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 Désert rouge

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Fanaa
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MessageSujet: Désert rouge   Désert rouge Icon_minitimeMar 3 Jan 2012 - 0:33

Vêtue d'un ample boubou indigo, Fanaa se trouvait en queue de file. Elle avait fait exprès de se mettre dans les derniers rangs afin de rester loin d'Earl. Enfin loin ... disons pas trop trop près. Le nez en l'air, elle regardait le ciel, les pierres, le sable, les gens, les tissus, les bêtes, les traces dans la poussière ...
La cadence, tout le monde s'était calé sur le même rythme et la caravane ondulait en choeur. Les battements de coeur du désert ? Peut-être pas à ce point mais, Fanaa aimait quand même cette image.

Elle avait été relativement sage et silencieuse pendant la première partie du voyage, même pendant la deuxième en fait, mais une fois qu'ils furent sur le sable, elle eut du mal à contenir son excitation et son imagination. Ses pensées partaient dans tous les sens et elle avait de plus en plus envie de parler. Elle commença à louvoyer entre les marcheurs et leurs tissus aux couleurs du désert, accélérant, dépassant les marcheurs un à un - tout en guidant le loup parallèlement à elle mais sur le côté de la file pour éviter qu'il gêne - tel un poison migrateur elle remonta le courant à la recherche de de Kal'en mais tomba sur le Earl à la tignasse rousse avant cela et ses résolutions de suivre son conseil s'évanouirent.

Ce devait être le soleil, ou le fait de se retrouver dans cette situation pour la première fois, en tout cas cette aventure la grisait et lui délia la langue.


- Pourquoi le désert est rouge ? Je l'imaginais plus jaune moi. Enfin plus couleur sable. Mais ici le sable est de la couleur du soleil quand il se couche tu as vu ? C'est impressionnant, tu ne trouves pas ? Mais c'est joli. Enfin je trouve. Et toi tu trouves ? Et comment se fait il que tu connaisses la langue et les usages de ce peuple ? Et pourquoi tu fais ce voyage toi ? Toi aussi tu veux aller voir les Illahi ? Tu comptes aller les prier pour récupérer ton elixia ? Tu as déjà été dans le désert ? Comment est la nuit là-bas ? On voit les étoiles ? C'est le même ciel au dessus du désert et partout ? Tu as déjà été au-delà du désert ? Tu sais il y a d'autres terres là-bas, c'est Nuada qui l'a dit. Et un jour j'irai. Peut-être. J'aime bien aller loin. Tu aimes voyager toi ? C'est vrai qu'en y repensant tu te déplaces beaucoup. Et pourquoi as tu coloré tes cheveux ? Et comment as tu fais ? Et comment as tu choisi cette teinte ? Pour quelle raison dis ? J'ai du mal à m'y faire je t'associe plutôt au blanc mais ça te va bien aussi. Ca change.

et papati et patata. la moulinette à parole était lancée !
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Earl

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MessageSujet: Re: Désert rouge   Désert rouge Icon_minitimeMar 3 Jan 2012 - 1:38

Cette marée de questions tira quelques sourires à ceux dont les oreilles se trouvaient assez proches pour les entendre. Face à ces moues goguenardes qui semblaient le mettre au défi de répondre à tout, même s'il aurait préféré se taire, Earl ne put y tenir. Jetant bas son attitude de pillard fédorien, il retrouva bien vite l'accent lévitis légèrement hautain qui défrisait tant Syld :
- Les grains de sable ont la teinte des rochers d'où le vent les a arrachés. Ici ils sont rouges, car ils proviennent des plateaux riches en minerais de fer. Et le fer rouille, tout bêtement... d'où la couleur.

A quelques pas derrière, Ridelgald eut une grimace : fer ou pas fer, il en avait déjà assez de sentir du sable grincer entre ses dents. Par quelque sorcellerie, le pan de tissu censé lui couvrir la bouche et le nez refusait de tenir en place.

Assez peu sensible aux ondes négatives émises par son ex-second, Earl poursuivit :

- Je connais leur langue et leurs us car je les ai côtoyés pendant quelques temps, c'est tout.

Apparemment il n'avait pas trop envie de s'étendre sur le sujet.

- Si je vais les voir, c'est parce qu'ils se fichent éperdument de la politique et parce qu'on ne trouve le sanctuaire que s'ils désirent qu'on le trouve. Or moi non plus je n'ai pas envie d'être trouvé. Je n'ai pas changé de couleur de cheveux par caprice esthétique... Et sinon l'elixia peut dans une certaine mesure influer sur la pigmentation des yeux... j'ai juste étendu le principe. Le rouge s'est imposé tout seul, va savoir pourquoi, vu que je suis à moitié Fédorien... D'ailleurs à ce propos mon elixia se porte très bien, merci pour elle. Un peu trop bien, même.

Il essuya d'un revers de main une goutte de sueur qui coulait sur sa tempe. Le soleil approchait du zénith, mais il se ressentait d'avantage de la fatigue de la marche sur le sable instable. A la réflexion il s'était jeté sur les route après avoir fait plus que frôler la mort. Pas une seule véritable journée de repos, rien que quelques heures de mauvais sommeil...
Il passa machinalement la main sur la cicatrice pâle dissimulée par son écharpe. Cela picotait encore.


- Le désert est un des endroits où les étoiles sont les plus belles, car en l'absence de vent l'air y est pur. Elles bougent en fonction de l'heure de la nuit, comme partout... mais il y a des zones du désert où elles semblent disparaître, ou bien rester comme figées. C'est pour cela qu'il est si difficile de le traverser sans autre point de repère.

Il plissa les yeux pour scruter l'horizon mobile, chauffé à blanc.

- Bien sûr qu'il y a d'autres terres. J'aurais aimé les voir aussi mais...

Il secoua la tête et accéléra un peu l'allure, comme pour fuir les soucis qui s'acharnaient à le poursuivre, eux aussi.

- ... il y a déjà beaucoup à faire sur ce petit bout de terre-là.
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MessageSujet: Re: Désert rouge   Désert rouge Icon_minitimeMar 3 Jan 2012 - 14:05

Les lèvres de Fanaa s'arrondirent en un "o" parfait de surprise en entendant Earl parler autant et sans gronder en plus ! Médusée, elle en oublia de maintenir le tissu qui protégeait le bas de son visage et des grains de sables volants qui l'avaient jusque là épargnée s'y engouffrèrent, lui provoquant un accès de toux. C'était désagréable et râpeux. En plus ça grattait horriblement la gorge !

Toussant tant qu'elle en eut les larmes aux yeux, étouffant, Fanaa ne put maintenir l'allure qu'elle s'était imposée et s'extirpa de la file pour pouvoir se laisser tomber sur les genoux sans gêner personne. Et mais ! Le sable était brûlant ! Elle se frappa le plexus solaire pour s'assurer de rejeter tout ce qui l'avait gênée. Berk ! elle s'en était bouffé une belle poignée et comprenait maintenant pourquoi il y avait quelques mots qui volaient de ci de là mais jamais une conversation construite et suivie.


- Parce que personne n'aime manger du sable ...

Oubliant un instant qu'elle voyageait, la danseuse s'assit sur le sol qui lui brûlait les fesses même au travers du tissu, prit une poignée de sable dans une main et le laissa couler dans l'autre pour s'absorber dans la contemplation du sable rouge.

- Du sable rouillé ! C'est rigolo !

Les grains de sables, légers, profitèrent d'un nouveau petit vent pour voler dans la figure de la jeune femme qui eut une nouvelle quinte de toux et se rappela qu'elle avait une caravane à suivre. Vite vite, elle se remit debout et courut jusqu'à retrouver Earl dans la file. Essoufflée elle ralentit le pas pour se caler sur les siens.

Regardant Earl, elle l'interrogea encore d'une voix étouffée par le tissu qu'elle prenait garde à maintenir en place sur son visage et rendue un peu rauque par ses deux accès de toux.


- Dis Earl, avec le sable si on le fait brûler on fait du verre pas vrai ? Mais on fait ça avec du sable jaune ou blanc. Alors si on en fait evc le sable rouillé d'ici, est-ce que ça fera du verre teinté de rouge ? Oh! Et Earl ...

Elle tirailla sur la manche du brigand fédorien au drôle d'accent de la haute. Dès qu'il daigna tourne la tête vers elle, elle libéra son visage pour lui faire un graaaaaaand sourire. Bon qui ressemblait un tout petit peu à une grimace parce que le sable n'allait pas s'arrêter de voler. Et puis aussi parce qu'elle n'avait pas l'humeur qu'il fallait pour un immense sourire sincère, mais elle se sentait tout de même détendue.

Remettant bien vite son visage à l'abri :


- C'était pour te remercier toi que je l'avais demandé. Et comme tu parlais leur langue, j'aurais voulu et apprendre quelque chose et ... euh ... te faire plaisir ou honneur enfin ... un truc bien, quoi.

Pour ne pas qu'il se mette à pester (il pouvait gronder sans raison), elle embraya rapidement sur un autre sujet.

- Et c'est toi qui avait dit que ... elle s'essuya le front ... il fait chaud ... mais je ne me plains pas hein, c'est juste une remarque. Tu avais dit ...

Ses cheveux avaient séché depuis belle lurette et plus rien ne pouvait la rafraîchir. Rien ne pouvait rafraîchir personne de toute façon. Mais nul ne se plaignait. Tous avançaient en silence et sans même ralentir le pas et Fanaa comprenait enfin pourquoi les bavardages n'étaient pas monnaie courante. Ce n'était pas tant le sable. Le sable n'était qu'un désagrément. C'était surtout qu'il valait mieux concentrer toute son énergie à avancer. A avancer le plus loin possible et que personne ne voulait gâcher son souffle à autre chose. Car il fallait resté groupé et aller toujours plus loin.

Fanaa garda le silence quelques minutes avant de retrouver le fil de sa question.


- Oui. Donc. Tu m'as dit que tu n'avais ... Oh ! Et là bas cet îlot de verdure qu'est-ce que c'est ? Comment peut-il y avoir des arbres ici ? Il fait bien trop chaud pour ça, non ?

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Earl

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MessageSujet: Re: Désert rouge   Désert rouge Icon_minitimeMar 3 Jan 2012 - 19:53

- Pour le verre, tu n'auras qu'à leur demander à eux...

Earl indiqua les nomades d'un signe de tête.

- Ils savent faire de très jolies choses : des perles, des lanternes, des vases de verre soufflé. On en trouve jusqu'à Médiévir. Du sable, ils en ont à profusion, et ils savent également où extraire des pierres et des métaux précieux. Les pièces de verrerie et les bijoux du désert sont très prisés, même s'ils sont rares et hors de prix.

Il s'était contenté de lâcher un long soupir lorsque Fanaa avait dû quitter la file sous les rires étouffés des autres membres de la caravane qui, s'ils ne parlaient guère, écoutaient de toutes leurs oreilles. Ridelgald n'était pas celui qui s'était moqué le moins fort, même s'il avait sans doute avalé plus de sable. D'ailleurs il avait manqué s'étouffer lui aussi, à la grande joie de ses voisins. Sous les amples voiles et capuchons, le paysage se réduisait essentiellement au petit carré de sable brûlant sur lequel on allait poser le pied. Le trajet pouvait donc paraître bien monotone et la moindre distraction se trouvait la bienvenue.

