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| la saga du clan fédorien Tar | |
| | Auteur | Message |
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Silvicius
Réputation : 0 Age : 34 Localisation : Grenoble/Orléans
| Sujet: la saga du clan fédorien Tar Lun 17 Nov 2008 - 16:12 | |
| Archives personnelles du clan fédorien Tar - "Lettres de guerre", par le capitaine Armiktar. Note : l’état du document original étant très abîmé, seuls ces fragments ont pu être copiés :--Page de garde--
Capitaine Armiktar, clan Tar, an 1013.
« Ce feu qui me consume me perdra, Et peu importe les batailles et leurs gloires, Vois-tu, je ne puis demeurer loin de toi, Maintenant je vais, car au loin est la victoire.» --Page 18--
« Il pleut depuis maintenant trois semaines. L’eau s’infiltre jusque sous ma tunique, se jouant des mailles de mon armure. L’eau… Vous la détestiez il me semble, tout comme moi. Le commandant Boruk me salue, et m’ordonne de mener le prochain assaut. La sentinelle a enfin repéré le camp ennemi. Ce ne sera pas une attaque aisée, il faudra pénétrer en terrain inconnu et à découvert. Mes hommes sont fatigués. Mais ils me suivront, comme toujours... Je m’observe dans le reflet de mon épée. La boue et une barbe de quelque semaine me mange à moitié le visage. Ces cernes me font ressembler à une caricature d’un démon de Valnor qu’on trouve dans les contes pour enfant. Je ne sais pas combien de temps il me reste à vivre. » --Page 21--
« Le temps me manque pour vous écrire ces quelques lignes. Je n’ai pas dormi depuis plusieurs nuits et pourtant tout mon être réclame le combat. Je doute que quiconque puisse jamais comprendre notre peuple. Notre soif de sang n’égale que notre noblesse. Aktor vient de finir d’aiguiser sa lame. Il n’a plus rien de l’enfant que vous connaissiez, timide et maladroit. Ces semaines d’embuscades ont forgé son âme et c’est à présent un brave guerrier fédorien. Je lui ai transmis mon art de la guerre et en est fait mon meilleur soldat. Il donnerait sa vie pour me faire honneur, car tel est son devoir et sa fierté. Le cor résonne dans la nuit, et nous répondons tous à son appel, hurlant notre haine à l’ennemi. Les tambours fracassent le silence de cette fin de journée glaciale, et avec vigueur nous empoignons nos armes pour monter à l’assaut. Enfin. » --Page 22--
« Le raid shalos a été exterminé. La bataille n’a pas duré longtemps ; bien plus nombreux que l’ennemi, nous les avons pris en tenaille un peu plus au nord. Ces chiens se battent adroitement, mais qui donc peut résister aux foudres fédoriennes ? Voici nos campagnes sécurisées, pour quelques semaines tout au plus. Nous allons enfin rentrer à Fédoran, après maintenant un an de patrouille. J’ai honte de l’avouer mais revoir mon clan me serre le cœur. Je ne pense que rarement à eux ces temps-ci. Uliktar doit maintenant avoir quatorze printemps, je l’imagine se préparant avec fébrilité au rituel de passage… Au grand désespoir de père, il a toujours voulu marcher sur mes traces, préférant embrasser la vocation militaire à l’étude. Pour un érudit de son rang, quelle honte de voir ses fils appartenir à la caste guerrière ! A quoi bon accumuler des connaissances en ces temps troublés, où seul la violence et la haine coexistent ? De toutes manières, vous connaissez mon tempérament de feu : je serais incapable de rester assis plus d’une heure. Dès mes six ans je faisais perdre la raison aux dizaines de précepteurs que père payait des fortunes pour m’instruire. Cela vous faisait tant rire… Le commandant m’a informé que je recevrai une promotion des mains du roi en personne dès mon retour. Je dois bien avouer que cet honneur suprême m’enorgueillit. Y a-t-il plus grande félicité que servir de tout son être son royaume ? » -- Page 25--
« La salle d’audience du palais est bondée. Presque tout l’état major fédorien est réuni dans cette pièce surchauffée, afin de fêter le succès de la campagne. J’observe le commandant Boruk s’esclaffant bruyamment en compagnie d’autres gradés, une coupe d’hydromel à la main, l’autre se baladant négligemment dans le dos d’une serveuse. Je m’éclipse discrètement sur le balcon durant l’interminable remise des médailles, qu’un protocole centenaire rend particulièrement ennuyant. Je contemple la ville en liesse. Dans les bas quartiers, dominés par le château, mes hommes sont surement en train de s’enivrer dans les bras de quelque putain, payées avec leur prime de guerre. C’est là qu’est ma place, j’ai appris à le savoir. Combattre, encore et toujours, pour les miens, pour ma patrie… J’en viens parfois à douter qu’Adreis ne soit jamais en paix. Peu m’importe. J’ai perdu le goût de la vie il y a maintenant si longtemps. Je suis entouré de frères d’arme ; j’aime à m’en faire des amis sans qu’ils oublient pour autant mon autorité. Je les commande et ils m’obéissent. C’est mon univers, et pourtant je suis seul. Si seul depuis que vous êtes morte, Leena. »
Dernière édition par Silvicius le Mar 18 Nov 2008 - 22:39, édité 4 fois | |
| | | Fanaa Petite étoile !
