqu'un là ?

Le contact de l'eau froide lui fit ouvrir les yeux... et par là-même remarquer qu'ils étaient fermés? Tiens...
Une autre éclaboussure l'empêcha de penser plus avant.

- iiiiiih! C'est froid!

Se tournant, elle reconnut Syld et son visage s'éclaira.

- Mon chenapan! Tu es réveillé!

Elle se leva mais au moment de courir vers lui, elle se prit les jambes dans celles de Soghann, et tomba. Dans l'eau.

- Zut! C'est ce que je voulais éviter!

Le visage subitement défait, elle regardait son piètre état. Sa tunique en était à la fin de sa vie. Le tissu était usé jusqu'à la corde. Déjà la couleur était fanée. Le tissu beaucoup trop large ne devait sa tenue qu'à maints rafistolages, ficelles et rubans. Mais là...
Elle secoua la tête, désolée de son état et soupira.

- Une mendiante serait mieux attifée que moi... C'est pas juste...

L'agréable instant fut interrompu, comme il se devait, par Syld... D'une manière peu agréable, d'ailleurs. Cela n'empêcha pas Soghann de se redresser s'appuyant sur ses bras tendus en arrière, les paumes sur le sol, et de lâcher un grand éclat de rire en voyant la pauvre Fanaa soupirer devant l'état de ses vêtements.

Ha, Syld ! Que tu l'arrose pour te venger de son intrusion dans ta chambre, je le conçois, mais je ne t'ai rien fait, moi !

D'ailleurs, qu'est ce qui t'a réveillé ? Tu me paraissais bien parti pour ronfler sur ton banc jusqu'à ce soir !

- Tu n'as rien fait, d'accord, mais tu te laissais faire, là !

Syld prit une pose cavalière sur la berge, un poing sur la hanche et riant à gorge déployée.

- Je pense que c'est mon instinct qui a dû m'éveiller pour me signaler que certaines personnes s'amusaient sans vergogne, et surtout sans moi... où alors c'est juste que le banc que j'avais choisi n'était pas le mieux placé pour piquer un somme en plein jour. J'aurais bien été poursuivre ma sieste dans mon lit mais...

Il émit un sorte de feulement, comme un chat qui aurait avalé une boule de poils.

- Ce fichu tavernier s'est senti obligé de me faire goûter un breuvage expérimental. Beuark ! On a bien failli se retrouver avec un tavernier en moins... et un assassin en moins aussi. Je ne pense pas que les mercenaires m'auraient laissé filer après ça.

Le jeune homme tendit une main secourable à Fanaa pour la sortir de l'eau. Mais l'incorrigible filou n'arrivait pas à prendre l'air contrit de rigueur au vu de la situation.

- Désolé... heu...

Son oeil bleu-vert pétilla en caressant les courbes soulignées juste comme il le fallait par les vestiges de la tunique détrempée.

- ... en fait, non, pas désolé du tout. Je te trouve si possible encore plus jolie comme ça !

Aux anges, Syld se tourna à demi vers Soghann.

- C'est pas toi qui va contredire, si ? Au fait, pas trop mal au crâne ?

Fanaa piqua un fard terrible. Refusant la main de Syld, elle resserra ses bras autour de sa poitrine.

- Veux tu bien te taire? Ca vaudra mieux que de dire des bêtises.

Le feu aux joues, elle se sortit du lit de la rivière seule. Il était vraiment...

Passant à côté de Soghann, elle le rassura:

- Il a fait ça pour toi. Le réveil à l'eau froide c'est bien aussi pour ravoir les idées claires. C'est disons plus... tonique que mes méthodes!

Elle lui fit un clin d'oeil.

Allant s'asseoir sur la nappe, elle se servit un bol de lait, y versa un ppeu de miel et but une gorgée. Semblant se rappeler de quelque chose, elle leva la tête et désigna le bol au chenapan.

- C'est sûrement plus doux que ce que t'a donné le tavernier. Et ça marche aussi tu sais, demande à Sogh.

Elle se mordit la lèvre en se rappelant avoir nourri le grand shalos.

Coulant un regard vers ce dernier, qui lui tournait le dos, elle leva son bol comme pour porter un toast et lança:

- contre la gueule de bois, l'allaitement est un remède de choix! ou de roi je ne sais plus.

Et elle rit. La liberté.

Soghann fit mine de lever les yeux au ciel, répondant d'un ton léger :

Non, moi je ne suis pas contrariant, je ne te contredis pas...

L'air de rien, il récupéra un bout de pain de plus, le trempa dans le miel et l'avala, avant de répondre :

Non, pas trop mal au crane... En fait,les remèdes de Fanaa sont plutôt efficaces, ainsi que la manière dont ils sont administrés...

Faisant un effort pour se relever, il fit face à Syld, qui était dos à la rivière, puis marcha vers lui. Il le contourna pour s'accroupir sur la berge et tremper ses mains dans l'eau, en appréciant la température fraiche et "vivifiante".

Une petite trempette achèvera le travail, je pense...

- Je pense aussi.

Et Syld de souligner cette approbation à l'aide d'une malicieuse poussée dans le dos de son compère. Soghann n'étant pas encore tout à fait ferme sur ses pieds, le vil farceur eut la joie de voir le grand assassin basculer à la rivière dans une immense éclaboussure.

Le jeune homme avait ramassé une bonne partie de la gerbe d'eau qui avait ainsi rejailli sur la berge mais cela ne le faisait que rire d'avantage.

- Alors, elle est bonne ?

Les mains sur les genoux, Syld en pleurait presque (c'était difficile à certifier au vu de la quantité d'eau de rivière qui lui ruisselait sur la figure).

- Ah ah ! Tu verrais ta tête !