Le Lévitis émit un reniflement un peu dédaigneux et colla une gourde en peau de moo remplie d'eau à présent un peu tiède dans les bras de la jeune femme.


- Tu ne bois pas assez.

Il ne leva que brièvement les yeux vers l'horizon en avant de la caravane. Le soleil s'y reflétait en plein, ardent et impitoyable, donnant l'illusion d'une mare de mercure aux reflets rouges dans le lointain.

- Il y a des plantes qui peuvent vivre ici. Des animaux, aussi. Sauf exception, ni les uns ni les autres ne sont très engageants : la plupart des animaux sont des prédateurs, soit nocturnes, soit des fouisseurs capables de se déplacer sous la surface du sable et de repérer leurs proies grâce aux vibrations. Quant aux plantes elles sont souvent sèches et épineuses pour économiser le peu d'eau disponible. Des orages brefs mais d'une violence extrême peuvent se déchaîner sur les hauts plateaux, donnant naissance à des rivières éphémères qui vont se perdre dans le sable au pied des falaises. Les nuits dans les dunes peuvent parfois être étonnamment froides, suivant la direction du vent. Il n'est pas rare de se réveiller trempé par la rosée. Une grande partie de cette eau s'évapore dès que le soleil se lève, mais le reste percole dans le sable. C'est cette eau que vont chercher les racines profondes des quelques rares plantes qu'on peut voir.

Le convoi avait descendu avec précaution la crête d'une dune géante en forme de croissant de lune, et traversait à présent une forte déclivité au sol de sable si aggloméré qu'il en était presque dur. Quelques cailloux aux arrêtes aiguës parsemaient cette vallée.
Earl donna un coup de pied dans ce qui ressemblait à un petit rocher étrangement sculpté par le vent. Ce rocher émit un son creux, un peu sourd. Le son d'une souche d'arbre mort. En y regardant bien, il y avait nombre de ces souches qui ressemblaient beaucoup à des reliques d'arbres similaires à ceux des forêts du Ringem. Certaines faisaient plusieurs mètres de large.


- Le désert de sable avance sans arrêt. Il grignote des régions qui ont un jour dû être semblables aux plaines du Nolad. Il y a eu des plantes, des forêts, même. Seuls de rares arbres ont pu s'adapter pour survivre au sable, au vent et au manque d'eau. Mais en de rares endroits, l'eau peut sourdre du sol et une végétation plus variée ressurgir, parfois en l'espace d'une nuit. Certaines oasis disparaissent sous le sable aussi vite qu'elles sont apparues, d'autres perdurent. Apparemment nous allons pouvoir faire une pause...
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MessageSujet: Re: Désert rouge   Désert rouge Icon_minitimeMer 4 Jan 2012 - 3:05

Lorsque la gourde lui arriva entre les mains, Fanaa la fixa quelques instants. Elle savait ce que c'était bien sûr mais ... elle n'avait pas soif. De plus n'ayant pas planifié le voyage elle ne possédait ni outre, ni nourriture ni ... rien hormis les vêtements qu'elle portait, la rose bleue séchée dans son sac et ses armes. Bon. Elle ne ressentait pas la soif (pas encore du moins) et estimait que c'était mieux car ainsi elle ne piocherait pas trop dans les réserves des autres. Mais Earl lui demandait de boire alors elle prit une gorgée avant de lui rendre l'outre.
Ensuite elle écouta ses histoires avec intérêt. A l'évocation ds bêtes sous le sable, Fanaa fixa le sol avec méfiance. Allaient ils se faire attaquer et dévorer ? Si un monstre pointait le bout de sa gueule, elle ne le laisserait pas faire sans rien dire ... mais elle préférait espérer qu'il n'y ait aucune apparition de ce genre. Brrrrr !

Et puis il annonça la pause.


- Ici ? demanda-t-elle en ouvrant des yeux ronds. Maintenant ? Le soleil était encore haut dans le ciel.

Et bien à voir les nomades installer leurs bêtes en rond, il semblait que oui, ils allaient s'arrêter tout de suite ici-même. Les bêtes en rond, donc, et les gens qui posaient des tissus sur le sable, s''y asseyaient, se faisait passer de l'eau, du thé et des gâteaux au miel. Il fallait reprendre des forces pour arriver au bout du trajet prévu pour cette première journée. Les langues se déliaient et les mots chantants se faisaient de nouveau entendre.

Fanaa s'éloigna du levitis pour chercher le jeune bouvier qu'elle retrouva auprès d'une de ses bêtes. Il était décidément très attentionné.


- Kal'en ? Tu veux que je t'aide ? Enfin plutôt ce soir peut-être car là tu as déjà fini ... Dis, tu m'apprendrais quelques mots de ta langue ? Des bases, des salutations, des formules ... j'aimerais être capable de ... enfin c'est une marque de respect. Et puis je ne voudrais plus faire de gaffe. Je connais déjà des mots tu sais !

Elle se mit à les compter sur ses doigts.

- Shigah, Koudou, Ti'cara, et cara aussi, et ana ... il est dur ce mot. Anaché. Non anachté. ou tché.

Fanaa se frotta la tempe, embêtée.

- Je ne m'en rappelle pas très bien et je ne sais même pas ce que ça veut dire. Ah! je connais Illahi maintenant aussi ! Et je sais qu'il n'y a pas de mot pour dire merci et qu'un grand sourire a la même signification.
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MessageSujet: Re: Désert rouge   Désert rouge Icon_minitimeMer 4 Jan 2012 - 10:27

- Nay, pas besoin d'aide.

Le bouvier s'était déjà installé sur les restes desséchés d'un tronc millénaire.

Les bêtes avaient longuement reniflé le sol, avant de plier l'échine et de tendre le museau dans une sorte de révérence assez inconfortable mais qui ne risquait pas de jeter bas leur chargement. Sortant leurs longues et minces langues bien faites pour aller chercher la moindre trace d'humidité dans les fissures des rochers ou dans les troncs creux des arbustes rêches du désert, elles avaient commencé à lécher les zones de dépôts blanchâtres qui brillaient entre les souches et les cailloutis.

Kal'en tapota avec un peu d'impatience sa longue badine terminées d'une houppette aux vives couleurs contre son mollet.


- Je ne suis pas doué pour apprendre aux autres.

Le garçon semblait moins enclin que les marchands à s'amuser de l'agitation un peu excessive de la jeune femme ou de ses babillages. Les animaux étaient certes moins bavards...

- Nous n'apprenons pas notre langue. Il faut écouter, observer longtemps. Seuls ceux qui demeurent longtemps près de nous finissent par comprendre.

Regrettait-il un peu la décision du groupe de laisser trois étrangers se mêler à eux ? Peut-être.

A quelques mètres de là, deux grands mâles reconnaissables aux excroissances écailleuses sur leur front se bousculèrent et émirent des claquements de mâchoire peu amicaux.


- Koudou ! Dou ! jeta le garçon avec un clappement de langue.

Les animaux soufflèrent par leurs étroits naseaux, puis finirent par s'écarter, à la recherche de dépôts de sel moins rapprochés.
Considérant qu'il n'y avait pas grand chose d'autre à dire, il se pencha pour ramasser une petite pierre blanche et la posa sur sa langue.
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MessageSujet: Re: Désert rouge   Désert rouge Icon_minitimeMer 4 Jan 2012 - 14:18

- Mais ... !

Mais si elle ne pouvait pas aider, comment allait-elle faire ? Ils l'emmenaient elle contractait donc une dette envers eux. Elle ne pouvait pas payer en argent alors avait bien compté payer de sa personne mais si on n'acceptait pas son aide ... En même temps elle n'avait jamais vu ces animaux étranges que le bouvier menait et ne saurait sans doute pas s'en occuper. Sur ce point il n'avait pas tort. Mais elle pouvait apprendre, elle voulait apprendre ! Seulement Kal'en n'aimait pas enseigner et n'en avait nulle envie.
Il restait réticent à partager son savoir et les connaissances de son peuple. Peut-être était-ce compréhensible. Fanaa essaya de se mettre à sa place. Si un inconnu débarquait aux Ruines Blanches et lui disait "apprends moi tout du Ringem, enseigne moi les Chandlune!" Comment Fanaa réagirait-elle ?
Et bien premièrement elle ne connaissait pas tout du Ringèm, loin de là. Alarielle lui avait beaucoup enseigné mais était morte trop tôt. Que valaient 12 heures d'enseignement de ce qu'elle avait mis toute sa vie a connaître ? Fanaa avait beaucoup appris. Mais pas assez. De plus elle n'était pas en paix avec elle-même à cette époque. Mais maintenant cela allait mieux.

Malgré qu'elle eut encore des questions à poser, elle se retint de le faire, prenant ses indications comme une épreuve à passer. Il fallait rester assez longtemps pour connaître leur langue. Soit. Mais il savait qu'elle ne resterait pas assez longtemps. Seulement ce n'était pas ce qui comptait. L'important était de comprendre qu'il fallait mériter pour acquérir. Observer, écouter. Et un peu moins parler. Dans la situation présente ce n'était pas facile, il y avait tant de choses à découvrir ! Et Earl lui-même lui avait conseillé de parler directement aux nomades.

Imitant Kal'en, Fanaa trouva une petite pierre blanche semblable et la mit dans sa bouche. Cela servait à tromper la soif. Une soif qu'elle ne ressentait toujours pas même si elle commençait à se sentir asséchée à l'intérieur. Elle promena son regard de l'une à l'autre des personnes, des bêtes. Les amandes et autres fruits séchés qui passaient de main en main, les boucles d'oreilles de verre coloré qui reflétaient le soleil aveuglant, les tissus enroulés autour des têtes bien serrés ne laissant voir que les yeux ...

Si quelqu'un venait la visiter aux Ruines Blanches, Fanaa l'accueillerait à bras ouverts et lui enseignerait tout ce qu'elle était capable. Ce qui était peu. Mais elle l'aurait fait pour tromper sa solitude. Parce que nul ne restait là-bas. Et nul n'y venait d'ailleurs. De toute sa vie, Altarielle n'y avait rencontré personne. Du moins elle n'en avait pas parlé à Fanaa. Mais en y réfléchissant, elles n'avaient pas abordé ce sujet.
Elles avaient parlé de frontière, de pierres à tourner, de protections, des Souvenirs à protéger, des différents monstres ... et de l'histoire des Chandlune. Altarielle lui avait dire que chaque nouvelle-née Chandlune devait recevoir l'histoire de leurs origines dans le creux de l'oreille après leur naissance mais Fanaa ne l'avait pas eue. Ce qui avait été sa première perturbation. Ensuite, beaucoup de choses s'étaient enchaînées.
Non il n'y avait pas de comparaison possible. Personne ne venait aux Ruines Blanches car personne ne savait qu'elles existaient. Et puis pour y parvenir il fallait traverser une partie du Ringèm et la vallée n'était pas tendre avec ses voyageurs. Svaär en avait pris possession.