Réputation : 2826 Localisation : ailleurs...
| Sujet: Re: la saga du clan fédorien Tar Lun 17 Nov 2008 - 18:40 | |
| c'est drôle tous les noms utilisés ont une connotation angélique ^^
alors j'ai tout lu et c'est un excellent texte. J'avoue ne pas me rappeler de la chronologie adrenienne mais j'imagine que tu t'es bien renseigné de ton côté pour écrire ceci sans que cela soit incohérent avec les faits connus. j'aime l'idée du manuscrit auquel il manque des pages, ton style est agréable à lire, il me semble que les fautes sont rares, il y a une pointe de sentiment à la fin, après toute cette action, toutes ces batailles, il y a aussi un coeur.
Moi, je suis conquise ^^ | |
| | | Silvicius
Réputation : 0 Age : 34 Localisation : Grenoble/Orléans
| Sujet: Re: la saga du clan fédorien Tar Lun 17 Nov 2008 - 22:20 | |
| Merci Fanaa, j'aime aussi beaucoup tes écrits =) Plutôt que me contenter d'un personnage je vais essayer de retracer le parcours de tout un clan fédoran à travers plusieurs textes de style différents afin de ne pas trop lasser le lecteur. Pour l'Histoire dans laquelle évoluent mes personnages je me base à 100% sur La Chronologie et sur les chroniques d'Henbergson. Pour les noms effectivement je les trouvais plutôt chouette et ça permet de faire une sorte d'unité, au sein d'un même peuple, ce n'est pas rare que les noms se ressemblent (ex; Fernandez Gomez Tavarez chez les espagnols ^^) | |
| | | Silvicius
Réputation : 0 Age : 34 Localisation : Grenoble/Orléans
| Sujet: Re: la saga du clan fédorien Tar Mar 18 Nov 2008 - 20:14 | |
| Uliktar, deuxième du nom (999 - ??)
----- La plume glisse silencieusement sur le parchemin jauni, exécutant une chorégraphie gracieuse, que l’enfant attablé dirige d’une main de maître. Se passant la langue sur ses lèvres desséchées, il se redresse finalement et observe son travail. Avec une moue sceptique, il tend sa feuille au vieillard qui se tenait debout derrière lui. L’homme, âgé de plus de soixante ans, sort d’une poche de sa toge une paire de lunettes et entame sa lecture. - Hmm, oui, oui c’est exact, c’est bien le résultat attendu. Maintenant ouvrez votre manuel à la septième page et faites donc la lecture à voix haute du paragraphe concernant l’attaque de Fédoran en 685 par le peuple de l’ombre, ronronne le vieillard, fier de son brillant élève. Au même instant la porte du douillet cabinet de travail s’ouvre, laissant entrer un jeune-homme d’une vingtaine d’année, aussi blond platine que l’enfant en train d’étudier. - Frère ! crie l’enfant, avant de se jeter dans ses bras. Quelle joie de te revoir sain et sauf ! - Maître Armiktar, chuchote le professeur à l’attention du nouveau venu, avant de ranger hâtivement ses affaires.- Erudit Halok, il me semble qu’une éternité sépare notre dernière rencontre. Je suis enchanté de vous voir aussi bien portant. Ebouriffant les cheveux de son frère cadet, il lance : Toi aussi ça faisait longtemps, Lili ! Tu es presque devenu un homme ! - Arrête je déteste qu’on m’appelle comme ça ! grimace –t-il. Et je serai un homme demain soir ! - Oui, c’est vrai. En attendant rien ne t’empêche de venir échanger quelque passe d’arme avec moi, n’est-ce pas, futur guerrier fédorien ? - Même le roi Nastyr tremblerait devant moi ! hurle l’adolescent avant d’éclater de rire, suivant son frère aîné dans les couloirs tortueux de la résidence du clan Tar.----- D’abord une douleur brûlante. Feu. Non, froide, insidieuse : métal. Epée. Epée qui tranche. Feu. Le sang qui bouillonne à mes pieds. Mon sang. Des étincelles devant mes yeux, un voile blanc qui descend. Feu .Résister. Feu. Volonté, courage : Armiktar. Son regard qui me couvre, puissant, réconfortant, confiant. J’atterris. Je hurle ma joie d’être vivant, tout comme mes cinq autres compagnons. - Par ma main, par mon coeur, et par mon sang, je jure de servir avec courage ma terre, mon clan, et mon royaume. Puissent les dieux en être témoins, et mes ancêtres en être fiers ! Je pénètre avec confiance dans le brasier gigantesque qui me fait face. Je suis feu. Mon sang brûlant irradie mon corps d’une puissance nouvelle, jusque là insoupçonnée, comme si elle avait été mise de côté avant cette initiation. Il me semble être porter par les flammes, je n’ai plus besoin de marcher. Et soudain je les vois. Silhouettes sombres dansant entre les éclairs oranges et jaunes qui déchirent mes visions, ils m’invitent à venir les voir, les écouter. Je m’avance, serein, jusqu’à ne faire plus qu’un avec elles. Je les connais. Depuis ma naissance je les porte en moi. Uliktar Shimantar Regaltar Ursktar Shimantar Uliktar… Des images défilent devant moi, je les vois manger, rire, se battre, danser, au cours de ses siècles passés que plus jamais je ne connaitrai. Une peine immense m’envahit, mêlée à une joie intense. Et brutalement je suis allongé, en sueur, sur la terre ocre de ce petit village aux abords de Fédoran. Une douleur aiguë me perce la main droite. Parmi les formes vagues qui m’entoure, je reconnais mon frère aîné, penché sur mon corps. Au-dessus de son épaule brille une pleine lune, que mes yeux injectés de sang voient écarlate.