Chapitre 1 :
Elle courait à travers les rues de Shalanos, essayant de semer ses poursuivants. La bande s’était dispersée dès que l’autre groupe d’enfants lui était tombé dessus. La petite shalos filait donc à travers le labyrinthe des rues de la ville, sans se retourner, préférant rester concentrée sur sa fuite en avant. Même en ayant les pieds en sang, elle ne s’arrêterait pas ! Elle ne le devait pas tant qu’elle n’était pas sûre de les avoir semés.
Elle s’engouffra dans une ruelle pour s’apercevoir trop tard qu’il s’agissait d’un cul-de-sac. Elle se retourna brusquement, sur la défensive, dans l’attente d’une attaque… Mais elle était seule dans l’impasse. Pourtant, son instinct lui disait de fuir encore, car ils n’étaient pas loin. Alors sans réfléchir, elle sauta le mur à sa droite et se retrouva dans une petite cour adjacente à une magnifique maison sur trois étages.
Un banc de pierre blanche trônait au fond de la cour. L’enfant s’avança vers la porte ouverte. Elle ne pouvait plus détacher les yeux de cette porte, une voix lui soufflait d’entrer, de venir.
Elle passa doucement le pas de la porte, écouta, mais tout était silencieux. Pourtant quelque chose la guida jusqu’à une salle où se trouvait un magnifique piano. Mais ce n’était pas le piano qui l’appelait, c’était l’instrument accroché au-dessus de la cheminée : un sublime violon d’ébène !
Elle s’approcha de la merveille, oubliant quelques instants qu’elle venait de pénétrer chez quelqu’un. Arrivée devant la cheminée, elle se mit sur la pointe des pieds, tendit le bras pour essayer de toucher l’instrument… mais il était trop haut pour elle. Pourtant il l’appelait. Encore. Elle voulait tant le toucher, subjuguée par son aura …
Une note de musique la fit sursauter et sortir de la transe dans laquelle le violon l’avait plongée. Elle se retourna brusquement, pour se retrouver en face d’un jeune homme à la stature élégante. Ses longs cheveux blonds et ses splendides yeux verts lui conféraient un aspect physique typiquement non-shalos. Pourtant la noirceur au fond de son regard criait son appartenance à la ville des ombres. Muette de stupeur, la petite fille resta pétrifiée un court instant avant de se précipiter vers la sortie.
Elle se retrouva rapidement dans la rue, de l’autre coté du pavillon, et reprit sa course effrénée.