Si Fanaa avait pu prendre ne serait-ce qu'un petit peu du soleil du désert pour l'emmener au Ringem alors ...

La tête dodelinant, elle ne se rendit pas compte que ses yeux se fermaient. Ca se faisait tout seul. Elle n'avait pourtant pas ressenti de fatigue. Elle avait vraiment l'impression de n'avoir ni faim ni soif ni besoin de repos. Seulement le désert demandait beaucoup des humains. Vraiment beaucoup. Il fallait le mériter le désert.
Elle posa la tête sur le tronc où siégeait le bouvier et s'assoupit.
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MessageSujet: Re: Désert rouge   Désert rouge Icon_minitimeMer 4 Jan 2012 - 15:10

Les reptiles géants finirent par relever la tête, un à un. Imitant les autres bouviers, Kal'en se remit sur pieds et alla présenter un tissu humide aux animaux qui se pressèrent pour lécher quelques gouttes du précieux liquide. Ils avaient absorbé assez de sel pour que cette quantité leur suffise.

Les nomades se levaient, rangeaient la nourriture sortie pendant l'arrêt, reprenaient leurs places dans le convoi.

Ce fut le négociant aux longs cheveux sombres qui vint secouer la jeune fille endormie.


- Nous partons.

Le soleil était à présent à son zénith et son éclat aveuglant avait dévoré jusqu'à la dernière ombre. On sentait la chaleur du sable jusqu'au travers des semelles.
La fournaise règnerait encore plusieurs heures après le crépuscule et, alors seulement, ils pourraient prendre quelques brèves heures de repos. Ils repartiraient tôt, pour avancer au maximum avant le retour du jour et de l'enfer brûlant. Il faudrait encore deux ou trois jours pleins avant de parvenir en vue des hauts plateaux si tout se passait bien. La quantité d'eau emportée pour la traversée était limitée, ils ne pouvaient se permettre de traîner en route...
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MessageSujet: Re: Désert rouge   Désert rouge Icon_minitimeJeu 5 Jan 2012 - 2:56

- hein ? Que ... oh merci ! Pardon...

Elle s'était endormie ? Ah ben bravo ! Fanaa n'était pas fière d'elle. Pas du tout. Mais cette pause lui avait coupé les jambes. Elle se remit debout avec effort, fit ce qu'elle put pour ne pas le montrer et rentra dans le rang. Elle se mit de nouveau à la auteur de Earl, ayant encore de nombreuses questions.
Et la marche reprit sous la chaleur écrasante et les rayons qui se reflétaient sur le sable pour blesser les rétines. Heureusement que le sable était plutôt rouge en fait, cela rendait la lumière légèrement moins douloureuse. Légèrement.


- Ces bêtes, à quoi servent-elles ? elle désignait les grandes bêtes reptiliennes de Kal'en. Ils les élèvent pour les manger ? Ils donnent du lait ? Ils utilisent leurs peaux ? Comment les appelle-t-on ?

Ce furent les seules interrogations sur lesquelles elle mit de la voix. Pour le reste elle se concentra surtout pour avancer sans perdre le rythme, sans se plaindre de la chaleur de l'air et de celle du sable. Sans ralentir, en faisant attention à ne pas trop trébucher, en se concentrant pour oublier le bout de cuir qui lui servait de langue.

*Je n'ai pas soif. Je n'ai pas soif. Ca attendra ce soir. Je n'ai pas soif.*

La danseuse avait perdu de son énergie, mais pas de sa volonté. Le désert la testait, essayait de l'écraser, mais elle ne baissait pas les yeux et n'abandonnait pas. Elle lui montrerait qu'elle pouvait le mériter. Elle avait juste besoin de temps, d'adaptation ... et de préparation. (cela c'était raté mais le voyage n'était pas prévu alors ... et puis même. Elle ne savait pas s'organiser pour les longs projets. Fanaa avançait sur coup de tête et idée comme ça.)
Elle avait pris l'habitude des brumes et devait maintenant subir le feu ardent. Elle devait attendre et s'adapter. Observer, acquérir, apprendre, comprendre.

Combien y avait il de grains de sale dans tout le désert ?

Fanaa se dit que Khamsin avait de la chance lui. Dans sa cage elixienne, il ne sentait pas la chaleur. Il ne sentait rien. Elle l'enviait un peu et aurait aimé être à sa place. Mais bien sûr c'était impossible. S'enfermer dans une cage d'elixia soi-même revenait à se tuer.

Fanaa comprenait le silence du groupe. Elle l'avait adopté elle-même finalement.


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MessageSujet: Re: Désert rouge   Désert rouge Icon_minitimeJeu 5 Jan 2012 - 10:17

- Des Sirleks. Ils pondent des oeufs donc inutile d'attendre du lait. Leur peau est plus solide que le cuir, même si moins souple. Ils servent de bêtes de somme dans le désert et quand on les mange ils ont à peu près le goût d'une grosse dinde.

Comme pour économiser encore un peu plus la salive nécessaire à la discussion, les phrases du Lévits avaient perdu en longueur et en complexité.

Il avait trébuché une ou deux fois et sa main restait obstinément fourrée dans les plis de son écharpe. De picotement, la mince cicatrice sur le coté de son cou s'était faite brûlure, comme s'il s'était agi d'une pierre laissée en plein soleil et chauffée à blanc.

Sans rien dire, il fourra à nouveau la gourde dans les mains de Fanaa.

Lentement, presque à regret, le soleil avait entamé sa course vers l'horizon. S'il faisait moins chaud -mais était-ce vraiment le cas ?-, les voyageurs ne l'apprécièrent guère : un vent faible mais insistant s'était levé. Il courait à ras de sol, sec et ardent tel un souffle de forge, emmêlant les vêtements dans les jambes, faisant filer le sable sous le pied. Si jamais on avait idée de se détourner pour tenter d'estimer la distance parcourue, on ne voyait que la trace de ses pas presqu'aussitôt effacée.

Il ferait chaud cette nuit. Une de ces nuits qui dessèchent les yeux et la gorge, une de ces nuits où malgré l'épuisement on peine à trouver le sommeil.
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MessageSujet: Re: Désert rouge   Désert rouge Icon_minitimeJeu 5 Jan 2012 - 17:44

Fanaa avait quémandé un autre tissu pour en recouvrir la boîte de Khamsin et la même femme que celle qui lui avait déjà donné de quoi se couvrir convenablement lui en offrit un autre. Fanaa la remercia bien et alla camoufler le loup. Il valait mieux qu'il ressemble à une malle recouverte d'un tissu qu'à un animal pas encore mort mais pas vraiment en vie.

Fanaa but le thé qu'on lui offrit et accepta avec reconnaissance la nourriture qu'on lui donna. Elle voulut protester qu'elle n'en avait pas besoin d'autant mais Earl lui fit comprendre d'un regard que refuser ou faire des chichis (quand bien même c'était pour leur faire faire des économies) n'était pas une chose à faire. Très bien. Loin d'elle l'idée de manquer de respect à quiconque. Elle mangea, elle but et fut bien vite repue. Ce n'était pourtant pas un festin, mais les aliments choisis tenaient au corps et les plats étaient étudiés afin de procurer assez d'énergie pour la marche du lendemain. C'était une bouillie de céréales accompagnée de fruit secs. Il y avait même quelques lanières de viande séchées qui passaient de main en main.
Aux Ruines Blanches, les repas étaient composés de fruits en priorité. Les autres nourritures étaient apportées par les visiteurs. Seul Khamsin chassait, tous les 3 jours environ, ainsi que Kraa aussi de temps en temps. Mais la Chandlune ne leur demandait rarement de partager leurs proies avec elle.

Observer.

Il fut l'heure de fermer les yeux. On la prévint que la nuit serait courte. Et courte ne fut pas le mot adéquat en fait. Il faisait lourd et sec et le vent de sol se débrouillait pour faire entrer des grains de sable dans les tentes, malgré la qualité de ces dernières. La jeune fille alterna des phases de sommeil et d'autres de recherche de ce dernier. Elle ne rêva pas. Quelqu'un ronflait dans la tente voisine, les Sirleks faisaient parfois de drôles de bruits, le vent ne s'arrêtait pas ...
Alors Fanaa se leva avec précaution et sortit. Elle voulait voir de ses yeux au moins une fois la nuit dans le désert.

Dans le ciel, un fin croissant rouge, la bleue quasiment ronde et presque la moitié de la lune verte. Le sable lui avait perdu sa teinte rouille pour un habit incolore. Pas vraiment blanc, mais pas vraiment autre chose. De tous côtés que l'on regarde il n'y avait que des dunes, plus au moins hautes, ou des étendues presque planes. A part le petit groupe de tentes et de bêtes, il n'y avait rien ni personne sur plusieurs kilomètres à la ronde. La danseuse tourna sur elle-même, chercha, mais ne vit rien. Rien du tout. Ils étaient au beau milieu d'un endroit tout à fait hors du monde. C'était très impressionnant. Au Ringèm il y avait des arbres rabougris, des marais, des touffes d'épines, quelques pierres ... ici il n'y avait que du sable à perte de vue. Les iris de tanzanite brillaient, tentant de distinguer quelque chose plus loin mais rien. Rien du tout. Écrasée par cette immensité, elle ne pouvait pourtant se résoudre à en détacher son regard, comme hypnotisée.

Elle secoua la tête pour reprendre ses esprit et se coucha sur le dos sur le sable encore trop chaud, les yeux dans le ciel pour se laisser envahir d'étoiles. Earl avait raison, elles sont belles ici. Très belles. Et à s'absorber dans leur contemplation, la jeune fille oublie pour quelques instants la température, les courbatures et les vilains grains de sable.


*Le désert se mérite.*

Elle frissonna.

*C'est si beau ...*
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Earl

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MessageSujet: Re: Désert rouge   Désert rouge Icon_minitimeVen 6 Jan 2012 - 1:00

Une nouvelle aube, une nouvelle journée de fournaise, une nouvelle nuit où le vent trop tiède laissait un goût de cuivre dans la bouche.

Ils avaient croisé les premiers rochers géants qui indiquaient l'approche des hauts plateaux au crépuscule. Ce ne fut que lorsque le camp fut dressé entre quelques rocs hiératiques striés de diverses nuances d'écarlate et que la brume de chaleur fut tombée à l'horizon qu'ils purent distinguer la ligne sombre des reliefs, beaucoup plus proches qu'on ne s'y serait attendu. Ils les atteindraient probablement en cours de matinée le lendemain.

Le repas, puis les salutations d'usage avant d'aller prendre un semblant de repos dans cette atmosphère à peine respirable.
Le silence reprit ses droits.