- Armik, je les ai vus… - Chut, petit frère. Nul ne doit jamais parler de ce qu’il voit là-bas. Maintenant endors-toi. Je voudrais protester, confier mon témoignage à un membre de mon clan, mais déjà mes forces m’abandonnent et je plonge avec réconfort dans un sommeil paisible, peuplé des héros de jadis.----- - Non, il en est hors de question ! La réponse a claqué dans l’air comme une gifle, sèche et impitoyable. Une quinte de toux secoue sire Shimantar, cloué au lit depuis maintenant un mois. Aussitôt une dizaine de clercs ilymis se précipitent autour de lui, le pressant de se ménager. La pénombre de la chambre dans laquelle il vit reclus depuis plusieurs semaine empêche Halok de voir l’expression de son maître et vieil ami. Malgré ce ton sans appel, le vieil érudit ne lâche pas prise.- Sire, maître Uliktar est… il est très troublé par les événements tragiques qui se sont déroulés récemment. Je pense que l’éloigner pour quelque temps de Fédoran serait une bonne chose pour son équilibre mental. Trop de souvenirs ici le hantent. - Silence ! Tu penses réellement que je puisse laisser partir mon dernier fils loin de ses obligations ? Le futur héritier du clan doit être formé, ou il se fera briser par les intrigants qui pullulent à la cour. Un Tar ne peut se laisser dominer par ses émotions ! - Mais il est si jeune, Sire, et si fragile… Collé à la porte de la chambre de son père, Uliktar tremble. Aveuglé par des larmes où se mêlent désespoir, angoisse et peur, il doute. Bien sûr, il a déjà pensé à la fuite. Mais un guerrier fédorien ne se comporte pas comme un lâche Shalos. Toute sa vie on l’a forgé à assumer ses responsabilités. Armiktar aurait su que faire, lui. Il le revoit, allongé sur ce brasier immense, son épée reposant entre ses mains glacées. Feu. Les ombres bondissantes, lui souriant depuis leur repos éternel. Fuir. Non, pas une fuite. Une libération, un renoncement, un choix. Une mission. ----- Il pleut à torrent. Sa cape est trempée, le faisant frissonner de la tête aux pieds. Arrêtant sa monture, Uliktar se retourne une dernière fois pour admirer Fedoran. Il apperçoit une dizaine de points noirs sur les imposantes murailles qui encerclent la cité. Le clan, bien sûr. Ils ont tous revêtu la toge blanche du deuil. Son père n’a même pas voulu le recevoir lorsqu’il a appris que son dernier fils s’exilait. Il est mort, seul, un peu plus tôt ce matin. Le dernier des Tar sent perler sur ses joues de fines larmes, vite chassées par les gouttes de pluie. Se redressant avec difficulté sur sa selle, il inspire calmement puis déclame :- Au revoir père, merci frère. Plus ne m'est rien loin de vous. De la solitude désormais, je n'ai cure. Je vous servirai grâce à ma plume, retraçant l'épopée grandiose de nos ancêtres. Puissiez-vous guider mon bras, amis, afin de vous rendre l'honneur qui vous est dû. Je suis une force qui va. Faisant claquer ses rênes, il reprend la route.
Dernière édition par Silvicius le Mar 18 Nov 2008 - 23:32, édité 5 fois | |
| | | Thanos Responsable Communication
Réputation : 777 Age : 35
| Sujet: Re: la saga du clan fédorien Tar Mar 18 Nov 2008 - 20:48 | |
| J'aime beaucoup le style, fluide et assez captivant ^^ Quand au contenu lui même, c'est bien intéressant ! Je suis content que tu ais pris la peine de te plonger dans ce que j'avais mis à disposition pour construire ton histoire, c'est un plaisir de voir que l'univers commence à vivre de lui-même... Concernant le point soulevé par Fanaa, les noms à connotation angéliques, je dois avouer que ce n'est pas très représentatif des Fédoriens (ha et l'adjectif "Fédoranne" n'existe pas ^^). C'est plutôt le cas des Médioviens, les noms Fédoriens étant plutôt du type rudes, avec des fins en R ou C, style barbare quoi. Mais tu peux en faire une particularité de ton clan, ceux-ci étant fait pour comporter des traces d'anciennes cultures dans le large vivier Fédorien | |
| | | Silvicius
Réputation : 0 Age : 34 Localisation : Grenoble/Orléans
| Sujet: Re: la saga du clan fédorien Tar Mar 18 Nov 2008 - 22:37 | |
| Merci pour cette critique positive. Effectivement pour les noms je trouvais que ça n'allait pas super avec le BG "rustique" fédorien Voilà c'est corrigé, je pense que les nouveaux sonnent plus "barbare" sans être non plus trop laids (cf les Barbuk Botruk et autres Ragak, etc). Par contre pour les filles je vois pas trop (vu que les C et les R en fin de prénom ca fait pas trop fille :s), j'ai mis "Leena" sur le moment, si t'as des conseils j'suis preneur En revanche j'ai pris la liberté de garder le suffixe du clan en fin de nom de mes personnages. Je ne sais pas si c'est la coutume en pays fédorien mais moi j'trouve que ça l'fait :p Oui/Non ? Sinon bah tant pis ça sera une autre spécificité de cette lignée, je ne pense pas le changer. J'ai également corrigé les adjectifs, j'avais pas vu mais je mettais quasiment toujours "fédoran" à la place de "fédorien", honte sur moi silv | |
| | | Fanaa Petite étoile !