Kal'en somnolait, installé comme à son habitude contre le flanc d'un des sirleks, bien à l'abri du souffle ardent du désert endormi.
Ce fut vers le milieu de la nuit que le vent tomba tout à fait. Les animaux relevèrent la tête et émirent un geignement sourd qui se prolongeait en montant et descendant tel une mélopée. Les vibrations du grand corps contre lequel il était étendu tirèrent le garçon de son sommeil. Il s'ébroua, immédiatement lucide, puis observa un moment le troupeau en éveil. Toutes les têtes étaient tournées vers le sud, comme si les coureurs du désert guettaient quelque chose. Kal'en scruta à son tour l'horizon, en vain. Tout était silencieux, d'une immobilité parfaite.
Le bouvier inspira les parfums subtils de la nuit.
Rien.
Il finit par se rencogner contre son sirlek et se rendormit aussitôt. Les bêtes, elles, ne refermèrent pas l'oeil avant que les nomades ne commencent à sortir de leurs tentes pour préparer le départ.


- Les bêtes sont nerveuses.
- Eyaha. Depuis cette nuit.

Kal'en jeta un coup d'oeil vers le sud puis haussa les épaules, avant d'effleurer les flancs des sirleks pour les faire avancer. Il n'eut pas besoin de les pousser d'avantage et dut bientôt employer son énergie à les ralentir. Tous les bouviers faisaient de même, courant à toutes jambes pour remettre telle ou telle bête qui cherchait à rompre la file jusque là si nette.
Un des nomades à l'oeil perçant jeta soudain un cri bref mais qui figea tout le monde dans un bel ensemble. Une main en visière, ils se tournèrent vers le sud.
La lumière encore rasante du soleil teintait les dunes d'ombres et d'or, découpant chaque crête avec précision jusqu'aux confins du désert. En l'absence totale de vent, il n'y avait pas une poussière pour brouiller l'atmosphère, et pourtant...
Pourtant une ligne sombre et confuse semblait onduler au loin, ourlant l'horizon sur un large arc.


- Tempête de sable.

Les nomades ne s'affolèrent pas, se contentant de fixer les nuées encore lointaines qui se soulevaient comme une mer en furie.
Il y aurait pourtant eu des raisons de paniquer : ces tempêtes possédaient un pouvoir dévastateur sans égal ; le sable était projeté avec une violence telle qu'il rongeait la pierre, réduisait des rochers géants à l'état de poussière en l'espace de quelques heures. De ceux pris dans la tourmente, on ne retrouvait rien.
Dans le convoi immobile, les yeux se tournaient tour à tour vers le sud et la ligne des hauts plateaux devant eux.


- Combien de temps ?
- Deux ou trois heures, pas d'avantage. Il va falloir forcer la marche si nous voulons nous enfoncer assez loin dans les défilés pour être à l'abri.

Sans autre concertation, les pâtres firent claquer leurs badines sur les flancs des sirleks qui ne se firent pas prier pour accélérer l'allure.
Les plateaux semblaient encore si loin...
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MessageSujet: Re: Désert rouge   Désert rouge Icon_minitimeMar 10 Jan 2012 - 19:20

Orientée a la pointe de l'épée, Fynarine se fit guider a travers de multiples rue et ruelle dont elle fini par perdre le compte. L'homme la fit finalement entrer dans un petit bar miteux avec une enseigne en forme de choppe mais sans aucun nom. Les quelques clients ne lui accordèrent guère plus qu'un regard, sans prendre le temps d'interrompre leur activité. L'homme fit un signe de tête au tavernier, puis poussa sa prisonnière le long d'un corridor. Après le premier coin, le Fedorien frappa trois série de double coups sur une porte puis entra sans attendre de réponse.
A l'intérieur, tout était sombre. Fynarine découvrit quatre hommes, assis autour d'une grande table occupant une bonne partie de la pièce, et dont la bougie au centre était la seule source de lumière.
Le long silence qui s'était installé, pesant de tout son poids sur une clerc déjà à la limite de la panique, s'étendit. Alors qu'elle s’apprêtait à tenter de dire quelque chose, un des hommes parla.


- Qui est-elle?

- Une traîtresse. Elle a amené un message de Levitas qui condamne a mort Le Seigneur Adennon. Elle prétend qu'elle est une amie et était ici avec lui.

La déclaration fit froncer les sourcils de certains des hommes. L'un d'eux, a une extrémité de la table, commença a se lever, sûrement pour vociférer vu son visage, mais il fut interrompu dans son mouvement par la réplique calme et autoritaire du premier homme.

- Est-ce vrai, femme?

- Oui!! Enfin non!! Je ne savais pas ce qu'il y avait dans le message, mais j'étais vraiment avec le Seigneur Earl! C'était ce matin, on était presque arrivé en ville, mais il a oublié...

- Silence!

Si des corps broyés, éventré ou autres boucherie ne la faisait pas ciller, et était parfaitement a l'aise a la chasse en foret, être enfermée dans une petite salle au milieu de ce genre de brutes ne mettait en aucun cas la jeune clerc a l'aise. Surtout menacée par des armes sans aucune chance de défense. Elle s'immobilisa totalement a l'ordre du Fedorien a la table, oubliant presque de respirer de peur de faire du bruit.

- J'aurais été informé si le Seigneur Adennon était en ville, même sous couverture. Si tu ne trouves pas mieux, je vais finir par croire les soupçons de Brackun.

- Il faut la tuer, on ne peut pas la laisser vivre après nous avoir vu et fait pareille trahison! déclara l'homme qui avait failli s'emporter un peu plus tôt, finissant quand même par se lever cette fois. Vous l'avez dit vous-même Père, elle ment, on ne peut pas lui faire confiance quoi qu'elle dise de plus.

Le père en question ignora complètement la remarque et se tourna pour échanger un regard avec un des hommes resté silencieux et encore plus dans l'ombre jusque là. Ce dernière répondit a sa question muette.

- Elle dit la vérité. Devant l'air circonspect de son compagnon, il ajouta. Ce qu'elle croit être la vérité en tout cas. Si elle ment, elle le fait mieux que n'importe quel Shalos que j'ai croisé jusqu’à maintenant.

Un regain d'espoir gagna la Dédrane. Celui qui semblait-il était le chef fini par détourner son regard de son bras droit et le posa a nouveau sur la prisonnière.

- Si tu dis la vérité, alors où est-il? Où alliez-vous? Mon honneur m’empêche de te tuer si tu es vraiment celle que tu prétends, mais tu vas devoir me convaincre mieux que ça si tu veux sortir d'ici.

L'espoir d'échapper a la mort n'avait vécu que pour se faire mieux remplacer par le désespoir de se faire enfermer ici. Elle n'avait pas de réponse a ces questions, et ne risquait pas de les trouver au fond d'un cachot.

- Mais Père...

- Silence, utilise un peu ta cervelle au lieu de ne penser avec ton épées pour une fois. Quel honneur auras-tu quand tu l'auras tué et que l'on découvre qu'elle était une amie de notre peuple? Comment protégeras-tu ta famille et tes amis si tu tues tout le monde avant d'avoir des informations sur les autres que tu as raté et leur plan?

Le jeune sera les poings de colère, foudroyant la Dédrane comme si c'était sa faute, mais fini quand même par se laisser tomber sur sa chaise sans ajouter un mot.
Lorsque son père revint se concentrer sur la Dédrane une fois de plus, elle répondit piteusement.


- Nous étions en route vers Fedoran, mais il avait gardé secret ses plans une fois ici. Nous utilisions des parchemins de téléportation mais ne m'a pas donné le dernier, je n'ait pas pu le suivre et je ne sais pas ou il a atterrit. C'est en marchant pour venir en ville que j'ai trouvé le messager mort et que j'ai ramené son message a sa place en pensant que c'était important. Et voila ou ça m’amène.

Ne pouvant croire aveuglement a son histoire, mais la croyant assez pour ne pas vouloir lui faire de mal, le Fedoran soupira longuement en se reposant sur le dossier de sa chaise.

- Qu'est ce que je vais faire de vous? Je ne peux sûrement pas vous laisser partir juste avec votre parole.

Brackun, le soldat qui avait amené Fynarine ici, s’éclaircit la gorge.

- J'ai peut être une idée. Mon frère part à l'aube demain matin dans une caravane pour le désert. Un des porteurs de l'équipe est bloqué ici, je suis sur qu'il sera ravi d'avoir des bras en plus, même si ce n'est pas un homme.

La jeune clerc jonglait entre soulagement et déprime avec ces gens la. Dans le désert, mais ils étaient fou! Une Dédrane?!? Cela ressemblait plus a de la torture qu'a la garder confinée. Mais elle n'osa rien dire de cela, espérant que ce serait moins mal que ce son imagination essayait de lui dire.
Le père ayant réfléchi quelques instants, il fini par rendre son verdict.


- Humm... très bien. Une fois partie, elle ne pourra plus s'enfuir, et devra se plier au même règles que tous où elle mourra seule dans le désert. Suivant si son histoire se révèle vraie ou pas, peut être que le sable deviendra sa vie et sa mort, ou peut être reviendra-t-elle jusqu'ici. Je te laisse prendre les dispositions nécessaires pour qu'elle ne puisse pas s'enfuir d'ici la. Va maintenant, avant que la caravane ne s'endorme.

Comprenant bien qu'elle n'avait rien a dire dans cette affaire, ou du moins rien qui pourrait améliorer sa situation, Fynarine ne prit pas la peine de dire quoi que ce soit de plus. Avant de partir de l'échoppe, on lui fourni une tenu du désert, puis ils s'en furent vers l'extérieur des remparts rejoindre la caravane. Lorsque son aîné lui eu expliqué qui elle était et son histoire, Brackun laissa la Dédrane a sa garde.

Ivraal -c'était son nom- et ses aides, bien que la gardant d'un oeil plus que sur, était plus proche avec elle que ne l'avait été le frère. Il lui promit que une fois la caravane assez loin de la ville, et si elle se conduisait bien et faisait son boulot, il lui rendrait ses affaires, peut être même ses armes. Après tout, elle serait coupée du monde, et si ce n'était pas les autres de la caravane, ce serait le désert qui la tuerais si elle tentait quelque-chose. Fynarine apprit que Ivraal était apothicaire, et transportait des plantes et autre ingrédient de toute sorte pour les villages du désert. Elle serait donc chargée de transporter une partie des marchandises réservée au porteur resté en ville.
La place d'Ivraal, contre le mur d'enceinte, était un des plus loin du feu de camp, la scène se déroula donc sans se faire remarquer du reste des nomades. La nuit, Fynarine resta sous la surveillance permanente de deux gardes qui ne partaient pas pour le désert et donc n'avait pas autant besoin de repos. N'étant pas habituée a cette chaleur et le stress de la journée la firent rester éveillée un long moment, mais la Dédrane réussi quand même a prendre quelques heures de sommeil.
Le lendemain fut une longue et atroce journée pour la Dédrane. Même avec les habits du désert correctement placé grâce aux explications d'Ivraal, le soleil, le sable et le vent étaient plus bouillant les uns que les autres. Le sac de marchandise ajouté a ca, Fynarine cru plus d'une fois qu'elle allait tomber, cuire et se transformer en sable. Heureusement, grâce aux poses, un Ivraal et sa gourde veillant a sa survie, et une volonté de fer, elle fini la journée. Comme pour le camp, Ivraal était en queue de la caravane, ce qui fit que son groupe avait plus de mal a suivre ce qui se passait dans les autres groupes. De toute façon, avec toute la concentration nécessaire pour avancer, Fynarine n'avait plus l'énergie d'essayer de suivre quoi que ce soit d'autres.

Une fois installé pour la nuit et ses corvées finies, Fynarine tenta de dormir, mais malgré la fatigue, le sommeil refusa de venir. Elle alla trouver Ivraal pour lui demander son sac pour prendre des herbes pour dormir. Apprenant agréablement qu'elle était herboriste, le jeune homme la laissa fouiller son sac. Il savait bien que la Dédrane aurait bien besoin de ces maigres heures de sommeil pour suivre les jours a venir.
Tellement fatiguée, elle n'entendit même pas les animaux cette nuit la quand ils commencèrent a sentir la tempête. Au petit matin, elle était courbaturée, mais autrement plutot en bonne forme compte tenu des circonstance. Peu après, elle vit comme tout le monde ce monstrueux nuage de vent et de sable qui leur arrivait dessus. Devant la marche forcée qu'ils allaient devoir faire pour échapper aux vents violents, elle s'autorisa une entorse a ses règles habituelle, et utilisa un peu de son Elixia pour soulager ses muscles. Puis ramassant son sac, elle couru pour rattraper Ivraal et ses compagnons. La Dédrane remit sa capuche sur ses cheveux vert sombre, et cala ses pas sur le nouveau rythme des hommes du désert.

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MessageSujet: Re: Désert rouge   Désert rouge Icon_minitimeLun 16 Jan 2012 - 10:25

Graduellement, la ligne sombre et mouvante s'était élevée, formant un mur dont la crête ondoyante voila bientôt les rayons du soleil matinal. Une lueur fauve baignait à présent les dunes foulées par la caravane. Personne ne prononçait un mot, et le silence n'était rompu que par les cris brefs des bouviers occupés à maintenir les bêtes et par une rumeur sourde, un vrombissement qui augmentait rapidement d'intensité.

Les vagues figées des dunes semblaient s'animer comme une mer au dégel. Dérangé par les vibrations du sol, le sable frémissait, s'écoulait par nappes sur les versants en produisant un crissement ténu qui venait s'ajouter au mugissement de la tempête en approche.

Quelques exclamations fusèrent lorsqu'une forme oblongue et blanchâtre émergea à quelques mètres des voyageurs, pour disparaître aussitôt sous le sable. Les fouisseurs du désert fuyaient, eux aussi. Ils savaient qu'il était inutile de tenter de s'enfoncer plus profond dans le sol : les vents en furie pouvaient décaper des dunes de centaines de mètres en quelques heures. Les prédateurs cherchaient refuge vers les racines des hauts plateaux, vers des fissures enfouies à l'abri des assauts de la tourmente. Pour l'heure ils n'avaient que faire des fragiles marcheurs ou des sirleks qui s'agitaient à portée de dent.

La caravane s'engagea entre les vestiges des premiers contreforts des reliefs. De hautes dents de roche écarlate sculptées, lissées par le temps et le vent, au point de ressembler aux ruines de statues antiques. Peut-être en était-ce à l'origine. Mais le désert avait fait tant et si bien que seule l'imagination cherchait à y reconnaître des figures hiératiques à demi englouties.
A présent, les marcheurs percevaient clairement les vibrations sous leurs pieds. Quelques blocs de pierre dégringolèrent d'un des pics rocheux, manquant de peu un des groupes qui fermaient la procession.

La lueur rousse s'était muée en obscurité. Le mur mouvant s'était refermé, dévorant l'horizon de toutes parts. La moitié de ciel bleu pâle au dessus de leurs têtes s'amenuisait, se chargeait de volutes des poussière. On se serait cru au crépuscule.

Les meneurs en tête de colonne obliquèrent vers l'entrée de ce qui semblait être un large canyon. S'il ne s'agissait que d'un simple renfoncement des plateaux, ils étaient perdus. Il fallait pouvoir avancer loin, plus loin... Par bonheur, cette large fissure avait bel et bien été creusée par une des rivières éphémères qui naissaient lors des rares orages. Les parois se rapprochaient, formant des coudes, des virages brusques.
Vite, vite, les nomades continuaient à avancer sur le sable qui fit bientôt place à des blocs lisses séparés de cavités traîtresses. Puis ce fut la roche-mère, creusées en large vasques asséchées.
Il y eu comme un choc sourd.
Le front de la tempête venait de s'écraser sur le bord des falaises.
Le mugissement se mua en un grondement furieux.
Les nuées de poussière et de sable devaient s'engouffrer dans le canyon, redoublant de vitesse.


- Hetayah ! Hetayah !

Inutile de traduire ce cri.
Earl attrapa Fanaa par le bras pour l'inciter à courir, et l'entraîna vers les nomades qui agitaient la main, à un coude du défilé. La gueule noire d'un tunnel s'ouvrait là.

Bêtes et hommes ne se firent pas prier pour se précipiter dans ce qui se révéla être une caverne dont les prolongements se perdaient dans l'obscurité. Quelque source souterraine qui captaient l'eau infiltrée dans les fissures à la surface des plateaux, sans doute.

Il y eu des cris au dehors, puis ce fut comme si l'ouverture de la grotte s'étaient refermée telle la gueule d'une bête géante. Un mur de vent, de sable et de poussière venait de passer, emportant les quelques voyageurs trop lents et les sirleks les plus chargés. Dans la caverne, tous reculèrent en se couvrant les yeux, toussant à cause de la poussière fine qui avait jailli au passage de ce torrent furieux.
Le nuage ne tarda pas à retomber.
L'entrée de la rivière souterraine se trouvait dans un coude protégé des défilés. C'était comme une bulle de silence et d'obscurité, alors qu'à quelques mètres de la bouche du tunnel, un torrent mortel hurlait sa colère.

Il y eu des cliquetis, des étincelles, et quelques torches s'allumèrent en grésillant. A la lueur des flammes, les nomades avaient l'air d'une troupe de fantômes, complètement couverts de poussière rousse.
Presqu'aussitôt, ils commencèrent à s'organiser, faisant le compte des pertes et se préparant à de longues heures, voire à des jours d'attente...
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MessageSujet: Re: Désert rouge   Désert rouge Icon_minitimeMer 18 Jan 2012 - 3:38

La tempête ... la tempête avait été effrayante ... Lorsque l'alerte avait été donnée, la curiosité de Fanaa avait été plus forte et elle avait commencé par regarder ce qui se passait, l'horizon qui se soulevait, le désert rouge qui se faisait noir ... et puis il fallut se dépêcher, avancer, toujours plus vite pour atteindre le but : l'abri dans les falaises. Le sable glissait sous les bas, aspiré par le danger qui les poursuivait. Fanaa glissa une ou deux fois et se releva toujours, il fallait bien ! Mais elle ne put s'empêcher de ralentir, le sable restant un sol assez nouveau pour elle, et pas encore assez apprivoisé. Pas dans les situations d'urgence du moins.
Sans oublier qu'il fallait garder le contrôle de la boîte de Khamsin, continuer de le guide, ne pas le perdre.
Mais par dessus tout il y avait la fascination. Même si le Simoun était un immense oeil béant sur le néant, un danger vivant qui leur courait dessus, même si le seul impératif était de le fuir, Fanaa ne pouvait s'empêcher de tourner la tête pour le regarder. Elle voulait le voir. Même s'il était une mort, une mort rouge et violente.
Rouge.
Rouge et mort.
Sa fascination du rouge, ce n'était pas le moment ...

*Ne regarde pas, ne regarde pas*
Avec effort, la Danseuse détourna le regard et repartit vaille que vaille à la poursuite du groupe. Puis il y eut un bruit. Un son. Probablement un des mugissement de la tempête. Mais Fanaa tourna tout de même les yeux parce que ce bruit lui rappelait quelque chose. Un gémissement de douleur.
Fanaa tourna la tête donc, et se figea.
Rouge et mort.
Le sable lui fouettait le corps et le visage malgré le tissu dont elle était entourée. Mais elle n'y faisait pas attention. Le désert fou agissait comme un miroir, une vitrine sur un moment passé. C'était peut-être tout ce rouge, c'était sûrement ce danger mortel, et plus que probablement la fatigue, mais la scène que Fanaa vit se rejouer devant ses yeux, c'était la pendaison avortée. Elle vit la potence, Syld debout dessus qui ne la distinguait même pas parmi la foule. Et puis il tomba au sol avec un affreux craquement et une flaque de sang se répandit autour de lui, de son visage aux traits tirés. Ce craquement, c'était le bruit qu'elle avait reconnu dans le vent. Il était immobile et le sang coulait encore. Rouge.
Rouge et mort.
Incapable de réfléchir, Fanaa ne bougeait plus. Elle ne pouvait s'approcher du cadavre de Syld et ne le voulait pas vraiment. Et puis il valait mieux que la vague de l'horizon l'engloutisse et la mélange à ce qu'il restait de lui. Syld était mort, alors que restait-il ?
Le sable rouge avait un effet terriblement hypnotique sur Fanaa, elle n'avait plus conscience de rien sinon que Syld ne bougeait plus et que cette simple idée était intolérable.

Et puis on la saisit au bras et la força à avancer, à s'éloigner au plus vite de la vague de sable rouge et de mort, l'arrachant à la contemplation du corps. Fanaa se laissa guider et sa main eut même le réflexe en un geste de ramener Khamsin vers elle et de le mener dans son sillage.

Et puis il y eut la grotte. Un boyau sombre, fermé. Un abri. La sécurité. Mais la pénombre. La respiration de Fanaa s'accéléra, elle sentit la sueur couler le long de son dos et des torches s'allumèrent. Fanaa se plaça face à une des parois et s'y abrita. fermant les yeux, elle respira par saccades, bouche ouverte et en frissonnant se laissa tomber au sol. Elle avait les jambes en coton. Des éblouissements lui blessaient la rétine malgré ses paupières closes. Elle respira plus fort mais se sentait perdre pied.

*Non pas une crise ! Pas maintenant !*

Le bout de ses doigts crépita de rouge et elle serra les poings avant de poser son front contre la pierre. La panique. l'énergie. Se débarrasser de l'énergie. Vider sa tête. Vider son esprit.
Le vider de la couleur rouge. Fermer ses pensées. Faire le vide.

Rouge. Rouge. Rouge.

Elle plaqua une de ses mains contre la paroi, paume ouverte et courba la nuque.


*Pas de rouge. Non. Il n'y a pas de rouge. C'est dehors. Juste dehors.*

- Pas de rouge. Rouge comme Ciel ...

Ca allait passer. ca allait bientôt passer. Surtout que cela n'avait pas de raison d'être.
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MessageSujet: Re: Désert rouge   Désert rouge Icon_minitimeMer 18 Jan 2012 - 9:59

Earl avait lâché Fanaa pour se détourner lorsque le vent brûlant souleva le nuage de poussière dans la grotte.

Même dans ce tunnel, l'atmosphère était sèche, brûlante. Il fallait chercher son souffle à petits coups. Chaque inspiration irritait la gorge.
Lentement, l'ouverture sur les défilés se réduisait, comblée par le sable qui s'accumulait dans un cliquetis continu. Il y avait à peine de quoi y voir mais les nomades n'allumèrent pas d'avantage de torches : ils n'allaient pas tarder à n'avoir que l'air emprisonné dans la caverne pour respirer.