Réputation : 2826 Localisation : ailleurs...
| Sujet: Re: la saga du clan fédorien Tar Mer 19 Nov 2008 - 16:04 | |
| tu es tout pardonné ne t'inquiète pas ^^
oui c'est une bonne idée le suffixe du clan ne t'inquiète pas ça rend très bien.
Pour les autres noms... bon, tu as fait le choix de changer, c'est pas mal.
Mais comme thanos était d'accord pour que tu gardes les premiers, tu pouvais aussi bien ne pas y toucher. Enfin c'est fait et si ça te plait c'est tant mieux. (c'est mon avis perso je trouve que les premiers noms apportaient un côté noble, ou classe peut être. Non pas tout à fait... je crois... je crois que cela apportait une dimension poétique. Oh pas nian nian hein! mais un soupçon qui adoucissait légèrement l'ensemble du texte dont le contenu est plutôt fait de grades batailles et de hauts faits d'arme. Bon j'arrête je sens que je ne suis pas hyper compréhensible, désolée)
encore bravo c'est vraiment très très sympa! | |
| | | Silvicius
Réputation : 0 Age : 34 Localisation : Grenoble/Orléans
| Sujet: Re: la saga du clan fédorien Tar Jeu 20 Nov 2008 - 17:33 | |
| Archives personnelles du clan fédorien Tar - « Carnets de voyage » par Uliktar, deuxième du nomAn 1015
---- J’ai enfin retrouvé ce prêtre ilymis dont Halok m’avait parlé. Son savoir est immense, et j’ai beaucoup appris à son contact. Selon lui, d’autres fédoriens rentrent également en transe lorsqu’ils se plongent dans les flammes. Ce phénomène reste tout de même exceptionnel et peu de cas ont été recensés. Serait-ce un début d’explication à ce que j’ai vécu le jour où j’ai subi le rituel de passage ?
---- Ca y est, je l’ai refait ! Quelle sensation étrange… Tous les mots seraient inutiles pour décrire cette impression de voyage mental. Je me suis senti aspiré de l’intérieur, tandis qu’au même instant j’avais l’impression de renaître. Comment dire… Je me suis retrouvé spectateur d’une scène que je n’avais jamais vécu. Ce n’était plus mon corps, ni même mon âme, mais j’avais pleinement conscience de ce que pensait cet homme. Je suis si excité ; je vais à présent concentrer mes efforts sur la maîtrise de ce don fabuleux…
---- Cet effort physique et spirituel est harassant. Plus le contact est long, plus il me vide de mes forces. Hier après cette dernière transe je me suis surpris à cracher du sang… Le prête Eloan me conseille d’arrêter. Mais je ne peux ; ce dernier voyage m’a permis de m’immerger dans l’esprit d’Uliktar, légendaire fondateur de mon clan. Ce qui j’ai appris est inestimable. Je vais enfin pouvoir débuter ma saga sur les Tar. La bibliothèque du monastère bien remplie et, avec mes connaissances sur l’Histoire de mon peuple, je suis à même de commencer mon passionnant récit…
Dernière édition par Silvicius le Jeu 20 Nov 2008 - 17:43, édité 1 fois | |
| | | Silvicius
Réputation : 0 Age : 34 Localisation : Grenoble/Orléans
| Sujet: Re: la saga du clan fédorien Tar Jeu 20 Nov 2008 - 17:41 | |
| Archives personnelles du clan fédorien Tar - "Uliktar, premier du nom, partie I (669-673)", par Uliktar, deuxième du nom
An 669 « Des cris, du sang, des larmes. Maman me serre dans ses bras, m’étouffant à moitié. Elle tremble, gémit, implore les dieux de venir nous sauver. Moi je n’y crois pas. La porte gronde, va bientôt s’ouvrir. Il faut bien avouer qu’elle n’est pas très solide, assemblage de planches de mauvaises qualités que papa et moi avons réussit à voler à une caravane de passage. Papa. Papa est dehors, avec sa fourche. Il a aussi pris Palok, mon chien. A eux deux je sais qu’ils arriveront à nous protéger, maman et moi. J’essaye de me dégager de son étreinte pour tenter de voir ce qu’il se passe à l’extérieur. Au même moment la porte se brise violemment, projetant des échardes partout. Deux terrifiants guerriers font leur apparition, armés et recouverts de sang. J’ai peur. - Ho ho ! Regarde ça Sogd ! Je comprends pourquoi l’autre bouseux se battait avec autant de vigueur ! - Pour sûr, il voulait garder sa femme pour lui… Maman hurle, me crie de fuir. Les brutes l’attrapent et la plaquent sur la table, là où quelques heures plus tôt nous mangions tous ensemble. La récole avait été bonne ce printemps, papa était heureux. Je ne vois plus rien, les larmes m’aveuglent. De la fumée me pique le nez. Ils ont incendié la grange, tout est perdu. Dans mon élan je trébuche sur le corps de Palok, criblé de flèches. Je suis au milieu de la place du village, où se dresse un vieux temple, abandonné depuis des lustres. Des hommes courent, armés et tous vêtus de noir, hurlant et taillant en pièce les malheureux qui, comme moi tentent de gagner la forêt. Je suis sur la branche de l’arbre où je venais jouer auparavant avec Galik et Meter. Où sont-ils ? Je n’arrive plus à réfléchir, ma tête devient lourde, je sombre… »
Note n°1 : J’ai pu retrouver le village natal de celui qui deviendra le fondateur de mon clan. Ou plutôt ce qu’il en reste. Des fermiers habitant la région m’ont confirmé qu’il existait autrefois des ruines près de la grande forêt. Il s’agissait probablement d’un amas de cabanes cachées du monde, créé par des fils de réprouvés souhaitant vivre en paix, loin des humiliations de leur congénères. Il est ironique d’apprendre que le fondateur d’un des plus puissant clan fédorien actuel appartenait à la caste indigne. En revanche sa jeunesse tragique s’explique facilement au vu du contexte historique dans lequel il évoluait. Dans les années 668, le peuple fédorien, dispersé en plusieurs petits villages autonomes, était constamment harcelé par des raids shalos.
An 671 « - Petit, tu dois me dire ton nom et ton clan. Le scribe éponge son front, qui est en sueur. C’est vrai que la chaleur est insoutenable en cette fin d’après-midi. Il me semble que nous sommes des centaines à faire la queue devant son petit stand au pied des murailles. Ces murailles… Elles sont gigantesques. Pour sûr qu’avec ça, on doit être bien à l’abris. Je regarde autour de moi. Ils sont tous là ; en haillons, hagards, mais aussi les yeux brillants d’espoir. Des familles entières, mais aussi des enfants, des vieillards… J’ai rejoins leur marche quelques jours plus tôt. Ils ne m’ont pas posé de questions, m’ont seulement donné à boire et à manger. Je pense que s’ils sont tous venus ici, c’est qu’il y a une bonne raison. - Petit, tu m’entends ? Ton nom et ton clan s’il te plaît. Je dois les noter avant de te laisser entrer. Je lève les yeux vers ce vieil homme qui depuis maintenant des heures fait défiler des gens devant lui. Il tient une grande plume à la main, dont il se sert pour inscrire des choses sur un parchemin. Je crois qu’il écrit. Deux massifs soldats en livrée rouge l’encadrent. Mais je n’ai pas peur. J’essaye de former des mots, mais je n’arrive pas à parler. A force de contracter ma langue, je parviens à souffler quelque chose, mais je ne sais pas si c’est ce qu’il veut entendre. Je m’en moque bien, d’ailleurs. Et puis d’abord, c’est quoi un clan ? - Tar… Ulik…je viens de… papa… - Hmm, Ulik du clan Tar, très bien. Tu peux aller rejoindre le soldat là-bas, il te dira où aller maintenant. Suivant ! Un homme en armure me dit de le suivre. J’obtempère, obéissant. Voyant que je continue de fixer les imposants murs de la cité, il me glisse à l’oreille : - Ne t’en fais pas, petit, cette cité est de loin la plus solide que j’ai jamais vu. Les shalos devront se lever de bonne heure pour prendre Fédoran ! »
Note n°2 ; Nous sommes en 671 et le peuple fédorien est en plein renouveau politique. Dirigé par le roi visionnaire Nastyr, une ère de changement s’ouvre et une page de l’Histoire se tourne ; Nastyr tente de réunir sous sa coupe tous les clans éparpillés et ainsi fonder une grande nation fédorienne, proclame l’indépendance de son nouveau royaume face à l’Empire et se dote d’une nouvelle capitale forteresse, l’imprenable Fédoran. Il n’est donc pas étonnant d’y retrouver Ulik qui, après deux ans de vagabondage, se retrouve aspiré dans l’un des nombreux flux d’émigrants partis refaire leur vie dans cette ville où dit-on, « tout est possible ». Je suis amusé de voir comment le destin se joue à si peu de choses : lorsque le recenseur demande au garçon son clan, le pauvre ne comprend même pas ce qu’on lui dit. Il bredouille son nom et d’où il vient… Tar devant à coup sûr être le nom de son village. Il faut savoir que lorsqu’un fédorien rejoint la caste des réprouvés, son clan est supprimé et tous ses membres tombent en disgrâce. Il n’est donc pas étonnant que, coupé du reste du monde et ne côtoyant qu’eux, Ulik ne connaisse pas jusqu’au concept même des clans.
An 673 J’empoigne le couteau que j’ai volé il y a quelques heures. Surtout ne pas trembler, ne pas rater son coup. Je peux le faire. De toutes manières tu n’as pas bien le choix ; tu veux mendier toute ta vie ? Plutôt mourir que vivre comme ça. Nous sommes cinquante à vivre comme des rats, les uns sur les autres, dans un entrepôt à l’abandon. Les déjections humaines entassées au coin du bâtiment empestent et m’empêchent de respirer. Je dois partir d’ici, et vite. Certains n’ont même plus la force de quitter leur couches miteuses, restant allongé toute la journée. Hier le vieux Belik est mort de faim. C’est donc ainsi qu’on nous traite à Fédoran ? Maudits soient-ils… Je leur prouverai moi, au nom des miens, qu’ils ne sont pas plus malins que nous. Je colle ma paume droite contre le métal froid du poignard. Je pense à mon père. Il serait fier de moi, je pense. Sans hésitations je m’entaille profondément la main. La douleur est immédiate. Un voile blanc descend doucement sur mes pupilles, mes yeux se ferment. J’ai envie de vomir. La dernière image que je vois est le sang coulant à gros bouillon de la plaie, formant une flaque écarlate sur le sol poussiéreux.