Le Lévitis arracha le tissu qui lui couvrait le bas du visage et se délesta en un tour de main de son manteau alourdi de sable. Il jeta un coup d'oeil circulaire, et se décida pour la personne la plus proche.


- Fanaa...

Il toussa encore et reprit d'une voix rauque :

- ... ça va ?

Sans attendre de réponse, il se saisit de la main qu'elle laissait prendre contre sa hanche. Un peu de sang gouttait jusque sur le sol.

- Tu es blessée.

Et pourtant non, pas de coupure. Tout juste pas mal d'égratignures dues à l'abrasion du sable, rien de plus.

- Monseigneur... monseigneur.... Earl, non d'un chien !

Le Lévitis sursauta lorsque Ridelgald -miraculeusement intact, ses vêtements du désert ayant fini par accepter de tenir en place- lui attrapa le poignet.

- C'est vous.
- Je...
- Ce n'est pas elle qui est blessée, c'est vous !

Earl leva sa main encrassée de poussière. Un nouveau filet de sang s'écoulait paresseusement le long de son avant-bras. Les bandes de tissus s'étaient détachées lorsqu'il avait pris Fanaa pour la forcer à avancer. Le côté de son bras était presque à vif, et des éclats de rocher aiguisés comme des rasoirs étaient venu se ficher dans la chair tendre.

- Ce n'est rien. Il y a sûrement d'autres personnes qui...
- Assis !

Earl considéra son ancien second avec un ébahissement presque comique : il n'avait guère l'habitude de s'entendre adresser la parole sur ce ton.

- Qu...
- Assis, j'ai dit ! Je vais vous chercher un peu d'eau pour nettoyer le sable qui s'est incrusté dans les plaies.

Trop surpris pour songer à protester, le jeune seigneur se laissa glisser assis sur un rebord rocheux lissé par les crues éphémères.

- Eyah tynu ? En un seul morceau, finalement ?

Il leva les yeux vers Kal'en qui avait poussé ses bêtes dans un large renfoncement. Serrés les uns contre les autres, les sirleks s'étaient calmés presque aussitôt.

- Tsidè, on dirait.

Le pâtre fronça les sourcils et lui saisit à son tour le poignet, pour le forcer à étendre le bras.

- Ziral ! lâcha-t-il dans un souffle.

Du bout de ses doigts encore enveloppés de solides bandelettes de peau tannée, le garçon se saisit de quelque chose et tira d'un coup sec, arrachant un tressaillement de douleur et de surprise à Earl. Un petit tintement presque musical fit écho dans la pénombre lorsque le mince éclat en forme d'aiguille tomba sur le sol.
C'était un morceau d'une roche rouge sombre, aux cassures lisses comme du verre et aux reflets métalliques.
D'un coup de pied, Kal'en l'expédia au loin dans l'obscurité.


- Est-ce que je pourrais savoir... commença Earl avec une nuance d'agacement avant de s'interrompre tout net, comme s'il venait de comprendre quelque chose.

Il échangea un regard avec le pâtre silencieux.
Le garçon finit par s'accroupir pour se mettre au niveau du Lévitis et posa la main sur son front.


- Dormir. Reposez-vous.

Sans en ajouter d'avantage, il se redressa et alla se planter du côté de Fanaa.

- Et toi, soeur, pas blessée ?
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MessageSujet: Re: Désert rouge   Désert rouge Icon_minitimeMer 18 Jan 2012 - 19:37

A travers le bourdonnement de ses oreilles, Fanaa l'entendit prononcer son nom et ne put retenir un premier sanglot. Ensuite elle le sentit saisir sa main et s'inquiéter pour elle, ce qui déclencha un deuxième sanglot. La crise du rouge était passée mais elle avait maintenant l'impression que Syld était là, avec elle, qu'il avait fui dans cette grotte lui aussi et qu'il se préoccupait de son état. Sauf qu'un coin de son esprit savait avec certitude que ce fantasme était tout bonnement impossible. Ce n'était pas Syld qui était là, ce ne serait plus jamais lui. Et alors qu'elle savait déjà tout cela, c'était comme si cette vérité s'assénait, neuve et sans recours. Plus jamais. Fanaa pleurait et serrait les paupière très fort pour endiguer le flot de son chagrin. Elle les pressait à se faire mal. Pour se punir. Parce que malgré ses engagements de se détacher de lui, elle n'arrivait jamais à l'effacer totalement. Jamais. Il finissait toujours par se rappeler à elle. Fanaa était faible et se sentait coupable de l'être.

Une autre voix lui demanda si elle allait bien. Une voix avec un accent de soleil et qui l'appelait "soeur". Elle grimaça un demi-sourire le front toujours contre la pierre et répondit :


- Non pas blessée. Tout va bien.

La jeune fille prit sur elle pour se calmer. Elle se décolla de la paroi et regarda Kal'en.

- Merci.

Elle voulut lui faire un grand sourire pour le remercier, comme Earl le lui avait enseigné, puis elle se mit à rire. Ce n'était pas un rire de joie, il exprimait plutôt une nervosité à fleur de peau. Ses frêles épaules tressautaient sans qu'elle y puisse rien faire, mais le rire ne ma détendait pas. De plus elle avait honte de sa réaction qu'elle trouvait déplacée en un pareil moment, même si elle n'avait aucun contrôle dessus. Bientôt ses yeux s'emplirent de nouvelles larmes, elle cacha son visage dans ses mains et pleura de nouveau.

- Tout ... va bien ... mais je crois ... j'ai ... eu peur ...

De son dos elle prit appui sur la pierre et s'aida de ses mains pour se redresser. Le rire nerveux se mêlait aux larmes qu'elle essuyait sans succès.

- Je suis désolée. Pardon. Je suis désolée. Je sais que c'est bête. je suis désolée. Je peux ... aider à quelque chose ?

Elle tourna la tête de tous côtés, à la recherche de chose à faire pour se rendre utile et son regard ne put rater Earl dont le bras nu était couvert de sang. Le levitis avait les yeux clos et le teint pâle malgré son hâle naturel. Ainsi figé, il rappelait à la Danseuse le masque de cire qu'il avait été, inconscient dans un hôpital, dans les souvenirs très flous (voire irréels) de Fanaa.

- Qu'est-ce qu'il a ?

Sa gorge se serra douloureusement.

- Il va mourir ?

Et les larmes qu'elle avait réussi à arrêter menacèrent de reprendre leur course.
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MessageSujet: Re: Désert rouge   Désert rouge Icon_minitimeMer 18 Jan 2012 - 20:50

Kal'en suivit le regard de Fanaa mais ne répondit rien. En revanche, le principal intéressé avait tout entendu et rouvrit les yeux pour foudroyer la jeune femme.

- Comme si j'allais mourir d'une simple égratignure !

Il se détourna un peu trop brusquement. Même à la lueur chiche des torches, on ne pouvait ignorer son teint à nouveau fiévreux et l'éclat peu naturel de ses iris.

Bien sûr qu'il n'allait pas mourir d'une simple égratignure.
A cause de la pierre bien particulière qui l'avait causée, en revanche...
La sensation de chaleur intense et les vertiges qui l'incitaient à fermer les yeux suffisaient à confirmer ce que Kal'en avait immédiatement compris.

Les tempêtes pouvaient parcourir des centaines de milles, et déplacer de la poussière, du sable, voire même des blocs de roche d'un bout à l'autre du désert. D'ailleurs c'était aux traces de sable blanc ou couleur d'or laissées derrière elles que l'ont reconnaissait le passage récent des tempêtes venues des contrées les plus lointaines. Elles emportaient tout... y compris les fragments de ces pierres étranges qui semblaient à l'origine de la sensibilité elixienne très particulière des nomades. Les mêmes pierres qui pouvaient changer des enfants en choses monstrueuses dans le ventre-même de leur mère.

Ridelgald revint avec une outre presque pleine.


- Voilà. Il va falloir l'utiliser en petite quantité : j'ai peur que plusieurs des animaux qui transportaient les réserves d'eau n'aient disparu...

Il s'interrompit un instant pour mieux observer Earl.

- Vous n'avez pas l'air bien.
- Humpf. Comme si suer sous le soleil et galoper dans le sable pouvait me faire du bien après m'être fait ouvrir la gorge comme un poulet...

Earl avait su toucher juste : mortifié à l'idée de l'avoir laissé seul dans sa chambre à Veis, le soldat abandonna aussitôt le sujet. Il mouilla un linge et tendit la main.

- Faites voir. Placé comme c'est, vous ne pouvez pas nettoyer ça tout seul.

A contrecoeur, le jeune seigneur s'exécuta.

- D'accord. Mais garde tes gants.
- Mais enfin...
- Garde-les, c'est tout. Et jette-les quand tu auras fini.
- Comme vous voudrez, céda Ridelgald avec un haussement d'épaule, mettant cette demande sur le compte d'un caprice dû à la fatigue.

Kal'en avait suivi en silence cet échange, mais ne pipa mot ou ne fit le moindre geste trahissant ses pensées. Il considéra tout aussi silencieusement les cheveux du Lévitis dont les pointes avaient retrouvé leur teinte neigeuse. Les longues mèches écarlates s'éclaircissaient à vue d'oeil.

Il finit par retourner la tête vers Fanaa.


- Ce n'est pas le moment pour pleurer. L'eau est précieuse ici... et va bientôt l'être encore plus. Les tempêtes peuvent durer des heures, ou bien des jours.

Il tapota sa badine contre sa cheville tout en surveillant de loin les sirleks, l'air songeur. De toute évidence, il était entrain de calculer combien de temps les animaux tiendraient sans eau. Il s'agissait de coureurs des sables, habitués à passer des jours et des jours sous le soleil sans boire entre deux points d'eau, mais justement cela faisait presque trois jours qu'ils avaient quitté Fedoran et devaient se contenter de lécher les tissus humides que leur présentaient les bouviers aux heures chaudes.

Le garçon balaya la grotte du regard. Ceux qui avaient été blessés par la morsure du sable ou par la chute de rochers étaient déjà aux mains des femmes aux doigts habiles. Les vivres et l'eau qui restaient avaient été soigneusement rassemblés dans un coin. Des réserves de bois et d'huile formaient de petits tas au pied de chaque torche plantée dans les anfractuosités des parois. Quelques nomades avaient déjà étalé des ballots de tissu au sol afin de ménager des couches un peu plus accueillantes que la roche brute. Tout c'était fait sans heurt, presque sans bruit. Ce n'était certes pas la première tempête dont ils devaient subir les assauts.


- Pas besoin d'aide pour le moment. Mais tu peux toujours demander, si tu tiens absolument à faire quelque chose. Quelqu'un te trouvera bien une tâche.
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MessageSujet: Re: Désert rouge   Désert rouge Icon_minitimeJeu 19 Jan 2012 - 2:19

- Des jours ??

Impensable. Rester plusieurs jours enfermée ici ? dans le noir ? Horreur. Bon. Ne pas penser à cela dans l'immédiat.