Note n°3 : Ulik, âgé de quinze ans, est maintenant confronté au mépris et à l’indifférence dont sont quotidiennement victimes les réprouvés. Mais sa volonté est telle qu’il n’hésite pas à s’infliger une blessure qui pourrait être mortelle afin de s’élever dans la société. Car nul ne peut se prétendre guerrier fédorien s’il n’a pas subit l’épreuve des flammes. Je reconnais bien là l’ambition et le courage des Tar…
Dernière édition par Silvicius le Jeu 19 Fév 2009 - 20:53, édité 1 fois | |
| | | Silvicius
Réputation : 0 Age : 34 Localisation : Grenoble/Orléans
| Sujet: Re: la saga du clan fédorien Tar Jeu 19 Fév 2009 - 16:44 | |
| Archives personnelles du clan fédorien Tar - "Ursktar, premier du nom, partie I (779-785)", par Uliktar, deuxième du nom
Elle et Lui : rencontre
Face à face. Interrogations, doutes et angoisse.
Elle me regarde. Elle vient tout juste de se réveiller. Je presse doucement mon index contre sa joue, et presque immédiatement elle l’attrape et le mordille. Puis me sourit en gazouillant des assemblages de syllabes incompréhensibles. Ses petits poings s’agitent dans ma direction tandis que je me relève. Je la contemple, allongée sur son berceau, dans la pénombre de sa chambre. Ses traits sont gracieux, même pour un nouveau-né. Je me demande si elle sait qui se tient devant elle. Moi en tout cas je la connais. Laya. Nièce du roi et à peine âgée de quelque mois. A la voir ainsi sans défense, j’éprouve un sentiment de pitié pour cette petite chose, emmaillotée dans ses linges. Que nous réserve le futur ? Serons-nous amis ? Cela rendrait les choses plus simples, à mon avis. Bien que, justement, notre opinion importe peu. Nous sommes un peu comme ces marionnettes, pendues au bout de fils invisibles, que nos parents agitent dans le seul but de satisfaire leurs intérêts. J’ai appris à renoncer. Mes désirs sont négligeables, seul le clan compte. Mais à la voir, elle, encore innocente des atrocités de ce monde, mon cœur se serre, car avant même qu’elle pousse son premier cri, avant même qu’elle avale sa première bouffée d’air, son destin s’est tracé en quelques secondes. Son père a surement dû être dépité à l’annonce de la naissance de sa seconde fille. Mais pas le mien. Car avec sa venue au monde, c’est la concrétisation pour mon clan d’années passées à courtiser la famille royale qui est enfin arrivée.
Sursaut.
- Ursk ?
Lâcher –prise.
- Oui père, me voici. - Eh bien, que faisais-tu à rôder ainsi dans l’ombre ? Viens donc nous rejoindre, le seigneur Talek a réclamé ta présence au conseil. Il veut t’offrir un présent pour célébrer notre alliance. - C’est un grand honneur. Je… Je souhaitais simplement la revoir avant notre départ. Pardonnez-moi. - Ha ! Oui, je vois. Eh bien, dans quelques années, elle sera ta femme, tu auras alors tout loisir à l’admirer autant qu’il te plaira. Et maintenant, pressons-nous. La patience n’est pas la principale qualité de notre hôte.
Elle et Lui : retrouvaille
Fuite.
Je m’évade dans le jardin. La chaleur à l’intérieur est insoutenable, la salle de réception est bondée. Ce costume d’apparat me fait l’effet d’une armure rouillée, chaque déplacement m’arrache un effort surhumain, en plus de me faire littéralement cuire de l’intérieur. J’ai immédiatement remarqué que les rares fois où l’on m’adressait la parole, ce n’était que pures formules de politesses, totalement futiles et insipides. Toutes ces cérémonies officielles, où la noblesse fédorienne se rencontre, m’agacent au plus haut point : je déteste servir de figuration. En toute logique mon absence ne devrait pas être remarquée avant une bonne dizaine de minute. Parfait. Le cerisier devrait être en fleur à présent, embellissant le ciel de son feuillage rosé.
- Monseigneur !
Confusion.
Une fillette. A vue de nez je lui donne une dizaine d’année. Peut-être moins. Malgré son jeune âge elle porte le costume traditionnel des dames de la cour. Elle doit appartenir à un clan mineur, je ne l’ai jamais vue auparavant. J’entends la rumeur de conversations de femmes derrière le buisson. Ma présence ici étant injustifiée, il va être ardu de m’expliquer sans perdre la face.
- Mademoiselle. - Vous contempliez le cerisier ?
Détente.
Son manque de bienséance me consterne, puis m’amuse. Son babillage cristallin est rafraîchissant après toutes ces salutations codifiées et purement formelles. Je l’observe plus attentivement. Son visage est agréable et ses gestes élégants. Je ne suis plus insensible aux charmes féminins, et bien que manquant d’informations sur le sujet, je suis à même de déclarer qu’elle deviendra à coup sûr une femme superbe.
- Vous appartenez à l’honorable clan Tar ? - Oui, mademoiselle. Mais que faites-vous seule dans ce jardin ? Ne devriez-vous pas être en compagnie de vos gens ? - Oh, bien sûr. Mais leur simple présence est assommante. J’ai vu le sommet de ce cerisier dépasser de votre enceinte en arrivant, et j’ai tout de suite eu l’envie de venir l’admirer. Puisque vous appartenez au clan Tar, pourriez-vous me rendre un service ?
J’esquisse un sourire. Cette fille ne manque décidément pas d’audace. Si je le désirais je pourrais demander à son père de mettre fin à ses jours pour un tel outrage.
- Pouvez-vous m’indiquer laquelle de ces silhouettes, dans la salle principale, se trouve être Ursktar, seigneur du clan Tar ? - Mademoiselle, le seigneur Ursktar s’est absenté momentanément, j’ai bien peur que vous ne le trouviez point en ces lieux. De plus il est prématuré de lui offrir le rang réservé au chef du clan. Puis-je m’enquérir de l’objet de votre requête ?
Elle me sourit en plongeant ses yeux dans les miens. Un de ces regards chaleureux et franc que seules les femmes en devenir peuvent offrir. Quelque chose se brise en moi. Je rougis. Au loin des cris de femmes retentissent. Apparemment, elles ont perdu quelque chose. J’arrive à distinguer deux syllabes dans leur appel confus. La-ya.
- J’aurais souhaité connaître le visage de mon futur époux.
Surprise, frustration et chaleur.
Les femmes surgissent au même instant. Toutes servantes et dames de compagnie, qui s’empressent de se prosterner devant moi, avant de saisir la fillette par le bras. Lorsque je parviens à retrouver le contrôle de mes sens, je suis à nouveau seul face au cerisier. A mes pieds se trouve une de ses feuilles. Je la ramasse délicatement, et la porte à mes lèvres.
Joie. | |
| | | Fanaa Petite étoile !
Réputation : 2826 Localisation : ailleurs...
| Sujet: Re: la saga du clan fédorien Tar Jeu 19 Fév 2009 - 18:34 | |
| très joli chapitre, monsieur le vil coupeur de tête xD
enfin un peu de tendresse dans ce monde de guerre, cela fait du bien.
euh... la suite? ^^ | |
| | | Silvicius
Réputation : 0 Age : 34 Localisation : Grenoble/Orléans
| Sujet: Re: la saga du clan fédorien Tar Jeu 19 Fév 2009 - 23:40 | |
| Archives personnelles du clan fédorien Tar - "Ursktar, premier du nom, partie II (790)", par Uliktar, deuxième du nom
Elle et Lui : sa vision à Elle
Montagne. Montagne imposante. Qui traverse les âges. Bleu. Le ciel bleu. Quelque chose d'invisible. Quelque chose de visible. Soleil. Quelque chose d'unique. Eau. Quelque chose d'agréable. Toi. Ciel. Rouge, ciel rouge. Rouge. Je déteste le rouge. De l'eau qui coule. Sang. L'odeur du sang. Une femme qui saigne. Un homme modelé dans de la terre rouge. Un humain fait par un homme et une femme. Cité. Quelque chose construit par l'homme. Amour. Quelque chose construit par l'homme. Qu'est-ce qu'un homme ? Quelque chose construit par Dieu. L'homme est quelque chose construit par l'homme. Les choses que je possède sont Vie et Cœur. Le réceptacle du Cœur. Cœur, le siège de l'âme. Qu'est-ce ? Ceci est moi. Qui suis-je ? Que suis-je ? Que suis-je ? Que suis-je ? Que suis-je ? Je suis moi. Ce corps est moi. La forme qui me forme. Le moi visible, mais sans la possibilité de me voir. C'est étrange. Mon corps se dissout. Je ne me sens plus. Il y a quelqu'un d'autre. Qui est là ? Devant moi... Toi. Qui es-tu ? Qui es-tu ? Qui es-tu ?
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| | | Silvicius
Réputation : 0 Age : 34 Localisation : Grenoble/Orléans
| Sujet: Re: la saga du clan fédorien Tar Ven 20 Fév 2009 - 17:14 | |
| Archives personnelles du clan fédorien Tar - "Ursktar, premier du nom, partie II (790)", par Uliktar, deuxième du nom
Elle et Lui : sa vision à Lui
Je ne peux m'empêcher de penser à elle. Sa silhouette me hante, son parfum m'enivre, son sourire me réchauffe. Quelle ironie. Un guerrier ne peut se laisser dominer par une femme.
Mon Dieu, comme j'aurais aimé la revoir...
Quelque chose s'est produit, quelque chose que jamais je n'aurais cru possible. Ma vie ne se résume plus désormais à accomplir les ordres de mon père. Moi... Je ne suis plus moi. Ou du moins, je ne suis plus le même qu'avant.
Arbres gonflés d'air, ailes du ciel, pluie d'étoile, elle, elle et moi.
- Maître Ursktar, il est l'heure de partir.
Joie et peine se mélangent en un arc-en-ciel d'émotions mêlées, peinture de mon cœur. Mon âme s'élève et touche l'horizon céleste, promesse de pureté. Limbes d'éther et nuages colorés.
- J'arrive, mon bon Jolper. J'arrive.