- Dommage que je ne sois pas une fontaine, ça aiderait tout le monde. dit-elle au pâtre en haussant les épaules.

Elle pensait ce qu'elle disait. Mais s'il avait suffi de souhaiter quelque chose pour que ça arrive ...

De fait, cela suffisait oui, dans certains cas, mais soit la formulation n'avait pas été la bonne, soit il avait manqué quelque chose, toujours était-il que, fort heureusement pour elle, Fanaa ne se changea pas en pierre. Et c'était heureux car alors elle eut été incapable de penser, incapable de faire le souhait inverse.
Mais baste, ne parlons plus des souhaits qui ne s'exaucent pas, revenons à la grotte.

Fanaa alla s'agenouiller auprès de Earl et lui toucha le front. Il était brûlant et transpirait. Ce dernier symptôme était peut-être simplement dû à la chaleur du désert. Peut-être.


- Oui tu as raison. On ne meurt pas d'un plaie au bras. Et puis si tu es encore assez d'attaque pour me crier dessus c'est que ça ne va pas si mal. Je suis rassurée. Mais tu n'as pas bonne mine.

Fanaa évitait toujours de regarder Ridelgald si ce n'était à la dérobée. C'était comme ça depuis le début du voyage. Depuis qu'elle avait remarqué qu'il accompagnait Earl. Il ne lui semblait pas qu'ils se connaissaient mais elle était mal à l'aise en sa présence. Il lui laissait un arrière goût de mauvais souvenir et elle le voyait comme un professeur accusateur. Un professeur méchant qui aimait plus punir ses élèves que de leur enseigner quelque chose. Ce n'était sûrement pas sa faute à lui. C'était peut-être à cause de son nez un peu tordu, ou alors ... enfin c'était juste une impression générale.
Alors elle préférait l'ignorer, ne pas provoquer de contact. Pourtant, là, elle aurait bien aimé lui prendre son linge des mais et s'occuper elle-même de nettoyer les plaies. Elle avait les mains plus fines et estimait pouvoir faire des gstes plus doux plus précis, mais elle ne se voyait pas dire ceci à l'homme au nez cassé.
Alors elle s'attela à dégager les cheveux d'Earl de son visage en les nattant.

- Tu perds ta couleur. Tu voudras que j'essaie de te la refaire ? Le rouge n'est pas ma spécialité mais on pourrait essayer un bleu ? Hmmm non. Ca ne t'irait pas au teint. un orangé ? Non plus ... Mais il vaut mieux faire quelque chose, ces mèches qui blanchissent ... c'est bizarre on dirait que tu vieillis trop vite ...

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MessageSujet: Re: Désert rouge   Désert rouge Icon_minitimeJeu 19 Jan 2012 - 3:41

Après la course effrénée de la caravane, Fynarine était épuisée encore plus que la veille. Elle était réussi a suivre Ivraal et remonter un peu le long de la caravane, et celui lui avait sûrement sauvé la vie; le sirlek derrière elle lorsqu'elle était entré dans la grotte n'avait pas eu le temps d'y entrer.
A la lueur des quelques torches, elle retrouva son gardien. Par chance, il n'avait perdu aucun de ses aides, ni aucune de ses montures. Cela pourrait s'avérer précieux pour les soins dont une partie des nomades avait maintenant besoin.
Laissant Ivraal s'organiser a sa manière, Fynarine entreprit d'examiner magiquement ceux qu'elle pouvait. La poussière et les courbatures oubliées, sa profession reprenait ses droit.
C'est alors que l'impensable se produisit. Avait-elle bien entendu? Avec le presque silence environnant, c'était probable, mais comment serait-ce possible? Levant les yeux de la femme qu'elle venait de finir de soigner, elle vit qu'elle n'avait pas rêvé: ils étaient là! Après une brève excuse et un conseil de ne pas trop forcer sur la peau nouvellement refermée, la Dédrane s’éclipsa en direction de l'homme qui lui avait valu tant d'aventure et d'ennuis.
Ridelgald était en train de le soigner au bras et l'avait fait s’asseoir. Sans trop savoir pourquoi, Fynarine ressentait une atmosphère tendue et... étrange. Sans pouvoir mettre le doigt dessus, cela l'inquiétait un peu, et ce n'était pas la tempête.


- Vous ne vous êtes pas débarrassé de moi comme prévu on dirait, même si c'est pas faut d'y être presque arrivé, dit-elle pour s'annoncer, le ton un peu sarcastique. N'étant pas trop rancunière, et de toute façon ce n'était pas le moment, elle ajouta plus amicalement: Peut-être pourrais-je vous être utile en reprenant mon rôle où on l'avait laissé?

Ce ne fut qu'a ce moment là qu'elle fut assez près pour reconnaître la jeune demoiselle accroupie à coté d'Earl. Etant un peu surprise et ne réussissant pas à se rappeler de son nom, elle ne dit rien de plus et se contenta de regarder les deux Lévitis d'un air interrogateur en attendant de voir leur réactions.
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MessageSujet: Re: Désert rouge   Désert rouge Icon_minitimeJeu 19 Jan 2012 - 9:23

- Grmblaisse mes cheveux tranquilles, Fanaa,grogna Earl sans rouvrir l'oeil.

Si le sang avait pu s'enflammer, c'est sans doute ainsi qu'il aurait décrit l'impression générale qu'il ressentait. Une goutte après l'autre, la brûlure se propageait.


- De toute façon peu importe la couleur, vu que certains s'amusent à hurler "Eaaarl" sur tous les toits...

Les joues pâles de Ridelgald virèrent au vermillon sous leur couche de poussière.

- Si vous répondiez quand on vous appelle, aussi ! Ou... ou si vous aviez eu la présence d'esprit de convenir d'un nom d'emprunt, cela aurait été plus simple.

Earl esquissa un sourire.

- Bonne remarque.

Une autre voix féminine assez reconnaissable lui tira un sursaut et lui fit rouvrir les yeux... mais juste un instant : la faible lueur des torche lui fit l'effet d'un fer chauffé à blanc.

- Eh bien ça... Pas évident de se débarrasser de vous, en effet. Mais au moins j'aurais essayé. Hum, Ridelgald, tu peux refermer la bouche avant que ta mâchoire ne dégringole par terre ?

Le soldat tressaillit et s'assura que son ex-supérieur avait toujours les yeux clos. Il avait encore pâlit d'un ton supplémentaire, mais un petit sourire moqueur lui relevait le coin des lèvres. Ce sourire s'effaça presqu'aussitôt et Earl se força à fixer Fynarine.

- Non, vous ne pouvez pas. Et je vous saurais gré de ne pas essayer, merci.

Il retira assez sèchement son bras des mains de Ridelgald et finit de nouer le bandage de fortune lui-même.
Le Lévitis rajouta presque à mi-voix :

- Vous auriez mieux fait de rester là où vous étiez, voire même à faire demi-tour au lieu de vous obstiner.
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MessageSujet: Re: Désert rouge   Désert rouge Icon_minitimeVen 27 Jan 2012 - 21:31

Fanaa ne put s'empêcher de sourire à demi en entendant Earl râler. Tant qu'il se sentait de montrer son irascibilité, c'était qu'il n'allait pas encore trop trop mal. Par contre, le fait de garder ses yeux obstinément fermé dans le vain espoir de limiter leur douleur, cela était inquiétant.
A l'arrivée de Fynarine, Fanaa leva le nez mais ne la reconnut pas. Elle était une silhouette grise parmi les autres formes humaines indistinctes de ses souvenirs brumeux. Bon, elle avait les cheveux verts mais elle n'était pas Sendaë. Du reste, Earl et le monsieur la connaissaient, elle était donc dans le camp des "amis" et c'est ce qui comptait. En la congédiant dès son apparition, Earl confirmait cette dernière information. Alors Fanaa hocha la tête pour saluer Fynarine et posa sa main sur le front d'Earl.


- Ce que tu as, est-ce semblable à la dou leur que j'ai ressentie lorsque je n'ai pas su maîtriser l'elixia à Veis ? Tu m'avais demandé de me calmer alors. Tu peux peut-être essayer de te concentrer pour faire passer ton trop-plein d'elixia dans la terre ? Tout doit retourner à la terre un jour. Le sol de la grotte, si tu lui donnes ce que tu as en trop, il peut sûrement le prendre. Ca te soulagerait peut-être ?

Si elle se rappelait à quoi elle avait utilisé son elixia ce jour-là (un bouclier d'elixia tel celui entourant Khamsin, mais beaucoup beaucoup plus puissant) la façon dont Earl l'avait calmée après ne voulait pas lui revenir. Par contre, elle laissait les Ruines Blanches drainer une partie de son elixia à elle constamment et c'était Altarielle qui lui avait appris à poser son front contre le sol pour rendre à la terre l'énergie trop forte et inutilisée qu'elle pouvait invoquer accidentellement.

Ceci dit, Fanaa ne comprenait le problème qu'entretenait Earl avec son elixia. Un coup il disait qu'il n'en avait plus, ensuite il soutenait que si, et là il réagissait comme si il en avait trop. Alors quoi ?
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MessageSujet: Re: Désert rouge   Désert rouge Icon_minitimeLun 30 Jan 2012 - 1:06

- Ce n'est pas exactement...

Saisi d'un éblouissement, Earl ne put achever sa réponse à Fanaa. La pierre dans son dos lui collait à la peau au travers de ses vêtements soudain trempés de sueur.

Le soleil se trouvait au zénith. Les cieux n'étaient qu'une coupole de feu blême et aveuglant posée sur les dunes infinies chauffées à blanc.
Lentement, le soleil commença à s'abaisser vers l'horizon. Puis il y eu un frémissement. Le silence, un souffle suspendu. Une petite pierre qui s'était mise à rouler le long de la pente de sable s'immobilisa, comme suspendue, puis décida de remonter vers la crête. Dans le ciel, le soleil inversa sa course. Lentement, puis vite, de plus en plus vite. L'obscurité de la nuit, le crépuscule, le zénith, l'aube, la nuit à nouveau... le cycle des lunes et de l'astre du jour se fondait en traces lumineuses floues.

Une brûlure sèche au cou et dans le dos. Le Lévitis lâcha un grognement de douleur.
Qu'est-ce que c'était que ça ? Pourquoi sentait-il un liquide tiède imprégner ses vêtements ? Pourquoi...
Un éclair de souffrance lui vrilla le crâne, le faisant dégringoler à genoux. Il n'y voyait plus rien, son souffle refusait se passer comme si des mains immatérielles lui ensserraient la gorge. La poitrine en feu, il se mit à tousser. Un choc, un autre, encore un autre. Il vacillait sous une grêle de coups invisibles. Le jeune homme finit par s'effondrer sur le côté. Les accès de douleur se succédaient. C'étaient comme s'il brûlait de l'intérieur, comme si on l'écorchait, comme si on cherchait à lui arracher chaque os hors du corps. Tout son être n'était qu'une plaie vive.
Assez, assez !
Pourquoi est-ce qu'il ne mourrait pas ?
Pourquoi est que ce maudit coeur percé s'obstinait à battre encore sans plus de sang à charier ? Pourquoi ses poumons en lambeaux cherchaient encore de l'air ? Pourquoi...