Peu importe où cette route me mène. Je t'emporte en moi. Car je sais qu'avec moi, toujours, tu seras. | |
| | | Silvicius
Réputation : 0 Age : 34 Localisation : Grenoble/Orléans
| Sujet: Re: la saga du clan fédorien Tar Ven 20 Fév 2009 - 21:46 | |
| Archives personnelles du clan fédorien Tar - "Ursktar, premier du nom, partie III (795)", par Uliktar, deuxième du nom
Elle et Lui : Rupture -----
J’émerge lentement d’un sommeil lourd, mes paupières rigides semblant mettre des années à s’entrouvrir. Aussitôt, la lumière d’un soleil hostile frappe mes rétines violemment, m’obligeant à obstruer ses rayons avec mon avant-bras. Dans la foulée, je renverse une bouteille. Une bouteille de quoi d’ailleurs ? Ma peau colle. Je contemple autour de moi une chambre miteuse, où un reste de… de vomi excite la convoitise de deux ou trois rats. Les rongeurs couinent, se battent. -----
Elle s’éveille brutalement. Son front est en sueur, ses draps tâchés de sang. Lui se rhabille en silence. Mais ce n’est pas Lui. Elle fixe le plafond. Sur ses yeux bleus s’affrontent la colère, la terreur, et beaucoup de dégoût. Elle repli lentement le drap qui la recouvre, puis contemple son corps nu. Ses avant-bras sont lacérés. Quelques tâches de sang séchées sur le haut de ses cuisses jurent avec la blancheur de sa peau. Elle frissonne, se recroqueville, pleure. Son âme humiliée se vide avec pudeur. De l’amas de ces larmes de fiel naît une fine rivière, qui peu à peu vient épouser la délicate forme de sa poitrine. -----
- Une chambre. Du vin. Et une fille. Le bas de son visage tordu se déforme le temps de se composer un sourire aussi hypocrite que vicieux. Sa bouche édentée pue l’alcool bon marché. Je n’accorde même pas un regard à la putain qu’il m’envoie. Il paraît que c’est un phénomène très répandu que de voir l’élite fédorienne venir s’encanailler le temps d’une nuit avec les filles faciles des bas quartiers. Pauvre enfant. Si elle savait… Elle s’allonge sur le lit, après avoir ôtée sensuellement le haillon qui lui sert de robe. Je la sers dans mes bras et me procure le temps de quelques secondes l’extase que ce tavernier proxénète croit m’avoir vendu. Je l’étreins de plus en plus fort. Elle se débat. Je l’attrape violemment par les cheveux, et la jette sur le plancher. Je peux lire sur son visage incompréhension et peur. J’hurle. Des bruits de pas précipités montent de l’escalier. Je verrouille la porte, et me jette sur la prostituée, probablement âgée de moins de seize ans. Mon poing s’écrase sur son nez, répandant une giclée de sang sur le bois poussiéreux de cette chambre misérable. Je la roue de coups, jusqu’à ce que je ne l’entende plus gémir. Après un temps que je ne peux évaluer précisément, les paupières de ses yeux bleus remplis de larmes ne battent plus frénétiquement. Au contraire ils semblent s’être éteints, fixés à jamais dans ce qui me semble être une supplique muette. -----
Elle contemple le jardin plongé dans la brume à travers l’unique fenêtre de la pièce. Les branches nues du cerisier se balancent mélancoliquement au rythme capricieux d’une bise hivernale. Le paysage d’un blanc immaculé la plonge dans un souvenir lointain, qui lui semble presque irréel maintenant. La porte claque, la faisant légèrement sursauter. - Allons, ma chère enfant, il ne faut pas vous mettre dans cet état. - Seigneur Regaltar. Elle se prosterne. Il la relève délicatement, lui offrant son bras puissant. - Mon fils est de nature passionnée, vous devriez le savoir. Allons, ne pleurez pas. Vous savez, dans cette famille, nous partageons tous cet ardent désir de perpétuer notre glorieuse lignée. Mon père la possédait lui aussi. Tout comme moi. Subitement, il l’attrape par le cou, l’étranglant presque. Elle écarquille les yeux, surprise par la tournure totalement imprévue de cette conversation. - Sale catin ! Tu n’es bonne à rien ! Les femmes sont en ce bas monde afin de porter les fils des hommes ! Si tu n’as pu lui offrir d’héritier, avec moi, tu lui en offriras ! Il la plaque fermement contre le lit. Elle lutte, puis se résigne. S’abandonnant à ses gestes, elle laisse son esprit s’envoler loin de cette couche, où l’horreur et la violence semblent avoir imposé leurs règnes. -----
- Prends-moi dans tes bras, mon amour… - Je… Je dois partir. -----
- Ce n’est rien, Laya. Le principal, c’est que tu sois en bonne santé. Mon cœur bat la chamade. Mon fils… Il n’a jamais vu le jour. Ma chair, mon sang. La sage femme pleurait, elle aussi. - Pardonne-moi, Ursk. Elle et Lui. Face à face, comme au premier jour. Sa voix tremble, elle est en larmes. Malgré son ton réconfortant, elle perçoit des notes d’amertume. Elle le connaît trop bien pour ne pas le ressentir. Il attendait ce jour avec tant d’impatience… Et elle l’a gâchée. Elle l’a tué. Ses mains se crispent autour de son bas-ventre. Elle se déteste. Il la déteste. Plus rien ne sera comme avant désormais. | |
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