- Earl ! Earl !

Une goulée d'oxygène lui brûla la gorge et Earl rouvrit les yeux.

- Qu...

Il ne put guère en dire d'avantage, la voix réduite à un croassement indistinct.
Ridelgald l'avait attrapé par les épaules, le plaquant durement contre le rocher. Il le considérait avec un mélange d'incompréhension et d'inquiétude.

Quelques minutes avaient dû s'écouler, pourtant cela avait été comme des jours, des semaines, des années. Des jours, des semaines, des années où la moindre plaie était venue se rappeler à ses sens.


- Monseigneur, qu'est-ce qui se passe ? Vous vous êtes mis à crier, et puis il y a eu des spasmes et...
- Il a été empoisonné par le ziral.

Kal'en avait fini par se rapprocher. Il avait l'air soucieux.

- C'est une sorte de pierre assez particulière. Une pierre avec une charge en elixia telle qu'elle peut corrompre ce qui l'entoure, le changer en... autre chose. Parfois ces choses ne sont pas viables et se contentent de mourir, parfois les changements sont infimes, et parfois...

Il émit un reniflement, le regard fuyant.

- Directement dans le sang et les chairs par une blessure... au moins ce ne sera pas long.

Earl fit un effort incommensurable pour porter la main à son cou. Son corps semblait peser des tonnes. Il regarda ses doigts qui ne cessaient de trembler, sans y trouver de trace de sang. Pourtant cela faisait mal, aussi mal que si la plaie à sa gorge s'était rouverte et vomissait à nouveau du sang, se découpant sur sa peau telle un sourire grotesque. La souffrance était là, partout, mais il n'y avait rien.

Kal'en se détourna à demi et reprit à mi-voix :

- Nous devons avoir des herbes de Tessilée quelque part. Pour soulager la fièvre et la douleur... ou à forte dose...

Il haussa les épaules et se décida à regarder Earl en face avant de tourner les talons pour de bon.

- A vous de décider tant que vous êtes encore conscient.
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MessageSujet: Re: Désert rouge   Désert rouge Icon_minitimeLun 30 Jan 2012 - 3:49

- Non ! Kal'en, il n'est pas conscient ! Il est en train d'agoniser sous nos yeux et n'arrive même pas à parler ! Si il y a de l'elixia malvenue en lui alors il faut l'enlever !

C'était la conclusion logique aux explications du pâtre. Il n'y avait pas plus logique. Alors pourquoi personne n'y avait pensé, hein ? Et pourquoi proposer des herbes pour le faire mourir ? Fanaa ne comprenait ni ne cherchait à comprendre. Il fallait agir en urgence ! Dans sa tête une lumière rouge clignotait et tous ses sens s'étaient fermés à l'extérieur pour ne se concentrer que sur la seule et unique cible : Earl.

Le voir se tordre de douleur avait fait paniquer la jeune femme et lorsque Kal'en avait indiqué une solution, elle s'était jetée dessus.

Plus rien ne comptait si c'était la mission qu'elle se donnait. Fanaa était une passionnée et son elixia si particulière ne se laissait utiliser au mieux que dans ces moments où, enflammée, Fanaa ne réfléchissait plus à rien et agissait d'instinct. En le cas présent, sa panique et son inquiétude sincère pour Earl furent les déclencheurs.
Earl. Ils n'étaient pas amis mais il était celui de Syld. Et il avait fait ce qu'il avait pu pour sauver l'assassin de la corde même si, hélas, tout avait échoué. Alors il était quelqu'un de gentil et d'important pour elle, vu qu'il l'était pour Syld. Là s'arrêtaient les souvenirs qu'elle avait de lui. Parce que peu après, pour elle, le temps et bien d'autres choses s'étaient arrêtées, l'amputant d'une partie de sa mémoire. Elle se rappelait aussi l'image d'un Earl couché dans un lit d'hôpital, immobile et terriblement pâle. Ce souvenir était-il réel ? Il le lui semblait en tout cas. En quelles circonstances s'était-il retrouvé si malade ? Elle n'en avait aucune idée mais cette image l'avait beaucoup marquée.

Et le voir aujourd'hui, parcouru de spasmes, souffrant au point de ne même plus pouvoir parler, réfléchir ou avoir conscience de ce qui l'entourait, cela était insoutenable pour Fanaa. Après une longue solitude elle retrouvait quelqu'un qu'elle connaissait et qui ne soit pas un animal magique ou un fantôme, ce n'était pas pour le perdre ! Oh non !

Fanaa dégaina un de ses sabre, s'entama le poignet de la lame puis se pencha sur Earl, défit son bandage à gestes précipités et pressa ses lèvres sur la plaie.
Lorsqu'une plaie était empoisonnée, il fallait aspirer le sang souillé avec la bouche et le recracher au sol afin de retirer le plus possible de poison de l'organisme, l'empêcher de se déplacer et d'élargir sa zone d'infection puis d'atteindre le coeur. Le but de Fanaa était le même mais la technique, quoique semblable n'était pas identique. Tout d'abord, elle ne recrachait rien au sol car il fallait surtout pas qu'elle se détache. S'arrêter d'aspirer laisserait du répit à la mauvaise elixia et ceci pouvait être mortel à la victime. Fanaa aspirait un peu de sang mais c'était surtout pour établir un contact direct avec l'organisme attaqué et réussir à mieux percevoir l'elixia intruse. Sa propre blessure au poignet servait à donner de son sang à la pierre, donc à la terre, cette connexion allait renforcer sa ligne de drainage des Ruines Blanches. Le surplus d'elixia d'Earl, elle allait le récupérer et le recycler pour en faire don aux Ruines, aux défenses magique érigées là-bas, dans le Ringèm. Seulement si elle n'avait pas besoin de réfléchir pour donner de sa propre elixia là-bas (Altarielle avait fait en sorte que ce drainage soit constant et à petite dose) c'était toute une histoire pour en donner un autre. Surtout celui-là. L'esprit ne suffisait pas, elle devait renforcer le lien. Le sang et la terre. Cela c'était fort.

Le contact eut bien eut lieu. Fanaa le sut sans aucun doute car elle sentit une douleur lui brûler la rétine puis une chaleur de plus en plus forte tenter de lui liquéfier l'intérieur. Mais cela lui permit de repéré les intruses de l'autre corps, et de leur donner la chasse. La bouche toujours collée au bras d'Earl, elle gémit parfois car la douleur pouvait se montrer intense. Comment Earl pouvait-il endurer cela ? Il ne fallait pas le laisser comme ça. Fanaa lutta encore et réussit à garder le contact. Ses mains se crispaient et se relâchaient convulsivement sur le bras du pauvre levitis. Elle avait fermé les yeux dès la première seconde pour ne pas se laisser distraire. Guidée par l'elixia brute qui jaillissait d'elle et qu'elle utilisait, Fanaa chassait l'elixia intrusive jusque dans les moindre recoins du corps d'Earl. Cette partie fut déjà loin d'être une partie de plaisir mais lorsqu'il fallut la guider vers le Ringèm, un nouveau problème se posa. Cette elixia là n'était pas "reconnue" par le drain des Ruines Blanches aussi Fanaa dut la convertir pour la transformer en elixia brute, non raffinée et la laisser passer.
La Danseuse avait mal au coeur et ne sentait plus ses membres, il lui semblait être devenue une fontaine de liquide bleu lumineux, la Source. Elle mettait tellement toute son énergie dans l'entreprise qu'elle s'était donnée qu'elle faillit oublier de respirer, mais comme la suffocation ne pouvait que la ralentir, elle choisit plutôt d'imposer un rythme de souffle bien plus lent. Sa gorge était en feu, le sang d'Earl chargé de l'elixia de la pierre la brûlait et l'étape de transformation, qui se faisait par là avait son lot de sensations désagréables, ce qui faisait qu'elle ne pouvait pas ignorer cet inconfort douloureux. Cela lui attaquait les viscères et la colonnes vertébrale, elle ne sentait plus rien que la chaleur intense, son sang bouillonnait, il était en fusion, mais son sang à elle coulait au sol, se laissait aspirer par la pierre de la grotte pour glisser en profondeur dans le sable et libérer l'elixia vers le Ringèm.
Cela se faisait un peu sans Fanaa. Earl était l'expéditeur, les Ruines Blanches le destinataire et Fanaa, elle était l'outil, le catalyseur.

Le temps passa. Des minutes, des heures, des jours ... ou pas d'ailleurs. la durée était une notion bien relative. Sans plus de sens ici. Ce qui comptait était de rattraper toute l'elixia intrusive. Ce à quoi elle s'employa énergiquement. Puis, lorsqu'il lui sembla qu'il n'y en avait plus, lorsqu'elle n'en capta plus dans ce sang, Fanaa détacha sa bouche et se redressa en s'aidant de ses bras affaiblis et tremblotants. Elle n'ouvrit même pas les yeux se contentant de s'adosser à la pierre. Elle avait le coeur au bord des lèvres. Oh ce goût de sang ...


- Plus tard les cheveux ...

Elle avait froid maintenant. Mais ce froid était le bienvenu après la brûlure intense compagne du processus. Elle voulait ouvrir les yeux pour voir par elle-même si Earl avait été sensible à ce qu'elle lui avait fait, mais ses paupières refusaient de se soulever. Elle voulut demander quelque chose mais sa voix refusa de se faire entendre. Pourtant elle ne voulait pas perdre connaissance. Pas avant de savoir.


Dernière édition par Fanaa le Lun 30 Jan 2012 - 13:37, édité 9 fois (Raison : je l'ai écrit très tard et j'ai repéré des tas de fautes de lendemain =_=)
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MessageSujet: Re: Désert rouge   Désert rouge Icon_minitimeLun 30 Jan 2012 - 10:23

- ... il respire toujours... fièvre moins forte...

Les échos provenaient de loin, de très loin.

Les cils clairs frémirent et se levèrent sur des yeux d'or encore un peu vagues. Les sourcils du Lévitis se froncèrent tandis qu'il tâchait de faire le point sur ce qu'il voyait. C'était comme si deux images se superposaient devant son regard : des paysages inconnus, et des contours sombres, indistincts. Enfin, l'image colorée pâlit, s'effaça doucement au profit des silhouettes floues.


- Réveillé ? Comment vous sentez vous ?

La gorge trop déséchée pour parler, il se contenta d'un faible signe de tête. Bien. Enfin mieux.
Une main l'aida à se redresser un peu et guida le goulot d'une outre vers ses lèvres. L'eau était presque tiède et avait un goût de poussière.


- Vous avez souffert de la fièvre encore deux jours et... hélà !

Earl avait manqué s'étrangler. Deux jours ?!
D'un revers de main un peu tremblant, il s'essuya les lèvres.


- ... est-ce qui s'est... 'assé ? croassa-t-il dans un effort de volonté pour tirer des sons à peu près intelligibles de sa gorge encore brûlante.

Il tourna la tête, réprimant une grimace lorsque les muscles endoloris de sa nuque protestèrent face à cette soudaine reprise d'activité.


- Où... F...aa ?
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